Les bibliothèques sous le règne du capitalisme

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Les bibliothèques ont toujours joué un rôle de gardiens de nos biens littéraires. Mais face à la tendance croissante à l’appropriation de la culture par le marché, elles sont peu à peu devenues de véritables ovnis dans le paysage culturel nord-américain.

Gus Bagakis est professeur de philosophie à la retraite de l’Université d’État de San Francisco. Il revient ici sur ce mouvement destructeur qui vise à transformer les bibliothèques publiques en simples institutions privées à but lucratif.

Traduction Framalang : paul, Edgar Lori, Mannik, Aiseant, claire, jums, Goofy

Source : revue en ligne Truth-out : Libraries Under Capitalism : The Enclosure of the Literary Commons

bibliothèque et nombreux lecteurs
Photo Steven Ramirez (Domaine public)

 

L’une des institutions les plus subversives des États-Unis,

c’est la bibliothèque publique.

– Bell Hooks

Nos biens communs littéraires des bibliothèques publiques sont peu à peu mis sous cloche et deviennent inaccessibles au public à cause d’une série de lois de nos gouvernements – à la fois locaux, nationaux et fédéraux – qui s’inclinent devant les diktats et les priorités des entreprises. La bibliothèque publique est l’un des rares endroits où les gens peuvent entrer gratuitement, accéder gratuitement aux documents et y séjourner sans devoir acheter quoi que ce soit. La valeur des bibliothèques publiques ne réside pas seulement dans les documents qu’elles prêtent ou dans le modèle non commercial qu’elles incarnent, mais aussi dans le bien commun qu’elles représentent : un endroit public qui offre aux citoyens des espaces intellectuels libérés, propices aux dialogues et à l’organisation de la communauté.

Les bibliothèques sont en train de passer d’un modèle de service public à celui d’entreprises à but lucratif, ce qui conduit à la destruction d’un espace public.

En riposte à cet emprisonnement, le New York Times plaide pour des moyens supplémentaires en faveur des bibliothèques. Le quotidien de la Grosse Pomme présente les bibliothèques comme des lieux où les enfants pauvres viennent « apprendre à lire et à aimer la littérature, où les immigrés apprennent l’anglais, où les chômeurs perfectionnent leurs CV et lettres de motivation, et où ceux qui n’ont pas accès à Internet peuvent franchir le fossé numérique… Ce sont des refuges pour penser, rêver, étudier, lutter et – c’est le cas de nombreux enfants et personnes âgées – pour être simplement en lieu sûr, à l’abri de la chaleur. »

Un article de la revue Public Library Quarterly intitulé « Les bibliothèques et le déclin de l’utilité publique » ajoute : « [les bibliothèques] contribuent à rendre possible la sphère démocratique publique ». L’auteur alerte également sur le fait que les bibliothèques sont en train de passer d’un modèle de service public à celui d’entreprises à but lucratif qui entraînent la destruction d’un véritable espace public.
Nous avons besoin de moyens supplémentaires pour permettre aux bibliothèques publiques de survivre. Nous devons empêcher la transformation de nos bibliothèques, institutions culturelles, éducatives et communes, en entreprises privées. Afin de comprendre plus clairement d’où viennent ces problèmes, nous devons d’abord comprendre comment les bibliothèques ont historiquement été influencées par le capitalisme.

Les bibliothèques comme système de contrôle social

Lorsqu’on étudie le développement et le déclin des bibliothèques publiques, on constate que les changements sont souvent imputables à l’objectif premier du capitalisme : le profit. Si quelque chose évolue défavorablement – autrement dit, si une chose menace la possibilité de profit – celle-ci devient un bouc émissaire opportun pour réduire les moyens dans les budgets des administrations locales, nationales ou fédérales. Les bibliothèques publiques, l’éducation publique et l’espace public représentent trois victimes actuelles de l’influence du capitalisme car elles sont devenues des « dépenses inutiles » qui entravent l’accroissement des profits.

Afin de contextualiser notre étude, rappelons que le capitalisme est un système économique fondé sur une main-d’œuvre salariée (travail contre salaire), la propriété privée ou le contrôle des moyens de production (usines, machines, exploitations agricoles, bureaux) et la production de marchandises en vue d’un profit. Dans ce système, un petit nombre de personnes qui travaillent pour de très grandes entreprises utilise sa puissance financière et politique pour orienter les priorités, les financements et les mesures gouvernementales en fonction de leurs propres intérêts. Même si le capitalisme a connu des évolutions, l’une de ses composantes demeure inchangée : la lutte pour la richesse et le pouvoir qui oppose les entrepreneurs et les travailleurs. Dans la mesure où les entreprises capitalistes possèdent l’argent et le pouvoir, on peut soutenir qu’elles contrôlent la société en général.

