La démocratie 2.0 à l’œuvre en France pour défendre la neutralité du réseau

Codice Internet - cc-by-saSujet récurrent depuis maintenant de nombreuses années, la Neutralité du Net, principe pourtant fondateur de l’Internet, est de plus en plus menacée. En France, plusieurs lois récentes l’attaquent, comme la Hadopi, la Loppsi ou l’Arjel. Mais c’est le cas partout en Europe, comme au Royaume Uni, en Allemagne ou en Italie. Et finalement, le reste du monde n’est pas non plus dans une ère favorable aux libertés comme on le constate en Australie ou en Nouvelle-Zélande, ainsi que dans beaucoup d’autres démocraties et de non-démocraties. La Neutralité du Net n’existe tout simplement plus en Chine ou en Iran ainsi que dans d’autres pays qui tentent ouvertement de contrôler l’opinion publique.

Les enjeux de cette Neutralité sont considérables, tant sur un plan économique, que politique et culturel. C’est l’existence même du réseau qui est en cause, car la Neutralité du Net c’est la prévention des discriminations à l’égard de la source, de la destination et du contenu de l’information transmise via le réseau.

Préserver cette situation de non-privilèges dans les télé-communications pourrait être naturel pour tous, mais ça ne l’est apparemment pas pour les fournisseurs d’accès à Internet, quand bien même la loi française définit la neutralité des réseaux de communication de manière claire et sans équivoque :

Article L32-1 du Code des Postes et communications électroniques :
II.-Dans le cadre de leurs attributions respectives, le ministre chargé des communications électroniques et l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (note: ARCEP) […] veillent :
« 5° Au respect par les opérateurs de communications électroniquesdu secret des correspondances et du principe de neutralité au regard du contenu des messages transmis, ainsi que de la protection des données à caractère personnel; »
« 13° Au respect de la plus grande neutralité possible, d’un point de vue technologique, des mesures qu’ils prennent […] »

C’est cette liberté de transmission qui met tous les utilisateurs d’Internet sur un pied d’égalité, qui donne la même chance à tout le monde (qu’on soit une multinationale ou un artisan local) et qui permet à tous de recevoir et de distribuer l’information de son choix, et ce, quelques soient ses ressources financières ou son statut. C’est grâce à cette « neutralité » que de petites entreprises peuvent se faire connaître sur la toile et que les petits projets libres peuvent se développer. C’est comme ça que sont apparus Microsoft (un lecteur nous indique en commentaire que l’ancienneté de Microsoft, créé 1975, dessert l’argument, lisons donc « eBay » à la place), Google, ou Facebook… Et maintenant, des projets prometteurs voient le jour tels que Seeks, Diaspora ou Movim et peuvent se développer sans se faire phagocyter voire interdire par leurs « aînés » devenus d’influentes puissances commerciales.

Pourtant, aujourd’hui de nombreux opérateurs de télécommunications (Orange, Comcast, SFR, Free…) mais aussi des gouvernements souhaitent remettre en cause cette neutralité dans le but de monopoliser, ou de censurer les différents flux d’information, les protocoles, les sites, les blogs, nos paroles.

On peut parler entre autres de l’affaire Free / Dailymotion, de la polémique que le filtrage du Port 25 (SMTP) par Orange a suscité, de la loi LOPPSI ou de la loi sur les jeux en lignes (ARJEL) et de son obligation de filtrage alors qu’il a été démontré, plusieurs fois, que ce filtrage est impossible et peut avoir des effets collatéraux dangereux et simplement sans précédents. Autant de « petits » détails qui nous rappellent que la liberté d’expression, rendue possible par le numérique [1], est menacée et que la liste des dérives s’allonge.

