Geektionnerd : Framazic

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Sources :

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Ça a débuté comme ça, par un simple tweet sur le peigne liturgique…

Aujourd’hui c’est le top départ de la désormais traditionnelle levée de fonds annuelle et internationale visant à financer et soutenir tous les projets de la fondation Wikimedia, l’encyclopédie Wikipédia en tête.

Vous ne le savez peut-être pas mais les dons collectés en France se partagent pour moitié entre la fondation et l’association Wikimédia France.

Il y a deux ans nous avions relayé un excellent reportage de la télévision suisse qui précisait la destination et illustrait l’usage des dons helvètes. Cette année nous vous proposons de mettre modestement en avant une action parmi tant d’autres de Wikimédia France : le partenariat avec le Musée de Cluny.

Je cite ce dernier (Elisabeth Taburet-Delahaye Conservateur général du Patrimoine, directrice du musée de Cluny et Claire Séguret Responsable adjointe Communication et Mécénat, musée de Cluny sur le blog du Ministère de la Culture) :

L’encyclopédie Wikipedia est aujourd’hui au cœur des pratiques quotidiennes de nos visiteurs, mais également des universitaires et des conservateurs. En mars 2012, Wikimedia Foundation se classe 5e groupe français en terme d’audience sur Internet.

En étant présent sur cette formidable plateforme, le musée répond à sa mission première de diffusion du savoir et va à la rencontre d’un large public. L’amélioration d’articles existants ou la création de nouvelles entrées sont également une possibilité pour l’établissement, au moment même de la refonte de son site, de sensibiliser ses équipes aux spécificités de l’écriture pour le web, mais aussi aux notions d’outil collaboratif ou à la question des licences libres. C’est également l’occasion d’un travail collectif au sein du musée, transcendant les habituels cloisonnements.

Et c’est ainsi que deux ateliers ont été organisés en juin dernier. Pour en savoir davantage nous vous invitons à écouter le très intéressant entretien ci-dessous (vidéo réalisée par Buzzeum).

Mais ce qui est également intéressant c’est l’originalité de la toute première prise de contact dont il est rapidement fait mention dans l’entretien : un simple tweet d’Adrienne Charmet-Alix, directrice des programmes de l’association, s’étonnant du peu d’informations concernant un objet du musée, le peigne liturgique. Et rien non plus sur Wikipédia, pas d’article !

Qu’à cela ne tienne, une fois à la maison elle s’attelle à la tâche pour réparer cette incongruité. Mais nouveau problème : l’absence d’image pour illustrer le propos, tant il est vrai qu’il y a des articles qui se bonifient grandement avec des photos ad hoc

Alors elle interpelle gentiment le compte Twitter du musée via son propre compte :

Et :

Ceci fit prendre conscience à l’animatrice du compte (en l’occurrence Claire Séguret) qu’il y avait une demande et un besoin. Et c’est ainsi que l’aventure commença…

Fin de l’histoire, Je peux désormais vous donner le lien vers l’article (illustré) Peigne liturgique de Wikipédia et vous inviter à suivre ce lien 😉




Nous avons enfin compris pourquoi le diable s’habillait en Prada

Ce que la culture du libre dans la mode peut nous apprendre (en version originale Lessons from fashion’s free culture) , tel est le titre d’une conférence TED de Johanna Blakley.

Elle nous a tant est si bien impressionnés que nous avons décidé de l’extraire du millier d’excellentes autres interventions pour la mettre un peu en lumière ici, car elle entre souvent directement en résonance avec la ligne éditoriale de ce blog.

« Dans le secteur de la mode, il n’existe que très peu de protection de la propriété intellectuelle. Il y a la protection de la marque commerciale, mais pas de protection du droit d’auteur, et aucune véritable protection sous brevet. La seule vraie protection est celle de la marque commerciale. Cela implique que n’importe qui peut copier n’importe quel vêtement porté par n’importe qui dans cette pièce et le vendre comme sa propre création. La seule chose qui ne puisse pas être copiée, c’est l’étiquette de la marque commerciale attachée au vêtement. »

Il en résulte un dynamisme propice à l’échange, au partage et à l’innovation. alors que dans le même temps, et nous le savons bien, c’est un secteur souvent très lucratif.

« Ma proposition, c’est que la mode peut être un bon point de départ pour chercher un modèle pour les secteurs créatifs à l’avenir. »

Et pour aller plus loin : De la mode à l’impression 3D : petit voyage dans les angles morts du droit d’auteur sur le blog S.I.Lex.

