RGPD : la Quadrature au carré

Le 16 avril dernier, la Quadrature du Net a lancé un appel inédit en France pour une action de groupe contre les GAFAM. Cette action s’appuiera sur l’application prochaine du Règlement général sur la protection des données (RGPD).

Sans attendre la date d’entrée en vigueur du RGPD (le 15 mai 2018), la Quadrature du Net propose à tous les utilisateurs des services numériques des GAFAM de souscrire en masse en vue de déposer une plainte auprès de la CNIL et obliger implicitement celle-ci à agir.

En effet, l’article 80 du RGPD permet aux associations « actives dans le domaine de la protection des droits et libertés des personnes » à entreprendre des actions collectives dans le cadre de la protection des données.

La personne concernée a le droit de mandater un organisme, une organisation ou une association à but non lucratif, qui a été valablement constitué conformément au droit d’un État membre, dont les objectifs statutaires sont d’intérêt public et est actif dans le domaine de la protection des droits et libertés des personnes concernées dans le cadre de la protection des données à caractère personnel les concernant, pour qu’il introduise une réclamation en son nom, exerce en son nom les droits visés aux articles 77, 78 et 79 et exerce en son nom le droit d’obtenir réparation visé à l’article 82 lorsque le droit d’un État membre le prévoit. (extrait de l’art. 80)

À ce titre, la Quadrature du Net se propose d’agir en tant que mandataire pour tous les citoyens-utilisateurs qui le désirent par l’intermédiaire d’un formulaire simple et rapide à remplir.

Pour permettre de comprendre les arguments sur lesquels repose la plainte, la Quadrature met à disposition un texte très clair. En résumé, il repose sur l’aspect illicite de l’échange de services contre le consentement systématique des utilisateurs permettant à ces entreprises d’extraire et inférer leurs données personnelles. Ce consentement est en effet soit déduit du silence de l’utilisateur (le fait d’utiliser le service impliquerait ce consentement) soit littéralement extorqué par une action « positive » (cliquer sur un bouton « j’accepte ») sous contrainte de ne pas accéder au service.

Les conséquences de l’extraction des données des utilisateurs sont connues et l’affaire Cambridge Analytica en a donné récemment une illustration convaincante. Le fait d’utiliser et vendre les données des utilisateurs dans un cadre qui n’a pas de lien direct avec le service pour lequel ils ont été contraint de les céder n’est pas le seul grief que la Quadrature du Net expose. Cette action collective vise aussi à mettre en lumière le lien évident entre le droit à ne pas monétiser les données personnelles et la liberté de conscience menacée par le traitement des informations relatives à la vie privée des citoyens, véritable porte ouverte à la segmentation sociale et la manipulation de l’information.

Pendant les 40 jours qui nous séparent de l’entrée en vigueur du RGPD, la Quadrature du Net publiera chaque semaine sur son site des documents et vidéos visant à expliquer les tenants et aboutissants de ce recours collectif.

Liens :
* Qu’est-ce qu’une action de groupe ?
* La Quadrature du net
* Le site de la campagne et la procédure
* Le texte du RGPD




La réforme européenne du droit d’auteur ? – une menace pour le logiciel libre selon Glyn Moody

Comme vous l’avez peut-être lu dans l’appel de Julia Reda que nous avons publié hier, l’heure est à la mobilisation contre une proposition de directive européenne qui pourrait avoir des effets dévastateurs.

Non, les GAFAM ne seraient pas les premiers impactés, mais plutôt des entreprises moins bien armées et aussi des sites comme Wikipédia, ainsi que des plateformes de dépôt et partage de code qui constituent des ressources précieuses pour la communauté du logiciel libre.

De tels sites risquent d’être contraints à des dispositifs coûteux et difficiles à mettre en œuvre pour filtrer les contenus sous droits. C’est ce que détaille aujourd’hui Glyn Moody à propos des effets de l’article 13 de cette proposition de directive, contre laquelle a déjà alerté l’April depuis septembre dernier.

Aujourd’hui, la mobilisation de plus de 80 organisations et la mise en place du site https://savethememe.net/en constituent des formes d’action militante auxquelles le plus grand nombre doit contribuer. Diffusons largement la traduction des articles de Julia Reda et de Glyn Moody. Signons la lettre ouverte Save Code Share! Opposons le groupe de pression de la communauté du libre au lobby du droit d’auteur qui est sans cesse à la manœuvre dans les institutions européennes.


Ce texte est une traduction d’un article rédigé par le journaliste Glyn Moody et publié sur le site Linux Journal le 3 avril 2018. Il a également été publié sur le site de l’April. Nous souhaitons contribuer à lui donner davantage encore de visibilité.

Traduction : etienne, goofy, mo, Lumi, wyatt, Alby, glyn moody, Fred, April.


