Tu quoque Firefox

Peut-être avez-vous entendu parler de cette future fonctionnalité de Firefox annoncée par Mozilla il y a quelques semaines : la validation obligatoire des extensions qui ont fait le succès de Firefox depuis des années. Un article du blog de Mozilla (voir la traduction en français par Alexandre) explique cela (et Numerama l’explique également). J’ai assisté à quelques discussions animées sur le sujet (sur Framasphère notamment), mais je pense qu’une petite sonnette d’alarme supplémentaire n’est pas inutile…

Je précise que cette BD n’engage que moi, des avis divergents existent au sein même de Framasoft 🙂

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Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Ne plus nourrir les monstres

De toutes part des initiatives et des projets surgissent pour rendre aux utilisateurs la maîtrise de leurs usages numériques et de leur confidentialité. Mentionnons par exemple l’intérêt grandissant pour le réseau Tor (et l’usage de TorBrowser), les efforts pour démocratiser le chiffrement des communications, l’initiative de Mozilla pour conjuguer la décentralisation, le chiffrement et le logiciel libre ou encore la seconde jeunesse du projet caliop, bien d’autres encore…

Mais en attendant, que proposer aux utilisateurs qui sont encore très largement captifs des silos prédateurs ? Chez Framasoft, comme nous l’avons déjà fait à plusieurs reprises (framapad, framanews, framabag…), nous proposerons encore des solutions et services libres alternatifs utilisables par tout un chacun.

C’est un peu dans cette logique que s’inscrit la conclusion toute simple de l’article de Clochix ci-dessous. Comme la soumission au tyran exposée par La Boétie, notre servitude est volontaire : c’est nous qui avons alimenté délibérément le monstre qui nous effraie maintenant, et sa puissance (qui oserait défier Google tant son pouvoir est étendu ?) peut se désagréger si nous ne la reconnaissons plus pour telle.

D’où tire-t-il tous ces yeux qui vous épient, si ce n’est de vous ? (…) Soyez résolus à ne plus servir, et vous voilà libres. Je ne vous demande pas de le pousser, de l’ébranler, mais seulement de ne plus le soutenir, et vous le verrez, tel un grand colosse dont on a brisé la base, fondre sous son poids et se rompre.

Nous reprenons ici l’article initialement publié par Clochix sur son blog. Clochix se présente modestement comme « un apprenti geek intéressé par la liberté ».

Diversifions

par Clochix avatar_clochix

Souvent, lorsqu’un administrateur se connecte à une machine, celle-ci l’accueille d’un salutaire rappel : « un grand pouvoir donne de grandes responsabilités ». En informatique, les administrateurs (de réseaux, de machines, de bases de données, etc.) ont effectivement un grand pouvoir. Ils ont accès à de très nombreuses informations, directement à la source, sans être soumis à des restrictions d’accès. Ils ont souvent la capacité de lire la plupart des messages électroniques échangés et des documents internes de l’entreprise. Parfois, ils sont même amenés à le faire dans le cadre de leurs missions. Pouvoir accéder à des informations sensibles leur donne donc un certain pouvoir, et les soumet à une double responsabilité. Résister à la tentation d’abuser de leur pouvoir (aller lire des documents pour savoir si la direction prépare des licenciements ou si la jolie fille de la compta est célibataire), résister aux pressions (internes de sa hiérarchie qui voudrait fliquer un salarié, externes de personnes qui voudraient des renseignements sur la structure).

Tout pouvoir porte en lui la tentation de l’abus et le risque du détournement. Pour se protéger des abus, on ne peut se reposer uniquement sur la capacité des individus à résister à la tentation et à la pression. Et l’un des meilleurs garde-fous est à mon sens, non de contrôler les individus en situation de puissance, mais de limiter au maximum la concentration du pouvoir. Moins il y de pouvoir, moins on est tenté d’en abuser, et surtout moins les conséquences des abus sont dommageables. Il faut donc veiller à ne pas laisser trop de pouvoir s’accumuler entre les mêmes mains. Segmenter le système d’information pour éviter qu’un unique individu ait toutes les clés. Diversifier l’environnement pour éviter les points individuels de défaillance, que cette défaillance soit un panne, une attaque ou une indiscrétion.