Johanna Blakley: Lessons from fashion’s free culture

Licence Creative Comonns By-Nc-Nd

Transcription

J’ai entendu une histoire incroyable sur Miuccia Prada. C’est une créatrice de mode italienne. Elle va dans une boutique vintage à Paris avec une amie. Elle fouille. Elle trouve une veste Balenciaga. Elle l’adore. Elle l’examine sous tous les angles. Elle regarde les coutures. Elle regarde la confection. Son amie lui dit « Mais achète-là. » Elle répond, « Je vais l’acheter, mais je vais aussi la reproduire. » Bon, les universitaires dans le public doivent se dire « C’est du plagiat, ça. » Mais en réalité, pour une fashionista, c’est le signe du génie de Miuccia Prada : elle peut fouiller dans l’histoire de la mode et choisir LA veste qui n’a pas besoin de changer d’un iota, et qui est actuelle, pile dans l’esprit du moment.

On peut aussi se demander si c’est illégal pour elle de faire cela. En fait, ce n’est pas illégal. Dans le secteur de la mode, il n’existe que très peu de protection de la propriété intellectuelle. Il y a la protection de la marque commerciale, mais pas de protection du droit d’auteur, et aucune véritable protection sous brevet. La seule vraie protection est celle de la marque commerciale. Cela implique que n’importe qui peut copier n’importe quel vêtement porté par n’importe qui dans cette pièce et le vendre comme sa propre création. La seule chose qui ne puisse pas être copiée, c’est l’étiquette de la marque commerciale attachée au vêtement. C’est une des raisons pour lesquelles on voit des logos affichés sur tous ces produits. C’est parce que c’est beaucoup plus dur pour les copieurs de copier ces créations parce qu’ils ne peuvent pas copier le logo. Mais si vous allez dans Santee Alley (NdT : un quartier de Los Angeles connu pour la contrefaçon), oui. Oh, oui. Dans Canal Street (NdT : une rue commerçante de New York), je sais. Et parfois c’est sympa, n’est-ce-pas.

Donc, la raison de tout cela, la raison pour laquelle le secteur de la mode n’a pas de protection du droit d’auteur c’est parce que les tribunaux ont décidé il y a longtemps que les vêtements ont un caractère trop utilitaire pour être éligible à la protection du droit d’auteur. Ils ne veulent pas qu’une poignée de créateurs détiennent les éléments de base de notre habillement. Sinon tous les autres devraient payer une licence pour un poignet ou une manche parce Machin Bidule en est propriétaire. Mais trop utilitaire ? C’est comme ça que vous qualifiez la mode ? C’est du Vivienne Westwood. Non. On peut éventuellement dire que la mode est trop bête, trop inutile.

Mais, ceux d’entre vous qui connaissent bien le raisonnement derrière la protection du droit d’auteur, qui est que sans droit de propriété, il n’y a pas de moteur à l’innovation, peuvent être réellement surpris par, à la fois, le succès critique du secteur de la mode ainsi que sa réussite économique. Ce que je vais vous présenter aujourd’hui est que parce qu’il n’y a pas de protection du droit d’auteur dans le secteur de la mode, les créateurs de mode ont en fait eu la possibilité d’élever la création utilitaire, des choses pour couvrir nos corps nus, à une chose perçue comme un art. Comme il n’y a pas de protection du droit d’auteur dans ce secteur, il y a un système de créativité très ouvert et créatif.

Contrairement à leurs cousins dans la création, les sculpteurs, les photographes, les réalisateurs ou les musiciens, les créateurs de mode peuvent piocher dans toutes les créations de leurs pairs. Ils peuvent prendre n’importe quel élément de n’importe quel vêtement dans l’histoire de la mode et l’intégrer à leur propre création. Ils sont également célèbres pour, vous savez, surfer sur l’air du temps. Et là, je les soupçonne d’avoir été influencés par les costumes d’Avatar. Peut-être un tout petit peu. Impossible aussi de déposer les droits sur un costume.

Donc, les créateurs de mode possèdent la palette la plus large qu’on puisse imaginer dans le secteur de la création. Cette robe de mariée, là, est faite de fourchettes jetables. Et cette robe est faite d’aluminium. J’ai entendu dire que cette robe fait un bruit de carillon éolien quand on marche. Donc, l’un des effets secondaires magiques d’une culture de la copie, ce qui est le cas ici en fait, c’est que des tendances se mettent en place. Les gens pensent que c’est magique. Comment ça se fait ? Eh bien, c’est parce que les gens ont le droit de se copier les uns les autres.

Certains croient que quelques personnes au sommet de la chaîne alimentaire de la mode dictent, en quelque sorte, ce que nous allons porter. Mais si on parle à un créateur de n’importe quel niveau, y compris ces créateurs de haut vol, ils disent toujours que leur principale source d’inspiration, c’est la rue, où les gens comme vous et moi refont à notre sauce personnelle nos propres looks vestimentaires, et c’est véritablement là qu’ils trouvent une bonne part de leur inspiration créatrice. Donc, c’est un secteur où le haut comme le bas dictent la tendance.

