Mon ministère me désespère… ou le fabuleux non destin du logiciel libre à l’école française

Classé dans : Éducation, Mouvement libriste | 30

Temps de lecture 5 min

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Not a happy end - Miikas - CC BySa

Un billet d’humeur péremptoire et de parti-pris qui n’engage que moi… [1]

Il était une fois un professeur qui décida d’écrire une lettre à son Ministre de l’Éducation.

En voici la conclusion : « La thèse défendue ici revient à dire à peu près ceci : en utilisant les logiciels libres, non seulement on effectue des économies spectaculaires pour le matériel, non seulement on se libère des logiques que tentent d’imposer les grandes multinationales de l’informatique, mais, en plus, on se met en relation avec l’un des foyers les plus vivants de la société qui est en train de se créer, celle de l’intelligence distribuée. Cette intelligence distribuée a déjà donné quelques résultats spectaculaires. La recherche scientifique en est l’exemple historique le plus éclatant, mais, plus près de nous, Internet, Linux, la Toile témoignent aussi de la validité du concept. Cette intelligence distribuée, en fait, ne fait que commencer à faire sentir ses effets et ils vont être majeurs. De grandes surprises attendent les instances politiques et commerciales qui ne vont pas bien en saisir les enjeux. Le maillage massif, sur des modes originaux, de centaines et de milliers d’esprits va conduire à de nouvelles formes de territoires, d’identités et donc de réalisations. Le schéma offert ci-dessus, tout en permettant de fonctionner mieux que jamais dans la société d’aujourd’hui, prépare déjà la société de demain. Or, ceci correspond exactement à l’enjeu fondamental d’une vraie politique de l’éducation. »

Ce professeur c’est Jean-Claude Guédon[2] et ce « il était une fois » est de rigueur puisque son document fut rédigé en… octobre 1998. Dix ans déjà ! Autant dire une éternité à l’échelle des temps numériques…

Certes Jean-Claude Guédon s’adressait à son propre ministre québécois et non à son homologue français. Certes il y a dix ans le logiciel libre était loin de sa maturité actuelle (et Wikipédia n’existait pas !). Il n’empêche que les arguments avancés étaient pourtant simples à comprendre. Il n’empêche que « gouverner c’est prévoir » et qu’au Ministère de l’Education nationale française, c’est bien simple, on n’a, durant cette longue période, strictement rien prévu d’envergure en faveur du logiciel libre.

Nous aurions dû montrer l’exemple et être en tête du mouvement. C’est à peine si on arrive à le suivre lamentablement.

Oh, bien sûr il s’en est passé des choses en dix ans et heureusement ! Il faut dire que l’Éducation Nationale dépasse le million de fonctionnaires qui jouissent tout de même d’une certaine liberté. De très nombreux professeurs ont adopté des logiciels libres. De très nombreux projets libres éducatifs ont vu le jour, il est vrai souvent soutenus localement par des académies (heureusement que le système est un tant soit peu décentralisé soit dit en passant). Mais tout ceci ne s’est fait au départ qu’à la base et à la marge.

Par nature et par culture, je me méfie des décrets et autres directives autoritaires venus d’en haut. Mais on aurait pu et on aurait dû être bien plus courageux et volontariste à la rue de Grenelle vis-à-vis du logiciel libre. On aurait dû encourager et accompagner avec force et conviction l’utilisation massive du logiciel libre à l’école. On aurait dû organiser des plans de migration du propriétaire vers le libre. On aurait dû soutenir réellement tous ces projets libres dont certains s’épuisent ou sont carrément morts de n’avoir pu trouver le temps et l’argent pour se développer.

Comment se fait-il qu’au sein des différents cabinets des ministres qui se sont succédés on n’ait pas remué ne serait-ce que le petit doigt vis-à-vis du logiciel libre ? Il n’y a que deux hypothèses en guise de réponse. Soit ils n’étaient pas au courant. Soit ils étaient au courant mais ont jugé que (tout faire pour) favoriser l’usage du logiciel libre à l’école n’était pas le bon choix. Soit irresponsables soit coupables en quelque sorte…

Alors voilà. Aujourd’hui on nous annonce que la Gendarmerie Nationale, après avoir fait le choix radical et unilatéral d’OpenOffice.org pour sa suite bureautique, se prépare à migrer tous ces postes clients vers GNU/Linux Ubuntu. De plus en plus de pays déploient ouvertement du Linux dans leurs écoles (le dernier en date : les Philippines). De plus en plus de pays affirment sans ambiguité que le nouveau système d’exploitation Windows Vista n’est pas bon pour l’école et qu’il convient d’utiliser des formats ouverts (le dernier en date : l’Angleterre).

