Une belle histoire comme on les aime chez Framasoft

Classé dans : Éducation, Mouvement libriste | 12

Temps de lecture 4 min

image_pdfimage_print

Voici le récit du passage sous licence libre d’une police cursive éducative que ne renierait pas mes amis de Veni Vidi Libri. Il nous est narré par mon collègue et néanmoins ami Julien Noël qui annonce dans son introduction que c’est le type d’histoire comme on les aime chez Framasoft. Et… il a parfaitement raison ;-)

Il cite au passage l’une des grandes réussites francophones du monde du libre à l’école, à savoir Gcompris dont il se murmure qu’il pourrait même être intégré dans les futures versions de l’OLPC.

Cela va sans dire mais cela va mieux en le disant : n’oubliez pas de remercier son auteur si vous l’utilisez parce que ce n’est pas autrement que nous perpétuerons ce bon esprit qui nous anime et qui réussit, comme ici, à convaincre de plus en plus de monde de nous rejoindre.

L’image est un exemple d’utilisation de cette jolie police avec les premiers vers de Liberté célèbre poème de Paul Eluard.

Exemple police cursive Écolier court

Libérez la police !

Julien Noël – Juin 2007

Voici une belle histoire comme on les aime chez Framasoft.

J’ai tout compris

Il était une fois un jeune papa qui initia son fiston, de trois ans à peine, à l’ordinateur. Évidemment, pas question d’apprendre le B-A-BA de l’informatique sur du logiciel propriétaire. Dans la famille, on est libre de père en fils depuis 30 générations[1]. Le futur fils prodige est donc placé devant une machine sous Linux et découvre le maniement du clavier, de la souris, etc. via le formidable logiciel Gcompris.

En cinq jours à peine (si si), l’enfant est capable de reconnaître toutes les lettres et tous les chiffres. Et tout cela, en s’amusant – alors même que le père, féru d’informatique libre et passant de nombreuses heures quotidiennement devant son PC, était très dubitatif quant à l’apprentissage assisté par ordinateur.

Un an plus tard, l’enfant a grandi et il est temps de passer à l’étape supérieure. Au primaire, on apprend d’abord à identifier et à écrire les majuscules (ou les capitales – je n’ai jamais compris la différence). Il s’agit donc maintenant, à partir de polices cursives, d’identifier les lettres calligraphiées… Mais si, vous savez, celles que l’on écrit avec la main (vous savez bien, la main, ce truc qui permet de taper au clavier : eh bien, initialement, au moyen âge, il permettait d’écrire… Si, si !).

L’heureux papa contacte donc le développeur principal de Gcompris[2] et lui demande s’il est possible d’intégrer une police cursive.

La réponse tombe comme un couperet : pas de police cursive dans Gcompris parce que pas de police cursive libre tout court.

Recherche police désespérément

Le papa, têtu comme un Bill Gates décidé à trucider Linus Torvalds, se met donc à la recherche de la perle rare. Il google, google, google et finit par tomber sur ça : http://perso.orange.fr/jm.douteau/index.htm (évidemment, à l’époque, ce n’était pas libre).

Il joint le créateur de ces polices[3] et tente de le convaincre de les passer sous licence libre. Jean-Marie Douteau aime comprendre ce qu’il fait et pourquoi il le fait. S’ensuivent alors de nombreux échanges “épistomail” afin de mieux percevoir les principes et les enjeux du logiciel libre, pourquoi une police gratuite est inutilisable dans Gcompris, pourquoi la GPL et la LGPL… Bref, tout ce qui fait ce joli monde qui nous est si familier mais si obscur lorsque l’on ne baigne pas dedans.

Après un court passage sous licence creative common, le créateur des polices " Écolier court” et “Écolier lignes court” décide de les passer sous licence OFL, orienté dans ce choix par Sophie Gautier, la responsable OpenOffice.org France. Cette décision permettra d’intégrer les deux polices dans Gcompris ET dans OOo[4].

Vive la police libre !

Jean-Marie Douteau se demande maintenant ce que vont devenir ses bébés : il s’impatiente de les voir grandir et attend vos questions, vos remarques, vos encouragements, vos suggestions et vos contributions (par exemple pour ajouter des caractères qui n’y sont pas).

Notes

[1] au moins

[2] Bruno Coudoin

[3] Jean-Marie Douteau

[4] et évidemment dans tout logiciel compatible avec cette licence

12 Responses

  1. Maps

    Ma foi, une bien belle histoire doublée de bien belles polices d’écritures !

    Il est toutefois surprenant de voir que la police "Écolier court" est la seule sous OFL, toutes les autres étant sous CC by-nc-nd.

    Son auteur prévoit-il de toutes les basculer sous OFL ?

  2. frenchy

    """
    Il cite au passage l’une des grandes réussites francophones du monde du libre à l’école, à savoir Gcompris dont il se murmure qu’il pourrait même être intégré dans les futures versions de l’OLPC.
    """

    Il y a encore top peu de développeurs qui proposent de faire un portage de leur logiciel ou d’en écrire un nouveau pour l’OLPC (même très simple).

