Un vidéo-clip réalisé avec 4 816 photos sous licence Creative Commons By-Sa

« You Came Out » est le dernier single du groupe electro We Have Band.

Le joli clip de cette chanson a été réalisé en stop motion, succession d’images fixes légèrement déplacées les unes des autres pour donner l’impression d’un mouvement saccadé caractéristique.

Pour que le procédé fonctionne bien, il convient de proposer beaucoup de photographies par unité de temps. Ici on a donc un clip de trois minutes pour exactement… 4 816 photographies.

Elles ont toutes été regroupées sur un compte Flickr dédié et ont été placée, riche idée, sous licence Creative Commons By-Sa.

Ce qui donne d’un coup près de cinq milles photos qui viennent enrichir la culture libre 😉

—> La vidéo au format webm

Cette vidéo a été réalisée par David Wilson, en collaboration avec Fabian Berglund et Ida Gronblom (de l’agence Wieden + Kennedy), et produite par Blinkink. Un intéressant making-of du clip est également disponible.




Quand Daniel Cohn-Bendit souhaite libérer la politique !

Nicolas Patte - CC by-nc-ndQu’un Daniel Cohn-Bendit, dans la foulée de son succès électoral aux européennes, signe aujourd’hui une longue tribune dans Le Monde ayant pour titre Faisons passer la politique du système propriétaire à celui du logiciel libre, c’est tout simplement énorme !

On remarquera qu’il ne prend pas vraiment la peine, par la suite, dans le corps de l’article, d’expliquer clairement le pourquoi du comment d’un tel choix de titre, avec son « étrange » référence à l’opposition propriétaire vs logiciel libre.

On a bien la citation suivante :

Les idées, pas plus que les personnes, n’appartiennent pas à quelqu’un. Elles ont vocation à circuler librement, à se propager et à évoluer aux contacts des autres.

Et puis surtout celle-là :

Alors, à la lancinante question du « qu’allons-nous faire », je réponds que nous allons continuer à briser la logique du « système propriétaire » qui domine notre vie politique nationale, tant au niveau global qu’au niveau local, tant par l’Europe qu’à l’occasion des élections régionales. Plus que jamais, nous allons promouvoir la notion de « logiciel libre » appliquée à la politique et à la société.

Mais c’est à peu près tout, explicitement parlant.

Du coup c’est à comprendre entre les lignes, et nul doute que cela intriguera plus d’un lecteur…

Le logiciel libre et sa culture sont définitivement sortis du maquis[1].

Notes

[1] Crédit photo : Nicolas Patte (Creative Commons By-Nc-Nd)




Mon compte Facebook sait-il que je n’ai plus de toit ?

Hrvoje Go - CC byOn n’y pense pas toujours mais en France près de la moitié des « foyers » n’est toujours pas connectée à Internet. Et que se passe-t-il si on n’a carrément pas de foyer ?

Doit-on renoncer à la « vie numérique » ? Pas forcément, mais on imagine sans peine les difficultés rencontrées.

C’est l’objet d’un récent reportage du Wall Street Journal. On peut se passer de télé, de radio, de journaux mais plus difficilement d’Internet, nous dit l’un des protagonistes. A fortiori quand on l’utilisait « comme tout un chacun » avant notre mise à la rue. A fortiori quand la crise est désormais susceptible d’atteindre plus encore les jeunes et les classe moyennes précarisées[1].

Dans la rue et sur Facebook : sans-abri mais branché sur le Web

On the Street and On Facebook: The Homeless Stay Wired

Phred Dvorak – 30 mai 2009 – Wall Street Journal
(Traduction Framalang : Cheval Boiteux, Tyah, Don Rico)

M. Pitts n’a pas d’adresse postale. Mais il a un ordinateur et anime un forum sur Internet.

Comme la plupart des habitants de San Francisco, Charles Pitts a une vie en ligne. M. Pitts, 37 ans, a un compte sur Facebook, MySpace et Twitter, il anime un forum Yahoo, lit les journaux en ligne et garde le contact avec ses amis par courriel. Le plus difficile pour lui, c’est d’organiser sa vie numérique depuis son lieu de résidence : sous un pont d’autoroute.

« Pas besoin de télé, pas besoin de radio, même pas besoin de journaux papier », explique M. Pitts, poète amateur à la casquette violette et au blouson en polaire jaune, qui dit être SDF depuis deux ans. « Internet, par contre, c’est indispensable. »

L’exemple de M. Pitts démontre à quel point les ordinateurs et l’Internet ont imprégné la société. Il y a quelques années, certains craignaient qu’une « fracture numérique » sépare ceux qui ont accès aux nouvelles technologies et les autres. Les plus démunis n’ont certes pas les moyens de s’offrir un ordinateur et un accès à Internet. Pourtant, de nos jours aux États-Unis, même ceux qui n’ont pas de toit ressentent la nécessité d’avoir une adresse électronique.

La ville de New-York a installé quarante-deux ordinateurs dans cinq des neuf foyers qu’elle gère et projette d’équiper les quatre autres dans le courant de l’année. Environ la moitié des 190 autres foyers de la ville permettent d’accéder à un ordinateur. Selon le président de Central City Hospitality House, une association à but non lucratif de San Francisco, la moitié des visiteurs utilisant ces huit ordinateurs sont des sans-abri. Il y a une telle demande pour l’accès à ces postes que leur temps d’utilisation est limitée à 30 minutes.

D’après le personnel des foyers, le nombre de sans-abri équipés d’un ordinateur portable, qui reste faible, est en augmentation. SF Homeless (NdT : Sans-Abri de San Francisco), forum créé il y a deux ans, compte 140 membres. On y trouve les dates et horaires des réunions pour les logements sociaux et des informations provenant de groupes similaires actifs au Nouveau-Mexique, en Arizona, et dans le Connecticut. Il est complété par un blog qui propose des sondages en ligne sur la vie dans les foyers.

