Hypra : la révolution par l’humain

En s’inspirant des problèmes d’accès à l’informatique des personnes déficientes visuelles, Jean-Philippe et Corentin, les fondateurs d’Hypra (dont plusieurs membres sont aveugles ou mal voyants) ont conçu un modèle qui personnalise l’accompagnement de l’utilisateur.

Leur « Système à Accès Universel » facilite la migration vers le logiciel libre, y compris pour le grand public.

Bonjour ! Alors, dites-nous : comment utiliser un ordinateur quand on ne voit pas ?

Deux possibilités, soit je suis complètement aveugle (environ 100 000 personnes en France) et je recours à un transcripteur braille que je connecte à mon ordinateur (mais une minorité des aveugles lisent le braille), soit j’utilise un retour vocal.

Si je suis malvoyant, je vais utiliser un certain nombre de fonctionnalités d’assistance visuelle : le zoom, l’inversion des contrastes, un localisateur de curseur, de souris etc.

Dans bien des cas, le retour vocal et l’assistance visuelle se complètent utilement et permettent à la personne déficiente visuelle de gagner en confort d’utilisation, de limiter sa fatigue, voire tout simplement d’accéder à l’information.

Notre innovation tient d’abord à cela. Pour la première fois, Hypra fournit un système d’exploitation à ses utilisateurs qui leur assure cette complémentarité. Et là où JAWS, le retour vocal historique, coûte 1 500 euros (pris en charge sur les fonds publics), et où ZoomText, la solution leader sur la malvoyance, coûte 600 euros, notre couplage de solution est lui gratuit.

Conclusion, les personnes peuvent concentrer leurs moyens sur le nerf de la guerre, c’est à dire la maîtrise de leur outil à des fins d’autonomie et de productivité à long terme.

J’ai croisé des cannes blanches électroniques, des téléphones à synthèse vocale… Est-ce que l’autonomie passe forcément par la technologie ?

La technologie est une condition nécessaire mais non suffisante.

Dans notre vision, le vrai facteur critique d’émancipation, c’est le service à la personne.

Quand on parle de service à la personne chez Hypra, c’est un tout.

L’étape n°1, c’est la personnalisation du système. Nous avons choisi les composants logiciels les plus souples au monde, ils sont donc conçus, dès l’achat, pour s’adapter aux envies et aux besoins de chacun. Exemple : la taille et le type de police, la barre des menus sur le bureau, mais cela concerne aussi les raccourcis clavier dont la maîtrise est essentielle pour l’autonomie et idéale pour plus d’efficacité. Là où Windows et Mac proposent du standard auquel tout le monde doit s’adapter nous disons : « non, le système doit ressembler à la personne qui l’achète. » C’est à la technologie de s’adapter à l’Homme et non l’inverse. Nous installons, en outre, les logiciels que la personne souhaite à partir d’une étude rigoureuse de ses besoins. C’est donc du sur-mesure.

Encore faut-il apprendre à l’utiliser…

Jean-Philippe en conférence – CC BY SA – photo Hypra

Justement. Aujourd’hui, Windows ou Mac mettent un ordinateur dans les mains des gens en leur disant « débrouillez-vous », vous verrez, c’est intuitif, le grand mot à la mode. Oui, enfin, intuitif, plus on passe de temps avec les gens, déficients visuels ou pas, plus on se rend compte en fait qu’ils ne maîtrisent pas leurs outils. Personne ne leur a expliqué la base, comment se repérer, comment avoir les bons réflexes, comment faire évoluer leurs outils. Conclusion, c’est l’esprit de débrouille qui règne, qui est très loin de garantir ni un confort optimal d’utilisation, ni une utilisation des pleines potentialités de l’informatique en général. Les problématiques d’autonomie et de productivité sont certes plus critiques pour les déficients visuels, vu la place fondamentale du numérique pour eux, mais elles concernent le reste de la population au sens large.

L’étape d’après, c’est l’accompagnement sur la longue durée. Windows, Mac et une partie écrasante des éditeurs de logiciels vous fournissent les logiciels et vous livrent à vous-mêmes pour les mises à jour, les différents problèmes d’utilisation que vous pouvez rencontrer. Exemple : les mises à jour sur Mac OS. Non seulement les gens sont obligés de mettre à jour sous peine d’obsolescence programmée, mais nul ne leur explique comment faire. Il y a bien une option : repasser à la caisse dans des magasins tiers tout en se faisant déposséder de son ordinateur pendant une durée indéterminée avec le risque de perdre ses données. Chez Hypra, nous disons que cela est inacceptable. Le service à la personne doit être global, continu, intégré, proactif. Nos mises à jour, aussi parce qu’elles sont moins fréquentes que la frénésie de nos concurrents, sont anticipées. Nous dialoguons de personne à personne avec nos utilisateurs, nous leur expliquons, nous leur proposons les choses, nous les conseillons en leur exposant différentes options et en leur permettant de choisir de manière éclairée. Nous nous élevons contre le forçage inacceptable de Mac ou Windows ou d’autres logiciels qui consiste à dire : mettez à jour sous peine d’obsolescence !

Le cœur de notre métier, notre passion, c’est la personne humaine. Cela irrigue tout notre travail.

Comment rentabiliser un modèle aussi exigeant ?

En étant transparent, clair sur ses intentions, et sûr de ses forces comme de ses faiblesses, et surtout en étant pédagogue. Nous expliquons à nos utilisateurs ce pourquoi ils payent.

Capture d’écran avec loupe

Nos utilisateurs payent pour du service, c’est à dire justement la personnalisation de l’accompagnement. Au global, cela leur revient le prix qu’ils payeraient pour un simple ordinateur Mac ou Windows sur deux ou trois ans, c’est à dire 1 500 à 1 600 euros. Mais plutôt que de les payer sans visibilité sur deux, trois ans, ils payent d’une traite avec la garantie de ne plus avoir à subir de coûts cachés liés aux problèmes de mise à jour, de sécurité, mais aussi de matériel. Nous sommes en effet en train de ficeler un solide accord-cadre avec plusieurs constructeurs de manière à offrir un S.A.V. irréprochable et global (logiciel et matériel).

Nous fournissons donc un package clé en main payé d’un bloc qui leur permet justement de de prémunir contre de nouvelles dépenses imprévues qui ont également pour conséquence de rendre leur ordinateur indisponible pendant une durée indéterminée. Bien sûr, pour celles et ceux qui aiment la débrouillardise et qui ont du temps à y consacrer, il est possible de se passer de formation et d’accompagnement sur la durée, et le prix est alors ramené entre 800 à 1 000 euros. Nous ne le conseillons qu’aux utilisateurs très avancés.

Ce que nous proposons, nous, en définitive, c’est une continuité de service qui garantit de trouver un interlocuteur et un dialogue de qualité, une exigence de performance et de délais lorsqu’un problème quelconque se présente. Cela permet d’économiser sur l’autre grand coût caché de l’informatique : le temps. Aujourd’hui, le monde va vite, les gens sont très occupés, et l’informatique ne les intéresse parfois pas du tout. Il faut donc qu’ils y passent le minimum de temps possible en y consacrant le temps et le prix nécessaires à l’achat, de manière à être tranquille par la suite. C’est pour nous un défi de tous les jours : faire penser le long terme à nos utilisateurs. C’est une tâche difficile, harassante, mais très stimulante.

Vous insistez plusieurs fois sur le côté « on paie une fois et on est tranquille ». C’est tout de même une start-up qui dit ça ! Comment les utilisateurs peuvent-ils être sûrs de bénéficier d’un suivi sur le long terme ?

Parce qu’on fait du logiciel libre. Tout ce qu’on fait est reversé à la communauté. Du coup, sur le long terme, notre esprit et nos développements demeureront accessibles à tous, surtout qu’on les intègre dans Debian.

De plus, comme on ne ferme rien de nos développements, la seule chose qui nous fait vivre, c’est le service. Du coup, pour vivre, on n’a pas le choix que de maintenir le capital confiance et d’être irréprochables.
C’est, à mon sens, une garantie pour nos clients. Si on rompt notre pacte de confiance avec le public ou les communautés du libre, notre modèle économique est menacé. C’est pour ça que Hypra a un côté ultra démocratique.

Quelle est la place du logiciel libre dans l’offre d’Hypra ?

Elle est capitale. C’est parce que notre modèle repose sur une solidarité internationale des concepteurs de logiciels que nous pouvons nous concentrer sur le service à la personne et ne pas faire payer les logiciels. Nous nous engageons, par ailleurs, lorsque notre modèle sera arrivé à maturité, à attribuer une partie de nos gains à cette communauté internationale de gens bénévoles qui nous permettent d’exister aujourd’hui.

C’est donc du 100% ?