Mais en période de dépression, la classe ouvrière, bien plus nombreuse, souffre et réagit ; elle s’organise et se bat pour de meilleures rémunérations, davantage de bénéfices et de puissance. Ainsi, la réaction des travailleurs face à la Grande Dépression qui a conduit au New Deal de Franklin D. Roosevelt dans les années 1930, a permis de réguler le capitalisme, pour mieux le préserver. La rébellion des travailleurs était due en partie à une répartition excessivement inégale des richesses durant cet Âge d’Or, période où la classe capitaliste accumulait une richesse considérable aux dépens des travailleurs. Un contexte d’inégalité d’ailleurs semblable à celui que nous vivons aujourd’hui, à l’ère de notre Nouvel Age d’Or.

Ce conflit entre les patrons et les travailleurs transparaît aussi dans l’histoire des bibliothèques publiques. Les bibliothèques font partie d’un système de contrôle social : elles fournissent des ressources et une éducation aux immigrants. Quand les patrons encouragent la création de bibliothèques, c’est qu’ils les voient comme terrain d’essai pour immigrés au service de leur industrie. Par exemple, à Butte Montana, en 1893, la nouvelle bibliothèque Carnegie a été présentée par les propriétaires de mines comme « un antidote au penchant des mineurs pour la boisson, les prostituées et le jeu » et comme un moyen de favoriser la création d’une communauté d’immigrés afin de limiter la rotation du personnel.

Andrew Carnegie, capitaliste philanthrope en son temps, offre un bel exemple de la volonté de la classe capitaliste de maintenir le système de profits et d’empêcher une révolte ouvrière. Dans son article « Le Gospel de la Richesse », publié en 1889, il défend l’idée que les riches peuvent diminuer la contestation sociale par le biais de la philanthropie. Il est préférable selon lui de ponctionner les salaires ouvriers, collecter les sommes puis les redistribuer à la communauté. S’adressant aux ouvriers avec condescendance, Carnegie expliquait : « Si j’augmente vos salaires, vous allez dépenser votre argent pour acheter une meilleure pièce de viande ou plus de boissons. Mais ce dont vous avez besoin, même si vous l’ignorez, ce sont mes bibliothèques et mes salles de concert ».

La générosité de Carnegie était bien comprise : diminuer les possibilités de révolte ouvrière et maintenir ou augmenter ses propres profits. Certes c’était un homme généreux, mais il n’était pas vraiment impliqué dans un changement de société, comme il l’a démontré par ses multiples actions autour de la ségrégation. À l’époque de la ségrégation raciale, les Noirs n’avaient généralement pas accès aux bibliothèques publiques dans le Sud des États-Unis. Plutôt que de favoriser l’intégration raciale dans ses bibliothèques, Carnegie a fondé des bibliothèques distinctes pour les Afro-Américains. Par exemple, à Houston, Carnegie a ouvert la Bibliothèque Carnegie pour Personnes de Couleur en 1909. Même si l’on doit reconnaître néanmoins sa générosité dans la construction de plus de la moitié des bibliothèques sur le territoire des États-Unis avant 1930. En outre, les bibliothèques se sont multipliées en réponse au besoin d’éducation publique, notamment pour les quelque 20 millions d’immigrés arrivés dans le pays entre 1880 et 1920,dans le but de fournir de la main-d’œuvre bon marché et de soutenir le système capitaliste.

Dans notre monde régi par le capitalisme, les guerres sont presque toujours le fait de deux classes dirigeantes (ou davantage) qui se disputent l’accès à des profits, des ressources ou des territoires. Dans ces luttes, la propagande est un outil précieux. Ainsi, durant la Première Guerre Mondiale, la vocation des bibliothèques a basculé vers une américanisation progressive des immigrés, y compris par l’élimination d’ouvrages « antipatriotiques car pro-Allemands ». Durant la Seconde Guerre Mondiale, par opposition aux autodafés nazis, les bibliothécaires américains ont considéré les livres comme des armes de guerre. Pendant la Guerre Froide (1947-1991), certaines bibliothèques publiques ont également servi d’instruments de propagande pour la politique étrangère du gouvernement fédéral : comme la loi sur l’enregistrement des agents étrangers (Foreign Agents Registration Act, FARA) qui a conduit les bibliothèques à filtrer des documents soviétiques.