Les prix de plus en plus bas des ordinateurs et l’accès gratuit à Internet alimentent ce phénomène, ainsi que la maîtrise de l’outil informatique de plus en plus généralisée au sein de la population. Pour répondre à une offre d’emploi ou faire une demande de logement, les démarches se déroulent de plus en plus souvent en ligne. Selon certains membres d’associations d’aide aux sans-abri, la crise économique va jeter à la rue de nombreuses personnes issues de la classe moyenne habituées à l’Internet.

Âgé de 29 ans, Paul Weston se destine à une carrière de programmeur. Son Powerbook Macintosh, nous confie-t-il, est pour lui un véritable « canot de sauvetage » depuis qu’il a dû s’installer dans un foyer après avoir perdu son poste de réceptionniste d’hôtel en décembre dernier. Installé dans un magasin Whole Foods qui propose un accès Internet gratuit, M. Weston cherche du travail et écrit un programme informatique qu’il espère réussir à vendre. Il a envoyé des courriels aux élus de la ville pour demander l’amélioration des conditions de vie dans les foyers.

Lisa Stringer, qui dirige une formation où l’on apprend aux SDF et aux habitants défavorisés à chercher un emploi et à se servir de l’outil informatique, explique que certains de ses étudiants, alors qu’ils ne savent ni lire ni écrire, économisent pour se payer un ordinateur. « Dans la société actuelle, posséder un ordinateur signifie qu’on est à la page et connecté », analyse-t-elle. Il lui arrive parfois de conseiller vivement à ses étudiants sans-abri d’attendre que leur situation se soit stabilisée avant d’acheter un portable.

Avoir une vie en ligne lorsqu’on vit dans la rue exige une grande détermination. L’électricité et l’accès à Internet sont des denrées rares. S’ajoutent à ces difficultés les menaces telles que la pluie et le vol.

Robert Livingston, 49 ans, trimballe son portable Asus partout depuis qu’il a perdu son logement en décembre dernier. Homme soigné qui dépense une partie de son allocation mensuelle de 59 dollars chez le coiffeur, M. Livingston raconte qu’il a démissionné d’un poste d’agent de sécurité l’année dernière, et qu’il n’a pas réussi à retrouver du travail à cause de la crise.

Lorsqu’il s’est rendu compte qu’il allait devenir SDF, M. Livingston a acheté un sac à dos robuste pour ranger son matériel, un cadenas pour son casier du foyer et un compte Flickr Premium à 25 dollars pour diffuser ses photos numériques.

Il y a peu, installé dans un café où les clients peuvent parfois profiter de la connexion sans fil, M. Livingston montrait fièrement sa page personnelle, qui propose des liens pour des leçons de chinois.

M. Livingston affirme que son ordinateur l’aide à rester en lien avec la société et à garder son humanité. « Être dans la rue, c’est effrayant », nous confie-t-il. « Sur Internet, je suis sur un pied d’égalité avec tout le monde. »

Pour Skip Schreiber, philosophe amateur de 64 ans qui vit aujourd’hui dans une camionnette, le plus gros défi pour rester connecté, c’est l’électricité. M. Schreiber était chauffagiste avant que le stress et une dépression liés au travail ne le mettent sur la touche il y a quinze ans.

Pour son 60ème anniversaire, il a puisé dans sa pension d’invalidité mensuelle pour s’offrir un ordinateur portable, branché sur la batterie de son véhicule, et a appris seul à s’en servir. « J’aimais le concept d’Internet », explique M.Schreiber, « cette source illimitée d’opinions et de réflexion ».

Récemment, M. Schreiber a changé de machine pour un Mac parce que celui-ci consomme moins. Quand il le peut, il coupe le ventilateur et l’antenne WiFi, et rafraîchit son portable en le posant sur un chiffon humide. Grâce à ces astuces, affirme-t-il, il réussit à faire durer sa batterie jusqu’à seize heures, à condition de proscrire les vidéos.

Dans sa camionnette où s’entassent caisses à outils, matériel électrique et couchage, M. Schreiber nous montre le contenu de son disque dur, qui comprend l’intégralité des codes civil et pénal de la Californie, ou encore des fichiers sur des penseurs tels que Thomas d’Aquin ou le psychologue Philip Zimbardo. M. Schreiber explique que les écrits sur le comportement et les aspirations des hommes l’aident à mieux appréhender son sort.

« Nul ne se conçoit comme un sans-abri », déclare-t-il. « Nous faisons nos choix au mieux, selon ce qui nous est donné. »

Michael Ross produit lui-même son électricité, grâce à un groupe électrogène installé à l’extérieur de sa tente jaune et bleue. Depuis un an, M. Ross assure la surveillance d’un parking où est entreposé du matériel de construction, grâce à un accord passé avec le propriétaire. M. Ross, qui n’a que sa pension de vétéran pour survivre, estime être SDF depuis une quinzaine d’années.

Sous la tente, ce cinquantenaire taciturne possède un laptop HP pourvu d’un écran de 17 pouces et d’un espace de stockage de 320 Go, ainsi que quatre disques durs externes supplémentaires d’une capacité totale de 1000 Go, l’équivalent de 200 DVDs. M Ross adore les films. Il en loue certains en ligne, sur Netflix et Blockbuster, et en télécharge d’autres grâce à une connection Ethernet à la bibliothèque publique de San Francisco.

L’autre soir, M. Ross s’est installé sur son sac de couchage pour regarder un épisode des X-Men, obligé d’écouter au casque pour couvrir le vacarme du groupe électrogène. Lorsqu’il se rend en ville, il emporte tout son matériel avec lui par sécurité. Son sac-à-dos est plein à craquer de cordons et de gadgets électroniques emballés dans du papier-bulle. Selon M. Ross, le poids ne lui pose pas problème.