Notre engagement éthique en ce domaine est clair : nous ne recourons à des logiciels propriétaires que lorsque aucun autre choix non-handicapant pour l’utilisateur n’est possible. Nous l’avons fait pour le retour vocal, nous allons le faire pour un logiciel qui permet aux aveugles de lire leur courrier papier (via la reconnaissance optique de caractères). Seuls des logiciels propriétaires pouvaient assurer une performance suffisante. Nous avons déjà en tête de proposer dans le futur la même performance mais sous la forme de logiciels libres dont nous aurions coordonné le développement.

La plupart de nos lecteurs comprennent bien l’importance du Libre pour des valides. C’est pareil pour les handicapés, j’imagine ?

Dessin Gknd - Le geek dit C’est pas parce qu’on a une mauvaise vue qu’il ne faut pas aller sur Internet. Le smiley ajoute Ouais! Ce serait dommage de rater les trolls les imbéciles et les salauds.

 

Je dirais que c’est l’inverse. Les handicapés, mieux que personne, comprennent l’importance fondamentale du logiciel libre. Ce sont eux qui sont en première ligne des besoins de personnalisation, et seul le logiciel libre permet cette flexibilité.

Par ailleurs, ce sont aussi les premiers à souffrir des rentes de monopole que constituent les entreprises qui conçoivent et commercialisent des logiciels propriétaires. Notre grand sondage mené en janvier 2015 montrait qu’une grande partie de la population déficiente visuelle était consciente que JAWS (le retour vocal à 1 500 euros) était sur-tarifé pour les évolutions qu’il connaît dans le temps. Beaucoup s’indignaient sur l’effet d’aubaine de la prise en charge publique (par les Conseils Généraux) d’un logiciel aussi cher. Mais surtout, 75% des 450 répondants se déclaraient prêts à passer au logiciel libre si une offre de service de qualité était fournie.

Si l’on se tourne vers le grand public, l’équation n’est pas si différente, mais la prise de conscience est peut-être moins avancée. Je dis bien peut-être. Car les gens sont fatigués des mises à jour incessantes et déstabilisantes sous Windows dont le paroxysme est Windows 10, ils sont également fatigués de la sous-traitance du service de Apple à des organismes agréés qui sont des machines à cash. On s’est rendu compte également que les enjeux de vie privée avaient gagné en importance dans le choix de leur système d’exploitation.

Il est donc temps de leur proposer un autre modèle, et c’est exactement ce que nous sommes en train de faire.

Est-ce que vous expliquerez clairement aux utilisateurs que le système est basé sur du Libre ? Je pense à des gens qui cultivent un certain flou… et quand on farfouille on trouve une Debian modifiée…

Ça dépend avec qui. Il faut bien comprendre que le libre, ça n’a pas une bonne image parmi le public (au mieux l’indifférence, au pire le rejet par préjugé). Pour pleins de raisons et parce que sa compréhension exige de réfléchir à des choses que les gens ne soupçonnent pas. Ou elle renvoie à un historique, une image, pas toujours génial. Du coup, tout en affirmant notre ancrage libriste sans complexe, on ne le met pas en avant auprès de nouveaux clients, sauf si ça permet d’aborder un sujet qui préoccupe un utilisateur (vie privée, confidentialité des données, rapport aux développeurs de logiciels). Pour les autres, si on leur met ça sous le nez, ils tournent les talons. Mieux vaut donc leur mettre du libre par principe, qu’ils le sachent ou pas. Dans tous les cas, qu’ils en soient conscients à l’achat ou non, c’est une garantie de durabilité pour eux. Et malgré tout, on l’affirme haut et fort dans notre communication grande échelle. S’ils ne passent pas au libre par militantisme, or peu de gens militent, nos clients pourraient le défendre pour le modèle que ça véhicule et qu’ils vivent quotidiennement avec nous dans leur usage de l’informatique. C’est une autre façon de promouvoir le libre auprès d’un public moins sensible aux enjeux de la propriété intellectuelle en informatique.

Du coup, c’est très proche du comportement d’Ordissimo (qui ne cite JAMAIS Debian sur son site, j’ai vérifié), et qui cherche à séduire les débutants (âgés) en informatique.

À un détail près, on cite Debian, nous. Mais à des endroits où vont les gens plus intéressés par les aspects techniques (et à qui le nom même ne détournera pas de l’éthique). En outre, tous nos développements vont dans Debian (Compiz, mate-accessibility, etc.), donc très bientôt, Debian pourra ressembler nativement à Hypra si la communauté souhaite s’ouvrir à l’universalité qu’on propose. Enfin, quand on forme les gens, pas question d’empêcher les installations non Hypra, les mises à jour, contrairement à Ordissimo. Les gens apprennent bel et bien les mécanismes de Debian et ils le savent. Aucun logo Debian n’a été supprimé. Donc ils sont vite informés de ce qu’ils utilisent (une Debian adaptée le temps qu’elle s’adapte elle-même). Mais ce serait une erreur de communication de vouloir le dire à tout le monde haut et fort avant même de susciter un intérêt par d’autres moyens, ça agiterait trop de peurs et de préjugés.

Ordissimo se base sur Debian et protège son travail de paramétrage en ne le reversant pas et en n’y autorisant pas de modification. Hypra est transparent et dans une logique de dialogue mutuel constant avec Debian, et nous l’affirmons. Et nous y amenons les utilisateurs, mais au lieu de le dire à l’achat, on les acclimate à cet univers pour que le libre et Debian leur paraissent, en fin de compte, une évidence par-delà les préjugés.

Selon vous, c’est le moment pour que le logiciel libre atteigne enfin le grand public ?

Le terrain est favorable pour une percée du logiciel libre. Le succès, notre succès collectif, à nous, les acteurs du logiciel libre, est possible.

Il est possible si nous professionnalisons le service apporté à l’utilisateur, si nous montrons que nous apportons plus que les acteurs traditionnels pour un prix équivalent ou inférieur.

Il est possible si nous jouons collectif, si nous savons conjuguer nos efforts dans un juste équilibre communauté/entreprises, si nous savons dialoguer, nous écouter, nous faire confiance. C’est ce que nous cherchons à faire avec la communauté Debian, avec le leader de communauté Orca ou les développeurs Compiz. Cela suppose que les programmeurs, et en premier chef nos programmeurs chez Hypra, comprennent que les qualités relationnelles sont au moins aussi importantes que les qualités de programmations.

Il est possible à condition d’amorcer un virage philosophique. Il faut en finir avec la technocratie. L’émancipation ne doit pas viser seulement les concepteurs de logiciels. Je lisais récemment le chef informatique de chez Enercoop sur Framablog (dont les locaux parisiens sont 100% sous Debian) qui faisait un lien direct entre le logiciel libre et l’émancipation des programmeurs. Mais il ne parlait que très peu des utilisateurs et éludait les aspects critiques de conduite du changement. S’émanciper, du point de vue de l’utilisateur, c’est certes avoir les possibilités de changer, mais encore et surtout avoir la maîtrise du changement.

À noter que l’on a installé Hypra et formé un salarié déficient visuel chez eux qui est très content, à tel point d’ailleurs, qu’il veut que l’on installe le S.A.U. sur son Mac, une belle vitrine pour le logiciel libre…

De manière plus générale, le pouvoir doit être aux utilisateurs-citoyens et non aux programmeurs. C’est à eux que sont destinés les biens communs que sont les logiciels libres. Les programmeurs ont du mal à l’entendre. C’est là une des explications, selon nous, du plafond de verre du logiciel libre.

Il est possible, enfin, si chacun se trouve bien à sa place. La communication, c’est un métier, et ce n’est pas le métier des ingénieurs. Le logiciel libre est le seul monde dans lequel les ingénieurs s’imaginent être de formidables communicants. C’est un métier, il faut le professionnaliser. C’est aussi la raison pour laquelle nous avons quitté la forme associative pour faire une entreprise.

Nous pensons que l’heure est venue que le logiciel libre démarre une métamorphose, nous avons envie d’amorcer ce mouvement avec tous ceux et toutes celles qui y sont prêts.

www.hypra.fr




Le Guide Libre Association 2016 est arrivé ! (avec l’APRIL)

Toute association, quelle que soit sa taille, a besoin de communiquer avec ses membres, produire des documents, diffuser de l’information vers l’extérieur, bref elle a besoin d’un système d’informations structuré et adapté à ses besoins.

Pour autant, toutes les associations ne sont pas logées à la même enseigne lorsqu’il s’agit de choisir et de mettre en place des logiciels adaptés à leurs activités et à leur mode de fonctionnement. Bien souvent, l’achat de matériel informatique et de logiciels est un budget qui pèse lourd et, par manque de compétences sur le sujet, les choix se font par défaut.