Le logiciel libre subit l’offensive des nouvelles lois européennes sur le droit d’auteur

petite photo de Glyn Moody
Glyn Moody, photo Zaizi Ltd (CC BY-SA 2.0)

Le logiciel libre et le droit d’auteur sont étroitement liés. C’est grâce au détournement (hack) habile de la loi sur le droit d’auteur par Richard Stallman qu’a pu être créée la General Public License (GPL) et, par conséquent, le logiciel libre. La GPL requiert de la part des personnes copiant ou modifiant un logiciel publié sous cette licence qu’elles préservent les quatre libertés. Si cela n’est pas le cas, elles enfreignent alors les clauses de la GPL et perdent ainsi toute protection juridique de leurs copies et modifications. En d’autres termes, la sévérité des sanctions pour une violation du droit d’auteur est ce qui permet d’assurer la liberté de partage.

Malgré l’utilisation du droit d’auteur pour faire respecter la GPL et toutes les autres licences du logiciel libre ou open source, le droit d’auteur n’est généralement pas si inoffensif. Ce n’est pas étonnant : le droit d’auteur est un monopole intellectuel. En règle générale, il cherche à empêcher le partage — pas à le promouvoir. Ainsi, les ambitions de l’industrie du droit d’auteur vont généralement à l’encontre des aspirations du monde du logiciel libre.

C’est en Europe que l’on retrouve l’une des preuves les plus évidentes du désintérêt du monde du droit d’auteur envers les préoccupations de la communauté du logiciel libre. Les propositions actuelles de réforme du droit d’auteur au niveau de l’Union européenne contiennent un élément qui aurait des effets dévastateurs pour le codage du logiciel libre. L’article 13 de la pompeusement titrée « Directive du Parlement européen et du Conseil sur le droit d’auteur dans le marché unique numérique » contient la disposition clef suivante :

Les prestataires de services de la société de l’information qui stockent un grand nombre d’œuvres ou d’autres objets protégés chargés par leurs utilisateurs et qui donnent accès à ces œuvres et autres objets prennent, en coopération avec les titulaires de droits, des mesures destinées à assurer le bon fonctionnement des accords conclus avec les titulaires de droits en ce qui concerne l’utilisation de leurs œuvres ou autres objets protégés ou destinées à empêcher la mise à disposition, par leurs services, d’œuvres ou d’autres objets protégés identifiés par les titulaires de droits en coopération avec les prestataires de services. Ces mesures, telles que le recours à des techniques efficaces de reconnaissance des contenus, doivent être appropriées et proportionnées.

Cela signifie concrètement que les sites détenant une (très) importante base de fichiers téléversés par les utilisateurs et utilisatrices seront forcés de filtrer tous les fichiers avant de les publier. Les problèmes posés par cette proposition sont clairs. Une surveillance constante de l’activité des internautes sur lesdits sites, avec tout ce que cela induit en termes de perte de vie privée. Les faux-positifs sont inévitables, particulièrement parce que les complexités du droit d’auteur ne peuvent pas se voir réduites à de simples algorithmes qui pourront être appliqués automatiquement. Ajouté à l’effet dissuasif que cela aura sur la volonté des internautes de publier des contenus, cela impactera négativement la liberté d’expression et affaiblira le domaine public (article en anglais).

Le coût élevé de la mise en place des filtres de contenus — le système ContentID de Google a nécessité 50 000 heures de codage (page en anglais) et coûté 60 millions de dollars — signifie qu’un nombre restreint de sociétés finiront par contrôler le marché des systèmes de censure. Leur pouvoir d’oligopole leur donne la possibilité de faire payer très cher leurs services, ce qui imposerait de lourdes charges aux entreprises de l’Union européenne et conduirait à une diminution des startups dans la région. Un autre problème, parmi d’autres, avec cette idée : le fait non-négligeable que cela pourrait être contraire au droit de l’UE en vigueur (en anglais).

L’article 13 a été spécifiquement rédigé pour satisfaire le désir à peine déguisé de l’industrie européenne du droit d’auteur d’attaquer des entreprises états-uniennes prospères comme Google ou Facebook. Mais le filtrage des contenus mis en ligne est une arme grossière et va en affecter beaucoup d’autres qui, ironiquement, vont être moins capables que les géants d’Internet de se conformer aux onéreuses exigences de la censure. Par exemple, il est fort probable que Wikipédia rentrera dans le périmètre de la nouvelle règle. Après tout, le projet héberge un grand nombre d’ « objets protégés » chargés par des utilisateurs et utilisatrices. Comme le montre un billet sur le blog de Wikimedia (en anglais), « il serait absurde de demander à la Fondation Wikimedia de mettre en place des systèmes automatisés coûteux et technologiquement défaillants pour détecter des violations de droit d’auteur. »