Il y a quelques jours, quelqu’un a signalé que pour utiliser Hangout, un service de visioconférence de Google, il fallait désormais obligatoirement utiliser Chrome (alors que le service semble parfaitement fonctionner dans Firefox). Devant le tollé, un ingénieur de Google a rétropédalé, invoquant une simple erreur de formulation. Mais les faits sont têtus : trois jours plus tard, la page n’a toujours pas été corrigée (et j’avoue avoir vraiment beaucoup de mal à croire au caractère non intentionnel de cette restriction).

Ça n’est bien sûr qu’une anecdote minuscule. Google triche un peu pour inciter les internautes à installer et utiliser son navigateur. Et cette ridicule malhonnêteté n’aurait guère de conséquences si son auteur n’était l’un des principaux fournisseur de logiciels et de services au monde. Mais dans la position où est Google, cette simple magouille va probablement se traduire par quelques milliers d’utilisateurs qui migreront, sans vraiment l’avoir voulu, vers Chrome. Et les petits réseaux faisant les grandes rivières, de démonstrations réservées à Chrome en installations cachées dans les bagages d’autres logiciels, le nombre d’utilisateurs des produits de Google s’accroît. La quantité d’informations que Google collecte et, partant, sa capacité d’action augmente. Plus une entité est en situation de pouvoir, plus grande est la tentation d’abuser un peu de ce pouvoir à la marge, sur des points qui semblent sans conséquences. Et plus vastes deviennent les conséquences de ces micro-abus.

Le pouvoir de Google est aujourd’hui gigantesque, probablement bien plus important que la majorité d’entre nous ne l’imagine. Business Insider a récemment publié une interminable liste des multiples racines qui chaque jour alimentent davantage en données le ventre de l’ogre insatiable. Google a des capteurs partout. Sur internet, bien sûr, mais aussi dans le monde analogique, avec ses téléphones, ses satellites, demain ses voitures, lunettes, objets connectés… La quantité d’informations ainsi collectée dépasse l’imagination, tout comme les innombrables usages qu’il pourrait en faire. La puissance de Google est aujourd’hui terrifiante.

Et, sans vouloir retirer de mérite à ses ingénieurs, cette puissance, c’est en grande partie nous qui la confortons, qui la démultiplions chaque jour.

S’il est des individus qui cherchent explicitement la puissance, force est d’admettre que souvent c’est nous-mêmes qui déléguons notre pouvoir et créons les monstres devant lesquels nous tremblons ensuite. Les silos ne deviennent dangereux parce que nous leur en donnons les moyens. Personne ne nous oblige à abonder leur puissance, du moins au début. Mais chaque fois que nous utilisons Chrome, Gmail, Android, chaque fois que nous achetons un iGadget, racontons notre vie sur Facebook, commandons sur Amazon, nous leur donnons un tout petit peu plus d’informations, nous renforçons leur pouvoir, augmentons la tentation qu’ils en abusent, et les conséquences du moindre abus (et la liste de ces petits abus est déjà longue et publique, des censures d’Apple dans sa boutique aux pressions d’Amazon sur ses fournisseurs).

Le problème n’est donc pas Google ou Apple, Facebook, Microsoft ou Amazon, il est hors-sujet de disserter sur l’humanisme des intentions de leurs dirigeants ou leur capacité à résister à la pression de gouvernements ou de mafias. Inutile d’essayer de deviner comment toutes les informations que nous leur confions pourraient un jour se retourner contre nous. Non, l’unique question qui vaille est de savoir s’il est sain de laisser une aussi phénoménale puissance s’accumuler entre les mains d’un petit nombre d’acteurs, quels qu’ils soient.

Si vous pensez que la réponse à cette question est non, qu’il n’est pas sain que quiconque dispose d’autant d’informations, donc de pouvoir, alors il est grand temps d’agir, pendant que nous le pouvons encore. Et ça tombe bien, car l’effort pour agir concrètement sur la situation n’est pas insurmontable. Il suffit de ne plus mettre tous nos œufs dans le même panier. Ne plus confier tous nos échanges électroniques à deux ou trois acteurs. Ne plus tous et toutes utiliser les mêmes logiciels, systèmes d’exploitation, navigateur, etc.