Les gouvernements eux, cherchent à mettre en place des techniques de filtrage du réseau, bridant notre liberté d’expression (Hadopi en France), ou dans le but d’avoir la mainmise sur les organes de presses (Berlusconi en Italie), pour empêcher les manifestants de se concerter (Iran), ou filtrer des sites prétenduement « pédophiles » (Australie)…

C’est dans ce contexte qu’une loi sur la Neutralité du Net vient d’être proposées en France pour la fin de l’année. Et elle est bienvenue car la lecture du rapport « La neutralité de l’Internet. Un atout pour le développement de l’économie numérique » de la secrétaire d’État chargée de la Prospective et du Développement de l’économie numérique Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP), fait froid dans le dos, comme le disait récemment Benjamin Bayart sur Écrans.fr : « Dans ce rapport, ce qui saute aux yeux, c’est l’incompétence ». Et en effet, de l’incompétence on en trouve dans ce rapport mais pas seulement, on trouve également des traces de lobbyisme de vendeurs de contenus ayant racheté un FAI, ou de FAI ayant acheté du contenu à vendre

C’est un autre personnage politique donc, le député Christian Paul (PS), qui a mis en ligne sur son blog une ébauche de proposition de loi consacrant la Neutralité du Net.

Pour compléter cette ébauche, il invite les citoyens à commenter et améliorer le texte en-ligne grâce à un outil libre : co-ment. Et il a également rédigé une tribune ré-affirmant l’importance de la Neutralité du Net en guise d’introduction à son projet de loi. C’est cette tribune, publiée conjointement sur Numérama et sur son blog (sous licence libre) que nous vous invitons à lire ci-dessous.

Il est primordial de réaliser l’importance de la Neutralité du Net et d’établir des règles pour la pérenniser. Cette loi ne doit pas être faite dans l’intérêt privé de certains groupes industriels, mais pour et par les citoyens. La France pourrait, sur ce sujet, retrouver ses Lumières et montrer la voie à suivre…

Merci à Skhaen pour la rédaction originale de cette introduction.

Proposition de loi visant à affirmer le principe de neutralité de l’internet, et son contenu

Christian Paul – 16 août 2010 – Numerama

I had a dream… J’ai fait un rêve, ou plutôt un cauchemar. Je me réveillais en 2030, buvais une tasse de café noir, puis allumais mon ordinateur, et me voyais soudain interdire l’accès à l’Internet. Mes dernières déclarations sur les pratiques abusives des géants de l’Internet n’y étaient certainement pas pour rien. Ou, du moins, quelques propos sur le « filtrage de bordure », directement intégré à ma « box » sous prétexte de lutte contre les contenus illicites, avec un « moteur de contrôle » jugeant automatiquement de la légalité de mes faits et gestes. Le service où je publiais jusqu’ici régulièrement des tribunes (lointain successeur de Médiapart, de Rue 89 ou de Numérama !), où j’avais accès à une information que l’on ne trouvait plus forcément dans les médias traditionnels, venait de fermer, après une longue descente aux enfers au gré de la généralisation des accords de priorisation de certains services et contenus. Un de mes principaux canaux d’expression avait disparu.

Ces derniers temps, ma « box » Internet me conseillait fermement (m’imposait même parfois) plusieurs heures par jour le visionnage de programmes choisis par mon opérateur. J’étais certes informé de cette limitation, mais que faire alors que tous les opérateurs se comportaient à l’identique et que le contournement de ce dispositif de contrôle était passible de prison ? J’avais eu par ailleurs à changer ces dernières années plusieurs fois d’équipement, au gré des accords exclusifs entre mon FAI avec le constructeur ou l’éditeur le plus offrant. Mes plaintes contre cette censure et cette vente forcée avaient été classées sans suite par le procureur compétent du tribunal de Nevers.

Je me souvenais alors qu’il y a plus de 20 ans, l’irruption de l’Internet portait la promesse d’une croissance durable de la diversité, de nouvelles médiations, d’un plus grand accès à l’information et à la culture et d’une amélioration du droit réel à l’initiative économique pour le plus grand nombre.

Mais depuis son ouverture au grand public au milieu des années 90, les coups de canifs à la liberté et l’égalité des utilisateurs du « réseau des réseaux » s’étaient multipliés. Les réseaux « de pair à pair » avaient été combattus en tant que tel, alors qu’ils ne sont pourtant que de simples outils dont seuls certains usages sont répréhensibles. Le choix de l’appareil de raccordement au réseau, la « box », avait progressivement été imposé aux particuliers par tous les opérateurs. Les services « exclusifs » s’étaient généralisés, après une période transitoire où ils étaient seulement plus prioritaires que les autres.

