L’open data favorise-t-il nécessairement l’open source ?

Voici une question simple posée, excusez du peu, sur un des blogs du site de la Commission européenne.

On vous la pose donc à notre tour et vous attend dans les commentaires 🙂

A priori la réponse semble évidemment positive mais c’est peut-être plus compliqué que cela sur le terrain…

OpenSourceWay - CC by-sa

« Les gouvernements qui adoptent l’open data vont également adopter l’open source »

Governments that embrace open data will also switch to open source

Gijs Hillenius – 30 juin 2012 – Euopean Commission
(Traduction Framalang : Goofy, Antoine)

Les experts de l’open data s’accordent à dire que les administrations publiques qui comprennent les bénéfices qu’elles peuvent tirer de rendre publiques leurs données vont également plus utiliser du libre et de l’open source. L’open data et l’open source sont en effet souvent confrontés aux mêmes résistances : un manque de formation initiale et une crainte de l’effet qu’ils peuvent avoir sur l’organisation.

« Utiliser des logiciels propriétaires pour l’open data n’est pas aussi utile et pertinent que d’utiliser des logiciels libres », indique Jeanne Holm, l’évangéliste de data.gov, l’initiative open data du gouvernement Américain. « Il est plus facile pour les organisations, mêmes celles qui ont peu de moyens, de commencer à travailler sur des séries de données publiques avec des logiciels open source. Ce type de logiciels réunit le savoir de toute la communauté ».

Holm a été une des oratrices de la conférence sur l’interopérabilité sémantique qui a eu lieu à Bruxelles le 18 juin 2012. « Je suis une fervente avocate de l’open source, je ne suis donc pas impartiale. Cependant, ces logiciels fournissent aux gouvernements un moyen de moderniser leurs systèmes informatiques sans devenir aussi rapidement obsolète qu’avec des solutions propriétaires ».

Pour Holms, les administrations publiques ne devraient plus considérer l’open source comme controversé. « Toutes n’en voient pas encore les bénéfices car l’open source les éloigne parfois de leur situation confortable ».

Une explication similaire est donnée par Julia Glidden, une experte du e-gouvernement et la directrice générale de la société britannique 21c Consultancy. Les services IT peuvent avoir des millions de prétextes pour ne pas utiliser l’open source, selon elle. « Ils peuvent montrer du doigt le manque d’ergonomie, de robustesse, de sécurité et d’autres limitations techniques ».

De grands dépensiers

Glidden déclare que la migration en faveur de l’open source est largement une affaire de gestion du changement. L’open source menacerait la carrière des responsables informatiques. Cela change la relation qu’ils ont avec les gros vendeurs d’informatique et impacte négativement les budgets importants qui leurs sont alloués. « Ils considèrent l’open source comme une menace pour leur carrière et leur position acquise au sein de l’organisation. ». Pour elle, il en va de même pour l’open data. « Ils craignent, par exemple, de perdre leur emploi en cas d’utilisation abusive de ces données ».

De manière plus positive, les administrations publiques peuvent maintenant obtenir de l’aide sur le marché pour utiliser de l’open source dit-elle. On a atteint un seuil d’acceptation critique. « Il y a des vendeurs, des prestataires de service. Ce n’est pas le cas pour l’open data. Il y a besoin de consultants pour les aider à changer d’approche avec ce genre de partage de l’information ».

D’après Glidden, l’open data et l’open source se renforcent mutuellement. « La gouvernance fermée est morte, c’est juste une question de temps. Ils vont migrer vers de l’open source, ils feront de même pour l’open data ».

La philosophie du gouvernement

Katleen Janssen, une chercheuse au centre interdisciplinaire pour le droit et les TIC à l’Université catholique de Louvain est moins convaincue de l’existence d’un lien direct entre open data et open source. « Si l’open data fait partie de la philosophie des administrations publiques, elles vont également migrer vers de l’open source. Cependant, si elles pratiquent l’open data parce que tout le monde le fait ou parce qu’elles y sont contraintes, l’effet sera plus restreint ».

Crédit photo : OpenSourceWay (Creative Commons By-Sa)




Défaite humiliante et définitive d’ACTA au Parlement européen !