Des logiciels libres pour les associations

Combien d’associations restent dépendantes d’outils privateurs ? La plupart du temps sans locaux dédiés, les associations fonctionnent avec les logiciels et les machines possédés par leurs bénévoles. Très peu d’entre eux sont prêts à investir du temps dans la recherche d’outils libres adaptés aux besoins de l’association quand « tout semble si simple » avec les logiciels imposés et vendus avec l’achat d’un ordinateur. Il peut sembler légitime de dédier le plus de temps possible à l’objet de l’association. Pourtant, pour la gestion des adhérents, la comptabilité, les tâches administratives diverses ou encore la communication, choisir des logiciels libres n’est pas qu’une question technique, c’est d’abord une question éminemment stratégique et politique à laquelle il convient de répondre pour renforcer la cohérence avec les valeurs portées par le monde associatif.

Extrait de l'expolibre de l'APRIL
Extrait de l’expolibre de l’APRIL

Le premier enjeu est de saisir l’importance de s’affranchir des contraintes imposées par les logiciels privateurs. On peut citer les mises à jour payantes et souvent remises à plus tard (et donc causes de dysfonctionnements dans la gestion de l’asso), les questions liés à la confidentialité des données (en particulier lorsqu’on stocke des données d’adhérents dans les nuages), les problèmes d’interopérabilité dans la diffusion de fichiers (surtout lorsqu’on cherche à rédiger un document à plusieurs mains), etc.

L’offre de logiciels libres permet non seulement d’effectuer des choix pertinents en identifiant les besoins mais elle permet aussi un très haut niveau d’appropriation des logiciels. Cela est rendu possible par l’exercice des libertés logicielles qui les rendent auditables, partageables et modifiables. Chaque logiciel libre peut se partager : l’utilisation d’un même logiciel chez chaque membre d’une association est facilité. En d’autres termes, utiliser des logiciels libres, pour une association, cela revient à augmenter son niveau de productivité. Et l’utilisation, ici, de termes habituellement adaptés à l’entreprise, est non seulement volontaire mais aussi révélatrice.

Le second enjeu réside dans la spécificité de création des logiciels libres. Ces derniers sont issus de communautés œuvrant pour le bien commun. La plupart de ces communautés sont structurées à la fois par des armées (ou un simple noyau) de contributeurs autour de formes associatives ou apparentées. Autrement dit, avec les logiciels libres, les associations parlent aux associations. On peut s’appuyer sur une communauté pour assurer un support, on peut aussi s’entraider. Le logiciel libre encourage le contact humain et se rapprocher des acteurs de la communauté est souvent un bon moyen d’avancer dans ses choix et ses usages. Dans le cas de structures associatives importantes, il sera sans doute préférable de se tourner vers des entreprises spécialisées dans l’intégration et dans la formation aux logiciels libres. Dans tous les cas, les logiques de collaboration et l’éthique propre aux logiciels libres seront vraisemblablement présentes.

Une nouvelle version du Guide Libre Association

Ce rapport entre logiciel libre et association est le principal thème de travail du groupe de travail Libre Association de l’April dont la volonté est de « créer des ponts entre le logiciel libre et le monde associatif ». Ce groupe a mené deux enquêtes (une première en 2009 et une seconde en 2015) auprès d’associations pour connaître leurs rapports à l’informatique et aux logiciels libres en particulier. Une conclusion de la comparaison de ces deux enquêtes révèle que la question principale en 2009 « que sont les logiciels libres ? » est devenue en 2015 « Comment fait-on pour les adopter ? ». En effet, avec l’extension des accès à Internet et l’évolution positives de l’accès aux logiciels libres, les associations sont devenues non seulement plus réceptives aux libertés logicielles mais sont devenues aussi très attentives aux usages des données informatiques ; en particulier dans une ère post- affaire Snowden. Cela est d’autant plus vrai, qu’un nombre conséquent d’associations attache une importance cruciale à la notion de droits fondamentaux et en particulier à la liberté d’expression.

Forte de ces connaissances, en 2012, l’April a lancé une première version du Guide Libre Association avec le soutien de la fondation du Crédit Coopératif. L’objectif était ambitieux : diffuser des milliers d’exemplaires gratuits d’un guide exposant les enjeux du Libre pour les associations, assorti d’une sélection pertinente de logiciels libres disponibles et constituant une offre mature. En 2014, devant le succès de la première diffusion, c’est au tour de la MACIF de s’associer à cette action pour distribuer à nouveau gratuitement plus de 7000 guides aux associations.

Guide Libre Association
Cliquez sur la couverture pour télécharger ou acheter le guide

Cette fois, en 2016, l’April et Framasoft proposent une nouvelle version mise à jour de ce guide. Disponible en couleurs ou en noir et blanc, il est possible de le télécharger au format e-pub et PDF, pour une diffusion libre sur tous les supports. Deux versions PDF imprimables sont elles aussi disponibles pour les associations désirant faire imprimer autant d’exemplaires qu’elles le souhaitent.

Vous pouvez retrouver tout cela sur la page Framabook dédiée au guide du Groupe Libre Association.

Nota : Sur le modèle de la collection Framabook, Framasoft propose aussi la vente unitaire du Guide, ou de faire imprimer à tarif intéressant des centaines ou des milliers d’exemplaires.




Accès au code source des logiciels de l’État : pourquoi ça change tout…

Le 18 février dernier le tribunal administratif de Paris, après avis de la Commission d’Accès aux Documents Administratifs (CADA), a rendu une décision autorisant l’accès d’un citoyen au code source d’un logiciel administratif. Génial, non ?

Non, pas vraiment, puisque dit comme ça on n’y comprend rien ! Et pourtant ce jugement pourrait avoir un grand impact sur l’avenir du libre en France et plus généralement sur la vie de tous les citoyens. On va donc essayer d’y voir plus clair.

Res Publicum, la chose publique

Pour comprendre ce qui s’est passé le 18 février dernier, il faut que je vous parle un peu des documents administratifs en France. Un document administratif c’est tout ce que peut produire une administration publique : statistiques, rapports, analyses et même logiciels.

Si certains de ces documents sont publics dès les départ (les communiqués de presse par exemple), d’autres n’ont pas forcément vocation à être rendus publics. Et pourtant la République c’est notre bien à tous (Res Publicum, ça veut dire la chose publique), tout citoyen peut donc demander à une administration de lui communiquer un document qu’elle a produit et qui n’est pas classé secret-défense, bien entendu.

Open data CC-BY Descrier
Open data CC-BY Descrier

Depuis 1978 une administration a même été créée pour s’occuper de cela spécifiquement, la CADA. En réalité, cette administration ne peut rendre que des avis et joue plus un rôle de médiateur entre une administration et un citoyen, mais elle reste très utile.

Un étudiant tenace…

Revenons à notre affaire. Un étudiant en économie un peu curieux a demandé en 2014 au Ministère de l’économie et des finances (Bercy) de lui transmettre le code source du logiciel de calcul de l’impôt. Un code source, c’est en quelque sorte la recette de cuisine du logiciel, ce qui permet de comprendre comment il fonctionne

Bercy a refusé et notre étudiant a alors saisi la CADA qui a dit que selon elle le code source devait être transmis. Deuxième refus de Bercy.

"ils ne m'ont pas oublié" CC-BY-SA Stephane Demolombe
« ils ne m’ont pas oublié »
CC-BY-SA Stephane Demolombe

Notre étudiant a alors saisi le tribunal administratif de Paris pour forcer Bercy à lui remettre le document demandé. À ce moment le ministère a compris que tout cela sentait mauvais pour lui et a préféré s’exécuter avant le jugement. Malgré tout le tribunal a rendu sa décision le 10 mars dernier et a dit que l’étudiant avait raison. Victoire !

Le code source, c’est la recette de cuisine du logiciel

Maintenant vous devez vous dire, tant mieux pour cet étudiant mais concrètement ça sert à quoi ? Et c’est vrai que dit comme ça ce n’est pas très utile. Ce n’est pas parce que le code du logiciel est connu qu’il est libre et donc vous n’aurez pas le droit de modifier ou partager librement ce code. Autrement dit, on peut lire, cuisiner, mais pas gribouiller sur la recette originale, même pour y ajouter de meilleures ingrédients. En revanche vous pourrez toujours le consulter et pourquoi pas trouver des erreurs, des améliorations possibles et les proposer à Bercy qui pourrait les intégrer à son logiciel.

attack of the scones CC-BY-SA Alpha
Je veux le code source de ces scones…

Imaginez un peu que vous arriviez à faire baisser le montant de vos impôts en remarquant une erreur dans le code. Pas si inutile, finalement ! En partant de cet exemple on peut imaginer beaucoup de cas où les citoyens pourraient contribuer à améliorer l’État. Prenons un exemple… Mme Dupuis-Morizeau a du temps libre et décide donc de consulter les statistiques d’accidents de la route de sa ville, qu’elle demande à la mairie. Elle remarque alors un carrefour particulièrement meurtrier, elle se rend sur place et constate que le panneau stop est caché par un buisson. Elle avertit sa mairie qui fait couper le buisson. Et voilà comment l’accès à des statistiques administratives peut sauver de vies !

