Le bien commun : l’assaut final – Un documentaire de Carole Poliquin

Classé dans : Communs culturels | 16

Temps de lecture 3 min

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Nombreux sont ceux qui pensent qu’en France le projet de loi «  Création et Internet  » (ou Hadopi) n’est pas qu’une simple question technique et juridique pour endiguer le «  piratage  », mais se situe bien au delà, sur le front politique et sociétal de la défense des biens communs contre une «  marchandisation  » croissante des activités humaines, ici la culture[1].

C’est pourquoi il nous a semblé intéressant de proposer aux lecteurs de passage un «  vieux  » documentaire que vous n’avez peut-être pas eu l’occasion de voir à sa sortie en 2002 (durée  : 1 heure).

Il a pour titre Le bien commun  : l’assaut final et a été réalisé par la québécoise Carole Poliquin (dont nous avons obtenu accord pour diffusion).

Voici ce qu’en disait Bernard Langlois dans le journal Politis  :

Sur le fond, c’est une charge très argumentée, très démonstrative contre la mondialisation libérale, nourrie de reportages et de témoignages recueillis au Canada, au Mexique, aux États-Unis, en Inde, en France. Avec les exemples très parlants de la marchandisation en cours de tous ces «  biens publics mondiaux  » que sont l’eau, les semences, la santé, les gênes, les connaissances et pratiques ancestrales ou nouvelles… Un thème que nous connaissons bien, autant de tristes réalités d’aujourd’hui.

C’est la forme qui est originale, avec un parti pris d’humour en contrepoint très réussi. Carole Poliquin a repris le thème et le découpage de la Genèse, ces sept jours qui bâtirent le monde  ; mais ici ce n’est pas Dieu, c’est «  l’homme d’affaires  » qui se donne une semaine pour asservir le monde au profit, pour créer enfin ce «  marché total  » qu’on nous propose comme horizon. À chaque jour son thème (l’eau, les semences etc.). Chaque soir de la semaine, l’homme d’affaires reprend son Boeing, volant dans les étoiles vers sa prochaine mission, tandis qu’une voix off commente  : «  Et l’homme d’affaires se dit que cela était bon pour ses actionnaires  ».

On notera que vous pouvez acheter le DVD de ce documentaire directement depuis son site officiel (ou en France chez Voir et Agir), non seulement pour en obtenir une version de qualité, des bonus, etc. mais également pour soutenir l’action de Carole Poliquin et l’aider à produire de nouveaux sujets comme son dernier en date Homo Toxicus[2].

—> La vidéo au format webm

Peut-être le trouverez trop simpliste, trop «  altermondialiste  », ou trop… réaliste  ? Peut-être aurez-vous envie d’y ajouter un «  huitième jour  » autour de la création numérique (logiciels, œuvres de l’esprit…)  ? Peut-être êtes-vous agréablement ou désagréablement surpris de sa mise en lumière sur le Framablog  ? Il ne tient qu’à vous de vous exprimer dans les commentaires ci-dessus ;-)

Notes

[1] Ce «  front des biens communs  » fait écho à deux livres de référence du Framablog (disponible tous deux en libre téléchargement)  : Du bon usage de la piraterie de Florent Latrive et Cause commune de Philippe Aigrain.

[2] Résumé du documentaire Homo Toxicus de Carole Poliquin (2008)  : «  Une expérience planétaire est en cours et nous en sommes les cobayes. Chaque jour, des tonnes de substances toxiques sont libérées dans l’environnement sans que nous en connaissions les effets à long terme pour les êtres vivants. Certaines d’entre elles s’infiltrent à notre insu dans nos corps et dans celui de nos enfants. En même temps que notre patrimoine génétique, nous transmettons aujourd’hui à nos enfants notre patrimoine toxique. Dans une enquête inédite, menée avec rigueur et humour à partir de ses propres analyses de sang, la réalisatrice explore les liens entre ces substances toxiques et l’augmentation de certains problèmes de santé comme les cancers, les problèmes de fertilité et l’hyperactivité. Les conclusions sont troublantes…  »

16 Responses

  1. Sotiris

    Je connaissais ce documentaire qui n’a pas pris une ride malheureusement !

    Et je fais partie des "agréablement surpris" de le voir référencé ici. Vu l’état du monde et des mentalités, ce serait peu responsable que de rester dans le petit monde inoffensif du "mon logiciel libre est plus mieux que ton logiciel propriétaire parce qu’il fait crac-boum-hue et pas le tien".

    Ce n’est pas un choix que de déplacer le débat et l’action sur le terrain politique, c’est une obligation dictée par la situation urgence.