Retour à 2010, au cœur de l’été. Pourquoi faut-il s’inquiéter ? Le cadre juridique garantissant nos libertés a considérablement évolué [2], et les dernières années ont donné le signal de la régression. Mais aujourd’hui, le socle même de ces libertés est en jeu, du fait de l’évolution du cadre technique que préfigurent les débats actuels. Comme le dit Lawrence Lessig, « Code is Law », « le logiciel et le matériel font du cyberespace ce qu’il est » [3]. Pour autant, la menace n’est pas que technique. Jiwa, sur lequel j’aimais écouter de la musique, n’est pas aujourd’hui en liquidation du fait d’une censure généralisée du net ou de mutations du réseau, mais à cause du maintien d’un modèle inadapté de négociation de gré à gré des droits. Il produit des effets également très négatifs, et la responsabilité du gouvernement qui tarde à agir, écrasante.

Le débat sur la « neutralité du net », qui a cours en France ou aux Etats-Unis depuis des mois, doit être l’occasion de réaffirmer les principes d’ouverture et de liberté auxquels nous sommes attachés. À la laïcité garantissant la liberté de conscience et le libre exercice des cultes doit correspondre dans l’espace numérique une « laïcité informationnelle » garantissant nos libertés de choix, d’initiative et d’expression.

Qu’on ne s’y trompe pas ! Notre amour de la liberté nous conduit non pas au laisser-faire, mais au choix d’une « bonne » régulation. La transparence et l’information sur les pratiques des opérateurs ne suffisent à l’évidence pas. Les pouvoirs publics doivent prendre leurs responsabilités et garantir de nouveaux droits à tous les internautes. Nous n’accepterions pas que tel ou tel opérateur de réseau autoroutier n’accueille plus que les automobiles d’une certaine marque. De même, nous n’accepterions pas que les fournisseurs d’énergie électrique nous imposent le choix d’un panneau de raccordement ou de la marque de notre machine à laver. Il doit en être de même dans le monde numérique. Un accès à l’Internet n’est, au niveau le plus simple, qu’un ensemble de signaux électriques convoyés par notre fournisseur d’accès. Le choix de notre appareil de raccordement doit être libre, pour peu que les normes en vigueur ou à inventer rapidement soient respectées. Sous réserve du paiement permettant de disposer d’une puissance suffisante, chacun est également libre de faire fonctionner simultanément autant d’appareils électriques qu’il le souhaite. Il doit en être de même pour le numérique. Les règles de circulation des signaux numériques en notre domicile doivent relever de notre seul choix.

Choisissons un combat juste. Il ne s’agit pas ici de défendre le tout gratuit. Il est logique que celui qui consomme plus de ressources, par exemple en visualisant continuellement des vidéos en haute définition, ait à payer plus cher que celui qui envoie et reçoit quelques courriers électroniques par jour. Il s’agit par contre de s’assurer que l’utilisation du réseau restera libre et non faussée, tant en émission qu’en réception.

C’est pourquoi je transmets ces jours-ci à Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l’Assemblée nationale le texte d’une proposition de loi affirmant le principe de neutralité de l’internet, et son contenu. Son article 1er est sans ambiguïté : « Le principe de neutralité doit être respecté par toute action ou décision ayant un impact sur l’organisation, la mise à disposition, l’usage commercial ou privé des réseaux numériques. Ce principe s’entend comme l’interdiction de discriminations liées aux contenus, aux tarifications, aux émetteurs ou aux destinataires des échanges numériques de données. »

Vous en lirez le texte complet sur mon blog. Aidez-moi à enrichir cette proposition, le principe et son contenu. C’est un nouveau combat pour la liberté du net, pour sa « bonne » régulation, pour résister à son asservissement commercial.

Vite, prenons date ! Mieux vaut prévenir, que tenter de réparer tardivement. La neutralité du net apparait, d’ores et déjà, comme un principe offensif, efficace et indispensable.

Christian PAUL, député de la Nièvre

Notes

[1] « l’imprimerie a permis au peuple de lire, Internet va lui permettre d’écrire » – Benjamin Bayart dans La bataille HADOPI 2009

[2] Avec les lois LCEN, DADVSI, la loi sur les jeux en ligne, HADOPI 1 et 2, en attendant la LOPPSI2…

[3] À lire en français sur le Framablog




Bagdad et Gaza : OpenStreetMap 1 Google Maps 0

Il y a deux mois, nous publiions un article sur le zoo de Berlin illustrant le fait qu’OpenStreetMap pouvait être plus pertinent que Google Maps dans ce cas très particulier.

