FramIActu, la revue mensuelle sur l’actualité de l’IA !

Le 30 novembre 2022, la première version publique de ChatGPT apparaissait sur la toile. Presque instantanément, le monde entier découvrit ce nouvel outil, qui semblait alors révolutionnaire.

Dans les bouches de toutes et tous, nous n’entendions plus qu’un terme : Intelligence Artificielle.

S’ensuivit une accélération sans précédent.

Toutes les quelques semaines, une évolution majeure des techniques d’IA était dévoilée. Les géants du numérique, les gouvernements des superpuissances mondiales, tous ont investi rapidement et massivement ce champ de recherche.

À Framasoft, comme pour beaucoup d’autres, l’émergence de l’IA générative fut vécue comme un tsunami.

Seulement deux mois après sa sortie, ChatGPT était déjà utilisé par plus de 100 millions de personnes. C’est le service web au taux d’adoption le plus rapide de l’histoire.

 

Image de type meme.On y voit un tsunami s'abattre sur une personne seule sur la plage. En haut, représentée par le Tsunami, le texte « IA ». En bas, représentée par la personne seule, le texte « Framasoft ».
Le tsunami IA submerge Framasoft. Allégorie.

 

Passées la stupeur et la confusion, nous nous organisâmes, en interne, pour suivre l’actualité délirante de cette technique. Nous voulions mieux comprendre le phénomène et ses implications dans nos vies et il nous fallait, pour cela, suivre attentivement ses évolutions.

Aujourd’hui, nous vous proposons de partager des bouts de cette veille, dans une revue mensuelle.

Celle-ci s’évertuera à, brièvement, mettre en perspective différentes actualités autour de l’IA et ses enjeux dans le rapport entre technologies et société.

Notons que cette revue mensuelle s’intègre dans notre objectif incarné par FramamIA : partager des clés de compréhension de l’IA et de ses implications dans nos vies.

Préparez votre boisson chaude préférée, installez-vous confortablement… bienvenue dans FramIActu !

Le dessin d'un perroquet Ara, avec un remonteur mécanique dans son dos, comme pour les jouets ou les montres. Celui si est assis et semble parler.
Stokastik, la mascotte de FramamIA, faisant référence au perroquet stochastique. Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Infomaniak est une société suisse proposant des services alternatifs aux géants du Web à travers des offres intéressantes pour le grand public et les entreprises.

En octobre dernier, Infomaniak présentait à la fois son offre d’IA générative à destination de ses publics, mais aussi l’ouverture de leur centre de données dans laquelle les logiciels d’IA sont hébergés.

Celui-ci est présenté comme le plus écologique de Suisse et a été pensé pour revaloriser l’énergie exploitée.

Si cette innovation technique est certes un pas en avant important et pourrait — mais rien n’est sûr — encourager des changements positifs dans le secteur, il n’en est pas moins que la simple création d’un nouveau centre de données pose des questions.

Aucun centre de données n’est écologique.

Donc sa simple construction est à questionner — et peut être approuvée, bien sûr !

De plus, il est courant que ce genre d’avancées techniques provoquent un effet rebond, entraînant progressivement une augmentation du coût environnemental des centres de données : moins un centre de données aura d’impact sur l’environnement, plus on en construira facilement sans se questionner, impactant de fait l’environnement négativement.

 

Trois quarts des personnes privées d’emploi ont recours à l’IA Générative

Une enquête menée par l’Observatoire de l’IA et Emploi (fondé par les associations Diversidays et Konexio, avec le soutien de France Travail et Google.org) indique que trois quarts des personnes privées d’emploi ont recours à des outils d’Intelligence Artificielle Générative pour postuler à des postes.

Cet usage semble donc massif.

Image de type meme. Elle représente le chat du film Astérix et Obélix : Mission Cléopâtre disant « Trois quarts ?! ».

Parmi les raisons expliquées par l’étude, la nécessité, aujourd’hui, d’envoyer en masse des CV et lettres de motivations qui, nous pouvons l’imaginer, sont souvent simplement remplies de banalités que l’IA générative sait très bien formuler, et sans faute typographique, qui plus est !

L’article traite aussi brièvement d’une problématique majeure (qui d’ailleurs est, au moins en partie, responsable de la nécessité de postuler massivement) : l’automatisation des processus de recrutement.

Cette automatisation est d’ailleurs abordée par Hubert Guillaud dans l’infolettre Dans les Algorithmes, dans un article nommé « L’IA ne va pas vous piquer votre job : elle va vous empêcher d’être embauché  ! ».