Le point de l’article 13 qui est peut être le plus inquiétant pour les lecteurs du Linux Journal concerne les conséquences pour le logiciel libre. Une autre catégorie de sites web qui donnent accès « à des œuvres ou d’autres objets protégés chargés par leurs utilisateurs » : les plateformes de développement collaboratif et les dépôts de code [informatique]. Comme l’explique le site Savecodeshare.eu (Note de traduction : en anglais, voir l’article de l’April qui soutient cette campagne), créé par la Free Software Foundation Europe et OpenForum Europe (note de transparence : je suis un membre bénévole de OpenForum Academy) :


Si cette réforme du droit d’auteur devait être votée, chaque utilisateur ou utilisatrice d’une plateforme de partage de code, qu’il ou elle soit une personne physique, une entreprise ou une administration publique, serait traité comme un potentiel contrevenant au droit d’auteur : tous ses contenus, incluant des dépôts entiers de code, seraient contrôlés et empêchés d’être partagés en ligne à n’importe quel moment. Cela restreindrait la liberté des développeurs et développeuses d’utiliser des composants et outils logiciels spécifiques, ce qui, en retour, conduirait à moins de compétition et d’innovation. Finalement, cela pourrait conduire à des logiciels moins fiables et à une infrastructure logicielle moins résiliente pour tout le monde.

Comme l’explique en détail un livre blanc (PDF en anglais) de la même organisation, des sites web majeurs tels que Software Heritage, GitHub, GitLab, GNU Savannah et SourceForge sont menacés. Il met en exergue le fait que si cette proposition de loi venait à être adoptée, ces sites seraient directement responsables d’un grand nombre d’actions de leurs utilisateurs et utilisatrices, ce qui inclut le téléversement de copies non autorisées de logiciels et l’utilisation de code contraire à la licence initiale. Du fait de la difficulté, voire de l’impossibilité pour la plupart de ces sites d’éviter que cela se produise, il est fort probable que certains d’entre eux bloquent l’accès à leur site aux utilisateurs et utilisatrices européen⋅nes et arrêtent leur activité au sein de l’UE. Les projets de logiciels libres pourraient alors être forcés de faire la même chose. Dans le livre blanc, Thomas Pfeiffer, membre du conseil d’administration de KDE, est cité ainsi :

Pour savoir à quel point KDE est directement touché par le règlement proposé, il faut se demander si la configuration ci-dessus ferait de nous des « fournisseurs de services de la société de l’information stockant et distribuant de grandes quantités d’œuvres ou d’autres objets téléchargés par leurs utilisateurs ». Si c’est le cas, nous devrions probablement déplacer la majeure partie de notre infrastructure et de notre organisation en dehors de l’UE.

Figure 1 : Les sociétés et services concernés par l’Article 13 (Image fournie par EDiMA : http://edima-eu.org/wp-content/uploads/2018/01/Services-affected-by-Article-13-Infographic.jpg )

 

Le potentiel impact de l’Article 13 de la directive sur le droit d’auteur sur la façon dont le logiciel libre est créé tout autour du globe est clairement considérable. La bonne nouvelle est que cette loi européenne n’a pas encore été finalisée et est toujours amenée à évoluer ; la mauvaise est qu’elle n’évolue actuellement pas dans le bon sens.

Par exemple, le responsable politique supervisant l’adoption de cette nouvelle loi par le Parlement européen a récemment proposé un amendement qui exonérerait les grands sites de filtrer les contenus mis en ligne à condition que ceux-ci signent des accords avec l’ensemble des titulaires de droits d’auteur sur les contenus qu’ils hébergent. Ce qui est impossible pour les dépôts de code [informatique], étant donné le volume de fichiers téléversés — il n’existe pas de sociétés de perception pour les développeurs et développeuses, comme on peut en trouver chez les musicien⋅nes ou auteur⋅es, pouvant par exemple accorder une licence globale sur l’ensemble du contenu hébergé. L’article 13, qu’il s’agisse de filtre automatisé ou d’accord de licence obligatoire, est inconciliable avec la manière de fonctionner des principaux sites dans le domaine du logiciel libre.

Ses défauts fondamentaux impliquent que l’article 13 doit être retiré de la directive sur le droit d’auteur. Un site multilingue baptisé Savethememe.net (en anglais) a été mis en place pour faciliter la prise de contact direct avec les membres du Parlement européen, qui auront un vote décisif sur les propositions. Un autre moyen d’action est de faire connaître la nocivité de l’article 13 pour l’ensemble de l’écosystème du logiciel libre, et sur les effets secondaires négatifs que cela aurait pour l’innovation en général et pour la société.
Plus les programmeurs et programmeuses sont conscient⋅es du problème et le font savoir partout, plus les dépôts de code les plus affectés se joignent à la vague globale d’inquiétude grandissante sur les conséquences des filtres de contenus, plus grand sera l’impact de leur appel à complètement abandonner l’article 13.