ACTA : Victoire totale pour les citoyens et la démocratie ! nous annonce La Quadrature du Net qui n’est pas pour rien dans ce résultat (et qui mérite notre plein soutien).

Ce n’est qu’un début… mais en attendant, nous nous associons à la joie du moment avec cette traduction du pirate Rick Falkvinge.

ACTA 4th July

VICTOIRE ! ACTA subit une défaite humiliante et définitive au Parlement européen

VICTORY! ACTA Suffers Final, Humiliating Defeat In European Parliament

Rick Falkvinge – 4 juillet 2012 – Site personnel
(Traduction Framalang : Ypll, Goofy, Martin)

Aujourd’hui à 12h56, le Parlement européen avait le choix entre le rejet final d’ACTA et la poursuite de l’incertitude. Par un vote écrasant, 478 à 39, le Parlement a décidé de rejeter ACTA une bonne fois pour toutes. Cela signifie que ce traité trompeur est maintenant mort au niveau mondial.

C’est un jour de fête. C’est le jour où les citoyens d’Europe et du monde ont vaincu les bureaucrates non élus, qui étaient courtisés par le lobby des plus riches entreprises de la planète. Le champ de bataille n’était pas un quelconque bureau dans une administration mais les représentants du peuple – le Parlement européen – qui ont finalement décidé de faire leur travail en beauté, et de représenter le peuple contre les intérêts particuliers.

La route vers cette victoire fut sombre, difficile, et en aucun cas sûre.

ACTA 4th July

Illustration : Le vote final sur ACTA au Parlement européen : 39 pour, 478 contre.

Comment en sommes-nous arrivés là ?

Il y a six mois la situation semblait très sombre. Il semblait certain qu’ACTA passerait en silence et dans l’indifférence totale. Les forces défendant les droits des citoyens ont essayé de le faire passer devant la Cour européenne de justice pour tester sa légalité et pour gagner un peu de temps. Et là, quelque chose s’est produit.

Un monstre du nom de SOPA est apparu aux États-Unis. Des milliers de sites web se sont couverts de noir le 18 janvier et des millions de protestations se sont exprimées, laissant le Congrès en état de choc devant l’ampleur de la colère populaire contre certains intérêts privés. SOPA en est mort.

Dans ce sillage, comme les citoyens s’étaient rendus compte qu’ils n’avaient pas besoin d’accepter de tels abus d’entreprises sans broncher et en tendant l’autre joue, la communauté a braqué ses projecteurs sur ACTA. La lutte a continué en beauté pour vaincre ce monstre. Début février, il y a eu des manifestations dans toute l’Europe, laissant le Parlement européen tout aussi choqué.

Les partis politiques ont changé d’avis et proclamé leur opposition à ACTA en solidarité avec les manifestions citoyennes sur tout le continent, après avoir compris à quel point cette législation étaient commandée sans aucune honte par des entreprises complices qui pensaient que c’était déjà fait. Ils ont essayé, retenté, et forcé jusqu’à aujourd’hui, de reporter le vote d’ACTA pour qu’il se passe dans la plus grande indifférence du public et des activistes.

Hélas, ils ne comprennent pas le Net. Et il y a un point clé ici : le Net n’oublie jamais.

Mais le message à retenir ici, c’est que nous, les activistes, avons fait ça. Tout le monde au Parlement européen se relaie pour rendre hommage à tous les activistes partout en Europe et dans le monde, qui ont attiré leur attention sur le fait que c’était une vraie saleté, que ce n’était pas une proposition à approuver comme les autres, mais en fait une proposition de législation réellement dangereuse. Tout le monde remercie les activistes pour cela. Oui, vous. Vous devriez vous pencher en arrière, sourire et vous filer des tapes dans le dos. Chacun d’entre nous a de très bonnes raisons d’être fier aujourd’hui.

Et maintenant ?

En théorie, ACTA pourrait toujours s’appliquer entre les États-Unis et plusieurs États de plus petite taille. Dix États étaient en négociation, et six d’entre eux doivent le ratifier pour qu’il entre en vigueur. En théorie, cela pourrait devenir un traité entre les États-Unis, le Maroc, le Mexique, la Nouvelle Zélande, l’Australie et la Suisse. (Mais attendez, le Sénat mexicain a déjà rejeté ACTA. Tout comme l’Australie et la Suisse, en pratique. Eh bien… alors un traité entre les États-Unis et le Maroc, dans l’éventualité peu probable que les États-Unis le ratifient réellement et formellement. Vous voyez l’issue qui se dessine.)