Un commentaire nous signala alors qu’il en était de même pour certaines zones sensibles et de donner alors l’exemple de la ville de Bagad où la comparaison se révèle effectivement spectaculaire.

Bagdad

Sur Google Maps :

Bagdad - Google Maps - 2010

Sur OpenStreetMap (accueil du projet de cartographie de Bagdad) :

Bagdad - OpenStreetMap - 2010

Mais la bande de Gaza n’est pas en reste.

Gaza

Ici la ville de Gaza (ou Gaza City) n’existe carrément pas chez Google Maps !

Gaza - Google Maps - 2010

Chez OpenStreetMap (accueil du projet de cartographie de Gaza) :

Gaza - OpenStreetMap - 2010

But why ?

Pourquoi Google Maps se montre si peu précis ici ?

J’attends vos commentaires. La réponse est peut-être à rechercher du côté de la géopolitique américaine et des restrictions imposées à ses entreprises ?

Google a beau travailler dans les nuages, Google n’en a pas moins un pays d’origine et d’appartenance qui a ses propres règles et suit ses propres intérêts…

Règles et intérêts qui heureusement ne sont les mêmes que ceux d’un projet libre et coopératif comme OpenStreeMap !




Le logiciel libre et ses enjeux en trois minutes chrono par Frédéric Couchet

Voici une déjà vieille intervention de Frédéric Couchet, délégué général de l’April, ayant eu lieu dans le cadre des élections municipales françaises de 2008.

Mais, d’après moi, non seulement elle est toujours d’actualité (il suffit de remplacer Dadvsi par Hadopi) mais elle peut également être une intéressante source d’inspiration lorsque nous nous retrouvons en situation de tenter d’expliquer le logiciel libre à un public non averti (tout comme par exemple la citation de Stallman et le fameux extrait Canal+).

« Le logiciel libre est un logiciel qui respecte les libertés fondamentales de l’utilisateur. Il y a quatre libertés : utilisation, étude, modification et redistribution… »

Voilà qui a le mérite de la clarté. Et d’enchaîner ensuite sur le développement coopératif et l’Internet citoyen.

—> La vidéo au format webm
—> Le fichier de sous-titres

On pourra comparer la définition donnée ici du logiciel libre à celle, plus précise mais peut-être plus complexe à appréhender, du site GNU.org (celle que nous sert généralement Richard Stallman à chacune de ses conférences) :

« L’expression Logiciel libre fait référence à la liberté pour les utilisateurs d’exécuter, de copier, de distribuer, d’étudier, de modifier et d’améliorer le logiciel. Plus précisément, cela signifie que les utilisateurs ont les quatre libertés essentielles :

  • La liberté d’exécuter le programme, pour tous les usages (liberté 0).
  • La liberté d’étudier le fonctionnement du programme, et de l’adapter à vos besoins (liberté 1). Pour ceci l’accès au code source est une condition requise.
  • La liberté de redistribuer des copies, donc d’aider votre voisin, (liberté 2).
  • La liberté d’améliorer le programme et de publier vos améliorations, pour en faire profiter toute la communauté (liberté 3). Pour ceci l’accès au code source est une condition requise. »



Geektionnerd : bye bye Google Wave

Le 4 août dernier, une dépêche AFP tombait sur nos téléscripteurs : Google met fin à Wave, un outil de collaboration en temps réel.

Histoire de nous rappeler que tout le monde peut se planter mais aussi qu’en l’absence de code source libre, le propriétaire d’une application peut en faire ce qu’il veut quand il veut sans que les utilisateurs (il y avait un peu quand même ici) aient leur mot à dire…

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Les statistiques du réseau Framasoft réactualisées au début 2010

Au mois d’octobre/novembre 2008, nous présentions ici-même les statistiques de l’ensemble du réseau Framasoft. Les voici réactualisées en janvier/février 2010 pour comparaison.