M. Pitts, le poète qui vit sous un pont, retient de tête une liste d’endroits où il peut recharger sa batterie et se connecter à l’Internet, endroits parmi lesquels on trouve un coin peu fréquenté d’une des gares de la ville et des cafés équipés du WiFi, dont les patrons tolèrent que l’on s’y installe pour longtemps et avec beaucoup de sacs.

Expulsé de son appartement il y a deux ans, M. Pitts raconte : « Je me suis dit que mon existence et ma vie ne s’arrêtaient pas parce que je n’avais plus de toit ».

Il s’est alors acheté un portable Toshiba. Lorsque celui-ci a rendu l’âme, il l’a remplacé par un Dell d’occasion. Le mois dernier, l’écran du Dell s’est cassé. À présent, pour consulter son courrier électronique et participer à son forum consacré aux problèmes des sans-abri, il se sert des ordinateurs des bibliothèques et des campus universitaires, ou encore d’un portable caché par un de ses copains derrière le comptoir d’un café.

Ayant appris il y a un mois que le Dalaï Lama devait venir en viste dans une soupe populaire des environs, M. Pitts est allé sur Wikipédia faire une recherche sur le chef spirituel bouddhiste et a copié le texte de l’article sur son iPod pour le lire au lit, sous le pont qui l’abrite. « Sous ma couverture, à l’abri d’une bâche plastique, j’apprends des tas de trucs sur le Dalaï Lama. »

M. Pitts compte bientôt réussir à économiser assez d’argent pour se racheter un ordinateur. Il espère pouvoir en trouver un à moins de 200 dollars.

Remarque : Sur le site d’origine du Wall Street Journal, on trouve un diaporama avec une dizaine de photographies « en situation » des personnes citées dans l’article.

Notes

[1] Crédit photo : Hrvoje Go (Creative Commons By)




Près d’un million de dollars pour améliorer techniquement Wikipédia

Manel - CC byParticiper à Wikipédia est semble-t-il d’une simplicité enfantine : il suffit de cliquer sur le bouton « Modifier » qui figure en haut de chaque article.

Sauf qu’apparait alors à l’écran une fenêtre, de prime abord assez déroutante, où se mélangent textes et « signes cabalistiques » propre à la syntaxe wiki de MediaWiki, le logiciel moteur de wiki sur lequel repose l’encyclopédie libre[1].

Cela n’empêche pas les participants de s’y habituer à la longue (surtout que l’on peut compter sur la communauté Wikipédia pour s’épauler les uns les autres). Mais il faut bien reconnaître que cela peut intimider voire carrément parfois rebuter le débutant.

C’est entre autres raisons pourquoi il faut suivre de près la « Usability Initiative » visant justement à améliorer l’expérience utilisateur de l’éditeur mais aussi du simple visiteur wikipédien. Et quand on parcourt par exemple le prototype de test de la version anglaise, on se dit effectivement que c’est en bonne voie.

Avec un budget de 890 000 dollars, MediaWiki deviendra-t-il plus facile à utiliser ?

Can $890,000 Make MediaWiki Useful?

Steven Walling – 12 juin 2009 – ReadWriteWeb
(Traduction Framalang : Don Rico)

À la fin de l’année dernière, la Wikimedia Foundation (l’association à but non-lucratif qui soutient Wikipédia) a reçu une subvention de 890 000 dollars. Cette somme a été entièrement consacrée à la seule Usability Initiative, projet destiné à l’amélioration de MediaWiki.

Il y a peu, la fondation a rendu publics les premiers chantiers.

Même s’il ne représente qu’une fraction de ce qui se prépare, le travail accompli jusqu’à présent semble très prometteur, non seulement pour l’avenir de Wikipédia, mais aussi pour tous les projets basés sur MediaWiki. En ces temps de crise économique, il y a fort à parier qu’un MediaWiki plus performant pourrait rivaliser avec des solutions de travail collaboratif d’entreprise plus coûteuses et plus lourdes.

La campagne Usability Initiative

La campagne Usability Initiative de Wikipédia a pour but de rendre MediaWiki plus facile d’utilisation afin d’attirer de nouveaux rédacteurs bénévoles vers l’encyclopédie libre. La première étape de cette campagne, une étude approfondie de l’outil, a permis de pointer du doigt les faiblesses qui rendent la version actuelle du logiciel intimidante et décourageante pour le néophyte.

Dévoilés le 2 juin dernier, les premiers projets consistent en améliorations élémentaires de l’interface, des onglets de navigation, des résultats de recherche et de la barre d’outils d’édition. Pour l’heure, ils fonctionnent sur des sites prototypes et devraient être disponibles en option dans les préférences utilisateur de Wikipédia d’ici juillet.

Ce que nous réserve l’avenir

Les premières maquettes ne sont pas vraiment à couper le souffle, mais il ne s’agit encore que des prémices. Naoko Komura, la responsable du programme Usability Initiative, nous a récemment décrit dans les grandes lignes des mesures à venir plus audacieuses. Parmi les pistes explorées, on trouve une mise en ligne facilitée pour le contenu multimédia, un système d’aperçu en temps réel, et (c’est de loin la plus importante) la réduction ou la dissimulation de la syntaxe wiki extrêmement complexe utilisée pour la création des tableaux et des modèles dans MediaWiki.

En revanche, il n’est pas envisagé de supprimer cette syntaxe.

Presque tous les wikis d’entreprise intègrent aujourd’hui un éditeur de texte WYSIWYG. Même ceux qui ont été conçus à partir de MediaWiki, comme Mindtouch, ont vite remplacé la syntaxe wiki par le XHTML. L’Initiative tente de s’inspirer de l’expérience d’entreprises telles que Mindtouch, dont le PDG, Aaron Fulkerson, a confié à ReadWriteWeb qu’il était impressionné par l’Initiative, même si d’après lui « le texte wiki restera toujours inférieur au XHTML ».