Comme il était expliqué précédemment sur TorrentFreak, sans le soutien de l’Union européenne, ACTA est mort. Il n’existe pas.

Le Commissaire européen responsable du traité, Karel de Gucht, a déclaré qu’il n’allait tenir compte d’aucun rejet et le re-soumettre au Parlement européen jusqu’à son adoption. Cela n’arrivera pas. Le Parlement fait très attention à sa dignité et ne tolère pas ce genre de mépris, heureusement. C’est quelque chose d’assez nouveau dans l’histoire démocratique de l’Union européenne – la première fois où j’ai vu le Parlement se battre pour sa dignité était pour le Paquet Télécom, quand la Commission a pareillement tenté de faire adopter de force la riposte graduée (au contraire, le Parlement a rendu cette riposte graduée illégale dans toute l’Union européenne).

Une bonne partie des dangers d’ACTA reviendra sous d’autres noms. Pour les lobbyistes, c’est le travail de sape ordinaire contre les pouvoirs, jusqu’à ce qu’ils cèdent. Juste un jour de boulot comme un autre. Nous devons rester vigilants contre les intérêts particuliers qui reviendront encore et encore à la charge, jusqu’à ce que nous nous assurions que la route législative leur soit complètement bloquée. Nous devons rester vigilants.

Mais pas aujourd’hui.

Aujourd’hui, nous fêtons un travail extraordinairement bien mené.

Aujourd’hui, le 4 juillet, l’Europe célèbre une journée d’indépendance vis-à-vis des intérêts particuliers américains.

Aujourd’hui, nous avons défendu nos droits les plus fondamentaux contre les géants de l’industrie, et nous avons gagné.

Félicitations à nous tous, et merci à tous les frères et les sœurs sur les barricades, partout dans le monde, qui ont rendu cela possible.

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa




L’esprit de partage, une révolution de l’esprit #Sharism

Issu du verbe anglais to share qui veut dire partager, le « Sharism » est reconnu par Wikipédia.

Cela ne signifie pas que le concept, exposé ici par le chinois Isaac Mao, soit nécessairement valide, d’autant que le style verse parfois un peu trop dans le new age, mais il méritait selon nous un nouveau petit coup de projecteur.

Cet article a été rédigé en décembre 2008 (avant, par exemple, le réel avènement des réseaux sociaux). Il a été traduit initialement par Olivier Heinry sur son site.

Joi Ito - CC by

L’esprit de partage, une révolution de l’esprit

Sharism: A Mind Revolution

Isaac Mao – Décembre 2008 – Creative Commons By
(Traduction : Olivier Heinry)

Alors que le peuple du World Wide Web communique plus pleinement et plus librement par le biais des médias sociaux et que l’on assiste à une explosion des contenus 2.0, la dynamique interne d’une telle explosion créative se doit d’être étudiée de plus près. Quelle est la motivation de ceux qui rejoignent ce mouvement et quel futur vont-ils engendrer ? L’un des aspects clés consiste en la surabondance de respect de la part de la communauté et de capital social accumulés par ceux qui partagent.

La motivation clé des Médias Sociaux et l’esprit animant le Web 2.0 forment un changement de paradigme nommé Esprit de Partage. L’esprit de partage suggère une réorientation des valeurs individuelles. On le voit à l’œuvre dans les contenus générés par les utilisateurs. C’est l’allégeance des Creative Commons. Il fait partie des initiatives culturelles futuro-centriques. L’esprit de partage est également un exercice mental que tout un chacun peut essayer, une attitude socio-psychologique destinée à transformer un univers étendu et isolé en un Cerveau Social hyper-intelligent.

