Illustrer le Disque-Monde avec du logiciel libre : l’exemple allemand.

Vous aussi, vous entendez régulièrement que le logiciel libre, c’est bien gentil… mais que pour les usages professionnels, ça vaut pas les grrrrros concurrents ? Alors laissez-nous vous parler du Disque-Monde.

Ces romans de feu Sir Terry Pratchett, connus en France par une minorité d’initiés, sont un succès éditorial fracassant, depuis plus de trente ans, partout dans le monde. Le britannique a l’humour férocement intelligent a su séduire un public si large que chaque édition est un enjeu économique immense.

Or voici que l’illustratrice des éditions allemandes du Disque-Monde, Katarzyna Oleska, donne une interview au blog du logiciel libre Krita, puisque c’est ce dernier qu’elle utilise pour dessiner Rincevent, Mémé Ciredutemps, la Mort et autres personnages de ce monde fantasy et fantaisiste.

Loin d’être une libriste convaincue, c’est la qualité, l’accessibilité et l’interopérabilité du logiciel qui l’ont séduite face aux solutions propriétaires de Adobe & consorts. L’équipe de Framalang ne pouvait passer à côté d’une telle occasion de mettre ainsi en valeur un logiciel de plus créé par et pour la communauté !

Source : Krita comes to Discworld
Traduction : HgO, Piup, Obny, Framasky, Omegax, sinma, Pouhiou, KoS, Vincent, goofy, numahell, r0u + les anonymes

Krita arrive dans le Disque-monde !

Color-of-Magic-z-napisami-Katarzyna-Oleska

Nous avons découvert que les couvertures des versions allemandes du Disque-monde étaient réalisées avec Krita et avons eu le privilège de discuter de son travail avec l’artiste concernée !

Salut, mon nom est Katarzyna Oleska, je suis illustratrice et je travaille pour des éditeurs, des magazines et des particuliers. Il y a quelques mois, je suis tombée sur un logiciel de dessin gratuit nommé Krita. Mon expérience avec des logiciels gratuits n’était pas terrible, mais à ma grande surprise, Krita était différent. Au début j’ai été submergée par le nombre de panneaux et d’options de configuration, mais j’ai rapidement compris qu’ils étaient là pour une bonne raison. Je suis tellement tombée amoureuse de Krita que j’ai laissé tomber mon vieux Corel Painter et ai commencé à utiliser Krita pour dessiner mes commandes. La plupart de mes dernières illustrations pour Terry Pratchett ont été réalisées avec Krita.

Comment en es-tu venue à réaliser des illustrations et des couvertures de livres, en premier lieu ?

J’ai commencé à réaliser des couvertures en 2003 lorsque j’étudiais encore l’architecture. J’ai toujours aimé dessiner et peindre et je voulais voir mes œuvres imprimées. Alors un jour j’ai tenté ma chance et ai envoyé un e-mail à un des éditeurs pour lesquels je voulais travailler. J’ai joint quelques échantillons de mon travail et j’ai immédiatement eu un premier emploi. Plutôt chanceuse. À cette époque, je travaillais encore à l’ancienne mais, avec le temps, j’ai fini par acheter une tablette graphique et commencé à travailler de façon numérique.

Pyramids-z-napisami-Katarzyna-OleskaComment trouves-tu du travail ?

C’est très variable. Parfois les commandes viennent à moi, d’autres fois c’est à moi de les chercher. Si c’est le client qui me contacte, c’est généralement par le bouche à oreille ou parce que le client a vu mon travail en ligne. Mais j’essaie aussi de contacter de nouveaux éditeurs et leur envoie des exemples de mon travail, mon portfolio, etc.

Peux-tu choisir quels livres tu veux illustrer, ou bien est-ce-que tu te contentes de créer ce que les éditeurs te demandent ?

Malheureusement je ne peux pas me permettre de choisir ce que j’illustre. Je peux refuser poliment si je pense que je ne peux pas fournir une bonne illustration, par exemple lorsque je sens que mon style ne conviendrait pas à l’histoire. Mais les éditeurs savent, généralement, dans quel domaine je fais du bon travail, ils connaissent mon portfolio et je n’ai encore jamais vraiment refusé de couverture.

Comment est-ce que tu détermines quelle scène ou personnage montrer sur la couverture ?

Je ne peux prendre de bonne décision concernant quelle scène ou quels personnages mettre sur la couverture que si je connais l’histoire, donc à chaque fois que j’ai l’occasion de lire un livre je la saisis. Étant moi-même une passionnée de lecture, je sais à quel point il est important que la couverture reflète le contenu ; en particulier avec une série telle que les romans du Disque-monde de Terry Pratchett. J’étais déjà une grande fan de Terry Pratchett, donc ce n’était pas un problème.

Lorsque je choisis une scène à peindre, j’essaye souvent d’analyser où se situe l’action principale de l’histoire. Très souvent je suis tentée de peindre une scène qui serait géniale sur la couverture, mais je me retiens à temps en me rappelant que cette scène particulière, bien qu’incroyable, ne vendrait pas tellement l’histoire. Donc j’en choisis une qui ira mieux et aussi qui résonnera également avec le titre. Par exemple, dans Au guet ! (dont le titre allemand se traduit par « Gardes, gardes ! », NdT), le seul choix raisonnable était de peindre les policiers fuyant le dragon qu’ils essayaient de traquer. Rien d’autre n’aurait vraiment pu marcher.

Parfois, cependant, c’est impossible de lire un livre à cause d’une date limite trop proche ou de la langue dans laquelle il a été écrit. Quand cela arrive j’essaie d’en apprendre autant que je peux sur le livre en passant par l’éditeur.

Guards-Guards-z-napisami-Katarzyna-OleskaQu’est-ce qui rend Krita différent des autres outils que tu as déjà pu utiliser ?

Le premier aspect et le plus évident est que ce logiciel est gratuit. C’est beau de voir que maintenant les jeunes artistes peuvent avoir accès à d’aussi bons outils sans dépenser beaucoup d’argent. En revanche je ne conseillerais jamais un logiciel en se basant seulement sur son prix. J’ai utilisé certains logiciels gratuits que je n’ai jamais appréciés. Ils ne faisaient pas de vieux os sur mon ordinateur. Avec Krita c’est différent — je pense qu’il se présente comme une solide alternative face aux logiciels phares du marché.

La prise en main de Krita me semble très naturelle. J’avais déjà travaillé sur Photoshop et Painter et, bien que je les apprécie, j’ai toujours espéré trouver un programme se situant entre les deux. En tant qu’illustratrice, je suis principalement intéressée par les outils de peinture ou dessin. Photoshop m’a toujours semblé trop technique et pas assez intuitif. Painter, bien qu’essayant de fournir un toucher pictural, n’y arrivait pas vraiment. Avec Krita j’ai presque l’impression que je suis en train de peindre. Le nombre d’options pour les brosses peut sembler déroutant au premier abord, mais cela aide à créer de nouvelles brosses qui sont personnalisées pour mon usage spécifique. J’aime particulièrement la façon dont Krita gère les motifs pour les brosses.

En quoi Krita est-il déjà mieux, et comment pourrait-il devenir encore meilleur ?

En plus des brosses, j’aime également les outils vectoriels dans Krita. Je n’avais jamais vu auparavant un programme où les outils pouvaient changer leurs caractéristiques en fonction du type de calque sur lequel ils sont utilisés (peinture/vecteur).

J’aime aussi le fait de pouvoir choisir une couleur avec la touche Ctrl et changer dynamiquement la taille de la brosse en maintenant la touche Maj enfoncée et en déplaçant mon stylet. Je n’ai souvent qu’à utiliser mon auriculaire pour contrôler les deux.

