Mon gouvernement me paye pour faire du Libre toute la journée !

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Temps de lecture 4 min

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C’est ce qui arrive à un développeur britannique.

Il s’en réjouit et nous avec ;)

Le gouvernement britannique me paye pour faire de l’open source toute la journée

The UK government pays me to write open source all day

Jake Benilov – 17 mai 2013 – QuickPeopleBlog
(Traduction  : RyDroid, goofy, @zessx, Sylvain, MFolschette, Asta, Chuckman + anonymes)

Je suis développeur. Voici le graphique récapitulant mes contributions open source sur Github pour les 12 derniers mois (les carrés verts représentent les jours où j’ai fait des commits dans des dépôts open source)  :

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Bien que je fasse aussi de l’open source pendant mon temps libre, la plupart de ces points verts apparaissent pendant mes heures de travail au Government Digital Service (NdT. unité gouvernementale chargée de revoir le fonctionnement des services gouvernementaux en ligne), une équipe du Bureau du Cabinet britannique.

Je ne suis pas un cas isolé dans mon équipe. Si vous jetez un coup d’œil à la page Github du GDS, vous trouverez beaucoup de code. Mieux encore, notre travail ne se déroule pas seulement en marge des TIC gouvernementales  : nous sommes responsables du site GOV.UK, la principale plateforme de publication du gouvernement britannique, et l’accès principal à toutes les opérations gouvernementales.

Un point où j’ai peut être exagéré  : comme James Stewart (un des directeurs développement du GDS) le souligne, le GDS fait aujourd’hui du «  code ouvert  » plutôt que de «  l’open source  ». Cela signifie que le GDS rend les sources disponibles sous une licence de libre diffusion (LLD), mais ne soutient ou n’établit aucune communauté autour. Dans tous les cas, le «  code ouvert  » est génial pour de nombreuses raisons.

Équité envers le contribuable

Les sources gouvernementales devraient être ouvertes. Après tout, si le code a été écrit grâce aux impôts du contribuable, ce n’est que justice que le contribuable puisse l’avoir en retour. Fait intéressant, le critère n°15 du Digital by Default Service Standard (NdT. document explicitant les critères auxquels doivent répondre les services gouvernementaux en ligne) récemment publié devrait institutionnaliser cela et faire en sorte que tous les futurs projets du gouvernement britannique soient mandatés pour ouvrir leurs sources par défaut  :

Rendez tout nouveau code source ouvert et réutilisable, et publiez-le sous les licences appropriées (ou fournissez une raison valable pour laquelle ce n’est pas possible pour certaines parties spécifiques du code source)

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Équité envers la communauté de l’open source

Nous utilisons des langages et frameworks open source (la majorité de GOV.UK est écrite en Ruby et Scala), des serveurs web open source, nous gérons et configurons nos sources avec des outils open source (Git et Puppet), et nous déployons sur les systèmes d’exploitation open source (tournant sous Linux). Redistribuer n’est que justice.

Transparence

Disposer de mon code source GDS sur GitHub facilite ma vie de développeur au GDS. Si j’ai besoin d’intégrer, de réutiliser ou d’étendre un autre composant du GDS, j’ai juste à cliquer dans mon navigateur ou à cloner le dépôt.

La transparence bénéficie aussi à ceux en dehors du GDS. Besoin de connaître les règles pour calculer une pension d’État  ? Regardez les sources. Vous avez trouvé un bug dans la page des jours fériés  ? Vous pouvez soumettre une pull request pour le corriger.

Je connais des sociétés qui ont des programmes open source internes, et c’est certainement un pas dans la bonne direction, mais le fait de rendre presque tout disponible nous rapproche de l’idéal d’une propriété commune du code.

En bonus, puisque les bidouilles et les raccourcis sont visibles par tout le monde, il en résulte une diminution des bricolages hasardeux.

Réutilisation

Bien qu’une bonne partie du code que nous écrivons est spécifique à nos problématiques, une large part est générique, et pourrait facilement être adaptée à l’usage d’autres administrations centrales, régionales ou locales, ou dans le secteur privé. En fait, les gens commencent déjà à le faire. Vous voulez du bon code pour un front-end  ? Le voici. Vous voulez un système de login unique de qualité gouvernementale  ? Le voilà. Vous voulez construire vos propres réponses intelligentes  ? Ne vous gênez pas.

Marketing

Le «  code ouvert  » est un bon argument marketing pour l’image de marque du GDS. Quand je dis à d’autres hackers que je fais de l’open source au travail, les sourcils se lèvent. J’ai entendu des gens extérieurs au GDS en parler en termes de «  startup gouvernementale  »  ; il est évident que l’open source améliore l’image de la marque.

Pour le CV

Pour des raisons purement égoïstes, il est vraiment agréable d’avoir un portfolio de mon travail, un endroit où je peux apporter aux gens une preuve tangible de ma capacité (ou mon incapacité  ?) à coder en Ruby.

J’aimerais que davantage d’employeurs fassent cela (et pas seulement le secteur public). Si le vôtre ne le fait pas, peut-être que les raisons évoquées ci-dessus pourront aider à le convaincre de changer d’avis  ?

3 Responses

  1. Galuel

    Chouette ! MS/Windows permet de développer des logiciels libres qui tournent avec lui !

    Comment se réjouir d’être obligé d’accepter une monnaie privatrice pour prétendre « faire du libre » ? Quel genre de libre est « financé » par une monnaie privatrice ?

    Si on parlait de libérer la monnaie plutôt que de se résigner à l’appropriation illégitime du temps d’existence des uns au bénéfice des autres ?

  2. toto

    +1 Galuel

    Qu’une administration fasse un peu plus de libre (et encore… je dis libre mais c’est à peine de l’open source en fait) que de privatif n’est pas mal en soit… Sauf que ce n’est pas ce que veut le monde du libre.

    Tout ça c’est du cathédral avec une licence un peu plus sympathique…

    Il est vrai que si les citoyens pouvaient disposer d’une monnaie libre, beaucoup moins seraient contraint d’avoir un emploie les obligeants à faire des choses qui ne les intéressent pas. Pour un dévelloppeur libre ça se traduit par pouvoir bosser sur le projet qui lui plaît.

    J’irais même encore plus loin que Galuel, si nos pays devenaient enfin des démocraties, qu’on en finisse avec les élections de gens au service des plus riches, qui s’écrivent des lois pour eux, que les citoyens puissent enfin voter leurs lois, partant d’une échelle locale et délégant les pouvoirs à l’échelle de l’état sur les thèmes qu’ils estiment ne pas pouvoir régler à échelle locale, que les gens qui écrivent les lois soient tirés au sort au sein de la population, qu’ils doivent rendre des comptes sur leur travail… On pourrait tous commencer à faire plus que du code!

  3. Internet notre ennemi

    Il n’y a qu’à voir Firefox pour comprendre que le libre ou l’open source, c’est un truc de fonctionnaires.