Et chez nous ?

Rien.

Ah si, j’oubliais. Monsieur Darcos vient d’installer la mission « E-educ » sur les technologies de l’information et de la communication pour l’Enseignement. Extrait du communiqué de presse : « Le ministre va confier à Jean Mounet, président de SYNTEC informatique, une réflexion globale et ambitieuse visant au développement des technologies de l’information et de la communication pour l’Enseignement (TICE) au sein du monde éducatif. Cette mission, d’une durée de trois mois, rassemblera des représentants de l’Éducation nationale et des professionnels du secteur informatique. Les propositions feront l’objet d’un rapport qui sera remis à Xavier Darcos courant avril aux fins d’envisager de nouvelles actions dès la rentrée 2008. »

Pensez-vous que, comme le récent rapport Attali, le logiciel libre soit cité dans la lettre de mission ? Pensez-vous que le logiciel libre soit représenté au sein de la commission ?[3] Par contre, tiens, tiens, on y trouve non pas un, non pas deux, mais trois membres de la société Microsoft !

Il y a des jours comme cela où l’on se demande vraiment si créer Framasoft et y dépenser tant d’énergie valait vraiment le coup…

GHCA Computer lab running Gentoo Linux - Extra Ketchup - CC BySa

Notes

[1] Illustrations : Not a happy end de MiikaS et GHCA’s Computer Lab Running Gentoo Linux d’Extra Ketchup sous licence Creative Commons By-Sa.

[2] Fichtre, pas de lien Wikipédia vers Jean-Claude Guédon, il va falloir y remédier !

[3] On nous invite tout de même à nous exprimer sur un forum dédié. Si le cœur vous en dit…

30 Responses

  1. Maps

    Bah faut pas être défaitiste comme ça aKa ! De toutes façons, on (VVL) a prévu à notre agenda (2031) de libérer toutes les applis Microsoft. Et tout sera bien qui finit bien !

  2. Exceed

    "Il y a des jours comme cela où l’on se demande vraiment si créer Framasoft et y dépenser tant d’énergie valait vraiment le coup…"

    Ui ! (merci)

    Et comme beaucoup de monde sur Frama, tu ne vois pas d’autre voie, c’est donc forcément la bonne 😉

  3. ymai

    Bonjour

    On le cite rarement, mais l’idée de cette "nouvelle forme d’intelligence" distribuée figure déjà aussi dans l’ouvrage de Joël de Rosnay:
    L’HOMME SYMBIOTIQUE
    paru en 1995.

    http://csiweb2.cite-sciences.fr/der

    A lire si vous ne l’avez pas encore fait.

  4. Mag

    Oh que si Framasoft est utile!
    Je suis prof en lycée professionnelle, mais je n’ai rien de professionnel côté informatique. En revanche cela me passionne même si tous les billets ne me paraissent pas clairs (parce que je reste encore novice sur nombre de points). Mais je connais bien mes collègues, et les vieux de la vieille, qui ont déjà du mal à accepter de se former sur Crosoft, je les vois déjà d’ici s’écrier: "Quoi?! on s’est déjà fait ch… pour apprendre à se servir de Word, et maintenant faut se servir d’Open Office? Ah ben non alors…"
    Bon, je l’avoue à ma grande honte, j’ai fait un peu pareil mais c’est que je n’ai pas pris le temps de m’habituer à l’interface Openoffice (qui n’est pas franchement différente) et que certaines fonctionnalités de Word sont quand même bien pensées.
    Ceci dit, étant autodidacte, j’explore beaucoup de choses par moi-même et donc, encore une fois, merci Framasoft, tu m’aides à découvrir de nouvelles choses ou du moins à en entendre parler même si je ne dois pas m’en servir au final.

  5. Jean-Christophe BECQUET

    > Il y a des jours comme cela où l’on se demande
    > vraiment si créer Framasoft et y dépenser tant
    > d’énergie valait vraiment le coup…

    Oui vraiment !