À propos de l’auteur

Glyn Moody écrit au sujet d’Internet depuis 1994, et au sujet des logiciels libres depuis 1995. En 1997, il a écrit le premier article grand public sur GNU/Linux et le logiciel libre, paru dans Wired (en anglais). En 2001, son livre Rebel Code: Linux And The Open Source Revolution a été publié. Depuis, il a très souvent écrit sur le logiciel libre et les libertés informatiques. Il a un blog et il est actif sur des réseaux sociaux : @glynmoody sur Twitter ou identi.ca, et +glynmoody sur Google+.

 




Julia Reda, eurodéputée du Parti Pirate, lance un appel

Le projet de réforme du droit d’auteur provoque une forte inquiétude au sein des communautés de développeurs et développeuses de logiciels libres. Que restera-t-il de leur liberté de partager et modifier si obligation est faite aux forges logicielles de mettre en place des filtres de contenus ? L’eurodéputée Julia Reda nous indique les façons dont nous pouvons tous agir, dès maintenant.

 

« Les machines à censurer arrivent : il est temps que la communauté du logiciel libre prenne conscience de son impact politique »

 

Source : article rédigé par l’eurodéputée Julia Reda et publié sur son site le 6 avril 2018

Traduction initialement publiée par l’April : Guestr, Alain Mille, etienne, mmu_man, tierce, Vanecx, mo, MicroCheapFx, freepoet, yannicka, Fred.

Le développement du logiciel libre tel que nous le connaissons est menacé par les projets de réforme du droit d’auteur de l’Union européenne.

La bataille continue autour de la proposition de réforme du droit d’auteur dans l’UE, se concentrant autour du projet de filtrer les contenus au moment de leur téléversement (en anglais). En résumé, on demanderait aux plateformes en ligne de contrôler les contenus chargés par leurs utilisateurs et utilisatrices afin de tenter de prévenir les violations du droit d’auteur par des filtres automatiques. Puisque la plupart des communications en ligne consistent en un dépôt de fichiers sur différentes plateformes, de telles « machines à censurer » auraient de larges conséquences, y compris pour les dépôts de logiciels libres et open source.

Sur ces plateformes, des développeurs et développeuses du monde entier travaillent de concert sur des projets de logiciels que quiconque peut librement utiliser et adapter. À coup sûr, ces filtres automatiques feraient état de nombreux faux-positifs. La suppression automatique de contenus signifierait que les personnes ayant contribué seraient présumées coupables jusqu’à prouver leur innocence : des contributions légitimes se verraient bloquées.

Les récentes levées de boucliers à ce sujet au sein de la communauté du logiciel libre/open-source commencent à porter leurs fruits : nos préoccupations sont en train d’attirer l’attention des porteurs de lois. Malheureusement cependant, la plupart comprennent mal les enjeux et tirent de mauvaises conclusions. Maintenant que nous savons quelle est la force de la voix de la communauté, il est d’autant plus important de continuer à la faire entendre !

Pourquoi cela ?

Le point de départ de cette législation a été une bataille entre de grosses entreprises, l’industrie musicale et YouTube, à propos d’argent. L’industrie musicale s’est plainte de moins percevoir chaque fois qu’un morceau de leur catalogue est joué sur une plateforme vidéo comme YouTube que lorsqu’il est diffusé sur des services d’abonnement comme Spotify, qualifiant la différence de « manque-à-gagner ». Elle s’est alors lancée, avec succès, dans une campagne de lobbying : la loi sur le filtrage des contenus vise principalement à lui donner un atout afin de demander plus d’argent à Google au moment des négociations. Pendant ce temps, toutes les autres plateformes se retrouvent au milieu de cette bagarre, y compris les communautés de partage de code.

Le lobbying a ancré dans l’esprit de nombreux législateurs la fausse idée que les plateformes d’hébergement à but lucratif exploitent nécessairement les créateurs et créatrices.

Partage de code

Il y a cependant beaucoup d’exemples où il existe une relation symbiotique entre la plateforme et les créateurs et créatrices. Les développeurs et développeuses utilisent et versent volontairement dans les dépôts logiciels parce que les plateformes ajoutent de la valeur. GitHub est une société à but lucratif qui soutient des projets sans but lucratif – elle finance l’hébergement gratuit de projets libres et open source en facturant l’utilisation commerciale des services du site. Ainsi, des travaux libres et open source seront affectés par une loi destinée à réguler un différend entre quelques grandes sociétés.

Dans un récent billet (en anglais), GitHub a tiré la sonnette d’alarme, indiquant trois raisons pour lesquelles le filtrage automatique des contenus constitue une terrible attaque contre les forges logicielles :

  1. la loi impose que le code soit filtré parce qu’il est soumis au droit d’auteur – mais de nombreux développeurs et développeuses souhaitent que leur code source soit partagé sous une licence libre et open source ;
  2. le risque de faux positifs est très élevé parce que les différentes parties d’un logiciel peuvent être soumises à des licences différentes, ce qui est très difficile à traiter de manière automatisée ;
  3. le fait de supprimer automatiquement un code suspecté de porter atteinte au droit d’auteur peut avoir des conséquences désastreuses pour les développeurs et développeuses de logiciels qui s’appuient sur des ressources communes risquant de disparaître à tout moment.

