Pourquoi le gouvernement du Québec ne s’ouvre pas davantage aux logiciels libres ?

Telle est en résumé la question posée le 26 avril dernier par Marie Malavoy, députée de Taillon pour le Parti Québécois, lors d’un échange public à la Commission des finances du Québec.

Cet échange est exemplaire et révélateur.

Exemplaire parce qu’il interpelle un gouvernement sur sa timidité vis-à-vis du logiciel libre. Et révélateur parce que les réponses données demeurent prudentes pour ne pas dire confuses voire embarrassées.

Mais ce passage est également à situer dans le contexte particulièrement tendu d’un procès local dénonçant la décision d’accorder sans appel d’offres un contrat public de 722 848 $ à Microsoft Canada pour une migration à Windows Vista. Nous l’avions évoqué dans un précédent billet.

Pour en savoir plus nous vous invitons à vous rendre sur le site de l’association FACIL dont nous profitons de l’occasion pour témoigner de notre soutien.

PS : Il est fait allusion, en fin d’intervention, à un remboursement de frais exorbitant demandé à FACIL dans le cadre d’une autre procédure (mais dont la coïncidence est plus que troublante). Nous savons désormais que l’association n’aura pas à payer cette somme indigente qui menaçait son existence même.

—> La vidéo au format webm

Transcription

URL d’origine du document (extrait)

Mme Malavoy : Merci, M. le Président et bonjour. Moi, j’aimerais aborder, Mme la ministre, une question très précise. Je… J’entends la ministre parler des appels d’offres, j’entends la ministre parler d’une concurrence qui existerait malgré tout. Je l’entends, bien entendu, parler de l’impérieuse nécessité de réduire les coûts de tous nos systèmes d’exploitation. Mais il y a une chose dont elle ne parle pas, absolument pas, c’est d’ouvrir ces appels d’offres aux logiciels libres.

Et j’aimerais aborder cette question-là, cet après-midi. J’aimerais l’aborder d’abord parce que dans beaucoup de pays du monde, on a pris le virage des logiciels libres. On leur a permis de, non seulement, faire des soumissions, mais on leur a permis aussi de gagner un certain nombre de systèmes d’exploitation, et il s’agit de logiciels qui sont plus souples, plus efficaces, qui permettent de faire des choses qu’aucun logiciel propriétaire ne permet de…

Mme Malavoy : …mais on leur a permis aussi de gagner un certain nombre de systèmes d’exploitation, et il s’agit de logiciels qui sont plus souples, plus efficaces, qui permettent de faire des choses qu’aucun logiciel propriétaire ne permet de faire, ils sont mois coûteux pour les contribuables, et, à l’heure où on cherche désespérément de l’argent, j’aimerais comprendre pourquoi le gouvernement du Québec ne fait pas un virage important pour s’ouvrir aux logiciels libres.

Le Président (M. Bernier) : Merci, Mme la députée. Mme la ministre.

Mme Gagnon-Tremblay : Alors, M. le Président, comme mon expertise n’est pas tellement poussée dans la matière, et j’aimerais que la députée ait véritablement la bonne réponse, si vous le permettez, je demanderais au secrétaire associé, M. Parenteau, si vous le souhaitez, de répondre à la députée pour lui donner la meilleure réponse possible.

Le Président (M. Bernier) : Est-ce qu’il y a consentement du côté de l’opposition officielle? Consentement. Allez-y, M. Parenteau, on vous écoute. La parole est à vous.

M. Parenteau (Alain) : Alors, bonjour aux membres de la commission. Écoutez, sur le plan de l’application ou de l’existence des logiciels libres, il y a déjà à des… c’est peut-être pas à une immense envergure, j’en conviens, mais le logiciel libre, au gouvernement du Québec, ça existe: le CSPQ, le MDEIE, le ministère des Services gouvernementaux, le MDEIE, c’est le ministère du Développement économique, là, bon, ont déjà pris en charge des logiciels libres au sein de l’organisation pour des applications peut-être un peu plus locales, mais ça existe.

L’autre défi auquel on est confrontés, puis il faut bien l’admettre, pour des grosses infrastructures, par exemple, si on parle des logiciels propriétaires, on parle des Microsoft et compagnie, quand arrive le temps de faire des changements au niveau des processus informatiques, il y a un… il faut prendre en considération les dimensions du coût d’impact que ça peut avoir que de transformer l’ensemble des… ce n’est pas juste une question de logiciel, il y a toute la mutation et les coûts d’impact que ça va avoir pour faire cette mutation-là.

Le défi auquel on est confrontés actuellement, et sur lequel on travaille, je ne vous dis pas qu’on ne travaille pas, au contraire, on travaille très fort pour essayer de déterminer comment on peut mettre en concurrence justement des entreprises qui favorisent les logiciels libres et les logiciels propriétaires. Je vous dis juste qu’au moment où on se parle sur le plan de la mécanique contractuelle, rien ne s’oppose dans la réglementation à ce qu’on y aille, mais il y a des limitations technologiques auxquelles on est confrontés, dont notamment le fait que, dans certains cas, le besoin est de mettre à niveau certains logiciels existants. Et le gain d’aller en logiciel libre dans un contexte comme celui-là doit être évalué au cas par cas, ce n’est pas nécessairement la meilleure solution, la panacée.

Partir à zéro, puis dire qu’on va y aller… mettons qu’on part qu’une nouvelle entreprise, une nouvelle organisation, puis on repart en logiciel libre, il n’y en a pas de problème. Le problème se pose lorsque tu as déjà une infrastructure de bien établie, par exemple, je ne sais pas, moi, Microsoft de niveau Vista, puis qu’on veut upgrader, par exemple, un certain niveau de logiciel, la question de l’opportunité doit être considérée, et ça, dans ce niveau-là, il y a des coûts d’impact comme je le mentionnais tantôt.

Ce que vous voyez actuellement dans certains ministères qui décident d’aller en appel… en gré à gré, c’est justement à cause de cette difficulté à pouvoir amener la mise à niveau et de mettre en concurrence potentiellement des logiciels libres, puis dire: On fait fi de tout ce qui existe, puis on rentre du logiciel libre. Il faut voir un peu du cas par cas puis comment on peut l’amener. Mais je vous dis: Sérieusement, on travaille là-dessus. Le Président (M. Bernier): Merci, M. Parenteau. Mme la députée de Taillon.

Mme Malavoy : J’apprécie beaucoup les commentaires de M. Parenteau, mais il y a aussi une dimension politique à ma question. Et, à cette dimension-là, j’aimerais aussi que la ministre me réponde. Le problème des logiciels propriétaires, c’est qu’à chaque fois que vus voulez les mettre au niveau, vous devez tout racheter. Ça on n’a pas besoin d’être spécialiste pour comprendre ça. Vous êtes pris avec une suite Office, Microsoft Office, vous voulez la mettre à niveau, vous ne pouvez pas l’ajuster à vos besoins, vous devez la mettre de côté, en racheter une autre. Ce sont des coûts astronomiques.

L’avantage du logiciel libre, c’est qu’il a justement dans sa nature même la possibilité d’une évolution permanente en fonction de expertises qu’on a chez nous, mais en fonction des expertises qu’il y a dans le monde entier. Et je pense qu’il ne s’agit pas à ce moment-ci de regarder: Est-ce que l’on peut, cas par cas, à petite dimension, les introduire timidement? Je pense qu’il s’agit de voir si le gouvernement du Québec pourrait, comme par exemple, les 27 pays de l’OCDE, faire un virage et exprimer une volonté politique. Il y a des millions de dollars en cause dans cette aventure, et je pense qu’il est temps que le Québec prenne le tournant.

Le Président (M. Bernier) : Merci, Mme la députée. Mme la ministre.