    Et je vous souhaite de trouver l’énergie de continuer encore longtemps. La voie est libre mais nous ne sommes pas encore au bout du chemin.

    Amicalement.

    JCB

  6. Milgram

    Bonjour
    Ton billet me conduis à plusieurs remarques :
    La plus simple et la plus langue de bois style EducNat c’est que maintenant ce sont les régions ou les départements qui prennent les décisions pour les équipements informatiques (de l’art subtil et insupportable de botter en touche).
    La deuxième qui rejoint le commentaire de Mag, c’est l’inertie des collègues et des élèves aux changements ( je me suis fendu du téléchargement de LoliWin et du gravage d’une dizaine de CD en prêt au CDI, avec pub auprès des collègues et élèves, seule la documentaliste en a utilisé un, il n’y a pas eu d’autre emprunt!!!!!!).
    Dernière remarque, beaucoup plus pessimiste, je découvre, à deux ans de la retraite, que l’une de mes principales fonctions, au cours de ma carrière, a été de former (formater) de bons petits élèves bien formatés à une société imposée en l’occurrence docile, consommateur, individualiste etc… Horreur, les profs ne sont pas là pour former des individus critiques, intelligents, solidaires vous vous rendez compte avec toutes ces qualités le nombres de "dangereux" révolutionnaires en puissance!
    Et le mieux c’est que j’ai accompli cette tâche, sans m’en rendre bien compte, soumis (d’où le référence à Milgram) à mon autorité hiérarchique pédagogique, avec quelques envolées libertaires, mais si peu!
    C’est triste.

  7. harrypopof

    La route est libre mais la voie est longue ! 🙂

    C’est un peu une fonction réciproque et évidente. Surtout ne pas se laisser démoraliser !

  8. LutinMalicieu

    Ben faut pas d’espérer! Les changements sont toujours long et difficile, et on est souvent confronté à l’inertie des gens et de la société… Il est aussi très dure de lutter contre des sociétés commerciales organisés, qui possèdent de puissants services de marketing et de lobbying.

    Pour ma part Framasoft a était l’élément moteur de mon passage vers le libre: d’abord avec OOo, puis firefox, puis Gimp, puis GNU Linux (avec des distributions de plus en plus accessible et simple d’utilisation). Depuis je propose des logiciels libres a plus en plus de personnes…

    De manière générale, de plus en plus d’administrations publiques (dernièrement la gendarmerie) migrent vers le libre. Je suis donc positif pour l’avenir du libre.

    En tout cas, merci pour votre travail et pour toute l’énergie dépensé.

  9. deshalles

    J’enseigne aux beaux-arts les nouveaux outils de dessin, et j’ai un mal fou à imposer Gimp au lieu des stars piratés. Le conformisme ou le conservatisme l’emporte largement, ils apprennent Word à l’école est c’est pour la vie… J’insiste quand même, la région qui offre des portables aux 4ème année, les équipe avec linux et toutes la gamme des softs libres, mais les étudiants les ouvre rarement. Un peu de patience, Wikipédia qui était pratiquement interdit par les profs, devient de plus en plus incontournable, le reste suivra.

  10. Milgram

    Décidément je ne partage pas votre optimisme. Pour mémoire :
    accord de partenariat M$ ville de Lyon :
    http://www.01net.com/editorial/3404
    accord se partenariat M$ ville de Paris :
    http://www.pcinpact.com/d-117-1-acc
    A quand les suivantes ?
    Plus de multiples accords de partenariat avec des Facultés et des écoles d’ingénieurs.
    Je ne vois pas vraiment d’occasion de se réjouir.
    A quand le bac M$ en Grande Bretagne ils inaugurent bien le bac MacDo.

  11. kvb

    Bien sûr microsoft possède de l’argent et des contrats en or. Mais revenons en arrière un peu.
    Il y a 5 ans, il y avait encore moins d’utilisateur de logiciel libre !
    Les institutions militaires (vous parliez de la gendarmerie mais il y a aussi la DGSE) sont passées vers le tout libre en quelques mois. La ville de Paris que vous mentionner, parle de plus en plus des logiciels libres. Choses qui n’etait pas le cas il y a encore quelques mois.