Pivoter le canevas est facile (Maj+Espace) et je suis accro au mode miroir comme je l’utilise pour vérifier les proportions de mes peintures (l’image miroir aide à détecter des imperfections). J’adore le fait que, lorsque j’utilise deux fenêtres pour un fichier, le mode miroir n’affecte qu’une seule des fenêtres. L’outil de déformation est également super. Je ne l’utilise pas énormément, mais je l’ai essayé et j’aime la façon dont il fonctionne. « Peindre avec des brosses multiples » (Multiple Brushes) et le « mode enveloppant » (Wrap Around Mode) sont sympas aussi, ils rendent la création de motifs tellement facile. Mais l’une des choses que je préfère est que je peux choisir mon propre outil de sélection de couleur avancé (Advanced Color Setting Shape and Type) et qu’il y a tellement d’options qui l’accompagnent.

En ce qui concerne ce qui pourrait être améliorés : lorsque je remplace le pré-réglage d’une brosse, je ne peux pas garder l’ancienne icône que j’avais créée. Peut-être qu’une option pour garder l’ancienne icône pourrait être ajoutée. Cela peut paraître un détail, mais quand j’utilise beaucoup de brosses, je suis habituée à leur icône et lorsqu’elle n’existe plus, je me mets à chercher ma brosse. L’autre amélioration serait la possibilité de fusionner plusieurs calques ensemble.

Peux-tu nous donner un rapide aperçu de ta façon de travailler ?

Bien sûr. En fait, j’ai préparé une courte vidéo qui montre comment je travaille. C’est un croquis pour Trois Sœurcières de Terry Pratchett. J’utilisais alors la version antérieure de Krita mais ma méthode de travail reste la même.


Vidéo « Painting Terry Pratchett cover in Krita »

(vidéo en Anglais, des sous-titres sont disponibles sur YouTube)

Pour une couverture de livre, est-ce que tu travailles en collaboration étroite avec l’éditeur, ou est-ce que tu ne lui fournis qu’une illustration auquel cas tu ne vois le résultat final qu’une fois qu’il est publié ?

Très souvent, avant même que je ne commence le croquis, l’éditeur m’envoie la première version de l’agencement de la couverture pour que je puisse me rendre compte de l’espace avec lequel je dois travailler. Parfois, cependant, quand l’éditeur ne connaît pas l’agencement final, il me donne des indications et me laisse décider de l’espace que je veux laisser pour le titre. La plupart du temps, après que je lui ai donné le croquis initial, il peut me corriger et me demander de modifier un peu l’arrangement. Pour ce qui est de l’illustration finale, j’ai un contrôle absolu dessus jusqu’à ce que je l’envoie par e-mail à l’éditeur. Une fois qu’il a été approuvé, ce à quoi elle va ressembler une fois publiée n’est plus de mon ressort. Parfois on peut m’envoyer la version finale de la couverture pour que je puisse savoir ce à quoi elle va ressembler une fois imprimée et que je puisse faire quelques suggestions de dernière minute, mais je n’ai pas réellement de contrôle sur la couverture elle-même.

Quelles sont les contraintes (couleur, résolution, format de fichier) et défis particuliers lorsque tu travailles pour une impression ?

J’aime travailler avec des formats plus grands. Je pense qu’une peinture rend mieux lorsqu’elle est réalisée en grand format, puis réduite à la taille de la couverture, plutôt que lorsqu’elle est peinte seulement en ayant en tête le petit format final. Une grande taille me force à être plus précise sur les détails et à la fin l’image est plus nette, et de meilleure qualité. De plus, le client pourrait vouloir plus tard réutiliser le dessin pour une affiche et je sais alors que la peinture aura un très bon rendu.

J’ai l’habitude de travailler avec des fichiers psd (Photoshop Document, NDT). J’utilise beaucoup de calques et c’est pour moi le meilleur format de fichier. Lorsque j’envoie le fichier final, j’aplatis l’image et l’enregistre en tiff. C’est certainement plus lourd qu’un jpg, mais il n’y a pas de perte de qualité. Je travaille aussi en mode RVB mais je passe toujours en CMJN à la fin pour voir à quoi ça va ressembler à l’impression (il y a moins de couleurs en CMJN). Si nécessaire je corrige les erreurs que je vois.

Sorcery-z-napisami-Katarzyna-Oleska

Pour voir plus d’œuvres de Katarzyna, allez voir son site : www.katarzynaoleska.com

Maison d’édition : Piper – www.piper.de

Lettrage : Guter Punkt – www.guter-punkt.de

Exceptionnellement, toutes les illustrations de cet article sont sous copyright Piper – Katarzyna Oleska




RMLL 2015 : pré-commandez vos goodies Framasoft !

Logo RMLL
Logo RMLL 2015

Vous le savez, les RMLL se dérouleront cette année du 4 au 10 juillet à Beauvais.
Pour beaucoup d’entre vous, c’est l’occasion de venir nous rencontrer, et parfois en profiter pour acheter les différents goodies Framasoft, des T-shirts aux livres édités par Framabook, en passant par les magnifiques stickers détourés et les CD Framazik.

Pour nous, cela représente une charge logistique importante, des stocks qui sont parfois détériorés, des quantités de produits souvent très supérieures à ce qui sera vendu, pour pouvoir satisfaire tout le monde. (Certes, l’année dernière, nous avons quelque peu sous-estimé le succès de nos nouveaux T-shirts). C’est pourquoi cette année, nous allons proposer une nouvelle formule.

Stand Framasoft Limité

Nous ne tiendrons pas un stand pendant toute la durée des RMLL, mais nous comptons expérimenter une nouvelle formule. Un stand sera bien entendu tenu pendant les journées grand public, cœur de cible de la mission d’éducation populaire de Framasoft.

Mais nous serons pendant le reste des rencontres en mode plus mobile (n’hésitez pas à nous arrêter quand vous nous apercevez, nous serons ravis d’échanger avec vous, voire – si on nous y oblige – boire des bières, ou des bières). Cette année donc, nous ne viendrons pas avec autant de goodies que les années précédentes. Nous aurons de quoi présenter les différents produits et éventuellement quelques exemplaires à vendre, mais cela restera très limité, et nous renverrons sans doute majoritairement vers la boutique en ligne EnVenteLibre. Cela nous permettra de profiter d’avantage des rencontres pour discuter avec les gens présents, assister aux conférences, travailler sur nos projets, boire des bières, et sans doute bien d’autres choses.

Cependant, nous sommes conscients qu’acheter les produits sur stand permet, en plus du plaisir de pouvoir refaire le monde avec nous quelques instants, d’éviter les frais de port et profiter rapidement de tous ces goodies de vos rêves (comment ça, j’en fais trop ?) C’est pourquoi nous allons mettre en place un système de pré-réservation des produits. De cette façon, vous profitez de ce que vous voulez commander, et vous profitez deux fois plus de nous. Elle n’est pas belle, la vie ?

Stand Framsoft au RMLL 2014 de Montpellier
Stand Framsoft au RMLL 2014 de Montpellier

Comment cela va-t-il se dérouler ?

En trois temps :

  1. Vous pré-commandez les produits que vous voudrez récupérer jusqu’au 30 juin 23h42 (nous tolérerons quelques minutes de retard si vous le demandez avec un grand sourire, dans la joie et la bonne humeur), en passant par notre formulaire de contact, précisant ce que vous souhaitez commander, ainsi que votre nom et un numéro de téléphone auquel vous serez joignable pendant les RMLL.
  2. Vous pourrez alors venir retirer votre pré-commande et la régler directement sur place lors des journées grand public. Évidemment, si vous n’êtes pas présents pendant ces deux journées, précisez quelles sont vos disponibilités les autres jours. Nous essaierons de nous arranger avec vous dans la mesure du possible. Le cas de l’annulation de commande est décrit plus bas.
  3. Et voilà, il n’y a pas de 3e temps. Tout le monde est content.

Si vous ne venez pas récupérer votre pré-commande

Nous ne voulons pas mettre en place de paiement anticipé, cela compliquerait l’opération pour nous comme pour vous, et puis nous avons naturellement confiance en ceux qui passeront commande. Toutefois, merci de nous informer rapidement si vous ne pouvez pas venir retirer comme prévu votre pré-commande. Si par exemple vous pouvez la récupérer plus tard dans la semaine, il est sans doute possible de s’arranger (vous le savez, nous sommes des gens adorables).