Diversifier à défaut de décentraliser

En matière d’information comme dans la nature, c’est la diversité qui fait la force et la résilience d’un système. Il ne s’agit pas forcément de reprendre nous-mêmes le contrôle de toutes nos données. Je suis bien conscient que peu de gens ont les ressources (temps, compétences…) et l’envie de le faire. Mais de ne pas tout confier au même prestataire. De bâtir le meilleur garde-fou contre le totalitarisme, un réseau divers.




Réponse de la FSF à la décision de Mozilla d’accepter des DRM

La semaine dernière, l’annonce de Mozilla d’accepter les DRM dans Firefox a fait couler beaucoup d’encre sur la Toile.

Nous vous proposons ci-dessous la réponse traduite de la Free Software Foundation de Richard Stallman.

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La FSF condamne le partenariat entre Mozilla et Adobe pour le soutien aux DRM

FSF condemns partnership between Mozilla and Adobe to support Digital Restrictions Management

14 mai 2014 – Free Software Foundation
(Traduction[1] : r0u, Olivier, Julien, MonsieurTino, audionuma, marc, Teromene, goofy + anonymes)

Boston, Massachusetts, États-Unis d’Amérique – mercredi 14 mai 2014 – En réponse à l’annonce de Mozilla de soutenir – à contrecœur – les DRM dans son navigateur web Firefox, John Sullivan, le président exécutif de la Free Software Foundation, a fait le commentaire suivant :


« Une semaine seulement après la Journée Mondiale contre les DRM, Mozilla a annoncé son partenariat avec l’éditeur de logiciel propriétaire Adobe pour implémenter le support web des restrictions numériques (DRM) dans son navigateur Firefox, en utilisant les Extension de Contenus Chiffrés (Encrypted Media Extension, EME).

La Free Software Foundation est profondément déçue par l’annonce de Mozilla. La décision compromet des principes importants dans le but d’apaiser des craintes infondées de pertes de part de marché face aux autres navigateurs. Elle associe Mozilla avec une entreprise opposée au mouvement du logiciel libre et aux idéaux fondamentaux de Mozilla.

Même si Mozilla ne va pas directement embarquer le greffon propriétaire d’Adobe, le navigateur va, de façon officielle, encourager les utilisateurs de Firefox à installer le plugin d’Adobe quand une page embarquera uncontenu nécessitant l’utilisation de DRM. Nous sommes d’accord avec Cory Doctorow sur l’absence de différence significative entre « installer des DRM » et « installer du code qui installe des DRM »

Nous sommes conscients que Mozilla fait ceci à contrecœur, et nous le croyons d’autant plus qu’il s’agit de Mozilla et non de Microsoft ou Amazon. Cependant, presque tous ceux qui intègrent les DRM disent qu’ils sont forcés à le faire, et cette absence de responsabilisation permet à cette pratique de persister. Avec cette annonce, Mozilla se place malheureusement – dans ce cas – dans la même catégorie que ses concurrents propriétaires.

Contrairement à ses concurrents, Mozilla va prendre des mesures pour réduire certains des principaux défauts des DRM, en essayant d’isoler le greffon dans un « bac à sable ». Mais cette approche ne peut résoudre le problème éthique fondamental des logiciels propriétaires, ou les problèmes qui apparaissent inévitablement quand un logiciel propriétaire est installé sur un ordinateur.

Dans cette annonce, Mitchell Baker assure que Mozilla avait les mains liées. Mais juste après, elle vante la « valeur » que peut apporter Adobe et suggère qu’il existe un équilibre nécessaire entre les DRM et la liberté de l’utilisateur.

Il n’y a rien de nécessaire dans les DRM, et entendre Mozilla faire l’éloge d’Adobe – l’entreprise qui a été et continue d’être une opposante farouche au logiciel libre et à l’Internet libre – est choquant. Avec la mise en place de ce partenariat, nous nous inquiétons de la capacité et de la volonté de Mozilla à critiquer les pratiques d’Adobe dans le futur.