Les éditeurs de texte WYSIWYG sont déjà disponibles pour MediaWiki grâce à des extensions, mais le risque d’endommager les données qui constituent le contenu de l’encyclopédie Wikipédia n’est pas négligeable. C’est le souci d’éviter ce scénario catastrophe qui pousse l’Initiative a écarter la possibilité d’un passage au WYSIWYG, en tout cas dans le cadre de ce projet.

MediaWiki de retour en entreprise ?

Malgré ce choix de conserver la syntaxe wiki, il se peut que la Usability Initiative parvienne à rendre Wikipédia plus accessible aux collaborateurs, mais aussi à faire de MediaWiki un outil plus approprié pour une utilisation en entreprise.

Les frais de licence et d’abonnement pour les plateformes de travail collaboratif semblent plus coûteuses que jamais. En 2009, la majorité des entreprises préfèrent mettre à niveau et améliorer les logiciels qu’elles utilisent déjà que repartir de zéro. Des sociétés telles qu’Intel utilisent MediaWiki depuis des années, de façon massive et productive, et ce malgré ses excentricités.

L’objectif principal de la Usability Initiative est l’amélioration du logiciel afin de le rendre moins rebutant pour les nouveaux wikipédiens. Mais ce projet pourrait avoir une conséquence inattendue : un regain de considération pour MediaWiki en entreprise.

Notes

[1] Crédit photo : Manel (Creative Commons By)




Largage de liens en vrac #18

Whatsername? - CC by-saCe n’est pas un grand cru de news logicielles, loin s’en faut (sans être non plus de la piquette).

Faut vous avouer aussi que je n’ai pas forcément été très attentif cette semaine à l’actualité. La faute à une entité virtuelle rencontrée sur GNM (Gnm is not Meetic).

Or justement ce soir, c’est notre premier rendez-vous. Tout comme mon port LPT1, j’espère faire bonne impression. À la question : mais comment vous reconnaitrais-je ? Elle m’a répondu qu’elle tiendrait un ballon vert à la main[1]. On a beau être éduqué à la grandeur d’âme, je l’espère tout de même un peu jolie…

  • Moovida : Un média player de plus ? Oui mais l’interface est vraiment bien pensée et très esthétique. Quelqu’un a testé ?
  • meta-iPod : Ce logiciel se présente comme un iTunes Cleaner. Comme je connais pas bien iTunes, je ne peux pas trop vous en parler. Mais je peux vous balancer telle quelle la description du site officiel : « meta-iPod can clean up an iTunes library with as many features as a Swiss Army Knife. From recovering ratings and play counts from your iPod to tracking down files or folders gone missing, meta-iPod analyzes all data sources containing your music to put the pieces of the puzzle back together. »
  • DSpace : Une plate-forme d’archivage de documents orientés recherche et enseignement. Le mieux c’est encore de take a tour si vous souhaitez aller au delà de ma présentation vague et floue.
  • BitBlinder : L’Hadopi va adorer puisqu’il s’agit du faire du Bittorrent mais de manière sécurisée et anonyme ! (on en parle sur TorrentFreak)
  • Hemlock : Tout nouveau. Un framework qui mélange le format Flash (bouh) et le protocole ouvert de messagerie instantanée XMPP (clap, clap) pour offrir la discussion en direct live aux développeurs qui souhaitent inclure ce module dans leurs applications Web.
  • Wagn : Je vous traduis l’équation qui figure en page d’accueil : un wiki (où les gens écrivent ensemble) + une base de données (où les gens organisent ce qu’ils ont écrit ensemble) + un CMS (pour faire de chouettes sites Web) = un Wagn (où les gens font tous ensemble de chouettes sites Web).
  • Appcelerator : Un framework de développement d’applications Internet riches (RIA) qui semble très ambitieux sur le papier et qui permet de créer rapidement des programmes non seulement pour Windows, Mac ou Linux mais également pour iPhone, Android & co (là encore cela dépasse de loin mes compétences, donc si quelqu’un veut nous en dire plus dans les commentaires…)
  • Tiny Core Linux : Sortie de la version 2.0 de cette mini-distribution GNU/Linux (env. 10 Mo) qui a ses adeptes. Et puis ça peut être utile sur une clé USB ne serait-ce que pour la vitesse au boot.
  • jQuery SuperBox! : Tout le monde connait désormais l’effet lightbox, ces fenêtre qui s’ouvrent pour vous montrer généralement une image pendant que le fond s’obscurcit (certains sites en abusent même que). Ici on vous en propose une version légère, accessible, extensible et évidemment sous licence libre.
  • Jokosher : Il s’agit de « rendre la production audio simple ». Une sorte de Audacity en version light et ergonomique ?
  • Engine Room Audition : Faut vraiment voir la vidéo (et ses effets) pour comprendre. Assez artistique ma foi.
  • The Guide : Une application Windows only permettant de créer des documents puis de la classer dans une structure en arbre. La encore, les copies d’écran aident à mieux capter la chose. On notera que vous pouvez paramétrer le logiciel pour qu’il devienne pleinement portable (par exemple sur une clés USB à la manière de la Framakey).

Notes

[1] Crédit photo : Whatsername? (Creative Commons By-Sa)




Combattre la faim en téléchargeant Internet Explorer 8 !

Franco Folini - CC by-saUne fois n’est pas coutume, nous vous proposons aujourd’hui la traduction d’un communiqué de Microsoft, à destination des USA.

Il faut dire que l’initiative est, comment dire, « originale ». En téléchargeant sur un sité dédié à l’opération, entre le 8 juin et le 8 août, la dernière version d’Internet Explorer (la version 8), vous offrez, d’un simple clic, 8 repas aux déshérités américains, en vertu d’un partenariat contracté pour l’occasion entre Microsoft et l’association caritative Feeding America[1].

Ce site dédié s’intitule « Browser for the Better » que l’on pourrait approximativement traduire par « Un Navigateur pour un Monde Meilleur ».

Elle est pas belle la vie ? Vous restez tranquillement assis le cul sur votre chaise, vous appuyez sur le bouton de votre souris. Et vous contribuez à réduire la faim dans le monde !