Si vous ne l’avez pas retirée pendant les journées grand public sans nous avoir prévenu, nous ne pourrons pas garantir votre réservation, et nous serons amenés à proposer les goodies à d’autres personnes intéressées.

Besoin de conseils pour vos acquisitions ?

Alors précommander, c’est bien… Oui mais que pré-commander, nous demanderez-vous ? Eh bien on a nos petites idées.

 

Avant de dormir, CouvertureLes Framabooks à ne pas rater !

Souvent sur les RMLL, on nous demande des biographies de Richard Stalmann, afin de se les faire dédicacer… De plus on sait de source sûre que Pouhiou sera présent lors de ces RMLL, et pourra donc vous dédicacer les romans des NoéNautes… Et même si Gee ne pourra pas y être cette année, ne passez pas à côté des BD du GKND !

Sans oublier que l’équipe Framabook n’a pas chômé ces derniers mois. Outre les incontournables Histoire et Culture du Libre (un ouvrage de référence pour parfaire votre culture du monde libriste) et Option Libre (pour mieux connaître les licences libres et donc le droit d’auteur) nous avons récemment édité :

  • Libres Conseils, un recueil traduit collaborativement pour découvrir les conseils que des libristes auraient aimé recevoir avant de se lancer dans leur projet,
  • un livre de thermodynamique, pour ceux qui cherchent une application concrête à prix accessible,
  • Avant de Dormir, un roman sombre et organique de la redoutable Lilly Bouriot, à ne pas manquer pour les fans de Lovecraft ou Neil Gaiman.

Ayez la Frama-Classe durant les RMLL

ce dessin n'est pas contractuel ;p
ce dessin n’est pas contractuel ;p

Notre grrrrrrrrros succès du stand des RMLL 2014, ce sont les nouveaux T-Shirt Framasoft. Il y a le Just Sudo It, pour les sportifs du GnuNux, et le ForkMe I’m Famous, pour les clubbers de l’open source. Ces T-Shirt sont une édition limitée, donc mieux vaut vous précipiter dessus tant que nous en avons, après il sera trop tard ! Attention, veuillez noter que la version débardeur-femme (parce que chez les libristes barbus, il y a aussi des barbuEs 😉 ) taille petit, pensez à prendre une taille au dessus de ce que vous prenez histoire d’être à votre aise !
Autrement, nous avons toujours les beaux T-Shirt Framasoft, aussi disponibles en débardeurs femmes (qui là aussi, taillent une taille en dessous de vos habitudes) et les stickers détourés Framasoft pour mettre nos pingouins, euh, nos manchots… bref, nos pinchots sur votre ordinateur préféré.

 

Edit 16/06 : une erreur s’est glissée dans l’article originel, Simon « Gee » Giraudot ne pourra pas être des nôtres lors de ces RMLL… Pardon pour la fausse joie !




MyPads : point de la semaine 24

Ce n’est pas parce que l’on approche du but que nous allons oublier le point hebdomadaire. Le voici donc.

MyPadsSemaine 24 : ce qui a été fait

Avant la version bêta

  • Ergonomie
    • amélioration de la page de vue et édition du pad, en y ajoutant des liens vers les actions communes sur le pad;
    • possibilité d’ouvrir le pad dans un nouvel onglet;
    • désactivation des liens du menu non encore implémentés (modules des favoris et d’administration);
    • correction de l’affichage du statut de favori dans la vue du pad;
    • ajout des actions communes par le biais d’icônes directement sur la liste de groupes et dans la vue groupes pour les pads;
    • quelques aides en plus.
  • fonctionnel
    • traduction de l’interface de l’anglais au français;
    • langue par défaut en anglais, sauf si le navigateur de l’utilisateur est paramétré dans une autre langue et que la traduction existe;
    • ajout de la possibilité de changer de langue dans l’en-tête de MyPads;
    • choix de la langue à la création de compte et dans le profil utilisateur;
    • sauvegarde en base de données;
    • tests unitaires et fonctionnels associés.
  • Correction de l’ordre de démarrage du plugin au sein d’Etherpad et réutilisation de la session Express créée par Etherpad sous MyPads.

Une partie de ces améliorations a fait suite au lancement d’une pré-bêta en interne lundi et après les retours de membres de Framasoft.

MyPads bêta

Le serveur qui devait accueillir la bêta a été préparé pour la recevoir et un script a été écrit de manière à ce que les données soient régulièrement remises à plat. La version en ligne suit la branche de développement de MyPads et, outre le fait que cette version ne soit pas optimisée ni terminée,  il est possible d’y voir s’y glisser des anomalies plus ou moins gênantes.

L’ensemble des tâches encore à mener avant la version stable a été listée sur le Gitlab. Des bonus sont prévus dans les mois à venir et intégreront une branche develop lorsque la version stable sera publiée.

La bêta a été lancée jeudi par une annonce sur le Framablog ainsi qu’une actualité Ulule à destination des donateurs.

Durant ces quelques jours, un plantage du serveur d’applications a été éprouvé. Il était dû à une mauvaise protection au niveau de l’API dans le cadre de la vérification du mot de passe d’un utilisateur déjà authentifié. Si aucun mot de passe n’était donné, ce qui n’était pas possible sur le client Web sans modification directe du code HTML, la fonction de cryptographie lancée s’interrompait, entraînant avec elle MyPads et Etherpad. L’anomalie n’a pas été remontée par le testeur mais a pu être débusquée et corrigée. Des tests unitaires ont été écrits de manière à éviter que cela ne se reproduise dans de futures versions.

Au total, quelques centaines de personnes se sont connectées au serveur et ont testé le plugin. Nous avons eu assez peu de retours : quelques-uns en commentaires sur l’annonce, sur Framaspère ou encore directement sous Gitlab. Nous sommes conscients que la nécessité de créer un compte sous notre instance Gitlab peut être ressenti comme une contrainte mais il est important pour Framasoft d’héberger ses données. Github n’est utilisé que comme miroir et les anomalies n’y sont par conséquent pas activées. Notez cependant qu’il vous est possible de vous identifier avec un compte Github, si vous le souhaitez.

N’hésitez en tout cas pas à nous faire parvenir vos critiques, suggestions. Elles sont importantes afin de nous aider à finaliser un outil de bonne qualité. Et bien sûr, merci à celles et ceux qui ont pris le temps de tester.

Semaine 25 : ce qui doit être fait

Vous avez déjà en main la liste des éléments prévus pour ce mois mais plus précisément, ces prochains jours :

  • la localisation côté serveur des messages de l’API, et notamment les messages d’erreurs qui sont affichés directement sur le client Web;
  • le module de gestion des favoris : pads, groupes;
  • la récupération de l’identifiant utilisateur pour un usage par défaut au sein des pads créés, ainsi que la possibilité, offerte dans le profil, d’opter pour une couleur préférée;
  • les pages publiques : pour partager un groupe, un lien pourra être donné à vos contacts afin qu’ils puissent afficher directement au sein de MyPads les groues publics ou privés (dans ce cas, le mot de passe sera demandé avant toute interaction).

MyPads

MyPads : week 24

It’s not because beta version has been released that we will forget the weekly point. Here it is.

Week 24 : what have been done

Before the beta

  • User Interface
    • pad view and update module improvements with common actions on the pad;
    • a new button to open the pad edition in a new tab;
    • deactivation of menu items not yet implemented (bookmarks and admin);
    • display fix for pad view bookmarking status;
    • addition of common actions through icons from the group list view for groups and from the group details view for pads;
    • more help texts and icons.
  • Features
    • translation of the user interface from English to French;
    • English is the default language except if the user Web browser has been defined with another language and translation exists;
    • ability to update the language from MyPads header;
    • language selection at subscription and on the user profile;
    • database saving;
    • related unit and functional testing.
  • Fix the launch order of the plugin inside Etherpad; Express session share between Etherpad and MyPads.

Part of these improvements have been made after an intern pre-beta launch on Monday and Framasoft members feedbacks.

