Pouhiou balance les hashtags #danstaface

Avec la publication de Smartarded la collection Framabook s’enrichit d’un feuilleton capricant et croquignolet, dont l’écriture rigoureusement fantaisiste surprendra agréablement plus d’un libriste. Une lecture jouissive, on vous dit. Que les thuriféraires de Paulo Coelho passent leur chemin, ici pas de spiritualité pour enfant de chœur prépubère, mais de la pure idée biscornue distillée dans l’alambic d’un Ariégeois dopé aux blogs, aux zachetagues et à la création Libre. Il s’agit de Pouhiou, avec lequel vous allez faire connaissance avant de pouvoir le rencontrer en chair et en os samedi prochain…quand il est sérieux (quatre minutes par semaine en moyenne) il peut évoquer de façon bien intéressante sa trajectoire de libriste…


Comment as-tu connu Framasoft ?

Quand j’ai commencé à passer d’Internet Explorer à Firefox, j’ai découvert le logiciel libre. Assez vite, je suis tombé sur cet annuaire formidable de logiciels et de modes d’emploi. J’ai pas l’impression d’être “un vrai” libriste : je suis encore sous OS privateur, enfermé chez google, exposé sur facebook… Mais j’ai toujours cru au fait que des passionnés partageant leur ouvrage feront mieux que quelques pros commercialisant leur boulot. C’est pour ça que j’ai été fan-subber ! Quoi qu’il en soit, à chaque nouvel ordi, je faisais un petit framapack. Régulièrement j’y ai découvert des solutions libres.

De là à faire un Framabook… comment ça s’est passé au juste ?

En Juin 2012, juste après avoir achevé le dernier épisode du livre I sur mon blog, je vais à une conférence sur le libre à Toulouse. Une conférence donnée par Alexis Kauffmann. Et là je retourne sur Framasoft. Je vois le Framablog, les Framabooks. Je me décide à les contacter… Mais pas pour être édité. Non… en vérité, je voulais juste qu’ils me fassent de la pub ! J’ai fait un pauvre email genre “bonjour, j’ai écrit/blogué ce roman chaque jour les 4 derniers mois, je me suis rendu compte que ce que j’écris est libre, donc je l’ai mis sous CC0. Si ça vous amuse ou si vous voulez en parler, je suis là. Bisous.”

Là-dessus, Christophe Masutti me répond que la collection FramaBook cherche à éditer un roman. Moi j’étais déjà parti dans un trip d’auto-édition en crowd-funding juste pour les potes et les quelques lecteurs du blog qui n’en voulaient… Du coup ça perturbait tout ! Mais on a proposé le roman au comité de lecture et on s’est lancés dans l’aventure.

Tu as manifestement pris plaisir au défi quotidien de l’écriture en ligne pour le premier tome des NoéNautes, est-ce que ce plaisir ne s’est pas émoussé en affrontant le temps plus long des révisions avant publication en Framabook. Ce n’est pas un peu frustrant pour un créateur libre ?

Ce plaisir là ne s’est pas émoussé : il a laissé la place à un plaisir tout autre ! L’écriture est un moment assez solitaire. Là, en plus, il y avait la tenue du blog, la recherche et le travail de fichiers d’illustrations, trouver des idées pour que les lecteur-trice-s partagent, faires des fichiers epub à chaque chapitre, faire le community manager, etc… Et même si pleins de gens m’ont aidé, même si tout le long on a soutenu et diffusé le projet… J’ai un peu fait tout seul, avec mes mimines. Et je m’apprêtais à faire de même pour un petit tirage papier…

C’est là qu’arrive Framabook et son équipe. Ils s’emparent de ce roman. Le questionnent. Le corrigent. Le tiraillent. Lui proposent d’autres directions, parfois pour au final faire marche arrière, parfois pour aller plus loin… Et tout cela prend du temps. Des discussions, des réflexions, des moments où on oublie tout pendant quelques jours histoire de se repencher dessus avec la tête froide…

Ça m’a fait un bien fou. Le fait de prendre le temps et le recul, de ne pas être dans l’urgence. Le fait de nourrir ce roman des regards auxquels il se confronte. C’est pour moi un rôle-clé de l’éditeur. Renvoyer la balle à l’auteur. Le pousser dans ses retranchements ou le faire monter au filet. L’avantage, c’est qu’avec Framabook, on travaille en équipe. On bosse avec des gens qui ne tiennent pas à faire reluire leur égo, mais juste à améliorer sincèrement l’ouvrage commun.

Mais bon en abandonnant tes droits tu ne gagnes rien, tu ne te considères pas comme un auteur à part entière ?