Globalement nous n’avons ni progressé ni régressé sachant cependant que nous n’avons pas pris en compte les nouveaux projets que sont par exemple Framalang, Framapack ou EnVenteLibre, qui drainent eux aussi leur petit lot de visiteurs. Ainsi sur une période d’un mois on dénombre 816.000 visiteurs, 1.132.000 visites et 2.726.000 pages vues (en 2008 : 807.000 visiteurs, 1.124.000 visites et 2.911.000 pages vues).

Plusieurs facteurs internes peuvent expliquer cette relative stagnation. Mais il est possible que les Facebook et les Twitter associés aux flux RSS aient eux aussi leur influence (ce qui pourrait expliquer que le Framablog se retrouve lui dans une bonne dynamique).

Du côté des OS, Linux et Mac ont pris en un peu plus d’un an quelques points à Windows, mais cela reste bien (trop) faible. Quant aux navigateurs, IE poursuit sa chute annoncée (mais plus lentement que prévu/souhaité) et Firefox a très légèrement baissé au profit de Chrome (comme nous avons eu l’occasion de le remarquer dans ce billet polémique).

Statistiques Framasoft entre le 11 janvier et le 10 février 2010

  • Framasoft
    • visiteurs/mois : 560 000
    • visites/mois : 717 000
    • pages vues/mois : 1 831 000
    • Les 3 premiers OS : Windows 81%, Linux 11%, Mac 7%
    • Les 3 premiers navigateurs : Firefox 57%, IE 29%, Chrome 6%
  • Framakey
    • visiteurs/mois : 106 000
    • visites/mois : 224 000
    • pages vues/mois : 563 000
    • Les 3 premiers OS : Windows 95%, Linux 4%, Mac 1%
    • Les 3 premiers navigateurs : Firefox 82%, IE 11%, Chrome 2%
  • Framabook
    • visiteurs/mois : 24 000
    • visites/mois : 28 000
    • pages vues/mois : 52 000
    • Les 3 premiers OS : Windows 66%, Linux 30%, Mac 4%
    • Les 3 premiers navigateurs : Firefox 68%, IE 18%, Chrome 6%
  • Framablog
    • visiteurs/mois : 53 000
    • visites/mois : 78 000
    • pages vues/mois : 122 000
    • Les 3 premiers OS : Windows 58%, Linux 33%, Mac 8%
    • Les 3 premiers navigateurs : Firefox 66%, IE 14%, Chrome 7%
  • Framagora
    • visiteurs/mois : 73 000
    • visites/mois : 85 000
    • pages vues/mois : 158 000
    • Les 3 premiers OS : Windows 73%, Linux 22%, Mac 5%
    • Les 3 premiers navigateurs : Firefox 63%, IE 23%, Chrome 6%



Pourquoi faut-il se mobiliser pour le logiciel libre ? La réponse de Richard Stallman

La Tribu FM - CC by-saEn 2006, et en pleine tourmente DRM et DADVSI, Richard Stallman était interviewé par les Ecrans, qui n’était alors qu’un simple blog du site de Libération[1].

« Pourquoi faut-il, d’après vous, se mobiliser pour le logiciel libre ? », lui demanda alors la journaliste.

Et voici sa réponse plus que jamais d’actualité et qui peut vous être d’un grand secours pour expliquer à vos proches pourquoi vous vous intéressez tant au logiciel libre et ses enjeux.

« Toutes les libertés dépendent de la liberté informatique, elle n’est pas plus importante que les autres libertés fondamentales mais, au fur et à mesure que les pratiques de la vie basculent sur l’ordinateur, on en aura besoin pour maintenir les autres libertés. Profitant de la faiblesse de la démocratie contemporaine, les grandes entreprises sont en train de prendre le contrôle de l’État, ce sont elles qui contrôlent les lois, pas les citoyens. »

Mais ce qui m’intéresse tout autant, c’est votre propre réponse ci-dessous 😉

Notes

[1] Crédit photo : La Tribu FM (Creative Commons By-Sa)




Quand le cloud computing bouleverse l’équilibre entre le matériel et le logiciel

Leonardo Rizzi - CC by-saUn court billet pour évoquer la relation entre le software et le hardware, entre le logiciel et le matériel, à l’ère où le (mal nommé) cloud computing – ou informatique dans les nuages – bouscule les habitudes et pose de nombreuses questions en particulier à ladite communauté du Libre.