Maintenant, les géants de la mode à consommer ont probablement le plus bénéficié de l’absence de protection du droit d’auteur dans la mode. Ils sont réputés pour reproduire des créations de luxe et les vendre à très bas prix. Et ils ont dû subir beaucoup de procès, mais en général, les créateurs ne gagnent pas ces procès. Les tribunaux ont répété encore et encore, « Vous n’avez pas besoin d’une protection de propriété intellectuelle supplémentaire. » Quand on voit des copies comme celle-là, on se demande, mais comment les marques de luxe arrivent-elles à survivre ? Si on peut avoir ça pour 200 euros, pourquoi en payer mille ? C’est une des raisons pour laquelle nous avons fait une conférence ici, à l’USC (NdT : University of Southern California – Université de Californie du Sud), il y a quelques années. On a invité Tom Ford. La conférence était intitulée : « Prêts à partager : la mode et la propriété de la créativité. » Et nous lui avons posé cette question, mot pour mot. Voilà sa réponse. Il venait de faire un passage réussi chez Gucci en tant que créateur principal, au cas où vous ne le saviez pas.

Tom Ford : « Et nous avons découvert après une recherche extensive pas si extensive que ça en fait, une recherche assez simple, que le client de la contrefaçon n’était pas notre client. »

Imaginez. Les clients des boutiques de Santee Alley ne sont pas ceux qui vont faire du shopping chez Gucci. (Rires) C’est un segment très différent. Et vous savez, une contrefaçon, ce n’est jamais pareil qu’une création originale de luxe, du moins en termes de matières, les matières sont toujours moins chères. Mais parfois, même une version moins chère peut avoir des côtés charmants, peut inspirer encore un peu de vie dans une tendance à l’agonie. La copie a beaucoup de qualités. L’une d’elles, soulignée par de nombreux critiques culturels, est que nous disposons maintenant d’un éventail de choix bien plus large que jamais auparavant dans les créations. En fait, c’est surtout grâce à la mode à consommer. Et c’est une bonne chose. Nous avons besoin d’un large éventail de choix.

La mode, que vous le vouliez ou non, vous aide à projeter votre identité face au monde. A cause de la mode à consommer, les tendances mondiales s’établissent bien plus vite qu’auparavant. Et en fait, c’est bon pour les faiseurs de tendance. Ils veulent que les tendances soient en place afin de pouvoir changer de produit. Les fashionistas veulent garder un temps d’avance sur la mode. Elles ne veulent pas porter la même chose que tout le monde. Ainsi, elles veulent passer à la prochaine tendance dès que possible.

Je vous le dis, pas de répit pour les modeux. A chaque saison, ces créateurs doivent lutter pour trouver la nouvelle idée formidable que tout le monde va adorer. Et ça, laissez-moi vous le dire, c’est très bon pour les bénéfices. Maintenant, bien sûr, il y a un tas d’effets secondaires provoqués par la culture de la copie sur le processus créatif. Stuart Weitzman est un créateur de chaussures qui a beaucoup de succès. Il s’est beaucoup plaint du fait que les gens le copient. Mais dans une interview que j’ai lue, il a dit que ça l’a vraiment forcé à améliorer sa production. Il a dû trouver de nouvelles idées, de nouvelles choses difficiles à copier. Il a trouvé ce talon compensé Bowden qui doit être fabriqué en acier ou en titane. Si on le fabrique à partir d’un matériau moins cher, il va se fissurer en deux. Ca l’a forcé à être un peu plus innovant.

Et en fait, ça m’a rappelé ce grand du jazz, Charlie Parker. Je ne sais pas si vous avez entendu cette anecdote, mais moi si. Il a dit que l’une des raisons pour lesquelles il avait inventé le be-bop c’est qu’il était quasiment sûr que les musiciens blancs ne sauraient pas reproduire la sonorité. Il voulait que ça soit difficile à copier. C’est ce que les créateurs de mode font tout le temps. Ils essayent de construire un look caractéristique, une esthétique, qui reflète leur identité. Quand d’autres le copient, tout le monde le sait parce qu’ils ont fait défiler ce look sur le podium, et que c’est une esthétique cohérente.

J’adore ces créations de Galliano. Ok, on passe à la suite.

