Barack Obama sera-t-il un président Open Source ?

Acaben - CC by-saScott McNealy, PDG de Sun, vient tout juste d’être chargé par la Maison Blanche d’élaborer une étude sur l’Open Source. L’occasion pour la BBC d’évoquer dans un récent article la question d’une éventuelle « gouvernance Open Source » de la nouvelle administration américaine, en interrogeant aussi bien l’intéressé que Michael Tiemann (de l’OSI et de Red Hat).

Quelques citations extraites de l’article, traduit par nos soins, pour vous mettre en appétit[1] : « C’est par un accident de l’histoire que les standards propriétaires se sont si tôt et si fortement imposés, entraînant des dépenses colossales dans le budget gouvernemental (…) La philosophie de la démocratie américaine n’est pas simplement par le peuple et pour le peuple, mais aussi avec le peuple (…) Errol Louis décrit M. Obama comme notre premier président Open Source, un dirigeant désireux de voir tout un chacun se demander comment, quand et où s’impliquer. Il a remarqué que la stratégie popularisée par les entreprises de logiciels, qui consiste à donner à d’autres une application pour qu’ils l’améliorent, a maintenant été transposée dans le domaine politique. »

Appels à une gouvernance Open Source

Calls for open source government

Maggie Shiels – 21 janvier 2009 – BBC News
(Traduction Framalang : Goofy, Don Rico)

Le secret d’une gouvernance plus économe et plus sûre consiste à passer par des technologies et logiciels Open Source.

Cette proclamation vient d’une des figures les plus respectées parmi les entrepreneurs de la Silicon Valley, le cofondateur de Sun Microsystems Scott McNealy.

Il a révélé qu’on lui avait demandé de préparer un rapport sur cette question pour la nouvelle administration.

« Intuitivement, il est évident que l’Open Source est moins coûteux et plus efficace que le logiciel propriétaire », a-t-il déclaré.

« L’Open Source ne vous réclame pas de verser le moindre centime, ni à Microsoft, ni à IBM ou Oracle, pas la moindre somme à une quelconque entreprise de logiciels propriétaires. »

Améliorations

M. McNealy a déclaré à la BBC qu’il voulait s’assurer que le gouvernement ne serait pas pieds et poings liés à un fournisseur unique ni à une entreprise particulière.

« Le gouvernement devrait préconiser des applications basées sur des références Open Source pour améliorer la sécurité, gagner en qualité logicielle, baisser les coûts, augmenter la fiabilité – tous les bénéfices inhérents aux logiciels Open Source. »

Le langage de programmation Java créé par Sun Microsystems est un produit Open Source qu’utilisent des milliards d’appareils comme les téléphones portables et les ordinateurs. Au lieu d’être une application payante sous copyright, le logiciel Open Source est généralement disponible pour tous, sous une licence qui permet l’usage gratuit et sans restriction, et son code est ouvert à tous pour être consulté, copié et adapté gratuitement.

L’idée sous-jacente, c’est que grâce aux contributions d’un grand nombre de gens, une application va s’améliorer à pas de géant et conserver toute sa pertinence. Un rapport de XMG, société de recherche en technologie globale, mentionne que les entreprises « s’intéressaient aux avantages des logiciels Open Source » en raison du « coût prohibitif » des logiciels propriétaires.

« Des dépenses colossales »

Le président Obama a déclaré être prêt à scruter le budget « ligne par ligne » pour éliminer les dépenses inutiles, mais jusqu’à présent n’a donné aucune indication précise sur la manière dont il comptait procéder.

L’Initiative Open Source (ou OSI) est pleinement solidaire des propositions de M. McNealy, qui constituent à leurs yeux une des solutions majeures que le nouveau président ne peut pas se permettre d’ignorer.

« Scott a tout à fait raison de souligner les avantages qui ont été démontrés tant et plus », confirme Michael Tiemann, le président de l’OSI.

« C’est par un accident de l’histoire que les standards propriétaires se sont si tôt et si fortement imposés, entraînant des dépenses colossales dans le budget gouvernemental. »

Selon M. Tiemann, même si quelques départements utilisent déjà des technologies Open Source, on estime que globalement les sommes perdues dans les logiciels propriétaires se monteraient « à plus d’un trillion de dollars par an » (NdT : soit un million de millions de dollars).