Nous comprenons que Mozilla craigne de perdre des utilisateurs. Cory Doctorow souligne qu’ils n’ont pas apporté de preuves qui confirmeraient cette crainte ni fait de véritable examen de cette situation. Plus important encore, la popularité n’est pas une fin en soi. Cela est particulièrement vrai pour la Fondation Mozilla, une organisation à but non lucratif avec une mission éthique. Dans le passé, Mozilla s’est distingué et a connu le succès en protégeant la liberté de ses utilisateurs et en expliquant l’importance de cette liberté : en publiant le code source de Firefox, en autorisant des tiers à le modifier, et en respectant les standards du Web face aux tentatives d’imposer des technologies propriétaires.

La décision prise aujourd’hui renverse la situation, en allouant les ressources de Mozilla pour livrer ses utilisateurs à Adobe et à des distributeurs de médias hostiles. Dans ce processus, Firefox perd son identité, qui le différenciait de ses compétiteurs propriétaires – Internet Explorer et Chrome – qui tous deux implémentent EME d’une manière bien pire.

Évidemment, un certain nombre d’utilisateurs veulent uniquement et simplement que les médias avec restrictions comme ceux de Netflix fonctionnent dans Firefox, et ils seront irrités si ce n’est pas le cas. Ce n’est pas surprenant étant donné que la majeure partie du monde n’est pas familière des problèmes éthiques qui entourent le logiciel propriétaire. Ce débat a été et reste une occasion unique de présenter ces concepts aux utilisateurs et de les inviter à s’unir pour adopter certaines décisions difficiles.

Voir Mozilla se compromettre sans faire publiquement l’effort de rallier les utilisateurs contre ce supposé « choix forcé » est doublement décevant. Ils devraient revenir sur cette décision. Mais qu’ils le fassent ou non, nous les appelons à se joindre à nous en allouant autant de leurs ressources pour éliminer définitivement les DRM qu’ils en utilisent à l’heure actuelle pour les soutenir. La FSF aura d’autres déclarations et actions à faire sur ce sujet dans les jours à venir. Pour le moment, les utilisateurs qui se sentent concernés par ce problème sont invités à :



  • Rejoindre notre effort pour empêcher l’approbation de l’EME au W3C. Tandis que l’annonce d’aujourd’hui rend évident le fait qu’un rejet par le W3C de l’EME ne va pas empêcher son implémentation, elle clarifie aussi le fait que le W3C peut rejeter l’EME sans crainte, de façon à envoyer le message que les DRM ne font pas partie de notre vision d’un Web libre.
  • Utiliser une version de Firefox qui ne contient pas le code EME : comme son code source est disponible sous une licence qui permet à qui le veut de le modifier et de le distribuer sous un autre nom, nous nous attendons à ce que des versions sans EME soient mises à disposition, et vous devriez plutôt utiliser celles-ci. Nous les listerons dans le répertoire des logiciels libres.
  • Faire un don pour soutenir le travail de la Free Software Foundation et notre campagne Defective by Design pour mettre un terme aux DRM. Jusqu’à ce qu’elles soient complètement supprimées, Mozilla et d’autres seront constamment tentées de capituler, et les utilisateurs seront forcés de continuer à utiliser des systèmes propriétaires. Même si ce n’est pas pour nous, donnez à un autre groupe luttant contre les restrictions numériques. »

Notes

[1] Une traduction proposée en direct live de l’atelier « La tête dans les nuages ? » lors de Vosges Opération Libre.




Geektionnerd : Firefox 29

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Sources :

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Apprendre le Web avec Mozilla Webmaker (4)

Si vous avez raté le début : Mozilla Webmaker est un ensemble d’outils ludo-éducatifs qui permettent à chacun de comprendre et de modeler le Web. Dans la boîte Webmaker nous avons trouvé des lunettes à rayons X, un dé à coudre magique et un kit de VJ. Mais tout cela c’est pour ceux qui veulent apprendre. Voici pour terminer notre série de présentations les outils pour aider ceux qui veulent enseigner.

Des outils pour enseigner

Un référentiel de compétences

Il existe dans l’Éducation nationale une série de compétences « informatique et internet » mesurées par les B2i ® (oui, c’est une marque déposée) et C2i selon les différents niveaux (école primaire, collège, lycée, enseignement supérieur)

L’analyse des grilles de compétences à acquérir est ici hors de propos, mais pour l’essentiel ces évaluations portent sur la capacité à utiliser le Web comme outil : lire, écrire, maîtriser l’information, communiquer… une part bien modeste est consacrée à la création de pages web ou à la création de contenu.

