Quand Internet croit faire de la politique

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Ted Percival - CC by«  18 juin 1940 – le général de Gaulle envoit un message sur Twitter et crée une cause sur Facebook. 19 juin 1940 – déjà plus de 30 millions d’internautes ont rejoint les rangs des Français Libres sur les réseaux sociaux. Les SMS et mails de soutien affluent. Des milliers de blogs fleurissent…  »

Voici un article de Cédric Biagini[1] dont le préambule accroche illico et donne envie d’en savoir plus. Il interroge profondément le sens que nous donnons, ou feignons de donner, à tout ce temps passé à nous connecter et échanger des informations. Et si nous étions en train de nous fourvoyer à croire qu’un autre monde est possible, vissés que nous sommes derrière nos écrans  ?

Participer plein d’espoir et d’énergie à notre propre enfermement alors même que nous pensons nous libérer, voilà un scénario que l’Histoire a déjà connu. Internet deviendra-t-il la nouvelle caverne de Platon de notre époque numérique  ?

En tant que créateur de Framasoft (qui a donc de bonnes heures de vol net derrière lui), je tenais à vous faire partager ma perplexité existentielle face à ce texte militant qui pose quelques bonnes questions.

On pensera également bien entendu à la forte mobilisation du réseau contre le projet de loi Création et Internet (opération Blackout, pétition, Réseau des Pirates, groupe Facebook, tag Twitter, etc.) dont on peut légitimement se demander si elle ne s’est pas effectivement arrêtée aux frontières du Web. D’autant que lorsque l’on tente d’en sortir (ça, ça et bientôt ça), on franchit difficilement le stade de la confidentialité, quand bien même on passe assurément un bon moment ensemble.

Au final la loi risque bien d’être votée. Et le Net, constitué de gens toujours plus informés, est, dans sa grande majorité, totalement abasourdi devant tant d’incompétences et d’irresponsabilités. Sauf que comme il est dit plus bas, ce n’est pas parce que les gens savent que les choses changent. Le décalage entre le bruit virtuel et le silence du terrain est patent.

Il y a indéniablement une aspiration et de nouvelles possibilités pour faire de la politique autrement. Mais lorsqu’il est question de contester une loi émanant de la majorité, les classiques rapports de force gardent toute leur efficacité. De mémoire de parlementaire, on n’a encore jamais vu un buzz avoir raison d’un gouvernement…

Cet article est issu du dossier «  le piège Internet  » du numéro d’avril de La Décroissance (2€ chez votre point de vente le plus proche). Ce journal «  de combat veut faire progresser une cause encore minoritaire, et fait désormais partie du paysage médiatique national, contribuant, par son indépendance, à la vitalité du débat démocratique sur l’avenir de la planète  »[2].

La Toile contre la politique  ?

Cédric Biagini – avril 2009 – La Décroissance

18 juin 1940 – le général de Gaulle envoit un message sur Twitter et crée une cause sur Facebook.

19 juin 1940 – déjà plus de 30 millions d’internautes ont rejoint les rangs des “Français Libres” sur les réseaux sociaux. Les SMS et mails de soutien affluent. Des milliers de blogs fleurissent. Sur les forums, Gaullistes, FFI, FTP et Miliciens pétainistes s’écharpent..

18 juin 2009 – In Frankreich wird nur noch Deutsch gesprochen…

Les milieux contestataires ont imposé l’idée que pianoter derrière un écran pour diffuser sur Internet était une pratique subversive. Les mouvements conservateurs tendant à reconquérir ce terrain, il est temps de mettre à bas ce mythe de la communication. Et de savoir construire (aussi) des rapports de force sociaux ou politiques dans le monde réel. Saurons nous encore le faire  ?

Cette promesse d’un monde meilleur a été portée par les pionniers d’Internet. L’émergence du mouvement alter mondialiste est concomitante de l’éclosion de ces nouveaux médias, la lutte se mène désormais à l’échelle planétaire et prend le réseau comme modèle.