C’est drôle comme en France, on relie le statut artistique au copyright. Tu n’es auteur QUE si tu touches des droits. Moi je croyais qu’il fallait écrire, mais non. Si tu “abandonnes” tes droits, il doit y avoir un piège. Déjà c’est plus commercialisable. C’est que ton œuvre ne vaut pas grand chose. Et par extension, toi non plus…
C’est formidable comme tout cela est faux !
Tu sais que mon contrat de 15 % avec Framabook fait que je touche mieux que n’importe quel jeune auteur (contrats entre 5 et 8 %) voire qu’un Marc Lévy ou une Amélie Nothomb (entre 10 et 12 %) ?  Alors bien entendu, on n’a pas les mêmes volumes de vente. Mais ça, il ne tient qu’à la communauté de faire connaître et soutenir notre initiative. Et pour que ça arrive, c’est à nous, vrai éditeur ou pas vrai éditeur ; vrai auteur ou pas vrai auteur… C’est à nous de faire les meilleurs bouquins possibles. Un livre que tu aies envie de partager, tout simplement.

Vous retrouverez Pouhiou et son univers sous amphétamines ce samedi pour une séance de dédicace à Paris… Cliquez sur l’image ci-dessous pour l’agrandir.

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Crédit Photo Pouhiou Noelle-Ballestrero (CC-BY)




Benjamin Jean, guide dans la jungle des licences libres

Depuis sa parution l’an dernier, le Framabook de Benjamin Jean « Option libre » s’est imposé comme un ouvrage de référence, à la fois par son caractère didactique et documenté et parce qu’il s’avère un bon guide dans le maquis touffu des licences libres. Il permet en effet de définir sa propre stratégie pour choisir la licence libre la mieux adaptée à chaque projet. D’ailleurs son titre est judicieusement complété par « Du bon usage des licences libres »…

Ce n’est pas une mince qualité par ailleurs d’avoir rendu accessibles des notions juridiques dont Benjamin est un fin connaisseur, c’est un ouvrage qu’on peut saluer pour son souci de vulgarisation. En cela, il est parfaitement dans l’esprit des Framabooks qui prétendent partager le savoir, et bien au-delà du seul domaine du logiciel, apporter leur contribution à une éducation populaire.

Retour sur la petite histoire de ce livre et les valeurs dont il témoigne…

Pourquoi as-tu choisi de diffuser largement un essai qui semble destiné d’abord aux spécialistes du droit de la propriété intellectuelle dont tu fais partie ? Ça nous concerne vraiment ?

— Premier point, l’ouvrage n’est pas destiné aux spécialistes de la propriété intellectuelle (même si on y retrouve effectivement des réflexions qui ont fait l’objet de publications dans des revues spécialisées), mais bien à tous ceux que la propriété intellectuelle touche de près ou de loin — ce qui est beaucoup plus large 🙂

En effet, je trouve paradoxal qu’un droit aussi présent sur internet, dans le numérique, etc. soit si peu accessible au grand public. Cela pour au moins deux raisons :

  1. Le droit est un outil destiné à gérer (entendre « faciliter») les relations sociales, les liens entre les personnes : à ce titre, l’intérêt de diffuser très largement toutes les connaissances le concernant m’est paru évident (ce qui permet par ailleurs — peut-être — de redorer l’image du juriste qui, en « spécialiste du droit », en ferait son monopole) ;
  2. la place du public, des utilisateurs, au sein de la propriété intellectuelle (disons de la multitude des droits composants ce que l’on nomme propriété intellectuelle) est primordiale puisque la légitimité de cette propriété (sur l’« immatériel ») dépend de l’équilibre qu’elle formalise entre les intérêts des auteurs/créateurs et de la société. Il est donc important que le public prenne conscience du rôle actif qui lui incombe (et ne s’enferme pas dans l’image du pirate qu’on veut parfois lui donner).

Par ailleurs, et j’aurais pu commencer par là, la propriété intellectuelle est un domaine qui me passionne, certainement parce que j’aime l’exercice du droit, sa logique, ainsi que l’objet de la propriété intellectuelle : l’art, la musique, les NTIC, etc.) — et le partage d’une passion est naturel…

Donc oui, cet ouvrage concerne toute personne sensibilisée à la création et l’innovation à l’ère du numérique — du néophyte à l’expert, sachant que je suis dans l’attente de tout commentaire qui me permettrait de le perfectionner. L’objet initial (les licences libres) a rapidement été étendu au regard du cruel manque de bases (ouvrages notamment) sur lesquelles développer une réflexion sur les licences libres (et ça n’avait, à mes yeux, aucun sens de parler des licences libres sans les resituer au regard du système traditionnel et des différents courants de pensée qui le parsèment). J’ai déjà identifié quelques axes de perfectionnement (et la correction de coquilles), mais je crois qu’« Option Libre » constitue une bonne base de réflexion sur laquelle il est possible de rédiger des ouvrages plus techniques (ou “métiers”).

