Les logiciels libres meurent lentement sans contributions

Temps de lecture 9 min

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Dans une récente conférence où il présentait Contributopia, le projet pluriannuel de Framasoft, sous son angle politique, Pierre-Yves Gosset s’attachait à déboulonner quelques mensonges avec lesquels se rassurent les libristes. Le nombre présumé des contributeurs et contributrices, en particulier, était ramené à sa juste proportion :

Bien sûr, tout le monde ne peut pas envoyer des commits de code, mais l’exemple est symptomatique : le Logiciel Libre c’est surtout des consommateurs et consommatrices.

C’est ce que souligne également Carl Chenet, plume invitée ci-dessous. Il pointe en particulier le risque sérieux d’étiolement voire de disparition pure et simple des équipes parfois minuscules qui maintiennent des FOSS (Free and Open Source Software, appellation œcuménique qui joint Les logiciels libres et open source). Il en appelle à une contribution minimale qui consisterait au moins à faire connaître les projets et encourager les créateurs à continuer. Chez Framasoft, nous sommes tout à fait en phase avec cet appel, voyez par exemple cet article sur le Contribution Camp qui propose quelques pistes pour « avancer ensemble vers la contribution ».


Logiciels libres et open source : le consumérisme passif tue la communauté
Par Carl CHENET

article aussi publié en anglais sur mon blog

En bref : ne soyez pas un consommateur passif de logiciels libres. Cela va tuer la communauté FOSS ou lui nuire. Contribuez de n’importe laquelle des manières décrites dans cet article, même la plus élémentaire, mais contribuez quotidiennement ou de façon très régulière.

petite photo de l’auteur de l’article, carl Che

Je suis ingénieur système depuis plus de 10 ans maintenant et je travaille presque exclusivement avec des systèmes GNU/Linux. Je suis aussi profondément impliqué dans la communauté des logiciels libres et open source (FOSS) depuis longtemps et je passe beaucoup de temps sur les réseaux sociaux (surtout Twitter et Mastodon ces jours-ci). Et certains comportements m’énervent toujours autant.

Le consommateur se croit plus intelligent et plus efficace que les autres

De nombreux professionnels de l’informatique qui utilisent les logiciels libres affichent un comportement de pure consommation dans leur relation avec les logiciels libres. Par exemple ils essaient souvent d’utiliser un logiciel dans un environnement très spécifique (version spécifique d’une distribution GNU/Linux, version spécifique d’un logiciel). Ils ne réussissent pas à l’utiliser dans cet environnement ? Ce logiciel est évidemment de la merde, il devrait fonctionner avec les paramètres par défaut, sinon il n’est pas convivial. La documentation est disponible ? Qui lit le doc ? J’ai besoin de réponses maintenant, je n’ai pas le temps de lire la documentation ! Et qui a écrit cette merde d’ailleurs ?

Si la réponse n’est pas le premier lien StackOverFlow de la première recherche Google, je laisse tomber cette merde. Mon temps est précieux donc je vais essayer un autre logiciel (et perdre 2 fois plus de temps) ou mieux le coder moi-même (100 fois plus de perte de temps) et de telle manière qu’il sera impossible de le réutiliser bien sûr.

Les consommateurs passifs n’envoient jamais un rapport de bogue. C’est une perte de temps, qui réclame des efforts. Qui a le temps de l’écrire sauf les pigeons ? Pas même un ping au mainteneur ou au développeur principal du projet (ils devraient savoir, ils ont écrit cette merde !) Ok, je l’ai appelé sur Twitter il y a 2 minutes. Les gens ne répondent pas en une minute ? Allez vous faire foutre, bande de losers juste bons à perdre votre temps ! Je m’en tape qu’il soit 2h du matin pour lui.

Ok, ok, ok, c’est bon, je vais écrire un rapport de bug si les ouin-ouins insistent : ÇA MARCHE PAS BOUGEZ-VOUS LE CUL BANDE DE CONNARDS, CORRIGEZ ÇA MAINTENANT !

Faire un don au développeur ou à la développeuse ? Pour quoi faire ?

Même avec des logiciels qu’ils aiment et utilisent tous les jours et qui fonctionnent parfaitement, avec des mises à jour régulières parfaites, la plupart des professionnels de l’informatique ont exactement ce même comportement de consommation passive.

Ça fait 5 ans que ce logiciel alimente toute l’informatique, ce qui aide l’entreprise à gagner beaucoup d’argent ? Tout à fait. Le développeur principal demande de l’argent / de la reconnaissance par le biais des réseaux sociaux ? Sale clodo ! Il a besoin d’argent ? Moi aussi ! Cette personne a-t-elle un Patreon ? On s’en fout ! Ce type me doit d’utiliser son logiciel, il me casse les pieds, il adore coder gratuitement de toute façon ce pigeon.

L’aider en achetant une licence professionnelle pour ce logiciel ? MDR pour quoi faire ? Mon patron va se marrer en entendant ça. Personne ne paie pour les logiciels (sauf les pigeons). C’est gratuit, comme dans bière gratuite bébé !

Je vais même lui demander de modifier la licence parce que je ne peux pas utiliser ce logiciel (qu’il maintient gratuitement le con) dans ma propre suite logicielle propriétaire. Il devrait me remercier de l’aider à développer son logiciel, ce futur Marc Zuckerberg. Je suis presque sûr qu’il a gagné masse de thunes de toute façon. Il en aura pas par moi, pas question.

Et bien sûr, ce comportement de consommation passive a des impacts négatifs sur l’écosystème des logiciels libres. Vraiment. Habituellement, après quelques années, le développeur principal abandonne le projet. À ce moment-là, vous pouvez généralement lire ce genre de commentaires furieux sur son blog ou dans les rapports de bug « Espèce de branleur t’as plus mis à jour ton logiciel depuis des années, feignant va, des gens sérieux l’utilisent, réponds ou je laisse des milliers de commentaires insultants ! J’ai tout misé sur ton code, tu devrais me remercier à genoux. Espèce de communiste branleur, j’enlèverais mon étoile sur ton repo Gihub/Gitlab si je l’avais mis en vedette. Mais bien sûr que non, je ne vais pas mettre en vedette tous les projets que j’utilise, qu’est-ce que tu crois ? Contribuer d’une façon ou d’une autre ? Allez, faut grandir un peu, et faire avec. La vie est dure. »

Promouvoir les projets que vous utilisez et interagir avec eux

Afin de ne pas ressembler aux tristes personnages décrits plus haut, merci d’aider les projets que vous utilisez. Si votre entreprise gagne de l’argent grâce aux FOSS et que vous êtes chef d’entreprise, financer ou bloquer du temps pour que vos développeurs donnent un coup de main pour au moins un projet que vous utilisez quotidiennement semble un objectif raisonnable et démontre une certaine compréhension de l’écosystème FOSS.

Si vous êtes un employé d’une entreprise utilisant des FOSS, une étape très importante est de faire savoir à votre chef ou votre patron que des parties de votre infrastructure mourront à court terme (quelques années) si vous n’aidez pas ce projet de quelque façon que ce soit.

99,9 % des projets FOSS sont des projets maintenus par une seule personne. Cette petite bibliothèque JavaScript que le frontend du site web de votre entreprise utilise ou ce petit script de sauvegarde de base de données dont tout le monde se fout mais qui vous a déjà sauvé la vie 2 fois.

Si l’argent n’entre pas en jeu dans votre utilisation des FOSS et si vous fournissez un service gratuit à d’autres personnes, faites savoir aussi largement que possible que vous utilisez des FOSS et n’hésitez pas à remercier certains projets de temps en temps. Le simple fait de dire aux personnes par le biais de Mastodon ou Twitter que vous utilisez leurs logiciels peut leur remonter sacrément le moral. Mettez en vedette leurs projets sur Gitlab ou Github pour leur faire savoir (ainsi qu’aux autres) que ce projet est utile.

Quelques manières de contribuer

Voici une liste d’excellents moyens de contribuer :

• Faites savoir aussi largement que possible via les réseaux sociaux que votre dernière mise à jour de tel ou tel logiciel s’est déroulée sans problèmes. Faites passer le mot autour de vous.
• Rédigez un billet de blog décrivant vos expériences et la valeur ajoutée que ce grand projet FOSS a apportée à votre entreprise ou à vos projets. Suivez les développeurs principaux de différents projets sur Mastodon ou Twitter et retweetez/likez/pouétez… leurs dernières nouvelles de temps en temps.
• Écrivez un commentaire de remerciement sur le blog du projet ou sur le blog du développeur principal. La lecture de votre commentaire sera un rayon de soleil dans la journée du développeur de ce projet.

Mettez une étoile au projet feed2toot sur Gitlab

Ne soyez plus un consommateur passif

Ne soyez plus un consommateur passif de logiciels libres et open source. Le niveau moyen nécessaire pour contribuer à un projet et les attentes des créateurs de logiciels libres et open source augmentent de jour en jour dans un monde où la complexité et les interactions s’accroissent rapidement. Il n’y a souvent qu’une toute petite équipe (d’une seule à 5 personnes) qui est au cœur du développement fondamental des FOSS.

copie d’écran twit de Chent où il parle de la dernière version d’elastic stack
Je parle tous les jours des FOSS sur mes comptes Twitter et Mastodon

 

Contribuez de n’importe quelle manière décrite dans cet article, même la plus élémentaire, mais contribuez quotidiennement ou de façon très régulière. Vous aurez ainsi une participation concrète et fournirez de bonnes vibrations et d’excellents apports aux projets FOSS. Vos contributions changeront vraiment les choses, encourageront et (re)motiveront les personnes impliquées. C’est bon pour vous, vous allez améliorer vos compétences, acquérir des connaissances sur la communauté FOSS et de la visibilité pour votre entreprise ou vos projets. Et c’est une bonne chose pour la communauté FOSS que d’avoir de plus en plus de personnes qui contribuent par n’importe quelle action positive.