Beta

The Linux Server that powers beta version has been prepared to receive it and a script has been written for regular data wipe-out. Online demo version follows the master branch of MyPads. Besides this version is not yet optimized nor finished, you can suffer from temporary bugs or problems there.

Remaining tasks before stable version has been listed on our Gitlab. A few bonus are planned for the next months and will be slowly merged from the future develop branch to the stable one.

Beta has been launched Thursday with a Framablog news and an Ulule one, for donors.

During this couple of days, one crash has happened. Because of a bad protection of the public API, as part of password check of a already authenticated user. When no password is given, thing not possible with the Web client unless intentional modification of HTML code, the used crypto function stops, carrying MyPads and Etherpad. The bug has not been reported but we achieve to found and fix it. Some unit tests have been written in order to avoid a come back in future versions.

In total, hundreds of people go to the beta and test it. However, we’ve got few reactions : some comments at the bottom of the blog post, on Framaspere Diaspora node or on our Gitlab. We are aware that creating an account on our Gitlab instance to interact can feel like a constraint but it is important to Framasoft to host its own data. Github is only used as a mirror and so issues are not activated there. Please note you can login with your Github account if you want to.

In any case, do not hesitate to give us your criticisms, suggestions and feelings. It’s important to help us to offer you good quality software. And of course, thanks to all who take some time to test MyPads.

Week 25 : what will be done

You already have planned elements for this month but in details, these next days :

  • server side localization for API messages, especially error messages that are directly displayed in the Web client;
  • bookmarks module for pads and groups management;
  • user login usage for created pads, and the option, inside the user profile, to select a favorite color;
  • public pages : for group sharing, an URL may be sent to your contacts, allowing them to see public or private groups directly inside MyPads (in the last case, the password will be asked before any interaction).



Mozilla & Pocket : et si on montrait la force du Logiciel (vraiment) Libre  ?

On aime beaucoup la fondation Mozilla, et le plus poilu de nos navigateurs web : Firefox. Alors, forcément, parfois, on a envie d’être encore plus exigeants avec ceux qu’on aime en leur rappelant pourquoi on les aime.

Mozilla, Pocket et Framabag

Depuis quelques jours, Mozilla a poussé une mise à jour de FireFox intégrant l’application Pocket, un logiciel de lecture en différé… qui est privatif (mais pas le bout de code, intégré à Firefox 38.0.5 et suivants, qui lui est open source) et qui centralise nos données.

C’est d’autant plus dommage que des solutions réellement Libres et Open source existent, que ce soit Wallabag (dont nous avons ouvert une instance nommée Framabag) ou l’outil qui existait déjà dans Firefox (comme le rappelle Nicolas Lœuillet, un des développeurs de Wallabag, dans une discussion en anglais reproduite ici).

Alors voilà, chers ami-e-s de Mozilla, chers utilisateurs et utilisatrices de Firefox… On va pas vous faire la morale. Mozilla doit faire des choix, et à eux de savoir le prix des libertés qu’ils nous font gagner (en aidant Pocket à re-rédiger ses CGU, comme ils l’auraient fait) face à celles que l’on perdra (ensemble).

On veut juste en profiter pour démontrer, une fois de plus, les belles choses que permettent le Libre et le collaboratif.

Découvrez Framabag

Vous ne savez pas ce qu’est Pocket, Wallabag ou Framabag ? Pas de souci. Chez Framasoft, on a des bénévoles tellement swag qu’illes prennent de leur temps libre pour vous faire une présentation drôle, Libre et simple histoire d’expliquer ce qu’est une application de read-it-later à votre papé !

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Vous pouvez télécharger cette présentation à cette adresse, elle est signée Pyves sous licence CC-BY-SA (mais c’est pas parce que c’est pas sous licence Beerware que vous pouvez pas lui payer une bière à l’occasion !) et a été réalisée grâce à RevealJS… et Gégé.

 

Une présentation faite grâce à Gégé !

Gégé, c’est le GEektionerd GEnerator ! Il s’agit d’un fork du logiciel ComicGen de Chamb, qui permet de créer des images hyper simplement à partir d’une base de dessins. Cyrille, un de nos bénévoles, l’a forké en utilisant quelques dessins du geektionnerd afin que l’on puisse s’amuser avec les personnages de Gee.

Sauf que depuis que Pyves nous prépare cette belle présentation, on s’est dit que Gégé manquait de contenu ! Qu’à cela ne tienne… Un autre bénévole, Obny, est allé farfouiller dans les BD du geektionnerd pour nous aider à nourrir Gégé d’une trentaine de nouveaux dessins !

On peut donc désormais créer ses propres aventures en deux clics et trois roulés de mollette, comme ça :

troll connards

Toi aussi, viens tester Gégé ici !

Bienvenue chez les FramaColibris

La présentation de Pyves mettant en valeur l’application de Nicolas (et de son équipe), le travail de recherche d’Obny dans les dessins de Gee, le boulot d’intégration de Cyrille dans un fork du logiciel de Chamb… Voilà la force du Libre : des collaborations (et parfois des moments de poilades) rendues possibles grâce à des rencontres autour de nos claviers.

Depuis quelques mois, Framasoft a timidement ouvert aux bénévoles et bonnes volontés un forum pour demander et intégrer vos participation à l’aventure : www.framacolibri.org . Le nom est inspiré à la fois du mouvement Colibris (à découvrir et partager ^^) mais aussi de la légende… Un petit oiseau amène des gouttes du lac pour éteindre l’incendie de la forêt, car même si ça paraît insignifiant, il « fait sa part ».

framacolibri logo

C’est sur ce sujet que Pyves nous a rejoint pour proposer à framabag sa magnifique présentation. Et c’est à l’occasion de cette annonce que Obny a aidé Cyrille à trouver et intégrer plus de dessins à Gégé.

La morale de cette histoire, nous demanderez-vous…? Elle est simple :

« La route est longue, mais la voie est libre… surtout lorsque chacun-e fait sa part. »




La première démonstration de MyPads est disponible !

Framapad — un de nos services Libre, Éthique, Décentralisé et Solidaire les plus utilisés — permet de rédiger des documents collaborativement et en temps réel.

Basé sur le logiciel libre Etherpad, Framapad héberge aujourd’hui plus de 300 000 documents, grâce à vos dons qui nous permettent de maintenir le service.

Malheureusement, ce service souffre de deux manques importants :

  • l’impossibilité de regrouper les pads créés (par exemple par thèmes, ou tout simplement pour les retrouver facilement plus tard) ;
  • l’impossibilité de protéger ses pads (pour protéger des données confidentielles, des travaux scolaires, etc.).

Le crowdfunding de MyPads

Framasoft avait donc lancé un appel à financement participatif, afin de collecter une somme qui permettrait de développer un module comblant ces deux lacunes.
La somme fut récoltée en quelques semaines, et nous avions donc pu nous lancer à la recherche d’un prestataire pour effectuer ce développement.

Débuté en janvier 2015, le développement a pris un peu de retard, mais l’adage du libre ne dit-il pas : « Ça sortira quand ça sera prêt » ?

Eh bien, bonne nouvelle : une première démo est disponible !

Un exemple de groupe dans MyPads
Un exemple de groupe dans MyPads

Ceci est une première démonstration.

Alors attention, hein : dans « première démonstration », il y a « première » et « démonstration » !

« Première » car le plugin n’est pas terminé. Il devrait l’être pour l’anniversaire de la clôture de l’appel à participation, c’est-à-dire le 30 juillet prochain.
Cela signifie que beaucoup de choses vont encore évoluer dans les 50 prochains jours. Et surtout qu’il est encore loin d’être complet. Donc, ne vous étonnez pas si certaines choses ne fonctionnent pas comme vous vous y attendriez. Et inutile de nous rapporter que les couleurs ne vous plaisent pas : elles sont tout sauf définitives 😉

« Démonstration » car les comptes et les documents créés sur la démo seront régulièrement effacés. Il ne faut donc surtout pas vous en servir pour créer des documents dans un cadre professionnel, car vos contenus peuvent être effacés d’une heure sur l’autre.