On reproche parfois aux licences libres leur démultiplication qui les rend difficilement « lisibles » pour qui ne s’est pas penché avec soin sur chaque particularité. Comment selon toi peut-on justifier leur foisonnement ?

— La réponse la plus courte serait certainement de renvoyer à l’ouvrage sur l’histoire du Libre qui devrait être publié au sein de la collection Framabook dès la fin de cet hiver. J’y contribue notamment au travers d’un article sur l’histoire des licences libres dans lequel j’essaie de peindre une fresque suffisamment large pour que les différentes motivations — plus ou moins bonnes — ayant emporté ces nouvelles licences s’y retrouvent.

Tout ce que je peux dire actuellement — et pour résumer les 20 pages —, c’est qu’une telle étude historique de l’apparition, mais surtout de l’évolution, des licences libres permet de mettre en avant l’intérêt de la licence comme « contrat social favorisant le travail communautaire ». La licence est donc le contrat qui relie les contributeurs d’une communauté et, à cet égard, on comprend facilement que des communautés aient cherché à formaliser leur propre contrat — certainement mieux adapté à leurs besoins. Il faut ensuite ajouter l’aspect politique (et parfois marketing) qui a conduit de nombreuses entreprises (et acteurs publics) à privilégier la rédaction de nouvelles licences, sans nécessairement que ce choix soit stratégiquement pertinent.

On se retrouve au final avec des centaines de licences libres, voire des milliers si on compte les variantes, mais — honnêtement — le travail de lecture (et de compréhension) est souvent beaucoup plus simple que pour une licence commerciale classique (puisque chacune est spécifique). Ainsi, le livre donne quelques clés (et notamment une “grille de lecture”) pour faciliter l’appréhension des licences libres (qui, en dépit de toutes ces différences, partagent énormément de points communs).


Tu as choisi une publication Framabook, quel intérêt y vois-tu, par rapport à d’autres supports d’édition numérique ?

— Le choix a été très simple puisque j’étais déjà impliqué dans Framasoft lors de la publication des premiers Framabooks et qu’Alexis m’avait mis au défi de rédiger un ouvrage sur les licences libres…. Un certain nombre d’années auront été nécessaires pour que je trouve le temps nécessaire à l’ouvrage — bien 5-6 ans, j’ai d’ailleurs publié entre-temps le Guide Open Source, mais le pari est tenu. Ayant été sensibilisé aux problématiques des développeurs au travers de la Framagora (ce qui avait mené, un peu plus tard, à la création de l’association Veni, Vidi, Libri), la publication d’un ouvrage sur les licences libres était à mes yeux une évidence puisqu’il s’agissait certainement de la contribution la plus utile que j’étais en mesure de produire.

Tu vas samedi à la rencontre de véritables lecteurs en chair et en os, tu ne redoutes pas d’être pris à parti par un trolleur de licences ;-) ?

— Pour la petite histoire, c’est l’image qui m’avait accueilli lors de mes premiers posts sur LinuxFr.
    Je dois avouer que les premières fois n’étaient pas des plus agréables (d’autant plus que je produisais un travail relativement conséquent sur les sujets sur lesquels je m’exprimais), mais j’ai finalement vite appris à relativiser (la première page de mon mémoire de DEA sur les compatibilités entre licences était d’ailleurs illustrée par un énorme troll poilu…) et les commentaires qui visent les juristes sont aujourd’hui beaucoup moins virulents qu’auparavant. On a tous à apprendre des autres et je suis toujours aussi content de partager autour d’une passion commune.
    Donc aujourd’hui, je ne saurai pas tout à fait expliquer ce qui a changé (mon discours certainement, mais les communautés aussi me semble-t-il) mais je n’ai plus cette crainte. Le juriste n’est plus le diable.

Vous retrouverez Benjamin et sa passion pour le Libre ce samedi pour une séance de dédicace et troll en live… Cliquez sur l’image ci-dessous pour l’agrandir.

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Crédit photo Benjamin Jean : teemu-mantynen (CC BY-SA 2.0)




Bookynette ouvre les portes de sa librairie aux auteurs de Framabooks

Dans le petit monde du Libre, Magali Garnero est une figure bien connue sous le pseudonyme de Bookynette. Elle est active au sein de l’April dans le groupe accessibilité et anime les transcriptions. Elle est aussi libraire et elle ouvrira ses portes à Benjamin Jean, Pouhiou et Simon « Gee » Giraudot que vous pourrez rencontrer aux côtés d’Alexis Kaufmann pour vous dédicacer leurs ouvrages et en parler avec vous.

