Comment réparer les médias sociaux (et faire encore mieux)

Temps de lecture 13 min

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Le récent scandale Cambridge Analytica semble avoir brièvement remis au goût du jour la question du siphonnage de données par les médias sociaux. Il est bon de se rappeler que la collecte de données n’est pas une simple pratique de Facebook, mais bien leur modèle économique : que cette entreprise – parmi les plus cotées en bourse au monde – n’existe qu’en se nourrissant de nos Likes, photos et autres interactions sociales.

Vol de données privées, manipulation de masse, matraquage publicitaire, exploitation de nos faiblesses psychologiques, … il y a beaucoup à dire sur les pratiques néfastes des médias sociaux centralisés. Mais aujourd’hui tournons-nous vers une solution et découvrons ensemble un moyen de lutter contre ces derniers avec des alternatives plus éthiques. Non, mieux : une fédération d’alternatives plus éthiques.

Nos ancêtres les Gaulois ?

L’an dernier, nous annoncions vouloir tourner la page de Dégooglisons Internet, avec laquelle se tourne aussi la métaphore des camps gaulois libres qui luttent contre l’invasion romaine propriétaire.

Ce que nous avons omis de préciser, c’est que n’en déplaise à Goscinny, l’histoire ne s’est pas réellement passée comme nous avons l’habitude de la lire dans ses albums. Ce que nous appelons les gaulois est en réalité un terme un peu générique inventé par les romains pour désigner les nombreux petits peuples qui vivaient en Gaule.

carte ancienne représentant les gaules à l'époque gallo-romaine : Gaules belge et celtique, province romaine et aquitaine.

Même s’il pouvait y avoir quelques alliances entre plusieurs peuples, en aucun cas tous ces villages gaulois étaient unis pour former un seul grand peuple gaulois. Ces derniers étaient bien indépendants : ils se faisaient beaucoup la guerre entre eux et parlaient leurs propres patois locaux.

Maintenant imaginez que vous êtes un peuple gaulois vivant à cette époque : vous voyez débarquer la grande armée romaine, qui envahit un à un d’autres villages gaulois. Bon, vous n’avez pas spécialement beaucoup d’affinités, mais on peut quand même vous trouver une petite larme à l’œil, ne serait-ce que parce que les Romains ne respectent pas vos principes.

Comment faire, donc, pour que ces braves Gaulois continuent paisiblement leurs bagarres de poissonniers et leurs concours de moustache ? Peut-être essayer d’améliorer l’entente entre ces différents peuples. Hmm, mais ce n’est pas si évident, les peuples gaulois parlent chacun leur propre patois, la barrière de la langue pose rapidement un gros frein à tout arrangement.

Les libristes, ces grands relous

Vous l’aurez compris, les logiciels libres sont comparables à un ensemble de villages gaulois : bien sûr, beaucoup souhaitent lutter contre l’invasion de Google, Apple et autres GAFAM, mais ils veulent toutefois garder une certaine indépendance : il n’y a qu’à regarder le nombre de distributions Linux pour se rendre compte de la diversité qu’apporte la possibilité de modifier à loisir un système.

Extrait de l'arbre des distributions Linux : il y a plein d'alternatives.

 

On pourrait penser que c’est bien dommage, que tous ces libristes feraient mieux d’unir leurs forces pour lutter ensemble contre leurs ennemis communs au lieu de se diviser ainsi. Mais ce serait mettre fin à ce qui motive justement cette soif de créer des projets libres : la possibilité de pouvoir les modifier et les partager librement.

Au contraire, on se contente d’être fiers de voir autant de diversité dans les logiciels libres, comme on peut aujourd’hui être amusé à l’idée de savoir que nous sommes les descendants d’une grande diversité de peuples de la Gaule et non pas d’un seul grand peuple gaulois.