Mais cette illusion d’avoir dépassé le capitalisme vermoulu, ancré dans le réel, pesant, hiérarchisé, bref, associé à l’ancien monde du XXème siècle, n’a duré que quelques années, le temps que celui-ci se redéploie dans l’univers virtuel et en tire des bénéfices immenses, en terme financiers bien sûr, mais surtout idéologiques. Le basculement numérique lui offre, au contraire un nouveau territoire à conquérir et lui permet de se moderniser en se parant de valeurs issues de la tradition émancipatrice et de mots comme révolution, liberté, gratuité, horizontalité, participation, nomadisme, échange, etc…

Bien que toutes les forces sociales dominantes, de l’État aux multinationales, en passant par les industries culturelles, participent au déferlement technologique et tentent de mettre l’ensemble de l’humanité devant tel ou tel écran, les mouvements contestataires, passé l’euphorie des débuts, sont anesthésiés, incapables de formuler un discours un tant soit peu critique. Seules quelques technologies comme les puces RFID et celles associées aux contrôles policiers éveillent leur méfiance.

Pourtant la question numérique est éminemment politique. Nos rapports au temps, à l’espace, aux autres et à nos environnements s’en trouvent profondément modifiés. L’essence même de la technologie est en train de transformer le monde. Son emprise croissante sur nos vies ne fait que renforcer le libéralisme  : marché autorégulé, disparition des intermédiaires, accélération des échanges, déterritorialisation, individualisation, destruction des modes de vie traditionnels, culte de la performance et de la nouveauté. Que les béni-oui-oui du progrès applaudissent à toutes les innovations, persuadés que chaque problème trouvera sa solution technique, paraît logique. Plus étonnante est la permanence du discours sur la neutralité de la technique – tout dépend de ce qu’on fait… – ou sur l’illusion de pouvoir la maîtriser – c’est bien pratique et efficace…

L’obsession de l’information. Peu à peu, une frénésie informationnelle s’est emparée de la société, le monde de la contestation ayant parfaitement intégré que tout n’était qu’information et que si les gens savaient, tout changerait  !…. Puisque les grands médias sont responsables de tous les maux, leur critique devient obsessionnelle et rétablir la vérité devient le cœur des nouvelles pratiques militantes. Se multiplient alors forums, listes, sites, blogs, etc…

Le temps n’étant pas extensible, les moments de rencontre se raréfient et plus personne ne devient disponible pour organiser de vraies réunions ou penser des mobilisations ou des alternatives collectives. Cette réduction utilitariste de l’agir politique empêche de questionner le sens de nos pratiques, alors que nous devrions avoir compris, après les multiples échecs des mouvements du XXème siècle, que le chemin importe plus que le but. Faire un journal militant, par exemple, n’a pas uniquement pour objectif de diffuser des idées  ; le support en lui-même crée du collectif et amorce une prise sur le réel.

Les militants passent un temps croissant vissés devant leur ordinateur à faire circuler des informations et à s’écharper sur les forums avec une violence que l’absence de liens véritables permet. Une information chasse l’autre dans un ballet sans fin qui donne le tournis… et de nouvelles raisons de s’inquiéter et de s’indigner. Plus le temps de prendre du recul pour mettre en perspective, de conceptualiser ou de débattre. Il faut se connecter aux évènements les plus récents et rester vigilants pour être sûrs de ne rien manquer  ! Cette dictature de l’instant empêche de chercher des réponses philosophiques et politiques.

L‘homo communicans. Cette obsession de l’information libératrice postule qu’il suffirait d’être au courant des horreurs du monde pour les combattre. Ce peut être une condition nécessaire mais jamais suffisante, et il n’y a pas de lien direct entre information et action – si l’on entend bien sûr par «  action  » actes et engagement, et non un simple réflexe émotionnel ou compassionnel.

Le rapport de force politique ne se crée pas devant un écran. Car scoops et révélations n’entraînent pas mobilisations. Car ces informations et cette masse de connaissances accessibles, aussi critiques soient-elles, si elles n’entrent pas dans la «  réalité de nos situations  », c’est-à-dire dans un ordre constitué de croyances, de valeurs, de repères et de pratiques, ne produisent aucune puissance politique. Or la société communicationnelle nous condamne à n’être que des émetteurs-récepteurs d’informations, perpétuellement plongés dans l’univers des machines, extérieurs au monde.

Bien évidemment, il ne s’agit pas de refuser toute forme de communication, d’échanges d’informations et d’analyses. Mais plutôt, de cesser de nous bercer d’illusions que l’instantanéité et la profusion de données nous permettent de maîtriser le monde.

En évitant d’être happé par ces flux, un double processus peut s’enclencher  : prendre le recul nécessaire à la réflexion, à la construction de soi et à la production de sens. Et, en même temps, nous réinscrire dans une histoire, dans un environnement social, dans la nature et dans la durée.