Mozilla propose un autre référentiel de compétences, il est également discutable certes, mais il met clairement l’accent sur ce qui manque dans celui de l’éducation nationale : il ne s’agit pas seulement de consommer le Web avec habileté et lucidité, mais d’une invitation à faire le Web, à participer à une ressource commune partagée. 

Cette ressource qui a été baptisé la carte de la littératie web (le choix de cette traduction suggère le parallèle avec l’accès aux savoirs fondamentaux traditionnels). Après la rubrique « Explorer » on trouve « Créer » et « Partager », chaque rubrique est détaillée en compétences diverses. Mais voyez plutôt vous-même, parcourez les détails de la carte de la littératie. C’est une version en constante évolution (oui vous pouvez contribuer à partir de ce wiki).

C’est loin d’être la seule “liste” proposée par Webmaker, mentionnons par exemple ces chemins interactifs entre les étapes d’une acquisition (pas de version française pour l’instant). cliquez sur un élément et vous verrez ceux qui s’inscrivent logiquement dans sa continuité, en amont (que dois-je savoir faire avant) ou en aval (qui puis-je faire ensuite).

Des kits pédagogiques

Tout aussi nombreux sont les « tutoriels », les fiches pratiques qui peuvent servir de guide à l’animateur d’une séance. Voici par exemple, traduites par les bénévoles de Mozfr et modifiables à votre gré, les fiches pratiques pour une série d’activités autour de la sécurité en ligne. Cliquez sur les liens sous les captures d’écran pour aller sur les pages.

kitSecurite1.pngLe sommaire

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La préparation, la discussion initiale entre les participants

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Dans cette étape, les participants sont amenés à remixer une vidéo sur le thème de la vie privée menacée.

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Puis les outils Webmaker sont pris en main pour que les participants découvrent les bonnes pratiques en matière de sûreté

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…et par étapes progressives on en vient à expliquer le mécanisme des cookies et comment surveiller la surveillance en installant Lightbeam.

Une grande quantité de tutoriels et d’idées déjà mises en œuvre concrètement sont disponibles dans la partie events de Webmaker, mais tout cela est en anglais pour l’instant.

Pourquoi des ateliers, des coding goûters et autres initiatives ludo-pédagogiques,

Tous ces outils, ce matériel et ses dispositifs n’ont qu’un intérêt moyen s’ils ne sont pas mis en pratique, et Mozilla tient à ce que des rencontres dans la vraie vie se produisent, que des gens qui veulent apprendre et enseigner le Web se retrouvent pour avancer ensemble, et pas seulement sous forme de cours à distance désincarnés.

Naturellement, Mozilla ne prétend pas avoir inventé l’idée des ateliers d’initiation au code, des expériences sympathiques et pertinentes ont lieu déjà depuis quelques années (ici par exemple). Ce que Mozilla propose en plus c’est une force de proposition à l’échelle mondiale : les ateliers Webmaker ont lieu en ce moment dans toutes les communautés mozilliennes, ce qui démultiplie les échanges de pratiques possibles.  Vous pouvez bien sûr tracer votre chemin, votre usage et construire de zéro votre démarche ludo-pédagogique, mais vous pouvez aussi reprendre et remixer des expériences éprouvées

C’est encore timide et pas si fréquent, mais en France aussi, c’est déjà commencé, on utilise par exemple des outils Webmaker dans la très active Maison du Libre à Brest.

mozilla-webmaker-front2.jpg

À vous de jouer !

Il vous reste maintenant à…

  • vous emparer librement des outils proposés ;
  • contribuer à leur amélioration, le code est évidemment open source ;
  • contribuer à leur traduction, en vous inscrivant sur la liste de Mozfr ;
  • contribuer à leur diffusion en organisant même à petite échelle des ateliers Webmaker. Si vous avez besoin d’un conseil, de l’aide d’un mozillien, voire de bénéficier d’un espace communautaire à Mozilla Paris, contactez-nous.

— et faites-nous part de vos actions et expériences avec Webmaker, nous leur donnerons un écho ici !