L’effet de réseau

En somme, le meilleur moyen de lutter contre la centralisation d’Internet dans d’immenses silos à données que sont les GAFAM, serait de faire des silos plus petits. On a en tête le projet Chatons : ce collectif d’hébergeurs indépendants, qui proposent des services – les mêmes qu’on trouve chez Framasoft, pour la plupart – alternatifs à ceux fournis gracieusement par Google et consorts (dans ce dernier cas, c’est en échange de quelques informations personnelles et d’un peu de temps de cerveau disponible, hein, rien de méchant).

Pour certains logiciels comme Framadate ou Framapad, qui remplacent rapidement leurs équivalents propriétaires, c’est plutôt facile : on peut même choisir encore d’autres alternatives selon nos préférences. C’est surtout de nouvelles habitudes à prendre, mais rien de vraiment bloquant.

En revanche, pour les logiciels qui permettent aux gens de communiquer ensemble, notamment les médias sociaux (qu’on appelle à tort les réseaux sociaux – parce que oui, le réseau, c’est vos amis ;) ), c’est plus compliqué.

Par exemple il est bien difficile de remplacer Facebook par son équivalent libre, car la plupart des gens sont sur Facebook : il faudra donc les convaincre de franchir le pas, ce qu’ils hésiteront à faire car… il n’y a pas assez de monde, et qu’il faudrait aussi convaincre les amis de vos amis et ainsi de suite. Ah, et avant que vous ne posiez la question : oui, c’est compliqué de dire à 2 milliards d’utilisateurs : « allez à trois on s’en va tous pour aller sur telle autre plateforme, vous êtes prêts ? ».

Ce problème s’appelle l’effet de réseau. C’est le principal problème des alternatives libres aux sites impliquant des interactions sociales et il n’est pas spécifique aux médias sociaux : par exemple le projet Covoiturage Libre, malgré ses valeurs éthiques, peine à se développer face au monopôle de son équivalent propriétaire.

Dans le monde du libre, l’effet de réseau est empiré par le fait qu’il y a souvent plusieurs alternatives et que, comme nous l’avons vu, les logiciels libres sont des villages gaulois : un peu divisés, ils aiment leur indépendance et leurs spécificités.

Cela ne facilite pas la tâche à un éventuel romain qui voudrait tout plaquer pour élever des chèvres en Gaule : quel village choisir ?

Et si on parlait la même langue, ça n’irait pas mieux ?

la Tour de Babel, tableau de Brueghel l'Ancien

 

La communication est la clé d’une bonne entente entre peuples : une solution pour assurer la pérennité de nos villages gaulois serait de les aider à mieux communiquer entre eux. Autrement dit, de se mettre d’accord sur une langue qui serait comprise par tous les peuples gaulois, une sorte d’Espéranto visant à améliorer la communication. Ce qui bien sur, ne les empêche pas de parler leur patois quand ils sont entre eux.

Le fait de définir un langage commun permet donc aux petits villages d’échanger ensemble tout en gardant leur indépendance. Ils deviennent une sorte de fédération de peuples indépendants : ils ont chacun leurs us et coutumes, mais se comprennent bien, ce qui par exemple peut faire avancer le commerce et créer une sorte de synergie gauloise qui les rend d’une certaine manière plus unis pour repousser l’invasion romaine.

Bon, on ne va pas vous mentir, l’idée d’une langue fédératrice pour les médias sociaux ne date pas d’hier. Il y en avait déjà plusieurs depuis de nombreuses années, on peut donc relativiser sur le fait qu’une nouvelle venue arrive pour tout arranger.

Strip de Comics XKCD - image 1 situation initiale avec 14 standards en concurrence - image 2 coversation : un personnage dit à l'autre qu'il faut développer un standard universel qui remplacera tous les autres - Image 3 : résultat final, 15 standards en concurrence

 

Un langage pour les fédérer tous …

Le nouvel Espéranto des logiciels libres se nomme ActivityPub : c’est une nouvelle langue pour mettre d’accord les médias sociaux alternatifs.