La doctrine du neurone

Le partagisme est encodé dans le Génome Humain. Bien qu’éclipsés par les nombreux pragmatismes du quotidien, la théorie du l’Esprit de Partage trouve sa source dans les neurosciences et l’étude du modèle opératoire du cerveau humain. Bien qu’il nous soit impossible de décrire le fonctionnement du cerveau dans son ensemble, nous disposons d’un modèle du mécanisme de fonctionnement du système nerveux et de ses neurones. Un neurone n’est pas qu’une simple cellule de l’organisme, mais un processeur biologique très puissant et excitable électriquement. Des groupes de neurones forment des réseaux intensément interconnectés, qui, en modifiant la force/résistance des synapses situées entre les cellules, peuvent traiter de l’information, ainsi qu’apprendre. Un neurone , en partageant des signaux chimiques avec ses voisins, peut se retrouver intégré à des motifs plus significatifs qui maintiennent le neurone actif et vivant. De plus, cette simple logique peut être répétée et amplifiée, puisque tous les neurones fonctionnent sur un principe similaire de connexion et de partage. A l’origine, le cerveau est des plus ouverts. Un réseau neuronal existe qui partage activité et information, et je pense que ce modèle du cerveau devrait inspirer des idées comme aider à prendre des décisions concernant les réseaux humains.

Ainsi, notre cerveau privilégie le partage par la nature même de son système, ce qui signifie de profondes implications pour les processus créatifs. A chaque fois que vous avez l’intention de créer, il vous sera plus aisé de générer des idées plus créatives si vous conservez à l’esprit la notion de processus de partage. Le processus de formation des idées n’est pas linéaire, mais ressemble plus à une avalanche d’amplifications le long d”un chemin de réflexion. Il se déplace avec le momentum d’une boule de neige créative. Si votre système cognitif interne encourage le partage, vous pouvez alors construire une boucle de rétroaction de bonheur, qui vous aidera à son tour à générer d’autant plus d’idées. C’est une sorte d’effet papillon, où la petite quantité d’énergie créative que vous aurez dépensé vous rendra, vous et le monde , plus créatifs.

Cependant, les décisions prises au quotidien par la plupart des adultes ont une créativité plutôt faible, seulement parce qu’ils ont désactivé leurs chemins de partage. Les gens aiment en général partager ce qu’ils créent, mais dans une culture qui leur enjoint de protéger leurs idées, les gens deviennent convaincus du danger du partage. Le sens du partage est alors affaibli dans leur esprit et découragé au sein de leur société. Mais si nous pouvons encourager une personne à partager, alors ses chemins de partage resteront ouverts. L’esprit de partage restera en mémoire dans son esprit, tel un instinct. Si elle rencontre au futur une situation de choix créatif, son choix sera : « Partage ».

Ces déclics de l’esprit sont trop subtils pour être perçus. Mais du fait que le cerveau,et la société, sont des systèmes connectés, l’accumulation de ces micro-attitudes, de neurone en neurone, et d’individu en individu, peut aboutir à un comportement manifeste. Il est aisé de pouvoir dire si une personne, un groupe, une entreprise, une nation sont enclins au partage ou pas. Pour ceux qui ne le sont pas , ce qu’ils défendent comme « biens culturels » et « propriété intellectuelle » ne sont que des excuses pour le statu quo gardant une communauté fermée. Une grande partie de leur « culture » sera protégée, mais le résultat net consiste en la perte directe de bien des précieuses idées, et dans la perte subséquente de tous les gains potentiels de leur partage. Cette connaissance perdue est un trou noir dans nos vies, qui pourrait bien avaler d’autres valeurs également.

La culture du non-partage nous guide à tort avec sa séparation absolue des espaces privé et public. Toute activité créatrice devient un choix binaire entre public et privé, ouvert et fermé, ce qui entraîne la naissance d’un fossé dans le spectre de la connaissance. Bien que ce fossé puisse devenir le lieu d’une réelle créativité, les craintes liées à la vie privée rendent ce fossé difficile à combler. Nous ne devrions pas nous étonner du fait que la plupart des gens, pour demeurer en sécurité, ne partagent que de façon privée et restent donc « fermés ». Elles craignent peut-être que l’Internet ne soit un risque potentiel qu’elles ne peuvent combattre seules. Paradoxalement, moins vous partagerez, moins vous en aurez le pouvoir.