C’est assez semblable au monde des comiques. Je ne sais pas si vous saviez que les blagues ne peuvent pas être non plus déposées sous droit d’auteur. Donc, quand les phrases drôles étaient vraiment à la mode, tout le monde se les piquait. Mais maintenant, nous avons un autre type de comique. Ils développent un personnage, un style caractéristique, vraiment comme les créateurs de mode. Et leurs blagues, comme les créations d’un créateur de mode, ne marchent vraiment que dans cette esthétique. Si quelqu’un vole une blague à Larry David (ndlr : un humoriste américain), par exemple, ce n’est pas aussi drôle.

Ce que font aussi les créateurs de mode pour survivre dans la culture de la copie, c’est d’apprendre à se copier eux-mêmes. Ils se copient tout seuls. Ils concluent des accords avec les géants de la mode à consommer, et ils trouvent un moyen de vendre leur produit à un tout nouveau segment du marché, le marché des clients de la contrefaçon.

Bon, certains créateurs de mode vont dire, « Il n’y a qu’aux Etats-Unis qu’on ne nous respecte pas. Dans les autres pays, il existe une protection pour nos créations artistiques. » Mais si on se penche sur les deux autres marchés majeurs du monde, il s’avère que la protection offerte est inefficace en réalité. Au Japon, par exemple, qui est le troisième marché, je crois, ils ont une loi sur les créations qui protège les vêtements mais le niveau pour prétendre à la nouveauté est si élevé qu’il faut prouver que le vêtement n’existait pas du tout auparavant. Il doit être totalement unique. C’est à peu près le niveau d’originalité d’un brevet aux Etats-Unis, que les créateurs de mode n’atteignent jamais, n’atteignent que rarement ici aux Etats-Unis.

Dans l’Union Européenne, ils ont choisi la direction opposée. Un niveau de nouveauté très bas, tout le monde peut déposer quelque chose. Mais même si c’est le foyer du secteur de la mode à consommer et qu’on y trouve beaucoup de créateurs de luxe, en général, ils ne déposent pas leurs vêtements, et il n’y a pas beaucoup de procès. Il s’avère que le niveau d’originalité est trop bas. Quelqu’un peut débarquer, prendre la robe de quelqu’un d’autre, couper sept centimètres en bas, aller en U.E. et le déposer en tant que création nouvelle et originale. Donc ça n’arrête pas les artistes de la contrefaçon. En fait, si on regarde le registre, bon nombre des créations qui y sont déposées sont des t-shirts Nike quasi identiques les uns aux autres.

Mais ça n’a pas découragé Diane von Furstenberg. Elle est la présidente du Comité des créateurs de mode d’Amérique, et a dit à ses électeurs qu’elle allait obtenir la protection du copyright pour les créations de mode. Cependant, les revendeurs ont pulvérisé ce concept. Je ne pense pas que la législation aboutisse à grand-chose. Parce qu’ils comprennent à quel point il est difficile de faire la distinction entre une création piratée et quelque chose qui fait partie d’une tendance mondiale. Qui est le propriétaire d’un look ? Il est très difficile de répondre à cette question. Pour cela, il faut beaucoup d’avocats et beaucoup de temps devant les tribunaux. Et les magasins ont décidé que ce serait bien trop cher.

Vous savez, le secteur de la mode n’est pas le seul à ne pas bénéficier la protection du droit d’auteur. Beaucoup d’autres secteurs n’ont pas de telle protection y compris le secteur alimentaire. On ne peut pas déposer légalement sur une recette de cuisine parce que c’est une série d’instructions, ce sont des faits. Et on ne peut pas déposer légalement l’apparence et la saveur d’un plat, aussi unique soit-il. Pareil pour les automobiles. Peu importe leur apparence déjantée ou cool, impossible de déposer légalement la création de la carrosserie. C’est un utilitaire, voilà pourquoi. Pareil pour le mobilier. C’est trop utilitaire. Les tours de magie, je crois que ce sont des instructions, un peu comme des recettes. Pas de protection du droit d’auteur non plus. Pour les coiffures, pas de protection aussi. Pour le logiciel en open source, les codeurs ont décidé qu’ils ne voulaient pas de la protection du droit d’auteur. Ils se sont dits qu’ils seraient plus innovants sans ça. C’est très dur d’obtenir une protection pour des bases de données. Les tatoueurs, ils n’en veulent pas ; ce n’est pas cool. Ils partagent leurs créations. Les blagues, pas de protection. Les feux d’artifice. Les règles des jeux. L’odeur d’un parfum, non. Et certains de ces secteurs peuvent vous paraître un peu en marge, mais voici les chiffres de vente bruts des secteurs avec une propriété intellectuelle faible, des secteurs avec très peu de protection du droit d’auteur. Et voilà les chiffres bruts des films et des livres. (Applaudissements) C’est pas beau à voir.

