Geektionnerd : Hadopisse dans un violon

Le titre de cette planche n’a pas forcément la palme de l’élégance mais comment ne pas avoir envie de souligner la caractère risible de toute cette coûteuse et stérile opération qui n’aura servi à rien d’autre que de fédérer ses détracteurs…

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Les incolmatables fuites de chez WikiLeaks – Portrait de Julian Assange

New Media Days - CC by-saAvec l’avènement d’Internet on parle régulièrement de révolution dès qu’un petit malin trouve le moyen de faire avec des bits d’information ce qu’on faisait jusque là avec des atomes de matière.

Pourtant, sur Internet il se passe parfois de vraies (r)évolutions, quand un petit malin innove réellement et trouve le moyen d’y faire ce qu’on n’y faisait pas avant !

Et c’est précisément le cas de WikiLeaks.org un site savamment mis au point par Julian Assange dès 2006 dans le but de divulguer « de manière anonyme, non identifiable et sécurisée, des documents témoignant d’une réalité sociale et politique, voire militaire, qui nous serait cachée, afin d’assurer une transparence planétaire. Les documents sont ainsi soumis pour analyse, commentaires et enrichissements à l’examen d’une communauté planétaire d’éditeurs, relecteurs et correcteurs wiki bien informés ».

Récemment rendu célèbre en France par la publication d’une vidéo montrant l’armée américaine en pleine bavure contre des civils Irakiens, le site et son créateur sont depuis dans l’œil du cyclone, ayant en effet attiré l’attention d’instances américaines soucieuses de ne pas voir d’autres documents officiels ou officieux ainsi libérés sur le net. L’équipe de WikiLeaks continue pourtant contre vents et marées à publier des vérités.

Portrait d’un homme discret et courageux, aux convictions simples, mais qui lui aussi participe à faire bouger les lignes du monde[1].

Julian Assange, lanceur d’alertes

Julian Assange: the whistleblower

Stephen Moss – 14 juillet 2010 – The Guardian
(Traduction Framalang par : Siltaar, Goofy, Yoann, misc, Julien)

Il se pourrait bien que Julian Assange, le fondateur de Wikileaks, préfigure l’avenir du journalisme d’investigation. Mais il n’est pas journaliste.

Tout est bizarre dans cette histoire. À commencer par Julian Assange lui-même : fondateur, directeur et porte-parole de Wikileaks, mais aussi guide spirituel de ce réseau planétaire de lanceurs d’alertes. Il est grand, cadavérique, porte des jeans râpés, une veste marron, une cravate noire et des tennis hors d’âge. Quelqu’un a dit qu’il ressemblait à Andy Warhol avec ses cheveux blancs précoces, mais je ne sais plus qui – voilà justement ce qui le mettrait hors de lui, parce qu’il place la précision au-dessus de tout. Il déteste la subjectivité dans le journalisme ; je crains que sa propre subjectivité ne le pousse à détester les journalistes aussi, et que Wikileaks, qui se définit comme « un système généralisé de fuites de documents, impossible à censurer ou pister », soit essentiellement un moyen de tailler en pièces les imbéciles subjectifs dans mon genre.

Si Assange écrivait cet article, il reproduirait ici sa conférence d’une heure et demie à l’université d’été du Centre de journalisme d’investigation à Londres. Sans oublier les dix minutes que nous avons passées à discuter sur le chemin du restaurant – j’ai failli le faire renverser par une BMW lancée à vive allure, ce qui aurait pu changer l’histoire du journalisme d’investigation – et les 20 minutes de bavardage au restaurant avant qu’il ne me fasse sentir courtoisement que le temps qui m’était imparti touchait à sa fin. « Quand vous recevez (sur moi) des informations de seconde main, soyez extrêmement prudent », me dit-il sur le chemin, pointant du doigt des failles d’un article du New Yorker, pourtant très long, très documenté, sans aucun doute archi-vérifié, mais dont l’auteur fait des suppositions sur une activiste de Wikileaks en se basant sur rien moins que le T-shirt qu’elle porte.

« Le journalisme devrait ressembler davantage à une science exacte », me déclare-t-il au restaurant. « Autant que possible, les faits devraient être vérifiables. Si les journalistes veulent que leur profession soit crédible à long terme, ils doivent s’efforcer d’aller dans ce sens. Avoir plus de respect pour leurs lecteurs ». Il aime l’idée qu’un article de 2000 mots devrait s’appuyer sur une source documentaire de 25000 mots, et dit qu’il n’y a aucune raison de ne pas agir ainsi sur Internet. Maintenant que j’y repense, je ne suis pas sûr que la voiture était une BMW, ni même qu’elle fonçait.

Assange a lancé wikileaks.org en janvier 2007 et a sorti des scoops impressionnants pour une organisation constituée d’une poignée de membres, et pratiquement dépourvue de financement. Wikileaks a donné des preuves de la corruption et du népotisme de l’ancien président du Kenya Daniel Arap Moi, a rendu publiques les procédures opérationnelles standard en vigueur au centre de détention de Guantánamo, a même publié le contenu du compte Yahoo de Sarah Palin. Mais ce qui a vraiment propulsé Wikileaks au premier plan des grands médias, c’est la vidéo publiée en avril dans laquelle on voit l’attaque d’un hélicoptère américain sur Bagdad en juillet 2007, qui a fait un certain nombre de victimes parmi les civils irakiens et provoqué la mort de deux employés de l’agence Reuters, Saeed Chmagh et Namir Noor-Eldeen.