Prendre le temps de bien faire

Alors, les esprits chagrins se plaindront sans doute du délai de développement d’un tel plugin. Cela s’explique principalement par le fait que le développement a réellement commencé au début de l’année 2015, et que le prestataire ne pouvait consacrer 100% de son temps à ce projet (ce qui était convenu et accepté par Framasoft).

Par ailleurs, le développement d’un tel plugin est loin d’être trivial. Plus de 60 000 lignes de codes auront été écrites lors de 200 commits.

Enfin, nous aurons fait le maximum pour vous tenir au courant de l’avancement du projet, avec plus de 20 billets blog, qui ont aujourd’hui pris un rythme hebdomadaire.

Bref, nous vous encourageons à tester le plugin, tout en gardant à l’esprit qu’il reste encore pas mal de travaux à effectuer d’ici fin juillet.

Mypads - Contenu
Exemple de contenu dans un pad protégé

D’ici là, vous pouvez aussi :

  • installer votre plugin sur votre instance d’etherpad (il faudra cloner le dépot et faire un npm install à la main, car MyPads ne sera poussé sur npmjs qu’une fois le développement considéré comme stable) ;
  • nous remonter vos remarques sur le dépôt du GitLab Framasoft (qui, rappelons le, est ouvert à tous).

 

> Tester le plugin MyPads <

 

 




Action politique et biens communs en Catalogne

Le mois dernier, les médias ont abondamment montré et commenté la victoire électorale des militants de la mouvance « Indignés ». Ils ont en revanche plus parcimonieusement évoqué le programme, l’esprit et les convictions des responsables qui vont bientôt être aux commandes de Barcelone.
Le témoignage de l’universitaire Mayo Fuster Morell suggère que les valeurs et les pratiques du Libre ne sont pas étrangères à cette victoire, ce qui pourrait — rêvons un peu — servir d’exemple à d’autres pays européens confrontés à l’austérité. Ce relatif investissement du Libre dans le champ de la politique a de quoi nous réjouir : voilà longtemps que le Libre n’est pas seulement du code ou de l’art. Culture et objets libres gagnent aussi du terrain désormais. À Barcelone, on en est peut-être au libre citoyen.

Les communs à la conquête de Barcelone !

Une victoire de David sur Goliath

Par Mayo Fuster Morell
Article original : http://www.onlinecreation.info/archives/1135
Traduction Framalang : Piup, Obny, sebastienc, line, goofy, r0u

mayoFustellLe 24 mai, les candidats de la liste « Barcelone en commun » (Barcelona en Comú) ont remporté les élections municipales en réunissant sur leur nom un quart des suffrages exprimés. « Maintenant Madrid », une candidature aussi liée à l’éthique des communs, est devenue une force clé pour la gouvernance de la ville de Madrid. Ce ne sont que deux des nombreuses surprises survenues hier lors des élections municipales et régionales en Espagne. Ces villes pourraient donner le signal d’un changement politique plus vaste. Les résultats électoraux ont ouvert la voie à un scénario optimiste pour une chance de victoire aux élections nationales à la fin de cette année, ou même à un mandat plus ambitieux encore, une coalition européenne des pays du Sud contre l’austérité.

Irruption de candidatures citoyennes

Le Parti populaire et le Parti socialiste restent les principaux partis politiques, comme c’est le cas depuis la transition démocratique de la fin des années 70, mais le pouvoir politique habituel a encaissé une grosse claque. La part de ces deux formations a chuté de 65 % lors des précédentes élections il y a 4 ans à 52 % au niveau national. Le renouvellement ou plutôt le changement des forces politiques en présence a été provoqué […] par la création de nouveaux partis : tel est le cas pour les « Citoyens », qui se sont imposés avec force comme un nouveau protagoniste de poids dans la vie politique. Cette irruption des candidatures citoyennes a été aussi impressionnante que rapide. Elle a contribué à l’augmentation d’au moins 5 points de la participation au scrutin.

Seulement quatre ans après que les Indignés du mouvement du 15 mai se sont mobilisés pour « une vraie démocratie maintenant » en opposition aux hommes politiques « qui ne nous représentent pas » et à la « dictature des marchés », l’impact de leur mouvement est désormais si visible qu’il ne peut plus être démenti. Les listes de candidature sont pleines de personnes venant du réseau des mouvements sociaux. Pour en donner une idée, Ada Colau, militante connue pour ses actions contre l’expulsion des activistes et des squatters va être le prochain maire de Barcelone. C’est l’ironie de l’Histoire : une militante anti-expulsion « expulse » les politiciens traditionnels de la mairie. Si l’on regarde la trajectoire des leaders du mouvement, on peut également dire que le cycle a démarré avec le mouvement anti-mondialisation (l’origine de Colau ou de Pablo Iglesias, le leader de Podemos/Yes we can), mais qu’il a réussi à mobiliser une fois encore la génération qui s’est battue contre le régime de Franco pour ramener la démocratie en Espagne (c’est de là que vient Manuela Carmena de « Madrid maintenant », une juge en retraite et très probable future maire de Madrid).

En ce qui concerne leurs programmes, la première chose à souligner est la place centrale réservée aux plans d’urgence pour secourir les citoyens qui étouffent sous les politiques d’austérité, tels que la mise en œuvre de différentes variantes d’un revenu de base, et la révision de la privatisation des services publics. Un code d’éthique existe pour contrôler les personnels politique en ce qui concerne la transparence, la fin de leurs privilèges (par ex. une limitation des indemnités à 29 000 € par an) et leur engagement à soutenir les initiatives citoyennes.

Au-delà du poids politique, c’est fascinant d’un point de vue organisationnel. En moins d’un an et sans aucun lien avec les mondes politique, économique, judiciaire ni avec le pouvoir médiatique existant, des citoyens ordinaires joignant leurs forces ont été capables de conquérir des positions importantes dans le système politique. Une victoire de David contre Goliath. Pour cela, ils ont associé le financement participatif, les programmes collaboratifs, les assemblées de voisinage, et le vote en ligne. Ils ont aussi, comme le leader de Podemos, bâti leur succès sur la popularité obtenue par leur propre programme télé.

Que disait la chanson ? « Prenons d’abord Barcelone, puis nous prendrons Manhattan ? » En effet, certains travaillent là-dessus. Une délégation d’activistes de New-York a parcouru l’Espagne pendant la campagne afin d’apprendre de cette expérience et « d’exporter » un tel soulèvement du peuple dans leurs propres villes. Il y a de nombreuses leçons et idées à en tirer. Voici quelques sources d’inspiration que je vous suggère d’envisager, pour démarrer un processus similaire dans d’autres pays.

L’effet CC

Un des combats citoyens (surtout chez les jeunes) qui a précédé et ensuite nourri le mouvement du 15 mai a vu le jour en réaction contre une loi imposée par le gouvernement, réprimant le partage en ligne et la culture libre (Loi Sinde de décembre 2010). Dans une large mesure, ce mouvement de culture collaborative sur le Web a réagi comme le fit Lessig en 2008, qui est passé des « Creative Commons » à « Change Congress » (« Changeons le Congrès ») . Au départ concentré sur les politiques sectorielles en lien avec la propriété intellectuelle et la régulation d’Internet, il a évolué pour appréhender le fait que défendre ces libertés est nécessaire pour transformer le système politique dans son ensemble. Au cours de cette évolution, les modèles de la culture libre et du travail collaboratif sont devenus une voie à suivre pour organiser la protestation politique.

[…]

En somme, les secteurs ayant de l’expertise dans les méthodes de co-création et coopérant grâce aux ressources en ligne ont un grand potentiel politique.