Mme Gagnon-Tremblay : Bien, écoutez, M. le Président, c’est qu’on n’est pas en défaveur, là, d’avoir des coûts ou d’essayer d’avoir des coûts moins élevés, au contraire, on est en faveur de ça. Mais, en même temps, il faut dire que c’est des logiciels propriétaires qu’on appelle. Alors, est-ce que, demain matin, on met tout à la porte et on recommence…

Mme Gagnon-Tremblay : …des faveurs, là, de… d’avoir des coûts ou d’essayer d’avoir des coûts moins élevés. Au contraire, on est en faveur de ça. Mais en même temps, c’est… il faut dire que ça, c’est des logiciels propriétaires, qu’on appelle, alors, est-ce que demain matin on met tout à la porte et on recommence à zéro? Alors, c’est ça, là, je pense qu’il faut le faire graduellement, mais tu ne peux pas d’une journée à l’autre arriver puis dire: Bien, voici… Ça, c’est comme je vous dis, c’est des logiciels qui sont déjà la propriété. Alors donc, on ne peut pas demain matin tout balancer puis revenir. Alors, il faut le faire correctement, mais il faut le faire aussi, je dirais, régulièrement, mais ça ne peut pas… on ne peut pas tout balancer demain matin. Alors donc, nous, est-ce qu’on est en faveur? Oui, on est en faveur de… d’avoir… de… on est en faveur d’aller chercher des sommes, des… c’est-à-dire des réductions de coûts, mais il faut le faire correctement. On ne peut demain matin faire table rase et puis dire: Bien, voici, on met de côté tout ce que nous possédons actuellement et on recommence à zéro avec ce genre… ce libre… ces logiciels libres. Mais on n’est pas en défaveur, mais encore faut-il faire correctement.

Le Président (M. Bernier) : Merci. Mme la députée de Taillon.

Mme Malavoy : Bien, j’aimerais en profiter, M. le Président, pour dénoncer une situation qui me semble un peu aberrante. Je comprends donc qu’il y a, mettons, une timide volonté politique pour s’ouvrir petit à petit au logiciel libre, en même temps il y a un groupe qui s’appelle le FACIL, qui plaide sa cause depuis des années et le gouvernement du Québec actuellement le poursuit pour 107 000 $. J’essaie de comprendre comment on peut, d’un côté, croire que le logiciel libre est une voie d’avenir éventuellement, et, d’un autre côté, mettre dans la misère, parce que c’est ça qui va se passer, un groupe qui se porte à la défense de ce type d’exploitation qui est assez révolutionnaire, mais qui n’est pas unique au Québec, qui a fait ses preuves déjà dans bien des pays du monde. Et vous me permettrez de donner un seul exemple qui devrait nous toucher. L’Assemblée nationale française, après un projet pilote, est passée entièrement au logiciel libre. Alors, je me demande pourquoi au Québec on devrait être en retard par rapport à d’autres pays de la planète qui ont compris que c’est un virage essentiel.

Le Président (M. Bernier) : Merci. Mme la ministre.

Mme Gagnon-Tremblay : Bien, M. le Président, c’est qu’on… comme je le mentionnais tout à l’heure, on ne l’exclut pas, il faut le faire, je dirais, graduellement. Mais en même temps, bon, la députée de Taillon a fait mention d’une compagnie qui est actuellement devant la cour face au gouvernement, alors vous comprendrez que je vais m’abstenir de… d’élaborer sur ce sujet.




Geektionnerd : Google Chrome

En référence à notre billet : Google Chrome OS ou l’ordinateur de moins en moins personnel.

Scénario catastrophe ou réalité en marche ?

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Sortie du « Simple comme Ubuntu 10.04 LTS » – Interview des relecteurs

Simple comme Ubuntu 10.04 LTS - Didier Roche - Cover : Alexandre MoryC’est désormais une tradition : à nouvelle version d’Ubuntu, nouvelle version du framabook « Simple comme Ubuntu » – ou SCU pour les intimes – de Didier Roche, qui est peut-être l’ouvrage le plus vendu (à plusieurs milliers d’exemplaires) et diffusé (à plusieurs centaines de milliers d’exemplaires) de l’édition francophone sous licence libre.

Vous pourrez constater ci-contre que la couverture du livre chez InLibroVeritas s’est mise au diapason de la nouvelle charte graphique de ce millésime 10.04 LTS Lucid Lynx d’Ubuntu.

Le contenu a été bien entendu également mis à jour (cf le changelog complet en bas de page), mais c’est du côté de l’impression, et donc du vrai livre papier chez InLibroVeritas, que se situe l’amélioration la plus spectaculaire : les illustration sont désormais toutes en couleur. Adieu le terne noir et blanc, bonjour les copies d’écran qui claquent !

Dernière originalité. Plutôt qu’une désormais classique interview de son auteur pour annoncer l’évènement, nous avons préféré donner la parole à quelques uns des indispensables relecteurs et relectrices du livre.

Pour, une fois n’est pas coutume, mettre un peu en lumière ces travailleurs de l’ombre. Pour rappeler également que ce projet possède lui aussi une dimension collective et collaborative.

L’occasion pour moi de les remercier chaleureusement et… de m’excuser publiquement pour la grande faiblesse intellectuelle de mes questions 😉

10 questions à 6 membres de l’équipe de relecture du SCU

Question de mieux vous connaître : Bonjour à tous, pourriez-vous vous présenter en une phrase ?

rmy : Rémy (alias rmy), militant du TdCT, prof de ballon, data tracker.

hopimet : Médecin et passionné d’informatique.

Bruno : Bruno, breton, et maintenant assistant parlementaire européen.

Garburst : Barbara, bidouilleuse informatique, unixienne depuis 1989, linuxienne depuis 1996, ubuntutiste depuis 2007.

le n@nyl@nd : Le n@nyl@nd, c’est mon petit univers.

kinouchou : Kinouchou, ange utilisateur d’Ubuntu.

Question d’histoire : Comment êtes-vous tombés dans la marmite de la relecture du SCU ?

rmy : J’ai commencé à crayonner une version que j’avais achetée pour ma femme à Nantes l’an dernier. Je n’ai pas envoyé mes remarques en me disant qu’une nouvelle version allait sortir. Quand kinouchou a relayé sur le forum l’appel aux taupes de l’ombre, je me suis dit : « tiens on va pouvoir balancer grave », et puis à force d’aider des plus ou moins débutants sur le forum, quoi de plus logique que d’aider celui écrit pour eux. Contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est absolument pas par respect pour l’auteur, pour son bouquin, ni même par sympathie, non…

hopimet : C’est ma première relecture. Après proposition de kinouchou du tdct.

Bruno : La lecture d’abord… J’ai découvert SCU au cours de l’été 2006 alors que ce n’était qu’un PDF qui ne devait en aucun cas dépasser les70 pages ! Pour la relecture, et bien Did avait déclaré que si on y trouvait des fautes c’est pas lui qu’il fallait taper mais SaintRaph (le correcteur de la 1ère heure)… Alors moi quand on me prend par les sentiments…

Garburst : Suite à un appel à relecteurs sur le site Framasoft fin 2007, j’ai commencé par quelques chapitres des Framabooks alors en relecture — sur SPIP, OOo et Latex — et depuis je relis le SCU tous les 6 mois. De l’acharnement, comme le dit Didier. Ou Didier le dit. Ou Dit le Didier. Ledit Didier… 😉

le n@nyl@nd : On ne peut pas dire que j’y suis tombé. En fait, j’ai participé au renouvellement des captures d’écrans et lorsque l’appel à la relecture a été lancé, je n’était pas vraiment disponible. Je n’ai fait que parcourir le livre pour voir les belles images que nous avions fournit à Didier. C’est comme ça que je me suis rendu compte d’une erreur de légende de l’une d’entre elles et je l’ai signalée. Voilà pourquoi je suis surpris mais somme toute flatté que Didier m’ait cité comme relecteur.

kinouchou : Je ne suis pas Obélix moi !

Question sérieuse : Quelles sont d’après vous les qualités d’un bon relecteur / d’une bonne relecture ?

rmy : À question sérieuse réponse sérieuzeuse : Il faut savoir lire à l’envers, par transparence, écouter le chant du papier quand on tourne les pages, lire le flat-braille, chanter le LaTeX sous la douche et compter jusqu’à 11 (chapitres). Être capable de faire tout ça les yeux fermés est un plus certain pour la candidature des relecteurs de la prochaine version.

hopimet : Respecter le sens de l’auteur mais garder un avis critique. Être attentif à la forme.

Bruno : Être insomniaque ! Sisi, vu les délais que nous impose Did, avoir du temps la nuit est indispensable !