Mais d’abord posons quelques questions à leur hôtesse…

Magali, tu fais vivre  À libr’ouvert à Paris, mais on sait que la librairie est un modèle de distribution menacé, comment vois-tu l’activité de libraire face à la distribution à l’échelle industrielle et planétaire d’Amazon et quelques d’autres ?

La diversité des réseaux de distribution est à mon avis une richesse. Les clients d’Amazon ne sont pas forcément les mêmes que ceux de ma librairie. Je ne me sens pas menacée et j’aimerais même, à long terme vendre les livres que j’aime sous format numérique.

Magali Garnero alias bookynette

Ton point de vue de libraire sur l’essor de la lecture numérique, l’engouement pour les liseuses et les ebooks… c’est la fin du livre papier ?

Non, c’est un complément. Certes il se vend de moins en moins d’encyclopédies et certains disent que les guides touristiques disparaîtront mais les liseuses et ebooks ne s’adapteront pas à toutes les situations. Le format papier n’est pas prêt de disparaître.

Tu es active depuis longtemps dans la communauté du libre, avec l’association April, est-ce pour cela que tu accueilles samedi prochain trois auteurs d’œuvres sous licence libre ?

Je me sens démasquée…. Quand j’aime, je partage et je trouve que les Framabooks correspondent bien à mes idéaux. J’avais passé un après-midi à traduire/relire/corriger le framabook sur Javascript grâce à Siltaar et Goofy. C’est dans la suite logique que de les proposer dans ma librairie. Et puis recevoir Benjamin, Simon et Pouhiou sera un véritable plaisir (j’ai hâte d’ailleurs, vu les échanges que nous avons eus par mail !).

Est-ce que proposer des œuvres de la collection Framabook est seulement un acte militant ? Recevoir et vendre des framabooks peut-il représenter une activité rentable en termes financiers ?

Vendre des Framabooks est dans mon cas un acte militant. En librairie l’éditeur fait une remise de 30/35% aux libraires afin qu’ils aient une marge sur leurs ventes. Je préfère que cette remise soit gardée par Framasoft pour qu’ils continuent à publier d’autres livres. Trouver des auteurs, les relire, les corriger, choisir un imprimeur puis un distributeur c’est un travail insoupçonné qui prend du temps.

Merci Magali d’accueillir nos trois auteurs samedi prochain, et merci de tes engagements concrets pour les valeurs du Libre !

Venez nombreux faire la connaissance de Magali qui saura vous conseiller des lectures passionnantes et originales loin du tout-venant, et qui vous accueillera pour cette rencontre inédite avec trois auteurs des éditions Framabook.

librairie de Magali

— Au fait : un apéro sera offert pour l’occasion 😉

Important : Si vous comptez en être, merci de remplir ce framadate qui nous permettra de nous compter afin de mieux nous organiser.

Rencontre Framabook à la Libraire « A Livr’Ouvert »

  • Samedi 8 décembre de 16h à 18h30
  • 171 bis boulevard Voltaire 75011 Paris (Métro Charonne)__
  • OpenStreetMap

Crédit Photo Julia Buchner




Rencontre dédicace avec 3 auteurs de la collection Framabook le 8 décembre à Paris

Pouhiou - Toulouse - Capitole du Libre 2012

Le saviez-vous ? On trouve désormais l’intégralité de notre collection de livres libres Framabook dans les rayons d’une sympathique librairie parisienne au nom fort bien choisi : « A Livr’Ouvert » qui se situe 171 bis boulevard Voltaire.

Pour fête dignement cela, nous vous invitons samedi 8 décembre entre 16h et 18h30 à une rencontre dédicace avec trois auteurs de la collection : Simon Gee Giraudot (ci-dessous sur la photo), Benjamin Jean et Pouhiou (ci-dessus sur la photo).

Ils partagent le même engagement en faveur du Libre mais leurs ouvrages respectifs s’inscrivent ici dans la diversité puisqu’on a une BD, un essai et un roman.

Alexis Kauffmann (aKa) et d’autres membres de la dream team Framasoft seront également présents, sans oublier quelques chatons fraîchement sauvés du Pack Liberté.

Dernier argument : un apéro sera offert pour l’occasion 😉

Important : Si vous comptez en être merci de remplir ce framadate qui nous permettra de nous compter afin de mieux nous organiser.