À la même époque, l’association ultraconservatrice John Birch Society dépêchait ses membres dans toutes les bibliothèques publiques du pays pour vérifier si le Livre bleu de l’association était bien disponible dans leurs rayonnages. Ce Livre bleu mettait en garde contre l’ennemi qui s’apprêtait à transformer les États-Unis en état policier communiste et laissait entendre que le Président Eisenhower était un agent communiste. En 1953, au plus fort de la chasse aux sorcières, un membre de la Commission des recueils de textes de l’Indiana a dénoncé l’œuvre Robin des bois comme une œuvre de propagande communiste, et demandé son retrait des écoles et des bibliothèques au prétexte que le héros prenait aux riches pour donner aux pauvres. Fort heureusement, quelques étudiants courageux de l’Université d’Indiana ont résisté et organisé le mouvement de la plume verte (Green Feather Movement) en référence à la plume sur le chapeau de Robin des bois.

L’offensive économique contre les bibliothèques

À la fin des années 1970, la formation des travailleurs immigrés n’est plus la préoccupation des entreprises capitalistes car la main-d’œuvre ne manque plus. À partir de ce moment également, le financement des bibliothèques publiques commence à reculer. Après le 11 septembre 2001, la peur s’intensifie dans la population, tout comme s’intensifie la surveillance d’État. L’une des mesures prises par le gouvernement, conformément à la section 215 du Patriot Act, consiste à forcer les bibliothèques à divulguer des informations sur leurs usagers.

Quelques bibliothécaires courageux protestent, comprenant qu’une telle exigence représente un danger pour les libertés individuelles. Ainsi, l’association des bibliothécaires du Vermont adresse une lettre au Congrès pour s’opposer aux dispositions du Patriot Act concernant les bibliothèques. La propagande des États-Unis face à la montée des tensions au Moyen-Orient pose problème à un certain nombre de bibliothécaires qui s’alarment des symboles hyper-patriotiques affichés dans les bibliothèques juste après les attaques du 11 septembre (affiches, posters, pamphlets). Dans une lettre cosignée faisant état de leurs inquiétudes, ils écrivent : « ce type de communications inhabituelles risque de créer une atmosphère intimidante pour certains usagers des bibliothèques. »

Dès la fin du XXe siècle et au début du XXIe, la plupart des bibliothèques publiques offrent un espace commun et accueillant, qui encourage l’exploration, la création et la collaboration entre étudiants, enseignants et citoyens. Innovantes, elles combinent des supports physiques et numériques pour proposer des environnements d’apprentissage. En 1982, l’American Library Association (ALA) organise la semaine des livres censurés (Banned Books Week) pour attirer l’attention sur les livres qui expriment des opinions non orthodoxes ou impopulaires et mettent ces ouvrages à disposition de tous les lecteurs intéressés.

Mais à l’époque, la classe capitaliste est mal à l’aise et craint des « effets de démocratisation » liés à l’activisme des années 1960 : droits civiques, droits LGBTQ, sensibilisation écologique, mouvements étudiants et actions de dénonciation de la guerre du Vietnam. Les milieux d’affaires conservateurs contestent alors le capitalisme régulé hérité du New Deal et introduisent le néolibéralisme, une variante du capitalisme favorisant le libre échange, la privatisation, l’intervention minimum de l’État dans les affaires, la baisse des dépenses publiques allouées aux services sociaux (dont les bibliothèques) et l’affaiblissement du pouvoir de la classe ouvrière. Certains d’entre eux se réfèrent au Mémorandum Powell (1971), une feuille de route destinée aux milieux d’affaires conservateurs pour les encourager à s’élever et se défendre contre une prétendue attaque de la libre entreprise par des activistes comme Ralph Nader, Herbert Marcuse et d’autres qui étaient censés avoir pris le contrôle des universités, des médias et du gouvernement. À l’autre bout du spectre, les internationalistes progressistes de la Commission trilatérale publient un document intitulé La crise de la démocratie (1975), qui suggère que l’activisme des années 1960 a transformé des citoyens auparavant passifs et indifférents en activistes capables d’ébranler les équilibres en place.

Le ralentissement de l’immigration des travailleurs dans les années 1970 et le stress de l’austérité due à la montée du néo-libéralisme ont provoqué le déclin des services sociaux, dont le système des bibliothèques publiques. Certaines d’entre elles dérivent vers un modèle d’entreprise lucrative qui considère les utilisateurs comme des clients et suivent un modèle entrepreneurial. Elles utilisent les relations publiques, la marchandisation de l’information, l’efficacité, l’image de marque et le mécénat pour augmenter leurs capacités de financements. L’argent qui provenait de taxes locales, nationales et fédérales, indispensable au maintien des services publics, a été transféré dans les poches des sociétés privées, dans l’entretien du complexe militaro-industriel, ou entassé dans des paradis fiscaux. La classe moyenne s’est fait berner par les promesses de réductions d’impôt, parce qu’on lui a dit que la baisse des taxes allait augmenter les dépenses, et donc dynamiser l’économie américaine. Elle a donc suivi, à tort, les grandes entreprises, alors que la perte des institutions publiques nuit à tous sauf aux riches.