Garburst : Il faut être tatillon sur l’orthographe et la typographie. Suivre l’auteur en restant dans la peau du lecteur qui découvre le bouquin.

le n@nyl@nd : Comme je l’ai répondu à la question précédente, je n’ai pas vraiment fait une relecture. Je ne peux donc pas répondre à cette question.

kinouchou : Savoir lire.

Question encore plus sérieuse : Qu’est-ce qui d’après vous différencie la relecture d’un ouvrage spécialisé comme le SCU d’une relecture plus classique ?

rmy : Pour relire un classique il faut savoir lire la musique en plus.

hopimet : Voir si une description technique qui semble évidente aux connaisseurs est accessible aux novices.

Bruno : Pour le savoir va falloir que j’essaie une relecture plus classique 🙂

Garburst : Je ne m’endors pas en le relisant…

le n@nyl@nd : Mais combien de fois va-t-il falloir vous dire que n’ai pas vraiment fait une relecture ?

kinouchou : Il faut comprendre les blagues de l’auteur.

Question d’exploitation : Vous faites cela bénévolement ! Mais ce n’est pas possible, on vous arnaque ! Une réaction ?

rmy : Ha bon ? Bah tant pis, maintenant c’est fait. Et puis notre grandeur d’âme étant sans borne nous recommencerions sans fin avec le plaisir de savoir que nous participerions encore et encore à l’accomplissement de la connaissance – au-delà même de la reconnaissance.

hopimet : Non, je fais ça pour la gloire.

Bruno : Ballmer l’avait bien dit que les libristes c’était tous des escrocs !

Garburst : Normal, Linux est un système d’exploitation ! À défaut de savoir bien coder, je lis très vite j’aime ça ! C’est ma petite pierre à l’édifice.

le n@nyl@nd : Votre information est erronée. Vérifiez vos sources ! Didier m’a grassement payé pour mon travail ? il va peut-être falloir que je demande à mon banquier si le chèque est bien encaissé ? et je peux maintenant vivre de mes rentes.

kinouchou : En fait la plupart des autres exploités l’ont été à cause de moi donc je ne suis pas seulement exploitée mais exploitatrice.

Question piège : Est-ce que Didier est un bon auteur ?

rmy : Oui, il préfère les – aux (), ce qui est plus français. Il devrait être introduit à l’Académie Française rien que pour ce fait.

hopimet : Sans aucun doute.

Bruno : Non !!! Car il ne tient aucun compte des remarques constructives que des correcteurs éclairés (évidemment) lui apportent !!! Cela fait des années que je lui dis de virer l’image 6.4 des plus ringardes, et rien elle est toujours là ! 😀

Garburst : Oui. et surtout très courageux de s’y remettre tous les 6 mois.

le n@nyl@nd : Évidemment qu’il est à la bonne hauteur : ce n’est pas pour rien qu’il est un « maître de l’univers » !

kinouchou : Il est obligé d’exploiter des gens pour lire son livre c’est dire combien c’est un bon auteur !

Question qu’on n’a pas le droit de répondre non : Êtes-vous sous Ubuntu ?

rmy : Oui, et alors ?

hopimet : Oui (et Debian Lenny).

Bruno : Ben j’aurais bien essayé Gentoo, mais Did n’a pas encore sorti le bouquin…

Garburst : Bien sûr ! 4 PC sous Lucid Lynx à la maison, et 2 enfants jusqu’ubuntistes.

le n@nyl@nd : Non, je préfère avoir le dessus.

kinouchou : C’est moi qui exploite Ubuntu pas le contraire, donc je ne peux pas être « sous » Ubuntu.

Question con (enfin, plus encore que les autres) : Pourquoi le lynx est-il lucide ?

rmy : Parce que la vache à lait, petit scarabée.

hopimet : Parce qu’il voit ce que l’utilisateur recherche.

Bruno : Parce qu’il sait qu’il devra bientôt laisser la place…

Garburst : Parce qu’il est clair et limpide.

le n@nyl@nd : Parce que c’est un félin et, comme tous les félidés, il a la vue perçante ; surtout la nuit.

kinouchou : C’est plus vendeur que lynx laborieux.

Question d’esthétique : Le nouveau look d’Ubuntu, ça sucks ou ça roxe ?

rmy : Y a-t-il une métaphore à caractère pornographique dans cette question ?

hopimet : C’est beau.

Bruno : Je l’aimais bien le marron moi, avec une pensée particulière pour le héron psychédélique, et l’Ibex trace de café… Ça c’était original !

Garburst : Chais pas, c’est la première chose que je change…

le n@nyl@nd : Oh, vous savez, les goûts et les couleurs…

kinouchou : C’est juste mes couleurs donc Ubuntu c’était mon idée 🙂

Question d’avenir : Jusqu’où ira le logiciel libre ?

rmy : Le logiciel libre est déjà utilisé par des gens qui ne le sont pas. Un jour il sera majoritairement utilisé sur le poste de travail des gens qui fabriquent du logiciel non libre.

hopimet : Jusqu’au bout.

Bruno : Jusqu’où on le fera aller !

Garburst : Loin, là-bas.

le n@nyl@nd : Jusqu’au cap de bonne espérance ?

kinouchou : Vers l’infini et au-delà !

Question subsidiaire (pour départager le vainqueur) : Qui de Google, Apple ou Microsoft est le plus grand méchant et pourquoi ?

rmy : Pas de haine brother.

hopimet : Apple qui censure le contenu de l’iPhone. La censure saymal.

Bruno : C’est le client qui se laisse emprisonner qui est le vrai méchant !

Garburst : Le loup, bien sûr !

le n@nyl@nd : Ils ne sont pas méchants. Ils n’ont simplement pas pris la bonne voie.

kinouchou : Ils ne le sont pas tous ?

Simple comme Ubuntu 10.04 LTS - Didier Roche - Cover : Alexandre Mory

Changelog du SCU 10.04 LTS de Didier Roche

  • Remplacement de toutes les références de l’ancienne à la nouvelle version, ainsi que le nombre d’inscrits sur le forum ubuntu-fr, comme d’hab 🙂
  • Remise à jour de la procédure d’installation
  • Remplacement des notifications par les indicateurs
  • Remplacement de la barre FUSA par le session indicateur
  • Mise à jour de la partie mise à jour nécessitant un redémarrage
  • Pitivi est maintenant installé par défaut, il a gagné sa description au chapitre 8 🙂
  • Gimp n’est plus installé par défaut
  • Suppression de la modification de grub (plus valable dans grub2), non nécessaire maintenant
  • Paufinage de termes et présentation au chapitre 2
  • Changement des étapes d’installations
  • Changement de la prise en charge des langues
  • Précisions concernant les runlevels et introduction d’une note sur upstart
  • Mise à jour de la partie sur les distributions en ajoutant les netbooks
  • Mise à jour de la fiche de l’auteur 🙂
  • Mise à jour de nautilus qui ne contient plus de bouton pour basculer le comportement de l’affichage de l’url
  • Affichage s’appelle maintenant écran
  • Nouvelle entrée micro-blogage
  • Nouvelle entrée partage de fichiers
  • Explication d’ubuntu one, accès, son rôle
  • Ajout de simpescan (installé par défaut), avec encore des explications sur xsane
  • Mis à jour de plups de 200 images, notamment grâce à la communauté ubuntu-fr. Merci à eux !
  • Suppression de Créateur de CD/DVD
  • Ajout de enventelibre.org
  • Remis à jour complet des liens et de certains modes d’installation des jeux du chapitre 9, tout frais, tout beau, tout neuf
  • Remplacement de UNR par UNE et suppression de Mobile Edition
  • Suppression de ctrl + alt + backspace
  • Quelques précisions sur l’installation
  • Driver nouveau par défaut
  • 4 bureaux par défaut
  • Des tonnes de reformulation, corrections, etc.
  • Merci aux relectures à nouveau



Compte-rendu de l’action de sensibilisation du 4 mai à la Cité des Sciences

Action de sensibilisation - 4 mai - Cités des SciencesPas moins de 50 libristes se sont déplacés ce mardi soir à l’appel de Framasoft et de l’April pour distribuer quelques 700 tracts et 100 FramaDVD aux visiteurs invités à l’inauguration officielle de l’exposition « Contrefaçon » présentée à la Cité des sciences et de l’industrie. L’opération symbolique de sensibilisation du public de l’exposition à l’existence des licences libres fut donc un véritable succès, palliant ainsi un peu plus à la censure imposée par l’INPI.

