Geektionnerd : LibreOffice

La semaine dernière, nous nous faisions l’écho, dans les tribunes libres de Framasoft.net, du communiqué de presse officialisant la création de la "Document Foundation" par la communauté des développeurs du logiciel libre OpenOffice.org (OOo). L’une des premières missions que s’est fixée cette fondation est le développement de la suite logicielle « LibreOffice », en anglais dans le texte, branche alternative dans le développement de la célèbre suite bureautique, ouverte à tous et indépendante de la volonté d’Oracle, devenu responsable des efforts de développement jusque là concédés par Sun Microsystem.

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Notons que depuis la réalisation de cette BD, Oracle a pris le temps de décliner officiellement l’offre qui lui était faite de rejoindre le développement de LibreOffice. C’est donc véritablement un fork, et les deux versions cohabiteront…

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Facebook, petite analyse anthropologique avec YourOpenBook.org

Mohd Shazni - CC by L’équipe Framalang s’est dernièrement attelée à la traduction d’un court article de Gene Weingarten, au sujet de ce grand site de réseautage social sur le web. Derrière une apparente naïveté, l’auteur se targue de réaliser une étude anthropologique à partir des données personnelles des millions d’utilisateurs de Facebook, qu’il collecte via YourOpenBook.org, un moteur de recherche dédié aux messages courts de statut de ce qui n’était à l’origine qu’un trombinoscope universitaire en-ligne. Or, si jusque-là la fonctionnalité pouvait sembler manquer au site officiel, c’est aussi qu’elle met en évidence le faible degré de protection des données personnelles de ses utilisateurs que Facebook offre, au moins par défaut.[1].

Ironie du sort, la semaine de sortie de l’article en question, Facebook fut secoué d’une quinte de toux numérique le rendant injoignable pendant plus d’une heure, ce qui anima de grandes conversations sur les autres grands réseaux sociaux, principalement à coup de gazouillis d’ailleurs…

Pas de quoi fouetter un chat me direz-vous, des sites web qui tombent en panne ça arrive, et même au plus gros. Par contre, dans le cas d’un site qui se propose de gérer vos albums photos, votre carnet d’adresses en fouillant dans vos boîtes à lettres électroniques (pour finalement proposer de les remplacer par son service de messagerie interne) et jusqu’à vos connexions aux autres sites web via un service doublon d’OpenID, l’incident peut être révélateur et s’avérer pédagogique. Pour ma part, j’ai ouvert un compte Facebook sans grande conviction en 2006, parce que c’était de bon ton dans l’entreprise où j’étais en stage à l’époque, mais je ne prévoyais pas un plus grand avenir à ce compte qu’à mes comptes Orkut[2] ou CopainsDAvant[3]. Or, si pour ma part j’ai tenu parole, n’alimentant pas vraiment un réseau plus que les autres, force est de constater que l’un d’eux a pris au fil des ans de plus en plus de place sur le web. Et à vrai dire, chaque fois qu’une connaissance s’ajoute à mes contacts, j’ai l’indolence de ne pas aller chercher son adresse de courriel dans son profil pour la noter dans un fichier chez moi. Or, il s’avère que pendant cette fameuse interruption de service, je me suis retrouvé à devoir envoyer un message « urgent » à un ami dont je n’avais jamais noté l’adresse ailleurs… et je n’ai pas pu.

Finalement il apparaît que Facebook, l’utiliser c’est se piéger, même en étant renseigné et modéré. Au moins, les mails stockés sur mon disque dur par Thunderbird[4] me restent accessibles, même hors ligne. Quel qu’en soit le parcours, je conserve ainsi mon courrier numérique sous mon toit (et j’en fais régulièrement des sauvegardes).

Cette anecdote me rappelle une petite phrase, innocemment lancée par Eben Moglen au milieu de son discours en plénière de clôture de la 1ère journée de l’OpenWorldForum la semaine dernière, et qui fut spontanément applaudie par le public, avec 3 secondes de décalage :

“For the moment, what we see is people that chose to put their pictures and personnal informations, their day-to-day emotional and friendships connexions all together in the computers of a single for-profit compagny, run by a fool.”

« Ce que nous voyons pour le moment, se sont des gens qui choisissent de mettre leurs photos et leurs informations personnelles, leurs amitiés et états d’âme au quotidien tous ensemble dans les ordinateurs d’une seule et même entreprise commerciale, menée par un fou. »

Cette fois c’est décidé, dès que j’ai un Diaspora, un GNU/Social ou une Nobox qui tourne chez moi, je ferme mon compte Facebook.

Gene Weingarten: Pourquoi je déteste énoooooooooorrrmément Facebook…

Gene Weingarten: I hate Facebook sooooooooooooooooooooooooooooooo much…

Gene Weingarten – 17 septembre 2009 – WashingtonPost.com
(Traduction Framalang : Julien Reitzel, Goofy, Siltaar)

Les critiques affirment que je suis injuste à l’égard de Facebook simplement parce que je l’ai décrit comme un océan de banalités partagées entre des gens avec une vie aussi vide à laquelle ils font écho. Je défends ma thèse mais admets que mon témoignage n’était pas basé sur des preuves scientifiques — totalement anecdotique — , mais basé sur mes plongeons occasionnels dans ce lagon tiède et morne de conversations fadasses.

Mais cela a changé. Je trouve qu’il est désormais possible de quantifier mathématiquement l’ennui, grâce à un nouveau site web. Openbook, accessible à l’adresse YourOpenBook.org, est un moteur de recherche pour les « messages de statut » de Facebook, le moyen principal utilisé par le « Facebookeur » pour communiquer avec ses amis. Avec Openbook, il est possible de rechercher un mot ou une phrase et de trouver non seulement combien de fois il a été utilisé dans des alertes de statut, mais aussi quand et par qui.

Les créateurs de ce site le présentent comme un outil de mise en garde, pour alerter les gens que le média social ne protège pas leur vie privée de façon adéquate. Mais entre les mains d’un chercheur objectif comme moi-même, Openbook peut être un précieux outil d’interprétation. À travers lui, on peut analyser Facebook anthropologiquement.

C’est d’ailleurs ce que j’ai fait, et voilà ce que ça donne :