À propos de l’auteur

Carl Chenet, passionné de logiciels libres, auteur du Courrier du hacker, la lettre d’information hebdomadaire résumant l’actualité francophone du Logiciel Libre et Open Source

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56 Responses

  1. Rubèn

    Alors la gratuité…
    Dans mon comportement j’ai remarqué un truc, je ne sais pas si ça le fait à d’autres personnes.
    Souvent je reçois des promo par mail pour un éditeur de logiciels pratique.
    Une fois il y avait une promo 10€ le logiciel pour créer son site, sans rien coder.
    Et je me suis dit «ah tiens je devrais essayer !» il m’a fallu quelques minutes pour me dire que j’avais déjà PluXml que j’apprécie et auquel j’ai contribué fût un temps.
    Mais l’idée de posséder physiquement le logiciel payant me plaisait fort.
    Je pense que si j’avais pu avoir pour quelques euros PluXml sur un CD dans sa boiboite, j’aurais payé le développeur ainsi. Ou alors un YunoHost édition spéciale sur clef USB, avec un truc en plus, oui j’adorerais aussi.
    Voilà je souhaitais partager tout ça.

  2. Draconis

    Intéressant, mais cet article n’aborde qu’une partie du problème. Pour faire court. Quid des développeurs qui te prennent de haut quand tu leur signal un problème? Qui remette en cause tes compétences, qui parfois ne prenne même pas la peine de te donner une réponse.
    Cela fait 4 ans que j’attends une réponse sur une proposition de script pour le projet OHMYZSH jamais eu de réponse. un exemple parmi tant d’autre.
    Il faudrait aussi sensibiliser dans ce sens et pas toujours culpabiliser le consomma…. l’utilisateur.

    • Cozo

      Carrément d’accord. Sans parler du fait que souvent les logiciels sont mal fait et aucune contributions n est possible.

    • Carl Chenet

      En effet l’objet de l’article ne parle que les professionnels de l’IT et le mauvais comportement de certains d’entre eux envers le Logiciel Libre et la mise en avant de bonnes pratiques pour aller à l’encontre de ces mauvais comportements. Le rôle de l’accueil des nouveaux contributeurs pourrait faire l’objet d’ un article à lui seul.

      • Gebonimo

        Pour moi c’est surtout dû au fait que ces « pros de l’IT » veulent faire genre en sortant un logiciel inconnu gratuit de leur chapeau devant leur chef.

        Mais sans réfléchir à s’ils le connaissent vraiment, s’il correspond aux attentes des utilisateurs, sans savoir le débuguer, etc…

    • Jujens

      Un des problèmes que je vois est qu’intégrer des nouveaux contributeurs demande du temps. Et quand tu développe un truc sur ton temps libre, tu n’en as pas forcément tant que ça. Donc je suis d’accord, intégrer correctement de nouveaux contributeurs est un problème mais je ne tape pas trop fort là-dessus. D’autant qu’une contribution passagère peut alourdir le travail de maintenance à long terme du projet.

      Et je crois que si les entreprises soutenaient un peu plus le logiciel libre, ça irait déjà mieux (passage à temps partiel sur le projet pour les mainteneurs par exemple, ce qui leur donnerait du temps en plus pour accueillir des gens).

      • Pocos

        Après rien n’empêche de forker un projet si tu n’obtiens pas de réponses à tes demandes de contribution

  3. Xarkam

    Ce n’est qu’un jute retour de bâton.
    Entre 2005 et 2010, il y a eu une belle hype sur le monde du libre. On en parlais partout et tout le temps.

    Aujourd’hui en 2018, le constat est amère pour beaucoup.

    C’est assez petit voir minable de reporter la faute sur les utilisateurs/consommateurs.

    Les seules responsables ce sont les développeurs. Ils n’ont pas su être à l’écoute des utilisateurs préférant les prendre de haut et pour des abrutis qui n’y connaissent rien.

    Le « make it your self » dans le monde du libre ca va 5 minute hein.
    Tu le fais toi même, tu prends le temps de bien faire les choses et ensuite on t’envoie sur les roses pour des raisons les plus grotesques les unes que les autres.

    Quant à faire des remontées de bugs, bien souvent, elles restent lettre morte.

    Voilà la réalité.

    Pour ma part, toutes contributions à un projet quel qu’il soit, passe par une revue des issues afin de voir de quelle manière interagissent le ou les développeurs avec leur utilisateurs et voir ainsi si cela en vaut la peine de s’investir.

    • Ysabeau

      Moi j’aimerais en effet voir plus de développeurs sur les listes et forums utilisateurs et pas qu’en anglais. Je crois qu’ils perdent quelque chose en ne les suivant pas, ne serait-ce que d’une souris épisodique.

  4. Ysabeau

    Sur les rapports de bug, puis-je dire deux ou trois choses ?

    1/ quand il faut les saisir en anglais et que l’anglais n’est pas sa langue maternelle, ce n’est pas évident.
    2/ ça peut être extrêmement agaçant quand on fait bien attention de mettre toutes les infos et précisions utiles et qu’on vous les redemande ensuite, prouvant ainsi que le type n’a pas lu votre message (expérience vécue avec le dernier rapport que j’ai soumis sur LibreOffice, le type m’a demandé en trois fois ce qui figurait dès le début).
    3/ ça m’agace toujours de voir qu’on met au même endroit les bugs (trucs qui ne fonctionnent pas bien) et les demandes d’amélioration, ce sont deux choses différentes qui devraient être traitées différemment.
    4/ parfois on a l’impression que c’est comme avec la religion, on en fait jamais assez et en même temps trop quand on on signale un problème (au motif tu devrais déjà remercier à genoux les développeurs d’avoir daigné pondre ce projet). Sans parler du sempiternel « ils sont bénévoles alors ferme là ils sont déjà bien bons de bénévoler ». Je caricature à peine.

    Sur le reste, je suis tout à fait d’accord. Il est toujours agaçant sur les listes et forums d’aide de lire des « votre logiciel fonctionne moins bien que… », de demander des infos, voire des fichiers tests (qui souvent peuvent expliquer la cause des problèmes) et de ne pas avoir de réponse ; ou encore d’avoir des « ça fait pas ce que je veux » sans autre précision ou avec des « ben non j’ai pas fait ça ». Bref.

    Mais, effectivement, il faut contribuer en fonction de nos possibilités.

    NB : j’adorerais avoir des retours sur les modèles de document que je mets en ligne par exemple 🙂

    • Carl Chenet

      Pour les rapports de bugs, bien sûr qu’il faut être anglophone et le plus souvent professionnel de l’IT pour les faire. Mon article critique justement ceux qui sont en capacité de les faire mais ne le font jamais. Je ne critique bien sûr pas ceux qui ne peuvent pas et d’ailleurs je leur propose de nombreux autres moyens de contribuer au Logiciel Libre. Contribuez chacun à sa manière, avec ses possibilités, mais l’essentiel est de contribuer quand on peut.

  5. Rob

    Par rapport aux gens qui renvoient l’ascenseur à la cave: «J’ai essayé de contribuer et je me suis pris un taquet.» C’est une réalité mais c’est pas pour ça qu’il faut jeter le bébé avec l’eau du bain, en tout cas se contenter de ce constat n’est pas très constructif, mieux vaut lire cet autre article signalé dans le chapeau:

    https://framablog.org/2017/12/02/avancer-ensemble-vers-la-contribution/

    Cela dit il y a d’autres enjeux que le consumérisme derrière l’absence de retour/contribution, qui ne tiennent pas seulement à des bonnes pratiques dans la communauté FOSS, d’ailleurs c’est assez explicite dans le texte (celui de Chenet) et involontairement illustré par les commentaires de bashing ci-dessus.

    Les conduites de coopération, d’indulgence et de reconnaissance mutuelle ne sont pas valorisées, en général mais aussi et peut-être surtout, par contradiction, dans le milieu du libre lui-même, d’une manière plus pernicieuse parce que déniée et justifiée le plus souvent par un manque de temps ou de moyen individuel, d’où un cercle vicieux: pas de coopération, pas de gain temps ni de moyen; pas de temps ni de moyen, pas de coopération.

    La communauté en a pris conscience, le dénonce et tente d’y remédier mais c’est clairement un problème qui la dépasse même si elle peut contribuer à le régler. Bref, au fond c’est bien une question d’ensemble sociale et politique…

  6. Eliot

    Je suis pas mal gêné par cet article, et j’ai fait un thread sur le pourquoi du comment. On m’a suggérer de le rajouter ici donc voilà : https://mastodon.eliotberriot.com/@eliotberriot/100633055572089222

    @carl à la lecture, je trouve que l’article est beaucoup plus générique qu’une critique adressée aux « professionnels », mais c’est peut-être juste moi.

