Créateurs du numérique, parlons un peu éthique

Classé dans : Enjeux du numérique | 4

Temps de lecture 5 min

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Une lettre ouverte de la communauté des technologies de l’information invite à réfléchir un peu à la notion de responsabilité de chacun, compte tenu de l’enjeu du numérique pour nous tous.

Une invitation à réfléchir et débattre donc, au-delà de la pétition (encore une !) aux accents idéalistes. Nous avons peut-être tous besoin de nous demander ce que nous faisons concrètement pour nous mettre en phase avec nos idéaux. C’est en ce sens que la traduction que nous vous proposons nous semble digne d’intérêt.

Pendant 48 heures, les 150 participants issus du monde du numérique (des développeurs et développeuses, des designers, mais aussi des philosophes, des enseignant⋅e⋅s et des artistes)  du Techfestival de Copenhague ont échangé, débattu et se sont accordés entre autres pour lancer cet appel dont vous trouverez la version originale sur la page https://copenhagenletter.org/

Les auteurs précisent :

Cette lettre reflète (notre) engagement, et lance un débat sur les valeurs et les principes qui guident la technologie.

Vous avez bien lu : voilà une petite bande qui estime que ce n’est pas la technologie ou le profit qui doivent guider leur activité mais des valeurs et des principes.

Oserons-nous avancer que cette perspective, qui peut exister dans le milieu libriste, est bien rare dans une communauté de travailleurs du numérique (si cette expression vous heurte dites-nous pourquoi…) ou la notion de responsabilité est trop souvent mise sous le tapis.

S’il vous faut des exemples : la responsabilité de ceux qui conçoivent des algorithmes, on en parle ? Les objets connectés qui commencent à investir notre vie quotidienne, quels principes en gouvernent la conception ? L’administration des bases de données sensibles, quels garde-fous ?

Si après avoir parcouru cet appel vous souhaitez signer et donc vous engager, vous trouverez le lien au bas de la page.

Traduction Framalang : mo, goofy, PasDePanique, Penguin, xi, audionuma et des anonymes

 

La lettre de Copenhague, 2017

 

À tous ceux qui façonnent la technologie aujourd’hui

Nous vivons dans un monde où la technologie dévore la société, l’éthique et notre existence elle-même.

Il est temps d’assumer la responsabilité du monde que nous créons. Il est temps que les êtres humains passent avant le business. Il est temps de remplacer la rhétorique creuse du « construire un monde meilleur » par un engagement à agir concrètement. Il est temps de nous organiser et de nous considérer comme responsables les uns envers les autres.

La technologie ne nous est pas supérieure. Elle devrait être gouvernée par nous tous, par nos institutions démocratiques. Elle devrait respecter les règles de nos sociétés. Elle devrait répondre à nos besoins, individuels et collectifs, tout autant qu’à nos envies.

Le progrès ne se limite pas à l’innovation. Nous sommes des bâtisseurs-nés. À nous de créer une nouvelle Renaissance. Nous ouvrirons et animerons un débat public honnête sur le pouvoir de la technologie. Nous sommes prêt⋅e⋅s à servir nos sociétés. Nous mettrons en œuvre les moyens à notre disposition pour faire progresser nos sociétés et leurs institutions.

Bâtissons sur la confiance. Jetons les bases d’une véritable transparence. Nous avons besoin de citoyens numériques, pas de simples consommateurs. Nous dépendons tous de la transparence pour comprendre comment la technologie nous façonne, quelles données nous partageons et qui peut y avoir accès. Se considérer les uns les autres comme des produits de base dont on peut tirer le maximum de valeur économique est désastreux, non seulement pour notre société qui est un ensemble complexe et interconnecté, mais aussi pour chacun d’entre nous.

Concevons des outils ouverts à l’analyse. Nous devons encourager une réflexion continue, publique et critique sur notre définition de la réussite, qui précise comment nous construisons et concevons pour les autres. Nous devons chercher à concevoir avec ceux pour qui nous concevons. Nous ne tolérerons pas une conception qui viserait la dépendance, la tromperie ou le contrôle. Nous devons créer des outils que nous aimerions voir utilisés par nos proches. Nous devons remettre en question nos objectifs et écouter notre cœur.