    Donc si vous cherchez un projet…

    Un guide pour proposer vos programmes ou participer à un projet existant:
    http://wiki.laptop.org/go/Getting_s

    Les mailings listes:
    http://lists.laptop.org/listinfo

    Un mail par semaine pour se tenir au courant sur le projet OLPC:
    http://lists.laptop.org/pipermail/c

    Une liste dédiée aux activtiés de type ludique:
    http://lists.laptop.org/listinfo/ga

    et encore beaucoup d’autres choses sur le wiki:
    http://wiki.laptop.org/go/Home

  3. JNOEL

    JM Douteau peut etre contacté directement à cette adresse : douteau.ecolier AT orange.fr (je mets cette adresse avec son accord évidemment).

  4. Mr. Pi

    «Au primaire, on apprend d’abord à identifier et à écrire les majuscules (ou les capitales – je n’ai jamais compris la différence)»

    C’est pourtant simple: les majuscules sont les lettres qui sont plus grandes par obligation. Soit la première lettre d’une phrase, l’initiale d’un nom propre, etc. Quand j’écris «PARIS», ce sont des capitales, i.e. des lettres de haut-de-casse dans l’imprimerie à l’ancienne. Seul le P est une majuscule. (Majus, c’est du latin, ça veut dire «plus grand»^^)

    Pour bien voir ça, l’exemple courant, c’est les petites capitales, comme ceci: <span style="font-variant:small-caps">Paris</span> (recopiez le code dans votre éditeur html favori). Le P sera plus grand que les autres lettres :p

    (Oui je sais, je suis un peu HS et je n’apprends rien de capitalement utile, mais bon, c’est toujours ça de pris.)

    Pour revenir au vrai sujet: bonne nouvelle pour le monde du libre, on va pouvoir écrire joliment comme des écoliers du temps jadis sans passer par la case «propriétaire» 😀

  5. Charles-Antoine Couret

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Capita

    Pour l’explication des majuscules/capitales, plus complet et précis ce qu’à dit Mr. Pi.

    Je savais cela dès le primaire pourtant (vive le fait d’être autodidacte pour certaines choses).

    Sinon, beau texte, très émouvant. 🙂

  6. JNOEL

    Capitales ou majuscules ?

    Merci pour les précisions mais cela ne répond qu’en partie à mon interrogation : apprend-on les lettres majuscules ou capitales au primaire lorsqu’on les apprend une par une ? (je pencherais pour capitale)
    jn

  7. yves

    C’est une très belle histoire. Il y a juste quelque points techniques à vérifier, en particulier au niveau de la couverture de es caractères 8859-1.

    Un autre logiciel oublié dans cette histoire, qui est pourtant parfait pour utiliser ces polices avec des petits, c’est TuxPaint.

    http://www.framasoft.net/article173

    On peut ajouter des polices dans le dossier de polices de tuxpaint, et donc utiliser directement celles-ci.

  8. GuB

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Majusc

    Ah bah flûte, d’autres ont déjà filé le lien…

    "apprend-on les lettres majuscules ou capitales au primaire lorsqu’on les apprend une par une ?"

    -> Capitales et majuscules se distinguent par leur fonction.
    En gros on peut dire qu’on apprends à écrire des capitales que l’on appelle parfois "majuscules" dans certaines utilisations. Je crois me rappeller mes cours de typo qui expliquaient la différence au moment de l’imprimerie au plomb : les capitales étaient un peu plus maigres et les majuscules plus grasses, de manière à ne pas faire trop de "pâté" dans un corps de texte quand on mettait des capitales (plusieures lettres à la suite comme dans une abbréviation ou un acronyme), alors qu’on aimait à faire ressortir les majuscules, à la façon des lettrines.
    Aujourd’hui l’utilisation des "petites capitales" dans des logiciels a un peu remplacé cet usage.

    Sinon belle histoire cet article. 🙂

  9. Bertrand Potier

    J’utilisais déjà ces polices belles et pratiques, je les utiliserai avec encore plus de plaisir maintenant qu’elles sont libres. Merci monsieur Douteau !

  10. Francois de Ryckel

    Un grand merci à Monsieur Douteau et aussi à J. Noel pour avoir fait les démarches….

    Quel plaisir!

    D’un prof…

  11. jean-jacques

    Belle histoire en effet ; bien conduite à son terme (ou son début). Donc un grand MERCI à Julien, à Jean-Marie, à Sophie pour que vive le logiciel libre.

  12. Jean-Michel CHASTAGNIER

    Super nouvelle !
    Mon fils qui a maintenant 9 ans a fait ses débuts sur Gcompris aussi, il a appris à former ses lettres avec ces polices que j’avais ajoutées dans OpenOffice.org, Elles sont très réussies et je recommande leur usage 🙂

    les maîtres d’écoles ont été curieux de savoir où j’avais trouvé ces polices qu’ils voyaient sur les pages d’écritures de Christian, j’ai donc fait suivre le lien.

    Maintenant qu’elles sont intégrées à Gcompris et OpenOffice, les retrouver sera plus simple 🙂

    Bravo et merci à tous !