Les nouvelles technologies et la montée de l’esprit de partage

Remontons en 1999, à l’époque où il n’y avait que quelques centaines de blogs de pionniers sur la planète, et sans doute pas plus de dix lecteurs à suivre chacun de ces blogs. L’histoire humaine est ainsi faite : un événement important avait lieu sans que le reste du monde ne le réalise. Le changement induit par l’arrivée de publications en ligne simples d’usage déclencha une révolution douce en moins de cinq ans. Les gens ont fait rapidement et facilement la transition depuis la simple consultation de blogs à l’ajout de commentaires et la participation à des discussions en ligne, jusqu’à réaliser soudainement qu’ils pouvaient eux-même devenir blogueurs. Plus de blogueurs a généré plus de lecteurs, et plus de lecteurs ont créé encore plus de blogs. Ce fut une révolution virale.

Les blogueurs génèrent sur Internet une information vivante et à jour, et sont connectés les uns aux autres par RSS, hyperliens, commentaires, trackbacks et citations. Le fine granularité des contenus peut alors combler les interstices entre notre expérience lacunaire, et ainsi écrire une nouvelle histoire de l’humanité. Une fois que vous êtes devenu un blogueur, une fois que vous avez accumulé autant de capital social sur un aussi petit site, il est devenu difficile d’arrêter. Cela ne peut s’expliquer par une théorie de la dépendance. C’est une impulsion de partage. C’est l’énergie des mêmes qui veut circuler de bouche à oreille et d’esprit à esprit. C’est plus que l’e-mail. C’est l’esprit de partage.

Les blogueurs souhaitent toujours garder à l’esprit le contexte social de leurs articles, en se demandant : « Qui donc va lire ceci ? » Les blogueurs sont agiles en ce qu’ils ajustent leur tonalité -et leur niveau de vie privée – pour faire avancer leurs idées sans se mettre en danger. Il s’agirait du sens du terme adéquat, plutôt que d’une auto-censure. Mais une fois que les blogs ont atteint leur masse critique, ils se sont étendus pour devenir la blogosphère. Ce dernier point a requis un système de réseaux sociaux plus délicat, ainsi qu’une architecture de partage de contenus. Mais les gens savent désormais qu’ils maîtrisent une palette plus large de relations. A la façon dont Flickr nous permet de partager des photos, mais en toute sécurité. Le respect de la vie privée de Flickr à base de cases à cocher peut paraître étrange au nouvel utilisateur, mais elle peut vous permettre de jouer avec les ressorts mentaux de l’esprit de partage. En cochant une case, nous pouvons choisir de partager , ou pas. De mes propres observations, j’ai pu constater que des photographes sur Flickr deviennent plus réceptifs à l’idée de partage, tout en conservant toute la latitude voulue dans leurs choix.

L’émergence rapide d’applications sociales qui communiquent et coopèrent, en permettant à tout un chacun de diriger des contenus d’un service à un autre, laisse les utilisateurs libres de pomper leurs mêmes au travers d’un écosystème faits de pipelines. Cette capacité d’interconnexion permet aux mêmes de se déplacer au travers de multiples réseaux sociaux, et de potentiellement atteindre une énorme audience. En conséquence de quoi, ce système de micro-pipelines rend les médias sociaux viables en tant qu’alternative aux mass-média traditionnels. Ces nouvelles technologies ressuscitent l’esprit de partage dans notre culture de la fermeture.

Pratique locale, bénéfice global

Si jamais vous avez perdu votre esprit de partage du fait d’un mauvais environnent culturel ou éducatif, il est ardu de le retrouver. Mais ce n’est pas impossible. Une pratique assidue peut mener à un rétablissement complet. Vous pouvez vous représenter l’esprit de partage comme une pratique spirituelle. Mais vous devrez pratiquer quotidiennement. Sinon, vous perdriez le pouvoir de partager. Définitivement.