Apprendre le Web avec Mozilla webmaker (3)

Si vous avez raté le début : Mozilla Webmaker est un ensemble d’outils ludo-éducatifs qui permettent à chacun de comprendre et de modeler le Web. Après les lunettes à rayons X pour voir sous les jupes de la page Web et le dé à coudre magique, voici Popcorn Maker pour faire sautiller frénétiquement images et sons.

Popcorn Maker pour jouer avec la vidéo, se l’approprier.

La réalisation d’une page web enrichie, ou plutôt augmentée, demande des logiciels spécifiques, pose des problèmes de codecs et de compatibilité entre navigateurs et souvent le recours à des formats pénibles tels que le Flash. Avec Popcorn Maker, qui fonctionne grâce à popcorn.js et au HTML5, tout se passe dans le seul navigateur : rien à installer, l’utilisateur n’a plus qu’à combiner. Bien sûr, avec Popcorn maker vous n’atteindrez pas le niveau professionnel d’un web-documentaire. Voyez par exemple ces 4 documentaires « enrichis » avec popcorn.js et diffusés sur le site d’Arte.

Popcorn Maker est plutôt un outil d’initiation ludique, une manière simple et surtout amusante de remixer des vidéos, des sons et des images pour en faire de chouettes montages que vous pouvez ensuite insérer sur d’autres sites. Et bien entendu, comme tout ce que vous pouvez réaliser avec Webmaker, vos remix seront disponibles pour que d’autres s’en emparent et réalisent à leur tour leur création(1) multimédia.

Récupérez une vidéo qui vous plaît sur le Web. Glissez-y du contenu web, puis ajoutez vos commentaires et vos liens, directement depuis votre navigateur. Les vidéos fabriquées avec Popcorn Maker sont dynamiques, on peut y ajouter des liens, des bulles de texte, des images et des pistes sonores…

Vous pouvez par exemple :

  • créer un gif animé avec du son et jouer les VJ comme un grand ;
  • augmenter un documentaire avec des liens dynamiques vers un article Wikipédia, une carte… ;
  • Réaliser un profil vidéo pour vous présenter en intégrant votre CV ;
  • Bricoler un diaporama animé ou un petit dessin animé ;
  • et beaucoup d’autres choses à votre gré !

Voici le panneau des événements disponibles

popcornEvenements.png

…et ci-dessous un exemple simple d’intégration d’une bulle dans la vidéo. Les différents objets du multimédia figurent dans la série des « calques » qui sont de maniement aisé dans le panneau de contrôle en bas.

popcorn_timeline.png

— Vous voulez faire bien mieux ? Essayez Popcorn Maker, c’est par ici  https://popcorn.webmaker.org/

(1) Question pour les cerbères du ©opyright : à partir de quel degré de remix peut-on dire qu’est née une nouvelle œuvre (la réponse : 42°)

À suivre ! -> la semaine prochaine : des outils pour les appreneurs aussi !




Apprendre le Web avec Mozilla Webmaker (2)

Si vous avez raté le début : Mozilla Webmaker est un ensemble d’outils ludo-éducatifs qui permettent à chacun de comprendre et de modeler le Web. la semaine dernière nous vous avons présenté les lunettes à rayons X pour voir sous les jupes de la page Web. Cette semaine, un deuxième outil de Webmaker appelé Thimble, le dé à coudre magique.

Thimble, le HTML comme si vous y étiez

Code ou wysiwyg ? — les deux !

Il existe une longue histoire des éditeurs HTML open source qui permettent de travailler directement avec la visualisation finale (wysiwyg, acronyme de what you see is what you get, signifie littéralement : « ce que vous voyez est ce que vous obtiendrez »). Depuis le déjà ancien Amaya jusqu’au plus récent KompoZer conçu naguère par Fabien Cazenave qui forkait Nvu, on a cherché à mettre à la portée de tous la création de pages web en laissant dans les coulisses le code HTML. Encore était-il généralement accessible d’un clic dans un onglet par exemple. On pouvait donc créer et maintenir sa page web sans trop se soucier des balises, des attributs et autres CSS.

Cependant la généralisation des blogs dans les années 2000 a poussé à la mise à disposition de systèmes de publication qui ont simplifié la publication « grand public ». N’importe qui aujourd’hui peut publier avec une instance installée de Dotclear ou WordPress sans se préoccuper du HTML.