La philosophie du Libre appliquée à l’État

Le problème, vous l’avez vu, c’est que demander un document administratif peut s’avérer très compliqué et que Mme Dupuis-Morizeau n’a pas forcément tout ce temps à perdre. On se dit alors que ce serait génial que tous ces documents soient librement téléchargeables sur un site internet.

Eh bien c’est exactement ce que s’est dit la ville de New-York qui publie tous les documents qu’elle produit (ou presque) sur le site https://nycopendata.socrata.com/. Depuis que la ville a adopté cette politique, des dizaines de citoyens se sont mis au travail pour créer des projets incroyables : dresser la carte des plages anormalement polluées, coder un GPS pour les ambulances en fonction des vitesses moyennes par rue pour optimiser les trajets, etc.

New York - CC-BY Kolitha de Silva
New York – CC-BY Kolitha de Silva

Voilà les avantages concrets de la philosophie du libre lorsqu’elle est appliquée à l’État. Nous pouvons tous contribuer à un fonctionnement meilleur de l’administration, ou du moins à signaler ses défauts. Rendre les documents administratifs libres, c’est faire du citoyen le réel propriétaire de l’administration qui le sert, comme nous sommes collectivement les propriétaires des logiciels libres. Beau projet non ?

 

Trois infos pour finir et approfondir le sujet si ça vous dit :

L’équipe du Framablog tient à remercier chaleureusement Róka, bénévole du forum des Framacolibris, pour la proposition et la rédaction de cet article !




Comment modifier et personnaliser sa Framacarte ? (Tutos uMap 4/4)

Juste avant Noël, nous vous présentions Framacartes, un service de création de cartes personnalisées pour vos sites web, communautés, randos, chasses au trésor… Framacartes est basé sur le logiciel Umap, qui permet d’ajouter des points, tracés et polygones sur les fonds de cartes d’OpenStreetMap.

C’est alors qu’Antoine Riche, ingénieur informatique, Contributeur et Formateur OpenStreetmap, nous a contactés pour nous présenter sa série de tutoriels (libres, eux aussi) pour apprendre à maîtriser uMap (et donc Framacartes) à toute la famille Dupuis-Morizeau.

C’est avec son autorisation (et de chaleureux remerciements) que nous reproduirons sur le framablog les quatre premiers tutos (le niveau « débutant ») afin d’en faire profiter le plus grand nombre.

Nous avons commencé par nous familiariser avec uMap pour profiter pleinement d’une Framacarte

Puis, nous avons vu comment créer sa première Framacarte

Ensuite, nous avons créé un compte afin de faire de bien jolies cartes et de ne pas les perdre !

Cette semaine et pour finir cette série de tutoriels, apprenons comment personnaliser ses Framacartes.

Je modifie et personnalise ma carte

Ce que nous allons apprendre

  • Gérer son catalogue de cartes
  • Choisir un fond de carte
  • Sélectionner les options d’interface

Procédons par étapes

1. Retrouver une carte

Vous souhaitez modifier une carte pour l’améliorer ou la mettre à jour. Si vous avez redémarré votre navigateur et à fortiori votre ordinateur, la première chose à faire est de retrouver la carte ! Si vous avez créé cette carte avec votre compte comme nous l’avons vu dans le tutoriel J’utilise un compte et crée une belle carte), afficher une de vos cartes se fait en trois opérations simples :

  1. connectez-vous à votre compte umap
  2. affichez votre catalogue de cartes
  3. cliquez sur le nom de la carte, affiché sous l’aperçu de la carte

umap_edit2La carte s’affiche alors en mode consultation. Cliquez sur le crayon en haut à droite de la carte pour passer en mode édition : vous pouvez dès lors modifier la carte. N’oubliez pas de sauvegarder la carte une fois les modifications terminées.

Il peut être fastidieux de passer du mode édition au mode consultation et vice-versa de façon répétée. Une astuce consiste à utiliser pour la même carte deux onglets ou deux navigateurs, l’un en mode édition l’autre en mode consultation. Vous devez tout de même enregistrer la carte dans l’onglet en mode édition avant de l’actualiser (par exemple avec la touche F5) dans l’onglet en mode consultation.

umap_homeVous pouvez retourner à votre catalogue de cartes à tout moment en cliquant sur le pictogramme Retourner à l'accueil dans le menu du bouton Plus à gauche de la carte.

2. Changer le fond de carte

Nous avons vu dans le tutoriel Je consulte une carte uMap que plusieurs fonds de carte sont disponibles dans umap. Lorsque vous éditez une carte vous pouvez choisir le fond de carte qui sera utilisé à l’affichage de la carte.

umap_layersCliquez sur le pictogramme Changer le fond de carte : un panneau à droite montre une vingtaine de fonds de cartes. Il vous suffit de cliquer sur l’un d’eux : faites votre choix et n’oubliez pas d’enregistrer la modification.

Le choix du fond de carte est une affaire de goût. Le contexte de la carte peut vous aider à en choisir un plutôt qu’un autre, par exemple :

  • les fonds Outdoors, Landscape ou OpenTopoMap montrent le relief : judicieux pour une carte de randonnée
  • OpenCycleMap montre les grands itinéraires cyclistes, comme les EuroVélo (Côte Atlantique, Loire à Vélo…)
  • Positron, Toner et OSM-Monochrome sont en noir et blanc : vos marqueurs, lignes et polygones seront plus visibles
  • le style HOTOSM, créé par le groupe humanitaire d’OpenStreetMap, permet d’aller jusqu’à un niveau de zoom élevé (niveau 20) : intéressant si l’étendue de votre carte couvre un quartier ou votre jardin

Tous les fonds de carte utilisés par umap, à l’exception des images aériennes de l’IGN, sont réalisées à partir des données OpenStreetMap. Ils sont produits par des associations, des entreprises ou des bénévoles qui les mettent gracieusement à disposition.

Remarquez le texte affiché en bas à droite de la carte : il crédite les auteurs du fond de carte, par exemple Map tiles by Stamen Design - Map Data © OpenStreetMap contributors.

3. Choisir les options d’interface

Vous pouvez configurer les éléments de la carte mis à disposition des utilisateurs qui consulteront votre carte. Vous pouvez par exemple ajouter une mini-carte de situation ou une barre de légende.

umap_parametersPour cela, ouvrez dans le menu Éditer les paramètres l’onglet Options d’interfaces. Vous pouvez activer ou désactiver une dizaine d’options dont voici la signification.

options_interface

Quelques remarques :

  • si vous cachez le bouton Plus, les utilisateurs de la carte ne pourrant ni la partager ni changer le fond de carte
  • si vous cachez les boutons de zoom et désactivez le zoom avec la molette de la souris, les utilisateurs ne pourront ni zoomer ni dézoomer … sauf à découvrir le menu accessible avec un clic droit sur la carte.
  • les boutons de navigation en bas des popups permettent de faire défiler les éléments de la carte

Lorsque la mini-carte de situation est affichée, l’opération Changer le fond de carte modifie le fond de celle-ci. Vous devez désactiver la mini-carte pour changer le fond de la carte principale.

umap_shareNotez que ces options – et quelques autres – sont également disponibles en Options d’export de l’iframe du menu Exporter et partager carte, où elles permettent de contrôler les mêmes options d’interface lorsque la carte est intégrée dans une page Web.

4. Copier ou supprimer une carte

Tout en bas des Propriétés de la cartes, l’onglet Options avancées propose deux opérations peu utilisées mais qu’il est bon de connaître :

  • Supprimer supprime la carte du serveur umap, ainsi que les données qui y sont associées !
  • Cloner cette carte effectue une copie de la carte et de ses données. La nouvelle carte est ajoutée à votre catalogue.

Dans les deux cas un message vous demande de confirmer l’opération.

Faisons le point

Ce tutoriel nous mène à la fin du niveau débutant. Vous savez créer, modifier et personnaliser une carte. Vous savez styliser vos marqueurs, lignes et polygones. Enfin vous savez gérer votre catalogue de cartes.

Une fois ces opérations maîtrisées, les tutoriels de niveau intermédiaire vous apprendront à structurer vos cartes avec des calques et enrichir le contenu de vos popups. Vous découvrirez également comment coproduire une carte et créer un diaporama géolocalisé.

Ces tutoriels, en cours de rédaction par Antoine Riche, ne seront pas reproduits sur le Framablog, mais il seront disponibles sur le wiki de Cartocité.

L’équipe du Framablog tient encore à chaleureusement remercier Antoine pour son travail sur ces tutos et sa sympathie 😉

Liens utiles :




Comment créer une belle Framacarte avec un compte ? (Tutos uMap 3/4)

Juste avant Noël, nous vous présentions Framacartes, un service de création de cartes personnalisées pour vos sites web, communautés, randos, chasses au trésor… Framacartes est basé sur le logiciel Umap, qui permet d’ajouter des points, tracés et polygones sur les fonds de cartes d’OpenStreetMap.