  2. Remy J

    Ca donne la déprime ce truc là !!!
    Je n’en retourne vite regarder TF1 pour oublier 🙂

  3. idoric

    > «ce serait peu responsable que de rester dans le petit monde inoffensif du "mon logiciel libre est plus mieux que ton logiciel propriétaire parce qu’il fait crac-boum-hue et pas le tien".»
    > «Ce n’est pas un choix que de déplacer le débat et l’action sur le terrain politique»

    Je suis pleinement d’accord, je veux juste ajouter qu’en restant dans le petit monde du LL on arrive quand même à la même conclusion : la politique légifère contre les logiciels libres (possibilité d’interdire la publication du code source, interopérabilité qui passe après les DRMs, etc…), défendre le LL implique donc de se mêler de la politique.

  4. numahel

    je le visionne par petits bouts. Vraiment très bien fait !
    pour moi il a tout à fait sa place sur le blog de Framasoft, la question du libre ne se cantonne pas au seul logiciel à mon avis.

  5. Worth45

    Oui, moi aussi, je suis content de trouver cela sur le Framablog. C’est même ce qui m’intéresse en priorité. Parce que si c’est juste pour le logiciel autant aller sur le Planet Ubuntu.

    D’ailleurs, et c’est révélateur, le Planet Ubuntu rejette systématiquement ce genre d’articles plus "politiques". Le monde pourrait s’écrouler autour d’eux qu’ils continueraient à refuser tout ce qui sort de synpaptic et compagnie 🙂

  6. RGB

    Super ce documentaire 😀
    La surconsommation nous aura tous.. la clef est entre nos mains -> consommer intelligemment 🙂

  7. Turminder

    J’étais jamais allé sur Planet-Ubuntu 😉

  8. idoric

    Merci de nous faire découvrir ce documentaire. Quelques petites réflexions qui me viennent juste après l’avoir vu :

    – le parallèle avec la genèse est à mes yeux plus que de l’humour, je pense depuis bien longtemps que le libéralisme est une religion : après tout croire en l’infaillibilité de la main invisible n’est ni plus ni moins qu’une question de foi, que certains cherchent à imposer à tous !

    – bien que ce ne soit pas une découverte, je continue d’être frappé par les similtudes entre les enjeux du vivant et des logiciels. En Inde (17me minute), on accuse de (bio)piraterie ceux qui s’attaquent au bien commun, pendant qu’ailleurs on s’attaque au domaine public… sans oublier ce cultivateur parler des «fermiers _captifs_ obligés d’acheter leurs semence chaque année» (23me minute) comme on parlerait sur ce blog des utilisateurs _captifs_ obligés de mettre à jour leur logiciel. Permettez-moi de m’égarer quelques instants (certains diront «délirer» ;)) et de rappeler que JP Barlow avait repris à son compte la thèse selon laquelle l’information serait une forme de vie [1]

    – l’exemple des hôpitaux pour illustrer le démantèlement des services publics était pertinent, par déformation professionnel je voudrais juste faire remarquer qu’on aurait pu tout aussi bien l’illustrer… avec notre école républicaine 🙁

    [1]http://www.freescape.eu.org/eclat/2

  9. vulcanoo

    Bonjour.
    Je suis contributeur à la version audio " Du Bon usage de la piraterie".

    N’hésitez pas à le conseiller à vos proches "malvoyants".

    Clément

  10. Pandark

    J’ai vu il y a peu de temps « Pour l’amour de l’eau » (http://www.arte.tv/fr/accueil/semai…), un autre documentaire qui parle des quelques multinationales qui vendent au prix fort une ressource gratuite et publique, sans se soucier des conséquences environnementales et humaines…
    Et j’ai fait le parallèle à ce moment là en m’apercevant que l’une des deux ou trois multinationales qui font le commerce de l’eau soit aussi une des majores responsables des projets du type Hadopi (je parle de Vivendi/Universal).

  11. Eliseo

    I like to understand this documental, someone has the spanish or english subtitles., (e8462@hotmail.com) thanks.

  12. BLeng34

    Un documentaire original et courageux dénonciateur de pratiques que je trouve personnellement scandaleuses !… Où nous mènera la cupidité de ces inqualifiables pilleurs prêt à tout à seule fin de se remplir les poches ?…

  13. Takla

    Merci pour ce travail didactique ! Vraiment très enrichissant. On ne connaît en effet pas assez ce que le monde « marchand » est en train de structurer à son propre bénéfice. Dans une vue à si court terme, sans envisager l’impact que cela aura demain, et déjà… maintenant. Difficile au simple citoyen de pouvoir avoir un regard qui va bien au delà de son propre horizon, son propre pays, quand tout se joue au niveau international. Et savoir devient une nécessité de plus en plus urgente. Humainement, naturellement. Du coup, je vais faire connaître autour de moi ce film,. Merci encore.
    TAKLA.

  14. Fildena Super Active

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