    • Nathanaël Jourdane

      Pour ce qui est l’accueil des contributions je vous invite à jeter un œil à https://bestpractices.coreinfrastructure.org/en, qui te donne une note sur les bonnes pratiques permettant d’améliorer la contribution, en fonction de quelques réponses posées. 😉

    • Carl Chenet

      @Eliot Le but premier de l’article était de montrer du doigt les professionnels IT exploitant le Logiciel Libre sans jamais y contribuer et qui sont souvent les premiers à le critiquer. J’en ai trop rencontré dans ma vie professionnelle et il fallait que ça sorte, d’où l’aspect un peu « coup de gueule » de l’article de la première moitié de l’article.

      Afin d’élargir la problématique, il vise aussi à fournir à chacun des pistes pour contributer, chacun à son niveau, chacun selon ses moyens, chacun selon sa disponibilité, mais l’essentiel étant de contribuer un tant soit peu à l’écosystème par n’importe quel moyen, afin de garder cet écosystème intact vivant et alimenté par tous : développeurs, utilisateurs réguliers professionnels ou non, utilisateurs occasionnels, tout le monde.

      • Eliot

        @Carl Dans ce cas, je trouve que cette intention tout à fait positive d’offrir des pistes ne ressort pas suffisamment et que l’article gagnerait à annoncer la couleur plus tôt.

        Le titre : Logiciels libres et open source : le consumérisme passif tue la communauté
        La headline : ne soyez pas un consommateur passif de logiciels libres. Cela va tuer la communauté FOSS ou lui nuire. Contribuez de n’importe laquelle des manières décrites dans cet article, même la plus élémentaire, mais contribuez quotidiennement ou de façon très régulière.
        La première moitié de l’article : un coup de gueule plutôt aggressif

        Ni dans le titre, ni dans la headline tu n’es dans la proposition. Au contraire du es dans l’injonction voire la culpabilisation (« contribuez sinon vous tuez le FOSS»). Idem pour la première grosse moitié de l’article.

        Si ton objectif avec cet article c’est de faire contribuer des personnes qui ne contribuent pas habituellement, alors aie conscience que tu es en train de les braquer d’entrée de jeu. Mets toi à la place de la personne qui es dans une optique de consommation (quelles que soit ses raisons, par choix, par méconnaissance ou tout simplement par manque de moyens, de temps, etc.). Dès la première ligne, on lui dit que c’est sa faute si le FOSS ne se porte pas bien. Et que si elle ne contribue pas quotidiennement, elle est en gros un parasite qui profite de travail des autres, une vision qui est étayée dans la suite de l’article.

        À mon avis, tu ne peux pas attendre des gens qu’ils participent si tu commence une relation avec eux sur le ton du reproche ou de la culpabilisation. Ce n’est juste pas un moteur sain, ni efficace à long terme.

        À titre de comparaison, je suis végane. Imagine que j’écrive un article pour inciter les gens à suivre cette voie, et que je commence en disant « Si vous ne devenez pas végane vous aussi maintenant, vous êtes des esclavagistes et des tortionnaires responsables de la mort de milliers d’animaux chaque année » tu aurais envie de continuer à lire ? Ou de devenir végane ?

        Que le constat initial soit vrai ou non n’a finalement que peu d’importance.

    • Ysabeau

      @Eliot Il n’y a pas moyen d’avoir ça sous une forme moins découpée ? J’ai arrêté la lecture du fil au troisième clic. C’est assez insupportable et ça ne facilite pas la lecture et encore, moi je lis avec mes yeux sans problème. Mastodon n’est pas fait pour ça, Diaspora si par exemple.

      • Eliot

        Voici un copier coller du thread 🙂

        Pas mal de choses me gênent dans cet article, donc je fais un petit thread sur la question.

        Le constat de fond de l’article est qu’il n’y a pas assez (de moins en moins ?) de contributions à des projets libres, parce que les utilisateur·ices sont dans une logique de consommation.

        Le constat est peut-être vrai mais l’article manque de données chiffrées sur lesquelles s’appuyer donc c’est un peu chaud.

        D’autre part la violence du ton dans le portrait (certes caricatural) du « consommateur » me gêne.

        Mais surtout, l’article ignore pour moi un problème de fond qui limite fortement le nombre de contributions : la plupart des projets sont inaccessibles au commun des autres devs.

        Combien de projets ont des README ? Une documentation lisible, bien structurée et à jour ? Des instructions d’installation claires (en développement) ? Des informations de contact autres qu’IRC ?

        Des informations sur comment lancer les tests (quand il y a des tests) ? Une CI ? Du tooling pour réduire la barrière à l’entrée sur le déploiement ? Des instructions sur comment contribuer (et pas que au dev) ?

        Quand tu démarre un projet, ça fait partie de ta responsabilité de penser à ça et de mettre en place ce qu’il faut. Ou alors, il ne faut pas venir râler que personne ne participe.

        Un projet ce n’est pas juste le code, c’est le code plus tout ce qui permet aux autres d’y accéder, de l’utiliser, de le comprendre, de l’améliorer, etc.

        Cet espèce de reproche que les utilisateur·ices sont passifs, ça me fait un peux penser aux discours en mode « non mais les gens participent plus à la vie démocratique du pays ». Quand tu vois comment c’est fait, ça donne pas spécialement envie…

        Ensuite, la plupart des projets n’ont pas de feuille de route définie ou explicite et publiquement accessible. Ça veut dire que les contributions externes ne peuvent être que ponctuelles et sur des points de détail.

        Personne ou presque ne va prendre le risque de faire une grosse contribution sur un projet sans savoir si cela va plaire à celleux qui maintiennent, si cela n’entre pas en conflit avec d’autres developpements, etc.

        Et les rapports de bugs, c’est bien gentil (et utile, je ne le nie pas), mais là aussi, écrire un rapport de bug qui soit pertinent et utile, c’est une démarche qui prend du temps.

        Et un bug tracker, ça se maintient : tagguer les issues, commenter, organiser, fermer les doublons, faire des liens, etc.

        Quand des personnes assez motivées pour écrire un rapport de bug tombent sur un truc avec 800 tickets pas catégorisés, avec une recherche pourrie, le premier réflexe c’est de fermer la fenêtre et de se dire « je laisse tomber, quelqu’un d’autre à déjà du le rapporter »).

        Tout ça, ça s’entretient, il faut offrir des templates de rapports, pour faire gagner du temps et de l’énergie, et accepter d’ouvrir les tickets soi même par moment

        Et si quelqu’un est assez motivé pour faire une contribution, ouvrir une Pull Request sur le projet, encore faut il faire une revue rapide, utile et pertinente, expliquer les améliorations possibles, voire refuser en expliquant pourquoi, etc.

        Quand on voit le ton et la culture pourrie dans pleins de projets, ça ne donne juste pas envie de passer par tous ça.

        Un projet, ça s’anime. Et si personne ne contribue, ou pas suffisamment, c’est à la personne (ou les personnes) impliquées de mettre en place l’environnement (technique, culturel, organisationnel, etc.) pour que ça change.

        Traiter les autres de consommateurs parce qu’ils n’ont pas envie de se heurter à tous les obstacles que tu as placé (volontairement ou non) sur leur chemin, c’est se tromper de problème.

        Donc voilà, je trouve ça hallucinant qu’en 2018, on en soit encore à raisonner comme ça, et à être dans le reproche et l’antagonisme permanent pour essayer de faire contribuer les gens.

        Quand on leur fait confiance et qu’on leur donne les moyens, les gens sont généralement ravis d’aider dans la mesure de leurs possibilités.

        Je m’arrête là, merci de m’avoir lu.

        • NEDJAR

          Bonjour,

          C’est l’un des commentaires les plus pertinents qui m’ait été donné de lire sur ce site

  7. CM63

    Bonjour,

    Moi ce qui ne me convient pas c’est la façon dont on nous propose de contribueren général: on te dit : ben ok, développe ton add-on, je verrai si je l’accepte (ou si c’est une m…). Aucune gouvernance : tu ne sais pas si ce que tu vas faire n’as pas déjà été fait par d’autres, c’est ça, je vais passer quinze jours à développer un truc, pour que le gars me dise: « ah ben non, ça a déjà été fait et j’en veux pas ».

  8. awazade

    Bonjour à tous,

    Je suis un humble « consommateur » de logiciel libre ! Je suis plutôt d’accord avec l’auteur concernant les pro, surtout que eux en font un commerce ! Pour ma part, modeste utilisateur, je ne contribue pas : si suite à une mise à jour d’un os ou d’un logiciel je prends mon mal en patience et j’attends que le(s) dev corrige(nt) les éventuels bugs. Par contre quelle créativité ! j’en apprends tous les jours ! Merci à eux.

  9. GrosPoilou

    Complètement d’accord avec l’article, complètement d’accord avec aussi la plupart des commentaires. Chacun fait ce qu’il peut, avec ses compétences, moyens, etc.

    Par ex, en tant qu’ingé système, chef de projet dans une association à but non lucratif de 600 salariés :

    On dépense des centaines de milliers d’euro dans des logiciels proprio pourris (contre mon gré), et on a du mal à reverser quelques centaines d’euros pour des perles que l’on utilise tous les jours mais qui sont peut-être moins visibles.
    Les seules façons que j’ai trouvé pour aider c’est de pousser à prendre les contrats de maintenance, même si on en a pas besoin, et de consacrer du temps de développement quand c’est possible, à la contribution. Ça reste bien rare et anecdotique par rapport à notre consommation de FOSS.