C’est alors qu’Antoine Riche, ingénieur informatique, Contributeur et Formateur OpenStreetmap, nous a contactés pour nous présenter sa série de tutoriels (libres, eux aussi) pour apprendre à maîtriser uMap (et donc Framacartes) à toute la famille Dupuis-Morizeau.

C’est avec son autorisation (et de chaleureux remerciements) que nous reproduirons sur le framablog les quatre premiers tutos (le niveau « débutant ») afin d’en faire profiter le plus grand nombre.

Nous avons commencé par nous familiariser avec uMap pour profiter pleinement d’une Framacarte

Puis, nous avons vu comment créer sa première Framacarte

Cette semaine, créons un compte afin de faire de bien jolies cartes et de ne pas les perdre !

J’utilise un compte et crée une belle carte

Ce que nous allons apprendre

  • Utiliser un compte pour retrouver ses cartes
  • Changer la forme, la couleur et le pictogramme d’un marqueur
  • Créer et modifier une ligne ou un polygone

Procédons par étapes

Nous avons appris dans le tutoriel précédent comment créer une carte anonyme contenant un marqueur. Nous allons à présent créer une carte plus complète : la carte de nos vacances au Camping de la plage Goulien sur la Presqu’île de Crozon en Bretagne.

Au lieu de créer une carte anonyme, nous allons utiliser un compte pour créer cette carte.

1. Utiliser un compte

uMap permet d’associer ses cartes à un compte. Cela présente deux avantages importants par rapport à la création de cartes anonymes :

  • les cartes créées avec un compte constituent un catalogue permettant d’accéder facilement à ses cartes
  • on peut modifier chaque carte du catalogue sans avoir besoin de conserver un lien d’édition

Le logiciel umap ne gère pas directement de comptes utilisateurs : la gestion des comptes dépend de la configuration du logiciel. Sur https://framacarte.org, nous vous proposons d’utiliser un compte OpenStreetMap. Si vous n’avez pas de compte, c’est le moment de vous inscrire sur le site www.openstreetmap.org : cliquez Créer un compte dans le coin supérieur droit et suivez les instructions – une adresse mail vous sera demandée (plus d’infos).

framacarte connexion

Cliquez sur Connexion / Créer un compte puis sur le pictogramme correspondant au compte que vous souhaitez utiliser. Apparaît alors la page de connexion du site : saisissez le nom d’utilisateur et le mot de passe. La page suivante vous demande d’autoriser l’application uMap à utiliser ce compte : accordez cet accès. Vous retrouvez alors la page d’accueil de uMap, sur laquelle le lien de connexion a laissé la place à un lien Mes cartes vous permettant d’accéder à l’ensemble des cartes créées avec ce compte.

framacarte compte 3

Notez l’URL de la barre d’adresse quand vous consultez votre catalogue de cartes : celle-ci contient le nom de votre compte – par exemple https://framacarte.org/fr/user/PouhiouNoenaute/. Vous pouvez l’utiliser pour accéder à votre catalogue de cartes, même sans être connecté à votre compte : vous pouvez diffuser cette URL, les récipiendaires ne pourront pas modifier vos cartes.

Toutes les cartes que vous créez en étant connecté à votre compte sont ajoutées à votre catalogue.

2. Créer un joli marqueur

Commençons par créer une carte : donnons-lui un nom, définissons une emprise et ajoutons un marqueur à l’emplacement du camping. Nous avons vu dans le tutoriel précédent comment effectuer ces opérations.

umap_marqueur_props

Ce gros marqueur bleu n’est pas très explicite pour figurer un camping. Remédions à cela. Dans le panneau latéral visible lorsqu’un marqueur est sélectionné, le menu Propriétés avancées permet de modifier l’apparence du marqueur :

  • Couleur : cliquer sur Hériter permet de choisir une couleur.
  • Forme de l’icône : le choix Par défaut correspond au marqueur actuel, les autres choix sont Cercle, Goutte et Épingle.
  • Symbole pour le marqueur : cliquer sur Ajouter un symbole pour choisir parmi une centaine de pictogrammes. Notez que le symbole n’est affiché que pour les formes d’icônes Par défaut et Goutte.
  • Étiquette : choisir Oui permet d’afficher en permanence le nom associé au marqueur

Voici le marqueur obtenu avec les propriétés ci-contre :

umap_camping

Modifier un marqueur

Pour modifier un marqueur de la carte, deux possibilités s’offrent à vous :

  • un clic sur le marqueur affiche le panneau qui vous permet de modifier son nom et sa description
  • un glisser-déposer vous permet de déplacer le marqueur sur la carte

3. Créer une ligne

Le premier jour de vacances nous allons en kayak de mer jusqu’à la Pointe de Dinan à l’ouest de la plage de Goulien. Traçons l’itinéraire suivi.

umap_lineLe bouton Dessiner une ligne permet de tracer, point par point, une ligne constiutée de plusieurs segments. Cliquez à nouveau sur le dernier point tracé pour terminer la ligne : apparaît alors à droite un panneau permettant de donner un nom et une description à la ligne, comme pour les marqueurs.

Modifier une ligne

A tout moment vous pouvez sélectionner une ligne en double-cliquant dessus. Vous pouvez alors éditer ses propriétés dans le panneau latéral, ou modifier son tracé sur la carte :

  • supprimer un point de la ligne, matérialisé par un carré blanc, en cliquant dessus
  • déplacer un point par un glisser-déposer
  • insérer un point en cliquant sur un carré gris se trouvant au milieu de chaque segment
  • allonger la ligne avec un Ctrl-Clic lorsque le curseur est placé sur le premier ou dernier point
  • couper la ligne en deux : Clic droit sur un point puis choisir l’option Scinder la ligne

umap_ligne

Propriétés d’une ligne

umap_ligne_props
Les propriétés avancées d’une ligne permettent de définir sa couleur et d’autres paramètres définissant son style :

  • l’épaisseur est définie en nombre de pixels, sa valeur par défaut est 3 : saisir une valeur plus grande pour un trait plus large (qui sera plus facile à sélectionner).
  • l’opacité est un nombre entre 0 (transparent) et 1 (opaque), sa valeur par défaut est 0.5. Plus le trait est épais plus il peut être transparent.
  • la simplification du tracé définit la précision du tracé en nombre de pixels : le tracé s’adaptera au niveau de zoom. Il est en général inutile de modifier cette valeur pour un tracé réalisé à la main.
  • les pointillés sont définis par une série de chiffres séparés par des virgules : nombre de pixels affichés, nombre de pixels cachés, etc. L’épaisseur du trait doit être prise en compte : plus les traits sont épais plus les intervalles doivent être grands.

Voici le style de trait obtenu avec les propriétés ci-contre :

umap_ligne_tirets

4. Créer un polygone

Le second jour de vacances nous louons un dériveur et naviguons dans la zone définie par le club nautique. Ajoutons cette zone à la carte.

umap_polygonLe bouton Dessiner un polygone permet de tracer le périmètre d’un polygone point par point, et de le terminer en cliquant à nouveau sur le dernier point comme pour le tracé d’une ligne. Une différence toutefois : dès le troisième point l’intérieur du polygone est coloré.

Propriétés d’un polygone

La liste des propriétés d’un polygone est assez longue. On y retrouve les mêmes propriétés que pour les lignes (couleur, opacité, etc.) : celles-ci s’appliquent au périmètre du polygone. Plus bas nous trouvons des propriétés spécifiques aux polygones :

  • les options trait et remplissage permettent de ne pas afficher le périmètre ou l’intérieur du polygone : si aucun de ces deux éléments est affiché le polygone est invisible.
  • la couleur du remplissage est par défaut celle du trait, mais peut être modifiée.
  • l’opacité du remplissage varie de 0 à 1, elle peut être très légère pour un polygone.

Deux autres options propres aux polygones sont disponibles :

  • lien externe : spécifier une URL aura pour effet d’ouvrir le page Web correspondante lorsque l’utilisateur clique sur le polygone.
  • Cliquable : choisir la valeur non ne permettra pas à l’utilisateur de sélectionner le polygone, donc de voir son nom et sa description dans une popup. Cela peut être utile pour définir la zone d’intérêt de la carte, qui ne porte pas elle-même d’information utile.

Un polygone non-cliquable ne peut plus être sélectionné sur la carte même en mode édition. Il faut pour cela passer par l’opération Visualiser les données disponible dans le sélecteur de calque, puis éditer l’élément correspondant dans la liste des données.

Faisons le point

Notre deuxième carte est déjà plus intéressante que la première, et en plus nous savons comment la retrouver facilement. Nous verrons dans le prochain et dernier tuto comment personnaliser notre carte.

Liens utiles :




Comment créer sa première Framacarte ? (Tutos uMap 2/4)

Juste avant Noël, nous vous présentions Framacartes, un service de création de cartes personnalisées pour vos sites web, communautés, randos, chasses au trésor… Framacartes est basé sur le logiciel Umap, qui permet d’ajouter des points, tracés et polygones sur les fonds de cartes d’OpenStreetMap.