(Applaudissement)

Donc, on parle aux gens de la mode et ils font « Chut ! » Ne dites à personne qu’on a le droit de se voler nos créations. C’est gênant.« Mais vous savez quoi, c’est révolutionnaire. Et c’est un modèle que beaucoup d’autres secteurs, comme ceux qu’on vient juste de voir avec les toutes petites barres, ces secteurs pourraient y réfléchir, parce qu’en ce moment, ces secteurs fortement protégés par le droit d’auteur fonctionnent dans une atmosphère où il semble qu’ils n’aient aucune protection. Et ils ne savent pas quoi faire.

Quand j’ai découvert que tout un tas de secteurs n’étaient pas protégés, j’ai pensé : quelle est exactement la logique sous-jacente ? J’ai besoin d’une image, les avocats ne donnent pas d’image. Donc je m’en suis faite une. Voici les deux principales oppositions, en quelques sortes binaires, dans la logique du droit d’auteur. C’est plus complexe que ça, mais cette image fera l’affaire. Premièrement, l’objet est-elle un objet d’art ? Alors il mérite d’être protégé. Est-ce un objet utilitaire ? Alors non, il ne mérite pas d’être protégé. C’est une opposition binaire difficile et instable.

L’autre, c’est : est-ce une idée ? Est-ce une chose qui a besoin de circuler librement dans une société libre ? Pas de protection. Ou est-ce sur un support matériel, une expression d’une idée, une chose faite par quelqu’un, qui mérite de la posséder à un moment et de gagner de l’argent avec. Le problème est que la technologie numérique a complètement changé la logique de ce concept « support matériel contre idée. » De nos jours, on ne reconnaît pas vraiment un livre en tant qu’objet sur une étagère ou la musique comme une chose étant un objet matériel qu’on tient dans les mains. C’est un fichier numérique. C’est à peine reliée à une réalité matérielle dans notre esprit. Et ces choses, comme nous pouvons les copier et les transmettre si facilement, circulent dans notre culture beaucoup plus comme des idées que comme des objets ayant une substance matérielle.

Maintenant, les questions conceptuelles sont réellement profondes quand on parle de créativité et de propriété et je vous le dis, il vaut mieux que nous ne laissons pas les avocats, seulement, en décider. Ils sont malins. Je sors avec un avocat. C’est mon ami. Il est très bien. Il est malin. Il est intelligent. Mais il faut qu’une équipe interdisciplinaire analyse la question, tente de comprendre quel est le type de propriété dans un monde numérique, qui entraînera plus d’innovation. Ma proposition, c’est que la mode peut être un bon point de départ pour chercher un modèle pour les secteurs créatifs à l’avenir.

Si vous voulez en savoir plus sur ce projet de recherche, visitez notre site web : ReadyToShare.org. Et je remercie sincèrement Veronica Jauriqui pour cette présentation très mode.

Merci beaucoup.




Geektionnerd : DRM Kinect

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Source : DRM espion : Microsoft veut compter les spectateurs chez vous ! (Numerama)

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Innovation et licence libre en biotechnologie

On le constate de plus en plus souvent aidé qu’il est en cela par Internet : quand l’esprit du Libre accoste un nouveau domaine, il interroge voire interpelle son modèle d’organisation antérieur (sans même le demander toujours explicitement).

Est-ce que la fermeture (ici les brevets) est la meilleurs voie vers le progrès et l’innovation ? Doit-on payer plusieurs fois l’usage d’une technologie qui devrait être au bénéfice de tous ?

Il pose alors des questions faussement naïves dont les réponses dessinent les contours du monde de demain.

Idaho National Laboratory - CC by

Oubliez les brevets : Pourquoi les licences libres sont facteurs d’innovation dans les biotechnologies

Forget Patents: Why Open Source Licensing Concepts May Lead To Biotech Innovation

Glyn Moody – 2 novembre 2012 – TechDirt.com
(Traduction : aKa, KoS, Dryt, Amine Brikci-N, Cyrille L., alexis, mazerdan, tanguy)

En direct du département du partage…

L’une des idées directrices conduisant au libre accès dans le domaine de la recherche est que si le public a déjà payé par l’intermédiare des impôts (ou du mécénat), alors il n’est pas légitime de demander à nouveau aux citoyens de payer pour lire l’article publié. La force de cet argument est en partie à l’origine d’une plus grande reconnaissance du libre accès à travers le monde.

Mais le même raisonnement peut s’appliquer à la mise sur le marché de la recherche sur fonds publics. Pourquoi devrait-on céder aux entreprises (qui cherchent naturellement à maximiser leurs profits) des prix si élevés pour des produits qui ont été initialement financés sur fonds publics (rendant par là-même leur mise sur le marché possible) ?