La très bonne nouvelle c’est qu’il y a quelques mois, ActivityPub a été validé par le W3C. Le W3C, c’est l’équivalent de l’Académie Française pour le web : à l’instar de celle-ci, dont le but est d’uniformiser la langue de Molière en établissant certaines normes, le W3C valide quels sont les mots que les langages d’Internet devraient utiliser.

Rien ne nous oblige bien sûr à respecter cette convention si l’on préfère notre patois local, mais le fait de valider un langage permet aux villages – notamment les nouveaux venus – de moins se poser de questions sur le choix de la langue à utiliser pour se comprendre.

Par exemple, le logiciel Mastodon est une alternative à Twitter basée sur ActivityPub. Comme nous aimons décentraliser Internet, il y a plusieurs villages Mastodon un peu partout, qui communiquent entre eux. L’utilisateur du village Framapiaf peut échanger avec son cousin vivant dans le village Mamot, sans que ce dernier ne s’aperçoive qu’il est en train de parler à un lointain voisin.

Logo d'ActivityPub

… et dans les internets les lier.

Là où cela devient intéressant, c’est que Mastodon est un logiciel libre et donc que chaque village Mastodon peut l’adapter à ses besoins :

– chaque village a son propre jeu d’emojis personnalisés ;
– le village Framapiaf a donné un coup de peinture sur l’interface ;
– d’autres villages ont fait leur petite cuisine interne en repoussant par exemple la limite des 500 caractères par message, car ils la trouvaient trop contraignante.

Aucun problème : quelles que soient ces personnalisations, tout le monde continuera de communiquer à travers les villages, car ils parlent toujours la même langue, ActivityPub.

Le fait d’utiliser un média social basé sur le principe de fédération vous rend libre. Si le village Mastodon sur lequel vous vous trouvez change un jour ses conditions d’utilisation, vous être libre de déménager dans un autre village qui vous correspond mieux.

Mieux : si un jour le logiciel Mastodon ne respecte plus du tout les utilisateurs, il y a fort à parier que des défenseurs du libre reprendront le logiciel et en feront une autre version (cela s’appelle un fork) et que petit à petit, les villages migrent vers cette nouvelle version plus respectueuse, sans que les utilisateurs soient fortement impactés. Cela nous permet de revenir aux valeurs essentielles du libre : c’est l’utilisateur qui a contrôle sur le logiciel, et non l’inverse.

D’ailleurs, quelqu’un pourrait se dire un jour que l’interface de Mastodon est trop compliquée et décide d’en faire une totalement différente, plus proche de celle de Twitter. Ce n’est pas grave. Il n’y a pas tout à refaire, toute une base d’utilisateurs à reprendre. C’est juste des villages un peu différents qui apparaissent et avec qui on continuera de communiquer. Cela peut même faciliter l’adoption d’ActivityPub par le grand public : si une personne n’aime pas Mastodon, on peut lui présenter un tout autre logiciel qui lui convient mieux et permettra de communiquer avec les mêmes personnes.

Là où cela devient très, très intéressant, c’est qu’en fait les villages peuvent être complètement différents et avoir leurs propres spécialités. Revenons à nos Gaulois : on peut supposer que les villages proches des côtes vivent de la pêche et fassent du commerce de poisson entre eux, tandis que ceux vivant dans les montagnes soient davantage occupés par l’élevage de chèvres et le commerce de fromages.

Notre Espéranto permet à notre village de pêcheurs de Bordeaux de se fédérer à un village savoyard pour récupérer du Beaufort en échange de poissons, pour le transmettre à d’autres pêcheurs Bretons, tandis qu’ils profitent du vin venant d’un autre village voisin.

De la même manière, Mastodon peut communiquer avec d’autres logiciels fédérés mais complètement différents : par exemple FramaTube, l’alternative à Youtube. Il vous est alors possible d’être notifié des nouvelles vidéos qui sortiront sur cette plateforme et même de répondre aux commentaires d’une vidéo depuis Mastodon et inversement. Idem si vous mettez une vidéo en favori sur Mastodon, cela apparaîtra sur PeerTube (vous pouvez retrouver cet exemple sur cette démonstration).