La vidéo, publiée dans une version de 39 minutes sans montage et dans un film de 18 minutes intitulé Meutres collatéraux, donne un aperçu glaçant de la désinvolture avec laquelle les militaires américains identifient leurs cibles (les pilotes de l’hélicoptère ont pris les appareils photos des journalistes de Reuters pour des armes), leur acharnement à achever un homme grièvement blessé qui s’efforçait de ramper pour se mettre à l’abri, et l’absence de tout scrupule même pour deux enfants dans une camionnette qui venait récupérer les victimes et qui a été immédiatement attaquée. « C’est de leur faute s’ils ont entraîné deux enfants dans la bataille », dit l’un d’eux. « C’est clair », répond son collègue de façon réaliste. Il s’agissait pourtant d’une des batailles les plus déséquilibrées que vous verrez jamais. Il existe très peu d’appareils photos capables de dégommer un hélicoptère de combat.

Ma thèse, qui sera bientôt réduite en miettes par Assange avec à peu près tout ce que j’avais comme préjugés après mes lectures à son sujet, est que cette vidéo représente un moment décisif pour WikiLeaks. Mais, juste avant que je puisse lui en parler, un bel étudiant barbu qui était à la conférence me devance. « Julian, avant que vous ne partiez, puis-je vous serrer la main, dit-il, car j’aime vraiment ce que vous faites et vous êtes pour moi comme un héros, sincèrement ». Ils se serrent la main. L’icône vivante et l’adorateur. Le parallèle avec Warhol devient de plus en plus flagrant : Assange comme fondateur d’une nouvelle forme d’actualités.

Et voici cette thèse. « Est-ce que la vidéo du mois d’avril a tout changé ? » demandais-je. Il s’agit d’une question rhétorique car je suis quasi-certain que ce fut le cas. « Non » répondit-il. « Les journalistes aiment toujours avoir un prétexte pour n’avoir pas parlé la semaine d’avant de ce dont ils parlent maintenant. Ils aiment toujours prétendre qu’il y a quelque chose de nouveau ». Il lui faut cependant admettre que le champ de diffusion de WikiLeaks est en pleine expansion. Au début de sa conférence, il disait qu’il avait la tête « remplie de beaucoup trop de choses actuellement », comme pour excuser la nature hésitante et déstructurée de son discours. Quelles choses ? « Nous avons essayé de recueillir des fonds pendant les six derniers mois », dit-il, « nous avons donc publié très peu de choses et maintenant nous avons une énorme file d’attente d’informations qui se sont entassées. Nous travaillons sur ces questions ainsi que sur des systèmes informatiques afin d’accélérer notre processus de publication. »

WikiLeaks n’emploie que cinq personnes à plein temps et environ 40 autres qui, selon lui, « réalisent très régulièrement des choses », s’appuyant sur 800 bénévoles occasionnels et 10 000 soutiens et donateurs – une structure informelle, décentralisée, qui pourrait devenir un modèle d’organisation pour les médias à venir, puisque ce que l’on pourrait appeler les « usines à journalisme » sont de plus en plus dépassées et non viables financièrement. C’est un moment délicat dans le développement de ce qu’Assange préfère considérer comme « un mouvement ». « Nous avons tous les problèmes que peut rencontrer une jeune pousse lors de sa création », dit-il, « combinés avec un environnement extrêmement hostile et un espionnage étatique. »

Le danger d’infiltration par les services de sécurité est important. « Il est difficile d’obtenir rapidement de nouvelles recrues, dit-il, parce que chaque personne doit être contrôlée, et cela rend la communication interne très difficile car il faut tout chiffrer et mettre en place des procédures de sécurité. Nous devons d’ailleurs également être prêts à affronter des poursuites judiciaires. » D’un autre côté, positif cette fois, la campagne récente de financement a permis de récolter un million de dollars, principalement auprès de petits donateurs. Les grands groupes industriels eux, se sont tenus à bonne distance de WikiLeaks en raison de soupçons politiques et d’inquiétudes légales sur la publication d’informations confidentielles sur Internet. Sans compter les carences habituelles des organisations financées par l’occident, toujours promptes à dénoncer dans leurs rapports les mauvaises pratiques des pays émergents mais qui sont beaucoup moins prêtes à mettre en lumière les recoins les moins reluisants des pays soi-disant avancés.

WikiLeaks est-il le modèle journalistique de l’avenir ? La réponse qu’il donne est typiquement à côté de la question. « Partout dans le monde, la frontière entre ce qui est à l’intérieur d’une entreprise et ce qui est à l’extérieur est en train d’être gommée. Dans l’armée, le recours à des mercenaires sous contrat indique que la frontière entre militaires et non-militaires tend à disparaître. En ce qui concerne les informations, vous pouvez constater la même dérive – qu’est-ce qui relève du journal et qu’est-ce qui ne l’est déjà plus ? Selon les commentaires publiés sur des sites grand public et militants… » Il semble alors perdre le fil, je le presse donc d’émettre une prédiction sur l’état des médias d’ici une dizaine d’années. « En ce qui concerne la presse financière et spécialisée, ce sera probablement la même chose qu’aujourd’hui – l’analyse quotidienne de la situation économique dont vous avez besoin pour gérer vos affaires. Mais en ce qui concerne l’analyse politique et sociale, des bouleversements sont à prévoir. Vous pouvez déjà constater que c’est en train d’arriver ».

Assange doit faire attention à assurer sa sécurité personnelle. Bradley Manning, 22 ans, analyste des services de renseignement de l’armée américaine a été arrêté et accusé d’avoir envoyé à Wikileaks les vidéos de l’attaque de Bagdad, et les autorités pensent que l’organisation posséde une autre vidéo d’une attaque sur le village afghan de Granai durant laquelle de nombreux civils ont péri. Il y a également eu des rapports controversés selon lesquels Wikileaks aurait mis la main sur 260 000 messages diplomatiques classés, et les autorités américaines ont déclaré vouloir interroger Assange au sujet de ces documents, dont la publication mettrait selon eux en danger la sécurité nationale. Quelques sources ayant des contacts avec les agences de renseignement l’ont prévenu qu’il était en danger, et lui ont conseillé de ne pas voyager vers les USA. Il refuse de confirmer que Manning était la source de la vidéo de Bagdad, mais il dit que celui qui l’a divulguée est « un héros ».