Et pourtant toutes ces attaques contre les bibliothèques publiques ont eu lieu en dépit du fait qu’elles sont un excellent investissement pour les contribuables. Par exemple, une étude de 2007 à propos de la bibliothèque de San Francisco a montré que pour chaque dollar dépensé par la bibliothèque, les citoyens avaient reçu 3 dollars en biens et services.

Bien qu’utilisées par un nombre croissant de personnes, les bibliothèques ont encore vu leurs moyens diminuer sous l’effet de la récession de 2008. En Californie, les aides d’État pour les bibliothèques ont été complètement supprimées en 2011. La Louisiane a suivi l’exemple de la Californie en 2012. Des coupes budgétaires sévères ont frappé simultanément les bibliothèques publiques de la ville de New York, la bibliothèque de Dallas, celles de l’État du Massachusetts et bien d’autres. Le budget fédéral actuel contient un plan qui élimine l’agence de support des musées et bibliothèques (Institute of Museum and Library Services) dont les ressources ont été progressivement réduites par les administrations précédentes, qu’elles soient démocrates ou républicaines.

Le renforcement des coupes budgétaires cause l’extinction de nos biens communs littéraires. Alors, comment les défenseurs des bibliothèques publiques peuvent-ils aider celles-ci à survivre et à promouvoir des valeurs démocratiques réelles et une pensée critique ? Tout d’abord, nous devons bien cerner le sort des bibliothèques publiques à la lumière de l’histoire du capitalisme. Ensuite, nous devons nous organiser et mener une lutte pour protéger les bibliothèques publiques comme espaces de lien communautaire et d’action potentielle, contre ce fléau qu’est l’asservissement au capitalisme oligopolistique.

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16 Responses

  1. Nicolas Floquet

    Les bibliothèques sont en crise parce que leur but : l’accès à la connaissance, est mieux rempli par Internet. Et parce que le support qui a fait leur succès (et même leur nom : http://www.cnrtl.fr/lexicographie/biblioth%C3%A8que) au cours des siècles, se fait dépasser par le support numérique.

    Dans notre ère numérique, les bibliothèques doivent repenser leur vieux modèle… peut-être se concentrer sur l’animation culturelle, la socialisation etc. C’est à elles de trouver une nouvelle vocation. Les financements viendront ensuite… (crowdfunding en plus des subventions ?) .

    En tout cas, il n’y a rien de plus à en dire, et certainement pas imaginer une causalité bidon entre capitalisme, ou quoi-que-ce-soit-en-isme, et un éventuel déclin des financements publiques outre-atlantique.

    Il faut aussi réfuter cette définition partisane de capitalisme qui empoisonne la pensée. Je propose de remplacer « croque-mitaine » ou « grand-méchant-loup » au lieu de « capitaliste » dans ce texte (comme dans tant d’autres) pour qu’il soit plus pertinent.

    Enfin, je ne lis rien ici qui traite de logiciel libre, et je me demande pourquoi il est publié sur le framablog.

    • Toto

      @NicolasFloquet

      > je ne lis rien ici qui traite de logiciel libre, et je me demande pourquoi il est publié sur le framablog.

      Framasoft (et donc le Framablog) traite plus largement du libre (logiciel libre bien sur, mais aussi culture libre, vie privée, partage de la connaissance, etc).

  2. Maïeul Rouquette

    Je ne vois pas en quoi le fait de qualifier le capitalisme comme un système
    1. Fondée sur la propriété privée des moyens de production
    2. Fondée sur la recherche du profit
    3. Fondée sur le salariat

    C’est une définition on ne peut commune du capitalisme. Qu’après cela vous tatillonne de penser qu’il peut y avoir un lien entre le financement d’institution publique et la recherche du profit d’entreprises, c’est votre problème. Car les bibliothèques connaissent certes une crise de leur objet. Mais si notre société ne considérait pas que toute institution doit être rentable économiquement, ceci ne serait pas considéré comme un problème. Et donc c’est finalement votre vision, prétendumment apartisane (comme si cela pouvait existait), qui l’est.

    Sans compter que les bibliothèques n’ont pas pour seules fonction l’accès à la connaissance, mais aussi sa structuration et sa pérennisation, deux choses que les outils numériques ont encore du mal à faire.

    Et cette article figure sur Framasoft car il traite des bien communs, qui fait partie des choses auxquel s’instéresse Framasoft.Page de présentation de Framasoft :

    Facilitée par Internet et la numérisation, la « culture libre » est une culture en mouvement qui s’inspire directement du logiciel libre dans sa philosophie et ses licences pour promouvoir et diffuser des œuvres de l’esprit.