Les inquiétudes commencent à être entendues

Dans sa dernière proposition, le Conseil de l’Union européenne cherche à exclure « les plateformes de développement open source à but non lucratif » de l’obligation de filtrer les contenus chargés par les utilisateurs et utilisatrices. Cet amendement est la conséquence directe de la levée de boucliers par la communauté FLOSS. Cependant, cette exception ne couvre pas les plateformes à but lucratif comme GitHub et bien d’autres, même si une partie seulement de leur activité est à but lucratif.

Plutôt que de remettre en cause le principe de base de la loi, les politiciens essayent d’étouffer les critiques en proposant de plus en plus d’exceptions à celles et ceux qui peuvent démontrer de façon crédible que la loi va les affecter négativement. Créer une telle liste d’exceptions est une tâche titanesque vouée à rester inachevée. Le filtrage des contenus devrait être rejeté dans son ensemble car c’est une mesure disproportionnée mettant en danger le droit fondamental de la liberté d’expression en ligne.

Nous pouvons y arriver !

Pour y parvenir, nous avons besoin de votre aide. La communauté FLOSS ne peut pas résoudre ces problèmes simplement avec du code : elle a un impact politique, la force du nombre et des allié⋅e⋅s au Parlement (européen). Nous avons déjà provoqué certains changements. Voici comment vous pouvez agir dès maintenant :

  1. signez la lettre ouverte sur SaveCodeShare (Note de traduction : en anglais, voir l’article de l’April qui soutient cette campagne) ;
  2. utilisez l’outil gratuit de Mozilla pour appeler les membres du Parlement européen ;
  3. tweetez aux principaux acteurs de la Commission des affaires légales du Parlement européen via FixCopyright (en anglais).

Note technique :

Trois acteurs sont impliqués dans le processus législatif. La Commission émet une première proposition de loi, à laquelle le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne peuvent proposer des amendements. Au sein du Parlement, la loi est d’abord discutée en Commission des affaires légales dans laquelle chaque groupe politique nomme un négociateur. Une fois que la Commission aura voté le compromis élaboré par les négociateurs, le texte sera soumis au vote en séance plénière du Parlement, avant que les négociations ne commencent avec les autres institutions. Le parcours législatif exact est disponible ici (en anglais).

Dans la mesure du possible et conformément à la loi, l’auteur [Julia Reda] renonce à tous les droits d’auteur et droits voisins sur ce texte.




Les Léviathans V. Vie privée, informatique et marketing dans le monde d’avant Google

Dans notre ère désormais numérique il nous arrive parfois d’être pris d’un léger vertige tant le flux tourbillonnant de l’actualité porte des coups brutaux à notre représentation du monde. C’est alors qu’un pas de côté est salutaire.

Apprendre avec Meltdown et Spectre que même le matériel, en l’occurrence le processeur, comporte des failles critiques, ou plus récemment que par dizaines de millions des profils Facebook ont été exploités pour manipuler l’opinion à des fins politiques, voilà le genre d’affaires qui défraient la chronique, mais qui nous demandent un peu de recul.

Dans la continuité de sa série des Léviathans, Christophe Masutti nous propose aujourd’hui avec Léviathans V de prendre un peu de distance avec le capitalisme de surveillance pour mieux en appréhender et déconstruire le mode opératoire.

Pour commencer, il nous invite à remonter aux années 1960 aux États-Unis et découvrir que l’exploitation des données personnelles par le marketing numérique (certes moins sophistiqué qu’aujourd’hui) était une réalité dès la constitution des premières banques de données. Au point que très tôt des mouvements d’opinion sont apparus pour s’opposer aux dangers des atteintes à la vie privée. On verra donc à quel point ni la collecte de données personnelles à des fins marchandes ni les légitimes oppositions qu’elle soulève ne sont dans leur principe des phénomènes nouveaux.

Historiquement, c’est l’informatique bancaire qui s’est trouvée comme à l’avant-garde de cette collecte structurée qui va constituer les bases de données. Mais entre le climat de la Guerre froide et la méfiance des citoyens américains alors jaloux de leur liberté, les protestations sont vives. Dès le début des années 1970 certains déjà redoutent un monde où l’individu serait sous totale surveillance grâce aux technologies informatiques.

Les tentatives pour contenir par un cadre juridique l’exploitation des données privées étaient trouées d’exceptions dont les entreprises commerciales ont évidemment profité. Grâce à l’informatisation croissante du traitement de données, il leur devenait facile de déterminer des types de consommateurs et d’anticiper sur leurs désirs d’achat : dès avant 1980, le profilage était né.