Cette facilité a un revers, c’est l’ignorance qui nous éloigne du Web tel qu’il est et donc tend à nous en occulter la plasticité. Fallait-il pour renouer avec la créativité du Web en revenir à la sècheresse d’un éditeur de texte comme les vrais développeurs le pratiquent ?

Thimble, le dé à coudre de Webmaker, permet de ne pas choisir. Il vous propose à la fois de travailler dans le code et de voir ce qu’il produit, tout en contrôlant sa validité.

Un éditeur interactif

  1. Il me présente en temps réel et en vis-à-vis le rendu de la page HTML que je suis en train de saisir, le délai de rafraîchissement est d’une fraction de seconde :
  2. thimble_page_goofy.png

  3. Il me signale instantanément par la couleur rouge et un avertissement écrit en toutes lettres que je commets une erreur de syntaxe. Un petit pointeur mobile vient même m’indiquer l’endroit précis que je devrais modifier : thimble_correction_balise.png
  4. Il peut aussi m’apprendre davantage : en cliquant sur un élément HTML je dispose d’une définition et d’un lien « plus… » qui conduit à un article plus détaillé du Mozilla Developer Network, le site de documentation pour développeurs. J’ai ainsi la possibilité de passer de la découverte à un niveau plus avancé.
  5. thimble_apprendre.png

Un éditeur infiniment ouvert

  1. À peine ma page ébauchée, je peux la publier, elle sera hébergée sur un serveur de Webmaker
  2. thimble_lien_pageperso.png

  3. Je pourrai dès lors la modifier moi-même aussi souvent que je le souhaite, mais de plus n’importe qui pourra en faire une version (d’aucuns diront un fork) en cliquant sur le bouton « Remixer »
  4. thimble_remix.png

Offrez sa page web à un proche !

Vous connaissez certainement quelqu’un, enfant, adolescent ou… bien plus âgé, qui va trouver amusant et intéressant de se fabriquer une ou des dizaines de pages. Alors hop, indiquez-lui l’adresse https://thimble.webmaker.org/. Mais pour se mettre en appétit, pourquoi ne pas commencer par remixer des pages existantes, écrire sa légende d’un lolcat, personnaliser texte et image d’une carte postale, et bien d’autres projets. Au fait, certains projets comme cette BD à faire soi-même sont littéralement des tutoriels de leur propre conception, mais sont pour l’instant en anglais. Rien ne vous empêche de les remixer pour les traduire et en faire un nouvel outil francophone.

À suivre ! -> la semaine prochaine : Popcorn, pour exploser vos vidéos sur le Web.




Apprendre le Web avec Mozilla webmaker (1)

Vite fait, vite lu : ce qui fait la force du Web ouvert, c’est que n’importe qui peut en être un maillon et le construire. Mozilla Webmaker est un ensemble d’outils ludo-éducatifs qui permettent à chacun de comprendre et de modeler le Web.

Le Web permet à chacun d’entre nous d’essayer de nouvelles idées et de les offrir au monde entier, sans avoir à demander la permission à une quelconque autorité. Le rythme rapide de l’innovation nous montre de quoi l’humanité est capable quand de puissants outils sont offerts également à tous.

Mitchell Baker, présidente de la Mozilla Foundation

Chacun doit avoir la possibilité de façonner Internet et son utilisation d’Internet.

principe N°5 du Manifeste de Mozilla

Tout à fait en phase avec ces principes nobles mais certes un peu nébuleux, Mozilla a pris depuis plusieurs années des initiatives concrètes pour amener le plus grand nombre de ses utilisateurs à une meilleure connaissance de ce qu’est le Web. Voici des outils pour apprendre et enseigner.

Utilisez-les, bidouillez-les, inventez-en d’autres !

Pourquoi éduquer au Web

Une génération sans autre proposition que la consommation ?

Il y a presque 30 ans le plan informatique pour tous, malgré tous les défauts et limites matérielles qui devaient conduire à son abandon, a eu le mérite de mettre une génération d’enfants devant des ordinateurs sur lesquels ils s’initiaient à la programmation : dès l’école primaire on apprenait à piloter une « tortue » en logo, puis au collège on s’initiait aux rudiments du BASIC.