    Elle explore des domaines aussi variés que les arts, l’éducation, les sciences, le matériel… Ces œuvres peuvent alors être considérées comme des biens communs. L’exemple le plus emblématique est l’encyclopédie libre Wikipédia.

    merci à l’auteur et aux traducteur/trices

  3. Maïeul Rouquette

    Ps : vous faites fi aussi du fait que la crise des bibliothèques n’émerge pas avec le numérique (même si cela s’est accentué) mais dans les années 70, et que le public n’est pas en déclin. Si du moins on lit l’article, ce que visblement vous n’avez pas fait, puisque vous avez été effrayé par le fait que l’article intègre cela dans la problématique du capitalisme.

    • C138

      Le mot exact ne serait pas « effrayé » mais probablement plutôt « consterné ».
      Même réaction que Nicolas.
      L’article est plongé dans la culture, la société américaine, et il suffit de penser à l’exception culturelle française pour se dire qu’il n’est pas certain que la transposition doive se faire sans quelques précautions de principe…
      [que l’«équipe des traducteurs» se dispense évidemment de fournir]

      Pour anecdote, la bibliothèque municipale de ma ville (française donc) va fermer pour quasiment un an de travaux. C’est la deuxième fois, après la rénovation du bâtiment [quasi historique] qui l’héberge.
      Et pour quelles raisons ?
      «, les bibliothèques doivent repenser leur vieux modèle… peut-être se concentrer sur l’animation culturelle, la socialisation etc. C’est à elles de trouver une nouvelle vocation.» exactement ce qu’annonce Nicolas (reformulation de ce qui ma été dit par une employée de la-dite bibliothèque, impliquée dans le projet de «rénovation»).

      Et autant dire que tout cela n’est ni gratuit, ni motivé par un capitalisme mondialisant rampant…

      Agiter sans cesse les épouvantails bien commodes du capitalismes, de la mondialisation, c’est lassant (et probablement contre-productif).

  4. Chloé

    Merci pour cette traduction. Il me semble que la situation n’est pas aussi catastrophique en France. Sur les questions de financement aux USA, il peut être intéressant de regarder le doc sur la New York Public Library : Ex Libris >> http://www.allocine.fr/film/fichefilm_gen_cfilm=256411.html (le mécénat y est plus que nécessaire pour maintenir des budgets de fonctionnements). Nous n’en sommes pas exactement là (on a plutôt tendance à construire des bibliothèques qu’à en fermer) mais, par ailleurs, nous sommes bel et bien victimes d’enclosures, notamment de la part de nos fournisseurs de ressources en ligne par ex… Heureusement qu’on est debout pour ne pas se laisser faire 🙂

  5. TLP

    vous incarnez exactement la consequence de la problematique que l’auteur dénonce…

  6. Tim-X

    Tout à fait d’accord avec Maïeul Rouquette.

    Utiliser les mots capitalisme, mondialisation et autres gros mots pour décrire et analyser le monde d’aujourd’hui ne pose problème qu’à leurs défenseurs. C’est un peu comme ceux qui nous expliquent que la lutte des classes est un concept dépassé, notamment parce qu’il a plus de 150 ans d’âge. Étonnamment, c’est aujourd’hui qu’on en a le plus besoin, au moment même où les inégalités et les conséquences dévastatrices pour la planète et les espèces vivants, dont les Hommes, sont patentes.

    Les bibliothèques sont également victimes de ce système néolibéral de compression des dépenses publiques sous couvert de rentabilité/dette/etc. C’est ce qu’explique très bien l’article quand on le lit.

    C’est donc cela qu’il faut dénoncer et si l’état des bibliothèques françaises est incontestablement moins dégradée qu’aux Etats-Unis, le chemin que nous prenons n’est pas le bon. Le prix unique du livre, avec ses limites, a malgré tout permis de préserver une partie du tissu des libraires. Les E-U et le Royaume-Uni s’en sont affranchis, c’est la catastrophe avec des concentrations monopolistiques insupportables.

    Bref, ici comme ailleurs, ce sont les petits qui trinquent et le salut n’est possible que dans la fusion, le rachat du petit par le moyen ou le gros avec les conséquences qui vont avec (perte de diversité, campagnes vidées des services publics, entente sur les prix, chantage à l’emploi, etc.)

  7. Jojo

    On est où là ? Sur un tract du PCF ??? C’est pas pour subir ce genre de propagande gauchiste que je donne de l’argent à Framasoft !!!