Nous avons peut-être tendance à l’oublier mais cette relation ne va pas de soi, a évolué avec le temps et a de nombreuses conséquences selon que l’un prend le pas sur l’autre.

Nous achetons un ordinateur et avec plus ou moins de bonheur nous y mettons un peu, beaucoup, passionnément du logiciel libre dedans. Mais sans toujours nous rendre compte nous modifions alors le vieil équilibre entre le software et le hardware. Jusqu’à atteindre son paroxysme avec le cloud computing où l’on veut nous faire croire que cela se passe dans les nuages alors qu’il n’en est rien puisque tout est très concrètement centralisé dans des énormes (et peu écologiques) datacenters dont nous ignorons généralement tout et qui paradoxalement redonnent la main au matériel et à ceux qui les construisent[1].

Le cloud computing représente-t-il une menace pour le logiciel libre ?

Is cloud computing a threat to open source?

John Spencer – 14 avril 2009 – ComputerWorld.uk
(Traduction Framalang : Don Rico, Poupoul2 et Olivier)

Allons-nous nous libérer d’une prison logicielle pour mieux nous jeter dans celle des fabricants de matériel ?

La disparition annoncée du logiciel propriétaire laisse un vide qui va être comblé… et il se pourrait bien que nous n’aimions pas ça.

Le PC arrive sur nos bureaux

Quand j’étais à la fac, le PC – l’ordinateur personnel – n’existait pas encore. Nous achetions du temps machine (très cher) sur l’ordinateur central (NdT : mainframe) ; l’un de mes amis a ainsi gagné des sommes conséquentes en vendant du temps machine à des entreprises qui en avaient besoin.

Après mes études, alors que je travaillais pour une multinationale, nous avons vu arriver nos premiers PC, et, je ne vous mens pas, mon supérieur a apporté le sien au bureau pour utiliser SuperCalc (ce qui lui a valu d’ailleurs une méga promotion).

Les administrateurs informatiques ont vu l’arrivée du PC d’un très mauvais œil. Ils aimaient trop leurs terminaux avec leur applis tout sauf sexy ; ils avaient le pouvoir parce qu’eux seuls avaient la main le serveur. Ce qu’ils voulaient, c’était le contrôle, et ce satané PC apportait bien trop de liberté.

Arrive le réseau… et avec lui une perte de liberté

La révolution du PC a produit une explosion de créativité et des libertés, mais très vite ces libertés se sont effritées. Première étape : la mise en réseau. Le prix à payer pour accéder à une zone de partage de fichiers et pouvoir ainsi utiliser n’importe quel PC de l’entreprise en voyant toujours le même bureau a été… d’adhérer au terrible « Domaine ». Ajoutez aux restrictions du Domaine, les coûts de plus en plus exorbitants des logiciels propriétaires, et soudain la révolution du PC prenait du plomb dans l’aile.

Demandez donc à ceux qui travaillent dans les réseaux d’entreprise s’ils se sentent libres.

La deuxième vague de liberté arrive

La deuxième vague de liberté est arrivé groupée. Le World Wide Web et Linux ont émergé plus ou moins au même moment. On n’insistera jamais assez sur l’effet libérateur qu’a provoqué l’accès ouvert au Web et à des logiciels libres et open source. D’un seul coup, le logiciel propriétaire et la poigne de fer du réseau ne signifiaient plus rien. Une fois de plus, on a connu une explosion de créativité et de libertés, et qui se poursuit encore actuellement à une très forte cadence.

Aujourd’hui, je possède mon propre matériel (et pas qu’un peu), personne, que ce soit un particulier ou une entreprise, n’a le contrôle de mes logiciels, et je dispose du Web comme extraordinaire terrain de jeu. Nous vivons une ère de liberté sans précédent. Merci à vous, les gars – merci Tim B-L, merci Linus T, merci Richard S.

Je crois que cette liberté est menacée.

Ce que je crains, c’est qu’Internet soit absorbé par les serveurs des « nuages » (comme ils disent), et qu’il finisse sous le contrôle des fabricants de matériel informatique.