Il a déclaré que le coût minimum pour les États-Unis est de « 400 milliards de dollars, estimation basse. »

« Passer à l’Open Source réduira les coûts et augmentera la productivité, » ajoute M. Tiemann, qui est également vice-président de Red Hat, le prestataire de solutions technologiques Open source leader sur le marché international.

« C’est le genre de changement dont nous avons besoin si nous espérons voir un jour le gouvernement réformer ses capacités opérationnelles et maîtriser ses dépenses. S’ils n’y parviennent pas, c’est encore un coup d’épée dans l’eau. Étant donné l’état actuel des marchés des capitaux, nous ne pouvons plus nous permettre d’en rester au status quo », a-t-il déclaré.

L’Alliance pour les Solutions Libres (Open Solutions Alliance) a estimé que la crise économique actuelle « va conduire à adopter de plus en plus des solutions libres, en raison de leur flexibilité, de leur extensibilité et de leur faible coût. »

Dans le même temps la société de recherche Gartner a bien prévenu que les bénéfices escomptés de l’Open Source ne seraient pas au rendez-vous sans une saine gestion.

« N’espérez pas économiser systématiquement de l’argent avec un logiciel Open Source (OSS), ou avec une quelconque technologie sans une gestion financière efficace », a déclaré l’analyste Mark Driver.

Microsoft et Oracle ont ouvert aux développeurs le code de quelques-uns de leurs logiciels et protocoles.

« Un président Open Source »

Reste à savoir jusqu’à quel point le 44ème président sera réceptif à l’idée de développer les travaux de la nouvelle administration avec les standards Open Source ?

« Le concept d’Open Source est en passe de devenir sous-jacent dans presque tout ce que qu’entreprend l’administration, » a déclaré Michael Tiemann de l’OSI.

« La philosophie de la démocratie américaine n’est pas simplement par le peuple et pour le peuple, mais aussi avec le peuple. »

Il souligne que nous avons déjà vu à l’œuvre l’attachement à cet esprit d’ouverture dans la campagne électorale du président Obama.

« Je pense que nous allons à présent assister à une meilleure acceptation du modèle Open Source dans l’esprit des gens, en Amérique et dans le monde entier. »

Errol Louis, du quotidien New York Daily News, semble d’accord.

Il décrit M. Obama comme « notre premier président Open Source, un dirigeant désireux de voir tout un chacun se demander comment, quand et où s’impliquer. »

Il a remarqué que la stratégie popularisée par les entreprises de logiciels, qui consiste à donner à d’autres une application pour qu’ils l’améliorent, a maintenant été transposée dans le domaine politique.

Bien entendu, le nouveau site Web change.gov se présente comme un portail pour une «gouvernance interactive » et une « démocratie Open Source. »

« Superviser »

M. McNealy a déclaré qu’un nouveau poste de haut responsable de l’information (CIO) était nécessaire pour mener un changement de fond en comble.

Il a ajouté que le CIO devrait avoir « un droit de veto, le droit d’éliminer tout matériel, logiciel ou application en réseau qui affecterait le réseau fédéral. Il ou elle devrait avoir un pouvoir véritable, celui de superviser vraiment et de prendre des mesures effectives à l’encontre de ceux qui ne se conformeraient pas à l’architecture globale. C’est ce que font toutes les entreprises mais que ne fait pas le gouvernement », a-t-il conclu.

M. Tiemann a estimé au contraire qu’un poste de CIO serait « du gaspillage de pouvoir exécutif ».

« Connaissant comme je les connais la structure et la nature du gouvernement fédéral, je ne peux croire à l’intérêt de nommer un CIO qui aurait à imposer sa voix par-dessus des départements qui, indépendamment des obstacles matériels, ont souvent du mal à collaborer. »

« Nommer un CIO reviendrait seulement à créer un poste improductif pour les quatre prochaines années », a déclaré M. Tiemann.

Notes

[1] Crédit photo : Acaben (Creative Commons By-Sa)




Allongement des droits de 50 à 95 ans : bon pour les artistes, les Majors, l’Europe ?