La genèse d’une diversité numérique

ActivityPub va probablement faire beaucoup de bien à Internet. De nombreuses alternatives fédérées vont sortir prochainement. En tendant un peu l’oreille, on peut déjà entendre parler de blogs fédérés ou d’alternatives à Instagram ou Deezer, basées sur ActivityPub.

Cela va amener un peu de diversité dans notre paysage numérique : diversité qui ne peut pas, par essence, se retrouver dans les services centralisés, car ces derniers parlent leurs propres langues. Vous ne pourrez jamais lire et partager des Tweets depuis Facebook, ou bien répondre à un commentaire Youtube depuis Instagram. Avec la fédération, cela devient possible et cela donne à ActivityPub un avantage compétitif face aux médias sociaux propriétaires.

Ce qui est bien, c’est que cela ne concerne pas seulement les personnes soucieuses de l’usage qui est fait de leurs données personnelles : les moldus du libre pourront trouver en ActivityPub un outil avant tout pratique. Les technophiles apprécieront la possibilité d’interconnecter toutes leurs plateformes numériques entre elles. Ceux qui trouvent que leurs médias sociaux sont monotones aimeront amener un peu de diversité à leurs fils d’actualité. Les blogueurs trouveraient intéressant le fait de permettre à leurs lecteurs de recevoir et commenter un article très facilement via leurs média social favoris.

Alternatives aux médias sociaux basées sur ActivityPub. Respectivment : Funkwhale (musique fédérée), PeerTube (vidéos), Mastodon (micro-blogging) et PixelFed (images).

C’est également le cas du côté des développeurs d’application, qui trouveront en ActivityPub un moyen d’atteindre très rapidement un grand nombre d’utilisateurs. En effet la fédération est un formidable terrain d’expérimentation : si quelqu’un a une bonne idée, il peut la développer en la connectant à la fédération.

Supposons par exemple que vous vous lanciez dans le développement d’un site de partage de recettes de cuisine fédéré. Vous en parlez à vos amis, dont certains sont déjà sur Mastodon. Comme tous aiment bien l’idée, ils s’abonnent à votre site depuis Mastodon pour être notifiés de vos meilleures recettes. Lorsqu’ils recevront votre dernier clafoutis aux fraises, ils pourront le partager directement à tous leurs abonnés, lesquels seront intrigués par ce nouveau village récemment apparu dans la fédération, et pourront s’abonner à leur tour. ;)

En utilisant ActivityPub, nous participons à cette prise de conscience globale dans laquelle nous découvrons tous le point faible de ces silos à données : étant centralisés, ils sont vulnérables face à la fédération. Si nous arrivons à promouvoir suffisamment ces alternatives au grand public, nous pouvons amener ces plateformes centralisées à se confronter à un combat qui leur est perdu d’avance.

En utilisant ActivityPub, vous faites un pied-de-nez à tous ces soi-disant réseaux sociaux proclamant vouloir réunir les gens… mais dans un système cloisonné. Vous les laissez au profit d’alternatives qui ont pu voir le jour parce qu’elles ont réussi, elles, à se réunir, à se fédérer les unes aux autres.

Pour résumer

1. ActivityPub est un Espéranto qui permet aux médias sociaux alternatifs de se comprendre entre eux (se fédérer) ;
2. cela permet à deux utilisateurs de se suivre l’un et l’autre, même s’ils habitent dans des villages différents (qu’on appelle instances) ;
3. ça fonctionne bien même s’ils sont totalement différents : le village de pêcheurs peut échanger avec le village de fromagers (comme si depuis Facebook on pouvait liker un tweet) ;
4. tous ces échanges entre villages s’appellent la fédération et de nouveaux logiciels peuvent la rejoindre n’importe quand (et ça va être très cool).

Envie d’essayer maintenant ?