  8. pyg

    Mais oui, tout à fait, nous sommes de dangereux gauchistes…

    Cet article est un article d’opinion, donc évidemment subjectif. Cependant, je vois mal comment remettre en cause que le système économique en place est un système capitaliste (ce n’est ni un gros mot, ni une insulte, c’est un système : https://fr.wikipedia.org/wiki/Capitalisme )

    Quand au néolibéralisme, ce n’est pas une insulte non plus : https://fr.wikipedia.org/wiki/N%C3%A9olib%C3%A9ralisme avec comme caractéristiques (je cite Wikipédia) :
    * la dénonciation du poids de l’État-providence dans les pays développés après 1945 et de l’accroissement des interventions publiques dans l’économie ;
    * la promotion de l’économie de marché au nom de la liberté de l’individu et du développement économique ;
    * la dérégulation des marchés (qui doivent se « réguler eux-mêmes » par le jeu de la concurrence et des « lois du marché ») et la disparition progressive du secteur public au profit du privé.

    Dans ce cadre factuel, ce que dit l’auteur, c’est que le néolibéralisme, qui tend à devenir le modèle dominant, assèche les ressources notamment financières des services publics, et que les bibliothèques ne sont pas épargnées. Or, les bibliothèques jouant un rôle social fort (et pas uniquement de transmission de la connaissance), leur disparition (progressive, on est d’accord que c’est moins violent qu’aux USA) aurait un impact sociétal fort.

    On peut être d’accord ou pas, mais de la à dire que c’est un tract du PCF…

    (et ,si j’osais, je rappellerai que si les actions menées par Framasoft ne vous conviennent pas, vous pouvez arrêter de nous soutenir. Comme notre association ne vit que des dons, un arrêt brutal des dons aurait pour effet immédiat l’arrêt de nos actions. Nous souhaitons juste rester indépendants, et nous ne pouvons donc pas répondre aux crypto-menaces du type « Si vous republiez un tel article, j’arrête de donner », car si nous mettions le doigts dans cet engrenage, nous passerions notre temps à sonder nos visiteurs et donateurs pour ne leur donner que le plus petit dénominateur commun, qui serait réduit à peau de chagrin. Nous assumons d’avoir des prises de positions qui peuvent bousculer certaines personnes, qui peuvent par conséquent cesser de nous soutenir. Nous préférons ce risque là à celui d’une « non-pensée » qui nous mènerait à de « non-actions ».)

    • Nicolas Floquet

      Bonjour pyg.

      C’est vrai que le commentaire de Jojo est trollesque. C’est vrai aussi que cet article est bien rédigé, et qu’il est certainement très courageux de la part d’un américain en Amérique de tenir de tels propos. Mais ce n’est pas le cas en France où ils ne se font pas rares.

      De plus, son lien avec le Logiciel Libre est vraiment ténu. Pire, il n’est absolument pas approfondi par l’auteur : aucune occurrence des termes « ordinateurs » « informatique » ou même « logiciel » (Alors oui, les bibliothèques permettent l’accès et la préservation de quelques biens communs (les œuvres du domaine public — sic —) mais elles agissent de même des œuvres non-libres. Les bibliothèques, en elles-mêmes, sont des biens publics et pas des biens communs (propriété de l’État versus propriété de tous, et ce n’est pas un détail, loin de là).

      Enfin, sa démonstration est rien moins qu’invalide, comme — c’est mon avis — de nombreux argumentaires qui se disent « anti-capitalistes ». Mais il partait déjà mal avec sa définition du capitalisme, certainement courante, mais trop partisane pour être un minimum objective.

      La publication d’un tel article par le Framablog me semble donc au mieux inutile, au pire inappropriée. En tout cas, on est loin d’articles vraiment plus pertinents déjà publiés sur le Framablog tels que https://framablog.org/2007/02/20/logiciel-libre-communiste/

      Pour que le Framablog s’en sorte par le haut, je propose deux solutions :

      – Le retrait de cet article. Ce qui amènerait à une non-pensée ? Peut-être… ou peut-être pas. Le Framablog fournissait déjà beaucoup de matière à penser avant cet article. En tout cas, la boîte de Pandore sera refermée.

      – À côté de tels articles anti-capitalistes, anti-libéraux (certains dirait gauchistes… si ça leur fait plaisir), la publication d’articles de promotion du Logiciel Libre d’inspiration capitaliste, d’inspiration libérale, d’inspiration « gauliste »… (certains diraient « de droite »… bah oui, si ça leur fait plaisir…)

      Car on peut en effet démontrer que le Libre est parfaitement à sa place à droite de l’échiquier politique français. Je commence la rédaction quand vous voulez. Ça parlera notamment de souveraineté nationale, d’économie libérale de marché, de méritocratie, d’individualisme…

      Beaucoup de lecteurs ne seront pas d’accord ? Bah, c’est déjà le cas avec l’article ci-dessus. Et je te parie que les miens seront moins biaisés… mais ça, c’est moi qui le dit… on verra bien, non ?