Pendant plus de deux heures, le parvis de la Cité des sciences fut animé par une joyeuse cohorte de libristes de diverses associations (VLC, Ubuntu-fr, April, Framasoft et même membres du Parti Pirate français survivant) colportant tracts et FramaDVD de visiteur en visiteur. Ces derniers se montraient pour la plupart polis, promettant dans presque tous les cas de lire le tract que nous leur tendions.

L’accueil réservé par la Cité des sciences fut lui aussi courtois, mais froid, surtout en considération des 11°C qui régnaient dehors et du vent mordant qui balayait le parvis. En effet, malgré nos diverses demandes, nous n’avons pas été autorisés à mener notre action dans le grand hall de la Cité.

Action de sensibilisation - 4 mai -  Cités des SciencesDans l’effervescence bon enfant de l’activité, deux types de tracteurs se distinguèrent : les polypes de récif et les poissons pilotes. Les premiers, fermement ancrés à leur banc de corail, captaient sans se déplacer l’attention de tout visiteur dépourvu de tract passant à proximité, le temps de lui fournir le précieux document. Les seconds, moins rapides en cas d’affluence, répétaient continuellement la même ronde, marchant au devant des visiteurs et les accompagnant sur 20 à 30 mètres jusqu’au barrage Vigipirate marquant l’entrée de la Cité, se donnant le temps d’introduire la démarche et souvent d’entamer une conversation.

Le but n’était pas de prêcher des convaincus mais de pallier au manque d’objectivité imposé par l’INPI à l’exposition. Or, avec le public de l’inauguration officielle, se déplaçant sur invitation de la Cité des sciences et donc sélectionné par ses sponsors, nous étions bien servis. Toutefois, j’ai l’exemple d’un visiteur en costume de velours vert, se définissant comme juriste et qui, une fois arrivé au barrage me demanda, l’air grave mais ravi d’avoir appris quelque chose, 4 ou 5 tracts supplémentaires pour discuter du sujet avec ses amis.

Si les personnalités encostumées se sont succédées pendant deux heures, toujours relativement surprises par l’ampleur du dispositif bénévole déployé à l’entrée, l’arrivée la plus remarquée fut celle de la présidente de la Cité des sciences et de l’industrie Claudie Haigneré, sous bonne escorte. Il ne fut pas possible d’entamer de conversation avec elle lors de son passage et elle ne donna pas suite à la requête formulée par Frédéric Couchet de nous permettre d’entrer dans le hall. Toutefois, elle se saisit volontiers du FramaDVD que je lui tendais, sans pour autant ralentir son allure.

Plus tard, parmi les premiers visiteurs à ressortir de l’exposition, certains nous affirmèrent que la présidente de la Cité des sciences parla dans son discours d’une exposition « portant à débat » comme le confirmait notre présence et notre action aux portes du lieu. L’exposition était d’ailleurs souvent jugée superficielle, ou partiale par les personnes prenant le temps de nous en parler.

En conclusion, le succès de la mobilisation, le nombre de tracts distribués et les retours des visiteurs à leur arrivée et à leur départ confirment l’utilité d’une telle opération. Richard M. Stallman peut être fier des libristes français, car à défaut de venir informer le public chaque jour à l’entrée de l’exposition comme il l’avait idéalement suggéré, la mobilisation ne faiblit pas depuis l’ouverture le 20 avril dernier. Les acteurs du web ont su réagir promptement pour sauver le texte d’Isabelle Vodjdani de son élagage, puis informer plus de personnes via Internet que n’en a accueilli l’exposition depuis son lancement.

Enfin, d’autres opérations de sensibilisation semblent se profiler sur le forum, et l’Ubuntu Party de mai arrive à grands pas…

Action de sensibilisation - 4 mai - Cités des Sciences




Google Chrome OS ou l’ordinateur de moins en moins personnel

Doug Siefken - CC byReposant sur le véloce navigateur Chrome et un noyau Linux, Chrome OS est le très original système d’exploitation de Google qui devrait voir officiellement le jour avant la fin de l’année.

Si le succès est au rendez-vous, il révolutionnera notre perception même de l’informatique et de l’ordinateur (victimes collatérales : Microsoft mais aussi le logiciel libre).

Et puisque cela ne pose aucun problème à la majorité de nos concitoyens de confier leurs données personnelles dans les nuages de Facebook[1] sans se soucier le moins du monde des termes du contrat, il en ira de même avec Google. Je lève donc l’incertitude du paragraphe précédent : le succès sera au rendez-vous et, autant s’y préparer dès maintenant, la petite révolution aura bien lieu.

Un ordinateur moins personnel

A Less Personal Computer

Simson L. Garfinkel – Mai 2010 – Technology Review
(Traduction Framalang : Olivier Rosseler)

Le futur système d’exploitation de Google sera rapide et sécurisé. Mais en retour il exploitera vos données personnelles.

Dans le jargon du Web, est dit chrome tout ce qui, dans la navigateur, encadre la page : la barre d’adresse, le bouton Précédent et les fameux marques pages. Chrome, c’est aussi le nom du navigateur lancé par Google en septembre 2008, et, loin de simplifier les choses, Chrome OS est le nom du système d’exploitation annoncé par Google en juillet 2009 et qui devrait sortir avant la fin de cette année.

La confusion des noms est tout sauf fortuite. Elle reflète l’ambition de Google de créer un système d’exploitation fondu dans le navigateur. Adieu fichiers, répertoires et programmes. Chrome OS permettra à Google de mettre son infrastructure dans les nuages, des services et des applications en ligne hébergés sur leurs fermes de serveurs, au cœur de quasiment toutes vos activités. En quelques années, Chrome OS pourrait devenir l’environnement le plus simple, le plus rapide et le plus sûr pour l’informatique personnelle. Mais tout n’est pas rose : il fera de Google le dépositaire de toutes vos informations personnelles. C’est la possibilité pour Google d’exploiter encore un peu plus vos données pour rendre plus lucrative encore sa vente de publicité.

Chrome OS représente un virage important dans notre manière de concevoir l’informatique. Les principaux systèmes d’exploitation aujourd’hui, Windows, Mac OS et Linux, reposent toujours sur le modèle de la station de travail hérité des années 80. Ils sont fait pour tourner sur du matériel puissant, le stockage des données personnelles et des programmes se faisant sur un disque dur local. Même le Web, inventé en 1989 par Tim Berners-Lee, n’est qu’une simple extension de ce modèle, un outil plus performant pour trouver des informations sur le réseau et les rapatrier sur votre ordinateur. Mais plus personne n’utilise son ordinateur ainsi de nos jours. En tout cas, pas ceux qui usent et abusent des populaires applications Web que sont Facebook, Gmail ou Youtube. Avec ces applications, vos données sont stockées dans un ou plusieurs datacenters quelque part dans le monde, décomposées dans le nuage et copiée momentanément sur votre ordinateur seulement pour les lire.

Vous pouvez télécharger le navigateur Chrome et le faire fonctionner sur Mac, Windows ou Linux. Si vous le faites, vous remarquerez qu’il est visiblement plus rapide que Safari d’Apple, Internet Explorer de Microsoft ou Firefox de Mozilla. Chrome intègre moins de chrome que ces navigateurs : pas de bordure épaisse, pas de barre de boutons ou de ligne de statut. Pour Google, le navigateur doit se faire oublier pour vous rapprocher de vos données. le Chrome OS pousse le concept plus loin. Il s’agira d’un navigateur Web et un noyau Linux pour contrôler toute la partie matérielle, pas grand chose de plus. Chrome OS ne devrait pas dépasser le gigaoctet sur le disque dur et le système d’exploitation démarrera en quelques secondes. Il n’y aura pas de bouton Démarrer, seulement la page d’accueil de Google et les liens vers vos applications Internet favorites. Des panneaux s’ouvriront sur les côtés de la page principale lorsque vous branchez un appareil photo numérique ou qu’un réseau sans-fil est détecté.