Notes

[1] Cédric Biagini est l’auteur de La Tyrannie technologique  : Critique de la société numérique aux éditions L’échapée (dont on peut lire une critique contextuelle sur le site des Écrans).

[2] Crédit photo  : Ted Percival (Creative Commons By)

31 Responses

  1. Antonin

    Je pense qu’il vise à coté. Il décrit une situation véritable mais en détourne le sens.

    Les réseaux politiques du web ont un impacte mais le système politique des partis en est tellement coupé qu’il faut une pression terrible pour qu’ils en ressentent ne serait-ce que des picotements.
    Mais les réseaux continuent de se densifier et je suis certains que dans quelques années les choses vont commencer à changer.

  2. jean-mi

    On ne peut pas pas vraiment dire qu’il ait tort. Il suffit de voir tous les sites sémaphores. Pourtant quand on voit certains rassemblement complètement idiots organisés sur facebook, les outils ne sont pas vraiment à mettre en cause.

    On a de beaux exemples dans le libre, que ce soit dans le logiciel ou dans un projet à la wikipedia. On voit beaucoup d’oisillons affamés et si peu de parents chassant. Et les oisillons, c’est un horreur à entendre. Enfin, il est bien connu que les manchotières sont une horreur au niveau sonore.

    Le shut up and hack est trop peu répandu.

  3. Thierry

    C’est pas pour faire de la généralisation ou catégorisation grossière mais je crois que "ceux du libre" sont bien plus épargnés par le phénomène que "ceux du web 2.0".

    Le libre est plus "vieux" et a une capacité à prendre du recul, à analyser (et à sa méfier) plus grande que la génération d’après, celle des "facebook-twitter".

    Ce n’est pas étonnant par exemple que les premières contestations du vote électronique viennent du libre.

    Bon article en tout cas et c’est bien de le retrouver ici pour ne pas oublier que certains dangers nous guettent. Sur ce… je me déconnecte !

  4. Grunt

    Article très juste (d’ailleurs, qu’est-ce que je fous à lire Framablog à 4H du matin au lieu d’imprimer des tracts? :+D)

    Il lui manque néanmoins l’analyse inverse: les milieux traditionnellement militants (partis de gauche, les vrais, syndicats, associations) ont une totale méconnaissance de cette foule silencieuse qui s’informe, s’indigne et fait du buzz.

    L’initiative de l’APRIL, http://www.candidats.fr , est à saluer ne serait-ce que pour cette raison: créer un pont entre le monde politique et le monde virtuel.

    Car, à part des initiatives isolées (comme celle de ce cher député Brard), il n’y a pratiquement aucune main tendue par les "rassembleurs de foules" en direction de la galaxie Internet.

    Quel syndicat, même très revendicateur, ajoute à ses griefs la volonté de l’Etat de contrôler Internet? Les professeurs qui défilent pour dénoncer les choix budgétaires qui mettent à mal leurs conditions de travail mentionnent-ils un seul instant le coût des licences Microsoft installées dans pratiquement chaque établissement? Pourquoi le "NPA", nouveau parti anticapitaliste, rend-il indispensable l’installation du plugin Flash de la multinationale Adobe afin d’accéder à ses vidéos? C’est là une contradiction effarante: se battre contre le capitalisme tout en renforçant un monopôle invisible mais terriblement présent.

    Les geeks n’aiment pas quitter leur écran et descendre dans la rue pour manifester ou distribuer des tracts. C’est un fait regrettable.
    Mais les manifestants et distributeurs de tracts semblent ignorer l’existence des geeks. Et c’est tout aussi regrettable.

  5. FuturCelibataire

    Ne faites surtout pas lire cet article à ma compagne, elle croit que je fais la révolution sur Internet 😛

  6. Samuel

    Je crois que l’on confond le contenu et le contenant … la vrai révolution d’internet, c’est le contenant ! Chacun peut s’exprimer à grande échelle à peu de frais. Malheureusement, chacun s’est précipité pour utiliser ce droit et s’exprimer à grande échelle et à peu de frais. Le contenu qui en résulte est un grand brouhaha général. Les internautes devraient apprendre à ne pas casser leur joujou, à se retenir avant de *bavarder* sur internet, écouter avant de parler, … Internet, c’est finalement comme la bombe nucléaire, c’est important de l’avoir pour se rassurer mais cela ne veut pas dire qu’il faille nécessairement l’utiliser. Coluche disait que "La dictature, c’est ferme ta gueule et la démocratie, c’est cause toujours"… ok, ok, la démocratie reste quand meme la solution à privilégier malgré tous ses défauts.