Passons d’une conception centrée sur l’homme à une conception centrée sur l’humanité.
Notre communauté exerce une grande influence. Nous devons protéger et cultiver son potentiel de faire le bien. Nous devons le faire en prêtant attention aux inégalités, avec humilité et amour. En fin de compte, notre récompense sera de savoir que nous avons fait tout ce qui est en notre pouvoir pour rendre notre jardin un peu plus vert que nous ne l’avons trouvé.

Nous qui avons signé cette lettre, nous nous tiendrons, nous-mêmes et chacun d’entre nous, pour responsables de la mise en pratique de ces idées. Tel est notre engagement.

En signant, vous acceptez que votre nom soit listé. Un mail de confirmation vous sera envoyé. Votre adresse mail ne sera partagée avec personne.

Vous êtes invité⋅e à signer* ou répondre à la Lettre de Copenhague, et à partager son contenu.

Contact (en anglais) : hej@copenhagenletter.org

 

*Note : mardi 19/09 à 13h50 plus de 1300 signatures et plus de 2100 à 19h30, ce qui est plutôt bien compte tenu de la cible particulière de ce texte.

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4 Responses

  1. FranBAG

    « […] compte tenu de la cible particulière de ce texte. »
    En parlant de cible, c’est ce que je trouve curieux dans cette démarche : on ne sait pas à qui la pétition sera adressée concrètement. En général, on sait que le texte et la liste des signataires se retrouvera sur le bureau de députés ou de dirigeants bien précis. Ici c’est très vague.
    Google, qui pourrait se sentir visé, saura en tout cas qui a visité la page (https://copenhagenletter.org/) et a eu le bon goût de ne pas signer la pétition, grâce à Google Analytics, qui est intégré à la page au moment où j’écris ce billet.
    (https://framapic.org/gallery#YGD6xRn7SOjN/sqTNAYx2oNie.png)

  2. FrenSAC

    @FranBAG Au moment ou j’écris ce commentaire, il semble que Google Analytics ne soit plus utilisé sur ce site (selon Lightbeam et uMatrix). Ceci dit, Google reste utilisé pour les polices de caractère : fonts.googleapis.com (selon uMatrix). Personnellement, mon navigateur n’autorise pas les sites web à utiliser des polices autres que celles de mon système, que j’ai définies dans les préférences.

  3. libre fan

    Eh, c’est presque partout pareil, même sur des sites engagés: GAFAM êtes-vous là?
    @FrenSac: uMatrix ou autre peut bloquer ces trucs indignes mais les sites engagés ne devraient pas comporter ces trucs indignes.

    Mais uMatrix ne vous a pas montré où est hébergé copenhagenletter.org : chez CloudFlare. Donc, toutes les visites et les signatures sont dans les serveurs de Cloudflare… voir une conf’ des RMLL17 https://www.april.org/libres-echanges-philippe-jaillon

    CloudFlare est-il inclus, silencieusement, dans les GAFAM? Il le mériterait.

  4. employe de ssll

    Allez parler de tout cela, éthique, création… à C*metik, l’agence éthique aux dizaines de procès pour vente one-shot (cf doctrine.fr) ou lié à son management (cf actualitesdudroit.fr).

    Cette multinationale Com*etik est bien connue dans le milieu des créateurs de web ou de site internet, mais pas forcément pour les meilleures raisons : procès en cascade contre des clients ou critiques (dont un blogueur) et elle-même poursuivi encore en 2017 par le Ministre de l’Economie, piratage de masse le 27 juillet (cf zataz sur Twitter), harcèlement au téléphone via V2L lnternet, employés qui sont à 66% offshore (200/300 ; cf ses propres chiffres donnés dans publi-communiqué)… Lire son article Wikipédia.