Le Manifeste pour l’informatique dématérialisée ouvert était bizarre (NdT : The Cloud Computing Manifesto). Parmi les signataires, on trouve Cisco, AT&T, IBM et Sun, qui produisent une sacrée part du matériel sur lequel repose l’informatique dans les « Nuages ». Rien d’étonnant alors qu’ils soient partants. Red Hat et SAP sont partantes aussi, mais pourquoi ? SAP perd ses employés comme des pellicules et Red Hat voudrait bien s’asseoir à la table des grands en tant que mini Microsoft, mais qu’est-ce qui attire ces petits joueurs ? Ce n’est pas très clair.

Ce que je sais avec certitude, c’est que, comme on pouvait s’y attendre, deux des signataires, à savoir les puissants Microsoft (MS par la suite) et Google, ont annoncé qu’ils n’étaient guère satisfaits du peu de transparence avec laquelle en coulisses on concoctait ce manifeste (le monde à l’envers, n’est-ce pas ?). Résultat : ils se sont retirés, et l’ont bien fait savoir.

C’est sans doute très significatif, et malgré l’absence de faits concrets, cela corrobore quelques conjectures.

Harware contre Software

Il est important de rappeler que le logiciel n’existe pas dans un nuage mais sur des ordinateurs. L’information n’est pas diffusée par l’action du Saint-Esprit, mais acheminée par des câbles et des commutateurs.

MS a fait fortune quand IBM a collé leur système d’exploitation sur son premier PC ; sans le hardware ce dernier n’avait aucune valeur, et vice versa. Apple n’existerait pas non plus aujourd’hui s’ils n’avaient pas associé ses logiciels à ses matériels.

MS et Apple sont à l’évidence des éditeurs de logiciels propriétaires, logiciels qui, prétendent-ils, possèdent une forte valeur intrinsèque qu’ils facturent au prix que l’on sait. Ainsi donc MS a fonctionné de façon symbiotique avec Intel et il en a été de même avec Apple et ses processeurs IBM. Pendant des années ces deux entités ont dominé le monde main dans la main.

Là où je veux en venir, c’est que hardware et software étaient liés dans une même chaîne de valeur. L’un ne prédominait pas sur l’autre. Pour Google, en revanche, c’est différent. Google est un gigantesque fournisseur de services d’information qui repose sur des logiciels libres et open source. Dans leur cas, la relation hardware/software n’est plus la même.

Le logiciel libre et open source casse la relation entre hardware et software

Sans logiciel, le matériel n’est bien sûr d’aucune utilité (même si à l’époque où j’ai acheté mon premier ZX81 je pensais simplement qu’on était censé programmer soi-même son logiciel). À présent, en revanche, avec la révolution du logiciel libre, la disponibilité du logiciel n’est plus un problème, ni en termes de coût, ni en termes de quantité. Ces logiciels sont là, on n’a qu’à se servir dans tous ces super trucs qui ne demandent qu’à être utilisés.

Mais voyez-vous les problèmes que cela soulève ?

Avec le logiciel libre et open source ne redonne-t-on pas le contrôle aux fabricants de hardware ? Les associations software/hardware ont été dissoutes… pour le meilleur ou pour le pire.

Suivra une nouvelle ère, je pense, où le vieux statu quo se rétablira. Une ère où de nouveau nous achèterons du temps sur les serveurs pour faire ce dont nous avons besoin… au prix fixé par les fournisseurs !

Je ne me souviens que trop bien de l’époque des infrastructures centralisées contrôlées par des services informatiques guidés par le totalitarisme le plus complet. Une époque aussi où le software avait beaucoup moins de valeur que le hardware (et encore, quand il y avait du software) et que tout le hardware était estampillé IBM. Je n’aimerais vraiment pas connaître de nouveau une telle époque.

La révolution du logiciel libre n’aura servi à rien si une forme d’informatique centralisée et basée sur le hardware fait main basse sur notre liberté.

Notes

[1] Crédit photo : Leonardo Rizzi (Creative Commons By-Sa)




Associations 1901, humanitaires, ONG… Windows ne doit plus passer par vous !

Hqhuyanh - CC byVoici une veille traduction que l’on ressort du placard à la faveur de l’été et du rattrapage du travail en retard 😉

Elle évoque la campagne des « 7 péchés de Windows » menée par la Free Software Foundation au moment de la sortie de Windows 7, campagne que nous avions traduite en partenariat avec l’April.