Lors de la conférence, j’ai entendu un homme à coté de moi dire à son voisin: « Est-ce que tu penses qu’il y a des espions ici ? Les USA lui courent après tu sais ? ». Et bien sûr, c’est possible. Mais faire une conférence devant 200 étudiants dans le centre de Londres n’est pas le comportement de quelqu’un qui se sent particulièrement menacé. D’un autre côté, l’organisateur de la conférence me dit qu’Assange s’efforce de ne pas dormir 2 fois d’affilée au même endroit. Est-ce qu’il prend ces menaces au sérieux ? « Quand vous les recevez pour la première fois, vous devez les prendre au sérieux. Certaines personnes très informées m’ont dit qu’il y avait de gros problèmes, mais maintenant les choses se sont décantées. Les déclarations publiques du département d’état des États-Unis ont été pour la plupart raisonnables. Certaines demandes faites en privé n’ont pas été raisonnables, mais le ton de ces déclarations privées a changé au cours du dernier mois et elles sont devenues plus positives ».

Assange, en dépit de ses hésitations, respire la confiance en soi, voire un certain manque de modestie. Lorsque je lui demande si la croissance rapide et l’importance grandissante de WikiLeaks le surprennent, il répond par la négative. « J’ai toujours été convaincu que l’idée aurait du succès, dans le cas contraire, je ne m’y serais pas consacré ou n’aurais pas demandé à d’autres personnes de s’en occuper. » Récemment, il a passé une grande partie de son temps en Islande, où le droit à l’information est garanti et où il compte un grand nombre de partisans. C’est là-bas qu’a été réalisé le laborieux décryptage de la vidéo de Bagdad. Cependant, il déclare qu’il n’a pas de base réelle. « Je suis comme un correspondant de guerre, je suis partout et nulle part » dit-il. « Ou comme ceux qui fondent une société multinationale et rendent visite régulièrement aux bureaux régionaux. Nous sommes soutenus par des militants dans de nombreux pays ».

Assange est né dans le Queensland en 1971 au sein de ce que l’on pourrait appeler une famille très anticonformiste – ici on se fie sur des sources secondaires contre lesquelles il m’a mis en garde, il serait vraiment utile de consulter de la documentation. Ses parents exploitaient une compagnie de théâtre, si bien qu’il est allé dans 37 écoles différentes (selon certains pourtant, comme sa mère estimait que l’école n’apprend qu’à respecter l’autorité, elle lui faisait principalement cours à la maison). Ses parents ont divorcé puis sa mère s’est remariée, mais il y eut une rupture avec son nouveau mari, ce qui les a conduit elle, Julian et son demi-frère à partir sur les routes. Tout cela semble trop wharolien pour être vrai, mais il s’agit sans doute de la vérité. Ce n’est pas le moment de lui demander de raconter sa vie et je ne pense pas qu’il s’y prêterait s’il en avait le temps. En effet, ses réponses sont généralement laconiques et un peu hésitantes. Lorsque je lui demande s’il y a quelque chose que WikiLeaks ne publierait pas, il me répond : « Cette question n’est pas intéressante » avec son doux accent australien, et en reste là. Assange n’est pas quelqu’un qui éprouve le besoin de « combler les blancs » dans une conversation.

Il est tombé littéralement amoureux des ordinateurs dès son adolescence, est rapidement devenu un hacker confirmé et a même fondé son propre groupe nommé « International Subversives » qui a réussi à pirater les ordinateurs du Département de la Défense des États-Unis. Il s’est marié à 18 ans et a rapidement eu un fils, mais le mariage n’a pas duré et une longue bataille pour la garde de l’enfant a, dit-on, augmenté sa haine de l’autorité. Il existe aussi des rumeurs selon lesquelles il se figurait que le gouvernement conspirait contre lui. Nous avons donc ici une image journalistique parfaite : expert informatique, avec plus de 20 ans d’expérience en piratage, une hostilité à l’autorité et des théories conspirationnistes. Le lancement de WikiLeaks au milieu de sa trentaine semblait inévitable.

« Il s’agit plus d’un journaliste qui voit quelque chose et qui essaie de lui trouver une explication » dit-il. « C’est généralement de cette manière qu’on écrit une histoire. Nous voyons quelque chose à un moment donné et nous essayons d’écrire une histoire cohérente pour l’expliquer. Cependant, ce n’est pas comme ça que je vois les choses. Il est vrai que j’avais certaines capacités et que j’avais aussi la chance d’être dans un pays occidental disposant de ressources financières et d’Internet. De plus, très peu de personnes ont bénéficié de la combinaison de capacités et de relations dont je disposais. Il est également vrai que j’ai toujours été intéressé par la politique, la géopolitique et même peut-être le secret, dans une certaine mesure ». Ce n’est pas réellement une réponse, mais c’est tout ce que j’obtiendrai. Encore une fois, comme chez Warhol, le détachement semble presque cultivé.