 

Le modèle « d’innovation cachée » de Wikipédia

Même s’il existe de grandes innovations dans les structures, il faut que le discours soit « simple » voire « strict ». Mako Hill a étudié comment Wikipédia a pu réussir en 2001 alors que d’autres tentatives de création d’encyclopédie en ligne avaient échoué. Une de ses conclusions est que Wikipédia a adopté un concept très simple à comprendre, tout en étant très innovant dans son fonctionnement. Il s’est fermement accroché à la notion traditionnelle d’encyclopédie : une idée vieille de plusieurs siècles qui est simple à comprendre. De la même façon, on peut dire la même chose ici. Le discours qui a pu faire grossir les votes en faveur d’un profond changement politique en Espagne n’est ni avant-gardiste ni particulièrement innovant, mais il est populaire, compréhensible par chacun et relié aux besoins fondamentaux. Quelques points se rapprochent de la démocratie radicale proche de Laclau et Mouffe. C’est un « combat » de bon sens, pour obtenir une hégémonie. Pendant ce temps, des modèles plus avant-gardistes, comme les nouveaux partis ayant un discours « innovant » et une identité sur Internet tels le Parti pirate ou le Parti X, sont pertinents en terme de conception d’organisation mais ne parviennent pas à mobiliser les votes du grand public (aux dernières élections européennes, le parti X a recueilli 0,64 % des voix). En somme, il faut des méthodes innovantes associées à un discours pour le peuple, en lien avec un programme portant sur les besoins fondamentaux.

La base et le sommet

Ces principes d’organisation ne sont ni du sommet vers la base, ni de la base vers le sommet, ils sont « de la base et du sommet ». Pour être plus précis : « un sommet facilement identifiable travaillant pour une base disséminée ». Ces forces s’appuient sur des leaders forts, mais aussi sur le développement d’une base collaborative et libre d’agir. Un concept-clé est le « débordement ». Il se réfère à la capacité de perdre le contrôle du processus, et à la liberté d’agir laissée à ceux qui s’engagent dans le processus. L’augmentation de la créativité des actions et des soutiens hors du contrôle du « parti » semble être un des points pertinents dans le succès de ces méthodes (c’est le cas pour le mouvement de création graphique autour des candidatures). De plus, il n’existe pas de frontière précise entre qui est membre du « parti » et qui ne l’est pas, il n’y a pas de rituels pour dire qui est dedans et qui n’y est pas, c’est l’implication personnelle au travers de l’action qui permet d’être membre. Les leaders ont tout de même une présence forte, leurs visages sont devenus des symboles-clé du processus (c’est-à-dire que sur le bulletin de vote ne figure pas le logo du parti mais la photo du leader). Des symboles visuels sur un Internet visuel mais, même avec Internet, la télévision reste toujours un moyen-clé de communication. En particulier, l’association des leaders et de la télévision est un moyen-clé de communication vers les milieux populaires, ceux qui ne sont pas touchés par les mouvements sociaux de la classe moyenne relayés par Internet. La crédibilité des leaders se construit sur leur capacité à communiquer et sur un engagement social de longue date. Les candidatures féminines – peu importe leur âge – (les femmes sont en tête de liste dans des villes comme Barcelone, Madrid et Valence) ont une plus grande capacité à augmenter les votes car elles transmettent l’idée de changement et dirigent de façon plus démocratique. Comme le dit le prochain maire de Barcelone, Ada Colau (une Zapatiste d’origine) : « conduite par l’obéissance aux ordres du peuple ». La position du leader est construite « pour » la base et non « au-dessus » d’elle. En somme, un leader social et très reconnaissable, mais une participation disséminée et non contrôlée.

Une fois encore, ce ne sont que trois visions « impressionnistes » du processus d’émancipation du peuple en Espagne. Il reste encore beaucoup à venir. 2015 est l’année du changement, cela continuera donc. En attendant, il est temps de fêter cela. Je vous laisse avec la rumba « run run » chantée par le prochain maire de Barcelone :

defendreBienCommun
Ci-dessus, Ada Colau, dans un clip de campagne très joyeux. Le refrain de la rumba dit : « défendre le bien commun ». Pour voir et entendre la vidéo sur YouTube : https://www.youtube.com/watch?v=wB6NDWKDyKg

 

Ce texte est diffusé avec la licence d’origine : CC BY-NC-SA 2.5 IT




La thermodynamique peut-elle casser des briques ?

L’équipe Framabook est très fière de vous annoncer la sortie de son premier manuel scolaire : Thermodynamique de l’ingénieur. Ce manuel universitaire, à destination des étudiant-e-s comme de leurs enseignant-e-s, est signé Olivier Cleynen, et disponible sous la licence CC-BY-SA…

L’occasion d’une rencontre drôle et intéressante avec cet auteur qui a fait le pari du livre Libre !

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Bon, Olivier, je serai honnête, on se demande comment tu as pu en arriver là. Tu n’es pas un poussin de l’année qui découvre le monde du Libre : si j’en crois ton ancien blog, dès ton premier billet en 2007 tu déclares ta flamme au logiciel libre, en établissant du reste un lien très net entre logiciel libre et société libre. Pourrais-tu te présenter succinctement et évoquer ta trajectoire de libriste ?

Ma trajectoire n’est en fait pas réellement exceptionnelle. Je suis ingénieur aéronautique de formation et j’ai découvert le logiciel libre et son univers pendant mes études. Il y a des gens pour qui ça « prend » plus que pour d’autres… en 2006 j’ai co-fondé puis dirigé à plein temps pendant deux ans une association à but non-lucratif de promotion du logiciel libre qui ressemblait un peu à Framasoft. J’ai essayé sans succès d’en vivre, puis, je suis devenu prof en école d’ingénieurs : c’est là que j’ai commencé ce livre. J’effectue maintenant une thèse de doctorat dans l’espoir de me faire une petite place dans l’enseignement supérieur.

Question No124 (mais, à la demande d’Olivier, la voici en 2e position) : pourrais-tu résumer la thermodynamique en un tweet (140 signes) ?

Bon, je tente l’expérience, mais j’ai droit à plusieurs essais, alors…

« Tiens, je me demande comment le frigo fait pour refroidir le pack de bières alors qu’il est déjà plus froid que dehors… »

« Comment ça, le moteur de voiture n’a que 30% d’efficacité ? On est obligés de rejeter 70% de la chaleur par le pot d’échappement ? »

« @JamesPrescottJoule Au fait, c’est quoi, chaud ? Une sorte de fluide bizarre invisible ? Est-ce qu’on peut fabriquer du chaud ? »

« @WilliamThomsonKelvin Et 40°C, c’est deux fois plus chaud que 20°C ? Et si oui, alors qu’est-ce qui est deux fois plus chaud que -10°C ? »

« @LudwigEduardBoltzmann Pourquoi ma tasse de thé chaud va toujours se refroidir toute seule, et jamais se réchauffer ? HEIN, POURQUOI ???? »

La réponse à chacun de ces tweets demande de comprendre ce que c’est que la chaleur, comment on la fabrique, comment on la détruit, comment on la transforme. C’est ce qu’on appelle thermodynamique. De là, les physiciens enchaînent sur tout un tas de questionnements : la notion d’échelle microscopique ou macroscopique, la notion d’état, d’équilibre, le sens des transformations, etc. Les ingénieurs (le camp dont je fais partie) cherchent plutôt à bidouiller la chaleur dans des machines, et se servent de la thermodynamique pour comprendre les moteurs et les rendre plus efficaces, ou plus puissants, ou plus réactifs, etc. Quoi qu’il en soit, c’est passionnant : on commence par étudier de petits ballons de gaz, et on finit par prédire la fin de l’univers ! Ah zut, la réponse fait plus de 140 caractères !

trop facile à comprendre après la lecture de la Thermodynamique de l'Ingénieur (CC-BY-SA Olivier Cleynen)
trop facile à comprendre après la lecture de la Thermodynamique de l’Ingénieur
(CC-BY-SA Olivier Cleynen)

Pourquoi avoir choisi de porter tout ton effort et pendant si longtemps (plusieurs années tout de même !) sur ce manuel de thermodynamique ? Les livres existants n’étaient pas suffisants ?