Gisela Giardino - CC by-sa« La Commission européenne, par la voix du libéral-rigide Charlie McGreevy, veut allonger la durée des droits des artistes-interprètes à 95 ans contre 50 ans aujourd’hui. Champagne chez Charles Aznavour, Johnny Hallyday et autres chanteurs dont la carrière a débuté à un époque où la télévision était encore un objet de luxe. Leurs premiers tubes, encore vendus aujourd’hui, ne tomberont pas dans le domaine public, selon l’expression dépréciative commune. Ils ne pourront circuler sur des CD pressés par tout un chacun ou être téléchargés sur le Net sans qu’ils puissent réclamer leur dîme. Sur le papier, ce n’est que justice : pourquoi Charles Aznavour devrait-il ne plus toucher un centime de la vente de ses premiers enregistrements ?[1] Comme bien souvent en matière de propriété intellectuelle, les bons sentiments masquent de mauvaises arrière-pensées. »

C’est ainsi que début un éclairant (et édifiant) article de Florent Latrive Qui veut la peau du domaine public pour faire plaisir à Aznavour ? paru il y a près d’un an sur le site des Écrans. Deux autres articles ont suivi sur le même site permettant d’affiner encore la question et son décryptage : Pétition : Contre l’allongement des droits des artistes-interprètes et Musique : 95 ans de droits pour les interprètes.

Quant à nous, dans la mesure où il n’est pas encore trop tard, nous avons décidé de relayer cet appel à mobilisation de l’Electronic Frontier Foundation en traduisant non seulement le récent communiqué ci-dessous mais en sous-titrant également une vidéo expliquant bien de quoi il en retourne et pourquoi il est important de manifester notre réprobation.

Faites passer et n’oubliez pas de visiter le site Sound Copyright pour signer la pétition !

Prolongement des droits d’auteur dans l’UE : aidez les eurodéputés à entendre un autre son de cloche

EU Copyright Extension: Help MEPs Hear the Other Side

Danny O’Brien – 20 janvier 2009 – Electronic Frontier Foundation
(Traduction et sous-titrage Framalang : Olivier, Don Rico, Xavier et Yostral)

À la lecture de la documentation officielle de la Commission européenne sur la directive prévoyant l’allongement du copyright, on pourrait croire que porter la durée des droits des artistes à 95 ans au lieu de 50 en Europe est une décision généreuse sans aucun effet néfaste. C’est sans doute l’image que souhaite en donner le membre de la commission Charlie McCreevy, lui qui incite le Parlement à mettre au vote cette directive au mois de mars de cette année.

Mais les législateurs de Bruxelles n’entendent qu’un seul son de cloche de la part de ce commissaire. C’est pourquoi, dans le cadre de la campagne contre l’allongement de la durée des droits d’auteur, une réunion va être organisée à Bruxelles où vous et vos eurodéputés êtes cordialement conviés.

Les experts en droits d’auteur européens les plus réputés affirment eux-mêmes que la Commission induit en erreur les Conseil et Parlement européens. Nul n’a encore expliqué aux eurodéputés en quoi cette mesure coûterait des milliards d’euros aux consommateurs européens, alors qu’elle ne rapporterait à la plupart des artistes concernés guère plus de trente euros par an, le plus gros des bénéfices revenant aux plus grosses maisons de disques, les majors. Ils ne se sont pas non plus inquiété des dégâts qu’elle infligerait à un domaine public solide et à l’accès démocratique à l’héritage culturel des pays membres.

En tant qu’acteur de la campagne Sound Copyright, l’Open Rights Group organise une réunion publique le 27 janvier à Bruxelles pour fournir aux eurodéputés des informations objectives sur l’allongement de la durée des droits d’auteur. Écrivez à votre eurodéputé pour lui demander d’y assister, ou mieux encore, faites le déplacement et venez donner vous-même votre avis sur la question.

Si vous désirez connaître davantage de détails sur les dangers de l’allongement de la durée des droits d’auteur, rendez-vous sur le site Sound Copyright, ou regardez le guide vidéo ci-après. Envoyez ensuite ces liens à vos amis européens, et écrivez sans plus tarder à votre eurodéputé.