Tout comme pour le libre accès, la difficulté tient de la mise en place d’une nouvelle approche permettant aux traitements médicaux d’être le plus accessible possible. @MaliciaRogue a mis en exergue un article de Frangioni, paru récemment dans Nature Biotechnology, qui propose une solution innovante basée sur un développement open source mené par une fondation à but non lucratif.

Dans ce modèle open source, les structures commerciales sont encouragées à acquérir des licences d’utilisation, mais de manière non exclusive. Les entreprises utilisant la technologie sont encouragées à innover sur la plateforme, qui leur fournira des droits d’auteurs pour leur propriété intellectuelle, qui les aidera à franchir les barrières pour entrer sur le marché et fournir aux patients une version améliorée de la technologie. L’échange et l’évolution des informations ouvertes est encouragé plutôt que découragé, en supposant que les connaissances renforceront les entreprises qui veulent se creuser une niche de contenu protégé tandis que les scientifiques pourront continuer à se saisir d’une technologie de pointe.

C’est un exemple détaillé et fascinant qui nous fait explorer les problèmes que posent la mise sur le marché de la recherche, à commencer par la loi Bay-Dole de 1980 et son échec dans l’accélération des transferts de technologies entre le monde académique et l’industrie :

Au début de Bayh-Dole, la politique de transfert technologique de beaucoup de CMA (centre médico-académique) a été de chercher à breveter le plus d’inventions possible (tout ça à grands frais), parfois sans même se demander si la découverte permettait de compter les brevets comme des actifs ou d’en faire leur commercialisation. De la même façon, trop souvent, des startups émergent des CMA sans qu’une analyse raisonnable n’ait eût lieu, conduisant à un sous-financement de beaucoup d’entreprises.

L’approche de Frangioni est très différente. Puisqu’une structure à but non lucratif est financée par le public, l’accent est mis sur l’optimisation du service rendu au patient, plutôt que sur le retour sur investissement. La nouvelle façon de faire est de demander une forme de réciprocité de la part de ceux qui utilisent ces connaissances.

Les utilisateurs (chercheurs, chirurgiens, et utilisateurs de licences) peuvent acheter la technologie, mais uniquement après s’être formellement engagés à apporter les connaissances acquises par cette technologie dans une sorte de banque publique de connaissances (une base de données publique), à travers ce que nous appelons une boucle de retour d’informations. Ici encore, est mis en œuvre le principe de donner après avoir reçu : l’acheteur doit créer de nouvelles connaissances pour le bien de tous, afin d’avoir accès à la technologie.

C’est ainsi que les logiciels open source fonctionnent : tout le monde peut utiliser le code et bâtir dessus mais il faut redonner ses contributions à la communauté, de manière à ce que les autres puissent, exactement de la même manière, bâtir dessus. Les résultats dans le domaine des logiciels, où l’open source domine l’Internet, les super-ordinateurs et – grâce à Android qui est basé sur Linux – les smartphones, parlent d’eux même. Il reste à voir s’il est possible de généraliser la mise en pratique de ces idées, comme le montre l’expérience de Frangioni avec sa FLARE Foundation. Mais c’est certainement une approche qui vaut le coup d’être tentée.

Crédit photo : Idaho National Laboratory (Creative Commons By)




De la puissance combinée d’Internet, du crowdfunding et de l’esprit du Libre

Mélangez envie d’aider son prochain, Internet, le crowdfunding et l’esprit du Libre et vous obtenez l’un des modèles de développement les plus dynamiques à l’heure actuelle pour démarrer un projet.

Un modèle totalement impossible à envisager il y a à peine dix ans de cela.

Il s’agit ici de créer une prothèse du doigt très bon marché. Les deux inventeurs ont travaillé à distance et ont choisi d’ouvrir la conception plutôt que de déposer un brevet. L’argent n’est ici qu’on moyen pour continuer à travailler pour le bien commun et non un objectif d’enrichissement en soi.

Ce n’est pas autrement que nous changerons le monde

Sauf que pour que cela modèle fonctionne et soit valide pour le projet qui nous concerne ci-dessous, il convient de participer à la campagne. Il reste à peine 10 jours pour trouver un peu plus 1000 dollars. C’est jouable non ?

Prosthetic Fingers

Des collaborateurs à distance créent une prothèse de doigt peu coûteuse sous licence libre

Long-distance collaborators create inexpensive prosthetic finger

Adam Williams – 31 octobre 2012 – GizMag
(Traduction : ordiclic, geecko, seirl, greygjhart)

Quand l’artisan Sud-Africain Richard Van As perdit la plupart des doigts de sa main droite dans un accident d’origine industrielle, il décida d’essayer de créer une prothèse de doigt pour regagner une partie de sa mobilité perdue. Dans ce but, Richard demanda de l’aide auprès d’Ivan Owen, originaire de Washington, après avoir été impressionné par la vidéo que celui-ci, a postée sur YouTube, présentant une main mécanique. Le résultat pourrait être une aubaine pour tous les amputés, partout dans le monde.