Vous pourriez avoir besoin de quelques chose qui vous motive, vous empêche de revenir à un état d’esprit fermé. Voici une idée : afficher sur votre bureau une note portant la mention : « Que veux-tu partager aujourd’hui ? ». Sans blague. Par la suite, si jamais vous tombez sur quoi que ce soit d’intéressant, partagez-le ! La façon la plus simple à la fois pour commencer et continuer à partager consiste à utiliser de multiples logiciels sociaux. Le premier même que vous souhaitez partager sera peut être de peu de taille, mais vous pourrez l’amplifier par le biais des nouvelles technologies. Listez les noms de personnes de votre réseau personnel, et invitez-les à rejoindre un nouveau logiciel social. Au début, vous aurez peut-être du mal à voir les bénéfices de l’esprit de partage. Le vrai test consiste alors à voir si vous pouvez suivre le feedback que vous obtenez de ce que vous partagez. Vous réaliserez que quasiment toutes vos activités de partage vont générer des résultats positifs. Le bonheur que vous ressentirez n’est que la récompense la plus immédiate, même s’il y en a d’autres.

Le premier type de récompense que vous obtiendrez arrivera sous la forme de commentaires. Vous saurez alors que vous avez suscité de l’intérêt, de l’appréciation, de l’excitation. La seconde récompense sera l’accès à tout ce que les amis de votre réseau auront partagé. Du fait que vous les connaissez et avez confiance en eux, vous serez d’autant plus intéressés par ce qu’ils partagent. Mais le troisième type de récompense est plus important encore. Tout ce que vous partagez sera transféré, remis en circulation et publié une nouvelle fois au travers des propres réseaux de vos amis. Cet effet de cascade porte alors votre parole aux masses mises en réseau. Les progrès des logiciels de réseaux sociaux font que la vitesse de propagation devient celle d’un clic de souris. Vous devriez rencontrer l’esprit de partage. Vous êtes sur le point de devenir connu, et ce rapidement.

Ce qui nos amène au quatrième et dernier type de retour, qui fait sens non seulement pour vous, mais également pour la société toute entière. Si vous l’avez choisi, vous autorisez autrui à créer des œuvres dérivées à partir de ce que vous aurez partagé. Ce simple choix peut facilement faire boule de neige et induire de nouvelles créations le long du chemin du partage de la part de personnes situés à des endroits clés du réseau et qui sont toutes aussi passionnées que vous pour créer et partager. Après plusieurs cycles de développement, une vaste œuvre créatrice peut jaillir de votre décision de partager. Bien sûr, vous recevrez le crédit que vous avez demandé, et que vous méritez. Et c’est tout à fait logique de vouloir en être rémunéré. Mais dans tous les cas vous en obtiendrez quelque chose de tout aussi essentiel : du Bonheur.

Plus il y aura de créateurs dans l’esprit de partage, plus ce sera facile de parvenir à un état d’équlibre et d’équité pour les Médias Sociaux tissés par les gens eux-même. Les médias ne seront pas contrôlés par une seule personne, mais reposeront sur la distribution régulière du réseautage social. Ces « Partagéros » (Héros Partageurs) deviendront naturellement les leaders d’opinion de la première vague de Média Social. Cependant, les droits sur ces médias appartiendront à tous. Vous devenez à la fois producteur et consommateur dans un tel système.

L’esprit de partage protège vos droits

Bien des questions restent malgré tout en suspens à propos de l’esprit de partage comme initiative dans une nouvelle ère, la principale étant celle du copyright. Un des soucis est que n’importe quelle perte de contrôle sur des contenus protégés par copyright conduira à une baisse conséquente de la richesse individuelle, ou simplement en une perte de contrôle. Il y a 5 ans, j’aurais considéré cela comme possible. Mais les choses changent aujourd’hui. L’environnement de partage est plus protégé que vous ne pourriez penser. Bien des nouveaux logiciels sociaux vous facilitent l’établissement des conditions d’utilisation de votre chemin de partage. Tout violation de ces termes a leur égard vous sera reprochée non seulement par la loi, mais par votre communauté. Votre auditoire, qui bénéficie de ce que vous partagez, peut aussi tenir lieu de gardien de vos droits. Cela paraît idéal, même pour le détenteur de droits traditionnels.

De plus, en mesurant la portée des récompenses immédiates et à venir liées au partage, vous vous direz peut-être en fin de compte que le copyright et les « Tous droits réservés » sont bien éloignés de vous. Vous apprécierez trop les bénéfices du partage pour vous soucier de savoir qui détient une copie. Plus il y a de gens à remixer vos œuvres, plus vous aurez un retour important, voici la nouvelle formule économique.