  • Quand les gens estiment nécessaire de faire savoir à leurs amis à quel point leur vie est insupportablement aride et abrutissante — ce qu’ils font à une fréquence d’environ 2 000 mises à jour de statut par heure — le mot qu’ils choisissent le plus souvent est « boring » (ennuyeux). Ils ont tendance à l’écrire avec des « o » ou des « r » en plus, pour en accentuer l’effet. Si vous cherchez « boooring » et continuez à rechercher en ajoutant à chaque fois un « o », vous trouverez à chaque fois au moins un résultat, jusqu’à obtenir 31 « o » consécutifs. Quand vous essayez « borrrring » et continuez à ajouter des « r », vous arrivez jusqu’à 47. Juste pour info, la personne qui, par cette méthode, souffre de l’ennui le plus invalidant sur la planète, « boring » avec 51 « r », est Heather S. de Waterloo, dans l’Ontario.
  • Au cours des 16 derniers jours, 130 personnes ont alerté leurs amis du fait qu’ils « ont un bouton ». L’emplacement de l’imperfection est généralement spécifié, tout comme la taille. L’endroit le plus fréquent est le front, étroitement suivi par le lobe de l’oreille puis par la fesse, le plus souvent du côté gauche. La tomate a été la comparaison la plus colorée, tandis que la plus grosse était « Jupiter ». M. Mandel de New York a nommé son bouton Steve (elle est aussi fan de Justin Bieber ET des Jonas brothers, et, dans la rubrique livres favoris, écrit : « j’aime pas lirre »).
  • Des milliers de gens envoient des communiqués décrivant leurs impératifs excrétoires. Souvent, ils contiennent la phrase « je dois aller aux WC ». Il serait incorrect et inique de conclure que toutes les personnes utilisant cette phrase sont vulgaires et/ou rustres. Le chercheur rigoureux a découvert, par exemple John Paul Weisinger de Lufkin, au Texas, qui n’était pas du tout en train de discuter de sa propre biologie. Il était simplement en train de partager avec ses amis une blague qu’il trouve drôle : « Un cochon rentre dans un bar et commande verre après verre après verre sans jamais aller aux toilettes. Le barman demande : “Tu n’as jamais besoin de te soulager ?”, et le cochon répond : “Non, c’est déjà fait, je fais pipi au fur et à mesure que je bois” »
  • Il est possible de jauger mathématiquement la force de l’amour que se portent les gens en observant le nombre de « o » (dans le mot « love ») qu’ils utilisent dans l’expression « I love you so much » (« je t’aime tant »). Par exemple, Baker-Hernandez de Lakewood, Colorado, aime davantage son chat (57 « o ») que Lorne D. Stevens de Detroit aime Jolly Ranchers (10 « o »). Il ne semble pas y avoir de limite supérieure à l’amour que peuvent se porter les gens.
  • Les utilisateurs de Facebook peuvent s’ennuyer, mais, paradoxalement, ils sont aussi facilement amusés. On sait cela, parce qu’ils sont toujours morts de rire. Les « LOL » et autres « MDR » surviennent avec une telle fréquence qu’ils sont littéralement impossibles à compter : des dizaines apparaissent à chaque seconde. Un sous-ensemble de ces rieurs sont en même temps en train de se rouler par terre — mais toujours en trop grand nombre pour en faire le pointage. C’est seulement avec un troisième critère — ceux qui sont à la fois pétés de rire et entrain de se rouler par terre — que le nombre devient palpable : 390 par jour.
  • Dans un intervalle de 5 jours, 266 personnes ont fait référence au dirigeant des États-Unis en l’appelant Président « Oboma ». Soixante-sept autres l’ont appelé Président « Obamma ». Presque tous ces gens faisaient le constat qu’il est un stupide incompétent.

Notes

[1] Crédit photo : Mohd Shazni (Creative Commons By)

[2] Orkut.com, vous connaissez ? C’est l’un des véritables échecs de Google 🙂 Avec les Google Waves ou encore le Google Buzz…

[3] J’ai toujours été très curieux.

[4] En fait j’suis même passé à du mutt + fdm désormais…




Framapack : un succès discret, mais pas inattendu…

Framasoft - CC By SaComme nous l’annoncions il y a tout juste 10 mois, Framasoft a mis en place un service destiné à favoriser la migration, en douceur, des utilisateurs de Windows vers les logiciels libres. Or, comme pour l’annuaire Framasoft dès ses débuts, le succès rencontré par Framapack aujourd’hui nous confirme que les logiciels libres, on les aime d’abord un peu, et puis beaucoup, et même passionnément dans les associations du libre, voire à la folie selon certains.

En quelques mots, Framapack permet d’installer automatiquement sur un ordinateur équipé de Windows toute une collection de logiciels libres.


Ainsi, sur Framapack.org vous pouvez sélectionner parmi les cinquante applications proposées celles qui correspondent à vos besoins, et télécharger d’un clic l’installateur généré pour vous à la volée en fin de sélection. Un nouveau clic vous permet de lancer l’installateur sur la machine à libérer, et ce dernier se chargera alors de télécharger à son tour et d’installer pour vous les dernières versions des logiciels libres que vous avez choisis.


Il est important de préciser que les applications sont installées telles que vous les auriez téléchargées depuis leur site d’origine, sans avoir subit la moindre transformation de notre part[1].


Or, nous sommes fiers de pouvoir annoncer aujourd’hui que ce projet, dont les maîtres mots sont simplicité et liberté[2], a rencontré un succès dépassant nos pronostics, en distribuant plus de 100 000 logiciels libres au cours de ses 8 premiers mois d’existence.

Nous ne pouvons que remercier les quelque 5000 visiteurs mensuels de nous accorder ainsi leur confiance.

Enfin, si vous n’y trouvez pas le logiciel que vous cherchez ou si vous avez une idée d’amélioration, n’hésitez pas à nous déposer un petit message sur contact _arobase_ framapack.org. Pour l’heure, nous envisageons d’ajouter dans les prochaines versions du projet un petit morceau de musique libre pour agrémenter le temps de chargement des applications, n’hésitez pas à nous faire part de vos préférences dans les commentaires de cet article.

Notes

[1] À l’exception de CDex qui confirme ainsi la règle, voir la F.A.Q. de Framapack pour plus d’information à ce sujet.

[2] Jusqu’au code source mise en œuvre, disponible sur SourceForge.




Geektionnerd : Twittic Fail

Avec un peu de retard cette semaine, voici le traditionnel billet Geektionnerd, qui revient cette fois sur le « virus » d’un nouveau genre ayant frappé le site web Twitter.com la semaine dernière.

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Cette faille de sécurité se matérialisait par un « tweet », donc un message textuel de 140 caractères maximum, perdu dans le flot des autres messages du genre sur le site Twitter.com, et ne comportant dans sa partie visible que des cases noires à la place des lettres. Bien loin d’êtres inquiétantes, ces cases noires attisaient la curiosité des lecteurs, car de nombreux tweets artistiques profitent en effet des possibilités offertes par Unicode pour afficher des dessins, des partitions de musique ou encore cacher des messages… Seulement là, au survol des cases noires par la souris, un code JavaScript en partie embarqué dans le tweet s’exécutait, postant le tweet malicieux sur votre compte à votre place, et exposant ainsi vos amis. Le « virus » s’est alors répandu très vite, et jusque sur le compte Twitter de Framasoft…

Moralité, en tant que défenseur du logiciel libre, Framasoft vous recommande de suivre son compte Identi.ca plutôt que son compte Twitter 🙂

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




L’échec des DRM illustré par les « Livres numériques » de Fnac.com

Cher Framablog,
En raison de l’absence du maître de céans,
Les lutins qui veillent à ton bon fonctionnement,
Ont œuvré pour publier le billet suivant,
Par votre serviteur, introduit longuement.