Vous voulez être les pionniers de cette nouvelle ère numérique qu’est la fédération ? Libre à vous de choisir votre village. Pour commencer, nous vous conseillons ceux sous la bannière Mastodon (qui a fêté son 1er anniversaire il y a quelques mois), car le logiciel est bien abouti.

Vous trouverez sur le site Join Mastodon d’autres explications sur son fonctionnement, ainsi que la liste des villages disponibles (et nous laissons bien sûr la porte de notre propre village ouverte aux nouveaux venus). ;)

En graphisme BD, la mascotte de Mastodon : un éléphanteau assis sur son derrière, trompe vers le ciel.

Crédits images :

17 Responses

  1. Haelwenn (lanodan)

    J’aurais des trucs à grrr:
    — L’Espéranto n’a pas vocation à être une langue internationale

    > Le W3C, c’est l’équivalent de l’Académie Française pour Internet

    W3C ne fait que la partie Web d’Internet

  2. alterne hatif

    En quoi des instances diaspora* constituent de réelles alternatives à fb…

    C’est pas juste que « tout le monde y est » (sur fb)… et qu’aucun de leurs « amis » n’est sur d* qui fait qu’ils n’y vont pas, c’est aussi qu’on y a pas les mêmes « services », et on en est vraiment loin…

    Et que ça + ça fait beaucoup quand même pour décider de changer de « réseau social »…

  3. Nathanaël Jourdane

    @Haelwenn

    > — L’Espéranto n’a pas vocation à être une langue internationale

    « L’espéranto est une langue construite internationale » (source : https://fr.wikipedia.org/wiki/Esp%C3%A9ranto)

    Si ce que tu veux dire « l’Espéranto n’a pas vocation à remplacer toutes les autres langues », c’est également le cas d’ActivityPub qui n’a pas vocation a être un protocole utilisé pour absolument tout, juste un protocole « commun » permettant à différents services de se comprendre, même s’ils utilisent leurs propres API comme c’est le cas de Mastodon (https://github.com/tootsuite/documentation/blob/master/Using-the-API/API.md).

    Si je continue ma lecture sur Wikipédia : « N’étant la langue officielle d’aucun État, l’espéranto permet d’établir un pont neutre entre cultures », ce qui me fait penser également à l’utilité d’ActivityPub.

    > W3C ne fait que la partie Web d’Internet

    Merci bonne remarque, j’ai corrigé l’article. 😉

    @alterne hatif

    > C’est pas juste que « tout le monde y est » (sur fb)… et qu’aucun de leurs « amis » n’est sur d* qui fait qu’ils n’y vont pas, c’est aussi qu’on y a pas les mêmes « services », et on en est vraiment loin…

    Je pense que l’effet de réseau est de très loin la raison principale. Quand bien même on aurait un média social alternatif équivalent en tout point de vue à Facebook (hormis la collecte de données et les pubs), je pense qu’il serait difficilement envisageable que tout le monde s’y inscrive.

    Là où ActivityPub sera très utile, c’est que si demain quelqu’un lance cette alternative à Facebook ultra-bien conçue et agréable à utiliser, basée sur ce protocole, il y aura dès le début une base d’utilisateur non négligeable qui facilitera son succès.

  4. alterne hatif

    @Nathanaël Jourdane

    > Je pense que l’effet de réseau est de très loin la raison principale.

    Oui, et toutes celles et ceux que j’ai branché pour aller sur d* m’ont bien rétorqué ça, mais bon quand ils y ont quand même ouvert un compte pour voir ce dont il s’agit ou parce qu’ils savent que fb « c’est mal » ou pour me faire plaisir ou… voire tout ça en même temps, ça a toujours était au final : « ouais mais bon, déjà qu’y a personne (à part toi sous-entendu), mais en plus c’est pas comparable du tout, juste un twitter plus tout au mieux ». Et hop disparus.