    De meme le nombre d’utilisateur de Linux augmente, on peut trouver maintenant des pcs auprès de grand groupe industriel pré-installé avec ubuntu dessus.

    Revenez en arriere tout cela n’existait pas !

    Indéniablement les choses sont en marche, jeté un oeil sur le succes d’eee pc alors qu’en parallèle l’iphone n’atteint pas ces objectifs.

    Regardé encore la hausse en part de marché de Firefox !

    Je ne vais pas encore continuer a vous établir un catalogue de tout les succès des logiciels libres mais il sont nombreux et récent. Objectivement les choses sont en marche.

    Pour l’éducation nationnale c’est une grosse déception il faut bien l’avouer.
    Pourtant c’est cette institution (par la philosophie de son but) qui aurait du le plus promouvoir les logiciels libres. Hélàs c’est un échec cuisant.

    Quoi faire alors ?

    -a part plus de communication, je ne vois pas ce que l’on peut faire.

    Et à cà je dis merci à framasoft qui s’implique beaucoup pour l’intégration des LL auprès des l’éducation nationale (ex : manuel libre). Pour ma part je constate une hausse des profs avec openoffice.
    Et la framakey est une sacré réussite dans le collège de ma femme

  12. Elrik

    Les députés, les gendarmes (entre autre) sont sous Linux, l’Éducation Nationale reste dans le giron de Microsoft, c’est à n’y rien comprendre ! Surtout avec le peu de moyens dont disposent les enseignants en général pour mettre en place les Tice… Réduire la fracture sociale ? Il faudrait d’abord songer à réduire la facture…

  13. hgoye

    il aura fallut quelques siècles à la France pour inventer la laïcité alors, patience, la notion de liberté numérique suivra son bonhomme de chemin. N’en déplaise aux ignorants, la Raison triomphera …. un jour !!!

  14. Croa

    Bonsoir,

    La gendarmerie fait exception à la Défense, massivement cliente de Microsoft comme toute l’administration Française. Cela peut surprendre de la part de gens extrêmement soucieux de sécurité et subissant par ailleurs des réductions budgétaires mais c’est ainsi ! Les directives semblent venir d’en haut. Tu as découvert 3 hommes à Bill dans la commission Attali ce qui n’a rien de surprenant : Ils sont partout. Il y a même des partenariats surprenants signés avec l’administration. De plus avec un Président qui se fait payer des vacances en Amérique, le terrain est drôlement miné pour Linux !

    Pour autant renoncer serait une erreur et Framasoft rend d’inestimables services, ne serait-ce qu’au grand public mais aussi à l’administration car elle est parmi les adresses que l’on s’échange dans les bureaux aussi. De plus le système dominant dirigé par la haute finance et les fantoches qu’on voit à la télé aura forcément une fin car les gens commencent à réaliser maintenant à quel point la démocratie est corrompue et aussi parce que l’édifice financier pour lequel l’intérêt public a été sacrifié commence à se fissurer. Cette perspective transformera les moyens d’émancipation que peuvent être l’Internet et les logiciels libres et partagés en planche de salut. Il ne faut donc pas laisser tomber ! 😉

  15. Croa

    HOUPS ! §:o/
    Il y a une erreur dans les infos liés à l’envoi précédent !
    Veuillez m’excuser !

    (là c’est juste.)

  16. clarisse

    Tiens, un autre exemple : les bulletins trimestriels sont maintenant le plus souvent informtisés.
    Au lieu d’employer quelques informatiens (même un seul, cela ne doit pas être très long et très compliqué) au niveau national pour faire un programme à partir d’open office et le rendre disponible à tous les établissements, ce sont les établissements qui achètent directement le logiciel à une entreprise privée. Coût : 500 euros par an et établissement !!! Pour un logiciel très pénible à utiliser et pas très performant. Même pas possible de faire un copié-collé depuis un tableur… Ou de décaler une ligne, si on se trompe en oubliant un élève, il faut tout retaper.
    Merci l’Etat de faire faire du profit facile à des boîtes qui font travailler plus de commerciaux que d’informaticiens…

  17. désolé de polluer

    Si j’ai pu me libérer de windows, d’internet explorer, de word et de tout ces machins qui me gonflaient, c’est parce que j’ai un jour eu l’idée saugrenue que je ne m’explique pas de taper dans un moteur de recherche "annuaire logiciel libre". Framasoft était là.
    Je dois une grande partie de mon ‘éducation informatique’ à Framasoft, auquel j’ai même contribué à l’occasion.