Bien qu’ils vivent à plus de 15 000 kilomètres l’un de l’autre, Richard et Ivan se sont mis au travail en échangeant des courriels, des photos et des dessins tout en discutant par Skype pour construire un prototype fonctionnel. La tâche fastidieuse de produire la prothèse de doigt a commencé lorsque Richard a créé une réplique en plastique de sa main pour Ivan, de manière à s’assurer qu’ils travaillaient tous deux sur la même base, et de là le design a ensuite été peaufiné.

Le prototype en cours est tenu en place par un appareilllage, similaire à un gant, modelé pour correspondre à la main de la personne amputée. La prothèse de doigt, elle, consiste en un bras de levier rigide et un bout de doigt avec un tampon adhésif. C’est une approche qui relève beaucoup moins de la haute technologie que d’autres doigts prothésiques, comme ceux faits par Touch Bionics ? cependant, la prothèse est aussi bien plus abordable, et améliore significativement la capacité de Richard à attraper des objets.

Richard et Ivan tentent aujourd’hui de collecter des fonds pour leur permettre d’améliorer le prototype, et il ne leur reste que deux semaines pour atteindre le seuil des 5000$ (soit environ 3 900€) qu’ils se sont fixés. L’argent collecté jusqu’à maintenant a servi à payer une fraiseuse, alors que les donations futures serviront à amortir le coût du matériel, des outils et du voyage.

Plutot que de faire breveter leurs travaux, Richard et Ivan ont décidé de distribuer les plans librement afin de faire profiter d’autres personnes de leurs recherches, et l’objectif final est de proposer une prothèse de doigt sans autre coût que les matières premières. Le duo a aussi émis l’idée de proposer la prothèse sous la forme d’un kit peu coûteux à assembler soi-même.

Cette vidéo montre une démonstration du prototype de la prothèse de doigt par Richard et Ivan et raconte l’histoire du projet et de cette rencontre.




Et si je proposais ma musique gratuitement sur le Web pendant une journée ?

« J’ai encaissé deux fois plus d’argent en une seule journée que ce que je touche d’habitude en un mois ! »

Andy Othling est musicien. Il est guitariste de tournée pour Future of Forestry et il a enregistré des albums personnels sous le nom Lowercase Noises.

Sa musique est cool et planante 🙂

Mais ce qui est encore plus cool c’est la très originale et probante expérience qu’il vient de mener sur Internet.

Sous le régime du copyright classique, ses albums sont présents sur le site de vente de musique en ligne Bandcamp (en passant cette plateforme est sans DRM et propose la format FLAC et Ogg Vorbis).

Présents et tous payants, sauf pendant 24h…

C’est le récit de cette folle journée qu’il vous raconte ci-dessous.

Attention, les conclusions pourront fortement heurter la sensibilité de certains hadopistes !

Lowercase Noises - Knate Myers

Que se passe-t-il lorsque votre musique est gratuite pendant une journée ?

What happens when your music is free for a day?

Andy Othling – 23 octobre 2012 – Blog personnel
(Traduction : Cyrille L., ehsavoie, Martin, Gatitac, Yann, ZeHiro, geecko, Naar, Sparty, Gaëtan, e-Jim, Tchevengour)

Il existe un débat houleux pour savoir si donner gratuitement sa musique est une bonne pratique ou non. Certains disent que cela dévalorise votre musique et vous empêche d’être pris au sérieux. D’autres pensent que c’est nécessaire pour attirer l’attention du public sur celle-ci.

Ce billet n’est pas là pour vous faire adhérer à l’une ou l’autre de ces thèses, mais plutôt pour vous présenter les résultats d’une expérience que j’ai menée il y a quelques semaines. J’ai voulu voir ce qu’il se passerait si je mettais toute ma musique à prix libre (avec un minimum de 0 $) sur ma page Bandcamp pendant 24 heures.

Comment je m’y suis pris

Voici comment j’ai travaillé : j’ai programmé l’envoi d’un e-mail à ma liste de diffusion le 4 octobre à 1 heure du matin annonçant à tout le monde que toute ma musique était disponible à prix libre, à partir de 0 $, et leur indiquant de faire passer le message à toutes leurs connaissances.

J’ai aussi programmé des mises à jour de mes statuts Facebook et Twitter pour la même heure, en demandant aux gens de diffuser l’information les prochaines 24 heures. Ensuite, j’ai programmé des tweets toutes les 2 à 4 heures et des mises à jour du statut Facebook toutes les 4 à 6 heures durant les 24 heures de l’opération, afin de leur rappeler l’offre spéciale.