 

Dans cet article, Martin Clavey fait le point sur les récentes augmentations des besoins en eau et énergie liées à l’IA.

On y découvre notamment la mise en place, au Royaume-Uni, de la première « zone de croissance de l’IA », infrastructure pensée pour offrir un accès privilégié aux ressources en eau et énergie pour les centres de données dédiés à l’IA. L’emplacement choisi pour cette zone accapare un lac de barrage, récemment construit, qui avait initialement pour but de fournir de l’eau potable aux habitant·es du sud-est de l’Angleterre, une des régions du pays les plus vulnérables aux pénuries d’eau.

On imagine assez facilement ces zones essaimer à l’avenir, alors que les conséquences du réchauffement climatique sont de plus en plus ressenties (et particulièrement à travers une raréfaction de l’eau potable).

Mettre la priorité sur la compétitivité dans le secteur de l’IA au détriment d’un des besoins fondamentaux pour une immense partie de la population a donc largement de quoi questionner et souligne, encore une fois, les dangers du système capitaliste.

Image de type meme. Il représente une conversation entre Anakin et Padmé, dans Star Wars 2. Case 1 : Anakin dit « On a construit un nouveau lac de barrage » Case 2 : Padmé, avec un grand sourire, répond « Trop bien ! Il va servir de réserve d'eau potable, hein ? » Case 3 : Anakin la fixe avec un regard sérieux Case 4 : Padmé, inquiète, répète « Il va servir de réserve d'eau potable, hein ? »

La question des conséquences physiques des infrastructures permettant l’IA avait d’ailleurs était abordée lors du festival Le Nuage était sous nos pieds, à Marseille, en novembre dernier.

 

 

Aux États-Unis, à la rentrée 2025, aura lieu l’expérimentation d’une école en ligne, dont l’entité pédagogue sera une IA générative.

Comme souvent dans le discours technophile, cette méthode est supposée apporter un progrès social : l’enfant suivrait un contenu adapté à son niveau, à son rythme, etc.

Unbound Academy Institute, qui propose le dispositif, se vante de permettre aux enfants d’apprendre deux fois plus en moins de temps et de justifier ainsi de pouvoir se passer d’instituteurs et d’institutrices.

Le dispositif inclut cependant, pour le moment, la présence d’adultes pour assister et surveiller les élèves.

Comme on peut le constater depuis l’explosion en popularité des IA génératives, les techniques d’Intelligence Artificielle et notamment génératives tentent de s’introduire dans tous les pans de notre existence.

Hubert Guillaud encore, décrivait, à titre d’exemple, son utilisation dans le Trésor Public.

À chaque fois, les procédés de conception de ces techniques sont opaques et bourrés de biais (dans les jeux de données, dans leur réflexion, etc.). Pourtant, celles-ci sont proposées systématiquement comme les parfaites remplaçantes de toute activité humaine.

On y retrouve le même discours que celui porté par le capitalisme :

  • le progrès technique serait intimement lié au progrès social, et l’un ne peut faire sans l’autre ;
  • nuire à l’innovation technique (en régulant, en la ralentissant, voire en l’empêchant) reviendrait à nuire au progrès social ;
  • être productif, être compétitif, créer de la croissance, serait la seule et unique voie possible pour améliorer les conditions de vie de toutes et tous ;

Pourtant, ce discours semble nier toute réalité, ne serait-ce qu’en prônant l’idée que la croissance économique peut être infinie ou en fantasmant une idéologie bienveillante prégnante chez les tech bros (des hommes aux comportements masculinistes et toxiques, fans de technologie).

 

Le dessin d'un perroquet Ara, avec un remonteur mécanique dans son dos, comme pour les jouets ou les montres. Accroché à son aile gauche, un ballon de baudruche.
Stokastik, la mascotte de FramamIA, faisant référence au perroquet stochastique. Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

Cette première FramIActu se termine !
Nous espérons que vous en avez apprécié la lecture malgré une actualité plutôt… préoccupante !

En attendant la prochaine FramIActu, vous pouvez approfondir vos connaissances sur l’IA en jetant un coup d’œil à FramamIA, notre site conçu pour aider à mieux comprendre cette technique.
Vous pouvez aussi assister à toute notre veille (non-commentée) sur le sujet via notre site de curation dédié !

Si nous pouvons vous proposer cette nouvelle revue mensuelle, c’est grâce à vos dons, Framasoft vivant presque exclusivement grâce à eux !
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Dans tous les cas, nous nous retrouverons le mois prochain pour un nouveau numéro de FramIActu !