  7. rhyzome451

    Grand Dieu, mais c’est suicidaire de publier un tel article sur Internet ! Tout du moins ça donne la déprime.

    Je suis d’accord avec l’auteur mais aussi avec Grunt. Il y a incompréhension et différence de culture entre les politiques et les internautes mais on retrouve les mêmes choses entre internautes et "monde militant classique".

    On ne peut nier que par rapport au sujet de l’article, Hadopi aura été un rendez-vous manqué. Il y avait là l’occasion de faire une belle manif et au lieu de ça on placarde des carrés noirs sur des sites dont les visiteurs sont déjà convaincus du mal fondé de la loi.

    Faut tout de même dire aussi qu’on a de drôles institutions et des modes de scrutin qui sont sûrement à revoir. On a Internet et on s’en irait tous les 5 ans mettre son bulletin dans l’urne alors qu’on sait pertinemment bien qu’à la fin il n’y a plus que 2 grands partis (l’un à la solde des lobbies et l’autre qui ne sait plus qui il est) qui se partagent tout le gâteau !

    Excellente cette phrase : "De mémoire de parlementaire, on n’a encore jamais vu un buzz avoir raison d’un gouvernement…"

    C’était mes réflexions du lundi matin à l’emporte-pièce.

  8. roudou

    Les prises de conscience que me permettent les textes lus sur l’internet sont à l’origine de profondes modifications de comportement dans la vie réelle. Parfois c’est difficile, mais souvent, c’est libérateur. Du coups, si je comprends les craintes exposées dans cet article, je ne m’y reconnais pas.

  9. Olivier (Vosges)

    Un vrai petit média ce blog ! Cet article c’est un peu comme les pages "Rebonds" de Libération 🙂

    D’abord pour le mec perdu dans son trou paumé de province comme moi ou le mec à l’étranger, ça lui permet quand même de se tenir au courant, de participer et de se tenir prêt quand Le Grand Jour aura sonné (j’déconne, hein !).

    Ensuite on voit bien que ce texte s’adresse avant tout aux "medihacktivistes", aux alters de la mouvance Indymedia, etc. Et puis il doit y avoir là encore un petit problème de génération (les vieux qui voient les jeunes pousser et qui ont du mal à capter le truc).

    C’est vrai que ça m’arrange (parce que je suis "pro-libre"), mais je suis d’accord avec Thierry, c’est moins un problème d’Internet qu’un problème d’approche et de mentalité. Les flashmobs, je trouve ça très marrant à faire mais ça reste quand même au niveau du jeu de groupe pour adolescents attardés si on se place sur le terrain des luttes sociales.

    Il ne faut surtout pas laisser Internet "aux mains du web2" qui à mon avis sont à mettre dans la catégorie bobo urbain, plutôt jeune, plutôt de gauche et plutôt épargné (jusqu’à quand ?) par la crise. Ceux-là quand tu leur donnes un texte long à lire (long c’est à dire plus long que les 140 caractères de Twitter) ils s’enfuient et préfèrent regarder la vidéo "du chat qui tombe de l’arbre" sur YouTube. Et ne viens surtout pas leur parler de politiques dans leurs espaces de discussion, tu te ferais descendre en flêche. Non pour Hadopi mais non ausi pour se bouger le cul pour ça change.

    Ouais je caricature, je trolle même, mais regardez le blog le plus fréquenté chez les francophones : Presse-Citron. Ce blog est vraiment bien foutu, bien écrit, etc. mais vous ne le verrez jamais prendre position et critiquer ouvertement la société telle qu’elle se présente aujourd’hui (et elle est criticable non ?). On préfère faire le test du dernier smartphone à la mode et s’exstasier devant ses nouvelles fonctionnalités d’enfer qui, quand on y réflechit 5 secondes, ne servent strictement à rien.

    Pour ce qui est du logiciel libre, je crois au contraire qu’il y a espoir. Ca fait longtemps qu’il est là et surtout le mouvement est (globalement) modeste et ne se disperse (relativement) pas dans ses objectifs. Il prend son temps et regarde le web2 en disant attention Google, attention à nos données dans les nuages, attention au Minitel 2.0 qui nous pend au nez, etc.