Dans son discours, Assange a indiqué n’être ni de gauche ni de droite – ses ennemis tentant toujours de lui coller une étiquette pour saper son organisation. Ce qui compte avant tout est de publier l’information. « Les faits avant tout, madame, » est sa manière de me résumer sa philosophie. « Ensuite, nous en ferons ce que nous voudrons. Vous ne pouvez rien faire de sensé sans savoir dans quelle situation vous êtes. » Mais quand il rejette les étiquettes politiques, il précise que Wikileaks cultive sa propre éthique. « Nous avons des valeurs. Je suis un activiste de l’information. Vous sortez les informations pour les donner au peuple. Nous croyons qu’un dossier plus complet, plus précis, plus riche aux plans intellectuel et historique, est un dossier intrinsèquement bon qui donnera aux gens les outils pour prendre des décisions intelligentes ». Il précise qu’une part évidente de leur objectif est de dénoncer les cas de violation des droits de l’Homme, quels qu’en soient les lieux et les auteurs.

Il a décrit la mise au point d’une plateforme sécurisée pour les lanceurs d’alerte (son argument-clé étant la protection des sources) comme une vocation, et je lui demande si cela va rester le point central de sa vie. Sa réponse me surprend. « J’ai plein d’autres idées, et dès que Wikileaks sera suffisamment fort pour prospérer sans moi, je m’en irai réaliser d’autres de ces idées. Wikileaks peut déjà survivre sans moi, mais je ne sais pas s’il continuerait à prospérer. »

Est-ce que l’impact de Wikileaks, quatre ans après sa création, est une critique implicite du journalisme conventionnel ? Nous sommes-nous assoupis au travail ? « Il y a eu un échec scandaleux dans la protection des sources, » indique-t-il. « Ce sont ces sources qui prennent tous les risques. J’étais à une conférence sur le journalisme il y a quelque mois, et il y avait des affiches expliquant qu’un millier de journalistes ont été tués depuis 1944. C’est inacceptable. Combien de policiers ont été tués depuis 1944 ? »

Je ne le comprends pas, pensant qu’il déplore toutes ces morts de journalistes. Son idée, bien au contraire, n’est pas que beaucoup de journalistes soient morts au front, mais qu’il y en ait eu si peu. « Seulement un millier ! » dit-il, haussant un peu le ton lorsqu’il comprend que je n’ai pas saisi où il voulait en venir. « Combien sont morts dans des accidents de voiture depuis 1944 ? Probablement 40 000. Les policiers, qui ont un rôle important à jouer pour stopper des crimes, sont plus nombreux à mourir. Ils prennent leur rôle au sérieux. » dit-il. « La plupart des journalistes morts depuis 1944 le furent en des lieux comme l’Irak. Très peu de journalistes occidentaux y sont morts. Je pense que c’est une honte internationale que si peu de journalistes occidentaux aient été tués ou arrêtés sur le champ de bataille. Combien de journalistes ont été arrêtés l’année dernière aux États-Unis, un pays comptant 300 millions de personnes ? Combien de journalistes ont été arrêtés l’année dernière en Angleterre ? »

Les journalistes, poursuit-il, laissent les autres prendre des risques et s’en attribuent ensuite tout le bénéfice. Ils ont laissé l’état et les gros intérêts s’en tirer trop longtemps, alors un réseau de hackers et de lanceurs d’alertes reposant sur des ordinateurs, donnant du sens à des données complexes, et avec la mission de les rendre publiquement disponibles est maintenant prêt à faire tout simplement mieux. C’est une affirmation qui aurait mérité débat, et je m’y serais fermement engagé s’il n’était pas en train de siroter du vin blanc et sur le point de commander son dîner. Mais une chose que je tiens à souligner : le nombre de journalistes morts depuis 1944 est plus proche de 2000. Après tout, souvenez-vous, la précision, s’en tenir aux faits, présenter la vérité sans fard est tout ce qui compte dans le nouveau monde de l’information.

Notes

[1] Credit photo : New Media Days (Creative Commons By-Sa)




CouchSurfing ou le site qui donnait une autre valeur à votre canapé

Jesslee Cuizon - CC byLorsque j’avais 20 ans, Internet n’existait pas.

Quand on partait en voyage, sans Facebook ni téléphone portable intelligent, on disait véritablement au revoir et à bientôt à nos proches.

On avait des places numérotées dans les avions. Et on pouvait demander du champagne à l’hôtesse, c’était gratuit ou plutôt compris dans le prix. Tant mieux d’ailleurs car les monnaies étant toutes différentes, ça fatiguait de faire tous les jours un peu de mathématiques.

Les villes traversées avaient ceci de particulier qu’elles ne se ressemblaient pas. C’était bizarre de ne pas y trouver à chaque fois son Ikea, son Starbucks, son Zara…

C’était plus facile de camper sauvagement. Par contre, quand on lançait la tente en l’air, elle ne redescendait pas instantanément toute montée mais retombait misérablement toute défaite à vos pieds.

Comparée à aujourd’hui la carte Interail version 1.0 était d’une limpide simplicité (et bien meilleur marché) : 50% dans le pays où vous aviez acheté la carte et gratuit pendant un mois partout ailleurs en Europe et même au-delà. Il est vrai qu’à l’époque le contrôleur yougoslave, marocain ou tchécoslovaque n’en avait pas toujours entendu parler et vous regardait d’un drôle d’air lorsque vous montiez la fleur au fusil dans son train. Mais c’était aussi l’occasion d’entrer au contact avec les autochtones.

À propos d’autochtones, j’avais trouvé un chouette truc pour les rencontrer : j’étais adhérent de l’association Servas[1].