Je voudrais souligner que le sens du partage n’équivaut pas au Communisme, ni au Socialisme. Pour ce qui est des Communistes endurcis, ils ont souvent violé la nature encline au partage des gens pour les forcer à abandonner leurs droits comme leurs biens. Le Socialisme, ce Communisme attendri, a, d’après notre exprience, également montré bien peu de respect envers ces droits. Dans ces systèmes, l’état détient toute propriété. Dans l’esprit de partage, vous pouvez conserver vos droits si vous le voulez. Mais je préfère partager. Et c’est ainsi que j’ai choisi de propager des idées, et la prosperité.

L’esprit de partage est entièrement basé sur votre propre consensus. Ce n’est pas trop difficile à comprendre, surtout depuis que des mouvements liés au copyleft comme la Free Software Foundation et les Creative Commons existent déjà depuis plusieurs années. Ces mouvements redéfinissent un spectre plus flexible de licences pour que les développeurs comme les utilisateurs finaux puissent marquer leurs travaux. Du fait que ces nouvelles licences peuvent être reconnus autant par les humains que les machines, il devient de plus en plus facile de partager à nouveau ces travaux dans les nouveaux écosystèmes en ligne.

L’esprit du Web, un cerveau social

L’esprit de partage est celui de l’ère du Web 2.0. Il a à la fois la consistance d’une Épistémologie naturalisée et celle d’une Axiologie modernisée, mais contient également les promesses du pouvoir d’une nouvelle philosophie de l’Internet. L’esprit de partage va transformer le monde en un Cerveau Social émergeant, un hybride mis en réseau de personnes et de logiciel. Nous sommes les Neurones en Réseau connecté par les synapses du Logiciel Social. Il s’agit d’une saut de l’évolution, un petit pas pour nous mais un pas de géant pour la société humaine. Avec ces nouvelles technologies « velues » fleurissant autour de nous , nous sommes en mesure de générer plus de connectivité et d’augmenter le débit de nos liens sociaux. Plus nous , neurones sociaux, serons ouverts et intensément connectés, meilleur sera l’environnement de partage, pour tous. Plus notre intelligence sera collective, plus la sagesse marquera nos actions. Les gens ont toujours trouvé de meilleures solutions par la conversation. Désormais, nous pouvons le mettre en ligne.

L’esprit de partage sera la politique exercée par la prochaine super puissance globale. Il ne s’agira pas d’un pays, mais d’un nouveau réseau humain relié par le Logiciel Social. Il s’agit peut-être d’un rêve lointain, de même que une politique publique de partage bien conçue n’est sans doute pas pour demain. Mais les idées que je soulève peuvent améliorer dès aujourd’hui les gouvernements. Nous pouvons intégrer nos systèmes démocratiques émergents comme déjà existants avec de nouvelles toponymies sociales (basées sur l’indexation sociale et collaborative d’information) pour permettre aux gens d’émettre des requêtes, de partager des données et remixer les informations pour des usages publics. L’intelligence collective d’un vaste environnement de partage équitable peut être le gardien du temple de nos droits, et le chien de garde des gouvernements. Dans le futur, la politique pourra être exercée de manière plus nuancée, par le biais de la micro-participation de la communauté de l’esprit du partage. Cette « Démocratie Émergente » se déroule plus en temps réel que lors de sessions parlementaires. Elle élargira la panoplie de nos choix, au-delà des options binaires offertes par référendums par « Oui » ou « Non ». La démocratie représentative en deviendra plus prompte à réagir et plus diligente, parce que nous nous représenterons nous-même au sein du système.