    Je dois beaucoup à Framasoft, et je ne pense pas être le seul: Ce site est plus qu’utile, il est indispensable.

  18. Viking

    Il ne suffit pas d’affirmer, il faut se documenter et éviter la désinfo; de nombreux établissements scolaires travaillent avec Open office. Il devient si facile de dénigrer, c’est dans l’air du temps et du politiquement correct. Tout ces commentateurs en herbe, la plupart du temps hors des connaissances du système scolaire, feraient certainement mieux de retourner à leurs chères études.

  19. alexandre

    Il y a du libre à l’éducation nationale depuis des années. Il n’est peut être pas visible de prime abord, mais s’occupe de la gestion des serveurs internet et intranet de la plupart des établissements, Il s’agit du projet EOLE, développé par le Pôle de Compétence EOLE du Ministère de l’éducation nationale, rattaché au Centre d’Etudes et de Traitements Informatiques de l’Académie de Dijon (CETIAD).

    Pour en savoir plus : http://eole.orion.education.fr/

  20. jfba

    Ce billet est extraordinaire : il pose les questions et il contient les réponses.

    Relisez :
    "
    Il faut dire que l’Éducation Nationale dépasse le million de fonctionnaires qui jouissent tout de même d’une certaine liberté…..heureusement que le système est un tant soit peu décentralisé soit dit en passant..
    "….
    "Par nature et par culture, je me méfie des décrets et autres directives autoritaires venus d’en haut."

    Faut pas se plaindre/se féliciter à la fois de l’absence de directives autoritaires.

    Et ce qui se passe dans l’éducation nationale est conforme à ce qu’il peut s’y passer étant donné le système de prise décision réel : en (très) gros, chacun s’agite dans son coin.

    La comparaison avec la gendarmerie suffit à illustrer le propos.

  21. lola

    C’est vrai qu’on peut se demander si nos politiques comprennent mieux que nous les enjeux liés à l’usage de TICE. En tous cas, c’est bien que vous le disiez, ça montre qu’il y a en qui réagisse et peut-être que notre ministre de l’Education nationale comprendra enfin l’énorme problème figurant dans sa démarche.

  22. Laurent

    "Il y a des jours comme cela où l’on se demande vraiment si créer Framasoft et y dépenser tant d’énergie valait vraiment le coup…"
    Hahaha, nan franchement c’est une blague ?
    Tu as peut être l’impression que rien ne bouge, toujours est-il que tout les jeunôts qui peuvent te lire (j’en fait partit) et qui grandissent au milieu des "idéaux" du libre ferons partit de la prochaine génération d’électeurs/consommateurs/(élus ?)

    L’avancée du libre en général passe par les même problèmes que les logiciels, trop marginal pour être intéressant sauf pour ses excentriques de créateurs, puis ceux à l’esprit plus ouverts et prets à faire des concessions vont suivre, enfin la masse va finir par se coller au mouvement par effet… de masse.
    De tout façon de part sa nature même le libre avance et avanceras inexorablement, tant qu’on oublie pas que l’important c’est cette "intelligence distribuée" dont tu parle et pas uniquement la gratuité.

  23. cyberjo

    L’antériorité des logiciels propriétaires pour le poste de travail a créé le poids des habitudes. Personne ne pilotant le navire, ce sont toujours les mêmes logiciels propriétaires qui sont demandés/installés/utilisés sans autre espoir de changement de cap que les actions menées par des individus plus ou moins isolés.

    Ce qui pourrait tout faire changer ? Simplement de lutter contre le piratage de sorte que plus personne ne s’autorise à installer des logiciels piratés (le classique 1 acheté/n installés) aussi bien dans l’établissement que sur les postes profs. Du fait de l’indigence des budgets le seul choix possible serait de se tourner vers le libre.

    Je suppose que c’est le genre de problème qui a du fortement motiver la gendarmerie. Probablement la majorité des administrations sont en situation de piratage d’une partie des logiciels utilisés …..

  24. kikadia

    Ah beh si que c’est bien sa,
    on va prouver le contraire au lycée, on fait une semaine du libre !!
    On peut faireun peu de pb au libre et à framasoft si vous voulez !!!