    Genre contre-productif parce que pour les faire revenir quand ce sera mieux étoffé ou quand comme tu dis quelques uns auront pondu un truc vraiment concurrentiel, mais basé sur activitypub (par exemple), ce sera encore une fois des « non mais j’ai déjà essayé, ça marche pas/c’est pas au point/etc… »

    J’entends encore des gens me dire que Linux marche pas ! C’est sûr qu’il y a 20 ans, fallait s’accrocher un peu plus qu’avec W2K, tout naze qu’il soit.

  5. Ritch

    Bravo pour l’article, c’est une bonne chose de vouloir trouver une alternative a ces réseaux sociaux.! Qui n’ont de social que le nom.
    Bravo de vouloir changer les choses ! Et a tous les détracteurs je n’ai qu’une chose a dire, la critique est facile mais VOUS que faites vous a part critiquer et subir le système ?
    Frama, merci d’exister

  6. Nathanaël Jourdane

    @alterne atif

    Tu pourras alors leur expliquer qu’ActivityPub est un protocole et donc que leur remarque a autant de sens que de dire, après avoir visité un site web : « non mais HTTP j’ai déjà essayé, c’est pas au point » 😉

    @Ritch

    Merci ! <3

  7. Marne

    Super article de vulgarisation ! Les métaphores sont très éclairantes, ça me donne envie de faire lire ça à mes parents 🙂
    Bravo !

  8. Patrick Mpondo-Dicka

    Merci pour l’info, mais il y a aussi des tas de possibilité de fédérer ses médias sociaux propriétaires: les comptes Facebook, Google et Twitter sont utilisés pour s’abonner à plein d’autres services naissants, renforçant ainsi les monopoles; de très nombreux sites ne fonctionnent pas quand on bloque les liens Google, ou Facebook, parce qu’ils y puisent leurs médias et leurs liens d’affiliation.
    Et ce que vous décrivez comme interaction entre les différentes plateformes existe déjà: il est hyperfacile d’associer son blog WP à son compte Facebook ou Twitter, de publier automatiquement son fil Twitter sur son blog, d’envoyer les en-têtes de ses billets de blogs sur Twitter ou Facebook…
    Bref, même si ce n’est pas la fédération au sens où elle est entendue ici, elle existe chez les propriétaires et contribue à l’enfermement dans leur silo.

    De plus, pour que ActivityPub ait quelque chance d’atteindre la popularité, il faudrait que de grandes plateformes basées sur du logiciel libre y adhèrent; par exemple, WordPress.org (là, ça irait très vite). Et aussi, et c’est là que Dégooglisons internet… a été un coup de génie, que le logiciel libre soit accessible au quidam, et non un bordel de paramétrage mal foutu; franchement, quand je vois comment je bosse avec Framateam et comment je fais bosser des promos de 30 étudiants dessus, je n’ai rien à envier à Slack (pareil pour Framadate, Framacalc, et quelques autres); mais quand j’ouvre Framaboard, euh comment dire: je reviens sur Trello, en attendant mieux; je sais, c’est pas facile et je ne jette pas la pierre, et je ne suis pas graphiste non plus, du coup je ne peux pas aider en la matière. Mais j’aimerais vraiment qu’au leitmotiv Ethics by Design s’ajoute celui du Designs by Ethics. Parce que faire les choses bien, c’est toujours mieux quand c’est avec de jolis outils.

    • Nathanaël Jourdane

      > il faudrait que de grandes plateformes basées sur du logiciel libre y adhèrent; par exemple, WordPress.org

      Il y a déjà des plugins pour ça, mais c’est vrai que ce serait bien si c’était supporté officiellement. Pour l’instant on y est pas encore mais d’ici un an quand on aura des CMS ActivityPub pas trop mauvais, la question se posera peut-être chez WordPress.

      > mais quand j’ouvre Framaboard, euh comment dire: je reviens sur Trello

      En open-source jouli, tu as Wekan (https://wekan.github.io), pour peu que tu aie la possibilité d’héberger.