De Servas, Wikipédia dit : « Servas, qui signifie en Esperanto nous servons, dans le sens de nous servons la paix, est une organisation sans but lucratif contribuant à renforcer l’entente, la tolérance et la paix à travers le monde. Sa principale fonction, est de permettre à ses membres de rencontrer lors de leurs voyages des habitants des pays visités, en étant hébergés chez eux. À la différence d’autres réseaux d’hébergement, Servas opère une distinction claire entre voyageurs et hôtes : la réciprocité n’est pas impérative. Le coût pour les hôtes est minimal, les voyageurs doivent quant à eux débourser un peu plus, afin de recevoir les listes d’adresses des hôtes inscrits dans les pays qu’ils visitent. Mais l’hébergement lui-même est toujours gratuit. Pour pouvoir voyager avec Servas et être reçu par des hôtes du monde entier, il est nécessaire d’adhérer à l’association, à ses valeurs fondamentales (recherche de la paix, ouverture à l’autre, échange culturel). Les futurs adhérents sont interviewés par des membres plus expérimentés, notamment pour leur expliquer les règles et usages de fonctionnement de Servas. La durée normale de séjour est de deux jours chez un hôte Servas. »

Je crois que c’est un peu ce que cherche à faire CouchSurfing mais à la puissance du réseau.

Et si Internet nous aidait à nous réapproprier des pans entiers de l’activité humaine que nous pensions définitivement abandonnés à l’échange monétaire ?

La culture « CouchSurfing »

The CouchSurfing Culture

David Bollier – 10 juin 2010 – OnTheCommons
(Traduction Framalang : Kootox, Goofy, Siltaar et Martin)

Les voyageurs qui ont le goût de l’aventure utilisent le Web pour créer une économie internationale du don d’hospitalité.

L’économie de don est présente et globale parmi un réseau improbable de « CouchSurfers » (NdT: CouchSurfer signifie littéralement « surfeur de canapé ») qui passent une nuit chez des étrangers quand ils voyagent. L’idée est venu de Casey Fenton lorsqu’il a réservé sur un coup de tête un vol pour l’Islande grâce à des billets à tarifs réduits, avant de se rendre compte qu’il ne connaissait personne et qu’il ne savait pas quoi faire là-bas.

Il a donc trouvé une liste d’adresses email d’étudiants à l’Université Islandaise de Reykjavik, et a envoyé des emails demandant s’il pouvait « squatter » leur canapé. Il a reçu énormément d’invitations et a passé un super week-end avec de parfaits inconnus.

Quand il est revenu chez lui, Fenton et trois amis ont créé un site Internet pour essayer de systématiser l’idée. Le résultat est le « CouchSurfing », un nouveau moyen de rencontrer des gens en voyageant et en étant logé gratuitement. Les gens s’enregistrent en ligne et fournissent quelques informations sur eux, ensuite soit ils offrent une place pour les autres « CouchSurfers », soit ils explorent les canapés disponibles dans les villes sélectionnées. Le site ne fait payer personne pour mettre les gens en relations. En fait, il interdit formellement aux hôtes de faire payer leurs invités (sous peine d’exclusion du site).

Appelez ça un échange de don semi-organisé. C’est une économie du don assisté par Internet pour les voyageurs, et ça marche bien simplement parce que les gens sont sympas et aiment rencontrer de nouvelles personnes venant d’ailleurs. Les « CouchSurfers » comprennent qu’ils ne bénéficient pas seulement d’un lit gratuit ; cela implique un contrat social indiquant qu’ils prendront du temps pour manger, boire un coup ou visiter la ville avec leur hôte. Certains hôtes emmènent leurs visiteurs à des soirées ou visiter des monuments, d’autres les rencontrent juste pour un café.

Pour aider le bon déroulement des visites, le site du « Couchsurfing » propose de nombreuses astuces pour les invités et les hôtes, suggérant les moyens de passer un séjour heureux en toute sécurité. Les invités et les hôtes sont notés par leurs pairs pour aider à identifier les mauvais acteurs et les « CouchSurfers » sûrs et généreux.


Détail intéressant : le « CouchSurfing » n’exige aucune réciprocité du genre « un prêté pour un rendu ». L’échange direct d’hébergement n’est pas nécessaire pour en profiter. Les gens sont libres d’héberger ou d’être hébergés sans calcul compliqué de « points » pour savoir qui peut faire quoi. L’idée, c’est juste d’aider les gens à rencontrer des étrangers intéressants en voyageant, et de partager avec eux.

Depuis son lancement en 2003, le « CouchSurfing » est devenu un phénomène international. Le site a attiré 1 930 000 « CouchSurfers » enregistrés sur toute la planète et a favorisé 2 086 778 « expériences d’hébergement ou de voyage réussies ». (Le site conserve des statistiques détaillées du nombre de CouchSurfers, des langues parlées, etc). Des canapés sont offerts dans 230 pays et 73 339 villes. On compte 154 682 « CouchSurfers » enregistrés aux États-Unis, 20 823 en Australie, 230 en Tanzanie et 28 en Antarctique.

Projet bénévole à l’origine, le « CouchSurfing » est devenu une organisation à but non lucratif virtuelle qui opère sans bureau physique ; ses dirigeants communiquent entre eux sur Internet. Le projet est résolument positif au premier abord et même idéaliste. Sa « profession de foi » déclare : « Nous imaginons un monde où chacun peut explorer et créer des relations constructives avec les gens et les lieux découverts. Construire des relations enrichissantes entre les cultures nous permet d’aborder la diversité avec curiosité, compréhension et respect. La reconnaissance de la diversité répand la tolérance et crée une communauté mondiale ».

Si tout cela vous semble un peu fleur bleue, notez que les témoignages des adeptes du « CouchSurfing » sont généralement fort élogieux. L’un d’eux observe : « Nous avons vécu une expérience géniale à Asheville, en Caroline du Nord. Nous avons contacté un couple super, ils nous ont accueillis chez eux, nous ont même proposé un lit dans la chambre de leur colocataire et nous ont préparé eux-mêmes un succulent repas. Il n’y a pas d’échange d’argent, et les gens n’offrent des cadeaux ou des coups de mains en échange que s’ils le souhaitent. Nous avons acheté de quoi faire le repas et leur avons laissé une appréciation sympa ».