Il y deux faces à la réponse. D’une part, je trouve la plupart des livres français de thermodynamique terriblement tristes et ennuyeux. Je trouve dommage de se casser la tête à résoudre des équations qu’on comprend à peine pendant deux semestres, si c’est pour ressortir de la thermodynamique sans jamais avoir étudié le fonctionnement d’un turboréacteur. J’avais envie de faire un cours « pour futur-es ingénieur-es curieux-ses », et avec le temps le cours a pris la forme d’un livre.

Mais la plus grande motivation est que je n’ai rien trouvé de libre à me mettre sous la dent ! La thermodynamique de l’ingénieur est terminée depuis 150 ans et les technologies que l’on y étudie aujourd’hui ont toutes au moins 50 ans : un livre de thermo, c’est donc essentiellement un remix. C’est dur de voir que ces équations, ces raisonnements et ces schémas qui font partie du patrimoine scientifique et public au sens large, sont affublés d’une mention « reproduction interdite ». Dans certains livres, c’est même écrit à toutes les pages…

De ce point de vue, non, les livres existants n’étaient pas suffisants. Je trouve que ce n’est pas assez bien de pousser des étudiants à acheter un livre vendu quarante euros (un par matière…) qui leur défend solennellement d’en repiquer le contenu. C’est triste de voir un éditeur distribuer les JPG des figures aux seuls profs qui engendreront quarante ventes d’un livre. Et c’est frustrant, lorsqu’on débute un cours, de devoir tout ré-écrire et dessiner depuis zéro, du premier diagramme pression-volume jusqu’au dernier schéma de turbine.

J’ai construit le livre que j’avais envie de trouver quand j’ai commencé. Tu peux le copier, le reprendre, le ré-utiliser. Un schéma t’intéresse ? Tu télécharges le PDF, tu cliques sur la légende, et te voilà face au fichier source sur Wikimedia Commons, que tu peux modifier selon tes besoins. Tu préfères un format « polycopié » du chapitre 8 avec des grandes marges ? Tu pointes ton navigateur sur http://thermodynamique.ninja/ et tu imprimes. Tu veux reprendre une série d’équations en LaTeX sans les retaper, ou tu veux soumettre un patch pour corriger une erreur ? La même page web te pointe vers le dépôt git du projet. Tout ça se fait sans demander de permission, il suffit de respecter les termes de la licence Creative Commons : BY-SA pour le texte et la plupart des figures, et CC-0 pour les schémas les plus simples.

Dis-donc je l’ai parcouru ton ouvrage, d’accord il est parfaitement bien rangé dans des tiroirs avec un sommaire et des sous-parties aux petits oignons mais tout de même ça déborde de partout : histoire des sciences, biographies de quelques savants, une série de cours progressifs, des schémas et des croquis, des trucs pour aller plus loin… et surtout des exercices avec des cas de figure qui impliquent l’étudiant… brr ça fait un peu peur tout ça non ?

Alors, il ne faut pas avoir peur : c’est un gros livre, on n’est pas obligé de tout lire ! On s’y retrouve facilement, il est construit pour qu’on puisse aussi le survoler rapidement.

En ce qui concerne les exemples résolus et les exercices, j’admets que c’est parfois un peu riche, mais c’est le prix à payer pour qui veut étudier des cas concrets, car il faut plus de contexte. Six années d’enseignement en école d’ingénieurs ont fait le tri : les exercices qui « percutent » sont aussi ceux pour lesquels il faut un peu s’impliquer. Et puis je trouve juste plus cool d’avoir sous les yeux une photo de l’hélicoptère dont je calcule la consommation de carburant.

Les parties historiques (une par chapitre) sont, elles, parfaitement accessoires. Le but est de se construire une culture d’ingénieur/e et de scientifique : comprendre que pendant longtemps, on comprenait à peine ce que l’on faisait en thermodynamique, et voir aussi comment la technologie des moteurs a chamboulé le monde. Philippe Depondt, enseignant-chercheur en physique (à qui je voue une admiration sans fin pour avoir écrit le génial L’entropie et tout ça), a accepté d’écrire la moitié d’entre elles, et j’ai complété l’autre moitié. Peut-être est-ce que nous nous sommes laissé emporter ? Mais regrette-t-on d’apprendre, après avoir étudié un chapitre difficile, que la première personne à avoir montré que la chaleur n’a pas de poids a aussi été agent secret, architecte, instituteur et ministre de guerre philanthrope ? Ou qu’un geek thermodynamicien frustré s’est construit sa propre turbine à vapeur pour pouvoir ridiculiser toute la Royal Navy avec son bateau ?

packThermodyn

et maintenant (roulements de tambour) dis-nous pourquoi c’est devenu un framabook, pourquoi cet éditeur ? tu es grillé chez les éditeurs classiques ? Travailler avec des gens qui n’avaient jamais fait de thermodynamique, ça ne t’a pas posé problème ?

Je n’ai pas eu l’occasion de chercher d’autres éditeurs, mais dans la mesure où la publication sous licence libre a toujours fait partie intégrante du projet, j’imagine que je n’aurais pas eu beaucoup de succès. Je suis et soutiens la progression de Framasoft depuis longtemps, et je suis très honoré que le comité ait accepté de produire un Framabook pour étudiants ingénieurs.

Quant au processus d’édition, il n’y a pas que les connaissances en thermodynamique qui comptent. Le comité m’a encouragé pour trouver un confrère, Nicolas Horny, qui veuille bien relire le livre sous son aspect technique (qu’il en soit remercié…). Mais je compte surtout le travail incroyable de Mireille Bernex, qui est à l’origine de centaines d’améliorations de langage et de clarifications dans le livre, et de beaucoup d’autres contributeurs que je n’ai pas la place de citer ici. Enfin, après quinze mois d’édition, je ne suis toujours pas venu à bout de la patience de Christophe Masutti, qui coordonne le projet Framabook. Bref, le plus important est de partager le désir de produire un manuel de qualité, et de ce point de vue, je suis comblé.

On dit souvent que le Libre et l’éducation portent plusieurs valeurs communes. Pour toi, quel est l’intérêt pour les enseignants et les étudiants de disposer d’un ouvrage sous licence libre ?

L’avantage pratique du livre libre est bien sûr sa gratuité. L’étudiant/e et l’enseignant/e peuvent le télécharger à tout moment, sur n’importe quel équipement, et s’en servir, en repiquant/reprenant/remixant le contenu du livre, sans demander la permission à qui que ce soit ni rentrer dans l’illégalité.
Il me semble que cette gratuité est un point important. Dans l’enseignement, le véritable ajout de valeur économique se fait dans la transmission, la réappropriation, et la création du savoir et des connaissances : en classe, en amphithéâtre, pendant le travail de groupe ou le travail personnel. En revanche, il n’y a aucune valeur économique intrinsèque à l’accès à la connaissance : sinon, il suffirait de s’acheter des livres pour devenir ingénieur ! Je préfère donc que l’argent dans l’éducation, privée ou publique, soit consacré aux activités (payer cher les profs et l’environnement de travail) plutôt que l’accès à l’information (faire chuter le coût des livres et ouvrir l’accès aux bibliothèques).

L’utilisation de contenus sous licence libre est aussi, selon moi, une démarche intellectuelle plus claire et pérenne. Lorsqu’un/e prof ou étudiant/e reprend une image du site internet d’Airbus, par exemple, il y a toute une liste de restrictions associées à sa réutilisation : on ne peut s’en servir que pour dire du bien d’Airbus, on ne peut pas la modifier comme on le veut, les conditions de l’utilisation commerciale sont floues, et la permission peut être retirée à tout moment. La reprise de documents dans le cadre de la courte citation française, ou du fair use américain, ou des innombrables accords particuliers passés par l’un ou l’autre éditeur avec tel ou tel gouvernement, est un véritable casse-tête juridique et laisse beaucoup d’incertitudes. Je préfère dire : tiens, reprends mon beau schéma de centrale à vapeur pour en faire ce que tu veux : les termes de la licence CC-BY-SA sont clairs et elle est irrévocable. C’est un bon ingrédient pour cuisiner quelque chose qui, fondamentalement, n’est qu’un remix des connaissances humaines actuelles.

