Framaprout : ceci est une Prout-révolution

Plus qu’un service, Framasoft lance aujourd’hui un mouvement, un art de vivre, un programme politique qui se résume en un mot : prout.

« Alors ça y est, Framasoft a prouté un câble…? »

Oui.

Il faut dire qu’entre un reconfinement mi-figue mimolette (dont les règles oscillent entre Kamoulox et chante-sloubi), des drames affreux récupérés de manière cynique et morbide par des obsédé·es du solutionnisme compulsif, la théâtralisation de jeux électoraux dont les conséquences risquent de n’amuser personne… Comment garder l’esprit sain ?

La solution est apparue au petit Pierre-Yves, 42 ans, alors que l’application Twitter l’entraînait dans un scroll infini. Les tweets anxiogènes défilaient sous ses yeux jusqu’à ce que : Prout.

J’ai alors un peu craqué nerveusement, témoigne-t-il. Je trouvais ça tellement génial que le site la RTBF (l’équivalent Belge de France Télévision) se retrouve avec des dizaines de milliers de pages terminant par « Prout ».

Justice nulle part…? Prout partout !

On pourrait vous pondre un essai long, intelligent et académique sur les vertus du Prout face au capitalisme de surveillance. (attention, ceci est une menace : ne nous poussez pas ou on l’écrit, hein !)

Nous y évoquerions à coup sûr la loi de Brandolini, qui explique qu’il est toujours moins fatiguant de dire une connerie que de démentir la connerie qui vient d’être dite. Vous aussi vous trouvez que c’est usant de répondre à une personne qui dénie le réchauffement climatique, dit que la terre est plate et que toutes les opinions -même les nazies- se valent…? Prout.

Notre éloge du Prout mentionnerait forcément la fenêtre d’Overton. Lorsque des partis, médias, groupes, etc. laissent certains membres dire des énormités choquantes, c’est pour que leur idée nauséabonde pue un peu moins en comparaison. Des politiques se lancent dans un nouveau concours Lépine des idées extrêmes ? Prout, prout et re-prout !

Vulgaire, le prout ? Que nenni ! C’est même tout un art ! Le prout est imparable, car il lâche une caisse d’irrévérence pour révéler l’absurdité de celles et ceux qui se prennent un poil trop au sérieux. Le prout est subversif, il souffle un vent de « je te pète à la gueule ». Par sa nature même, le prout est insaisissable. Son parfum vengeur vient et s’en va. Sans laisser de trace.

« Le prout n’est-il pas nihiliste, dépolitisant ou aquoiboniste ? » Non ! Sa matière, si tant est qu’on puisse parler de matière, est tellement éthérée, qu’elle ne porte pas d’autres poids que celui d’affirmer la fa(r)tuité de celui qui le génère. On peut même compléter en paraphrasant Victor Hugo dans un de ses plus beaux discours : « Le prout, comme épiphonème, appartient à son auteur, mais comme acte, il appartient — le mot n’est pas trop vaste — au genre humain. ».

Enfin, le prout est in-censurable. « Prout » n’est pas une insulte, c’est une fonction naturelle. Prout.

Du prout comme arme d’auto-défense sociale

C’est une phrase connue sur Internet : argumenter avec des trolls, c’est comme jouer aux échecs contre un pigeon. Peu importe votre niveau, le pigeon va juste renverser toutes les pièces, chier sur le plateau et se pavaner fièrement comme s’il avait gagné.

Le meilleur moyen de s’en sortir c’est de s’écrier : « Aha ! Je te vois ! Tu es un pigeon ! Et les pigeons ne jouent pas aux échecs, donc je ne joue pas avec toi ! ». Mais, dans notre expérience, un tel recul est rare. Et s’il advient, le pigeon vous entraîne dans un nouveau débat d’un « mais pourquoi tu me traites de troll ? ». Donc : prout.

Le prout est un moyen de faire tomber les masques, de s’écrier ce « je te vois ! » au pigeon qui voulait nous mettre en échec. Notre paysage médiatique (qui inclut les médias sociaux) est rempli de postures d’autorité ballonnées, de rhétoriques foireuses, de techniques de manipulation nauséabondes et de vents de désinformation. Celles et ceux qui en pètent d’avoir tout le temps un avis : on vous voit. Prout.

Le monde n’a jamais eu autant besoin de Prouts. Parce qu’en fait, on n’a aucune place dans le débat en tant qu’individu. Parce que les médias sociaux sont des places où tout le monde crie et personne n’écoute. Parce que, pire encore, à gueuler et à voir que rien ne bouge alors qu’on est des milliers (millions) à être en désaccord ne fait qu’exacerber la haine de « l’autre », de cellelui qui n’entend pas. Mieux vaut prouter.

Framaprout, des outils numériques pour prouter en liberté

Nous, quand on commence à péter du casque, on le fait bien. Sur Framaprout.org, vous avez à votre disposition :

Proutify, l’extension navigateur qui va vous prouter le web

Proutify est une extension  pour votre navigateur que vous retrouverez ici. L’installation est facilitée sur Firefox, mais elle reste manuelle pour Chrome (parce que plutôt prouter que de créer un compte dev Google !). Une fois installée, Proutify remplacera toute une série de noms et d’expressions par leur version Proutesque. Parce que la vie est absurde.

Avant, la lecture des actualités me déprimait. Désormais, grâce à Proutify, je vois des Prouts partout !

L’actualité prend tout son arôme avec Proutify.

Les prouts de la Team Mème

La #TeamMémé a encore frappé. Ou Prouté. À vrai dire, la team est au bord du surmenage. Ses membres ont plus prouté qu’un Ariégeois venant de remporter un concours de dégustation de Mounjetada.

Nous ne pouvions pas tous les utiliser pour illustrer cet article, donc on vous a préparé une galerie de mèmes gastriques à télécharger et à prouter partout autour de vous.

Le prout-o-mètre, pour compter les prouts

Une personne vient de lâcher une grosse caisse et vous voulez identifier en quoi son prout pue ? Il y a un Framachin pour ça, un « bingo du prout » inspiré de notre Bingo du Troll.

Sur le prout-o-mètre, vous pouvez cocher les cases qui correspondent à ses flatulences. Et donnez lui son score en partageant avec lui le lien en bas de ce « bingo du prout ».

Le bon vieux prout artisanal

Il y a des moments où on n’en peut plus de répondre. Où on est fatigué·e de se prendre l’écume des jours dans les dents, ressassée par chaque nouvelle vague d’indignation. Si ça vous arrive, répondez simplement : prout.

Le bon vieux prout artisanal, n’y a que ça de vrai. C’est cinq touches sur votre clavier. Six si vous en faites un hashtag. Allez-y, lâchez-vous, vous verrez : ça soulage.

Voulez-vous prouter avec nous, ce soir ?

Nous serrons les fesses à l’idée de votre réponse. Du fond de l’internet, la Raie Publique se fraiera-t-elle un chemin vers la sortie du tunnel ?

Notre argument, vous l’aurez senti, c’est que ça sent le gaz. Et qu’on a besoin de se (dé)ballonner un peu.

Une action burlesco-dadaïste pour mettre le web en odorama, vous la sentez comment ?