D’autres s’emballent encore plus, « le CouchSurfing a complètement changé ma manière de voyager et de vivre. J’ai appris à faire confiance aux autres, et à apprécier leurs histoires et leur diversité ». D’autres encore appellent le réseau CouchSurfing « une association de personnes bien intentionnées, vous n’avez qu’à embarquer pour en profiter ».


Le « CouchSurfing » est devenu tellement populaire à certains endroits qu’il existe des groupes locaux qui accueillent les « CouchSurfers » en visite. Les liens amicaux perdurent généralement, formant un nouveau réseau international d’amitié, de plaisir et de confiance. Ce qui est incroyable à propos du « CouchSurfing », c’est qu’il se soit répandu si vite, qu’il soit si durable et si digne de confiance. Cela ne fait que prouver qu’une économie du don peut croître à l’échelle internationale, grâce au Web, et offrir un service tout aussi satisfaisant que l’Holiday Inn, et pour moins cher.

Notes

[1] Crédit photo : Jesslee Cuizon (Creative Commons By)




Geektionnerd : Kindle Surprise

En référence directe à une récente annonce d’Amazon décryptée par Le Monde : Le livre numérique a-t-il détrôné le livre papier aux Etats-Unis ?

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Rue du Logiciel Libre – Berga – Espagne

Free Software StreetIl fallait y penser, des catalans l’ont fait : donner le nom du Logiciel Libre à une rue !

Et qui d’autre que Richard Stallman pour venir l’inaugurer[1].

Ça fait classe sur une carte de visite, non ?!

La voici finement localisée sur OpenStreetMap.

Si certains hackers se demandaient où habiter en Europe, ils ont désormais une option supplémentaire 🙂

Remarque : L’équipe Framalang a participé à Wikipédia pour l’occasion puisque nous y avons directement traduit l’article d’origine anglophone Free Software Street.

Rue du logiciel libre

Free Software Street

Wikipédia en date du 17 juillet 2010
(Traduction Framalang : Cheval boiteux et Siltaar)

La Rue du Logiciel Libre est une rue de 300 mètres dans la ville de Berga, de la province de Barcelone (Espagne). Elle relie directement les coordonnées géodésiques (42.097168 ° – 1.841567 °) et (42.096138 ° – 1.839265 °)., localisée par les coordonnées 42.097168, 1.841567 à 42.096138,1.839265 et a été officiellement inaugurée par Richard Stallman le fondateur de la Free Software Foundation le 3 Juillet 2010.

Au mois de juin 2009, Albert Molina, Xavier Gassó et Abel Parera préparaient les actions pour la première conférence sur les logiciels libres à Berga et Albert Molina a proposé que l’on demande au conseil municipal de nommer une rue en l’honneur des logiciels libres. Puisque Molina avait travaillé au conseil municipal, il sembla préférable de faire porter cette requête par une autre personne, et c’est Xavier Gassó qui en a été chargé.

Cette demande est ensuite restée des mois sans réponse.

En janvier 2010, pendant la préparation de la conférence ayant lieu en 2010, Albert et Xavier ont essayé de contacter les décideurs politiques pour faire avancer l’idée, et ils ont invité Richard Stallman à participer à l’ouverture de cette rue.

Finalement, les multiples tentatives de contact avec les politiques ont abouti, le 10 juin 2010, à ce que le conseil municipal de Berga adopte une résolution visant à nommer « Carrer del Programari Lliure » (traduction catalane de Rue du Logiciel Libre) la rue proposée par Albert.

Le 3 juillet 2010 à 20h00, le maire de Berga M. Juli Gendrau et M. Richard Stallman ont inauguré cette rue.

Free Software Street

Notes

[1] Crédit photos : Telecentre de Berga




Geektionnerd : Firefox is back et si t’es pas content va t’faire enchromer

Cf ce billet mais surtout les commentaires de ce billet : Google Chrome m’a tuer ou le probable déclin de Firefox si nous n’y faisons rien.

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Comment Firefox peut améliorer le respect de la vie privée en ligne

Voici comment se termine cette nouvelle traduction de Jenny Boriss, qui s’occupe de l’expérience utilisateur de Firefox chez Mozilla :

« Notre objectif pour Firefox 4.0 est de conférer aux utilisateurs davantage de contrôle sur leurs données, à la fois en leur passant à proprement parler les commandes et, plus important encore, en faisant en sorte que la vie privée et l’anonymat soient respectés par défaut sans casser les fonctionnalités du Web. J’espère vraiment que le simple fait d’indiquer à quelles données les sites ont accès sera positif pour le Web, en réduisant la fausse impression de sécurité que de nombreux sites essaient de donner à leurs utilisateurs. Cela permettra aussi de susciter une prise de conscience et de contrôler comment, où et quand les données sont partagées. »

Facebook et Google peuvent-ils en dire autant ?

Halte à l’invasion des cookies ! Comment Firefox peut améliorer le respect de la vie privée en ligne

Defeating the Cookie Monster: How Firefox can Improve Online Privacy

Jenny Boriss – 2 juin 2010 – Boriss’ Blog

(Traduction Framalang : Pandark, Berettonawak, Joan, Goofy et Don Rico)

À l’heure où nous déterminons les priorités pour les fonctionnalités et le développement de la prochaine version de notre navigateur, l’équipe de Firefox a analysé l’état du Web et recherché les domaines pour lesquels le contenu disponible en ligne a évolué plus vite que les fonctions du navigateur. L’un de ces domaines préoccupants est l’usage croissant des données privées de l’utilisateur, en particulier par la publicité. La transmission muette et permanente des données de l’utilisateur entre les sites et les annonceurs publicitaires est très dérangeante pour ceux qui s’intéressent au libre choix de l’utilisateur et à la transparence sur le Web.