    Mais le pire, le pire du pire, c’est les gens qui construisent leur daube proprio en grande partie à base de FOSS, et pour laquelle la R&D et le dev représentent des cacahuètes. Juste envie de passer à la caisse, facilement et rapidement. Ceux-là, je les conchie vraiment encore plus que les autres.

    Cependant, il faut aussi relativiser. Même si les logiciels libres sont un combat social et citoyen auquel nous croyons, et pour lesquels le combat vaut le coup, je pense, nous ne vivons pas uniquement dans cet écosystème, nous appartenons aussi à la vie « IRL », dans laquelle d’autres combats existent et méritent d’y consacrer du temps.

    Qui contribue aussi à GreenPeace ? Qui donne en général à des petites asso qui s’occupent de la défense de l’environnement que nous polluons tous les jours avec nos datacenters pourris?
    Il y a beaucoup de consommateurs aussi de ce côté là, malheureusement, qui sont content de pouvoir encore voir des oiseaux là ou certains se battent pour qu’ils ne disparaissent pas…
    Je pourrais citer d’autres exemples : qui s’engage pour le logement des familles réfugiées?

    Indignons-nous, et engageons nous, d’une manière ou d’une autre, changeons cette société pour plus de solidarité. Longue vie à Framasoft et à tous.

  10. Hyacinthe

    Je pense qu’il y a plusieurs façons d’arranger les choses :

    – Déjà induire dès le début une relation d’échange entre le créateur (ou l’équipe) et les utilisateurs, par exemple en indiquant explicitement sur la page du projet qu’il s’agit d’un logiciel Libre, que l’utilisateur est invité à participer de la manière qu’il souhaite.

    – Utiliser des plateformes modernes pour les pull requests et les rapports de bogues. Pas mal de projets libres utilisent encore des vieux bugzilla ou des trucs custom des années 90 qui font passer l’envie à ceux qui veulent mettre un rapport de bogue. Un gros effort a été fait chez Gnome avec le déploiement de Gitlab et beaucoup devraient prendre exemple.

    – Induire une relation de sympathie et de convivialité à toutes les étapes. J’en ai vu qui se vantaient d’adopter la philosophie KISS dans leur communication (donc ni bonjour ni merde) : quels cons ! On est des humains avant tout, donc si un utilisateur se trompe de catégorie dans le bugtracker ou s’il fait un doublon on lui dit gentiment, et quand quelqu’un apporte quelque chose on le remercie. C’est pas de la perte de temps ou d’espace, c’est un effort nécessaire pour créer des dynamiques de respect et de convivialité.

    De toute façon je ne suis pas le seul à le remarquer : malgré qu’on assiste à une belle émergence du FOSS en entreprise avec des gros contributeurs comme Intel ou Microsoft, du côté du Libre dans l’informatique personnelle on assiste au contraire à un essouflement terrible. Il va falloir une bonne remise en question chez pas mal de monde, et tant mieux.

  11. LGr

    Si vous voulez aider le logiciel libre, mais que vous ne savez/voulez pas coder, remonter des bogues ou écrire de la doc, alors faites comme moi :

    faites un don récurrent à framasoft.
    https://soutenir.framasoft.org/

    sûr que ça va aider le libre !

  12. Yablotin

    Bonjour,
    beaucoup et tout d’abord merci et bravo pour votre engagement…..qui est certainement à contre courant de l’élan consumériste, pollueur, égoïste de notre monde.
    Je n’ai pas la naïveté d’exempter les « libristes » de tous défauts mais coder est une activité qui va attirer des personnes ayant des dispositions, en peu comme ceux qui peuvent se familiariser, apprendre plusieurs langues…..disons des « littéraires ».
    Si vous parlez d’autres langues, il est attirant, motivant, d’aller à la rencontre du pays, ses habitants, sa culture….et par là-même de perfectionner, enrichir la langue utilisée.
    Qui va affiner le code, le script que je peux avoir produit sur ma machine du moment que celle-ci me renvoie un résultat?
    Dans la bande de joyeux « cliqueurs » qui m’entourent les degrés d’abstraction des connexions sont des mondes lointains où ils n’iront probablement jamais mais ils apprécient mes explications (….en toutes approximations );ils préfèrent vous savoir là,deviner un monde humain où tout n’est pas à vendre.
    Tenons bon, c’est un combat.

  13. Hocus

    Il faut faire attention, il y des gens qui sont payés pour faire ce genre de commentaires. Le but est que les développeurs stop leur développement afin de favoriser des logiciels concurrents.
    C’est leur job à temps plein.. Ils ont des emails et ip à leur disposition.

  14. Nicolas

    Personnellement, je pense qu’il y a une différence entre contributeur et utilisateur.

    Dans mon xp perso (scripts à forte composante d’accessibilité), les contributeurs sont ultra-majoritairement charmants et géniaux. Et ça me fout vraiment mal des fois de laisser trainer les suggestions/PR/etc. (mais les journées ne font que 24H, et des fois, il faut savoir préserver sa santé mentale).

    Côté utilisation, c’est parfois la croix et la bannière pour avoir un simple respect de licence (une mention, etc.), et parfois y a des comportements un poil abusés. J’imagine que c’est surtout cela qui est pointé ici.

    Y a un moment, quand tu mets à dispo un truc gratuit qui permet de gagner du temps voir de faire du fric à des projets qui en gagnent, et/ou que ça gueule encore parce que les features arrivent pas assez vite, je peux comprendre que celui ou celle qui maintient gracieusement en ait marre et veuille un petit retour d’ascenseur.

    D’ailleurs, la plupart ne demandent pas plus.

    Un mot, un merci, une mention sur le site en question : franchement, ça coûte rien, faut pas déconner.

    Sur des projets plus gros (Firefox, Matomo), en tant qu’utilisateur, j’ai essayé de reporter un bug ou une suggestion. C’est une goutte d’eau, mais ça fait du bien, ça fait avancer le schmilblick.

    Après, un petit don d’argent, c’est pas tabou, et ça fait du bien. Franchement, filer qq euros à un projet, c’est pas la mort.

  15. luc2

    L’essentiel de l’article, c’est d’inciter les gens à contribuer davantage, à aider les développeurs qui nous ont offert leur temps, ce qui serait bien de notre part, impossible de le nier.

    Pourtant, je ne suis pas d’accord sur la façon dont l’utilisateur est dépeint dans cet article. Je me reconnais dans les consommateurs critiqués par cet article, mais on voit bien que nos râles sont caricaturés, exagérés, de façon à décrédibiliser nos arguments et nous donner le mauvais rôle.

    Pourtant, ce que disent ces râles est vrai si on enlève la caricature :

    – Un bon logiciel devrait fonctionner correctement.
    – C’est normal d’être mécontent lorsque ça ne marche pas.
    – La documentation est souvent mal écrite.
    – On a souvent le feu au cul et on n’a pas toujours le temps de contribuer à d’autres projets que celui qui nous met déjà le feu au cul.
    – Quand on a le feu au cul, on est souvent de mauvaise humeur.
    – Les rapports de bogue prennent du temps, il faut préciser notre configuration, décrire les étapes qui ont conduit au bug, joindre des captures d’écran, parfois des vidéos…
    – Le traitement des rapports de bogue est souvent décevant et décourageant.
    – Corriger le problème soi-même et faire une pull request prend encore plus de temps.

    Le développeur n’est jamais fautif, mais c’est peut-être normal, ce n’est pas le but de l’article de le critiquer. Par contre, même en dehors de l’article, le développeur n’est jamais fautif non plus ! Il est systématiquement défendu ! D’ailleurs, ce qui caractérise bien la communauté du libre, c’est d’avoir des phrases toutes faites pour nous envoyer chier :

    – Le problème est entre la chaise est le clavier (c’est toujours la faute de l’utilisateur).
    – C’est gratuit, alors respect.
    – T’as qu’à pas l’utiliser si t’es pas content (c’est ta faute, tu l’as utilisé).
    – T’as qu’à faire un rapport de bug (c’est ta faute, tu l’as pas fait).
    – T’as le code source, alors corrige toi-même (c’est ta faute, tu l’as pas fait).

    Mais le développeur n’est jamais fautif. C’est lui qui a conçu le logiciel, mais en cas de dysfonctionnement, c’est l’utilisateur qui est fautif. C’est quand-même bizarre !

    Bilan : L’article fait appel à nos bons sentiments, même à notre bon sens pour aider le FOSS, ce qui est tout à son honneur. Par contre, il incite (involontairement j’espère) à toujours rejeter la faute sur l’utilisateur.