On peut penser raisonnablement qu’un petit nombre des enfants d’alors y ont pris goût et sont devenus depuis des acteurs de l’industrie numérique. Et que dire des gamins pour lesquels les portes du Centre international de l’informatique étaient ouvertes dès 1981 ?

Aujourd’hui, quelle occasion ont les enfants et adolescents de mettre les doigts dans le code, de concevoir un contenu pour le Web, d’être autonomes dans leurs usages d’Internet ? Ce n’est maintenant pas avant la classe de terminale scientifique qu’il s’agit d’apprendre à programmer, encore est-ce très clairement lié aux activités mathématiques et scientifiques.

Rien ne leur est proposé pour créer sur le Web, rien ne leur est proposé d’autre que de consommer des contenus dès l’âge tendre. Comment pourraient-ils devenir de utilisateurs conscients et compétents du Web ?

…et tous les autres utilisateurs ?

Aujourd’hui les jeunes ne sont pas les seuls à être privés d’éducation au Web. Que dire de tous ceux qui en maîtrisent à peine l’usage minimum ? De tous les milieux et de tous les âges, y compris dans les métiers dits intellectuels qu’on pourrait croire mieux informés, nombreux sont ceux autour de nous qui confondent un navigateur et un moteur de recherche, qui pensent être protégés de tout par un antivirus et qui ignorent jusqu’à l’existence d’un truc qu’on appelle les logiciels libres.

L’enjeu ?

— C’est la plasticité d’un Web libre et ouvert et sa maîtrise par des utilisateurs conscients. C’est la possibilité pour chacun de comprendre ce qui se passe dans les coulisses d’un site ou d’un service en ligne, d’être conscient des risques de la surveillance généralisée et de la marchandisation de nos profils. C’est la possibilité pour chacun d’être un acteur du Web et d’en tirer le meilleur parti sur tous les plans.

Oui d’accord, j’arrête avec les idéaux, voyons un peu ce que propose Mozilla.

Des outils ludiques pour apprendre

Les lunettes déshabillantes du HTML

Quand j’étais gosse (c’était au millénaire précédent), on pouvait voir dans les magazines des publicités pour un gadget qui ne manquait pas de nous faire fantasmer : des lunettes à rayons X, qui étaient supposées dévoiler des silhouettes sous les vêtements. Je n’ai jamais su si ces promesses alléchantes avaient un quelconque fondement. En revanche, la supervision de Superman, qui ne me faisait guère fantasmer, semble s’être réalisée avec les X-Ray Goggles de Webmaker. Il s’agit ni plus ni moins que de révéler le code source et donc d’apprendre le nom des éléments, attributs et autres balises HTML en se promenant sur la page web, une fois activées les « lunettes ».

Il s’agit d’un script qu’on dépose sur la barre d’outils comme un simple bookmarklet (tiens, pourquoi avait-on perdu de vue les bien pratiques bookmarklets ?). Pour l’utilisateur c’est simplissime et presque amusant. Pour moi le vieux pervers c’est comme si je pouvais regarder sous les jupes… de la page. Mais voici quelques captures d’écran qui vaudront mieux qu’une trop longue description :

Première étape : faire glisser le bookmarklet sur la barre d’outils de son choix

Sur une page qu’on aime bien (celle de connard.pro par exemple) il suffit de survoler et les éléments ou attributs HTML se mettent en couleurs et sont identifiés.

TOUT est désormais modifiable sur la page : textes, images, balises… ici j’augmente l’interligne et j’ajoute des italiques.

…et le plus chouette (mot qui voulait dire trop cool autrefois) c’est que je peux publier le résultat remixé par mes soins et communiquer fièrement l’adresse aux victimes du bidouillage.

Allez vous aussi vous amuser avec les lunettes à rayons X, c’est ici https://goggles.webmaker.org/fr et c’est en français grâce aux contributeurs de MozFr (oui c’est imprononçable, et alors ?)

— Au fait, si vous voulez passer à l’étape supérieure, vu que vous êtes « pro » et que vous regardez tout cela avec un sourire condescendant, essayez donc l’inspecteur (Ctrl+Maj+C) parmi les nombreux outils de développement web inclus dans Firefox (what else ?)

À suivre ! -> la semaine prochaine : Thimble, l’éditeur HTML interactif qui poutre.