—> La vidéo au format webm

Notes

[1] Crédit photo : Gisela Giardino (Creative Commons By-Sa)




L’ex-chanteur des Tears for Fears explique son choix des Creative Commons

Curt Smith Official - CC byIl y a ceux qui se morfondent à constater la crise actuelle de l’industrie musicale et qui croient naïvement que la loi Hadopi[1] va résoudre leurs problèmes. Et puis il y a les autres, comme le chanteur Curt Smith, qui nous explique calmement et sereinement en quoi les licences Creative Commons sont un choix contemporain simple et pertinent, pour ne pas dire « naturel », quand on souhaite autoriser la diffusion de sa musique sous certaines condition (ici la non exploitation commerciale).

Curt Smith (à ne pas confondre avec Robert Smith) ne vous dira peut-être rien, mais certains vieux (comme moi) se souviennent de son groupe Tears for Fears dont les quelques chansons suivantes bercèrent la jeunesse new wave des années quatre-vingts : Mad Word, Change, Shout ou encore Sowing the seeds of love.

Depuis Curt Smith[2] poursuit une carrière solo et a donc placé son dernier album Halfway, pleased sous licence Creative Commons By-Nc-Sa. Il s’en explique dans cette interview vidéo donnée le mois de novembre dernier sur le site de Dave Harris RetroRewind. La clarté de ses propos associée au climat tendu que fait régner la « menace Hadopi » nous ont donné envie de faire acte de résistance et de subversion en traduisant et sous-titrant[3] ci-dessous le début de l’entretien.

—> La vidéo au format webm

Notes

[1] La loi Hadopi, rebaptisée « Création et Internet », devrait arriver à l’Assemblée nationale fin février. Nous vous suggérons deux sites pour suivre son hacktualité et mieux en décrypter ses tenants et aboutissants : La Quadrature du Net et Numerama.

[2] Crédit Photo : Curt Smith Official (Creative Commons By)

[3] Remerciements Framalang : Olivier pour la transcription, Don Rico pour la traduction, Xavier pour le sous-titrage et Yostral pour le montage final (sacré travail d’équipe !)




Un exemple de cinéma libre (au sens des logiciels libres)

Zara - CC by-saQu’est-ce qu’un « film libre » ? Est-ce qu’une œuvre cinématographique qui interdit la modification et la commercialisation (typiquement sous licence Creative Commons By-Nd) peut encore se considérer comme tel alors même qu’elle assure pourtant le « minimum syndical » de la libre circulation ? On pourrait alors penser qu’il suffit de lever ces clauses (typiquement avec une licence Creative Commons By-Sa) par avoir à faire avec certitude à du « cinéma libre ». Mais là encore ça peut coincer car quid d’une telle œuvre qui ne fournirait pas ses « sources » (rushes en haute définition, musiques, textes…) ? Le logiciel libre n’a pas le monopole de la liberté mais si l’on se réfère uniquement à la définition donnée par les fameuses quatre libertés du logiciel libre (dont deux nécessitent le code source) alors non nous ne sommes toujours pas en présence d’un « film libre ».

C’est pourquoi, au delà de ses qualités artistiques intrinsèques[1], nous avons trouvé intéressant d’évoquer le film anglophone « en construction » Valkaama en traduisant le billet dédié du blog des Creative Commons (et en ajoutant la bande-annonce ci-dessous). L’occasion de rappeler qu’en France nous avons Ralamax Prod qui tente de faire quelque chose de similaire avec leur projet de film sous licence Art Libre Varsovie-Express.

Les sources du film libre Valkaama disponibles en téléchargement

Files seeded for Valkaama, "open source movie"

Michelle Thorne – 16 janvier 2009 – Creative Commons Blog
(Traduction Framalang : Don Rico)

Les fichiers sources de Valkaama, tout nouveau « film Open Source » collaboratif filmé à Cracovie, en Pologne, ont été mis en ligne. Tim Baumann, son réalisateur, a choisi de de procéder à toute la post-production de ce long métrage de façon ouverte, avec l’aide de bénévoles, qu’ils soient amateurs ou professionnels.