  16. semiopat

    Merci pour cet article et les commentaires, qui m’éclaire sur les différents aspects du problème (auxquels je n’avais pas pensé de prime abord). Je me situe en tant qu’utilisateur lambda (et non IT), mais pourtant comme j’enseigne à la fac, je fais profiter mes étudiants de mon expérience. Par exemple, ça fait deux ans que je bosse avec Framateam et que j’en fais la publicité autour de moi, non seulement à la fac, en colloque et autres, mais aussi dans les différents milieux professionnels avec lesquels je travaille.
    Ce que je veux dire par là, c’est que contribuer aux FOSS n’est pas forcément visible: on voit bien quand tu en parles sur les réseaux sociaux, mais pas quand tu le fais adopter dans ton environnement professionnel. Et ça, ça fait partie des manques du développement des FOSS:
    – une interface claire de contribution
    – un affichage clair des possiblités de dons
    – un affichage des contributions les plus urgentes
    – une demande claire de contribution (code spécifique, mais aussi tuto ou partie de tuto, traduction – avec, par exemple, une base de données de traduction, ou au moins un framadoc récupérable par l’auteur, infographisme – logo, page web, éléments d’interface…).

    Bref, on obtient mieux ce qu’on demande clairement, et souvent, c’est un peu le binz.
    D’autre part, la contribution est parfois trop engageante pour le lambda: tu veux aider à traduire, et au lieu qu’on te propose des parties de manuels ou une base de données des éléments de l’interface, on t’indique un logiciel obscur de localisation dont tu ne sais que faire.

    C’est aussi un apprentissage de la part des devs en herbe, mais ça pourrait être bien aidé par quelque chose comme un kit d’aide à la contribution… développé de manière libre et mis à la disposition des dévs?

  17. HH

    En tant qu’utilisateur de logiciels libres, je suis tout à fait prêt à remercier et participer financièrement aux corrections et/ou évolutions. Si je comprends bien, de base, il faudrait remercier :
    * la distribution qui a tout bien compilé/packagé les logiciels
    * la FSF pour l’ensemble des outils GNU
    * Linux
    * Environnement de bureau
    * Mozilla
    * Libre Office
    * Traitement d’image (GIMP…), vidéo, audio
    * Outils divers que j’utilise régulièrement : KeepassX, sauvegarde…
    * SUPERTUX 😉
    * Framasoft (évidemment)
    + tous les autres sites de soft en ligne libre (genre OSM) et de veille techno libres
    (+ le FAI associatif, mais c’est un peu à part)
    * etc… (liste à compléter)

    C’est bien ça ? Et quels montants pour les contributions financières ?

    Cela dit, s’agissant des rapport de bugs, sauf si je suis vraiment bloqué, j’ai ne vais pas consacrer trop de temps à comprendre tous différents outils de ticketing mis en place pour chaque projet. Trop chronophage…

    • Frédéric Urbain

      Comme on dit dans les films, « tu ne peux pas sauver tout le monde ».

      Déjà si tu choisis un projet qui te tient à cœur, que tu remercies les devs, que tu leur donnes un peu de sous, un peu de temps, un peu de visibilité, un peu d’aide, c’est énorme.

      Et si on est plusieurs à le faire, on avance.

  18. NoComment

    l’écosystème de la contribution a besoin de gens capables de décloisonner les entrées et essaimer en mode devops, plein de projets stagnent pour cause de manque de team lead capable de gérer les ressources qui arrivent en front et faire le pontage avec les résidents déjà en back. (°>

  19. Mickaël Andrieu

    Hello,

    merci pour cet article qui lance le débat. Pour ma part je suis un membre de l’équipe qui maintient le CMS PrestaShop, qui est open source et gratuit.

    La plupart des commentaires que je lis ici ne me choquent pas:

    * d’un côté on a ceux qui maintiennent, qui font le logiciel qui sont évidemment en situation de puissance face aux utilisateurs de ce logiciel/projet;
    * de l’autre on a des utilisateurs qui ont des attentes, mais qui n’ont même pas l’idée de vouloir contribuer (« non mais j’ai autre chose à foutre moi! » etc etc) et qui même parfois quand on leur propose tienne un discours qui me semble indécent (« mais tu crois quand même pas que si je paie pour ce patch, je vais le redonner à PrestaShop! »). Ces 2 commentaires ne sont ni exagérés, ni altérés: ils sont même très « frais ».

    Très sincèrement je n’ai pas trouvé de solution parfaite entre les utilisateurs qui se considèrent « clients » de logiciels qu’ils ne paient pas et de l’autre des développeurs (qui parfois en vivent) mais qui ont choisi ce mode de fonctionnement pour justement partager la charge de travail liée à la maintenance, à la documentation et à l’évolution d’un logiciel.

    A titre très personnel, j’essaie de repérer des gens motivés, compétents et je les mentore: je les chouchoute même. Et ces « fameux » utilisateurs qui viennent m’expliquer que si je fais pas ce qu’ils disent ils « abandonneront ma solution » me condamnant au chomage, j’ai tendance à les ignorer et les laisser dans leur galère.

    Il y a certainement mieux à faire, des 2 côtés du la médaille mais ça sera uniquement possible quand la plupart des médias (et certains influenceurs aussi) arrêteront de véhiculer des conneries.

    Cher utilisateur/trice de projets open source:

    * non, un projet open source n’est pa gratuit: il y a un/des personnes qui bossent dessus et qui doivent aussi manger;
    * non, même si un projet open source est « backé » par une boîte: si tu n’as pas acheté le « produit » (nuance!) tu n’as aucun droit à un support. C’est donc à toi, cher utilisateur, de convaincre un bénévole que TON problème est important pour LUI/ELLE/LA COMMUNAUTE;
    * il y a bien un rapport de force qui est à l’avantage de ceux qui sont capables de contribuer (~ les devs) versus ceux qui utilisent (~ les utilisateurs). Ce rapport de force n’est pas injuste! Il est complètement normal: un utilisateur n’est pas un client, la plupart des licenses sont claires sur les conditions d’usage d’un logiciel libre.
    * la pire réponse à apporter à une personne qui te propose de contribuer est certainement de répondre « j’ai pas que ça à foutre, j’ai un business à faire tourner » quand justement la personne qui te le propose, c’est en partie grâce à elle que tu as un business à faire tourner: un merci parfois, c’est tout ce qu’on demande et ça motive énormément.
    * un logiciel open source même annoncé « fiable » n’est en aucun cas une garantie commerciale qu’il ne présente aucun bug: faire le choix de l’open source, c’est faire le choix de travailler sans support commercial.

    J’insiste sur ce point: rien, mais alors rien de rien n’est dù à un utilisateur, jamais (relire la license d’utilisation)..

    Et pourtant, toi cher mainteneur/se:

    * si tu veux des contributeurs, sois clean sur toi: ton projet il doit avoir des tests, un build vert, une doc de contribution et tu DOIS review les contributions que l’on te fait;
    * même si tu refuses quelque chose, un merci ça coûte pas cher;
    * bien sûr que tu mérites d’être respecté et pas insulté pour un bug, rien ne te force à le corriger on est d’accord: mais c’est encore mieux si tu restes toi aussi respectueux envers ceux qui utilisent ton logiciel;

    Je me serai fait beaucoup de nouveaux amis ce soir 😀

    PS: j’en discuterai avec plaisir devant une bière sur Bordeaux ou Paris avec qui veut: utilisateur, mainteneur, etc…

  20. Sylvain M

    Bonjour à tous,

    article et réactions intéressantes, merci à vous 😉

    Dans le rayon des idées « à développer », je pensais à du financement du maintient et des évolution par la foule, comme kickstarter. Je m’explique : chaque bugs et fonctionnalités sont mises dans un outil de vote et les gens les finances en fonction de ce qu’ils veulent. Et le prélèvement n’est fait que si le montant est atteint.

    On peut aussi imaginer une 2e monnaie virtuelle qui serait acquise par les contributeurs, les financeurs précédents, etc qui permettrait de voter pour les bugs/évol. « gratuitement ».

    Ainsi les non développeurs pourraient aider le projet sans en être propriétaire. Aussi je ne vois pas ça comme une solution parfaite ni unique. Mais je trouve que ça manque.

    • Ysabeau

      Je crois en effet que c’est le gros problème du logiciel libre, l’histoire du financement et il y a vraiment des solutions à trouver.

  21. Jice

    Bonjour,

    D’accord avec les différents échanges. Je suis moi-même consommateur de logiciel libre mais au moins, je n’exige jamais rien des devs dont j’ai bien conscience qu’ils travaillent sur leur temps libre.

    Par contre, même si je suis d’accord avec l’idée qu’il faut soutenir le logiciel libre, je n’ai pas l’impression qu’il se porte si mal. Bien sûr, chaque projet, indépendamment des autres, est fragile mais la profusion de projets est quand même assez sidérante et ceux-ci n’ont souvent pas à rougir devant des solutions propriétaires (c’est même parfois l’inverse). Donc, au final, c’est un peu comme le milieu associatif : chaque asso se plaint du manque de bénévoles (il y en avait beaucoup plus avant) mais personne ne prend en considération le fait qu’au lieu d’une asso de foot et une de basket en tout et pour tout (dans un petit patelin), on peu aujourd’hui faire des dizaines de sports et d’activités culturelles…

    Le problème posé n’est pas forcément en lien avec un manque de contributeurs, mais plutôt avec leur éparpillement, directement lié au fait que c’est souvent plus simple et plus motivant de concrétiser ses propres envies que de rejoindre des équipes déjà formées et plus ou moins accueillantes.

  22. capitain flam

    Yo les gens !
    Dans la catégorie « On s’en fout » , il me paraissait accessoire, donc indispensable, de vos informer que cet article m’a permis de découvrir ZeMarmot, et de contribuer en tant que tippeur au projet !
    Cela aura au moins servi à ça !