Les résultats

C’était attendu, l’un des résultats est que beaucoup plus de personnes ont eu accès à ma musique. Ils ont tapé 0 $ et ont téléchargé tout ce qu’ils voulaient gratuitement. Mais d’autres choses intéressantes se sont produites.

Sur Bandcamp, le nombre de téléchargements est le facteur principal de la notoriété.

Puisqu’un grand nombre de personnes ont téléchargé ma musique (gratuitement ou non), mes albums furent propulsés en haut de beaucoup de listes du site. L’image ci-dessous montre les albums d’ambiance les plus vendus de ce jour si spécial :

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Comme vous pouvez le voir, mes six albums sont directement en haut de cette section. Génial ! (Y voir aussi Karl Verdake me réjouis !)

Être en haut de ces listes, c’est plus de nouveaux visiteurs.

Parce que ma musique a atteint les sommets de certaines listes de Bandcamp, elle est devenue plus visible à ceux qui parcouraient ces listes ce jour-là. Ci-dessous, quelques captures d’écran des pages de statistiques de Bandcamp du jour J :

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Plus de 100 personnes sont allées écouter ma musique depuis la page d’accueil de Bandcamp et 50 autres l’ont fait grâce aux listes mentionnées plus haut. Ce sont des personnes qui ne connaissaient pas même l’existence de ma musique.

Les gens se sont vraiment passés le mot.

Je n’ai eu aucune honte a demander aux gens de diffuser autour d’eux que mes morceaux restaient gratuits pendant ces 24 heures. Grâce à cela, quelqu’un a spontanément relayé l’info sur Reddit. Comme vous pouvez le voir ci-dessous, cela m’a apporté encore plus de nouveaux auditeurs :

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Une fois de plus, 202 nouveaux auditeurs rien qu’en demandant aux gens d’en parler autour d’eux !

Les gens continuaient de payer pour ma musique.

Maintenant, vous vous demandez probablement qu’est-ce que ça a donné en terme de rentabilité. J’avais prévu une chute des revenus, car c’est généralement ce à quoi on s’attend quand on commence à distribuer les choses sans contrepartie. Mais ce qui est en fait arrivé, c’est que, sur les ventes, j’ai encaissé deux fois plus en une seule journée que ce que je touche d’habitude EN UN MOIS. Oui, parfaitement, vous lisez bien. Une journée a davantage rapporté que deux mois en temps normal !

Je ne suis pas vraiment capable d’expliquer cela, mais je pense que ça s’est joué pour beaucoup sur la générosité réciproque. Les gens ont vraiment semblé apprécier que je fasse ce geste et ont répondu en donnant plus qu’ils ne le faisaient auparavant. J’ai ainsi été stupéfait par ceux qui ont décidé de donner davantage pour un album que le prix qu’il leur aurait coûté la veille.

Le plus important : les contacts

Plus d’argent, c’est génial, mais à mon avis ce n’est pas le plus grand succès de cette expérience.

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Vous pouvez constater qu’en une journée, j’ai ajouté plus de 450 noms à mon carnet d’adresses. Ce sont 450 nouveaux contacts dont je pourrais bénéficier à l’avenir, et 450 personnes de plus qui peuvent à leur tour relayer l’info si jamais je venais à répéter ce genre d’opération. C’est bien plus important à mes yeux que l’argent.

Récapitulatif

Donc, que s’est-t-il passé là?

  • Beaucoup de personnes ont récupéré ma musique gratuitement ;
  • J’ai gagné beaucoup d’argent de manière inattendue ;
  • J’ai de nouveaux auditeurs et des contacts pour mes prochaines sorties d’albums.

D’après moi, c’est du gagnant-gagnant. Il n’y a vraiment eu aucun coût pour moi à réaliser cette expérience, les gains se sont avérés énormes et mes auditeurs n’ont pas été abusés. Pour ne rien vous cacher mon taux de téléchargements payants a baissé de 22% à 8%, mais étant donné tout ce qui est arrivé, cela ne me gêne pas le moins du monde.

Alors, que cela signifie-t-il pour vous en tant qu’artiste ? C’est un peu plus dur à dire, étant donné que cela dépend de ce que vous avez mis en place et que la situation de chacun est différente. Mais, cela montre au moins l’importance de l’expérimentation. N’hésitez pas à essayer des choses pour voir à quoi vos fans vont réagir. Vous devez apprendre d’eux comme ils ont appris de vous.

Question : Et vous, avez-vous déjà proposé votre musique gratuitement ou bien à prix libre ? Cela a-t-il fonctionné ?

Crédit photo : Knate Myers




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Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

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Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)