      Enfin, Framasoft en sortira grandie. Le logiciel Libre également puisqu’on comprendra par exemple, qu’il est enfin la réconciliation entre propriété commune (du code) et propriété privé (les ordinateurs) : https://framablog.org/2017/11/24/le-nouveau-servage. On comprendra également qu’il est une condition sine qua non à l’application de la théorie très libérale de la concurrence pure et parfaite sur les marchés : https://fr.wikipedia.org/wiki/Concurrence_pure_et_parfaite et j’en passe, et des meilleures.

      On fait ça ?

      • Goofy

        (ma réponse n’engage ni Pyg ni l’association)
        0. ah mais on dirait une sorte de gentil chantage : « supprimez l’article (ça va pas, non ?) ou bien laissez-moi développer dans vos colonnes mon point de vue libro-libéral »
        Ben non.
        On est indépendants, ça ne veut pas dire qu’on est neutres, et qu’on va passer notre temps à donner une tribune aux uns puis aux autres, un coup pour les anarchistes et un coup pour les néolibéraux 50/50.
        Nous choisissons la position qui nous convient, nous la soumettons à vos commentaires (je viens de valider le tien sans aucune hésitation) mais si cela nous fait perdre une partie de notre lectorat ce n’est pas la fin du monde, nous en gagnerons peut-être une autre partie, qui sait.
        Tu as un blog pour développer tes convictions, diffuse son adresse et nous irons le lire, sans doute d’autres aussi.
        Tiens dans l’article que tu cites comme bien meilleur (merci) on a perdu des gens qui trouvaient insupportable le rapprochement Libre et Communisme, par exemple https://framablog.org/2007/02/20/logiciel-libre-communiste/#comment-9485
        bon on perdu des gens et parfois même des libristes. C’est dommage mais pas trop grave, selon moi.
        1. en revanche (c’est toujours à titre perso que je m’exprime) j’aimerais bien que tu nous fasses un article de fond sur le libre et le propriétaire dans le domaine de la santé, je regrette encore l’embargo qu’a posé le gars de medecine-libre sur la publication de son interview.

        • Nicolas Floquet

          Je suis d’accord pour rédiger — et publier sur le Framablog — un texte sur le Libre et la Santé. Ça va demander du travail, et j’ai besoin d’aide : notamment un juriste pour décortiquer les codes de déontologie, et aussi un point de vue extérieur pour dépister les passages trop obscur. Framasoft peut-elle me donner un coup de main ?

          Concernant notre fil de commentaire. Bien sûr que Framasoft n’est pas neutre ! Bien sûr que Framasoft a pris position : elle a pris position pour le (Logiciel) Libre. Or il se trouve que cette publication sur le Framablog sert mal la cause du Logiciel Libre.

          On peut prendre exemple sur Stallman, qui publie ses articles concernant le LL ici : https://www.gnu.org/philosophy/philosophy.html, et ses autres articles là : https://stallman.org/ .
          Pourquoi fait-il cela ? Peut-être parce qu’il mesure la priorité de l’enjeu du Logiciel Libre sur d’autres causes mineures. Ou peut-être parce qu’il sait juste faire la part des choses, qu’il ne faut pas tout mélanger :

          « Il y avait des gens dont la pensée était si simpliste que s’ils désapprouvaient la conduite des États-Unis dans la guerre du Vietnam, ils devaient forcément soutenir le Nord-Vietnam. J’imagine qu’il leur était impossible d’imaginer une position plus subtile. » Stallman : https://framabook.org/docs/stallman/framabook6_stallman_v1_gnu-fdl.pdf (page 54)

          Mais surtout, pourquoi associer le librisme à l’anti-capitalisme, quand ça crève les yeux que c’est insuffisant (https://fr.wikipedia.org/wiki/Canonical) voire tout simplement faux (https://fr.wikipedia.org/wiki/Red_Hat) ?

          (confère https://www.gnu.org/philosophy/selling.html et confère https://www.gnu.org/philosophy/programs-must-not-limit-freedom-to-run.html)

          … Ou alors, on peut accepter mon idée.

          L’essentiel étant de montrer que le Logiciel Libre est un concept novateur dans l’Histoire des idées politiques. Car c’est bien le cas ! Qu’il ne peut donc pas être appréhendé par des schémas de pensée qui — manifestement — ne prennent pas en compte le fait essentiel de notre ère numérique : l’existence des ordinateurs et de l’informatique.

          D’une manière ou d’une autre, il faut absolument faire comprendre que le Libre ne peut pas s’aligner sur le vieil échiquier droite/gauche, depuis toujours simplificateur et manichéen, désormais archaïque… bref faux.

          • pyg

            Nicolas,
            merci de ta réponse.