  23. Fan

    Combien de projets non-libres disparaissent faute de clients ?

  24. SoyonsFrancs

    Il y a aujourd’hui deux problèmes majeur dans le logiciel libre.

    Le premier est humain:
    Comme dit maintes fois plus haut, c’est le phénomène du « sucking your own dick » de la part des dévelopeurs qui pose problème. Et c’est pas les exemples qui manquent:
    – Les dévelopeurs de Gnome
    – Lennart Poettering qui ignore totalement les gens concernant la stabilité de ses logiciels, même Linus Torvalds
    – Le forcing de systemd sur les distributions alors qu’OpenRC est une alternative tout à fait viable
    – Les demandes de bugs reports qui sont ignorés lorsqu’on les fait (vous voulez quoi alors ?)
    – Les dévelopeurs qui ne suivent que leurs idées en allant à droite à gauche sans aller à l’essentiel (ex: la compatibilité des formats sous LibreOffice, l’interface de Gimp, les déboires de Gnome 3, systemd qui s’occupe même de faire fsck, mettre du Vala ou du Go dans Gnome, tel ou tel logiciel quituplon alors qu’il y a un manque de dévelopeurs un peu partout sur des projets qui ont plus de chances de survivre, etc)
    – Beaucoup de dévelopeurs se contrefichent de la stabilité (Ubuntu, le rolling release, D-Bus qui crash, Pulseaudio qui après 10 ans a encore des bugs mystiques, systemd pas stable mais adopté en masse, des versions gold qui sont en réalité des beta publiques, LineageOS, etc)
    – La console ça va 3 secondes, après c’est juste chiant. Inutile de faire dans les fioritures à l’Android, une interface type Gnome 2 suffit largement tant que ça ne ressemble pas à I-Nex (mauvais goût des années 2000) ou à Gimp (fouillis). Peut-être que c’est plus facile pour un dévelopeur qui y est habitué, mais pas un utilisateur normal qui ne code pas.

    L’autre est technique:
    – Il manque aujourd’hui un langage mutiplateforme qui permet de coder rapidement sans excessivement consommer de resources (et sans garbage collector) tout en restant maintenable.
    Vu le nombre de « dévelopeurs » JavaScript (et la raison pour laquelle il est utilisé à tort et à travers. cf Electron, etc) qui se foutent de la performance et de la maintenabilité tant que c’est rapide, c’est mécaniquement « normal » que les dévelopeurs C++ se font de plus en plus rare. Et être un bon dévelopeur C++, c’est pas donné à tout le monde car il faut au minimum 3 ans complet d’expérience avant d’être potable.
    – Les bugs tracking et autres interfaces pour voir le code ou encore d’autres informations (changelog, branches, etc) ne sont pas forcément accessibless via une page web quand c’est lisible pour le quidam qui fait un minimum d’effort pour chercher. GitHub est un bon exemple à suivre, le bug tracker de Debian ne l’est pas.
    – Le manque de tutoriel/informations qui permet de passer du niveau de base (savoir correctement coder, installer un OS/ROM, etc) à un niveau avancé (build tel ou tel projet car pour tel device c’est particulier, une map de l’architecture, comment Debian modifie réellement l’upstream, etc) de façon très claire (le wiki Arch et les tutoriels sont un exemple à suivre, LineageOS font des efforts dans ce sens, etc).
    – Un outil qui permet de visuellement mapper le code, pour pouvoir être parachuté dans le projet sans se perdre dans une tonne de code qui quoi qu’il arrive ressemblera a des spaghetti.

    Honnêtement, il y a peu de logiciels libres qui ont vraiment été réussis et où il n’y a rien à redire. De mémoire: VLC, 7-Zip, Firefox (sauf au début des années 2010), FileZilla, VeraCrypt, Evince, OpenVPN, etc
    Il y a en a d’autres, mais ils ont largement perdu de leur superbe: Pidgin, Gimp,
    Si les dévelopeurs veulent que les gens contribuent, surtout au niveau des bugs reports chèrement demandés (mais ignorés), il faudrait que le logiciel marche un minimum et qu’ils n’aillent pas à droite à gauche selon l’égo surdimensionné du dévelopeur.
    Un très bon exemple de conduite à adopter est d’aller voir sur le forum d’MX Linux, qui est très très loin de la tonne de je-sais-tous sur LinuxQuestions ou sur /r/linuxquestions.

    Je précise que je n’ai ni le temps ni les compétences techniques pour contribuer, mais que si j’avais l’occasion de me lancer (je suis à peine en 2ème année d’info), je n’hésiterais pas une seule seconde à le faire car Windows 10 et Ubuntu commencent sérieusement à m’agacer.
    Au vu du nombre de problèmes que j’ai rencontré dans les logiciels libre, rien que les recherches me bouffent déjà énormément de temps (et c’est à peu près 2h par jour sans compter les cours, taf, etc).

    Bref, beaucoup de dévelopeurs devraient redescendre sur terre, il en va de la survie même de leur projet. Les users ne demandent pas la lune ou une tonne de fonctionnalités (je reconnais que beaucoup ne font qu’exiger, mais ils s’essouflent vite), juste que ça fasse la base et que ça marche sans fioritures hors console.
    Tant mieux si ça fait plus que prévu, mais ça c’est après que la base marche correctement.
    Je rappelle aussi que si le libre a eu autant de succès et qu’il y a euune explosion de contributeurs entre les années 2005-2010, c’est parce que beaucoup de choses marchaient par rapport à avant (ex: Ubuntu était la solution contre… Windows Vista, Firefox contre IE, VLC contre les codecs à installer, etc)

    Pour finir, au vu des tendences du web anti vie privée et des logiciels de plus en plus gourmands mais n’en faisant qu’à leur tête (Windows 10, les apps mobiles, les redesigns plus flous les uns que les autres) car les marketteux veulent penser à notre place, le monde du libre à un train à attraper.
    Et c’est probablement le plus rapide qu’il lui sera donné de prendre.

  25. Oui mais non

    Soyons franc, bonjour,

    Quelques remarques sur cette intervention :

    – l’analyse consistant à dire que certains projets, même beaucoup utilisés, ne se préoccupent pas de leur application lorsque elle est sur d’autres machines que celles des devs (compilation exotique, configuration vaudou, fonctionnement erratique, ..) : est vraie
    – la conclusion « ils devraient .. X / faire / prendre en compte que  » est fausse. Les licences sont là pour le rappeler.
    – la seule règle universelle lorsque l’on n’a pas signé un contrat avec un fournisseur / prestataire est : si ça convient pas, débrouille toi.

    – du point de vue de l’efficacité globale du développement de systèmes libres (logiciel et / ou matériel) est effectivement de rationaliser les applications. Mais ça demande des compétences supplémentaires : savoir discuter avec des gens qui ont d’autres avis, faire de la gestion de projets et d’autres encore.

    C’est donc pas facile de faire simple et efficace pour tout le monde.

    Si en plus on rejette les applications historiques qui marchent avec un argument du type : « c’est une appli console et j’aime pas, je préfère les interfaces graphiques modernes ».
    Ça risque pas de s’améliorer.

    • Soyons franc

      Bonjour ‘Oui mais non’,

      1. Pour que les tests se fassent de la manière la plus neutre et avec le moins d’interférences possibles, pourquoi n’utilisent-ils pas des machines virtuelles avec VirtualBox par exemple ?
      (bug plus facilement reproductibles, environement très stable, etc)

      2. C’est comme dire que Microsoft à le droit d’espionner ses utilisateurs, parce que c’est « légal ».
      Comme le dit luc2, c’est juste de la déresponsabilisation d’un manque de sérieux et comme toute tentative rapide et fermée de répondre: « fait pas chier, je fais ce que je veux, je m’en fout de toi ».
      Avec un tel comportement de tyran, il ne faut surtout pas s’étonner que le projet manque de contributeurs et que d’autres projets quintuplons fleurissent un peu partout avec le même état d’esprit.
      Et honnêtement, qui lit les licenses ? C’est comme les EULA, personne ne les lit. Il faut donc trouver une autre manière de le dire plus simplement. Pourquoi ne pas afficher sur le site du projet: « Ce projet est personnel et n’a rien de sérieux » ? L’égo peut-être ?