      > Merci pour l’info, mais il y a aussi des tas de possibilité de fédérer ses médias sociaux propriétaires.

      Ça c’est super intéressant, c’est un point que je n’avais pas abordé pour pas faire trop long mais tu m’en donnes l’occasion. 🙂

      Ce n’est pas de la fédération. Lorsque tu connectes une application à Facebook (ou autre), l’application utilise l’API propriétaire de ce dernier. Vu que c’est Facebook qui développe l’API, c’est donc Facebook qui dicte les règles et qui définit ce que peuvent faire les applications liées à Facebook.

      Si je suis la métaphore de mon article : Au milieu de la Gaule il y a une immense mégalopole, destination rêvée pour de nombreux marchands ambulants qui parlent bien la langue de la ville, qui font du commerce avec les autres petits villages : tantôt ils arrivent avec des sacs de riz, tantôt ils repartent avec des caisses de vêtements colorés.

      Toi tu débarques avec plein de bonnes intentions pour les gens dans la ville et en dehors, mais en arrivant tu vois qu’aux entrées de chaque porte il y a des gardes qui contrôlent tout ce qui rentre et sort de la ville. Tu t’approches et le garde te dit : « Non, les tomates, le maire il en veut pas, il pense que c’est pas bon pour les citoyens », va voir ailleurs. En tendant l’oreille, tu entends un autre garde, posté dans l’autre sens, crier : « Hé toi, ça fait 3 fois aujourd’hui que je te vois repartir avec du pain, tu as atteint ton quota pour la semaine, ne reviens plus. ». En repartant, tu demandes pourquoi tous ces contrôles et on te répond vaguement que c’est pour la sécurité des citoyens, avant de t’indiquer la sortie.

      Bien sûr, en expliquant aux gardes ce qui est autorisé à rentrer et sortir de la ville, l’objectif du maire est tout autre : il a un contrôle total sur la population. Ceux qui ont toujours connu la ville ne savent même pas que les tomates existent. Ce n’est donc pas du tout la même chose que plein de villages ouverts avec des marchands qui parlent une langue commune à tous.

      Tu veux savoir pourquoi il n’y a aucune application smartphone pour Facebook, mais libre et moins intrusive (https://play.google.com/store/search?q=facebook&c=apps) ? C’est simple : l’API Facebook est conçue pour que cela soit impossible, de manière à ce que les utilisateurs passent uniquement par les applis officielles.

      À l’inverse, ActivityPub, qui est un protocole neutre, permet d’assurer une certaine compatibilité entre logiciels.

      • Patrick Mpondo-Dicka

        « Ce n’est pas de la fédération. Lorsque tu connectes une application à Facebook (ou autre), l’application utilise l’API propriétaire de ce dernier. Vu que c’est Facebook qui développe l’API, c’est donc Facebook qui dicte les règles et qui définit ce que peuvent faire les applications liées à Facebook. »

        J’avais bien compris que ce n’était pas de la fédération, c’est ce que je disais au milieu de mon commentaire:
        « Bref, même si ce n’est pas la fédération au sens où elle est entendue ici, elle existe chez les propriétaires et contribue à l’enfermement dans leur silo. »

        Je me place du point de vue utilisateur: pour lui, fédération ou utilisation d’une API, c’est bonnet blanc blanc bonnet, du moment qu’il peut facilement lier une appli à une autre et récupérer les infos d’une appli vers une autre. Ce que je voulais donc dire, c’est que cette possibilité existe déjà du côté des services propriétaires, et que pour convaincre l’utilisateur final, il faudra qu’il voit un gain d’usage: si la fédération est meilleure du point de vue éthique mais moins pratique, je ne parierai pas sur son usage à long terme.
        Mais ça a donné l’occasion que tu files la métaphore et que l’explication soit encore plus claire, donc tant mieux, plus les choses sont dites clairement, plus on peut choisir d’y adhérer.