C’est alors qu’Antoine Riche, ingénieur informatique, Contributeur et Formateur OpenStreetmap, nous a contactés pour nous présenter sa série de tutoriels (libres, eux aussi) pour apprendre à maîtriser uMap (et donc Framacartes) à toute la famille Dupuis-Morizeau.

C’est avec son autorisation (et de chaleureux remerciements) que nous reproduirons sur le framablog les quatre premiers tutos (le niveau « débutant ») afin d’en faire profiter le plus grand nombre.

La semaine dernière nous nous sommes familiarisés avec uMap pour profiter pleinement d’une Framacarte

Cette semaine, voyons comment créer sa première Framacarte 😉

Je crée ma première carte uMap

Ce que nous allons apprendre

  • distinguer le mode édition du mode consultation
  • identifier les étapes nécessaires pour créer une carte
  • produire une première carte et la diffuser !

Procédons par étapes

L’objet de notre première carte est simple : positionner un ou plusieurs lieux (domicile, vacances, travail, etc.). Procédons par étapes.

1. Le mode édition

Rendez-vous sur le site https://framacarte.org et cliquez sur le bouton Créer une carte. Apparaît alors sur votre navigateur une carte qui se présente ainsi :

umap_edition

 

Nous retrouvons à gauche les boutons disponibles lors de la consultation d’une carte. Plusieurs éléments visibles au-dessus et à droite de la carte sont visibles uniquement lorsque l’on crée ou modifie une carte, c’est-à-dire dans le mode édition :

  • le nom de la carte en haut à gauche
  • les boutons Annuler et Enregistrer en haut à droite
  • à droite une série de 3 boutons permettant d’ajouter des éléments à la carte : marqueurs, lignes et polygones
  • en-dessous une série de 5 boutons permettant de configurer la carte

2. Nommer la carte

umap_parameters

umap_set_nameUne carte doit porter un nom qui renseigne sur ce que représente la carte. Pour définir le nom de la carte, cliquez sur le bouton Éditer les paramètres.

Un panneau apparaît sur la droite de la carte, il contient en haut un champ de saisie pour le nom de la carte, qui contient le texte Carte sans nom : placez le curseur dans ce champ, supprimez le texte existant et saisissez le nom de votre carte, par exemple Mon domicile.

Notez que le nom en haut à gauche de la carte est immédiatement modifié. Vous pouvez également saisir un texte plus long dans le champ description, qui apparaîtra dans le panneau de légende – nous y reviendrons.

Maintenant sauvegardez la carte avec le bouton Enregistrer : un texte en anglais est affiché en haut de la carte, comme celui ci-dessous.

umap_create_anonymous

Ce texte explique que vous venez de créer une carte anonyme et vous donne un lien (une URL) pour pouvoir modifier la carte. En effet la carte que vous avez créée n’est associée à aucun compte, et uMap considère que seules les personnes ayant ce lien secret peuvent la modifier. Vous devez donc conserver ce lien si vous souhaitez pouvoir modifier la carte. Nous verrons dans le prochain tutoriel comment créer son catalogue de cartes en utilisant un compte, il n’est alors pas nécessaire de conserver de lien secret.

3. Ajouter un marqueur

Commencez par déplacer et zoomer la carte pour visualiser l’endroit précis de votre domicile, lieu de vacances ou de travail.

umap_point Cliquez ensuite sur le bouton Ajouter un marqueur. Le curseur prend la forme d’un signe + et est accompagné d’un marqueur de couleur bleue. Déplacez le curseur sur le lieu que vous voulez marquer et cliquez avec le bouton gauche de la souris : le marqueur est déposé à cet endroit et un panneau apparaît à droite.

umap_marqueurCe panneau vous permet d’associer un nom et une description au marqueur :

  • le nom sera affiché au survol du marqueur par la souris
  • le nom et la description seront visibles dans une fenêtre dite popup qui apparaîtra lors d’un clic sur le marqueur.

Nous verrons plus loin l’utilité des calques, et comment modifier les propriétés du marqueur : forme, couleur, pictogramme, etc.

Répétez l’opération pour ajouter les marqueurs que vous jugez utiles à votre carte.

4. Définir l’emprise de la carte

Il est important de définir l’emprise initiale de la carte, c’est-à-dire la partie du planisphère qui sera affichée lors de la consultation de la carte.

Cette emprise doit inclure votre marqueur et permettre de situer la carte. Il convient de trouver un compromis entre un zoom trop éloigné et un zoom trop rapproché. Le bon compromis dépend essentiellement du contenu de la carte : la majorité des marqueurs, lignes et polygones doivent être visibles et utiliser au mieux l’étendue de la carte.

Vous pouvez aussi considérer le public de la carte : une carte expédiée à votre voisin peut être très zoomée, une carte envoyée un correspondant étranger doit permettre de reconnaître le pays où se trouve votre carte.

umap_extentPour définir l’emprise, déplacez et zoomez la carte afin d’afficher l’emprise souhaitée puis cliquez sur le bouton Enregistrer le zoom et le centre actuels.

uMap enregistre en réalité le centre et le niveau de zoom. Selon la taille de la fenêtre où est affichée la carte, la partie visible pourra varier. Il est utile de prévoir une marge autour du contenu de la carte.

5. Enregistrer la carte

Toute modification de la carte doit être sauvegardée sur le serveur uMap en cliquant sur le bouton Enregistrer en haut à droite. Cette opération enregistre toutes les modifications depuis la dernière sauvegarde : vous pouvez donc réaliser plusieurs modifications à la suite puis les enregistrer. A l’inverse le bouton Annuler permet de supprimer toutes les modifications depuis la dernière sauvegarde.

Après avoir enregistré les modifications, le bouton Annuler est remplacé par Désactiver l’édition. Cela vous permet de quitter le mode édition pour voir la carte en mode consultation. Vous pouvez alors tester votre carte : cliquez sur le marqueur pour afficher la popup et vérifier son nom et sa description.

Félicitations ! Vous avez créé votre première carte uMap. Vous pouvez la diffuser à votre entourage en copiant son URL dans la barre d’adresse du navigateur, ou en copiant son URL courte disponible dans le menu Partager vu dans le tutoriel Je consulte une carte uMap.

Faisons le point

Votre première carte est créée, en quelques étapes. L’opération est assez simple, mais le résultat est somme toute assez sommaire. Le tutoriel de la semaine prochaine nous permettra de créer une jolie carte.

Liens utiles :




Comment consulter une Framacarte ? (Tutos uMap 1/4)

Juste avant Noël, nous vous présentions Framacartes, un service de création de cartes personnalisées pour vos sites web, communautés, randos, chasses au trésor… Framacartes est basé sur le logiciel Umap, qui permet d’ajouter des points, tracés et polygones sur les fonds de cartes d’OpenStreetMap.

C’est alors qu’Antoine Riche, ingénieur informatique, Contributeur et Formateur OpenStreetmap, nous a contactés pour nous présenter sa série de tutoriels (libres, eux aussi) pour apprendre à maîtriser uMap (et donc Framacartes) à toute la famille Dupuis-Morizeau.

C’est avec son autorisation (et de chaleureux remerciements) que nous reproduirons sur le framablog les quatre premiers tutos (le niveau « débutant ») afin d’en faire profiter le plus grand nombre.

Cette semaine, on apprend tout simplement à se familiariser avec uMap et à profiter pleinement d’une Framacarte !

Je consulte une carte uMap

Ce que nous allons apprendre

  • Manipuler une carte uMap
  • Partager une carte uMap
  • Connaître les principales fonctionnalités de uMap

Procédons par étapes

1. Manipuler la carte

Vous avez reçu par mail un lien vers une carte umap. Voici les principaux éléments de la carte, et les opérations disponibles pour la manipuler. La carte umap représentée ci-dessous est disponible ici.

utiliser_une_framacarte

À droite de la carte et selon le choix de son auteur peut être affiché un des deux panneaux suivants :

  • Légende : le titre de la carte, une description éventuelle, et la liste des calques
  • Visualiser les données : l’ensemble des éléments de la carte, répartis par calques (voir plus bas)

Le panneau Légende peut être affiché en cliquant sur le mot “Légende”, toujours visible en bas à droite de la carte.

Comme pour la plupart des cartes interactives vous pouvez :

  • déplacer la carte par un glisser-déposer
  • effectuer zooms avant et arrière avec les boutons + et -, ou avec la molette de la souris
  • sélectionner un élément de la carte par un clic de la souris : apparaît alors une fenêtre popup affichant une description de l’élément. Celle-ci peut inclure du texte, une image, un lien vers un site Web. Dans notre exemple la description de chaque cinéma contient une image qui est un lien sur le site Web du cinéma.

Remarque : les boutons en haut à gauche de la carte, ainsi que la barre de légende, peuvent ne pas être disponibles si l’auteur de la carte a choisi de les cacher.

Voyons maintenant quelques fonctionnalités propres à umap.