Un autre schéma qui devient évident une fois qu'on a lu le manuel… si, si ! (CC-BY-SA Olivier Cleynen) Un autre schéma qui devient évident une fois qu’on a lu le manuel… si, si !
(CC-BY-SA Olivier Cleynen)

Pour vendre beaucoup d’exemplaires, j’espère que tu feras comme certains profs d’université et que ton cours sera incompréhensible si tes étudiants n’achètent pas ton livre…

Ce serait sournois, n’est-ce pas ? Et pourtant, c’est une pratique courante dans les universités aux États-Unis : beaucoup de cours sont ancrés sur un livre particulier, que les étudiants doivent absolument avoir sous la main s’ils veulent réussir.

Avant de nous indigner, il faut comprendre le pourquoi du comment de la chose. Construire un cours universitaire, c’est un travail pharaonique. Structurer un corps de connaissances, le sectionner en morceaux de 120 minutes digestes, ré-exprimer des notions complexes, illustrer tout cela, et construire des exercices intéressants : on peut y consacrer un temps infini, que les profs n’ont pas. Ancrer un cours sur un manuel en particulier, et donc sur une « recette » déjà éprouvée, permet à un/e prof de se consacrer au véritable apport de valeur qu’il/elle doit générer : rendre un cours passionnant, créer un environnement de travail où les étudiants vont se prendre au jeu et s’épanouir. On ne peut tout de même pas demander à chaque prof de ré-écrire toute la thermodynamique !

En enjoignant tous les étudiants à travailler sur un seul livre, le problème de l’accès à l’information est réglé dès le premier cours du semestre, et le reste du temps est consacré à l’exploration, l’appropriation des connaissances. L’alternative classique à la française, le tableau à craie et le maigre polycopié, n’a rien de mirobolant. Qui aurait cru qu’en 2015, l’apprentissage de la thermodynamique puisse encore se faire en recopiant au stylo sur du papier l’information qu’un prof trace avec un caillou blanc poussiéreux sur un mur noir devant 200 personnes ?
En parallèle, les revenus importants qui découlent de ces ventes poussent les éditeurs et les auteurs à produire des manuels de très haute qualité. Nous parlons de pavés de 500 ou 1000 pages, magnifiquement illustrés, soigneusement structurés, hyper accessibles, bref, de vrais outils de travail et de découverte qui donnent immédiatement envie de s’y plonger. On se prend vite de passion pour n’importe quelle discipline avec cela !

Le revers de la médaille est le prix supporté par les étudiants, en termes économiques et de libertés.

L’argent, d’abord : à 200 dollars le livre, l’accès à l’information indispensable au suivi d’un cours devient un obstacle très important à franchir, quel que soit le mode de financement (état, bourses, fonds propres ou emprunts).

En termes de libertés, le coût est plus subtil. Les éditeurs et distributeurs ont tout intérêt à restreindre le marché du livre d’occasion, et font mettre à jour les livres à un rythme effréné ; à chaque fois, la numérotation et l’énoncé de nombreux exercices est modifié (ce qui décourage l’utilisation d’anciennes éditions en cours). Les livres sont couramment proposés en location, sous forme papier (par Amazon notamment) mais aussi sous forme numérique. Voilà des livres dans le nuage, qui ne marchent que lorsqu’on est connecté sur le campus, ou bien seulement pendant un semestre. Certains livres en ligne sont financés avec de la publicité, et on peut imaginer que l’ensemble des données personnelles recueillies à propos des lecteurs est exploité. On retrouve les éditeurs dans les tribunaux et au Congrès, où ils tentent de faire interdire la revente aux USA des livres qu’ils commercialisent au quart du prix en Inde. Bref, on retrouve là l’ensemble des problèmes éthiques et sociétaux associés à un système de distribution fermé, et qui s’immisce dans les ordinateurs et les tablettes des étudiants.

Vu d’ici le problème peut sembler être très étatsunien, mais je suis convaincu que la recherche d’une meilleure qualité d’enseignement nous y confrontera tous tôt ou tard (en fait, à l’instant même où nous abandonnerons cette cochonnerie de tableau à craie…). Je pense que la publication de livres universitaires libres peut être une partie de la réponse. Un programme d’études où tu peux télécharger, remixer, imprimer librement tous les livres ? — Vous pensez, c’est comme construire toute une pile de logiciels libres qui fonctionne sur n’importe quel ordinateur, ou bien écrire toute une encyclopédie sous licence libre : c’est totalement impossible…

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MyPads : point de la semaine 23

img-mypads-ulule2Ce qui a été fait

Un certain nombre de tâches ont pu être travaillées en semaine 23, et notamment :

  • un premier jet du module de partage d’administration et d’invitation d’utilisateurs (en mode visibilité restreinte) pour les groupes
    • pour le moment, il est limité aux seuls inscrits et demande de saisir l’identifiant utilisateur ;
    • mais il sera rapidement possible de saisir une adresse mail en plus de l’identifiant et d’inviter des utilisateurs externes, y compris en mode restreint ;
    • il y est possible de révoquer les droits concédés à d’autres administrateurs ou aux utilisateurs.
  • le module d’affichage des pads avec
    • la création automatique du pad sous etherpad au premier affichage ;
    • sa suppression effective en cas d’effacement sous MyPads ;
    • le filtrage des accès en modes restreint ou privé ;
    • l’accès au pad sans restriction en mode public ;
    • la prise en charge du mot de passe, à saisir en cas de visibilité fixée à privée.
  • le partage, par le biais du lien direct etherpad, de l’accès aux pads publics ou privés (avec mot de passe). L’interface est pour le moment sommaire et évoluera vers une meilleure intégration ;
  • le mode archive des groupes, qui affiche pour le moment l’export HTML des pads qui en font partie ;
  • des corrections d’anomalies ;
  • les tests unitaires et fonctionnels des modules développés ;
  • enfin la correction du bug gênant décrit lors de la semaine 17, par un changement du moment où MyPads est configuré quand l’instance etherpad est lancée, ce qui ne permet plus à YAJSML de venir perturber son fonctionnement.

Ce qui est prévu pour cette nouvelle semaine

Pour la semaine 24, il reste un certain nombre de courtes tâches et de petites améliorations à faire. De plus, il est prévu de travailler sur :

  • un module de gestion des favoris par utilisateur : groupes et pads;
  • la mise en place de la gestion de la localisation au niveau du client Web (choisir sa langue pour l’interface) et la traduction vers le français;
  • une prise en charge correcte des permissions avec une véritable séparation entre utilisateurs et administrateurs de groupes et l’apparition du statut d’administrateurs du plugin MyPads.

img-mypads-ulule2

MyPads, week 23

What have been done

A little bunch of things have been worked this week, especially :

  • a first draft of the admin sharing and user invitation module (restricted visibility) for groups
    • at the moment, it only supports existing accounts and needs you to enter user login;
    • but it will soon evolve to also allow email addresses and external users invitation, including in restricted mode;
    • it’s possible into this module to dismiss permissions given to other administrators or users.
  • pad view module with
    • automatic creation of etherpad pad at the first display;
    • effective removal when you delete the pad from MyPads;
    • access filtering for restricted and private modes;
    • free access for public mode;
    • password handling, to be entered when visibility has been set up to private.
  • private, with password, and public pads sharing, through the etherpad direct URL. The user interface is for now basic and will evolve to a better integration;
  • archive mode for groups, that display the HTML export for linked pads;
  • a few bugs fixes;
  • unit and functional testing of worked modules;
  • finally, the resolution of the problem described during week 17, by means of a change when MyPads is configured, after the etherpad instance has been launched. This doesn’t allow YAJSML middleware to conflict with MyPads proper functioning anymore.

What to expect from this new week

About week 24, there are number of short tasks and little improvements to do. Moreover, work is planned on :

  • bookmarks management module per user : groups and pads;
  • setup of Web client localization handling (be able to select the user interface language) and translation to French;
  • a correct support for permissions with a true separation between users and admins of groups and the arrival of MyPads plugin administrators.