L’apparence minimaliste de Chrome OS en fait le système d’exploitation idéal pour les netbooks aux spécifications modestes. Certains d’entre eux sont déjà livrés avec un système d’exploitation léger centré sur le navigateur qui peut être utilisé en lieu et place de Windows. Chrome OS est similaire, mais il sera intimement lié aux services dans les nuages de Google. Après avoir entré votre nom d’utilisateur et votre mot de passe Google pour vous connecter à Chrome OS, Google Docs vous permettra d’éditer et de sauvegarder vos documents et Gmail se chargera de vos e-mails.

Vous pouvez déjà télécharger et faire fonctionner Chromium OS pour obtenir un avant-goût de ce qu’il sera dans quelque mois. Mais je ne vous le conseille pas : Chromium OS n’est pas encore prêt. Mais plusieurs fabricants d’ordinateurs, dont Samsung et Acer, prévoient de mettre sur le marché des netbooks sous Chrome OS et Google pourrait même sortir son propre netbook sous Chrome OS construit, un peu comme le smartphone Nexus One, autour de spécifications matérielles déterminées par l’entreprise.

D’après les ingénieurs de Google, Chrome OS utilisera le disque dur de votre ordinateur comme un simple cache où il stockera des copies de ce sur quoi vous travaillez afin de ne pas communiquer sans arrêt avec les serveurs et ainsi épargner votre abonnement 3G (et accessoirement votre batterie). Toutes ces données personnelles seront chiffrées, pas de risque en cas de perte de votre machine. Et si pour une raison ou une autre votre ordinateur était corrompu, par exemple par un virus, vous pourrez le remettre à 0 et recommencer votre travail sans rien perdre, puisque vos données sont dans les nuages.

Si vous faites parti des fans de Google, ou des employés ou encore des actionnaires de la firme, Chrome OS représente alors pour vous la dernière innovation de Google pour améliorer l’expérience utilisateur. Si vous êtes un concurrent, vous ne verrez pas forcément d’un bon œil le nouveau tentacule de Google s’étendre vers les systèmes d’exploitation. Et si vous êtes pour la défense de la vie privée, comme moi, voilà qui devrait renforcer vos inquiétudes les plus profondes quant au géant de l’Internet : en cohérence avec ses déclarations, il cherche vraiment à répertorier toutes les informations du monde.

Souvenez-vous de la tentative de Microsoft de s’appuyer sur sa position de plus grand fournisseur de logiciel au monde pour s’accaparer le marché des navigateurs Internet, des serveurs Web et des services Internet dans les années 1990. L’histoire pourrait bien se répéter, mais dans l’autre sens. Google, roi de la recherche et de la publicité sur Internet pourrait s’appuyer sur la force de ses applications Internet pour se faire une place sur votre prochain netbook et, de là, sur votre ordinateur de bureau. Tous les services Google fonctionneront mieux avec Chrome OS, pas à cause d’un abus de position dominante de la part de Google, mais parce que le système aura été construit spécialement pour faire fonctionner des applications Web complexes. Et si tous vos besoins sont couverts par un navigateur Web, pourquoi devriez-vous payer pour un ordinateur plus gros, plus lent et qui demande une maintenance importante ?

La convergence entre Chrome, Chrome OS et les services dans les nuages représente aussi un grand chamboulement dans le monde de la vie privée. Cela fait maintenant 20 ans que je m’intéresse à ce sujet ; à l’origine des plus grandes menaces sur notre vie privée, on retrouve toujours les grandes entreprises qui essaient de collecter et de revendre des données personnelles et les gouvernements qui tentent d’y accéder. Chrome OS modifie largement les paramètres de l’équation. Pour la première fois, les utilisateurs seront encouragés à confier leurs données personnelles à une seule et même entreprise, une entreprise qui génère de l’argent en disséquant ces données. Et toutes ces informations ne seront protégées que par un identifiant et un mot de passe unique. Si tant est qu’elles soient véritablement protégées : après tout, Google a bien décidé d’inscrire des millions d’utilisateurs de Gmail à Google Buzz sans leur permission, rendant public une grande partie de leurs contacts par la même occasion. Enregistrer, ranger ou sauvegarder ses données ne sera bientôt plus qu’un lointain souvenir pour les utilisateurs de Chrome OS. Mais qu’adviendra-t-il si les banques de données de Google sont piratées, révélées accidentellement ou partagées avec un gouvernement pernicieux ?

On pense en général, à tort, que l’activité principale de Google est la recherche et que nous sommes les clients de l’entreprise. Mais en fait, du chiffre d’affaire de 23,7 milliards de dollars réalisé en 2009 par Google, 22,9 milliards proviennent de la vente de publicité. Google enregistre et exploite le comportement de ses utilisateurs pour cibler plus efficacement les publicités. Google produit des clics de souris et ses clients sont les publicitaires. Chrome et Chrome OS inciteront plus encore les utilisateurs à fournir leurs données personnelles au Googleplex, pour enrichir l’inventaire de Google et augmenter son taux de clics. Ces informations personnelles permettront à Google de mieux cibler encore les publicités pour des utilisateurs qui seront encore plus enclins à cliquer.

Les vrais clients de Google, vous savez, ces entreprises qui sont prêtes à dépenser des milliards tous les mois pour utiliser ses services de placement de publicité, seront heureux, soyez en sûrs. Plus d’espace et de visibilité pour afficher des publicités se traduit par un coût au clic plus faible. Mais pour les utilisateurs ordinaires, ça n’est pas forcément bon. Aujourd’hui, il vous est toujours possible de lancer une application sur votre ordinateur et conserver vos données exactement où vous le souhaitez. Dans le futur, si vous décidez de prendre part à la révolution de l’informatique personnelle selon la vision de Google, vous n’aurez peut-être plus ce choix.

Simson L. Garfinkel est chercheur et auteur, il habite en Californie. Ses sujets de recherches incluent des travaux en informatique légale, sur la vie privée et la gestion des informations personnelles.

Notes

[1] Crédit photo : Doug Siefken (Creative Commons By-Sa)




20 pays et 250 villes au Festival d’Initiation au Logiciel Libre en Amérique Latine

FLISOL Antigua Piñatas - Public DomainUne nouvelle confirmation qu’il y a décidément une belle énergie autour du logiciel libre en Amérique Latine.

Un article qui vaut surtout pour ces nombreux liens (en langue originale) mais qui est également pour moi l’occasion de vous présenter le projet Global Voices, « un réseau mondial de blogueurs qui sélectionnent, traduisent et publient des revues de blogs du monde entier »[1].

Amérique Latine : Le festival d’initiation au logiciel libre 2010

Latin America: Free Software Installation Festival 2010

Renata Avila – 30 avril 2010 – Global Voices
(Traduction : Loïc – Licence Creative Commons By)

Dans toute l’Amérique latine, le logiciel libre est devenu essentiel pour de nombreux pays et de nombreuses personnes qui ont choisi d’utiliser ces outils, dans les administrations publiques et pour répondre à différents problèmes. A Cuba par exemple, le mouvement pour le logiciel libre a soutenu le développement durable. Le gouvernement équatorien a quant à lui mis en avant une politique d’adoption du logiciel libre, d’une façon similaire au Brésil, un autre chef de file du logiciel libre et de la culture « libre ».

Le 24 avril 2010, de nombreux développeurs et utilisateurs des logiciels libres en Amérique Latine ont célébré ce mouvement par une fête nommée FLISOL2010, comme l’explique Leo ci-dessous :

FLISOL est le Festival d’Initiation au Logiciel Libre en Amérique Latine, un événement organisé par la communauté latino-américaine du logiciel libre depuis 2005. FLISOL a lieu le quatrième samedi d’avril chaque année. La sixième édition de FLISOL a été célébrée le 24 avril 2010. Aujourd’hui, FLISOL est sans aucun doute le plus important événement FOSS en Amérique Latine et peut être même le plus important « installfest » de la planète. L’édition 2010 de FLISOL a été organisée simultanément par 20 pays et 250 villes dans toute l’Amérique latine et, pour la première fois, en Europe (trois événements locaux en Espagne).