Christophe Masutti retrace le chemin parcouru depuis : comment les données vont devenir une ressource monnayable, comment dès le début des années 1990 on peut proposer un modèle économique où chacun vendrait ses données (ça ne vous rappelle rien ?), comment s’est développé le business juteux du commerce des données, au point d’alimenter les méga-corporations que nous connaissons aujourd’hui, et quelles voix se sont élevées, opposant la liberté au profilage et à la segmentation sociale qu’impose cette économie de la surveillance.

En définitive, le parcours historique et analytique que vous allez lire est à la fois surprenant – puisque tout était déjà là, et éclairant – car c’est ainsi que nous en sommes arrivés là.

*   *   *

Comme le texte de l’article est un peu long (une trentaine de pages au format A4 plus une abondante bibliographie), nous vous en proposons la lecture hors-ligne en téléchargeant ci-dessous le fichier .pdf (avec liens actifs pour le parcourir)

Cliquez sur l’image pour télécharger Léviathans V de Christophe Masutti au format .pdf (210 Ko) (ou sur Hal-shs)

 

* Crédit image Robert Nix (CC BY-2.0)

 

 

 




21 degrés de liberté – 12

Filmés et géolocalisés, nos déplacements n’échappent pas à la surveillance. Même quand nous flânons dans une boutique physique, notre parcours est enregistré.

Voici déjà le 12e article de la série écrite par Rick Falkvinge. Le fondateur du Parti Pirate suédois s’inquiète aujourd’hui la fin de l’anonymat dans nos achats en raison des moyens électroniques de paiement.

Le fil directeur de la série de ces 21 articles, comme on peut le voir clairement dans les épisodes précédents que nous vous avons déjà livrés, c’est la perte de certaines libertés dont nous disposions encore assez récemment, avant que le passage au tout-numérique ne nous en prive.

Nos parents achetaient des objets sans être pistés, leurs pas en boutique n’étaient pas enregistrés

Source : Rick Falkvinge sur privateinternetaccess.com

Traduction Framalang : goofy, draenog, Moutmout, xi + 2 anonymes

Dans le dernier article, nous nous sommes concentrés sur la façon dont les personnes sont pistées aujourd’hui lorsqu’elles utilisent des cartes bancaires plutôt que du liquide. Mais peu de gens remarquent qu’aujourd’hui, nous sommes également suivis à la trace même si nous utilisons du liquide.

Photo Privacy News Online

 

Peu de gens font attention au petit signe (en) sur la porte tambour de l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol. Il indique que chacune des personnes dans l’aéroport est suivie par Bluetooth et Wi-Fi.

Ce qui caractérise l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol n’est pas le fait que le moindre pas des gens dans une zone commerciale y soit pisté (à des fins commerciales, pas pour la sécurité.) Non, ce qui différencie l’aéroport d’Amsterdam-Schiphol, c’est que les personnes en sont informées. Les Pays-Bas ont tendance à prendre la vie privée au sérieux, comme l’Allemagne, et pour la même raison (en).

Les balises de localisation sont devenues quasiment un standard dans les plus grandes zones commerciales. Elles envoient un signal à votre téléphone par Wi-Fi et par Bluetooth, et par triangulation, en utilisant la force du signal, un réseau de balises est capable de déterminer les déplacements de chaque individu en temps réel avec une précision inférieure à la longueur d’un pas. Tout ceci est utilisé pour « optimiser la vente » – en d’autres termes, trouver des façons de piéger le cerveau des gens pour qu’ils dépensent des ressources qu’ils n’auraient sinon pas dépensées. Notre propre perte de vie privée est utilisée contre nous, comme à chaque fois.

Où est-ce que les gens s’arrêtent un moment, qu’est-ce qui attire leur attention, qu’est-ce qui n’attire pas leur attention, qu’est-ce qui constitue un obstacle pour réaliser plus de ventes ?

Ce sont des questions légitimes. Cependant, retirer aux gens leur vie privée afin de répondre à ces questions n’est pas une méthode légitime pour y répondre.

Ce type de suivi individuel de masse a même été déployé à l’échelle de villes entières, ce qui s’est passé dans le silence le plus total jusqu’à ce que le Bureau de Vigilance pour la Vie Privée d’un gouvernement lointain sonne l’alarme. La ville de Västerås a obtenu le feu vert pour poursuivre le pistage une fois quelques critères de pure forme atteints.

Oui, le déploiement à l’échelle d’une ville de ce type de pistage dans au moins une petite ville d’un coin reculé du monde (Västerås, en Suède) est documenté. Maintenant que le Bureau de Vigilance pour la Vie Privée gouvernemental a haussé les épaules et dit « mouais, qu’importe », ne croyez pas que ça restera confiné à la petite ville de Västerås. Rectification, mauvais temps verbal : ne croyez pas que ce c’est resté qu’à Västerås, où le feu vert a été obtenu il y a trois ans.