  25. vincent

    Bien sur, la question de l’utilité de Framasoft est rhétorique. Évidemment, les lignes bougent et bougent lentement. Mais la lecture de ton billet et cette pointe de découragement m’ont replongé au début (de mon point de vu) de l’aventure.

    « N’étaient les nuages, on ne jouirait pas du soleil »

    Il est vrai que la lecture de la lettre de Jean-Claude Guédon pousse à l’ironie et au découragement. On peut aussi y lire que la direction est la bonne…
    Salut !

  26. Mugen

    La Mission académique TICE de l’académie de Montpellier ont fait installé par défaut QUE des logiciels libres (excepté l’ OS µ$oft XP pro) par défaut pour les dotations des collèges.

    C’est en voie … passer a linux mettra plus de temps, mais c’est en voie.

  27. grostophe

    Un peu d’optimisme,que diable !
    Il y a quelques années, dans l’académie de la vienne, les ordis étaient livrés avec windows et publisher. aujourd’hui, s’il y a toujours windows, désormais, open office a les faveurs. sur le site de l’ia 86, les responsables TICE mettent en ligne des docs sur les logiciles libres et/ou gratuits, au format pdf, doc et … sxw ou odt. les choses changent, petit à petit. dans mon école, sur la trentaine d’ordis utilisés, une bonne vingtaine est sous linux (mdv 2005), le reste sous win98 avec essentiellemnt open office, photofiltre, foxit readerpdf, firefox, thunderbird et xnview. il doit bien rester un ou deux publisher, pour les anciens documents. la liberté d’enseignement reste encore de mise, j’en profite et les élèves obtiennent leur B2I avec les logiciels libres. au collège, ils continuent à utiliser openoffice. si framasoft n’existait pas, personnellement, je n’aurais pas franchi le pas et troqué win pour linux qui est devenu mon os préféré et utilisé dans les 95% des cas. de plus, je peux vous dire que les responsables TICE de l’IA86 savent que nous sommes sous linux. peut-être sommes nous la seule école sous linux, mais au moins nous existons et ferons, je l’epère, tâche d’huile.
    comme dit un pingouin, "la route est longue, mais la voie est libre"

  28. Bogoris

    «Il y a des jours comme cela où l’on se demande vraiment si créer Framasoft et y dépenser tant d’énergie valait vraiment le coup…» Ouvre un livre d’or, ça te rassurera 😀 Ça me fait penser à quelque chose que me disait un ami : «Tu ne vois pas toutes les conséquences positives de tes actes, soient-ils dérisoires.». Et Framasoft, c’est loin d’être dérisoire :D, donc c’est d’autant plus influent.

    Quant au logiciel libre à l’école, avec le fasciste d’administrateur réseau qu’il y a dans mon CDI ça risque pas. Sérieux ce mec est à fond dans le respect de la loi (dans la délation aussi). Quand j’ai commencé à recopier les cours de mes profs sur le net sans leur demander (ça ne m’a même pas traversé l’esprit, n’imaginant pas une seule seconde que ça pouvait faire l’objet d’une propriété intellectuelle), celui-ci m’a dit (oui, il m’a surpris en train de le faire) : «La propriété intellectuelle est un droit inaliénable». Je lui est balancé que tout bon prof avait pour ambition de transmettre le savoir, et qu’ils étaient payés par l’État, donc que leurs cours dev(r)aient être un bien publique. Il m’a rétorqué : «Vous n’allez pas commencé à mettre en cause les intentions des professeurs.». Bref, un con réputé dans tout le lycée, même sur internet (http://www.siteduzero.com/forum-83-…).

    Bref, il n’y a pas que les logiciels qu’il faut libérer (même s’ils vont être très importants vu qu’ils sont la base de tout, le contenu compte aussi).

  29. bruno

    Allons Bogoris, du calme. Je suis prof et je donne mes cours aux élèves absents ou dislexiques (format ODF ou RTF) . Le libre progresse ainsi que la notion de copyleft. Pour les militants du libre et du Pingouin, c’est toujours trop lent, mais que de chemin parcouru. Tiens, moi avec mon portable sous Fedora (ou Suse, ou Ubuntu, ça dépend …) je ne passe déjà plus pour un hurluberlu…