    Il a eu le temps d’installer une culture en fait. Ce n’est pas une culture politique au sens traditionnel du terme mais ça y ressemble un peu quand même surtout quand les mecs vont à Bruxelles contester telle ou telle loi (brevets, paquet télécoms) et s’en reviennent nous raconter la chose et exposer les nouvelles magouilles de nos technocrates.

    Tout le monde est en train de dire oui au "partage", à "l’échange" et à la "coopération" et non à la "compétition", à "l’égoïsme", etc. Et il va bien finir par en ressortir quelque chose même dans la vraie vie (c’est pour ça que j’aime bien ce blog quand il se met à délirer sur une "voiture open source"). Mais c’est sûr qu’on ira plus vite si on met moins de temps et d’énergie à dire sur Twitter qu’on vient de modifier son profil Facebook.

    Je sais que c’est débile de le dire comme ça mais si on prend ces trois entités que sont le web2, le libre et le monde militant classique, alors je crois que c’est le libre qui est le mieux placé pour faire la jonction des trois et participer ainsi à améliorer les choses.

    C’est vrai aussi que les "alters" ont leur mots à dire là-dessus. Mais désolé j’en suis pas.

    Résultat des courses : 15 min à pondre ce commentaire et donc 15 min de perdus pour la Révolution !

  10. Faissebouqueries

    Tu crois pas si bien dire Cédric. Lu ce matin dans mon fil RSS
    – Manif contre le nouveau Facebook à la Défense, Info ou Intox?
    http://fr.techcrunch.com/2009/04/20

    Si c’est de l’info c’est pas trois gus sur une place française qui vont influer sur le CA de Facebook aux States ! Et si c’est de l’Intox, ça sert à rien de le publier.

    Et pour aller un peu plus loin, les utilisateurs de Facebook qui se plaignent font comme si Facebook était un service public, c’est risible surtout qu’avec la crise Facebook ne pourra pas continuer ainsi longtemps à offrir son site "gratuitement".

  11. Yann Canale

    Je ne pense qu’il faille opposer (et donc diviser) des pseudo-catégories comme le web2.0, le logiciel libre, les altermondialistes, les syndicats, etc.

    La politique c’est un peu comme la musique. C’est en plein bouleversement et en pleine réorganisation. Il faut être patient et attendre que les choses se décantent un peu, et pour cela tout le monde est le bienvenu pour participer.

    Ce qui n’enlève rien au fait que l’auto-critique est toujours la bienvenue elle aussi.

    Post Scriptum : Enfin pas trop patient quand même parce que sinon on va tous se retrouver sur la paille à bosser comme des esclaves pour les beaux yeux de 5% de l’humanité.

  12. Pitrophe

    C’est un beau paradoxe de voir dans les commentaires des gens qui sont plus ou moins d’accord avec l’article non ?!
    :-)))

  13. Lucille H

    Si je peux faire moi aussi un digression. C’est avant tout un monde d’hommes qui est décrit là. On voit très rarement des femmes venir en découdre dans de longs posts enflammés sur les forums. Pourquoi à votre avis ?

  14. Winael

    C’est bizarre de lire cet article un lundi matin, lendemain de l’émission "Les enfants du Web" sur Oxyradio ou Mathieu Pasquini nous parlait… de la révolution Internet et de l’utilisation des réseaux sociaux dans la campagne de Barack Obama.
    Le président américain a été élu justement grâce a ces internautes militants qui ont occupé les tweet et réseaux sociaux. Notons aussi la révolution MoveOn.Org qui a changé beaucoup de chose en politique (et oui la démocratie participative c’est eux).
    Le courant néo libertaire (issue du mouvement Culturel du Libre) est la preuve que l’on peut changer beaucoup de chose grâce à internet.
    Internet ne remplace pas la vie réelle, il la complète. Nous ne devons aucunement être esclave d’Internet mais vivre avec.

  15. Grunt

    @Lucille H:

    On peut avoir la réponse, ou c’est une devinette?
    – Parce que les geeks sont machos?
    – Parce que le partage "traditionnel" des tâches leur laisse moins de temps libre?

  16. H.L.

    @Winael : Tout d’abord Obama a été élu parce qu’il était meilleur candidat que Clinton ou Mc Cain et Internet n’y est fondamentalement pour rien (ne pas oublier que la connexion est souvent de très mauvaise qualité aux USA et qu’elle n’est pas présente partout).