Dans chaque région, les célébrations sont différentes. Par exemple, à Antigua, au Guatemala, une Piñata a été cassée en l’honneur du logiciel libre ; c’était l’une des nombreuses animations organisées par Antigualug, un groupe d’utilisateurs de Linux.

Les fêtes de la FLISOL à Caracas, au Venezuela, ont associé les activités à des concerts de musique.

Le Nicaragua a célébré le mouvement avec les communautés d’Estelí, de Granada et de Managua et l’auto-proclamé « Installers Rock-Stars Team ». Les communautés d’Amérique Centrale ont joint leurs efforts pour s’intégrer au sein des communautés du Logiciel Libre, comme on peut le lire sur le site des utilisateurs de logiciels libres de « Central America Planet ».

L’Uruguay a de son côté célébré le mouvement en installant Fedora. A Mexico, les activités ont eu lieu dans différents lieux où les organisateurs ont installé des logiciels libres sur les ordinateurs de nombreux nouveaux utilisateurs, tandis que huit villes chiliennes ont accueilli également les fêtes FLISOL2010. Cuba a également organisé des activités simultanées dans différentes localités, de la Havane à Matanzas.

Enfin, Mozilla Colombie et l’OpenBSD de la ville de Medellín ont participé aux événements organisés en Colombie. Un marathon FLISOL s’est déroulé entre trois villes, à San Cristóbal, à Cúcuta et à Pamplona.

Ces quelques nouvelles sont un simple tour d’horizon destiné à montrer comment le logiciel libre en Amérique Latine crée un réseau dynamique et interconnecté, quelque soit les milieux sociaux, politiques et ethniques, pour collaborer et innover ensemble. Une “plateforme partagée” encourageant une « culture partagée » : pour plus d’informations et pour établir des connexions, lire le blog Planète du Logiciel Libre Latino-Américain.

Notes

[1] Crédit Photo : FLISOL Antigua Piñatas (Public Domain)




L’État de l’Oregon adopte Google Apps Education pour ses écoles

Avinash Kunnath - CC byLa nouvelle est passée totalement inaperçue dans les médias et la blogosphère francophones alors qu’elle revêt pourtant selon moi de la plus haute importance. Parce que c’est peut-être rien moins que l’éducation de demain qui se cache ici derrière cet évènement.

Un État américain, en l’occurrence l’Oregon, vient tout juste de décider d’adopter la solution Google Apps Education pour toutes ses écoles publiques.

Nous vous proposons ci-dessous la double traduction du blog de Google qui annonce fièrement la nouvelle ainsi qu’une explication enthousiaste, voire complaisante, issue du célèbre site Mashable.

J’aurais l’occasion dans un futur billet de revenir plus en détails sur Google Apps Education en pointant effectivement ses nombreux avantages mais également ses criants défauts. Histoire de nuancer quelque peu le caractère parfois légèrement « bisounours » des propos tenus dans ce billet.

Mais retenons pour le moment que les données des élèves dans les nuages des serveurs Google ne font pas peur à l’Oregon (cf les termes du contrat). C’est un choix de l’administration publique, c’est un État tout entier (qui concernent plusieurs centaines de milliers d’élèves) et ça va donner de sérieuses billes à Google pour convaincre d’autres futures institutions scolaires d’en faire autant. Surtout si les journalistes ne font rien d’autre que d’applaudir benoîtement.

Retenons également que contrairement à nos trois étudiants de l’Université Yale, aucune voix de lycéens ou de leurs parents n’est venue contrarier la bonne marche du projet en demandant quelques (légitimes) explications et précisions.

PS : À ceux qui s’étonneront du choix de la photographie ouvrant cet article[1], je l’ai trouvée en tapant « Oregon » dans Flickr. Ce sont les pom-pom girls de l’équipe de football américain des Oregon Ducks et elles me semblaient toutes indiquées pour illustrer ironiquement le côté « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil » de cette actualité.

Alis volat propriis : L’État de l’Oregon fait entrer Google Apps dans toutes ses écoles

Alis volat propriis: Oregon’s bringing Google Apps to classrooms statewide

Jaime Casap (Google Apps Education Manager) – 28 avril 2010 – The Official Google Blog
(Traduction Framalang : Étienne)

Ayant grandi dans le quartier de Hell’s Kitchen à Manhattan pendant les années 70, je n’ai pas reçu d’éducation en matière de technologie. Mes enseignants notaient mes copies, et l’idée de collaborer à un projet avec mes camarades n’était pas envisageable, où que ce soit et pour quoi que ce soit. Il va sans dire que nous n’avions pas d’ordinateur à la maison, et que l’idée de travailler sur Internet était encore un rêve pour l’élève que j’étais.

Les choses ont changé, bien sûr, depuis que j’ai quitté l’école, et des gens travaillent ardemment à amener la technologie dans les salles de classe, pour aider les élèves a apprendre et les professeurs à enseigner. Aujourd’hui, l’Oregon franchit une étape majeure dans cette direction. C’est le premier à ouvrir Google Apps Education aux écoles publiques de tout un État.

À partir d’aujourd’hui, le département de l’éducation de l’Oregon offre Google Apps à toutes les académies de l’État, aidant ainsi les professeurs, les personnels administratifs et les élèves à utiliser Gmail, Docs, Sites, Video, Groups et plus encore, au sein des établissements scolaires du primaire et du secondaire. Le financement des écoles a subi des coupes importantes ces dernières années, et l’Oregon n’y fait pas exception. Cette démarche permettra au département de l’éducation d’économiser 1,5 millions de dollars par an, une somme rondelette pour un budget en difficulté.

Avec Google Apps, les élèves de l’Oregon peuvent créer des sites Web ou envoyer des messages à leurs enseignants autour d’un projet. Leurs documents et leurs messages vivent leur vie en ligne, dans le « cloud » (NdT : le nuage), toujours accessibles pour y travailler depuis une salle de classe ou un laboratoire informatique, à la maison ou à la bibliothèque municipale. Et au lieu de, seulement, noter une copie une fois le travail rendu, les professeurs de l’Oregon peuvent accompagner en temps réel les élèves sur leur documents, et les guider au fur et à mesure. Il est essentiel que les élèves apprennent à se servir des outils technologiques dont ils auront besoin au cours de leur vie, et l’Oregon aide ses élèves dans ce sens, tout simplement.

Je suis ébahi de voir à quel point la technologie a évolué depuis que j’ai quitté l’école, et à quel point nous devons continuer dans cette direction pour nous assurer que les enfants aient accès à ces outils dans les classes. Les outils en ligne tels que les Google Apps sont une façon, pour les enseignants, les élèves, et maintenant un État tout entier, de répondre au problème. Oh, et « alis volat propriis » ? C’est la devise de l’Oregon. Celà signifie « Elle vole de ses propres ailes ». Très à propos pour un État qui s’oriente ainsi vers le « cloud ».

Pourquoi les écoles s’ouvrent à Google Apps

Why Schools are Turning to Google Apps

Greg Ferenstein – 28 avril 2010 – Mashable
(Traduction Framalang : Olivier)

Aujourd’hui, les écoles publiques de l’Oregon s’offrent à Google Apps, 400 000 étudiants, enseignants et personnels administratifs auront désormais accès à un système d’e-mail et de chat, des outils de collaboration dans les nuages et un service de streaming multimedia. Les décisions affectant tout un état sont habituellement aprement contestées, chaque point étant sujet à débat.

Mais l’histoire entre Google Apps et le système éducatif est fascinante à bien des égards. Nous avons interviewé les architectes de ce plan ainsi que ceux qui utilisent Google dans les salles de classe. Voici les trois avantages qui s’en dégagent : 1) les écoles font des économies, 2) les résultats scolaires et la motivation s’en ressentent, à la hausse, et 3) les étudiants sont mieux préparés aux communications numériques dans le monde réel.

Les économies

L’argent est souvent le nerf de la guerre lorsqu’on parle de réforme de l’éducation et l’avantage est clairement dans le camp de Google. Le ministère de l’éducation de l’Oregon estime pouvoir économiser 1,5 million de dollars par an. Même le relativement modeste Maine Township District 207 dans l’Illinois, qui a déjà adopté Google Apps, estime ses économies à 160 000 dollars chaque année.