Certaines mauvaises langues vous diront peut-être que Microsoft trouve là matière à se racheter une vertu à peu de frais, au moment même où son navigateur (le pire que le Web n’ait jamais connu) bat de l’aile face à la concurrence. Mais ne les écoutez pas, ce ne sont que des égoïstes qui ne se soucient pas des nécessiteux !

Microsoft et Feeding America joignent leur force dans le combat contre la faim

Microsoft and Feeding America Join Forces to Fight Hunger

Communiqué de Microsoft – 10 juin 2009 – Redmond
(Traduction Framalang : Dryt)

La campagne de Microsoft Browser for the Better s’engage à donner l’équivalent de huit repas pour chaque téléchargement de Windows Internet Explorer 8.

Plus de 17 millions d’enfants aux États-Unis reçoivent au sein même de leurs écoles publiques un petit déjeuner et un déjeuner gratuit ou à prix réduit. Lorsque ces écoles ferment pendant l’été, ces enfants perdent l’accès à ces aides. C’est pourquoi Microsoft Corp. et Feeding America allient leurs forces pour combattre la faim aux États Unis à travers la campagne Browser for the Better. Pour chaque téléchargement complet d’Internet Explorer 8, Microsoft s’engage jusqu’au 8 août 2009 à donner l’équivalent de 8 repas au réseau des 206 banques alimentaires de l’association Feeding America, association qui permet chaque année de nourrir plus de 25 millions d’américains.

« Cet été, plusieurs millions de familles aux USA souffriront de la faim. la demande en nourriture n’a jamais été si forte pendant ces dix dernières années. La campagne Browser for the Better permet d’un coté de sensibiliser au problème de la faim et de l’autre coté, il donne aux gens une possibilité simple d’aider leur voisin sans débourser d’argent. C’est un arrangement gagnant-gagnant entre Microsoft, Feeding America et les internautes participant à l’opération à travers le pays » déclare Vicki Escarra, Président et PDG de Feeding America, la plus importante organisation de lutte contre la pauvreté aux USA.

(…)

« Nos clients nous ont dit qu’ils voulaient avoir un impact sur la vie de leurs amis et de leurs voisins » explique Amy Barzdukas, directrice principale de la section Internet Explorer chez Microsoft. « La campagne Browser for the Better permet facilement aux gens de faire la différence. Ils ne sont pas seulement en train de contribuer à la société, ils obtiennent également un navigateur moderne, plus sûr, et conçu pour l’usage qu’en font les gens aujourd’hui. »

La campagne Brower for the Better met l’accent sur les qualités d’Internet Explorer 8. Lancé en mars dernier, Internet Explorer 8 offre une sécurité accrue, associée à grande simplicité d’utilisation et des performances techniques reconnues. Une étude récente du NSS Labs montre qu’Internet Explorer 8 est le n°1 dans la protection des logiciels malveillants et l’intégration de la protection de la vie privée propose plus de choix et un meilleur contrôle aux utilisateurs.

Plus d’information à propos de Browser for the Better et Internet Explorer 8 : http://browserforthebetter.com.

Notes

[1] Crédit photo : Franco Folini (Creative Commons By-Sa)




Rencontre avec Eric Bachard du projet OpenOffice.org

Qui a écrit « Voyage au bout de la nuit », réalisé « À bout de souffle » ou composé « Les Quatre Saisons » ? Je ne vous ferai pas l’injure de la réponse. Mais qui donc a codé Firefox, KDE ou Gimp ?

En temps qu’utilisateurs de logiciels libres, il nous arrive souvent d’oublier que derrière ces logiciels que nous utilisons et que nous aimons (et parfois contre lesquels nous pestons), il y a des développeurs, femmes et hommes de chair et d’os, souvent bénévoles, qui mettent leur cœur et leur talent pour les réaliser.

L’AFUL (Association Francophone des Utilisateurs de Logiciels Libres) et Framasoft ont souhaité collaborer dans une série d’interviews d’acteurs « bâtisseurs » de logiciels libres, afin de tenter de rendre ce mode de développement atypique plus compréhensible par tout un chacun, de comprendre les motivations de ceux qui s’impliquent, et (re)placer ainsi un peu d’humain au centre du logiciel.

Nous inaugurons cette rubrique avec Éric Bachard[1] membre plus qu’actif du projet OpenOffice.org.

Interview d’Éric Bachard par Laurent Séguin (AFUL)

Bmilcke - CopyrightBonjour Éric, pouvez-vous vous présenter rapidement ?

Bonjour, je m’appelle Éric Bachard, marié, deux enfants. Dans la vie, je suis professeur de Physique à l’UTBM, et dans le monde du logiciel libre, je suis contributeur à OpenOffice.org, depuis 2003, core développeur depuis 2005 et Lead du projet Éducation depuis 2007.

C’est quoi exactement un « core développeur » et comment le devient-on ?

J’utilise core développeur, pour parler du « core » (le cœur), par opposition à la programmation utilisant l’API d’OpenOffice.org. En effet, ayant beaucoup contribué au port natif Mac OS X, j’ai forcément dû mettre les mains dans le cambouis, et écrire du code pour les « fondations » d’OpenOffice.org. Comment devient-on « core dev » ? En fait, cela dépend 🙂 Depuis que l’on travaille avec des étudiants (surtout dans le projet Éducation), c’est assez bien défini, et le vrai terme est plutôt « Domain Developper », qui signifie qu’on a le droit de commiter dans tout module du code source d’OpenOffice.org, et de créer son propre « child workspace » (son propre espace de travail, mais visible de tous les autres devs sur le dépôt d’OpenOffice.org). En ce qui me concerne, quand j’ai été proposé, c’était un peu plus flou. Pour répondre simplement, on le devient après avoir fait ses preuves, et après une assez longue période d’observation. En fait, quand on m’a propose de commiter moi-même mes patches, j’ai été le premier surpris. J’avais pris l’habitude de les proposer sur une issue et d’attendre.