    Après c’est tout à fait vrai que le Net a été super bien utilisé pour mobiliser *localement* des équipes qui s’en sont allés ensuite *sur le terrain * (conférence, porte à porte, rue, marché…). C’est ce passage du Net au terrain qui coince un peu ici chez nous en particulier pour, enfin contre, l’Hadopi.

  17. deadalnix

    Je vais être franc et direct : c’est article, c’est de la merde en barres.

    Une suite d’affirmations qu’on est prié de croire sans poser trop de question parce que l’auteur est connus.

    Ou sont les sources, chiffres, exemples concrets qui valident le propos ?

  18. Jean-Gui33

    > deadalnix : Libre à toi de balayer l’argument d’un revers de la main mais tu ne peux pas nier qu’à tous rester à la maison à pianoter sur le clavier, on risque pas de faire évoluer les choses de manière significative.

    Pour les chiffres, j’en ai pas mais la pétition de SVM c’est 50.000 signataires, le groupe Facebook de Numerama, c’est 10.000 inscrits, le Blackout de la Quadrature c’est de milliers de sites et blogs, etc. Et tout ça n’a strictement aucun influence puisque la loi va tranquillement passer le 29 avril prochain.

    Ca n’empêche pas que ça valait le coup de faire et dire tout cela. Mais c’est pas mal aussi de se dire qu’on arrive dans un monde qui existait avant Internet et qui avait des modalités et des "traditions" pour faire avancer les choses qui ne sont pas forcément à jeter avec l’eau du bain.

  19. deadalnix

    Pour être plus constructif sur le sujet (car c’est bien beau de dire que l’article est nul, mais ça fait pas bien avancer les choses).

    J’invite donc les gens a lire ceci.
    http://www.internetactu.net/2005/04

    Cet article explique les différences entre le monde physique et informationnel. Il est axé sur l’implantation de choses issues du monde physique vers le monde informationnel. Mais si l’on renverse la vapeur, il est très instructif sur les transplantations de phénomènes issus du monde informationnel vers le réel.

    Il a de plus le gros avantage de s’appuyer sur des faits.

  20. deadalnix

    Jean-Gui33 > Je ne reviens pas sur ces points.

    Simplement, cet article n’y apporte aucune réponse potable. Est-ce que je suis sensé croire sur parole Cédric Biagini ? Je ne crois pas. Cela n’a rien a voir avec le fait qu’il soit dans le vrai ou non.

  21. le pire est à venir

    Qui va dire à l’auteur que De Gaulle a fait son appel à un moment de l’histoire où la guerre faisait rage, où la barbarie était partout palpable, où il fallait choisir entre tenter de survivre serf courbé par une main de fer ou accepter l’idée de mourir en homme libre, les armes à la main tout en tuant son prochain né si près, de l’autre côté du Rhin ? Qui dira à l’auteur que De Gaulle c’était un homme exceptionnel qui incarna un esprit collectif à un moment précis et que l’invoquer sans justification face à une génération perdue, doucement oppressée mais pas encore assez, est juste déplacé ? Le temps fera son affaire, le cycle est prévisible, les conditions viendront quand la régression sera trop grande, l’injustice permanente, le contrôle par trop étouffant, l’horreur de l’exploitation de la majorité par une minorité intolérable. Alors comme parfois dans l’histoire, et quelque soit les artifices médiatiques, une voix se fera entendre et appellera à bien plus qu’à prendre du recul en se grattant la tête. Cette voix posera un choix, simple réel, évident, rare : la liberté ou la mort. En attendant, ce texte – sous couvert de critique d’actes vains – est comme tant d’autres, un cri de désespoir, celui d’être là, pendant, entre deux. Celui de devoir vivre dans une époque tiède, saumatre, où les avis sur tout et rien se multiplient sans que cela ne change rien mais où les actes de résistance restent puérils, effectivement, car ce n’est pas le moment. Et pour cause, ce sont les dominants qui provoquent le changement en pressant par erreur un peu trop ce bon vieux populo. Jusqu’ici pour lui tout va de mal en pis, mais pas encore assez…

  22. poppins

    ‘Sauf que comme il est dit plus bas, ce n’est pas parce que les gens savent que les choses changent.’

    Ce n’est pas parce que les gens ne savent pas que les choses changent !!!