Nous publions sur cette page toutes nos sources audio et vidéo afin de vous donner la possibilité de les utiliser comme matière de base. Si vous souhaitez participer à ce projet, en nous aidant à terminer le film, en créant des montages, en proposant une nouvelle bande-annonce, ou si vous voulez publier quoi que ce soit en rapport avec Valkaama, veuillez nous contacter.

Valkaama est une comédie dramatique qui se déroule en Suède et en Finlande, tournée par les élèves d’une école de théâtre et des amateurs venus de Cracovie et ses environs. On y suit les pérégrinations de deux jeunes gens très différents l’un de l’autre, que le destin pousse sur la route de Valkaama. Leurs chemins finissent par se croiser, mais ils ne se rendent pas compte combien leur voyage est déjà déterminé par leurs passés respectifs.

Les films open-source et à contenu libre restent rares. Valkaama est un des premiers films à être distribué gratuitement, et à garantir en outre l’accès libre à tous les matériaux sources utilisés et créés au cours de sa production. Ce projet est placé sous des licences Creative Commons By-Sa 3.0 afin d’assurer une utilisation et réutilisation très souple du matériau produit. À presque chaque texte, image et vidéo, ainsi que qu’à tous les médias téléchargeables, est associé une licence. Les licences sont même parfois incluses dans les fichiers médias eux-mêmes.

Remixez bien !

Notes

[1] Crédit photo : Zara (Creative Commons By)




Al Jazeera, Gaza et la plus libre des licences Creative Commons

BohPhoto - CC byÉvoquer le conflit à Gaza pour ne parler que de licences données à quelques unes de ses vidéos par une chaîne de télévision va peut-être vous choquer mais il n’en demeure pas moins que c’est une grande première dans le monde des grands médias. Il s’agit en l’occurrence de la chaîne Al Jazeera qui vient d’inaugurer un espace vidéo sous licence Creative Commons avec douze de ses récents reportages sur Gaza.

C’est intéressant parce que Al Jazeera est clairement ici la chaîne d’information la mieux à même de nous fournir des images. C’est également intéressant parce que le choix s’est porté sur la plus libre permissive des licences Creative Commons, à savoir la Creative Commons Attribution (ou Paternité) autorisant alors non seulement la diffusion mais également la modification et l’exploitation commerciale des vidéos en question (qui sont proposés au format Flash mais aussi dans un format en haute résolution). On peut bien entendu s’interroger sur ce qui pousse Al Jazeera à souhaiter que ses vidéos se diffusent ainsi largement mais le fait est que ce choix de licence est le meilleur moyen pour y arriver[1].

Al Jazeera inaugure un dépôt d’archives vidéos sous licence Creative Commons

Al Jazeera Launches Creative Commons Repository

Fred Benenson – 13 janvier 2009 – Creative Commons Blog
(Traduction Framalang : Don Rico)

Al Jazeera vient de mettre en ligne douze vidéos de qualité radiodiffusion tournées à Gaza et placées sous la licence Creative Commons Attribution la moins restrictive. Chaque vidéo, enregistrée par des professionnels, est associée à une page de renseignements détaillée et hébergée sur blip.tv, permettant ainsi le téléchargement facile des fichiers originaux et leur intégration dans Miro. Pour se faire une meilleure idée de la valeur de ces images, voici un extrait d’article paru dans l’International Herald Tribune et le New York Times :

« Dans un conflit où il est presque impossible aux médias d’information occidentaux de tourner des reportages dans Gaza à cause des restrictions imposées par l’armée israélienne, Al Jazeera possède un avantage indéniable : elle se trouvait déjà sur place. »

Plus important encore, grâce aux choix d’une licence CC-BY permissive, tout un chacun peut réutiliser ces vidéos, y compris les chaînes concurrentes, les réalisateurs de documentaires et les blogueurs, à la condition d’indiquer qu’elles proviennent d’Al Jazeera.

Vous trouverez de plus amples renseignements sur le dépôt d’archives CC d’Al Jazeera, et dans notre communiqué de presse. Vous pouvez aussi ajouter le dépôt d’archives d’Al Jazeera à vos flux Miro en cliquant ici.