            Cependant, tu fais deux amalgames :
            1. tu sous-entend que Framasoft parle pour les libristes (« il se trouve que cette publication sur le Framablog sert mal la cause du Logiciel Libre. » )

            Framasoft n’est qu’une association parmi des centaines en France et des milliers dans le monde. Certes, on a une place importante en France, mais on ne l’a pas demandée, et on ne va pas agir différemment que selon nos idées et nos valeurs parce qu’il se trouve qu’on a plus de visites que d’autres assos ou réseaux. J’ai même l’outrecuidance de penser que c’est parce qu’on affirme des idées et des valeurs qu’on a des visites, mais c’est un autre sujet 😉

            Bref, Framasoft n’est pas Stallman, nous ne sommes pas à l’origine d’un mouvement social, et donc difficilement dissociable de celui-ci.

            On essaie évidemment de faire gaffe à ce qu’on dit. Mais à un moment donné, si je suis ton raisonnement, parce que Framasoft publierait un article qui, selon toi « ne sert pas la cause du libre », on ne devrait pas le publier.
            Comme s’il existait une morale du libre, avec ce qui le sert à coup sûr, ce qui le dessert à coup sûr. Et que toi et nous, nous *saurions* ce qui est vrai et bon.
            Bof bof. Pas trop ma came.

            2. sur la phrase « Mais surtout, pourquoi associer le librisme à l’anti-capitalisme, quand ça crève les yeux que c’est insuffisant » tu fais à nouveau l’amalgame : « ce que dit l’auteur publié sur le framablog == ce que pense Framasoft. »
            Or, ce n’est pas vrai.

            Framasoft, c’est une asso composée d’humain⋅e⋅s. Et ces humain⋅e⋅s pourront avoir des avis différents sur un texte. On décide de publier ce texte, parce qu’on pense qu’il est intéressant et fera débat, alors… on le publie. Faut pas chercher plus loin que ça. Framasoft n’est pas un journal avec une ligne éditoriale carrée, des rédacs chefs qui argumentent pendant des heures sur tel ou tel point. Le Framablog, c’est des bénévoles qui ont envie de transmettre et de mettre en valeur des connaissances et des points de vue.
            On ne cherche pas à plaire à tout le monde.

            C’est… juste un blog 🙂

            Enfin sur le « Framasoft peut-elle me donner un coup de main ? » là il n’y a pas d’amalgame, mais méprise. Comme je le disais plus haut, on est juste 33 individus qui se retrouvent au sein d’une association. Et dans cette asso, je doute que beaucoup de monde ait du temps à consacrer à un tel article (mais qui sait ?). Mais au moins, ta demande est faite et entendue. Et surtout, n’importe qui, de framasoft ou de la communauté des lecteur⋅ice⋅s du Framablog, peuvent se signaler pour te filer un coup de main.
            J’espère sincèrement que cet article verra le jour, et, comme le dit fort justement Goofy : « Tu as un blog pour développer tes convictions, diffuse son adresse et nous irons le lire, sans doute d’autres aussi. »

            Librement,
            pyg

          • Nicolas Floquet

            En effet pyg ! Mea culpa.

            1. Depuis longtemps, toujours en fait, j’avais effectivement supposé que le Framablog était LA référence de l’information libriste en France. Ce n’est pas très chatonesque de ma part !… ^^ (http://chatons.org/) En effet, pourquoi promouvoir l’essaimage des services internet tout en maintenant une centralisation quand il s’agit de blog, d’expression publique ?!

            2. Pour cet article, j’ai vu… rouge ! ^^ Pourtant, j’avais réussi la distinction entre l’opinion de l’auteur et celle de Framasoft pour d’autres articles tels que : https://framablog.org/2017/10/28/coopcycle-le-projet-cooperatif-qui-roule-social/ (où l’on vante un logiciel pas libre, scandaleux !) ou encore https://framablog.org/2012/02/08/dieu-est-un-hacker/

            (On aura compris que je trouve bête de la part de l’auteur de crier « la main invisible a encore frappé » en s’apercevant qu’il y a moins de sous pour des bibliothèques « classiques », sans voir qu’il est déjà l’heure d’Internet. Et là, de nous en compter toute une histoire, alors que c’est chaque pan de la Société qui doit se repenser à l’ère numérique. Bref, c’est vraiment l’article le plus épais que j’ai jamais lu sur le Framablog, je n’y reviendrai plus là-dessus. ^^)

            Concernant un article sur le Libre en Santé, il faut le rédiger : j’avais commencé là il y a longtemps : http://www.pharmanerd.flqt.fr/Pharmacie/logiciel_libre_definition_pour_le_secteur_de_la_sante.html ou là : https://rmll.ubicast.tv/videos/libre-et-sante/ Peut-être que Goofy pourrait m’aider ?

            Merci pyg.