Donc OpenOffice.org applique le principe de la méritocratie 🙂

Oui, et c’est caractéristique du monde du logiciel libre.

Combien il y a-t-il de développeur au sein du projet ? Combien de bénévoles et de salarié dédié au projet

Le nombre exact n’est pas connu car dépend de critères utilisés pour le calcul, mais on peut parler grosso modo de 75 développeurs ayant écrit du code qui a été intégré dans OpenOffice.org les 6 derniers mois. Avec une règle plus large, on pourrait arriver a un peu moins de 90 personnes contribuant plus ou moins régulièrement pour OpenOffice.org.

Comment vivez vous le rachat de Sun par Oracle au sein du projet OpenOffice.org ?

Je pense que c’était plus ou moins prévisible que Sun allait se faire racheter. Par Oracle, ce fut une surprise. Maintenant, je pense surtout à tous les développeurs, basés principalement à Hambourg, et qui n’en savent pas beaucoup plus que moi. C’est surtout cela qui me préoccupe, car au bout du compte, derrière Sun, il y a des hommes et de femmes.

Cela pourrait-il porter préjudice au projet OpenOffice.org ?

Je ne pense pas. Le code source d’OpenOffice.org a longtemps été compris et maîtrisé par les gens de Sun seulement. Or, depuis quelques temps, ce n’est plus tout à fait vrai, et donc, quoi qu’il arrive, je pense que le code pourra être maintenu par la communauté. Maintenant, pour le projet, savoir que tout est propriété d’une entreprise qui a été rachetée, n’est pas une bonne chose. C’est surtout la propriété du nom « OpenOffice.org » par Sun qui pose le problème de la pérennité d’OpenOffice.org. Pour le reste, le code source étant libre, le travail continue.

Donc sans Sun, le projet est désormais viable par lui même ? Quel est l’investissement de Google, qui utilise OpenOffice.org dans la cadre de son projet Google Documents ? Il y a-t-il d’autres entreprises qui participent activement ?

Dans l’ordre : je pense que sans Sun, le code source est maintenable, mais les meilleurs développeurs sont des Sunnies (NdA : employés de Sun), et il faut en tenir compte dans la balance : ce sera difficile sans eux, si jamais. Certains sont peut être la depuis le début aussi.

Second point : l’investissement de Google, depuis plus d’un an, me semble moindre. Pour illustrer mon propos, cela fait maintenant 2 ans que le projet OpenOffice.org n’a plus de slots pour le Summer of Code, et la réponse « politiquement correcte » qui m’a été faite par exemple par Leslie Hawthorn (NdA : Program Manager de l’équipe Open Source de Google et gérante du Google Summer of Code), c’est que « tous les projets ne peuvent être retenus ». En vérité, le torchon brule entre Google et Sun, mais je ne souhaite pas aller sur ce terrain, car je n’ai pas assez d’informations.

Enfin, pour les entreprises qui participent activement je suis autant que je peux les travaux du groupe « Performance » et je vois régulièrement des gens de RedFlag2000 (NdA : entreprise chinoise développant des produits commerciaux basés sur OpenOffice.org), et d’IBM présents, avec des idées, et des travaux en cours. Il y a bien entendu aussi des gens de RedHat, et de Novell, et d’autres. Désolé, j’avoue surtout connaître les gens par leurs noms, plutôt que par le nom des entreprises qui les emploient, tout cela en compagnie des gens de Sun Germany.

Vous avez développé bénévolement une version spécifique d’OpenOffice.org orienté pour l’éducation, OOo4Kids, pouvez vous nous en parler ?

En fait, c’est en cours de développement, même si elle fonctionne déjà relativement bien

Quel est l’objectif de cette version ?

OOo4Kids - GdiumIl s’agit d’une version allégée d’OpenOffice.org (puisque fonctionnant aussi sur XO et Gdium), sans Base, ni Java et qui doit répondre aux besoins réels des enseignants et des élèves de 7 a 12 ans. Dans la plupart des écoles, les machines sont vieilles et peu puissantes, et il était impératif d’améliorer la vitesse, la taille de l’archive, et surtout, l’interface utilisateur de base inadaptée.

J’avais tout d’abord enlevé l’éditeur d’équations, mais je vais le remettre, au moins partiellement, car le programme de cycle 3 parle de fractions, et donc il faut pouvoir écrire des fractions. Cette version est née de la demande des enseignants.

Quand j’ai commence avec le projet Éducation, j’ai pris une grosse claque, car j’ai découvert que le monde de l’enseignement n’utilisait pas autant que je le pensais OpenOffice.org.

Les enseignants travaillent-ils avec vous sur les spécifications de cette version allégée ?

Oui, nous avons enfin établi le contact, et la coopération a commence. Et donc, j’ai fait la liste des doléances, et des besoins. ensuite, j’ai commence a travailler sur cette version Éduc, après avoir bien réfléchi.

Combien de personnes travaillent sur OO4Kids avec vous ?

OOo4Kids - GdiumLe cœur du projet, c’est a dire concernant le logiciel, c’est Ben Bois, Pierre Pasteau (étudiant Épitech Paris) Jean-Marie Lafon, et moi même. J’ai aussi reçu de l’aide de développeurs tels Thorsten Behrens (Novell), Philipp Lohmann (Sun), Herbert Duerr (Sun), Eike Rathke(Sun), Fridrich Strba (Novell) aussi. Cette aide concernait des points théoriques sur le code, et on gagne beaucoup de temps à travailler avec ceux qui le connaissent parfaitement.

Au passage, j’ajoute qu’OOo4Kids fonctionne sur toutes les machines que j’ai pu approcher 🙂 Linux (Intel, PowerPC, MIPS), Mac OS X (Intel et PowerPC), et Windows

Enfin, l’aide des enseignants qui testent et suggèrent des améliorations est très précieuse. D’ailleurs, on ne pourra pas avancer sans eux, puisque la validation sera faite par eux.