Nos parents analogiques avaient le pouvoir de marcher sans être pistés dans la ville et dans la rue de leur choix, sans que cela soit utilisé ou retenu contre eux. Il n’est pas déraisonnable que nos enfants numériques aient le même pouvoir.

Il y a une autre façon d’acheter des choses avec du liquide qui permet d’éviter ce type de pistage, c’est le paiement comptant à la livraison à votre domicile lors de l’achat en ligne ou par téléphone. Dans ce cas, votre achat est aussi consigné et enregistré, simplement dans un autre type de système.

Tout ceci n’est pas seulement utilisé contre le citoyen ordinaire à des fins commerciales, évidemment. C’est utilisé contre le citoyen ordinaire à toutes fins possibles. Mais nous y reviendrons dans un article à venir de la série.

La vie privée demeure de votre responsabilité.




Aquilenet, 7 ans d’internet libre en Aquitaine

7 ans. Sept ans que Aquilenet, fournisseur d’accès à Internet associatif bordelais, construit de l’Internet bénévolement, localement, politiquement et maintenant en fédération. Sept ans également à faire de la sensibilisation, aussi bien sur les questions d’Internet, de vie privée, de logiciel libre que de critique des médias et de médias indépendants. On aurait pu croire qu’après autant de temps cette association se serait essoufflée mais loin de là : un passage en collégiale, un nouveau local, un data-center associatif et bien plus encore !

Frigo du local – CC-BY-SA – Bram

— Bonjour le collectif d’Aquilenet, c’est un plaisir de vous avoir, est-ce que vous pouvez vous présenter brièvement ?

Bonjour, plaisir partagé 😉, nous sommes donc Aquilenet, Fournisseur d’Accès Internet associatif en Nouvelle Aquitaine, et plus précisément localisé à Bordeaux. Nous comptons actuellement pas loin de 150 membres et sommes actifs depuis 2010 !

Aquilenet est un fournisseur d’accès à internet (FAI) associatif, qu’est-ce que c’est ? En quoi le côté associatif fait une différence ? À qui vous vous adressez ?

Le plus ancien fournisseur d’accès à Internet de France encore actif est un fournisseur d’accès associatif. C’est-à-dire que dès le début de l’Internet en France, on a vu des gens passionnés se rassembler entre eux pour construire quelque chose à leur échelle. Et puis sont arrivés les fournisseurs commerciaux : France Télécom, AOL, Club-Internet, Wanadoo, Neuf… Enfin, maintenant, on connaît leurs nouveaux noms : Orange, SFR, Free, etc. Ce sont d’immenses entreprises, qui couvrent tout le territoire national, et sont là pour faire ce que font les entreprises : vendre des services et faire des bénéfices. On en connaît les dérives : ces entreprises, qui ont la mainmise sur le réseau, peuvent contrôler ce qu’on a le droit – ou non – de consulter, choisir si on peut brider ou non une connexion, desservir volontairement plus ou moins bien le client suivant ce qui les arrange, et évidemment pratiquer une surveillance généralisée : on leur donne les clés et on utilise ce qu’ils veulent bien nous donner.

Un FAI associatif, c’est un petit ensemble de gens passionnés, qui veulent faire du réseau propre et fournir un Internet libre. On peut boire une bière avec. On peut littéralement voir comment c’est fait, voir ce qu’ils font de nos données. Il n’y a pas de dérives mercantiles, car ce n’est de toute manière pas concurrentiel avec les FAI dits « commerciaux ».
En bref, les clés sont à nous, et on se réapproprie Internet, le réseau, et nos données : on fabrique nos propres bouts d’Internet, on est Internet !

En plus de cela, notre volonté étant de créer du réseau, on peut amener Internet là où les FAI commerciaux n’en voient pas l’intérêt. Ce sont les fameuses « zones blanches » dont on entend parfois parler. Pour nous, l’intérêt, c’est d’apporter l’accès au net à tout le monde, partout.

On s’adresse à tout le monde, comme n’importe quel autre FAI, à la différence que les assos sont essaimées partout en francophonie ; et qu’on va donc plutôt essayer d’agir en tant qu’acteur local. Parce qu’une fois de plus, un FAI associatif, c’est à l’échelle humaine. On peut discuter directement avec, on peut s’investir dedans. Et on peut, bien entendu, se contenter d’avoir une connexion Internet propre, neutre et libre de toute surveillance.

En gros, on est un peu comme une « AMAP » (Association pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne) de l’Internet !

Bien sûr, on ne peut pas profiter des tarifs de gros auxquels les gros opérateurs ont accès, donc les accès ADSL sont typiquement un peu plus chers : 35-40€ par mois pour de l’ADSL sans téléphone. Mais d’autres fonctionnements sont possibles: des voisins peuvent se regrouper pour partager une ligne ADSL tout en ayant chacun son adresse IP propre, partageant ainsi les coûts.