Vie privée vs. Sécurité

Même s’ils sont liés, la vie privée et la sécurité sont des sujets distincts. Le terme Sécurité renvoie à la prévention des dommages matériels que peut subir l’utilisateur. Éviter le vol, la fraude, la perte d’informations… relève du domaine de la sécurité. Depuis des années, les navigateurs travaillent à l’amélioration de la sécurité, motivés par des dangers toujours plus sophistiqués : virus, programmes malveillants, et autres exploitations de failles.

Le respect de la vie privée est quant à lui un sujet plus vaste. Il concerne le contrôle qu’exercent les utilisateurs sur ce qu’ils révèlent d’eux-mêmes en ligne, que ces données puissent ou non être utilisées à de mauvais desseins. Tous les usagers d’Internet dévoilent des informations sur eux-mêmes sur certains sites, mais chacun maîtrise sa confidentialité s’il sait distinguer quelles informations partager ou non, et avec qui.

Firefox assure la confidentialité locale mais doit aussi assurer la confidentialité en ligne.

L’équipe de Firefox a déjà bien fait progresser les choses dans le domaine de la confidentialité locale, avec des fonctions comme le mode de navigation privée, la suppression de l’historique récent et l’option « Oublier ce site ». Ces fonctions permettent aux utilisateurs d’exercer un meilleur contrôle sur les circonstances où leurs données doivent être dévoilées ou bien cachées dans leur ordinateur. Cependant, des soucis de confidentialité plus sérieux apparaissent quand des données sont échangées sur un réseau.

Un problème majeur que pose le Web moderne est la possibilité pour les régies publicitaires de collecter les données privées des utilisateurs avec des cookies de sites tiers.

Les sites qui proposent une interaction riche récoltent en général des informations sur l’utilisateur. Le problème survient lorsque les utilisateurs sont d’accord pour partager leurs données avec des sites auxquels ils font confiance, alors que celles-ci sont partagées à leur insu avec d’autres sites et sociétés via des cookies de sites tiers. C’est un système de financement de plus en plus courant en ligne.

C’est en novembre 1999 que les États-Unis l’ont découvert, lorsque la Federal Trade Commission (NdT: Équivalent de la Direction de la concurrence et de la répression des fraudes) a mené une étude sur le profilage en ligne et montré que cela présentait des risques pour la vie privée des consommateurs. Cette pratique s’est développée, malgré quelques tentatives avortées de régulation de la Federal Trade Commission américaine, de l’Interactive Advertising Bureau du Canada (Bureau de la publicité interactive) et de l’Office of Fair Trading (Équiv. de la Direction de la concurrence et de la répression des fraudes) britannique.

Tout site que vous visitez peut contenir des publicités ou d’autres composants qui envoient des cookies de votre session de navigation sur le domaine auquel vous faites confiance vers un domaine publicitaire. Ces cookies de sites tiers peuvent être utilisés pour recouper les données d’un utilisateur entre plusieurs sites et plusieurs sessions, permettant ainsi de d’établir le profil des internautes et de traquer leurs habitudes. Ces données peuvent fournir à des sociétés toutes sortes d’informations telles que ce que vous achetez, ce que vous lisez, combien vous gagnez, si vous avez postulé pour un emploi, ou encore quels sites de rencontres vous préférez. L’une des conséquences visibles de ce partage des données est la présence de publicités ciblées en fonction d’informations et d’actions de l’utilisateur sur d’autres sites.

How Firefox can Improve Online Privacy

La capacité des publicitaires à obtenir et utiliser ces données constitue une infraction à la vie privée des utilisateurs, et ce pour plusieurs raisons :

  • La collecte des données est quasi impossible à détecter. La plupart des opérations de transmission de données s’effectuent en coulisse pendant une session de navigation, sans demander son avis à l’utilisateur ni le prévenir. En général, celui-ci ne découvre ce qui s’est passé qu’au moment où il se trouve face à des publicités ciblées (bien longtemps après le transfert des données).
  • Elle s’effectue sans le consentement de l’utilisateur. Même parmi les sites qui sont conscients que des tierces parties enregistrent des cookies depuis leur domaine, bien peu donnent aux utilisateurs le contrôle sur la façon dont leurs données sont partagées avec les régies publicitaires. Les sites qui procurent effectivement des options les formulent parfois de telle sorte qu’elles masquent leurs objectifs, comme par exemple « Souhaitez-vous que s’affichent des contenus en rapport avec votre utilisation ? » plutôt que « Voulez-vous que s’affichent des publicités en rapport avec vos données personnelles ? ».
  • Elle va à l’encontre de ce que l’utilisateur est raisonnablement en droit d’attendre concernant le respect de sa vie privée. Certains sites qui partagent les données de leurs utilisateurs en connaissance de cause se donnent une image trompeuse de responsabilité concernant ces données. Selon les cas, ils affichent des préférences d’utilisation impliquant un contrôle, assurant les utilisateurs que leurs données sont « sécurisées » ou proposant aux utilisateurs de lire une très longue charte de respect de la vie privée dans le but de dissimuler leurs véritables agissements. Bien sûr, le haut du tableau d’horreur est réservé aux sites qui modifient leur politique de confidentialité pour les rendre plus permissives une fois que les utilisateurs se sont déjà inscrits et ont déjà confié leurs données.
  • Il est pratiquement impossible de l’empêcher. Même si un utilisateur est très au fait des problèmes de respect de la vie privée, lit consciencieusement toutes les politiques de confidentialité, tient à jour ses préférences relatives aux données privées et évite les sites qui ne lui garantissent pas de confidentialité, il ne sera pas forcément en sécurité. Tout site auquel il a confié ses données est susceptible de les utiliser sans le lui demander, et des cookies tiers pourraient être enregistrés sur son ordinateur par des publicités ou des bogues à l’insu des responsables du site. Bon dieu, n’importe quel site pourrait extraire des informations qui identifient un utilisateur à partir de son empreinte numérique.
  • Elle est potentiellement embarrassante pour l’utilisateur. La transmission des données par des cookies tiers prend les informations fournies par l’utilisateur à un instant T et les dévoile à un autre moment. Alors que l’utilisateur peut être discret concernant les sites où il parcourt certains contenus, et même utiliser le mode de navigation privée pour que les éléments n’apparaissent pas dans l’historique, les régies publicitaires qui utilisent des cookies tiers peuvent dévoiler son comportement à des moments qui échappent à son contrôle.