Notes

[1] Crédit photo : BohPhoto (Creative Commons By)




Quand l’album de Nine Inch Nails bouscule toute l’industrie musicale

Notsogoodphotography - CC byOn risque d’en parler longtemps. Imaginez-vous en effet un album de musique sous licence Creative Commons, disponible gratuitement et légalement sur tous les sites de partage de fichiers, et qui arrive pourtant en tête de meilleurs ventes 2008 sur la très fréquentée plate-forme de vente en ligne Amazon !

Voilà une nouvelle qui fait du bien et qui va à l’encontre de bon nombre d’idées reçues véhiculées notamment par certaines pontes de l’industrie culturelle (et leurs amis politiques). Une véritable petite bombe en fait, surtout en temps de crise. Les mentalités et les comportements évoluent et cela bénéficie indirectement aux logiciels libres qui sont « gratuits » ou « payants » selon que vous décidez ou non de soutenir le logiciel libre considéré[1].

Nine Inch Nails : l’album MP3 sous licence Creative Commons s’est vendu comme des petits pains

NIN’s CC-Licensed Best-Selling MP3 Album

Fred Benenson – 5 janvier 2009 – Creative Commons Blog
(Traduction Framalang : Don Rico)

L’album de Nine Inch Nails (NIN) diffusé sous licence Creative Commons, Ghosts I-IV, a fait un bon nombre de gros titres.

Pour commencer, l’opus a été salué par la critique et récompensé par deux nominations aux Grammy Awards, ce qui atteste la qualité musicale de cette œuvre. Mais ce qui nous emballe vraiment, c’est le formidable accueil qu’a reçu cet album chez les adeptes de musique. En plus d’avoir généré plus d’un 1,6 million de dollars de gains pour Nine Inch Nails dès la première semaine et d’avoir atteint la première place du classement de Billboard dans la catégorie musique électronique, Ghosts I-IV figure à la quatrième place des albums les plus écoutés de 2008 sur Last.fm, fort de 5 222 525 écoutes.

Mais le plus enthousiasmant, c’est que Ghosts I-IV a été l’album MP3 le plus vendu en 2008 sur la plateforme de téléchargements de MP3 d’Amazon.

Songez un peu à ce que ça signifie.

Les fans de NIN auraient pu utiliser n’importe quel réseau de partage de fichiers pour télécharger légalement l’album entier, puisqu’il est sous licence Creative Commons BY-NC-SA. Beaucoup l’on d’ailleurs fait, et des milliers continueront à le faire. Alors pourquoi les fans prendraient-ils la peine de payer des fichiers identiques à ceux qui sont disponibles sur les réseaux P2P ? On peut d’abord l’expliquer la facilité d’accès et d’utilisation des pages de téléchargements de NIN et d’Amazon. Mais il y a aussi le fait que les fans ont compris qu’acheter des fichers MP3 allait directement profiter à la musique et à la carrière d’un groupe qu’ils apprécient.

La prochaine fois qu’on tentera de vous convaincre que produire de la musique sous licence Creative Commons entamerait les ventes de musique numérique, souvenez-vous que Ghosts I-IV a prouvé le contraire, et soumettez cet article à votre interlocuteur.

Notes

[1] Crédit photo : Notsogoodphotography (Creative Commons By)




Licences Creative Commons, reprise des débats !

Kevindooley - CC byDans un billet précédent, aKa constatait que les utilisateurs des licences Creative Commons (ou CC) optaient dans leur grande majorité pour les clauses les plus restrictives qu’elles proposent.

C’est justement le cas de Ryan Cartwright, auteur régulier de billets sur le Free Software Magazine (FSM), surtout connu pour The Bizarre Cathedral, sa série de comic strips ayant pour sujet le monde de GNU/Linux et des logiciels libres. Cartwright a choisi de publier ses vignettes sous la licence CC BY-NC-SA, c’est-à-dire en bon français Attribution / Pas d’utilisation commerciale / Partage à l’identique[1].