Quel soutient avec vous eu ou avez vous pour ce projet ? Notamment de la part du ministère de l’Éducation nationale ?

Les seuls soutiens que nous avons eus, sont (j’ai oublié de la citer précédemment) : Isabelle Hurbain, pour l’hébergement du Wiki, Microsoft pour la version de Windows XP que j’ai reçue (+ le SDK ), et aussi, depuis peu, Nicolas Jeudy avec TuxServices, mais il aide surtout EducOOo. Tout le reste, c’est du travail de bénévoles, et du temps.

OOo4Kids - WindowsQue vous manque-t-il pour OO4Kids ?

Pas mal de choses, en fait. On n’en est qu’à la 0.3 pour l’instant, mais je pense avoir du temps bientôt (mes cours vont se terminer dans trois semaines). Pour l’avancement, tout est décrit dans la Roadmap. Le code est basé sur le code de la future version 3.2 de OpenOffice.org.

Et plein de bénévoles pour contribuer au projet bien sur 😛

L’accord cadre entre le ministère de l’éducation nationale et l’AFUL pourrait-il vous être utile pour défendre le projet auprès du ministère ou des collectivités territoriales ?

J’avoue ne pas bien connaître cet accord. Cependant, après avoir rencontre Jean-Yves Jannas (NdA : membre du conseil d’administration de l’AFUL) lors du Salon Informatique de Maubeuge, je pense que nous allons devoir nous organiser mieux si une opportunité se présentait.

Merci Éric, il y a-t-il une question à laquelle vous aurez aimé répondre et que je n’ai pas posé ?

Oui : Est-il prévu que cette version devienne une version officielle ?

Et bien je vous la pose 😉

En fait, je suis en train de préparer la demande, afin qu’on puisse<considérer que cela devienne une partie d’OpenOffice.org. le problème théorique, c’est le fait qu’on dépose le nom OOo4Kids, ce qui risque de ne pas plaire. L’idée, c’est que le nom soit la propriété d’une association non profit, de façon a éviter la revente. Histoire vécue 😉

Comme décrit sur la page principale du wiki, il est question de reverser du code, si jamais quelque chose d’intéressant était implémenté dans OOo4Kids, et pouvait être réutilisé dans OOo.

Merci beaucoup d’avoir répondu à ces quelques question Éric. Un mot de fin ?

Merci beaucoup, de la part de tous ceux qui participent à cette belle aventure !

Notes

[1] Crédit Photo : Bmilcke (tous droits réservés)




Mozilla 1.0 : 7 ans déjà !

Nicubunu - CC by-saNée libre sous les cendres de Netscape le 5 juin 2002, la version 1.0 de l’application Mozilla souffle donc en ce moment sa septième bougie (cf le billet de Tristan Nitot).

Sept ans de bons et loyaux services qui ont fait de ce projet ce qu’il est devenu aujourd’hui, à savoir un pilier du Web et du Libre, ayant remis de l’innovation (et un peu de « morale ») dans le monde si particulier des navigateurs. Âge de raison mais intacte passion.

L’occasion d’un petit retour en arrière sous la plume de Glyn Moody, où l’on constatera que pari était loin d’être gagné d’avance, quand bien même on avait une vision claire, pour ne pas dire prémonitoire, de l’avenir[1].

Joyeux Anniversaire à Mozilla, et merci d’être là !

Happy Birthday, Mozilla – and Thanks for Being Here

Glyn Moody – 5 juin 2009 – ComputerWorld.uk
(Traduction Framalang : Tyah, Goofy et Don Rico)

Il y a sept ans était lancé Mozilla 1.0 :

Mozilla.org, l’organisation qui coordonne le développement Open Source de Mozilla tout en offrant ses services d’assistance à la communauté Mozilla, a annoncé aujourd’hui le lancement de Mozilla 1.0, la première version majeure du logiciel Mozilla. Navigateur complet basé sur les derniers standards Internet doublé d’une trousse à outils multiplateforme, Mozilla 1.0 cible la communauté des développeurs et permet la création d’applications basées sur Internet. Mozilla 1.0 a été développé dans un environnement Open Source et a été produit en exploitant la puissance créatrice de milliers de programmeurs et de dizaines de milliers de testeurs sur Internet, qui lui intègrent leurs meilleures améliorations.

(…) « Mozilla.org a l’immense plaisir de présenter le code de Mozilla 1.0 et les outils de développement à la communauté Open Source, en permettant aux développeurs d’utiliser ces sources pour créer librement et présenter le résultat de cette création sur le Web », a déclaré Mitchell Baker, Lizard Wrangler en chef (general manager) chez Mozilla.org. « Comme le navigateur est devenu l’interface majeure entre les utilisateurs et le Web ces dernières années, le but du projet Mozilla est d’innover et de permettre la création de technologies respectueuses des standards pour que les contenus présents sur le Web restent libres. Étant donné que de plus en plus de programmeurs et de sociétés adoptent Mozilla comme technologie stratégique, Mozilla 1.0 prépare l’avènement d’une plus grande diffusion ainsi que l’adoption de l’Open Source et des logiciels basés sur certains standards du Web. »

On relève plusieurs points remarquables dans ce texte. Premièrement, le projet Mozilla était à l’origine un programme de type suite intégrée, qui outre le navigateur comportait un client de messagerie et un client de chat. Ce qui n’était pas sans évoquer l’ancienne suite Netscape Navigator, sur lequel il reposait.

Il est aussi intéressant de noter que Mitchell Baker était déjà à la tête de Mozilla, elle l’est toujours. C’est dire le rôle central qu’elle a pu jouer dans le succès de Mozilla mais aussi de l’Open Source. Car comme le second paragraphe le prévoit avec clairvoyance, le navigateur est devenu « l’interface principale entre l’utilisateur et le Web ». Et en effet, c’est de nos jours l’interface majeure de l’informatique, de par l’augmentation des services en ligne qui fonctionnent entièrement dans le navigateur. Voilà qui rend le succès de Mozilla d’autant plus remarquable.