2. Le sélecteur de calques

Les éléments d’une carte umap peuvent être répartis dans plusieurs calques, ou couches. Cela permet de structurer une carte, pour qu’elle soit plus claire et plus facile à maintenir. L’utilisateur peut choisir d’afficher ou cacher chaque calque individuellement.

umap_calquesLe sélecteur de calques est l’icône visible en haut à gauche de la carte sous les boutons de zoom. Lorsque vous positionnez la souris sur ce bouton, la liste des calques apparaît, vous pouvez alors afficher ou cacher chaque calque, ou encore centrer la carte sur le contenu d’un calque.
umap_selecteur_calquesDans cet exemple le calque “Stations Bicloo” est caché : cliquer sur l’oeil de ce calque permet de l’afficher.

La liste des calques, avec éventuellement un descriptif de chaque calque, est aussi visible dans la légende de la carte.

3. Le bouton Plus

umap_plusSous le sélecteur de carte est visible un bouton portant le texte “Plus”. Un clic sur ce bouton fait apparaître une série de boutons.

 

umap_home permet de retourner à la page d’accueil de umap.
umap_geoloc permet de vous géolocaliser1), c’est-à-dire centrer la carte sur votre position actuelle.
umap_search permet de chercher une localité et de centrer la carte dessus : saisissez le nom d’une commune et tapez sur Entrée.
umap_share permet de partager la carte ou d’en exporter les données. Un panneau à droite de la carte est affiché, il est expliqué ci-dessous.
umap_layers affiche à droite plusieurs fonds de carte : cliquer sur l’un d’eux change le fond de la carte.
 umap_edit est utile pour améliorer la carte OpenStreetMap – ce qui sort de l’objet de ce tutoriel.
 umap_measure est un outil de mesure. Activer cet outil a deux effets : d’une part il affiche la longueur des éléments linéaires de la carte et l’aire des éléments surfaciques ; d’autre part il vous permet de tracer sur la carte une ligne dont la longueur est affichée. Cliquez à nouveau sur le bouton pour désactiver cet outil.

Partager la carte

Le panneau de partage de la carte offre trois possibilités. Votre choix dépend de la manière dont vous souhaitez partager la carte :

  • URL courte permet de copier une URL abrégée – équivalente à l’URL de la carte – que vous pouvez par exemple envoyer dans un mail.
  • Embarquer la carte en iframe permet d’inclure la carte dans une page Web : il suffit de copier le code HTML et de l’insérer dans celui de votre page Web. Plusieurs options sont disponibles dans le menu Options d’export de l’iframe : taille de la carte, choix des boutons inclus dans la carte, etc. Activez ou désactivez ces options avant de copier le code HTML.
  • Télécharger les données permet d’obtenir les données visibles sur la carte, dans différents formats. Cela peut vous permettre d’utiliser ces données avec un autre outil.

 

umap_donnees4. Visualiser les données

La liste des éléments de la carte peut être affichée avec un clic sur Visualiser les données, accessible depuis le sélecteur de calques, la barre de légende, ou encore en haut du panneau Légende.

Le panneau alors visible à droite montre l’ensemble des éléments de la carte, organisés par calques. La loupe à gauche de chaque élément permet d’afficher sur la carte la popup décrivant cet élément. Le texte de saisie au-dessus de la liste permet de rechercher un élément, en ne montrant que ceux dont le nom contient le texte saisi.


Faisons le point

Ce premier tutoriel nous a permis de découvrir les principales fonctionnalités d’une carte uMap. La semaine prochaine nous apprendrons à créer une telle carte.

 

Notes :

1) La géolocalisation exige de demander l’autorisation de l’utilisateur, votre navigateur Web peut donc vous demander d’accepter ou activer la géolocalisation

Liens utiles :




CHATONS, le collectif anti-GAFAM ?

Suite à la mise en place de la campagne Dégooglisons Internet, Framasoft souhaite impulser la création d’un Collectif d’Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires (C.H.A.T.O.N.S. ! 😛 ).

Ce collectif rassemblerait les organisations souhaitant proposer des services alternatifs à ceux de GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), respectueux de la vie privée des utilisateurs.

Le projet n’en est qu’à ses débuts et ne sera pas ouvert au public avant plusieurs mois, mais ce billet permet d’informer les actuels hébergeurs de services libres de l’initiative.

Rappel des épisodes précédents

Depuis son lancement en octobre 2014, notre campagne « Dégooglisons Internet » a rencontré d’excellents échos. Que cela soit dans la presse, ou bien entendu, auprès du public.

Rappelons que ce projet, qui s’étale sur plusieurs années, vise à résister à la colonisation du web par Google, Apple, Facebook, Amazon ou Microsoft (GAFAM pour les intimes, et la totalité des internautes sont, justement, très intimes avec eux).

Pour cela, nous nous étions fixés trois objectifs :

1 – Sensibiliser le grand public aux dangers (avérés, mais surtout à venir) d’une trop grande centralisation des services web :

  • dépendance à des outils contrôlés à distance par d’autres ;
  • marchandisation de nos données personnelles ;
  • surveillance généralisée facilitée pour les états (telle que révélée entre autre par Edward Snowden) ;
  • frein à l’innovation du fait de la puissance financière de ces sociétés. Pour information, Alphabet, la maison mère de Google, est la première capitalisation boursière mondiale (la seconde étant… Apple). Jamais notre monde n’a connu d’entreprises aussi riches ;
  • un « débordement » du cadre web qui devrait nous interroger (voiture sans chauffeur, investissement dans les biotechnologies, la robotique, des projets pas du tout farfelus pour connecter toute la planète, des objets connectés surveillant nos faits et gestes, des incursions dans le domaine politique, etc.).

2 – Démontrer que le logiciel libre était une alternative (probablement la seule, d’ailleurs) aux services de GAFAM.

Pour cela, nous avons mis en place plus d’une quinzaine de services en ligne respectueux de vos données. Et une quinzaine d’autres devraient suivre dans les 18 prochains mois.

3 – Essaimer notre démarche, afin de ne pas nous-mêmes devenir un « espace centralisé »

framasoft-campagne-2103_ll-de-mars_licence-art-libre

 

Un bilan positif

Sur le premier point (sensibilisation), nous sommes satisfaits du résultat :

Sur le second point (démonstration), il semblerait que ça soit plutôt vous, le public, qui êtes satisfaits 🙂 :

Sur le troisième point (essaimage), il semblerait que la rencontre ait eu lieu : nous avons appris (parfois par hasard !) que de nombreux « clones » de nos services avaient été mis en place (Diaspora Nouvelle Donne, Framadate ici ou , MyPads, etc.)

 

Carte Dégooglisons Internet
Carte Dégooglisons Internet

Mais aussi des faiblesses

Pourtant, nous savons que nous allons dans le mur !

Pour l’instant, nous n’avons pas de problème pour fournir le service. Grâce à vos dons, nous avons pu embaucher un administrateur système à temps plein, ce qui va nous permettre de stabiliser l’infrastructure technique (une quarantaine de machines virtuelles, tout de même).

Cependant, cette croissance permanente n’est pas tenable à long terme.

Certes, nous pourrions demander plus de dons, pour embaucher plus, maintenir plus de machines. Mais cela ne nous parait pas être une bonne solution : nous n’avons pas envie de courir derrière l’argent, et surtout cela ferait de Framasoft, à terme, un service centralisateur du même type que celui contre lequel nous essayons de résister !

Et, non, pour répondre à une demande récurrente, il n’est pas question pour nous de proposer des services payants, car nous n’avons pas envie de gérer des clients. Ça, c’est le travail d’entreprises du libre (et elles ne manquent pourtant pas). Framasoft est une petite association et ce statut nous convient tout à fait.

Framasoft : une AMAP du libre ?

Vous pouvez voir Framasoft comme une AMAP du logiciel libre, en quelque sorte. Ce type d’organisation ne fait sens que si la taille en reste raisonnable, que s’il y a proximité entre le producteur (Framasoft) et les utilisateurs (vous !).

Dit plus clairement : nous ne cherchons pas de solution technique ou financière à une crise de croissance. Même si cela peut paraître paradoxal, nous souhaitons d’ores et déjà anticiper le ralentissement de cette croissance ! 🙂

Une forme de sobriété volontaire qui pourra sans doute en étonner certains, mais qui parait relativement logique si on ne souhaite pas « industrialiser » les processus car cette industrialisation, justement, génère des effets de bords négatifs pour la vie privée de nos utilisateurs. Nous sommes fiers de notre indépendance (grâce à vos dons), et de notre côté « artisan du web » qui peut encore prendre le temps de discuter/débattre avec ses utilisateurs.

Des chatons (et de la bière ?) pour libérer le monde !

Pour les raisons évoquées ci-dessus, Framasoft souhaite aujourd’hui renforcer son objectif d’essaimage.