Témoignage d’un lecteur loin d’être débutant,
Il retrace un épique parcours du combattant,
Pour un livre « gratuit » en téléchargement,
Que sur son site web, la Fnac, propose au chaland.[1]

xverges - CC by Récemment[2] sur rue89.com, on pouvait lire : « Nothomb, Despentes : la rentrée littéraire se numérise un peu ». Et pour un fan de technologie comme je suis, ce titre résonnait plutôt comme « la rentrée littéraire se modernise un peu ». En effet, des livres numériques il en existait déjà au siècle dernier…

Côté libre, il faut avouer qu’on est plutôt bien servi. Citons par exemple cette excellente trilogie de Florent (Warly) Villard « le Patriarche » débutée en 2002, à l’occasion de son « pourcentage de temps réservé aux projets libres personnels » chez MandrakeSoft à l’époque. Citons encore la collection Framabook et ses 7 ouvrages[3], citons aussi la forge littéraire en-ligne InLibroVeritas.net et ses 13500 œuvres sous licence libre[4], ou encore le projet Gutenberg et ses 33 000 œuvres élevées au domaine public, Wikisource.org et ses 90 000 œuvres réparties sur plus de 10 langues et pour finir le portail Gallica de la BnF donnant accès à plus d’1,2 millions d’œuvres numérisées[5]… Ces livres, on peut les télécharger en un clic depuis son navigateur, les transférer dans son téléphone portable[6] en un glissé-déposé, et les lire tranquillement dans le métro, même là où ça ne capte pas[7].

Dans ces conditions, que demander de plus que de faire sa rentrée littéraire sur un écran d’ordinateur ? Pourtant, ces conditions, elles ne sont pas évidentes à rassembler. Évacuons tout de suite la question du matériel. Alors que la plupart des téléphones de dernière génération sont dotés d’un navigateur web, tous ne sont pas utilisables comme de simple clé USB, et y transférer des fichiers peut s’avérer impossible pour certains ! Je n’insisterai pas non plus sur les autres équipements proposés spécifiquement pour cet usage, et qui se révèlent le plus souvent considérablement limités. Après tout, n’importe quel ordinateur devrait pouvoir faire l’affaire.

Mais concernant l’œuvre elle même, il faut qu’elle soit libre, ou librement téléchargeable, ou au moins librement « lisible » pour que ça marche. Et pour le coup, on s’attaque à une pelote de laine particulièrement épineuse à dérouler. Avant qu’on les propose sous forme numérique, pour lire les livres d’Amélie Nothomb il fallait en acheter une copie papier, un objet physique qui coûte à produire, transporter, stocker et présenter dans des rayons. Il fallait donc payer pour obtenir un feuilleté de cellulose, qui s’use, se perd, se brûle… et se prête aussi. Et de cette somme d’argent, après avoir largement rémunéré les intermédiaires, une petite portion était finalement reversée à l’auteur. Et ça, la rémunération de l’auteur, c’est le petit détail qui manque au tableau dépeint quelques paragraphes plus haut. Si je lis « Le Prince » de Nicolas Machiavel, mort en 1527 à Florence, l’ouvrage s’est élevé au domaine public depuis fort longtemps maintenant, et la question ne se pose pas. L’auteur n’aurait plus l’usage d’une rémunération aujourd’hui. Par contre, après avoir lu « Le Patriarche » de Florent Villard, j’ai tellement aimé le bouquin que j’ai spontanément envoyé un chèque à l’auteur, pour l’encourager à écrire la suite[8]. Mais dans le cas d’Amélie malheureusement, sa maison d’édition n’a pas voulu parier sur la philanthropie des futurs lecteurs.

Les autres maisons d’éditions non plus d’ailleurs, et cette question de la rémunération des auteurs, elle se pose en France et partout dans le monde depuis des années, depuis l’arrivée du numérique. Il y a eu des hauts et débats (selon la formule consacrée) pour y répondre, mais il y a malheureusement aussi eu des bas, comme les lois DADVSI et HADOPI 1 et 2…

Les lois HADOPI, on peut les évacuer rapidement : pas une ligne de leur texte ne porte sur la rémunération des auteurs, contrairement à ce qui a pu être clamé. Avec cette initiative législative, les représentant des ayants droit et de la distribution tentèrent juste une fois de plus de plier l’économie numérique de l’abondance aux lois qui régissent l’économie des biens physiques, basée sur le contrôle matériel de l’accès aux œuvres. Au lieu de s’adapter à un marché qui évolue, les moines copistes de DVD[9] tentent encore et toujours de retenir le progrès des technologies de diffusion pour rester rentiers.

Manu_le_manu - CC by nc sa

La loi DADVSI était elle encore plus simple à comprendre. Elle avait déjà pour objectif, 4 ans plus tôt, d’essayer d’imposer une forme de contrôle à la distribution d’œuvres sur Internet, via l’utilisation de verrous numériques aussi nommés DRM. Un procédé saugrenu, consistant à couper les ailes de l’innovation, en tentant de limiter les possibilités des ordinateurs et l’usage de certains fichiers, de telle sorte qu’on ait à considérer ces fichiers comme autant d’objets unitaires et non comme une simple suite d’octets duplicables plusieurs millions de fois par secondes, d’un bout à l’autre de la planète[10], ce qu’ils sont pourtant. En permettant à chaque distributeur de restreindre le nombre de copies possibles pour un fichier, on nous promettait le décollage des offres légales de contenus numériques. Ce fut un échec assez cuisant, rien n’a décollé et encore moins côté bouquin. C’est pourtant pas faute d’avoir expliqué, déjà à l’époque, que mettre des bâtons dans les roues de ses clients n’est pas un plan d’affaires viable.[11]

Ce fut un échec mémorable, chaque distributeur ayant adopté son propre système de « complication d’usage », tenu secret et dont l’étude était punie d’emprisonnement[12], et donc bien évidement incompatible avec ceux des autres distributeurs. Des systèmes à la fois contournables en s’en donnant la peine, et compliqués à mettre en œuvre dans le cadre d’une « consommation » courante… Microsoft à même réussi la prouesse de commercialiser à l’époque des lecteurs incompatibles avec son propre système de verrous numériques[13].

Du côté « pas libre » donc, la situation des livres numériques a souffert d’une orientation stratégique contraire à l’intérêt général, d’une mise en œuvre partielle et désorganisée et globalement d’une incompréhension des technologies numériques. Des caractéristiques qui ne sont pas sans rappeler le fiasco des porte-monnaie Monéo, lancés en 1999. Vous vous souvenez sûrement de ce nouveau moyen de paiement qui devait permettre aux banques de gérer votre monnaie en plus de votre épargne (au lieu de la laisser dormir dans un fourre tout près de la porte d’entrée), et qui fut conçu de manière à coûter moins cher aux banques qu’une carte de crédit classique. Il n’était donc pas sécurisé (pas de code à taper), mais surtout, il rendait l’argent de votre compte en banque « physique », dans la carte. Si elle tombait dans une flaque d’eau, vous perdiez le montant de son rechargement. Sans parler du fait que la carte se mettait dès lors à intéresser des voleurs potentiels, attirés par les 100€ que son porte monnaie intégré (de gré ou de force) pouvait contenir. Évidemment, ce système n’a pas, non plus, rencontré le succès escompté par ses créateurs.

Et pourtant, ces deux fantômes du début de la décennie, DRM et Monéo, reviennent hanter notre univers dématérialisé ces jours-ci. Le premier dans les offres de livres numériques de cette rentrée littéraire, le second imposé dans les restaurants universitaires. Et il ne serait pas étonnant de voir bientôt à la Fnac des bornes de distribution de livres numériques infestés de DRM, et imposant (comme dans les restaurants universitaires) les paiements par Monéo.