Certains ont reproché ce choix à Cartwright, avançant que ces clauses restrictives allaient à l’encontre de l’esprit du logiciel libre et de ses quatre libertés. Dans un billet publié sur le FSM, dont nous vous proposons la traduction, Cartwright a répondu à ces critiques et justifié son choix, expliquant que selon lui des licences adaptées au code et aux logiciels ne pouvaient pas forcément s’appliquer à des œuvres de création, et que ces clauses permettaient surtout de protéger « l’utilisateur final », dans ce contexte le lecteur de The Bizarre Cathedral.

En bonus, je vous livre une traduction à la volée d’une précision sur les arguments de Cartwright publiée sur le site des Creative Commons par Rob Myers (dessinateur, auteur et bidouilleur membre de la FSF et du CC Network) :

Définir la clause SA comme une restriction comparable à la clause NC est une rengaine à la mode, mais erronée. Cartwright en convient mais finit tout de même par écrire que les deux clauses reviennent au même.
Ce n’est pas de la perspicacité, c’est un vieux bobard éculé. La clause SA empêche que soient ajoutées plus tard des restrictions supplémentaires, et la clause NC est une restriction supplémentaire. Qu’y a-t-il de difficile à comprendre ?

Pourquoi la licence de The Bizarre Cathedral est-elle « non libre » ?

Why is the Bizarre Cathedral Licence "Non-Free"

Ryan Cartwright – 21 octobre 2008 – Free Software Magazine
(Traduction Framalang : Joan, Don Rico et Olivier)

Depuis plusieurs semaines je crée les petites bandes dessinées The Bizarre Cathedral pour le magazine Free Software Magazine. Chacun d’entre eux est mis à disposition sous une licence Creative Commons BY-NC-SA : Paternité – Pas d’utilisation commerciale – Partage des conditions initiales à l’identique. J’ai récemment reçu quelques mails arguant du fait que c’est une licence « non-libre » et remettant en question l’usage que j’en fais ici. Certains de ces mails sont très polis, d’autres m’ont demandé de changer immédiatement la licence (sous-entendu « ou sinon… »). Je ne vais pas modifier la licence, et voici pourquoi.

Les quatre libertés s’appliquent au logiciel, pas à l’art

Les quatre libertés ne peuvent s’appliquer aux travaux créatifs – et particulièrement à quelque chose comme une bande dessinée. Il n’y a pas de code source que les utilisateurs pourraient étudier et modifier. Le copyleft par contre peut s’appliquer aux projets artistiques et les licences Creative Commons sont la forme la plus courante de licences copyleft appliquées à des œuvres artistiques. La FSF (à laquelle la plupart de mes correspondants semblent faire référence dans leurs arguments) indique que les licences Creative Commons sont incompatibles avec la GNU GPL ou la GNU FDL.

Chacun de ceux qui m’ont écrit à propos du choix de la licence pense que le problème réside dans la clause « Pas d’utilisation commerciale » (NC). Apparemment je passe du côté « non-libre » en stipulant aux lecteurs qu’ils ne doivent pas vendre mes travaux. Ce que je ne comprends pas, c’est comment les clauses « Partage des conditions initiales à l’identique » et « Paternité » sont plus libres. En 2004, quand le projet Xfree86 – serveur graphique X-Window – à l’époque omniprésent – a ajouté une nouvelle clause à sa licence indiquant qu’une mention de paternité dans le code ne pouvait être retirée, la communauté du logiciel libre s’est mise en action. Il me semble me souvenir que « scandale » était un mot très en vogue à l’époque. Le projet (libre) X.Org fit un fork et devint le serveur de choix. Pourquoi donc une clause de paternité est-elle libre dans le monde de l’art mais pas dans celui du logiciel ?

Tant qu’on y est, la clause « Partage des conditions initiales à l’identique » ne restreint-elle pas également la liberté ? Ne devrait-on pas avoir le droit de distribuer The Bizarre Cathedral sous la licence de son choix ? Certains clament que la licence GNU-GPL n’est pas vraiment libre car le copyleft restreint la liberté des utilisateurs à redistribuer le logiciel. La même chose peut s’appliquer aux licences CC.

Au bout du compte, la recherche de la liberté absolue pour une licence débouche sur une seule conclusion : pas de licence ou domaine public. « Faites-en ce que vous voulez », tel est le message des travaux du domaine public.