      3. Pas forcément, comme « les règles de bonne conduite », ça peut se faire au niveau logiciel.
      Pourquoi ne pas faire de règles stipulant qu’un logiciel libre devrait :
      – Remplir ses missions de base sans aller à droite à gauche
      – Qu’il y ait un minimum de stabilité avant d’être sorti, pas de rolling release ni de gold qui sont en vrai des beta publiques (ex: Ubuntu xx.04 vs xx.04.1)
      – Ne pas oser demander de bugs reports si ce n’est pas pour les ignorer ou les mettre en « wontfix »
      – Coder proprement et utiliser des technologies éprouvée et adéquats (pas de « code » quick and dirty type JavaScript, à ne surtout pas utiliser pour des soft desktop/mobile, etc)
      – Se soucier de la maintenabilité, de l’extensibilité et de la sécurité dès le début du projet
      – Développer un système de plugin STABLE (c’est-à-dire très loin de ce que fait Gnome 3)qui autorise un bon niveau de personnailsation (fonctionalités et apparences. Ex: les plugin Firefox pré webextensions mais avec davantage de sécurité), permettant au développeur de ne s’occuper que de l’essentiel et éviter les logiciels quintuplons qui tôt ou tard seront abandonnés.
      – Ne pas sur-simplifier ou faire du minimalisme à l’extrême (ex: Gnome 3, Visual Studio Code, les logiciels Apple, Android avec son « Materiel Design », le « Flat Design » de Microsoft, etc)

      C’est totalement possible, car c’est ce que tout bon dévelopeur/ingénieur logiciel devrait faire pour un travail réussi au niveau professionel (contrairement à la très grande majorité de « dévelopeur » JavaScript). Surtout qu’à ce niveau là, l’égo est totalement interdit.
      Il suffit juste de suivre les bonnes pratiques pour que ça marche. A noter qu’il y en a eu dans le monde du logiciel libre pour éviter ce phénomène d’égo surdimensionné nommé « sucking your own dick ».
      Malheureusment, et plusieurs années après leur sortie, ces règles ne sont toujours pas largement adoptées. L’égo est donc le problème majeur du logiciel libre.

      Je rajouterais aussi que fondamentalement, la philosophie du libre se repose sur un principe que je qualifierais de largement foireux: « l’égoisme purement personnel contribue mécaniquement au bien de tous ».
      C’est également le cas du capitalisme, et on voit ce que ça donne aujourd’hui: Le plus gros n’est pas forcément le meilleur (veulent que les petits lui obéissent, égoïsme), les perles manquent cruellement de moyens (ils essayent bien tant que mal de contribuer) et il y a une tonne de petits qui n’en font qu’à leur tête dans leur coin sans se soucier des autres (égoïsme pur).

      • SoyonsFranc

        Je rajoute d’autres exemples de bonnes pratiques pour le point 3:
        – Ne pas favoriser le « design » au détriment des fonctionnalités (ça se fait de plus en plus aujourd’hui)
        – Avoir une arboressence générique fiable qui évite un éparpillement des fichiers dans tout le système (ce qu’il y a entre parenthèse sont les sous-dossiers): Binaries, Profiles (Configuration, etc), Core (Libraries, Resources, Blob, etc), Extensions (Libraries, Resources, Blob, etc), Tools, Cache/Temp. Et c’est tout en règle générale.
        Tout doit le plus que possible tenir dans le dossier de l’application, l’idée serait de se mettre le plus que possible dans une situation de portableapps.

        Pour ce qui est des applications consoles:

        Certaines ne voient plus vraiment de nouvelles fonctionnalités (surtout les historiques), à un moment il faut bien passer au GUI si on ne veut pas perdre d’utilisateurs ou contributeurs.
        Il y a aussi des tas de logiciels propriétaires qui ont des GUI (même basiques) depuis le millieu des années 2000, pourquoi pas dans le monde du libre ?

        Je ne dis pas d’oublier le CLI, car c’est très franchement utile pour automatiser ou en cas de problème. Mais pour une utilisation quotidienne hors dévelopeur, rien ne vaut un GUI.

        Ce que je ne trouve pas normal, c’est par exemple:
        – La plupart des GUIs n’égalent pas à hauteur minimum de 75% les fonctionnalités du mode CLI.
        – La seule alternative viable (car non sur-simplifiée) pour les .deb reste synaptic, hors tout le monde n’arrête pas de montrer au nouveaux apt-get. Et il n’y a toujours pas moyen de copier-coller l’historique d’un seul coup ni d’organiser convenablement les sourcs.list.
        – Les archiveurs GUI manquent cruellement d’options de compression (ex: Pas d’LZMA2, pas de taille de dictionnaire, pas de word size, solide/pas solide, etc) et de paramétrage).
        – Flatpak n’a toujours pas de GUI officiellement, ironie quand tu nous tiens

        Honnêtement, ce que les gens demandent au minimum c’est quelque chose qui s’est fait au début des années 2000: Un logiciel fait le boulot de base avec une interface simple (ex: vlc et 7zip sur Windows y arrivent toujours très bien, ça ressemble encore à des logiciels sous Windows XP et heureusement !) non sur-simplifiée/ »moderne ».
        Le problème, c’est qu’il ne reste qu’un an et un peu plus d’un trimestre avant qu’on soit en 2020… et que ces outils historiques n’ont toujours pas de GUI alors qu’ils sont très utilisées (7zip sur Linux par ex). Il y a donc 20 ans de retard pour pas mal de logiciel libres quand il n’y a pas de GUI, et un manque flagrant de stabilité et d’un minimum d’ergonomie pour certaines d’entre elles (ex: D-Feet).

        J’essaye aussi tant que possible d’utiliser Debian sans une seule ligne de commandes, c’est quasiment possible mais ça reste un gros parcours du combattant (contrairement à Ubuntu, Debian est un minimum stable même si ce n’est plus autant qu’avant).
        En extrapolant ce cas, vous devez comprendre que j’ai donc un mal de chien à convaincre les gens (même et surtout des dévelopeurs !) d’utiliser les logiciels libres (hors vlc et Firefox) et donc ramener de potentiels intéressés qui pourront contribuer aux projets libres.

        A noter que je ne jette pas entièrement la faute à un manque de volonté indirecte de faire vivre un projet.
        Je conçoit que les outils que nous disposons aujourd’hui ne sont pas adaptées pour faire des GUIs rapidement (mais proprement !) avec un minimum décent d’investissement.

        Mais du coup, pourquoi n’avons nous toujours pas quelque chose de décent en 2018 ?
        Pourquoi n’a t’on pas un équivalent (même limité, mais ayant un minimum décent) de ce que fait Microsoft en terme de GUI aujourd’hui dans le monde du libre ?

        Gtk est devenu une blague, Qt a un learning curve encore un peu trop élevé, beaucoup de gens font du coup des applications desktop via un browser avec du JavaScript (ex: Electron) !
        Résultat, Gnome 3 est une ignominie sans nom (instable et pas fonctionnel, « design » tablette pour du desktop), KDE 5 est vraiment pas mal (mais est trop fouillis et pas assez réactif, comparez à XFCE ou Mate !). Mais tous deux ont des effets graphiques et une utilisation de l’accélération graphique inutile (allez à l’essentiel !).
        Du coup ce n’est pas étonnant que des interfaces millieu des années 2000 soient remises au goût du jour et qui par mérite, gagnent de plus en plus de popularité: XFCE et Mate.
        Le monde du libre doit sérieusement réfléchir à cet étude de cas, et vite si ils veulent rattraper ce TGV (« train » dont je parle plus haut) qui arrive sans s’arrêter.

        A cela s’ajoute deux camps:
        Des consoleux qui sont majoritairement des dévelopeurs (et pour être franc, esclaves de leur machines) qui se complaisent des années 90 de l’informatique et de l’autre des « design whingers » qui n’ont clairement rien à faire dans le monde du logiciel (les « dévelopeurs » qui utilisent du JavaScript pour faire du desktop, et ceux prônant le « minimalisme »/sur-simplification) mais qui sont la résultante d’un dégout des premiers.
        Et aussi un troisième camps, totalement ignoré et qui est en réalité le coeur du « marché » (je n’aime pas ce terme, mais j’ai pas mieux):
        Des utilisateurs qui aimeraient juste que l’interface leur permette de faire ce que le logiciel leur permet, sans devenir l’esclave de leur machine (consoleux) ni se branler le cerveau (« design » whingers).
        Chose que fait très exactement encore une fois, des interfaces style XFCE et Mate (et leur logiciels respectifs surtout).

        Bref, il y a clairement un gros problème dans le monde du libre niveau GUI, et ça le déssert très fortement.

        • @vk@mamot.fr

          J’aimerais réagir sur un point :

          « Tout doit le plus que possible tenir dans le dossier de l’application »

          Chaque plate-forme a ses règles de packaging. Les fichiers de configuration, les fichiers portables communs à tous les utilisateurs et les fichiers portables propres à l’utilisateur ne doivent pas être au même endroit. Chaque plateforme a ses propres règles de packaging, et c’est très important de les respecter. C’est un petit effort supplémentaire du côté développeur.

          En ce qui concerne la critique des gestionnaires de bureau, on ne peut pas se contenter de dire que c’est nul tant que ça ne ressemblera pas à Windows.

          • SoyonsFranc

            @ @vk@mamot.fr:

            Tout d’abord, merci de m’avoir lu.

            Pour ce qui est des règles de certaines plate-formes, ça devient un fouillis inommable surtout si il faut désinstaller manuellement. Un dossier par profil dans le dossier de l’application contrera ce problème.

            Sinon, l’idée n’est pas de ressembler à Windows, Gnome 2/Mate, XFCE sont très différents de ce dernier mais ce sont les seuls à faire correctement le minimum qu’on leur demande aujourd’hui.
            Il y a aussi KDE, mais il y a un manque flagrant de fluidité car c’est assisté (comme le project butter sur Android, ça a l’air fluide mais ça réagit moins au doigt car l’animation est plus régulière).

          • @vk@mamot.fr

            En réponse au thread (désolé je ne vois pas le bouton « répondre » ? Suis-je vraiment si myope ?)