        Des plug-ins ActivityPub pour WordPress, ça m’intéresse vraiment, j’utilise WP régulièrement et j’ai plein d’instances différentes pour tester. Des CMS ActivityPub en projet ça m’intéresse vraiment aussi; mais ça se trouve où? J’ai cherché sur WordPress.org, mais le mot-clé activitypub n’a rien donné. j’ai juste choppé un bout d’échange sur un forum https://wordpress.org/ideas/topic/support-activitypub-federation-like-mastodon-peertube qui dit qu’il y aurait des plug-ins sans citer lesquels.

        Et merci pour Wekan, je ne connaissais pas, à voir si je pourrais l’utiliser en lieu et place de Trello l’an prochain…

  9. rjadot

    Bonjour,

    Dommage qu’il n’y ait pas eu de rapprochement de l’équipe d’ActivityPub avec ceux qui travaillent sur PubSub et XMPP en général…

  10. HH17

    Bonjour,
    Un problème soulevé en creux par l’article concerne la définition d’un village – ou d’une communauté – et de notre identité numérique. Si je reprends l’exemple des villages de poissonniers et de fromagers, que faire si je suis poissonnier ET fromager. Je rejoins le premier village, le second, ou je créé un nouveau village des poissonnier-fromager ? En plus, je souhaite aussi être pâtissier mais le village n’existe pas encore pour cette communauté ?
    Peut-être ai-je mal compris l’article et que l’auteur avait simplement l’intention d’utiliser l’image d’un village pour parler d’un intermédiaire purement technique qui restait agnostique concernant l’identité de l’utilisateur. Dans ce cas, l’utilisateur choisirait un village comme il choisi un FAI ou une boite à lettre électronique sur des critères de fonctionnalités et autres.
    Mais, à ce jeu là, on risque de revoir apparaitre des oligopoles qui seront à même d’ajouter tout pleins de fonctionnalités (propriétaires ?) qui tuent, pour attirer le client. Et parmi les oligopoles, je pense que les premiers qui peuvent profiter de ces alternatives et massifier leur utilisation ce sont les FAI, non ?
    Merci.

    • HH17

      Ouf! Bien trop de fautes de grammaire et de conjugaison!
      Désolé. Je ferai plus attention la prochaine fois.
      En tout cas merci Framasoft pour ce blog toujours très instructif.

  11. MOI outoi

    C’est effectivement ce que je « reproche » aux logiciels libre, la diversité, mais sans celle ci il serait facile de contrôler les logiciels libres ce qui n’est pas souhaitable.
    Le problème c’est d’imposer des limites à l’utilisation des réseaux sociaux, vouloir contrôler le monde est un joli rêve, c’est le rêve que réalise facebook, pouvoir désinformer le monde enter d’un seul clique.
    Une association par exemple, n’a besoins de communiquer qu’avec ses membres (en utilisant par exemple, un forum avec messages privés ou des emails).
    Elle peut aussi avoir besoins de communiquer avec l’extérieur, à ce moment là elle peut utiliser un site www.
    Je ne pense pas qu’internet soit en manque de moyens de communication, ni en manque de logiciels libre, il n’y a qu’à voir le nombre impressionnant de framework.
    La communauté libre est en manque d’indépendance vis à vis de l’information standardisée, personne n’est réellement surpris par le fait que facebook ou google utilise nos données personnelles à des fins commerciales et la plupart des gens n’en ont strictement rien à faire.
    Les médias eux on en revanche des articles à écrire tous les jours et c’est l’une des informations quotidienne à traiter qui a un intérêt très relatif sur le thème « on vous cache des choses ».
    La bonne question, c’est de savoir si l’IRC a d’avantage fédéré que facebook messenger, la réponse est: NON.
    Pourquoi? Parceque les gens font ce que la télévision et les réclames leur disent de faire.
    Chacun dois vivre sa vie comme il l’entends et utiliser un ordinateur comme il l’entends de manière écervelée ou éveillée.
    La liberté passe aussi par le libre arbitre.