Google Apps Education est gratuit. Les économies proviennent principalement de l’abandon des logiciels de messagerie et de bureautique, auxquelles il faut ajouter les coûts de la maintenance informatique et des mises à jours matérielles. D’après Steve Nelson, vice-président technologie de Oregon Virtual Schools, ces économies peuvent être ré-investies pour déployer un service de streaming multimédia qui fait la part belle aux créations des étudiants, ce qui, ajoute-t-il, « n’était pas économiquement faisable » avant l’arrivée de Google.

Henry Thiele, responsable informatique pour le district 207, s’avoue « surpris du nombre d’écoles qui ne connaissent même pas Google Apps ». Et si elles en entendent parler, poursuit-il, elles cherchent toujours le petit piège. Thiele répond simplement « Il n’y a pas de piège ».

Résultats et motivation à la hausse

« Les étudiants qui participent à ce programme progressent beaucoup plus rapidement en lecture que ce à quoi nous sommes habitués », s’enthousiasme Thiele. Il fait référence à un cours d’anglais où un ordinateur portable a été confié à des élèves de 3ème considérés en difficulté. Dans le District 207, on espère voir une progression de 3 points en moyenne sur les tests de lecture cette année, mais les scores des élèves en difficulté devraient stagner ou régresser. Alors que les scores de ceux qui en revanche participent au programme ont fait un bond de 8 à 10 points. Google Apps n’est pas le seul facteur à l’origine de ce progrès, mais son coût dérisoire et sa nature collaborative ont rendu le programme 1-to-1 (un ordinateur pour chaque élève) possible.

Jason Levy, chef d’établissement, qui a participé à l’introduction de Google Apps dans les écoles du district 339 de New York (voir ce reportage vidéo), a observé que 47% des étudiants atteignent désormais la moyenne en mathématiques contre 27% auparavant. De plus, Thiele et Levy font état d’une plus grande concentration et de moins de problèmes disciplinaires. D’après Levy « leur comportement s’est amélioré, l’absentéisme a diminué et les exclusions temporaires sont plus rares ».

Les remarques de ces deux enseignants reflètent l’avis général puisque les expérimentations réalisées dans d’autres classes confirment que mêler technologie et éducation accroît l’intérêt des élèves.

Ça n’est pas très difficile à comprendre « On dit souvent que les gamins ne savent pas se concentrer ou garder leur concentration. Ma foi, je n’y arrive pas non plus » avoue Levy. S’appuyer sur le besoin des enfants de se socialiser et sur leurs facultés d’adaptation à la technologie est un moyen naturel de tirer partie de leur curiosité.

Se préparer au monde réel

Non seulement les étudiants bénéficient des avantages de la collaboration et d’une familiarisation accrue avec l’informatique, mais Google Apps les aide aussi à se préparer pour le monde réel de manière innovante. Grâce à Google Sites, les futurs ingénieurs tiennent à jour un portofolio numérique de leurs projets d’étude. La somme numérique de tous leurs travaux universitaires parlera certainement plus à leurs futurs employeurs que quelques tirets dans un CV.

L’un des professeurs du Maine Township utilise Google Spreadsheets pour faire sortir la science du carcan des livres. Les étudiants réalisent de vrais expériences et regroupent toutes leurs données dans des tableaux en ligne. Ici, les élèves mettent littéralement les mains dans le cambouis, ils mesurent l’influence du sol sur la croissance des plantes et traitent leurs données grâce aux outils informatiques, comme les vrais scientifiques. Ce modèle, pas bien sorcier, semble être un moyen peu onéreux et motivant pour aider le Ministère de l’Éducation a atteindre le but qu’il s’est fixé d’accroître la compétitivité scientifique des États-Unis au travers de l’ambitieux programme « Race to the Top ».

Conclusion

« Les fonctionnalités apportées sont absolument stupéfiantes » ajoute Nelson. Effectivement, tous ceux que j’ai interviewé ne trouvaient que du positif à l’introduction de Google Apps dans un contexte d’enseignements. Quoiqu’on pense de Google en tant que société, ses contributions au système éducatif américain sont remarquables.

L’adoption par les écoles de Google Apps est un signe que l’informatique dans les nuages se démocratise. Le perfectionnement de ces outils, ainsi que leur avantage économique font des applications Web une alternative intéressante pour les écoles en manque de moyens. Peut-être faut-il voir dans l’adoption de Google Apps par l’Oregon un signe avant coureur d’une éducation qui se fera de plus en plus dans les nuages.

Notes

[1] Crédit photo : Avinash Kunnath (Creative Commons By)




Un cas d’école : Quand trois étudiants de l’université Yale résistent à Google

Law Keven - CC by-saSi il y a bien une constante lorsqu’une décision est prise dans l’éducation autour des nouvelles technologies, c’est de rarement prendre la peine de consulter les principaux intéressés, c’est-à-dire les élèves et les étudiants eux-mêmes !

C’est ce que nous rappelle en creux cette intervention de trois étudiants de la prestigieuse Université Yale, surpris à juste titre de voir arriver, sans la moindre concertation, la messagerie Gmail de Google dans leur établissement.

L’annonce en a été faite le 9 février dernier sur le site d’actualité de l’université : Google to run Yale e-mail.

Mais deux jours plus tard, paraissait sur le même site la réaction de nos étudiants, traduite ci-dessous, dont le titre est un malicieux clin d’œil à la devise de leur université : Lux et Veritas (Lumière et Vérité).

Saluons au passage l’existence de ce site d’actualités Yale Daily News qui ouvre ses colonnes au débat et à la contestation (cf les nombreux commentaires sous le billet d’origine). Les universités françaises s’honoreraient de s’en inspirer.

Ils n’en appelaient pas forcément à rejeter le projet. Juste à plus de transparence, en se posant ensemble en amont quelques légitimes questions lorsqu’il s’agit de confier nos données à Google et à ses serveurs dans les nuages.

Je ne sais si cette opportune intervention est directement à l’origine de la décision, mais toujours est-il que l’Université a accepté peu de temps après de retarder la migration, annoncé dans un nouvel article également traduit ci-dessous, validant par là-même leurs doutes et leurs arguments.

Nous ne manquerons pas de vous tenir au courant de la décision finale de l’Université.

Si tous les étudiants ressemblaient à nos trois compères, nul doute que l’on serait plus vigilant face aux risques des marchandisation de l’école. Nul doute également que le logiciel libre et sa culture seraient plus souvent évalués, encouragés et adoptés[1].

Lux et Veritas et Gmail, par Csar, Kamdar et Slade

Csar, Kamdar and Slade: Lux et Veritas et Gmail

Christian Csar, Adi Kamdar et Francesca Slade – 11 février 2010 – Yale Daily News
(Traduction Framalang : Barbidule et Quentin)

Nous dépendons de l’e-mail pour à peu près tout. c’est le moyen idéal pour organiser des évènements, sensibiliser les gens, diffuser des annonces officielles. Le mail est constamment présent dans la vie de tous les membres de Yale. A ce titre, toute modification radicale dans la manière dont fonctionne ce système – comme le possible passage à un système hébergé par Google – mérite un débat approfondi. Bien que le système basé sur Gmail possède de nombreux avantages, cela n’excuse pas l’opacité qui a entouré le processus de transition jusqu’ici. Le degré de frustration envers le service e-mail actuel est indéniablement haut – beaucoup d’étudiants veulent quelque chose de mieux, et Gmail est une possibilité. La substantielle fraction d’étudiants qui transfèrent leur e-mail de leur boîtes Yale vers leur compte Gmail verraient d’un bon oeil une transition vers Gmail. Et même si de nombreux étudiants se réjouiront de l’arrivée de Gmail, un tel changement ne devrait résulter que d’un processus transparent avec un dialogue ouvert entre toutes les parties prenantes.

La transition telle qu’elle est envisagée aujourd’hui laisse sans réponses plusieurs questions fondamentales.

Nous avons cru comprendre que Google ne facturerait rien à l’université, par exemple, et nous nous interrogeons sur ce que Google retire de cette générosité – hormis bien évidemment l’accès à nos mails. Sans un processus de planification transparent, au cours duquel les étudiants ont la possibilité de poser ce genre de questions, il est difficile de ne pas être un minimum méfiant.