Pourquoi j’utilise cette licence « non-libre »

Il existe parfois de bonnes raisons de limiter les libertés de certains pour assurer une plus grande liberté pour tous. C’est la raison pour laquelle on met les assassins en prison – leur liberté est réduite pour assurer au plus grand nombre la liberté de vivre sans être assassiné (en tous cas, c’est la théorie). Le copyleft procède de la même logique, en réduisant certaines libertés lors de la redistribution, il assure une plus grande liberté pour les utilisateurs finaux. C’est pourquoi j’ai choisi la licence CC BY-NC-SA pour The Bizarre Cathedral.

  • BY car je souhaite que les personnes qui obtiennent un seul épisode puissent venir apprécier les autres ici, à FSM.
  • SA car je souhaite que tout le monde ait le même accès aux comic strips.
  • NC car je souhaite que les gens puissent les apprécier sans aucune dépense. Je suis payé pour les faire, donc je veux qu’ils puissent être appréciés sans coût.

Pour préciser davantage mon sentiment sur la clause NC, je ne suis pas foncièrement opposé à la revente de mes travaux, mais par le passé j’ai découvert que certains se les appropriaient et en demandaient des sommes indécentes. Cela a réduit la portée et l’impact du projet. Plus jamais ça. Les licences CC permettent de retirer chaque restrictions que j’impose sur mes travaux sur simple demande. Donc, si vous souhaitez en vendre un, ou une œuvre dérivée, contactez-moi et nous en discuterons. Comme mentionné plus haut, je n’ai pas d’objections à ce qu’on demande de l’argent pour ce que je fais, j’exige simplement qu’on obtienne d’abord ma permission expresse.

Certains ont été un peu troublés par tout ce ramdam autour de la catégorisation « non-libre » due à la clause NC. Pour résumer, voici ce que vous pouvez faire avec les comic-strips The Bizarre Cathedral :

  • Les redistribuer et les partager
  • Les traduire
  • Les utiliser dans d’autres projets
  • Les étudier et les savourer

Vous pouvez faire tout ça à condition de :

  • indiquer la source des originaux
  • ne pas faire payer ceux à qui vous les proposez

La liberté a énormément de valeur à mes yeux : j’écris du logiciel libre, j’écris pour Free Software Magazine, et j’encourage la liberté dans la vie de tous les jours. Je suis en désaccord sur le fait que la clause NC à elle seule rend « non-libre » cette licence. Je dirais plutôt « moins libre » mais je maintiens qu’en soi elle n’est pas vraiment moins libre que les clauses BY ou SA ou que le copyleft. La GPL est-elle « non-libre » parce qu’on ne peut pas l’associer avec une librairie non copyleftée, ou est-elle seulement moins libre que la LGPL ?

Pour finir, et pour que ce soit clair pour tout le monde, The Bizarre Cathedral restera sous licence CC BY-NC-SA pour l’instant.

Notes

[1] Crédit photo : Kevindooley (Creative Commons By)




Espéranto et logiciel libre

L’espéranto m’a toujours fasciné et si j’avais eu sept vies comme les chats, j’en aurais certainement consacré une à son apprentissage. Et ce n’est pas cette conférence qui me fera changer d’avis. Bien au contraire, elle vous pousserait presque à modifier vos plans (et vos bonnes résolutions 2009) pour vous y mettre dès le lendemain.

Intitulée malicieusement Linux, l’espéranto des logiciels / L’espéranto, le Linux des langues elle a été donnée par Tim Morley en juillet 2005 dans le cadre des RMLL de Dijon. Voici ce qu’en disait Thomas Petazzoni sur son blog : « Cette conférence a été vraiment animée de manière excellente par Tim, un anglais maîtrisant très bien le français et l’espéranto. Il a pu présenter ce qu’est l’espéranto, et surtout les points communs entre les valeurs de l’espéranto et celles du logiciel libre. »

Tim Morley est le chef de projet de la traduction d’OpenOffice.org en espéranto. Ne vous arrêtez ni à la durée (env. 1h) ni à la piètre qualité sonore de l’enregistrement car cette vidéo est vraiment très intéressante et méritait bien qu’à la faveur de notre projet Framatube, nous lui donnions une nouvelle visibilité.

—> La vidéo au format webm