Mais elle se concentre ici sur les organisations à but non lucratif que sont les ONG et les associations (de type 1901 chez nous en France).

Parce que, tout comme le monde de l’éducation, il est en en effet plus que malheureux de constater que ces structures utilisent encore massivement les logiciels Microsoft, quitte à se placer en contradiction avec les valeurs qu’elles souhaitent véhiculer[1]. Certes des progrès ont été accomplis ces dernières années mais il reste encore beaucoup à faire…

Parce que c’est aussi et surtout pour vous que le Libre existe et se décarcasse !

Se libérer de la dépendance aux logiciels privateurs : un appel aux organisations à but non lucratif pour refuser Microsoft Window 7

Breaking the dependency on proprietary software: A call to nonprofits to refuse Microsoft Windows 7

Peter Brown – 14 avril 2009 – FSF.org
(Traduction Framalang : Cheval boiteux, Burbumpa et Don Rico)

« Engloutir du temps et de l’argent dans les logiciels privateurs est en contradiction avec les valeurs fondamentales que sont la liberté et le progrès. »

La Free Software Foundation (FSF) a lancé à l’automne 2009 l’étape suivante de sa campagne « Windows 7 Sins » (NdT : Les 7 péchés de Windows 7) sur http://fr.windows7sins.org/, où elle s’attaque à Microsoft et au logiciel privateur en écrivant aux 500 directeurs des organisations non-gouvernementales (ONG) les plus influentes dans le monde, en leur demandant de passer à l’utilisation de logiciels libres et de contribuer à répandre largement l’idée que la liberté de choix des utilisateurs a une importance éthique.

Cette lettre alerte les « décideurs Window 7 » sur « l’absence de respect de la vie privée, de la liberté et de la sécurité » qu’ils risquent d’affronter en adoptant Windows 7. Elle défend l’idée qu’ils feraient mieux d’adopter des logiciels libres, en ciblant sept domaines majeurs dans lesquels un logiciel propriétaire comme Windows 7 est néfaste à la société : invasion de la vie privée, empoisonnement de l’éducation, verrouillage, blocage des standards, comportement monopolistique, soutien des DRM et menaces pour la sécurité des utilisateurs.

Le directeur exécutif de la FSF a déclaré : « La dépendance des organisations œuvrant au changement et au progrès social envers les logiciels détenus et contrôlés exclusivement par Microsoft mène la société vers une ère de restrictions numériques, menaçant et limitant nos libertés. À l’opposé, le logiciel libre est du côté de la liberté et de la gratuité, développé pour donner la possibilité d’étudier et de modifier le logiciel selon ses propres besoins. Aujourd’hui, nous demandons aux responsables du secteur humanitaire et associatif de migrer vers le système d’exploitation libre GNU/Linux pour tous leurs ordinateurs comme pour les besoins de leur infrastructure informatique.

Le système d’exploitation GNU/Linux est accessible sans restriction, facile à utiliser, pris en charge par de nombreux fabricants et par un communauté mondiale. Les distributions GNU/Linux sont livrées avec des centaines d’applications sous licence libre, incluant une suite logicielle complète de comptabilité et de collecte de fonds convenant aux associations.

« Les œuvres de bienfaisance, les ONG, et autres organisations à but non lucratif qui ont choisi le logiciel privateur sont engagés dans une mauvaise politique publique", précise Matt Lee, responsable des campagnes de la FSF. « Le plus souvent à cause de la désinformation ou à cause de leur incapacité à voir que leurs choix technologiques sont en lien avec leurs missions sociales. Nous espérons attirer l’attention de ces responsables sur la contribution positive qu’ils peuvent faire à la société en choisissant de basculer leurs organisations vers les logiciels libres. J’espère que ces groupes auront une politique publique d’engagement en faveur de la liberté et rejoindront la liste grandissante des organisations qui ont compris qu’engloutir temps et argent dans le logiciel propriétaire est incompatible avec les valeurs fondamentales de liberté et de progrès ».

Plus d’informations sur cette campagne, incluant le texte de la lettre et la liste de diffusion pour fournir aux abonnés une mise à jour des informations ainsi que des alertes concernant les actions de la FSF sont disponibles en ligne : http://fr.windows7sins.org.

Notes

[1] Crédit photo : Hqhuyanh (Creative Commons By)