  23. genium

    Le Libre est une démarche politique, mais comment peut-on expliquer son absence du dernier forum mondial Sciences et Démocratie? Pourtant, RMS nous montre l’exemple en multipliant les convergences, comme la semaine dernière à Munich…

    "Nous invitions toutes les organisations sociales et scientifiques, les mouvements et les réseaux à organiser des débats publiques autour du monde pour renforcer nos communautés et sociétés respectives sur ces questions."
    http://fm-sciences.org/spip.php?art

    AMHA, le Libre devrait se rapprocher du groupe d’impulsion français; le prochain forum aura lieu en France en 2011…

  24. Stephane

    Perso je la trouve pas si déplacé que ça l’opposition web 2.0 vs libre. Les premiers arrangent bien les marketeux et "le système" en général. Par contre les seconds les angoissent légèrement parce que c’est une tout autre manière de voir les choses. Ca les angoisse tellement qu’ils ont invité le terme "open-source" pour tenter tant bien que mal de "dompter la bête".

  25. Seekoeur

    Très bon article, merci. Même si le rapprochement que fait Cédric Blagini avec le Général de Gaulle est un peu trop audacieux à mon goût et que le primat accordé aux "alters" dans l’utilisation subversive du web me semble une erreur (la contre-culture d’alors ne se réduisant pas aux alters…).

    J’ajouterais aussi que votre article repose sur l’idée d’un rapport virtuel / réel qui me semble dépassée. Avant le http massivement partagé, il y avait le monde réel ET sa médiatisation (devenue plus tard son hypermédiatisation), sa télévision en quelque sorte. Aujourd’hui le monde (politique) réel est constamment connecté à l’échange global d’informations en temps réel. Par conséquent, l’hypermédiatisation est aussi devenue le monde réel. Le web est donc devenu la scène politique contemporaine sans pour autant avoir fait disparaitre les autres, celles du passé. C’est pour cela que beaucoup de geeks font de la politique en ligne (depuis leur fauteuil), parce qu’elle est venue se greffer dans le code, elle est dans les blogs, dans le design, dans les chats, dans facebook, dans twitter, dans les nouveautés (en passant, les réseaux sociaux ne disent pas seulement ce que l’on dit mais ce que l’on fait, d’où leur succès et la politique qu’est-ce que c’est d’autre sinon faire ? je m’écarte…). En résumé, elle est aussi sur la toile, elle est la toile n’est rien d’autre que ce que nous en faisons.

    Chaque situation (même globale) étant unique, nous nous retrouvons donc au XXi siècle avec des défis majeurs à relever : mondiaux (le changement climatique, toutes sortes de crises) locaux (filmer son conseil municipal, gérer la vie avec ses voisins sur aka aki) et le web peut être un formidable outil pour nous organiser, s’échanger les bonnes infos, s’entraider. Donc il faut y passer du temps. Là où je vous rejoins c’est quand la scène politique du web est déconnectée du réel politique qui l’a vu naître. C’était criant au moment d’hadopi, ça l’est encore plus avec le paquet télécoms (c’est bien connu, puisque l’Europe n’intéresse personne…) la finalité de l’action reste dans l’ypermédiatisation.

    En résumé, Il faut dire que l’on est contre #hadopi pour se donner le sentiment d’exister politiquement sur le web, mais au fond on est pas vraiment convaincu, car de toute façon on détournera #hadopi quoi qu’il en soit, on est sur le net, on peut tout faire pense chacun tout bas. Après tout, peu importe qu’#hadopi passe ou pas, puisque le monde réel est sur internet et qu’ici #hadopi, il ne sert à rien… à mon sens le biais est là. Si le web nous affranchit de certaines limites, la scène politique, le pouvoir donc, est toujours là, présent dans toutes les sphères dont l’infosphère mais (sauf erreur de ma part) le monde réel ne disparait pas pour autant, il est partout…et en nous mêmes à travers nos convictions ^^

    Donc, une idée toute simple pour commencer à connecter le réel et le virtuel dans les actes (politiques) : associer sa véritable identité virtuelle aux idées qui nous transportent vraiment dans le monde réel. Je ne suis pas contre l’anonymat et le pseudonymat, ils remplissent des fonctions particulières (on peut préférer un autre nom que celui d’origine par exemple) mais quand il s’agit de ses convictions / idées / avis politiques réels, je trouve dommage de ne pas les exprimer ouvertement (ou pire d’exprimer des propos insultants à visage couvert en ligne)

    Si chacun avait l’habitude d’utiliser sa véritable identité lorsqu’il /elle exprime quelque chose qui lui tient véritablement à coeur en politique (du monde physique), je pense qu’il y aurait des choses beaucoup plus constructives (co-constructives) entre le réel et le virtuel, car ainsi on saurait d’où chacun parle… donc à mon sens la réponse n’est ni totalement politique, ni totalement technique elle est principalement éthique (appliquée au net : néthique).