            C’est un fouillis, mais c’est pas juste compliqué parce que les mainteneurs de ces sytèmes aiment les choses compliquées pour paraître plus intelligents que les autres. Je ne connais aucun système où les applications mettent tous les fichiers (configuration, dépendant de la plate-forme = compilé, indépendants mais communs et indépendants par utilisateur) dans un seul dossier : les unix-like ne le font pas (bindir, sysconfdir, datadir, …), windows non plus (APPDATA, ProgramData, …), Macos non plus (les /Library partout), les autres je connais pas bien.
            Il y a bien Docker qui suive cette philosophie, mais ça ne fait pas l’unanimité : notamment, c’est difficile de patcher les failles de sécurité dans les images Docker car on ne peut pas contrôler ce qu’il y a dedans (« Ne faites pas les mises à jour sinon ça casse tout »). Et quand l’utilisateur n’arrive plus à contrôler le programme… Ça sent pas très bon ^^ Enfin, les images docker se fondent sur une architecture unix-like de toutes façons.

            Après, peut-être qu’ils ont tous tort.

            Sinon pour les environnements de bureau, il reste à définir « le minimum qu’on leur demande ». Il y a beaucoup d’utilisateurs qui demandent beaucoup de choses différentes, il est impossible de les regrouper dans un « on ».

          • SoyonsFrancs

            @vk@mamot.fr

            Tu n’es pas aveugle, c’est sûrement du côté Framablog pour éviter que ça se décale trop.

            C’est pas vraiment du « sucking your own dick » pour ce qui est de l’organisation des fichiers, mais plus de la flemme.
            Les seuls systèmes qui s’en approchent vraiment sont Flatpak, les PortableApps et MacOS. Même si ce n’est pas parfait pour ce dernier, c’est déjà pas mal du tout.

            Contrairement aux Unix, Windows est déjà un minimum moins fouillis et bien plus clair dans le nommage (beaucoup ne connaissent pas le Filesystem Hierarchy Standard, même en surface). Il y a plein de dossiers sur Unix qui auraient pu être regroupés dans le dossier /sys (pour « système », c’est totalement arbitraire) par exemple.

            Il y a également du « sucking your own dick » dans l’histoire, mais j’y vois aussi que les dévelopeurs ne prennent en compte que leur propre cas dans le « design ».
            Comme ils sont habitués à utiliser énormément de fonctionnalités de l’application, ce fouillis leur paraît pratique et rapide, ce qui n’est pas le cas pour la quidam moyen ni même celui qui a l’habitude d’utiliser des logiciel libres de manière assez avancée sans être un dévelopeur.

            Malheureusement, la seule réponse qu’on a eu à ce problème sont les « design whingers » qui sur-simplifient tout (« minimalisme ») au point que le logiciel ne fasse presque rien, juste pour les apparences.

            L’exemple le plus flagrant d’interface quasi-idéale à atteindre et qui a du succès reste sans conteste le ruban sur Office, qui met en avant et clairement (c’est nommé et bien défini contrairement à LibreOffice) les fonctionnalités les plus couremment utilisées.

            Cependant, les gens ne demandent qu’une interface à la VLC comme minimum.
            Encore une fois, peut importe que ça ressemble à des GUIs type Windows XP, VLC en est la preuve.

        • Hyacinthe

          > Tout doit le plus que possible tenir dans le dossier de l’application, l’idée serait de se mettre le plus que possible dans une situation de portableapps.

          Je suis vraiment d’accord ! L’arborescence des distrib Linux est un vrai bordel (bien pire que tous les autres OS) et les gestionnaires de paquets, malgré qu’ils apportent un agrément certain pour les utilitaires de base et la maintenance du système, ont tendance à poser problème si on veut rétrograder telle version de son application, charger un vieux programme qui a besoin d’une vieille version de la lib-machin, etc. Le second problème est que chaque distrib doit packager la même chose : des efforts parallèles qui pourraient être économisés pour pas mal d’outils avec une meilleure organisation, notamment inter-distrib. En ce sens, Flatpak enfin apporte une solution intéressante (malgré l’espace disque qui en prend un coup).

          Concernant la ligne de commande, y’a une sorte de fétichisme du terminal chez une partie de la communauté libriste, j’imagine que ça hérite des barbus unixiens qui sont restés dans leurs habitudes. Je suis déjà tombé sur du monde qui voulait que l’utilisateur standard apprenne la ligne de commande sous prétexte que c’est un langage (c’est pour ça que c’est important de distinguer langage et langue justement…).

          Je me sens pas forcément à l’aise là-dedans, parce que j’ai la culture de l’ordinateur personnel multimédia, l’outil de création ; mes racines ce serait plus l’Amiga ou le NeXT (tiens, un Unix !) que les terminaux VT-100 et le DEC PDP. Pour moi l’ordinateur sert à éponger la créativité et l’imagination de ceux qui l’utilisent pour créer tout un tas de choses qu’on n’aurait pas pu faire (ou difficilement) sans. Les gouffres de maintenance que sont des jouets comme Gentoo ne m’intéressent pas. Et pour quasiment tout le monde c’est pareil : les gens veulent voir leur OS le moins possible pour passer du temps à faire ce qu’ils aiment en utilisant leurs applications.

  26. luc2

    Je vois que la LICENCE est souvent citée dans les commentaires pour déresponsabiliser le développeur. Or, il est l’auteur du logiciel, donc, automatiquement, il devrait être responsable sur le plan de la LOGIQUE. En citant la licence, on déresponsabilise le développeur sur le plan de la LOI. Or, aucun râleur n’a jamais reproché au développeur d’avoir enfreint la loi, sinon, ils leur auraient collé un procès. Lorsqu’un logiciel est dysfonctionnel, il est normal d’être mécontent du logiciel et de l’auteur, c’est normal d’avoir un avis.

    Je vois aussi qu’on distingue beaucoup les utilisateurs et les développeurs dans les commentaires. Pourtant, les développeurs sont aussi des utilisateurs, ils ne créent pas tout eux-même, ils s’appuient sur des logiciels, des librairies faits par d’autres développeurs, et quand ça ne marche pas, ils perdent aussi du temps, et ça m’étonnerait qu’ils n’émettent pas de jugement sur l’outil dysfonctionnel qu’ils ont utilisé.

    Dans certains commentaires, on parle du fait que le consommateur “exige” quelque chose. Le mot choisi est un peu fort, car il est choisi pour ridiculiser le consommateur. Pourtant, l’idée est là : Un logiciel qui ne fonctionne pas, on ne peut pas l’apprécier, c’est comme si on “exigeait” qu’il fonctionne, ce qui n’a rien d’absurde.

    Je souligne que je ne parle pas des contributions; l’article nous met en garde sur le fait que nos logiciels préférés pourraient disparaître, et c’est une bonne mise en garde. Je suis juste en désaccord avec cet art de la dérobade cultivé par les développeurs lorsqu’ils sont critiqués.

  27. Matou

    Je sens que je ne vais pas me faire que des amis dans le coin, mais je ne suis en désaccord avec presque tout ce qui s’est dit au dessus, alors je me lance.

    Le logiciel libre c’est d’abord une philosophie et de la politique ensuite seulement de la technique. Le partage et l’entraide pour certains, « liberté, égalité, fraternité » diraient d’autres sont les piliers du logiciel libre. Les utilisateurs de logiciels libres ne sont pas des consommateurs, ce sont des participants, des acteurs. Mais cette philosophie du partage ça fait trop politique ou trop « de gauche » pour certains alors ils ont inventé et poussé l’Open Source. Avec l’Open Source on a supprimé tout le discours émancipateur du logiciel libre et les nouveaux utilisateurs ont commencé à consommer du logiciel libre/open source (on ne fait même plus la différence…) comme un service et parfois même comme un « du ».
    Les nouveaux utilisateurs ne sont pas plus mauvais que les précédents, mais les communautés de logiciels libres n’ont pas été assez puissantes pour transmettre les valeurs cardinales du LL à la quantité de nouveaux utilisateurs arrivés ces 10 dernières années et les services de communications ont pris le relai. A force de marketing on a instillé l’idée que comme pour les logiciels propriétaires, pour avoir de bons logiciels ou du bon service il fallait payer et qu’on en avait que pour son argent.

    Mais le Logiciel Libre n’a jamais promis d’avoir de bons logiciels (techniquement) ou du bon service, ça ce sont les promesses de l’Open Source. Le Logiciel Libre dit juste que si on s’y met ensemble, qu’on partage nos savoirs et nos savoir-faire, on a des logiciels qui nous protègent plutôt que des logiciels qui nous asservissent.

    Pour moi il y peu de problèmes de financement du Logiciel Libre. Il y a éventuellement une communauté trop restreinte, des obstacles légaux de plus en plus nombreux, du matériel de plus en plus fermé. Les problèmes de financement sont avant tout ceux des logiciels Open Source : certains ont décidés de ne pas changer leurs habitudes de consommateurs, de ne pas changer le monde, et dans ce monde là on a rien sans argent.

  28. Pomme

    Je voulais donner à Framasoft. Vraiment.

    Et puis vous avez mis des points milieux partout.

    Quel dommage, l’année prochaine peut-être?

    • Frédéric Urbain

      Bonjour !

      Oh, eh bien, l’an prochain, il nous prendra peut-être une nouvelle lubie qui ne vous plaira pas non plus, allez savoir.

      🙂

    • JosephK

      Ouep désolé, on aime tellement les points qu’on en a même mis sur le logo…