  • Rencontre Framabook à la Libraire « A Livr’Ouvert »
  • Samedi 8 décembre de 16h à 18h30
  • 171 bis boulevard Voltaire 75011 Paris (Métro Charonne)
  • OpenStreetMap

Gee - Festival BD engagée

Crédit photos : Pierre Selim et aKa (Creative Commons By)




Sauvons des chatons avec April, Framasoft et Quadrature ! #PackLiberte 2

Châtons-nous de sauver internet ! En décembre, l’April, Framasoft et La Quadrature du Net lancent une nouvelle campagne commune de soutien : Pack Liberté 2.

Pack Liberté - BadgeCe qui se joue actuellement est vraiment fondamental.

Internet et son esprit libre, ils ne l’ont pas vu venir. Ils n’y ont rien compris au début. Ça n’était pas sérieux, pas vraiment monétisable. Ça ne les intéressait pour ainsi dire pas, alors ils nous ont laissés tranquillement jouer avec.

Et les chatons ont pu s’épanouir, libres et heureux…

Or aujourd’hui la menace plane. Ils n’ont pas forcément mieux compris mais ont cependant compris que ça ne leur convient pas et sont en train de tout faire pour lui mettre une muselière.

Mettre une muselière à un chaton, quelle drôle d’idée ! Ça ne peut fonctionner ! Et pourtant ils s’entêtent et les chatons se retrouvent en grand danger.

C’est autour de cette symbolique que l’April, Framasoft et La Quadrature du Net vous proposent de les soutenir durant tout le mois de décembre. Il y a un message fort à travailler ainsi en synergie. Il y a surtout une urgence à poursuivre notre travail de promotion et de défense du logiciel libre ainsi que le respect des droits et libertés du citoyen sur internet.

Nous vous savons très sollicités, qui plus est dans un contexte économique difficile. Mais soit vous avez fixé votre calendrier sur celui des Mayas, et alors c’est le bon moment pour aborder la fin du monde les poches plus légères. Soit vous pensez qu’il y a une vie après le 21 décembre et ça vaut le coup de faire en sorte qu’ensemble elle soit la plus libre possible…

Et dans les deux cas mieux vaut être accompagné d’un adorable chaton qui ainsi sauvé vous en sera éternellement reconnaissant.

Merci de votre confiance et de votre soutien,

Alexis Kauffmann (pour Framasoft)

-> Pack Liberté 2

Alexis Kauffmann - Pack Liberté - Chaton




Libérer nos médias captifs du matériel ?

Matériels incompatibles, absence d’interopérabilité, formats fermés, logiciels propriétaires… des motifs de colère et de combats familiers de la communauté libriste. Ces problématiques sont cependant un peu désincarnées aux yeux de la majeure partie de nos concitoyens du Net tant qu’ils n’ont pas été personnellement confrontés à des blocages fort irritants.

Une situation concrète est le point de départ du coup de gueule de Terence Eden. Quant à la véhémence de ses propos, elle est à la mesure de l’urgence. Car dans la guerre en cours, celle de notre liberté de choix, Apple, Amazon, Google et quelques autres ont plusieurs longueurs d’avance : des millions d’utilisateurs sont déjà entrés de leur plein gré dans des prisons numériques dorées.

Dans cet environnement, nous ne sommes plus propriétaires des fichiers médias que nous avons pourtant achetés, nous n’en sommes que les usagers à titre révocable et temporaire ! Autant dire que nous perdons la possibilité de réutiliser nos biens dès lors que nous changeons de support matériel. Du disque vinyle au CD-ROM et du DVD au fichier numérique, nous avons déjà vu comment un saut technologique nous contraint à acheter de nouveau. Eh bien cette farce au goût amer se joue maintenant sur la scène des médias numériques.

Parviendrons-nous à libérer nos médias captifs du matériel ? Il faudra certes bien plus qu’un coup de gueule comme celui qui suit, mais il n’est pas mauvais qu’un cri de colère agite un peu nos esprits de consommateurs endormis.

Luke Addison - CC by-sa

Je ne veux pas faire partie de votre putain d’écosystème

I Don’t Want To Be Part of Your Fucking Ecosystem

Terence Eden – 23 novembre 2012 – Blog personnel
(Traduction framalang & les twittos : Gatitac, Zii, ga3lig, Stan, Isdf, Slystone, Quartz, Coyau, Goofy, Exirel, greygjhart)

Je discutais avec un ami qui exprimait une opinion que je trouve assez répandue :

— Alors oui, j’aimerais bien passer à Android, mais tous mes données sont dans iTunes.