L’Esprit de Partage aura pour résultat une plus grande justice sociale. Dans un environnement de partage sain, tout signe d’injustice peut se retrouver amplifié afin d’attirer l’attention du public. Toute victime peut obtenir un support aussi effectif qu’instantané de ses pairs et des pairs de ses pairs. Les procédures de justice prendront la forme de pétitions émises par le biais de multiples canaux interconnectés. Par ces outils, chacun d’entre nous peut devenir mieux socialisé, et la société plus individualisée. Nous ne sommes plus forcés d’agir seuls. La démocratie émergente n’existera qu’une fois que l’Esprit de Partage sera devenu le bréviaire de la majorité. Puisque l’Esprit de Partage peut améliorer la communication, la collaboration comme la compréhension mutuelle, je crois qu’il a sa place au sein du système éducatif. L’Esprit de Partage peut s’appliquer à n’importe quel discours culturel, communauté de pratique (Community of Practice) ou contexte de résolution de problème. C’est également un antidote à la dépression sociale, la perte du sens du partage ne faisant que tirer notre société vers le bas. Dans les pays totalitaires actuelles ou passés, ce cycle décadent est encore plus visible. Le monde futur sera un hybride d’humain et de machine qui permettra des prises de décisions meilleures et plus rapides, n’importe où, n’importe quand. Le flot d’information entre les esprits deviendra plus flexible et plus productif. Ces vastes réseaux de partage créeront un nouvel ordre social : une Révolution de l’Esprit.

Crédit photo : Joi Ito (Creative Commons By)




#FREEBASSEL Lettre de soutien au syrien Bassel Khartabil

Depuis plus de trois mois, nous sommes sans nouvelles du syrien Bassel Khartabil, arrêté à Damas dans des conditions qui semblent sommaires et arbitraires.

Acteur reconnu de la communauté open source, cette dernière se mobilise pour obtenir sa libération ou tout du moins des informations sur les causes et les conditions de sa détention.

Nous avons traduit la lettre de soutien que vous pouvez signer sur cette page.

Joi Ito - CC by

#FREEBASSEL

URL d’origine du document

Juin 2012 – FreeBassel.org
(Traduction Framalang : Goofy et Ju)


Le 15 mars 2012, Bassel Khartabil a été incarcéré suite à une vague d’arrestations dans le quartier de Mazzeh à Damas (Syrie). Depuis cette date, sa famille n’a reçu aucune explication sur sa détention ni aucune information sur les conditions de sa captivité. Toutefois, sa famille vient d’apprendre par un détenu libéré qu’il est incarcéré dans la section de haute-sécurité de Kafer Sousa à Damas.

Bassel Khartabil, un Syrien de 31 ans né en Palestine, est un ingénieur en informatique reconnu pour ses compétences dans le développement de logiciels open source qui contribuent à l’élaboration d’Internet. Il a commencé sa carrière il y a dix ans en Syrie comme directeur technique d’un certain nombre d’entreprises locales en travaillant sur des projets culturels tels que la réhabilitation du site archéologique de Palmyre et le magazine Forward Syria.

Depuis, Bassel s’est fait connaître dans le monde entier par son engagement résolu en faveur du Web ouvert, sa capacité à enseigner aux autres les technologies de l’information, et l’aide bénévole qu’il apporte à chaque occasion. Bassel est le responsable principal d’un projet open source pour le Web appelé Aiki Framework. Il est bien connu au sein des communautés techniques en ligne au titre de contributeur bénévole pour des projets aussi importants pour Internet que Creative Commons, Mozilla Firefox, Wikipedia, Open Clip Art Library, Fabricatorz, et Sharism.

Depuis son arrestation, le précieux travail de Bassel comme contributeur bénévole, que ce soit en Syrie ou dans le monde entier, s’est interrompu. Son absence a été durement ressentie pour les communautés qui dépendent de lui. En outre, sa famille et sa fiancée (qu’il devait épouser en avril dernier) ne vivent plus que dans une attente angoissante.

Bassel Khartabil est incarcéré injustement depuis bientôt quatre mois sans aucun procès et sans qu’aucun motif d’inculpation n’ait été retenu contre lui.

Nous, signataires de la campagne #FREEBASSEL, exigeons immédiatement des informations sur ses conditions de détention, sa santé et son état psychologique.

Nous demandons instamment au gouvernement syrien de remettre en liberté immédiatement Bassel Khartabi, membre de la communauté globale open source, qui pour les siens est un fils et un époux, et qui pour la communauté est un ingénieur informatique de renommée mondiale.

-> Signer cette lettre de soutien

Crédit photo : Joi Ito (Creative Commons By)