Aujourd’hui, alors que des systèmes alternatifs et innovant se mettent en place pour permettre la rémunération des auteurs dans une économie numérique, nous avons testé pour vous l’enfer dans lequel s’entêtent les entreprises « majeures » de la distribution de culture.

Livre numérique sur Fnac.com : le parcours du vieux con battant

D’après l’expérience de Fredchat – 13 septembre 2010

J’ai testé pour vous (avec un succès modéré) le service « Livres numériques » de la Fnac.

Cherchant sur le site de cet important distributeur français un livre de Maupassant, je suis tombé sur une annonce pour un « ebook » en téléchargement gratuit. L’offre a l’air honnête et puis c’est le livre que je cherchais, alors je me dis :

« Essayons voir ce service épatant que tout le monde marketing nous pousse à consommer : le livre électronique. »

Aussi simple que télécharger un fichier ?

Je me lance donc dans l’aventure et il faut, pour commencer, valider une commande sur le site Fnac.com, pour débloquer le téléchargement d’un fichier gratuit. Ça commence donc bien, il faut avoir un compte à la Fnac. Bon, ce n’est plus vraiment gratuit, mais c’est presque de bonne guerre.

Une fois passé ce premier écueil, et une fois la commande validée, le site me donne un lien vers une page de téléchargement. À ce point-là, moi qui aime faire les choses simplement quand c’est possible, je découvre avec désarroi que ce n’est pas le livre qu’on me propose de télécharger sur cette page. Point de fichier PDF, ePub ou d’un quelqu’autre format standard et reconnaissable (voire normalisé), comme les petites icônes vantaient dans les rayons du site. Au lieu de cela, on me propose un tout petit fichier, affublé de l’extension exotique .amsc et qui se révèle ne contenir que quelques lignes de XML. Ce fichier ne contient en fait pas grand chose de plus que l’URL d’un autre fichier à télécharger, un PDF cette fois. J’ai alors l’impression d’avancer vers le but, même si je m’embête rarement autant, dans la vie, pour télécharger un simple fichier, gratuit qui plus est. Seulement voilà, on ne peut pas le télécharger directement ce PDF ! Ils sont très forts à la Fnac, leur fichier gratuit m’a déjà coûté plus de vingt minutes… et je suis toujours bredouille.

Je me renseigne plus avant sur la procédure à suivre, et au cours de cette petite séance de lecture j’apprend qu’il faut obligatoirement passer par un logiciel Adobe, lui-même tout aussi gratuit mais uniquement disponible sous Microsoft Windows et Mac OS X… Linuxiens passez votre chemin.

Mais ce n’est pas tout…

Le logiciel Adobe en question interprète le XML, détecte les informations qui vont bien et, alors que le suspens est à son comble et que l’on croit toucher au but, surprise, le texte qui apparaît enfin n’est pas celui du livre. À la place, on tombe sur un charabia composé d’explications toutes aussi surprenantes que liberticides, avec un bouton « Accepter » en bas de l’écran. Pour un téléchargement gratuit, je me retrouve donc à vendre une deuxième fois mon âme au diable.

En substance, on m’explique que pour avoir accès au livre il me faut en autoriser la lecture sur l’ordinateur en cours d’utilisation, et pour cela, je dois obligatoirement avoir un identifiant Adobe. Cet identifiant, on l’ obtient en s’inscrivant à un « club » géré par l’éditeur du logiciel et qui requiert pour son inscription toute une bordée d’informations personnelles que l’on ne m’a jamais demandées pour acheter un livre… (qui devait être gratuit, excusez-moi d’insister).

Cela fait maintenant près de 40 minutes que je m’acharne sur ma commande Fnac.com d’un livre gratuit et à ce stade, je me surprends moi-même d’avoir trouvé à franchir tous les obstacles. Mais ça y est, je le vois le livre et il commence à en avoir de la valeur à mes yeux ce fichier PDF vu le temps que j’y ai consacré. Toutefois, téléchargeable et lisible uniquement via un logiciel propriétaire Adobe, ce n’est plus vraiment un fichier PDF…

D’ailleurs, alors que je m’apprête à copier ledit fichier vers un périphérique plus adéquat à sa lecture, une petite voix me prévient que je ne peux en autoriser la lecture, via le logiciel propriétaire, que sur un maximum de 6 périphériques, et qu’il faut donc que je m’assure de vouloir vraiment le copier quelque part et entamer le décompte. Je ne suis plus à ça près.

Conclusion

Résultat des courses, je suis fiché chez deux grandes entreprises (avec les dérives d’exploitation de mes données personnelles que cela permet), je ne peux pas lire le livre sous Linux. J’ai perdu mon après-midi et je ne peux pas partager le fichier gratuit, d’une œuvre libre de droits, avec mes amis pour leur épargner l’improbable et complexe procédure de téléchargement que j’ai subie. C’est sûr, avec Fnac.com on comprend vraiment la différence entre gratuit, et libre.

Toutefois, si vous êtes séduit, vous pourrez bientôt acheter le Petit Prince dans cet alléchant format, pour la modique somme de 18€…

Épilogue

Finalement, je crois que je vais rester un vieux con et garder mes livres papier. Au moins, dans ce format je peux les lire où je veux (dans un fauteuil, dans mon lit, sur les toilettes, au bord d’une piscine, etc.), quand je veux, que je sois en-ligne ou pas, et les prêter à mes amis.

Sinon, quand je serai remis de cette mésaventure, j’irai jeter un œil sur Wikisource ou sur le projet Gutenberg, il paraît qu’on y trouve des livres numériques libres, téléchargeables en un clic et dans des formats ouverts et normalisés…

Notes

[1] Crédit photo : xverges (Creative Commons By)

[2] Introduction rédigée le 23 septembre 2010.

[3] Attention, ce qui suit dévoile des moments clés de l’intrigue : bientôt 10 😉

[4] Libres à divers degrés suivant les variations permises par les licences Creative Commons, rendant l’œuvre modifiable ou non et commercialisable ou non.

[5] Pour la plupart du domaine public, librement lisibles, mais pas librement réutilisables. Il faut en effet s’acquitter d’une licence auprès de la Bibliothèque nationale de France pour pouvoir faire un usage commercial des fichiers obtenus depuis le portail. Ça fait quand même une sacrée bibliothèque… Merci à Christophe de l’avoir rappelé dans les commentaires.

[6] Par exemple sous la forme de pages webs, débitées en tranches de 450ko, sinon le téléphone en question sature sa mémoire vive s’il s’agit d’un N95…

[7] Ou encore, en réponse anticipée à un bout de la conclusion du texte présenté, partout où un chargeur solaire parviendra à maintenir l’engin allumé…

[8] Pour la petite histoire, j’ai même envoyés deux chèques, un après la lecture du 1er tome, et un autre à la fin de la 1ère trilogie (c’est prévu pour être une longue histoire). Or, l’auteur se sentant coupable de délaisser son ouvrage n’a encaissé que le 1er chèque, et c’était il y a plus d’un an maintenant. Toutefois, de récentes mises à jour sur le site du livre laissent espérer que la suite pourrait venir sous peu.

[9] Pour reprendre l’expression de Nicolas Dupont-Aignan.