J’ai découvert que le problème, ce ne sont pas les applications : les racheter est pénible, mais la plupart sont gratuites. Le problème, ce sont les données qui emprisonnent les utilisateurs avec des services dont ils ne veulent plus.

Les musiques, les films, les séries TV, les abonnements et les podcasts. Tout est fermé à double tour dans l’étroit écosystème d’Apple. C’est une façon bien pensée d’enchaîner les gens à leur matériel.

Imaginez, ne serait-ce qu’un instant, que votre lecteur de DVD Sony ne puisse lire que des films de chez Sony. Si vous décidiez d’acheter un nouveau lecteur de marque Samsung par exemple, aucun de ces contenus ne serait lisible sur votre nouvel appareil sans un sérieux bidouillage.

Voilà les hauts murs derrière lesquels tant de grandes entreprises voudraient bien nous enfermer. Et je trouve que ça pue.

Sur un réseau de téléphonie mobile au Royaume-Uni, on peut utiliser le téléphone de son choix. Le matériel et les services sont complètement indépendants les uns des autres. Cela suscite de la concurrence parce que les consommateurs savent que s’ils sont mécontents de HTC, ils peuvent passer à Nokia et que tout fonctionnera comme avant.

Mais si tous vos contacts, vos services de divertissement et sauvegardes sont enchaînés à HTC, eh bien, vous êtes juste dans la merde si vous voulez changer.

Je veux assister à une séparation complète de l’Église et de l’État. Le matériel devrait être séparé du logiciel. Le logiciel devrait être séparé des services. Je veux pouvoir regarder des films achetés chez Nokia sur un système Google Android tournant sur un appareil Samsung, et ensuite sauvegarder le tout sur Dropbox.

C’est comme cela que ça fonctionne, plus ou moins, dans le monde du PC. Je ne comprends pas pourquoi cela n’est pas pareil dans le monde des tablettes et des smartphones. Pourquoi est-ce que j’achèterais une tablette qui ne fonctionnerait qu’avec le contenu d’un seul fournisseur ? Que ce soit Amazon, Microsoft ou Apple, ils constituent un dangereux petit monopole qui fera augmenter les prix et diminuer la qualité.

Bon, je sais. Le mantra du « It just works » (« Ça marche, tout simplement » ). Je suis légèrement dégoûté de devoir configurer ma tablette pour qu’elle parle à mon NAS, puis de faire en sorte que mon téléviseur fonctionne avec les deux à la fois. Cette situation n’est pas due à mes équipements multimédias qui viennent de différents fabricants, elle est plutôt due à ces différents fabricants qui n’utilisent pas de standards ouverts.

J’ai peur de ce qui arrivera lorsqu’un fournisseur mettra fin à un service. Je rigole à l’idée d’une éventuelle faillite d’Apple : même s’ils restent solvables, qu’est-ce qui les empêchera de supprimer tous vos achats de films et de musiques ? Après tout, ils ont fermé leur service Mobile Me quasiment sans avertissement et détruit toutes les données que leurs clients payants hébergeaient chez eux.

Adobe a fermé ses serveurs de DRM après un court préavis de 9 mois, en empêchant de fait quiconque de lire les livres pourtant achetés (Amazon peut vider votre Kindle).

Google a emmené Google Video au bûcher et lui a tiré une balle dans la tête — tout comme Buzz, Wave et qui sait combien d’autres produits.

Microsoft a mis en place PlaysForSure, puis l’a laissé mourir, piégeant ainsi des millions de fichiers musicaux sur des appareils qui ne sont plus pris en charge.

Donc peut-être vais-je m’en tenir à Google et espérer que mon téléviseur Google communiquera avec mon téléphone Google pendant que je regarderai des vidéos Google Play et que j’écouterai des musiques Google Play sur mon ChromeBook Google que je partagerai sur Google+ et que j’achèterai avec Google Wallet. Et je leur enverrai la prière du geek : « S’il vous plaît, ne décidez pas que ce service bien pratique n’est pas rentable ».

Je veux simplement que l’on s’entende tous. Je veux que mes équipements disparates se parlent. Je ne veux pas vivre dans une maison où chaque composant doit être fabriqué par une unique entreprise sous peine de ne rien voir marcher correctement. Je ne veux pas être bloqué ni devoir utiliser un mauvais produit parce que c’est le seul à offrir un certain service.

Je ne veux pas de vos jouets qui ne fonctionnent qu’avec les piles de votre marque.

Je ne veux pas faire partie de votre putain d’écosystème.

Crédit photo : Luke Addison (Creative Commons By-Sa)




Labos pharmaceutiques : libre accès aux recherches ?