    J’ai peut être un peu commenté à côté mais la prolifération des infos vient aussi des propriétés du virtuel qui permettent de s’exprimer en mode "undercover". Je ne suis pas contre cela, mais cette prolifération conduit inexorablement (avec d’autre choses) au bruit, aux répliquas, à la redondance. Ces éléments ralentissent / déteriorent l’action politique réelle qui se nourrit évidement du virtuel, mais qui nécessite avant tout une information de qualité, de la réflexion, des prises de positions claires. On en revient à l’éthique appliquée au net, la néthique que j’ai non seulement choisit pour gérer ma présence en ligne (mon blog) et que je tente d’appliquer au mieux à mes usages liés à l’information numérique en général.

    Mathieu

  26. Xavyer

    Un exemple typique de ce que décrit l’article : le site DéputésGodillots
    http://www.deputesgodillots.info/

    C’est amusant, c’est intéressant, ça donne un parfait petit message à diffuser sur twitter… mais ça ne sert à rien et dans une semaine on l’aura tous oublié.

  27. dtx

    Ouais, la généralisation est un peu vite faite, internet dans certain milieu est un bon vecteur d’organisation, et débouche souvent sur des actions collectives effectives.

  28. Loran

    C’est amusant de voir qu’un article qui postule qu’Internet ne permet pas de prendre du recul, engendre de la "perplexité existentielle " . :o)

    L’auteur met le doigt sur quelque chose (la frontière plus ou moins étanche entre le web et IRL, contredit quand même par le référendum de 2005) puis dérape jusqu’au… contre sens en confondant support et contenu.

    En plus, il ne comprend pas, parce qu’il ne l’a pas vécu, que le net crée du lien social (il oppose la rédaction d’un journal IRL à ce qui se passe sur le net).
    J’ai même envie de dire du lien social "augmenté" (au sens de réalité augmentée).

    Bonne journée.

  29. Esperance

    Il y a un peu de vrai dans tout ça mais on peut aussi voir la phase actuelle comme une nécessaire phase de transition qui permet avant tout de se compter et de prendre conscience petit à petit que nous avons des valeurs communes que nous pouvons défendre en impactant la société.

    Il faut voir quand même d’où nous venons, à savoir la chute du mur de Berlin où on n’a pas arrêté de nous marteler qu’il n’y avait pas d’alternative à l’organisation du monde et de ses richesses. Ça prend du temps de se décoller de ça. Mais on va y arriver et Internet est d’une très précieuse aide pour cela.

  30. Actustragicus

    Ce que dit cet article semble juste, mais pourtant… à bien y réfléchir, la vie quotidienne a-t-elle énormément changé pour une grande partie de la population ? Y a-t-il beaucoup de français qui meurent de faim ? Non, n’est-ce pas ? Et s’il n’y avait pas Internet, quelle vision de la dégradation de la situation aurions-nous réellement ?
    Ce que je veux dire, c’est que la situation réelle n’est pas encore insurrectionnelle : en 1789, les gens mourraient réellement de faim ; en 1940, la France était réellement occupée par une armée étrangère ayant tous les droits. Tant que nous n’en sommes pas là, comment voulez-vous qu’une fraction suffisante de citoyens prenne les armes ?
    En fait, Internet favorise l’hyperréactivité, c’est pourquoi nous sommes déçus de constater que les choses ne bougent pas autant qu’elles ne le devraient. Mais elles ne bougeront réellement que lorsque la situation sera réellement insupportable pour une majorité, qui n’aura alors plus rien à perdre à faire la révolution.

  31. Bob ArdKor

    Hm… il y a bien sûr du vrai dans cet article mais il tombe mal:

    http://www.numerama.com/magazine/12

    Cette claque dans la face de l’Hadopi aurait-elle été possible sans la mobilisation des internautes européens, notamment grâce à la Quadrature du Net ? il est permis d’en douter.

    Alors c’est sûr que ce n’est pas comme ça qu’on renversera le capitalisme. Mais le solde n’est pas complètement négatif, àmha.