[10] Oui, je sais qu’une sphère n’a pas à proprement parler de bouts, mais elle n’a pas non plus de côtés, et … revenons à nos moutons.

[11] Crédit photo : Manu_le_manu (Creative Commons By NC SA)

[12] Peine disproportionnée que les juges n’appliquèrent pas, et qui fut limitée par le Conseil d’État deux ans plus tard, interrogé par l’April sur le sujet

[13] Comme l’analysaient Formats-Ouverts.org, PCINpact.com, Clubic.com, Numerama.com




Quand on ne peut rivaliser, on se déclare ouvert pour masquer son incompétence

Tuftronic10000 - CC bySavez-vous ce qu’est un « FUD » ? C’est l’acronyme de Fear, Uncertainty and Doubt et Wikipédia nous dit que c’est une technique rhétorique consistant « à tenter d’influencer la perception de son audience en disséminant des informations négatives, souvent vagues et inspirant la peur ».

J’ai comme l’impression que le responsable Microsoft de l’Amérique Latine est un orfèvre en la matière, à en juger par les cinglantes déclarations ci-dessous[1].

Elles sont rapportées par un envoyé spécial brésilien dont on apprend en fin d’article qu’il a voyagé sur invitation de Microsoft.

Microsoft critique la position du gouvernement brésilien concernant le logiciel libre

Microsoft critica posição do governo brasileiro sobre o software livre

Bruno Romani – 14 septembre 2010 – Folha.com
(Traduction Framalang : Thibz)

Le president de Microsoft Amérique Latine, Hernán Rincón, a envoyé un message au gouvernement brésilien : l’innovation des logiciels ne se trouve pas dans le secteur public mais dans le secteur privé.

La déclaration a été faite après qu’il fut interrogé sur la position du gouvernement brésilien et son soutien aux logiciels libres en général et à Linux en particulier.

Lors d’une rencontre entre journalistes d’Amérique Latine à Bellevue, dans l’État de Washington, il a affirmé : « Les gouvernements doivent s’interroger : leur rôle est-il de servir les citoyens ou de développer des logiciels ? L’innovation est dans le secteur privé. ».

Selon Rincón, les logiciels libres demandent plus de travail et d’investissement de la part d’un gouvernement pour les maintenir en bon fonctionnement et à jour, ce qui ne serait pas le cas lorsque les entreprises se chargent de le faire à la place des gouvernements.

Mais Rincón pense que les deux modèles, logiciels libres et propriétaires, continueront à coexister.

Concurrence

Rincón a aussi épinglé la concurrence qui parie sur les standards ouverts et gratuits, comme Google. Il a ainsi affirmé : « Quand on ne peut pas rivaliser, on se déclare ouvert pour masquer son incompétence. ».

Et Rincón d’ajouter : « Au moment opportun, les entreprises se déclarent ouvertes. Elles l’utilisent pour leur propre bénéfice. ».

Chiffres

Rincón a aussi présenté des chiffres optimistes sur la région.

Selon lui, lors de ces 7 dernières années, la région a eu de la croissance économique (sauf en 2008). Et le secteur technologique y a fortement contribué puisqu’en Amérique Latine, il a été, en moyenne, 2 à 3% supérieur à la croissance de la région. L’année dernière par exemple, la croissance du PIB regional a été de 5% alors que celle de la technologie de l’information a augmenté de 7% à 8%.

Le Brésil, dit Rincón, a eu un rôle de premier plan dans ce processus.

Et Microsoft Amérique Latine a accompagné cette croissance. Rincón dit que sa division est celle qui croît le plus parmi toutes les divisions régionales. Le chiffre d’affaires actuel serait ainsi 3 fois supérieur à ce qu’il était il y a 7 ans.

Selon lui, 95% des ordinateurs d’Amérique Latine seraient sous Windows, 1,3% sous Apple et entre 2% et 3% sous Linux.

Le journaliste a voyagé sur invitation de Microsoft.

Notes

[1] Crédit photo : Tuftronic10000 (Creative Commons By)




Marketing et ergonomie, la touche finale d’Ubuntu qui fait avancer le logiciel libre

Trancept - CC by-nc-saUbuntu. Ce simple mot peut à la fois rassembler des milliers de personnes en un week-end et dans le même temps susciter moqueries, trolls, et critiques.

Il n’empêche que cette distribution GNU/Linux, que l’on ne présente plus, a gagné en à peine six ans d’existence une remarquable popularité auprès des nouveaux utilisateurs de systèmes d’exploitation libres. Ils y découvrent une indubitable simplicité d’utilisation et une communauté d’utilisateurs dévoués, accueillants et prêts à consacrer aux nouveau venus le temps nécessaire à leur apprentissage, un temps passé à reconquérir leurs libertés perdues dans les systèmes propriétaires.

Mais tout n’est pas rose avec Ubuntu. Certains voient en effet cette distribution en couleur poil-de-chameau. Pour ses détracteurs, Ubuntu ne mérite pas toute l’attention qu’on lui accorde et fait de l’ombre aux autres projets. De plus, ce système, emballé dans du papier cadeau aux couleurs chaudes se contenterait de singer jusque dans leurs défauts les systèmes propriétaires dont les icônes, la maniabilité à la souris et les effets graphiques séduisent les utilisateurs peu soucieux de technicité. Défauts parmi lesquels, la fin du pilotage intégral du système en ligne de commande pourtant si chère aux administrateurs système, ou encore une approche marketing qui diluerait les valeurs du logiciel libre.

Six ans, c’est presque l’âge de raison, cette période où l’on n’est plus petit, mais pas encore tout à fait grand. C’est peut-être cet âge-là qu’a atteint le projet de Mark Shuttleworth[1] révélé (une fois de plus) au travers du dernier billet de son fondateur et mécène comme une distribution « clicodrome », accompagnée d’un marketing professionnel et soigné, et destinée à séduire le plus large public possible… Dans ce long billet, spontanément traduit en l’espace de deux heures par une dizaine de contributeurs répondant à l’appel d’Olivier Fraysse (Ubuntu-fr) sur Twitter[2], Mark Shuttelworth revient sur les motivations qui l’animent au quotidien, et que les milliers de contributeurs faisant la réussite assez inédite d’Ubuntu semblent bien partager.

Introduction rédigée collaborativement par Olive, Poupoul2, JoKot3, Goofy et Siltaar.

Réflexions sur Ubuntu, Canonical et la route vers l’adoption des logiciels libres

Reflections on Ubuntu, Canonical and the march to free software adoption

Mark Shuttleworth – 14 septembre 2010
(Traduction Framalang : @olivierfraysse, @Gordontesos, @ldemay alias Louis Demay, @okhin, @Siltaar, @tshirtman, @winael, @pierretravers, @ricomoro et @framasoft)

Poussé en partie par les critiques concernant la contribution de Canonical au code du noyau Linux ou à l’infrastructure profonde de GNOME, j’ai cherché à savoir si j’avais la conscience tranquille : est-ce que je fais bien mon travail ? Ma manière de le faire convient-elle ? Il est important pour moi de savoir que ce que je fais est utile aux autres et contribue à un monde meilleur. Et dans mon cas, il s’agit d’une redistribution en proportion de la bonne fortune que j’ai pu connaître.