Souvent accusés — non sans raison — de pousser à la surconsommation médicamenteuse en tirant un profit maximal de nos besoins en thérapies, les grands laboratoires pharmaceutiques gardent jalousement le secret de leurs données. Celles des recherches menant aux médicaments mis sur le marché, en particulier.

Cory Doctorow, nous fait part ici de ses convictions : suivant le principe récemment institué outre-Manche qui consiste à ouvrir les données de recherches financées par l’état, il considère que celles de l’industrie pharmaceutiques doivent être elles aussi ouvertes.

Découvrez pourquoi sous la plume d’un blogueur influent et avocat du libre et de l’open source (tous ses billets déjà traduits sur notre blog). Idéalisme et optimisme démesuré ou revendication légitime et combat à mener ? À vous d’en juger.

epSos.de - CC by

Pourquoi toutes les recherches pharmaceutiques devraient être en libre accès

Why all pharmaceutical research should be made open access

Cory Doctorow – 20 novembre – The Guardian
(Traduction Framalang : Slystone, Amine Brikci-N, goofy, peupleLa, Antoine, ga3lig)

Le gouvernement du Royaume-Uni veut que toute recherche financée par des fonds publics soit accessible — mais on devrait en exiger autant des industries pharmaceutiques.

Je déjeunais récemment avec le plus loyal défenseur du libre accès que vous puissiez rencontrer (je ne le nommerai pas, car ce serait grossier de lui attribuer des remarques fortuites sans sa permission). Nous parlions du projet de rendre obligatoire la publication libre et gratuite des recherches scientifiques financées par l’État. Aux États-Unis, il existe le Federal Public Research Act, et au Royaume-Uni il y a la déclaration du gouvernement de coalition selon laquelle la recherche financée par l’État devrait être disponible sans frais, sous une licence Creative Commons qui permette la copie illimitée.

Nous avons parlé de l’excellent nouveau livre de Ben Goldacre, intitulé Bad Pharma, dans lequel l’auteur documente le problème des « données manquantes » dans la recherche pharmaceutique (il dit que près de la moitié des essais cliniques réalisés par l’industrie pharmaceutique ne sont jamais publiés). Les essais non publiés sont, bien entendu, ceux qui montrent les nouveaux produits des labos pharmaceutiques sous un jour peu flatteur – ceux qui suggèrent que leurs médicaments ne sont pas très efficaces ou n’ont aucun effet, voire sont activement nocifs.

La pratique des industries qui consiste à éliminer les preuves scientifiques date de plusieurs décennies — et certains chercheurs indépendants le font également. Ce constat a conduit Goldacre à déclarer qu’aucune de nos connaissances en matière de médecine moderne ne peut être considérée comme valide, et il estime qu’il est urgent de contraindre les industries pharmaceutiques à publier toutes ces données laissées dans l’ombre, afin que les scientifiques puissent recalculer les résultats et déterminer ce qui fait vraiment effet.

J’ai mentionné tout cela à mon compagnon de déjeuner, en concluant par : « et c’est pourquoi toute la recherche pharmaceutique devrait être en libre accès ».

« Toute la recherche pharmaceutique financée par l’État, a-t-il rectifié, comme s’il corrigeait une erreur de calcul élémentaire. Si le public paie pour cela, il doit pouvoir la voir, mais si les entreprises pharmaceutiques veulent payer pour leur propre recherche, alors… »

Je savais d’où il tenait cette position. L’un des arguments les plus solides en faveur de l’accès au public des publications universitaires et scientifiques est celui de la « dette envers la population » : si le contribuable paie pour vos recherches, alors vos recherches doivent lui appartenir. C’est un bon argument, mais il n’est pas entièrement convaincant pour une raison. Il est vulnérable au contre-argument du « partenariat public/privé », qui dit: « ah, oui, mais pourquoi ne pas faire en sorte que le public bénéficie d’un retour sur investissement maximal en faisant payer très cher l’accès à la recherche financée par l’État et en renvoyant le profit au secteur de la recherche ? ». Je pense que cet argument est absurde, et c’est l’avis de la majorité des économistes qui se sont penchés sur la question.

La recherche sans entraves et librement accessible constitue un bien commun qui génère bien plus de valeur ajoutée au profit de tous que le profit rapide qu’on extorque des consommateurs en les faisant payer à l’entrée comme à la sortie. Cela s’est confirmé dans de multiples domaines, même si l’exemple-type est le succès massif des cartes géologiques des États-Unis librement disponibles, qui ont dégagé un profit tel qu’en comparaison, les bénéfices réalisés sur la vente des cartes d’État-major au Royaume-Uni semblent une misère.