Que peut faire Firefox pour améliorer la gestion des données privées ?

  • 1. Offrir des réglages par défaut bien pensés pour les cookies de sites tiers
    Se contenter de désactiver les cookies tiers n’est pas la solution. Les cookies tiers sont indispensables pour légitimer les fonctions Web telles que les contenus embarqués, la gestion de sessions, les sites hybrides, etc. La plupart des sites bancaires ont besoin des cookies de sites tiers pour des fonctionnalités telles que le payement de factures. Le but ne devrait pas être de désactiver directement les cookies tiers, mais de gérer plus intelligemment quels comportements sont autorisés.
    Le groupe de travail HTTP State s’applique actuellement à créer une spécification définissant la manière dont les clients doivent se comporter concernant les cookies (voir ici les documents de travail). Dan Witte, responsable du module Cookie chez Mozilla, est en liaison étroite avec le groupe et travaille de son côté à définir un standard moderne pour les cookies. Son objectif est de tracer les grandes lignes que peut suivre Mozilla en restant fidèle à notre Manifeste pour protéger le choix de l’utilisateur sur le Web. Dan travaille déjà à une stratégie que pourrait suivre Firefox pour régler le problème en autorisant les cookies tiers mais seulement de façon temporaire. Son idée est de n’activer les cookies tiers que pour la durée d’ouverture d’un onglet. À la fermeture de l’onglet, les cookies sont supprimés – les régies publicitaires ne pourront alors plus suivre à la trace les utilisateurs d’un site à l’autre. Dan abordera bientôt tout cela sur son blog avec davantage de détails.

How Firefox can Improve Online Privacy

  • 2. Donner aux utilisateurs, via les préférences, un meilleur contrôle sur la manière dont les sites peuvent accéder à leurs informations privées
    Pour l’instant, Firefox donne aux utilisateurs un contrôle précis sur les multiples façons dont les sites peuvent accéder à leurs données. Tout ce que l’utilisateur doit faire, c’est modifier celles-ci dans chacun des panneaux de préférences qui affectent les privilèges des sites.
    Comme on peut le voir ci-dessus, l’interface actuelle de Firefox donne à chaque type de privilège – l’enregistrement des mots de passe, les cookies, etc. – une fenêtre de préférences distincte. Cette conception repose sur des considérations d’implémentation plutôt que sur le schéma mental de l’utilisateur, ce qui signifie qu’elle correspond au mode de développement et non à la manière dont les utilisateurs perçoivent l’action qu’ils veulent entreprendre. Avoir une fenêtre individuelle distincte pour chaque permission est cohérent du point de vue de l’implémentation, car chaque privilège de site est distinct dans le code.
    Pour l’utilisateur, en revanche, il est impossible de voir de quels privilèges dispose un site donné. Une meilleure présentation pourrait montrer les paramètres de contrôle regroupés par site plutôt que par technologie. Si un utilisateur décide de ne pas faire confiance au site X et refuse qu’il ait accès à quoi que ce soit, il serait plus efficace de contrôler tous les accès du site X au même endroit – et non dans 15 fenêtres différentes. Alex Faaborg a réalisé la maquette ci-dessous pour illustrer à quoi une interface utilisateur centrée sur les sites pourrait ressembler.
    Bien que l’ensemble des préférences aient besoin d’être améliorées, l’intégration d’un contrôle des données privées par site, comme Alex le montre ci-dessus pour Firefox 4.0, serait un grand pas en avant vers la reconquête du contrôle des données personnelles par les utilisateurs.

How Firefox can Improve Online Privacy

  • 3. Donner un meilleur contrôle de leurs données aux utilisateurs pendant la navigation
    Grâce à un panneau de préférences spécifique par site, les utilisateurs bénéficieraient d’un contrôle plus fin de ce qui est exposé de leur vie privée par le biais de la configuration de Firefox, certaines options et informations pourraient être accessibles pendant que l’utilisateur est en train de surfer. Si un site a par exemple accès à la position géographique, cela devrait être indiqué en permanence dans l’interface de Firefox. Si un site conserve un mot de passe, cela devrait être facile à modifier ou désactiver sans avoir à ouvrir le menu des préférences. Le bouton d’identité du site, qui fournit actuellement très peu d’informations, pourrait être amélioré pour informer des privilèges liés à ce site et permettre de les modifier.

Notre objectif pour Firefox 4.0 est de conférer aux utilisateurs davantage de contrôle sur leurs données, à la fois en leur passant à proprement parler les commandes et, plus important encore, en faisant en sorte que la vie privée et l’anonymat soient respectés par défaut sans casser les fonctionnalités du Web. J’espère vraiment que le simple fait d’indiquer à quelles données les sites ont accès sera positif pour le Web, en réduisant la fausse impression de sécurité que de nombreux sites essaient de donner à leurs utilisateurs. Cela permettra aussi de susciter une prise de conscience et de contrôler comment, où et quand les données sont partagées.




Geektionnerd : Pour les Majors et pour l’Hadopire

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

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Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)