Nous nous proposons aujourd’hui d’impulser la création d’un collectif nommé C.H.A.T.O.N.S. pour : Collectif d’Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires.

Pour faire court, CHATONS serait un peu aux services libres ce que la Fédération FDN est aux fournisseurs d’accès internet libres : un moyen de rassembler, de mutualiser, de décentraliser, de donner de la visibilité, de fédérer autour de valeurs communes, de faciliter l’essaimage, mais sans pour autant centraliser, rigidifier, contrôler ces structures.

 

Chat et bières

Pour faire plus long, reprenons les objectifs possibles d’un tel collectif, dont nous souhaitons faciliter l’émergence :

1 – Rassembler

Il existe en fait déjà de nombreux hébergeurs de services en ligne libres et alternatifs, dont certains existent depuis bien, bien plus longtemps que Framasoft.

Citons, par exemple (et par ordre alphabétique) :

L’un des objectifs serait de proposer à ces différentes structures, si elles le souhaitent, de rejoindre le collectif.

2 – Mutualiser

Les libristes aiment leur indépendance, elle est parfois une force qui nous permet de faire preuve d’innovation, de résilience, de créativité, de réactivité. Et elle est parfois un faiblesse, qui nous fait réinventer la roue, non pas par plaisir, mais juste par ignorance que d’autres ont déjà trouvé une solution à notre problème.

L’un des objectifs serait de partager l’information et les bonnes pratiques, sans pour autant imposer ces dernières.

3 – Décentraliser

Framapad est en rade ? Vous cherchez un service de sondages plus poussé que Framadate ? Vous voulez quitter Gmail, sans savoir chez quel fournisseur prendre votre email ?

Framasoft ne couvre pas l’ensemble des besoins, et ne propose aucune garantie de disponibilités dans ses Conditions Générales d’Utilisation. Il serait donc utile de répartir la charge et les services sur différentes organisations, non seulement pour éviter les silos de données, mais aussi pour s’assurer de ne laisser aucun utilisateur dans l’impasse.

L’un des objectifs serait de mettre en réseau les différentes organisations volontaires, afin qu’elles puissent proposer des services complémentaires (voir redondants) aux utilisateurs.

4 – Donner de la visibilité

Parmi les soucis que Framasoft rencontre, il y a le fait que nous sommes loin de connaître toutes les hébergeurs libres et alternatifs en France ou à l’étranger.

Pour prendre un exemple parmi beaucoup d’autres, nous avons découvert presque par hasard l’association Nanterasso (qui dépend du GUL Nanterrux). Il y a sans doute de nombreuses autres associations de ce type en France.

D’autres structures existantes, comme ouvaton.coop, mériteraient sans doute un coup de projecteur.

L’un des objectifs serait de rendre visible, sur un site web, les différentes structures membres du collectif, ainsi que leurs offres.

5 – Fédérer

Évidemment pour qu’un collectif fonctionne, il faut que ses membres se retrouvent autour de valeurs communes. Sans elles, on finit par ne plus savoir ce qu’on fait là, ce qu’on partage avec l’autre, ni ce qui nous rassemble.

Nous proposons que le collectif rédige :

  • un manifeste, pour poser noir sur blanc les valeurs défendues ;
  • une charte, permettant à chacun de connaître les règles de gestion du collectif.

L’un des objectifs serait donc de fixer ensemble les règles communes permettant aux membres du collectif de pouvoir promouvoir et défendre efficacement les valeurs qui les rassemble.

6 – Essaimer

Le collectif CHATONS est un collectif « sans compétition » : le but ne doit pas être d’avoir le plus grand nombre d’utilisateurs, puisque les membres souhaitent décentraliser les services. Par conséquent, le collectif veillera à faciliter la création et l’accueil de nouveaux membres.

L’un des objectifs serait d’abaisser « la barrière à l’entrée » pour les nouveaux entrants. Plus il y aura de chatons actifs respectant la charte et le manifeste, mieux cela vaudra pour le collectif.

7 – Partager

Trouver des tutoriels expliquant comment mettre en place tel ou tel service, c’est bien. Mais cela ne permet de réduire efficacement l’écart entre « ceux qui utilisent » et « ceux qui savent comment ça marche ». Nous devons faire de l’éducation populaire, en partageant avec les utilisateurs de nos services. Nous devons être à leur écoute, y compris devant des questions qui nous paraissent parfois naïves : « Au fait, par où passe mon email quand je clique sur « Envoyer », et que l’ordinateur de mon destinataire est éteint ? », « Mais un logiciel propriétaire, ça ne veut pas dire que je suis propriétaire de mes données, justement ? », « Quel problème y a-t-il à utiliser GMail ? C’est gratuit et ça marche bien, non ? »

Ces questions, on nous les pose souvent, mais notre expérience a montré que nous y répondions moins bien par email que quand nous étions face aux personnes, une bière (ou autre breuvage) à la main. L’explication passe mieux, non pas parce que nous serions plus clairs après avoir bu une pinte, mais parce que nous échangeons sur un pied d’égalité avec nos interlocuteurs, qui nous apprennent aussi de leurs usages, de leurs pratiques. Si nous voulons informer objectivement le public pour qu’il puisse faire des choix éclairés, il nous faut le rencontrer, lui parler, échanger, partager. Et sortir de notre tour d’ivoire.

L’un des objectifs serait donc de consacrer du temps à des temps de partages (et non comme souvent des temps d’informations distanciés, parfois professoraux ou dogmatiques), cela n’étant possible que si le collectif dispose d’un réseau suffisamment étendu géographiquement.

Les adminsys de Framasoft en plein dépannage de Framapad
Nos adminsys en plein dépannage de Framapad

Et maintenant ?

Voilà pour l’idée dans les grandes lignes.

Mais, même si nous savons que le diable se cache dans les détails, nous ne souhaitons – volontairement – pas aller beaucoup plus loin pour le moment, afin de faciliter la participation et le débat.

Ce qui a été fait :

  • Nous avons déjà contacté en amont quelques structures (notamment celles citées plus haut), ce qui ne veut évidemment pas dire que la participation est close ! (cf « Vous souhaitez devenir un chaton ? » ci-dessous)
  • Nous avons déjà commencé la rédaction d’un Manifeste et d’une Charte (en version 0.1, il ne s’agit que d’un brouillon de proposition, les versions finales n’auront probablement rien à voir)
  • Nous avons réservé le nom de domaine http://chatons.org, mais le site ne sera pas rendu public avant l’été.
  • Nous avons proposé un planning :
    • Janvier à juin 2016 – discussions sur la Charte et le Manifeste
    • 26/01 – annonce “officielle” du projet CHATONS à Brest
    • 9/02 – annonce sur le framablog
    • Avril à juin 2016 – mise en place du site web
    • Juillet – Annonce aux RMLL (si elles ont lieu !)
    • Juillet à Septembre – dernières retouches
    • Octobre – ouverture officielle au public

Précisons tout de suite qu’il ne s’agit pas d’un projet interne à Framasoft, même si c’est Framasoft qui l’impulse. Nous serons à terme un chaton parmi les autres. Cependant, pour pouvoir avancer relativement efficacement, nous avons préféré proposer une base de travail (Charte et Manifeste), ainsi qu’un planning indicatif, afin de ne pas nous perdre dans les discussions trollesques que nous, libristes, apprécions tant 😉

Vous souhaitez devenir un chaton ?

Pour l’instant, nous allons débuter la phase de discussion, donc il est encore un peu tôt pour “postuler”, car nous ne saurions vous accueillir, puisque le collectif n’existe pas 🙂

Cependant, si vous pensez pouvoir apporter quelque chose de concret et tangible aux discussions (et non du “yakafokon”), vous pouvez laisser un message en commentaire du billet (en laissant bien votre adresse courriel dans le champ approprié, qui ne sera pas diffusée, au cas où nous souhaiterions vous recontacter).

Bref, pour l’instant, il ne s’agit que d’une idée, donc il va nous falloir un peu de temps pour la structurer avant de la présenter au public. Mais nous souhaitions la présenter ici, car il ne fait aucun doute que Framasoft consacrera une partie de son énergie à ce projet.

Un chaton, deux chatons... des chatons !
Un chaton, deux chatons… des chatons !

Internet est-il cassé ?

Pas encore, mais il est certain qu’Internet, tel que nous le connaissons, est en train de changer. Et pas forcément dans le bon sens.

Face à ce mouvement de concentration, qui pourrait bien transformer Internet en Googleternet ou Facebookternet, nous ne voyons qu’une seule voie (si vous en avez d’autres à proposer, on prend !) : décentraliser internet en faisant en sorte qu’il demeure tel qu’il a été conçu. Neutre. Ouvert. Interopérable. Libre.

Si nous voulons une économie qui soit aussi sociale et solidaire, il va nous falloir un internet qui soit aussi social et solidaire. Et cela passera entre autre par une diversité d’acteurs indépendants proposant des services web libres, éthiques et respectueux de vos données, décentralisés et solidaires.