Deux messages que j’ai reçus le mois dernier définissent sans doute ce que je pense apporter à la communauté. Le premier, c’est un mot de remerciement arrivé de Nouvelle-Zélande, quelqu’un constatant qu’Ubuntu 10.04 change vraiment la donne dans son foyer. Pour lui, c’est une sorte de petit miracle de générosité si cet environnement complet, intégré et fonctionnel existe et est maintenu par des milliers de personnes. Quant au deuxième, c’est un contrat d’assistance avec une entreprise pour les dizaines de milliers de poste de travail fonctionnant sous Ubuntu 10.04 qu’elle utilise. Ces deux messages illustrent les piliers jumeaux du projet Ubuntu et de Canonical : apporter au monde entier l’extraordinaire générosité de la communauté du logiciel libre, comme un cadeau, gratuit, léger et cohérent, et le faire de manière pérenne.

Dans le premier cas, celui de Nouvelle-Zélande, quelqu’un apprend à ses enfants comment utiliser un ordinateur dès leur plus jeune âge, se rend compte de tout ce qu’apporte Ubuntu par rapport à Windows, et à quel point il est plus simple d’aborder l’informatique avec Ubuntu lorsqu’on s’adresse à des enfants. Pour cette famille, le fait qu’Ubuntu leur apporte l’univers du logiciel libre en un paquet harmonieux et soigné est extraordinaire, c’est une grande avancée, et ils en sont très reconnaissants.

C’est une histoire que j’espère voir se répéter des millions de fois. Et c’est une histoire qui donne bonne réputation et grande satisfaction, pas qu’à moi, pas qu’à ceux qui consacrent leur passion et leur énergie à Ubuntu, mais aussi à tous ceux qui contribuent au logiciel libre de manière générale. Ubuntu ne mérite pas à elle seule tous les honneurs, elle fait partie d’un écosystème large et complexe, mais sans elle, cette distribution de logiciels libres n’aurait pas la même portée ni la même force. Nous savons tous que le corps du logiciel libre a besoin de nombreux organes, de nombreuses cellules, chacun ayant ses propres priorités et intérêts. Le corps ne peut exister qu’avec chacun d’entre eux. Nous sommes une petite composante d’un vaste ensemble, et c’est un privilège pour nous d’assumer nos responsabilités en tant que distribution. Nous devons donner un point de départ à ceux qui débuteront leur voyage dans le monde du logiciel libre avec Ubuntu, et nous nous efforçons de nous assurer que toutes ces pièces s’accordent bien ensemble.

Ubuntu, et les possibilités qu’elle crée, n’aurait pu naître sans l’extraordinaire communauté Linux, qui elle-même n’existerait pas sans la communauté GNU, et n’aurait pas pris autant d’importance sans les efforts d’entreprises comme IBM et Red Hat. Et ç’aurait été une toute autre histoire sans les gens de Mozilla, ou Netscape avant eux, GNOME et KDE, et Google, ainsi que tout ceux qui contribuent de façons différentes à cet empilement, rendent le tout meilleur. Des dizaines de milliers de personnes qui ne sont pas directement associées à Ubuntu contribuent à rendre cette histoire bien réelle. Beaucoup d’entre eux y travaillent depuis plus d’une décennie… un succès soudain exige un gros travail en amont, et Ubuntu n’est sur le marché que depuis six ans. Ubuntu ne peut donc pas être crédité seul de la satisfaction qu’elle apporte à ses utilisateurs.

Néanmoins, le projet Ubuntu apporte quelque chose d’unique et d’inestimable au logiciel libre : un dévouement total aux utilisateurs et à l’ergonomie, à l’idée que le logiciel libre devrait être « pour tout le monde », d’un point de vue économique et d’un point de vue facilité d’utilisation, et à la volonté de traquer les problèmes qui y nuisent. Je perçois ce dévouement comme un don à ceux qui ont contribué à l’une de ces briques. Si nous pouvons multiplier par dix l’adoption du logiciel libre, nous aurons multiplié la valeur de votre générosité par dix, décuplé l’importance de toutes les heures passées à résoudre un problème ou à créer quelque chose de formidable. Je suis très fier de consacrer autant de temps et d’énergie à Ubuntu. Oui, je pourrais faire beaucoup d’autres choses, mais rien d’après moi qui aurait un tel impact sur le monde.

Je conçois que tout le monde ne perçoive pas les choses de cette façon. Multiplier l’audience de son travail par dix sans apporter de contribution au projet pourrait passer pour du parasitage, ou seulement décupler l’afflux de rapports de bogues. On pourrait avancer que peu importe notre générosité envers les utilisateurs finaux, si les développeurs en amont ne prennent que le code en considération, alors tout apport en dehors du code ne sera pas comptabilisé. Je ne sais pas bien comment y remédier – je n’ai pas créé Ubuntu comme un moyen d’écrire beaucoup de code, car ça ne me paraissait pas être ce dont le monde avait besoin. Le logiciel libre avait besoin d’un moyen pour aller de l’avant, d’amener le code déjà existant à un haut niveau de qualité et de fiabilité. La plupart des éléments du bureau étaient déjà en place – et le code affluait – il n’était simplement pas livré d’une manière qui lui permettrait d’être adopté ailleurs que sur les serveurs, par un public plus large.

Le second e-mail, dont je ne peux citer d’extraits, était en substance un contrat de services confié à Canonical pour aider une entreprise à migrer plus de 20 000 machines de bureau de Windows à Ubuntu. Nous avons récemment signé plusieurs accords d’échelle similaire, et le ryhtme augmente à mesure que la confiance en Ubuntu grandit. Alors que GNU/Linux est depuis longtemps reconnu comme un système de bureau intéressant pour les développeurs motivés et inspirés, il y a un écart entre cette utilisation et le besoin des grosses entreprises. À ma connaissance, aucune autre entreprise ne se consacre entièrement à la production d’un système de bureau libre, et je suis fier que Canonical joue ce rôle. Il me peinerait que tous les efforts de la communauté du logiciel libre ne puissent servir à ces utilisateurs. Il n’y a rien de propriétaire ou de secret dans les postes de travail dont Canonical assure le support dans ces grandes entreprises. Ce qui m’émerveille le plus, c’est que dans les cas de la famille de Nouvelle-Zélande et de cette entreprise, il est question du même code. Voilà à mon sens la véritable promesse du logiciel libre : lorsque je participais moi-même à des projets open-source, j’ai toujours été ravi que mon travail subvienne à mes besoins, mais qu’il soit également utile au plus grand nombre.

Ubuntu n’est qu’une petite partie de cet immense écosystème, mais je suis fier que nous ayons intensifié nos efforts pour relever ces défis. Canonical adopte une approche différente des autres entreprises qui travaillent dans l’univers Linux, non pas comme critique implicite des autres, mais simplement parce que c’est l’ensemble des valeurs que nous défendons. C’est une force pour le logiciel libre qu’un tel nombre d’entreprises différentes poursuivent autant d’objectifs importants.