Voilà pourquoi le travail de Goldacre est aussi important à ce point du débat. La raison pour laquelle on devrait exiger que les laboratoires pharmaceutiques publient leurs résultats, ce n’est pas qu’ils ont reçu des subventions sur fonds publics. C’est plutôt parce qu’ils demandent une certification de l’état qui garantisse que leurs produits sont propres à la consommation, et qu’ils demandent aux organismes de régulation d’autoriser les docteurs à rédiger des ordonnances prescrivant ces produits-là. Nous avons besoin qu’ils publient leurs recherches, même si cette action induit des pertes de profit, car sans cette recherche, nous ne pouvons pas savoir si ces produits sont propres à la consommation.

On emploie un argument analogue en faveur de l’utilisation de logiciels libres ou open source pour les applications dans l’industrie ou dans le domaine de la santé, comme le système OpenEyes conçu par le centre hospitalier d’ophtalmologie de Moorfields et d’autres institutions dans le monde, après l’effondrement du système électronique de suivi de santé de la National Health Service (NdT : le NHS est l’équivalent de la Sécurité Sociale). Ils n’ont pas préféré un système à accès libre à un système propriétaire pour des raisons idéologiques, mais plutôt pour des raisons qui sont avant tout pratiques. Aucun hôpital n’autoriserait jamais une société d’ingénierie à construire la nouvelle aile d’un hôpital en utilisant des méthodes propriétaires pour calculer la répartition du poids. Ils n’accepteraient pas une nouvelle aile dont les plans de construction seraient secrets, dont seul l’entrepreneur connaîtrait les emplacements des canalisations et des conduits de ventilation.

Il est certainement vrai que les sociétés d’ingénierie et les architectes pourraient gagner davantage si leurs méthodes étaient propriétaires. Mais on exige un accès ouvert, car on doit pouvoir entretenir les hôpitaux quels que soient les aléas que peut connaître toute société d’ingénierie, et parce qu’on veut la garantie que l’on obtient avec la possibilité de vérifier plusieurs fois les calculs de charge par nous-mêmes. Les systèmes informatiques qui sont utilisés dans les hôpitaux pour gérer les patients sont tout autant vitaux que l’emplacement des câbles ethernet dans les murs. Et donc Moorfields s’attend à ce qu’ils soient autant libres d’accès que les plans du bâtiment.

Et c’est pourquoi les grands labos pharmaceutiques doivent montrer leur travail. Sans tenir compte de ce qu’ils pourraient rapporter, leurs produits ne doivent pas être autorisés sur le marché sans cette exposition. Il est important de placer la recherche financée par l’état entre les mains du public, mais l’histoire de l’accès libre ne va pas s’arrêter là, elle ne fait que commencer.

Crédit photo : epSos.de (Creative Commons By)




Que pensez-vous de ce reportage d’une école « Microsoft » à Issy-les-Moulineaux ?

On m’a signalé ce reportage issu de la télé municipale d’Issy-les-Moulineaux, titré « L’école de demain est à Issy ! », et ainsi décrit sur son canal Dailymotion :

L’école des Chartreux est la seule école française à participer à un programme international initié par Microsoft sur l’école innovante. Elle devient ainsi l’acteur et le témoin d’une toute nouvelle façon d’apprendre en primaire. La mise en œuvre de ce système donne aux élèves isséens l’accès à des équipements et des techniques de communication qui font aujourd’hui définitivement partie de notre société. Le projet propose d’ailleurs aux enseignants plusieurs outils pour élaborer des approches pédagogiques totalement innovantes : tableau numérique interactif, tablettes PC individuelles, logiciels éducatifs spécifiques… De quoi habituer les jeunes d’Issy aux outils de demain.

Il s’agit donc de l’école des Chartreux qui, comme on peut le lire sur ce document, fait partie des « Microsoft Innovative Schools Program ». Exactement comme l’école Châteaudun d’Amiens dont j’avais démontré (et tenté de démonter) l’entrisme Microsoft dans un cinglant billet.

Tout y est en tout cas ici : le dynamisme enthousiaste du reporter, l’instituteur innovant et motivé, les témoignages d’élèves ravis, la caution de l’inspection académique, et le VRP Microsoft qui joue les experts pédagogiques es modernité (en l’occurrence, bien évidemment, mon ami Thierry de Vulpillières)

Je manque de temps pour en dire ce que je pense alors j’ai décidé de sous-traiter en faisant appel à votre légendaire sagacité dans les commentaires 😉

Parce que ce qui me choque avant tout dans ce projet ainsi présenté, c’est qu’il semble ne laisser aucune place au débat.

« Il faut être absolument moderne », disait Arthur Rimbaud…