Il est aussi louable de se souvenir que le succès de Mozilla était loin d’être assuré. Dans les premiers jours, le projet enchaînait les retards. Jamie Zawinski, celui qui enregistra le domaine mozilla.org, a décrit ce temps à la perfection dans un essai cinglant mais brillant intitulé nomo zilla :

Le premier avril 1999 sera mon dernier jour comme employé de la division Netscape Communication d’America Online, et mon dernier jour de travail pour mozilla.org.

Depuis pas mal de temps, Netscape reste pour moi une grande déception. Au lancement de cette entreprise, nous avions pour mission de changer le monde. Et nous l’avons fait. Sans nous, le changement serait sans doute arrivé de toute façon, peut-être six mois ou un an plus tard, et qui sait si les choses ne se seraient pas passées de façon tout à fait différente. Mais c’est à nous qu’on le doit. Les adresses Internet (les www…) sur les sacs de courses, les panneaux de publicité, l’arrière des camions, au générique des films juste avant le logo du studio… c’est à nous que vous le devez. Nous avons mis l’Internet entre les mains du grand public. Nous avons démarré le moteur d’un nouveau canal de communication. Nous avons changé le monde.

Ça, c’était en 1994 et 1995. Ce que nous avons fait de 1996 à 1999 s’inscrivait dans cette continuité, surfait sur la vague que nous venions de créer.

Il dépeint ensuite le contexte de la genèse de Mozilla :

En juin 1998, Netscape connut l’une de ses périodes les plus noires – sa première série de licenciements. Ce fut comme un signal d’alarme. Netscape, l’enfant chéri de l’industrie informatique, l’entreprise à la plus forte croissance au monde, n’était pas invincible.

Plus concrètement, c’est à cette époque que nous avons compris que nous avions définitivement perdu la "guerre des navigateurs". Microsoft avait réussi à détruire ce marché. Il n’était plus possible pour personne de gagner de l’argent en vendant un navigateur. Notre premier produit, notre produit phare, fonçait droit dans le mur.

Puis l’inattendu se produisit : l’équipe dirigeante décida de libérer le code source. Je ne rabâcherai pas l’historique de la création du projet mozilla.org, mais vous comprendrez aisément que, cela s’étant produit seulement deux semaines après les licenciements, ce fut pour moi une vive lueur d’espoir. On venait de redonner un coup de fouet au projet : nos dirigeants opéraient un changement de stratégie que je ne les croyais pas capable de réitérer. Un acte de désespoir ? Peut-être, mais tout de même diablement intéressant et inattendu. C’était tellement fou que le miracle était possible. Sans me faire prier, j’ai enregistré le nom de domaine le soir-même, conçu la structure de l’organisation, écrit la première version du site Web et, avec mes co-conspirateurs, expliqué aux employés et aux cadres de Netscape, en passant d’un bureau à l’autre, comment fonctionnait le logiciel libre, et ce qu’il fallait faire pour que cela marche.

(…) Je voyais mozilla.org comme une chance de jeter un canot de sauvetage à la mer, de donner au code, sur lequel nous avions tous travaillé d’arrache-pied, une chance de vivre au-delà de la mort de Netscape, une chance d’avoir encore un rôle à jouer.

Pourtant, même cet espoir se révéla illusoire :

Pour une raison quelconque, le projet ne reçut pas l’écho attendu. Il demeura un projet Netscape. Certes, cela restait un changement positif. Cela signifiait que Netscape avait développé ce projet sans se cacher, à la vue de tous, et on lui renvoyait de partout des retours aussi nombreux que constructifs. Grâce à eux, Netscape prenait de meilleures décisions.

Mais cela ne fut pas suffisant.

En fait, les contributeurs du projet Mozilla ayant inclus une centaine de développeurs Netscape à plein temps, et environ une trentaine d’intervenant extérieurs à temps partiel, le projet restait l’entière propriété de Netscape, car seuls ceux qui écrivent le code contrôlent véritablement le projet.

Telle était la situation au bout d’un an. Et nous n’avions toujours pas lancé de version bêta.

Sa conclusion donne une précieuse leçon que beaucoup n’ont toujours pas retenue :

Ma plus grande peur, qui explique en partie pourquoi je me suis accroché autant que j’ai pu, c’est que les gens vont considérer les échecs de mozilla.org comme emblématiques de l’Open Source en général. Je peux vous assurer que, quels que soient les problèmes que rencontre le projet Mozilla, ce n’est pas parce que l’Open Source ne fonctionne pas. L’Open Source fonctionne, mais n’est certainement pas une panacée. S’il y a une morale à cette histoire c’est que l’on ne peut prendre un projet moribond, le toucher avec la baguette magique de l’Open Source, et attendre que la magie opère. Le logiciel, c’est quelque chose de complexe. Il n’est pas si facile que cela de résoudre les problèmes.

On pense encore naïvement que saupoudrer les projets morts ou à l’agonie avec la poudre magique de l’Open Source les fera revenir à la vie. Trop souvent, libérer le code est le dernier refuge des désespérés. Et pourtant, en dépit de ce fait décourageant, l’incontestable succès que connut finalement Mozilla montre aujourd’hui, sept ans plus tard, que la méthode de développement Open Source peut fonctionner, prendre le dessus sur des acteurs historiques propriétaires et l’emporter. Plus important peut-être, cela démontre que même s’ils semblent bien mal engagés à leurs débuts, les projets de logiciels libres peuvent survivre et amener assez de gens déterminés à faire tout leur possible pour qu’ils aboutissent.

Suivez-moi sur Twitter : @glynmoody ou identi.ca.

Notes

[1] Crédit photo : Nicubunu (Creative Commons By-Sa)