Au cours des dernières semaines, on a suggéré que l’action de Canonical est égoïste et non dédiée au bénéfice d’une communauté plus large. C’est une critique blessante car la plupart d’entre nous ressentons justement le contraire : notre motivation, c’est tout faire pour servir la cause du logiciel libre, au bénéfice à la fois des utilisateurs finaux et de la communauté qui le produit, et nous sommes convaincus qu’élaborer Ubuntu et travailler pour Canonical sont les meilleures façons d’atteindre ce but. Ces critiques ont provoqué de nombreuses discussions et réflexions chez chacun de nous et chez Canonical. Ce billet s’inscrit dans cette réflexion : j’y témoigne de ce que je ressens lorsque je contribue, et pourquoi je suis fier du travail que j’accomplis chaque jour. Que faisons-nous pour le logiciel libre ? Et que fais-je moi-même ?

Pour commencer, nous le fournissons. Nous réduisons la friction et l’inertie qui empêchent les utilisateurs d’essayer les logiciels libres et de décider eux-mêmes s’ils les aiment suffisamment pour s’y plonger. Aujourd’hui, des centaines de développeurs de logiciels libres, traducteurs, concepteurs, porte-parole, ont l’occasion de prendre part au mouvement, parce qu’il est facile pour eux de faire le premier pas. Et ce n’est pas un travail aisé. Songez aux années d’efforts que nécessite la conception d’un simple installeur pour Linux comme http://www.techdrivein.com/2010/08/…, qui est l’aboutissement d’énormes quantités de travail par plusieurs groupes, mais qui sans Canonical et Ubuntu n’aurait jamais vu le jour.

Des milliers de personnes se contentent de concevoir des logiciels libres pour elles-mêmes, et ce n’est pas un crime. Mais la volonté d’en faire quelque chose que d’autres pourront explorer, utiliser et apprécier doit également être plébiscitée. Et c’est une valeur qui est fortement mise en avant dans la communauté Ubuntu : si vous lisez http://planet.ubuntu.com, vous verrez que l’on se réjouit grandement de compter des *utilisateurs de logiciels libres*. En tant que communauté, c’est pour nous une immense satisfaction de voir que des gens les *utilisent* pour résoudre leurs problèmes quotidiens. C’est plus satisfaisant pour nous que des récits sur l’amélioration de sa rapidité ou l’ajout d’une fonctionnalité. Certes, nous jouons sur les deux tableaux, mais notre communauté mesure davantage l’impact sur le monde que l’impact sur le code. Tous ses membres sont généreux de leur temps et de leur expertise, et il s’agit là de leur récompense. Je suis fier du fait qu’Ubuntu attire des personnes généreuses dans leurs contributions : à leurs yeux, ces contributions prennent de la valeur si elles sont retravaillées par d’autres, et qu’elles n’y perdent pas. C’est pourquoi nous nous réjouissons de l’existence de Kubuntu, Xubuntu, PuppyLinux et Linux Mint. Ces distributions ne marchent pas sur nos plate-bandes, elles se tiennent sur nos épaules, tout comme nous nous tenons sur les épaules de géants. Et c’est une bonne chose. Notre travail a plus de sens et plus de valeur parce que leur travail atteint des utilisateurs que le nôtre seul ne peut pas atteindre.

Quoi d’autre ?

Nous réparons ses défauts, aussi. Prenons par exemple le projet PaperCut, né parce que l’on s’est rendu compte que cette technologie formidable et les efforts que l’on consacre à réaliser un projet aussi complexe que le noyau Linux se trouvent diminués si l’utilisateur moyen n’obtient pas le résultat escompté alors que tout devrait fonctionner sans accroc. Des centaines de Papercuts ont été réparés, dans de nombreuses applications, ce qui ne bénéficie pas qu’à Ubuntu mais aussi à toutes les autres distributions qui intègrent ces applications. Ça n’a rien de simple : songez aux milliers de suggestions à trier, à la coordination des réparations et à leur partage. Grâce aux efforts sans répit d’une équipe nombreuse, nous changeons la donne. Épargner une heure par semaine à des millions d’utilisateurs représente un trésor d’énergie économisée, que l’utilisateur peut alors consacrer à une utilisation plus efficace du logiciel libre. L’équipe Canonical Design est à l’origine du projet Papercuts, mais les plus méritants sont les personnes comme Vish et Sense, qui sont venus gonfler nos rangs. Chaque patch a son importance, sur le poste de travail http://ubuntuserver.wordpress.com/2… et sur le serveur.

À un niveau plus personnel, un élément clé auquel je consacre de l’énergie est la direction, la gouvernance et la structure de la communauté. Aux débuts d’Ubuntu, j’ai passé beaucoup de temps à observer les différentes communautés qui existaient à l’époque, et comment on y gérait les inévitables tensions et divergences qui apparaissent lorsque beaucoup de fortes personnalités collaborent. Nous avons conçu l’idée d’un code de conduite qui assurerait que nos passions pour ces technologies ou ce travail ne prennent pas le dessus sur notre objectif principal : amener des gens de divers horizons à collaborer sur une plateforme commune. Je suis ravi que l’idée se soit étendue à d’autres projets : nous ne voulons pas garder jalousement ces idées, designs ou concepts, ce serait l’inverse de notre objectif premier.

Nous avons mis en place une structure simple : un forum technique et un conseil communautaire. Cette organisation est désormais courante dans beaucoup d’autres projets. Alors qu’Ubuntu se développe, la gouvernance évolue également : des équipes s’occupent de diriger des groupes tels que Kubuntu, les forums et les canaux IRC, fournissent conseils et orientation aux équipes des LoCo[3], aux modérateurs, aux opérateurs et aux développeurs, qui à leur tour s’efforcent d’atteindre la perfection technique et l’aisance sociale au sein d’une immense communauté mondiale. C’est fantastique. Ceux qui viennent participer à Ubuntu sont en général autant motivés par le désir d’appartenir à une merveilleuse communauté que par celui de résoudre un problème spécifique ou d’alléger la charge de travail d’un groupe.

Avec le temps, certains s’aperçoivent qu’ils ont le don d’aider les autres à être plus productifs : résoudre les conflits d’opinion, assurer l’organisation d’un groupe pour permettre de réaliser ce qu’un individu seul n’aurait pu accomplir. La structure de gouvernance d’Ubuntu leur crée l’opportunité de montrer leur valeur : ils forment le pivot et la structure qui permettent à cette communauté de s’adapter, de rester productive et agréable.

Défendre les valeurs d’un projet comme Ubuntu nécessite une vigilance constante. Lorsqu’on débute et que l’on affiche une ligne directrice précise, on n’attire en général que ceux qui sont sur la même longueur d’ondes que nous. Lorsque le projet gagne en envergure et en visibilité, il attire TOUT LE MONDE, car les gens veulent être là où ça bouge. Ainsi, les valeurs auxquelles on tient peuvent vite finir noyées dans la masse. C’est pourquoi je m’implique autant dans le travail du Conseil Communautaire d’Ubuntu et des équipes communautaires de Canonical. Les deux font preuve d’une grande perspicacité et ne rechignent pas à la tâche, ce qui fait de cette partie de mon travail un vrai plaisir.

Le Conseil Communautaire d’Ubuntu prend très au sérieux sa responsabilité en tant que dépositaire des valeurs des projets communautaires. Le CC est en grande partie composé de personnes qui ne sont pas affiliées à Canonical, mais qui croient que le projet Ubuntu est important pour le logiciel libre dans son ensemble. Jono Bacon, Daniel Holbach, et Jorge Castro, par exemple, sont des professionnels qui savent comment rendre une communauté productive et en faire un lieu de travail agréable.