Les étudiants qui utilisent Gmail pour leur e-mail de Yale font pour le moment un choix individuel, ils sont libres d’arbitrer entre les indéniables avantages de Gmail et leurs propres inquiétudes. Ainsi, nous sommes en train d’écrire cet article sur Google docs. Cependant, quand l’ensemble du système de mails bascule sur Gmail, ces inquiétudes ne sont plus seulement l’affaire de quelques individus, elles concernent l’institution elle-même. Les problèmes collectifs de la faculté, de l’équipe et des étudiants doivent par conséquent être étudiés avant que Yale change pour Gmail.

Car malgré tous les avantages de Gmail, il subsiste quelques réelles inquiétudes. En tant qu’étudiants, nous avons besoins d’être assurés que Yale a signé un contrat avec Google garantissant un certain nombre de points. Pour l’instant, le passage à Gmail repose sur la générosité de Google, qui fournit un service gratuitement et sans publicité. Si à l’avenir Google décide de facturer ce service, quelles seront les conséquences pour Yale ? Nous ignorons quel contrôle la Direction des Systèmes Informatiques (DSI) et l’Université auront sur les données, leur sauvegarde, leur sécurité et leur migration. Nous ignorons où les serveurs Gmail seront situés, et quelles dispositions légales sur la protection des données personnelles s’appliqueront dans cette juridiction. A Brown, par exemple, d’après le site de l’Université, les mails peuvent être stockés « dans des datacenters situés hors des États-Unis ». De plus, personne n’a précisé quel sera l’accès que Google, avec ses algorithmes de data-mining, aura aux mails de Yale. Même si Google et la DSI ont toutes les réponses, nous avons au moins le droit de nous poser ces questions.

Enfin, Google n’est pas infaillible. Au cours des huit derniers mois, Gmail a connu six coupures, dont certaines prolongées. Et la seule compensation qu’offre Google – y compris aux clients qui paient – ce sont des jours gratuits. Quels sont les mécanismes mis en place par Yale en cas de coupure ? Comment pouvons-nous être sûrs que Gmail ne délivrera pas accidentellement des mails aux mauvaises personnes, comme ce fut le cas lors de la transition vers Gmail à l’université de Brown ?

Seul un processus de décision transparent permettra de répondre à ces questions que posent les étudiants. C’est pourquoi nous demandons à l’administration d’ouvrir un large dialogue avant que la DSI ne s’engage dans une démarche de sous-traitance du mail des étudiants actuels et futurs. Même si la décision de basculer est déjà arrêtée, il n’y a aucune raison valable pour dissimuler les choses et refuser d’entendre les préoccupations de ceux qui utiliseront quotidiennement le système. Le mail est trop important pour que son fonctionnement soit secret. Avec comme devise Lux et Veritas, Yale devrait comprendre la nécessité d’éclairer les conséquences de ce changement.

Christian Csar et Francesca Slade sont co-président du Club d’Informatique des Etudiants de Yale et sont étudiants l’un à l’Université Silliman, et l’autre à l’Université Pierson. Adi Kamdar est étudiant en deuxième année à l’Université Calhoun, il est également président des Etudiants de Yale pour une Culture Libre.

Le service informatique repousse le passage à Gmail

ITS delays switch to Gmail

David Tidmarsh – 30 mars 2010 – Yale Daily News
(Traduction Framalang : Quentin)

Le passage vers Google comme fournisseur de courriels de l’Université Yale est suspendu à une date ultérieure.

La migration de la messagerie de l’université de l’ancien Horde vers Gmail (et la suite de services de communication et de collaboration Google Apps Education) est suspendue, en attendant les résultats d’une étude impliquant davantage la participation des professeurs et des étudiants. En effet, après une série de réunions entre les étudiants, leurs professeurs et les administrateurs en février dernier, les officiels du département informatique ont décidé de mettre ce changement en attente, a dit le doyen adjoint pour les sciences et la technologie, Steven Girvin.

« Il y avait suffisamment de préoccupations exprimées pour que la consultation et la participation de la communauté deviennent nécessaires », dit-il dans un email envoyé au site d’actualités de l’université.

L’idée de passer à Google Apps Education – incluant des programmes populaires tels que Gmail, Google Calendar et Google Docs – résulte de réunions internes au service informatique qui se sont déroulées cet hiver, a dit le professeur d’informatique Michael Fischer. Mais lorsque le service informatique a notifié ce changement aux représentants des professeurs et aux administrateurs en février, des réserves ont été exprimées, et les officiels du département informatique ont décidé d’organiser un comité pour discuter de cette situation.

« De nombreux membres de ce comité ont pensé que le service informatique avait pris une décision trop hâtive sans l’approbation globale de l’université », a dit Fischer.

« Les gens se sont principalement intéressés à des questions techniques sur la conduite du changement en se demandant Comment pouvons-nous faire ? » dit-il. « Mais personne ne s’est réellement demandé : Devons-nous le faire ? ».

Fischer classe les inquiétudes à propos du passage à Gmail en trois catégories : les problèmes liés au cloud computing (le transfert des informations des serveurs de l’université vers Internet), les risques et les inconvénients technologiques, et les problèmes idéologiques.

Google enregistre toutes les données dans trois datacenters choisis aléatoirement, parmi les nombreux dont il dispose à travers le monde, de façon à garantir leur accès et à pouvoir continuer à travailler si l’un d’entre eux tombe en panne. La problème c’est que ces données sont alors théoriquement soumises aux lois des pays qui les hébergent. Il a ajouté que Google n’est pas prêt de fournir au service informatique la liste de pays susceptibles d’héberger ces données, il ne consent qu’à donner une liste d’une quinzaine de pays où les données ne seront pas stockées.

« Yale est une communauté internationale et multiculturelle d’étudiants », a-t-il dit. « Les étudiants devraient avoir le droit de savoir ce qu’il advient de leurs données tant qu’ils sont sur notre campus. »

« Quand bien même toutes les données soient stockées sur le sol américain, la taille et la visibilité de Google la rend plus susceptible d’être attaqué par des individus malintentionnés », a déclaré Fischer.

Avec cette décision et ce partenariat, Yale va peut-être perdre le contrôle de ses données et donner l’impression d’approuver la politique de Google (dont les gros datacenters laissent une grande empreinte carbone). « De plus », poursuit Fischer, « Google Apps est proposé dans une taille unique pour toute sa clientèle, avec tous les risques inhérents à cette monoculture Google ».

Le doyen adjoint Vharles Long a dit mercredi dernier qu’il ne connaissait pas la décision du comité mais qu’elle serait annotée par de nombreux membres de l’université concernés par la sécurité des communications à l’intérieur du système Google.

« J’ai entendu dire que les étudiants sont déjà tous sur Gmail » a t-il dit, « mais ils sont également concernés par le devenir de leurs données personnelles dans le respect des législations en vigueur ».

« Le service informatique met en place des propositions de procédures afin d’obtenir des retours de la communauté et pouvoir ainsi prendre une décision plus avertie dans les mois à venir », ajoute Fischer.

Au départ, le service informatique avait planifié une transition par étapes depuis Horde vers Gmail à partir de l’été prochain, en faisant passer directement les nouveaux et les étudiants en première année sur Gmail tout en offrant aux autres la possibilité de rester sur Horde si ils le désirent.

A ce stade, Fischer estime que le passage à Google Apps Education ne se fera pas avant l’été de l’année suivante, avec une promotion 2015 qui sera la première à adopter le nouveau système dès le début de leur première année.

Google a été récemment au centre de nombreuses controverses concernant les problèmes de vie privée, de sécurité et de propriété intellectuelle. Ainsi l’introduction récente de Google Buzz autorisait automatiquement les utilisateurs de Gmail à voir les contacts des membres de leur carnet d’adresses. La société a également été critiquée pour sa censure des résultats de recherche en coopération avec le gouvernement chinois, même si Google a récemment inversé cette politique en fermant son site Web chinois.

Notes

[1] Crédit photo : Law Keven (Creative Commons By-Sa)