Quelque chose d’aussi gros que la communauté Ubuntu ne peut être porté à mon seul crédit, ni à aucun autre, mais je suis fier du rôle que j’ai joué, et motivé pour continuer tant que ce sera nécessaire. Depuis quelques années, je me consacre davantage à mettre en avant le rôle du design dans le logiciel libre. Je suis convaincu que l’Open Source produit la meilleure qualité de logiciels qui soit, mais nous devons nous pencher sur l’expérience que nous souhaitons créer pour nos utilisateurs, que ce soit sur le bureau, les netbooks ou les serveurs. Je me suis donc beaucoup employé à encourager diverses communautés – celle d’Ubuntu et d’autres qui travaillent en amont – à réserver un bon accueil à ceux qui portent sur le logiciel libre un regard d’utilisateur final et non celui d’un codeur chevronné. C’est un changement de fond dans les valeurs de l’Open Source, et je ne pourrai l’accomplir seul, mais je suis tout de même fier d’être un défenseur de cette approche, et heureux qu’elle soit de plus en plus partagée.

Des designers travaillaient dans le logiciel libre avant que nous ne donnions cette impulsion. J’espère que l’insistance de Canonical sur l’importance du design leur facilite la tâche, que la communauté au sens large est plus sensible à leurs efforts et plus réceptive à leurs idées. En tout cas, si vous accordez *vraiment* de l’importance au design des logiciels libres, l’équipe de designers de Canonical est faite pour vous !

Je travaille moi aussi sur le design, et j’ai surtout participé à la conception détaillée de Unity, l’interface d’Ubuntu Netbook Edition 10.10. C’est une évolution de l’ancienne interface UNR, qui a surtout pour fonction de montrer que le poste de travail Linux n’a pas à rester bloqué dans les années 90. Nous allons tenter d’élaborer de nouvelles façons efficaces d’utiliser les ordinateurs.

J’ai été ravi de constater la vitesse à laquelle des centaines de projets ont adopté les fonctionnalités de Unity. Leur but est de rendre Linux plus facile d’utilisation et plus élégant. Ce rythme d’adoption permet de mesurer combien nous réduisons la difficulté pour les nouveaux utilisateurs qui découvrent une meilleure façon d’utiliser leur PC.

Si nous nous contentions du design sans nous occuper de la mise en application, on pourrait nous accuser d’attendre que les autres fassent le travail à notre place, alors je suis également fier de diriger une équipe géniale qui se charge de l’implémentation de certains de ces composants clés. Des éléments comme dbusmenu ont prouvé leur utilité pour apporter de la consistance à l’interface des applications GNOME et KDE fonctionnant sous Unity, et j’espère vraiment qu’elles seront adoptées par d’autres projets qui ont besoin de ces mêmes fonctions.

J’aimerais féliciter l’équipe d’ingénieurs pour le soin qu’ils apportent à la qualité et la testabilité, et pour leur désir de fournir aux développeurs des API propres et des documentations complètes permettant leur utilisation optimale. Si vous utilisez le jeu complet d’indicateurs dans Ubuntu 10.10, vous savez à quel point ce travail discret et continu permet d’obtenir un tableau de bord harmonieux et efficace. Nous allons livrer la première release de Utouch, qui continuera d’évoluer afin que GNOME et KDE puissent intégrer facilement les interfaces de mouvements multi-touch.

En plus de donner de mon temps, je soutiens aussi divers projets en les finançant. Injecter de l’argent dans un logiciel libre nécessite de se poser une question cruciale : cette somme serait-elle mieux employée ailleurs ? Il existe beaucoup de façons d’aider les gens : avec 100 000 $, on peut scolariser, vêtir ou nourrir beaucoup de monde. Il me faut donc être sûr que cet argent apporte des bénéfices réels et quantifiables sur la vie des gens. Les messages de remerciement que je reçois chaque semaine pour Ubuntu me confortent dans cette idée. Plus important encore, je constate moi-même l’effet de catalyseur qu’a Ubuntu sur l’ensemble de l’écosystème Open Source – les nouveaux développeurs qui le rejoignent, les nouvelles plateformes qui apparaissent, les créations de nouvelles entreprises et l’arrivée de nouveaux participants – et j’en conclus que le financement que je fournis a un impact significatif.

Quand Ubuntu a été conçu, l’écosystème Linux était dans un sens complètement formé. Nous avions un noyau, GNOME et KDE, Xorg, la Lib C, GCC et tous les autres outils bien connus. Bien sûr, il y avait des failles, des bugs et des feuilles de route pour les combler. Mais il manquait quelque chose, parfois définit comme « marketing », parfois défini comme « orienté utilisateur final ». Je me souviens avoir pensé « c’est ce que je peux apporter ». Donc Ubuntu et Canonical n’ont clairement PAS investi d’efforts dans ce qui fonctionnait déjà, mais dans de nouvelles idées et de nouveaux outils. J’y vois une contribution stimulante à l’écosystème Open Source en général, et je sais que beaucoup partagent cet avis. Ceux qui reprochent à Canonical de ne pas faire ci ou ça ont peut-être raison, mais ces critiques ne tiennent pas compte de tout ce que nous apportons et qui ne figurait pas sur la feuille de route avant notre arrivé. Bien sûr, il y a peu de travaux que nous accomplissons à nous seuls, et peu d’avancées que d’autres ne pourraient réaliser s’ils s’en faisaient un objectif, mais je crois que la passion de la communauté Ubuntu et l’enthousiasme de ses utilisateurs reflètent la nouveauté et l’originalité de ce projet. Ce doit être une source de satisfaction, de fierté et de motivation pour continuer dans cette voie.

Aucun projet particulier ne compte plus que le logiciel libre dans son ensemble. Il est plus important que le noyau Linux, plus important que GNU, plus important que GNOME et KDE, plus qu’Ubuntu, Fedora et Debian. Chacun de ces projets joue un rôle, mais c’est le tout qu’ils forment qui est vraiment en train de changer le monde. À cause des querelles concernant la contribution de chacun au logiciel libre, nous risquons de passer à côté de l’essentiel. Un peu comme une maladie auto-immune, quand le corps commence à s’attaquer lui-même. Par définition, quelqu’un qui se donne du mal pour diffuser le logiciel libre auprès d’un public plus large est dans le même camp que moi, contrairement aux 99% du reste du monde, si je veux penser en termes de camps. J’admire et respecte tout ceux qui consacrent leur énergie à faire avancer la cause du logiciel libre, même si parfois nos avis divergent en ce qui concerne les détails et la manière de procéder.

Notes

[1] Crédit photo : Trancept (Creative Commons By-Nc-Sa)

[2] Suivi d’un minutieux travail de relecture par Framalang : Don Rico et Siltaar

[3] NdFramalang : Local Community Communautés Locales




Geektionnerd : No Marseille for Old GNU

En référence directe à ce billet du blog : Quand la ville de Marseille écarte GNU/Linux en faveur de Windows 7.

Et en référence indirecte au film de No Coutry for Old Men, à la Régie des transports de Marseille (ou RTM) ainsi qu’à la célèbre réplique Read The Fucking Manual (ou RTFM).

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)