C’est une démarche fortement engagée politiquement, qu’est-ce qui vous a poussé⋅e⋅s à vous lancer dans cette aventure et à la continuer ?

Pour n’importe quel être humain ayant été connecté à Internet, construire et cultiver son propre carré vert d’Internet peut sembler être une expérience excitante et passionnante ! La soif d’apprendre, la quête de sens avec la participation à la construction d’un Internet « propre », et le fait de devenir un acteur sur le sujet sont des éléments qui nous ont vite motivés à nous lancer dans cette aventure.

D’autre part fournir de l’accès à Internet avec une infrastructure permet d’aider aussi de nombreux projets à émerger, et aussi d’aider pas mal les copains, nous fabriquons ensemble notre bout d’Internet.

Mais au fait il est à qui le net ? À NOUS !!!

Et au-delà de Aquilenet on entend dire que vous lancez une structure qui s’appelle « C’est le bouquet », qu’est-ce que c’est ? Pourquoi vous le faites ? Qui est-ce que vous visez ?

C’est Le Bouquet est une initiative qui a commencé à pointer le bout de son nez en 2017. Nous avons été contacté⋅e⋅s par un certain nombre d’associations ou de collectifs, qui voulaient plus que les services qu’Aquilenet fournit historiquement. Il leur fallait un ensemble d’outils propres, dégooglisés – le lectorat saura de quoi on parle – et sous leur contrôle. Des outils fiables, parce qu’on parle d’associations, ONG, collectifs, et que leurs communications doivent être sous leur contrôle : courriels, travail collaboratif… Pour tout cela, il faut du libre, sur un réseau qu’on sait propre, en lequel ils peuvent avoir confiance et qui sera maîtrisé sur toute la chaîne ou presque.

Alors l’idée a germé de créer quelque chose qui proposerait un bouquet de services libres et neutres, avec tout ce qu’il faut pour que ces structures puissent travailler efficacement. C’est le bouquet était né !

À cela s’ajoute la création d’outils permettant de gérer l’ensemble efficacement, et la mise en place de formations et de SAV pour pouvoir en permanence répondre aux questions, intervenir au besoin, sensibiliser et éduquer à des manières de travailler qui seront parfois nouvelles.

Courriels, CRM, pads, hébergement de document, newsletters, listes de diffusion, et bien plus encore : tout le nécessaire sans Google, équipé de logiciels libres, hébergé sur des serveurs propres et locaux, sans filtrage, ni exploitation de données, ni surveillance, et le tout qui passe par l’Internet propre des tuyaux d’Aquilenet !
Il reste encore beaucoup à faire !

Mais… ça ressemble furieusement à un CHATONS ! Vous en êtes un ? Est-ce que vous pensez rejoindre ce collectif ?

Pour l’instant, ni Aquilenet, ni C’est le Bouquet ne se revendiquent CHATONS. Il n’y a pas pour l’instant de décision tranchée sur si oui ou non nous rejoindrions ce collectif… Le débat continue, entre la volonté d’indépendance de toute étiquette et le fait que, concrètement, les idées se croisent !

La preuve en est qu’il n’est pas besoin de faire partie des CHATONS pour proposer des services web de manière éthique ! Dites, comment on fait pour faire un fournisseur d’accès à Internet ? Comment on se connecte à Internet et on l’amène à des gens ?

Il y a de nombreuses façons d’y arriver, le mieux est de venir nous poser la question à la Fédération FDN, nous avons des documentations sur le sujet, nous pouvons accompagner et fournir des ressources pour aider au démarrage. D’autre part nous pouvons mettre en contact avec une association fédérée géographiquement proche du demandeur. Ce qui est motivant c’est que nous continuons à voir de nouvelles initiatives émerger et nous rejoindre.

Est-ce que vous ne faites que fournir de l’accès à Internet à des gens ?

Non ! À vrai dire, la fourniture d’accès à Internet est une toute petite partie de notre activité. On pourrait dégager deux grands axes pour décrire les activités d’Aquilenet. Un premier axe est davantage centré sur les services. Au-delà des accès ADSL, l’association propose également des accès VPN (bon… c’est un accès à Internet en fait), des machines virtuelles, de l’espace de stockage, du mail ou encore de la VoIP. Nous sommes également parmi les fournisseurs de Brique Internet. Nous participons à différents projets comme The DCP Bay, de la distribution de films pour les salles de cinéma indépendantes. Tout ça repose bien entendu sur du logiciel libre et est garanti sans filtrage ! La seconde activité d’Aquilenet est plus d’ordre militant dans le sens où nous travaillons beaucoup à faire connaître la neutralité du net, le Libre ou à communiquer sur des thématiques dont nous nous sentons proches. Nous sommes impliqués localement pour sensibiliser sur ces thématiques et poussons pour un développement de l’Internet local plus accessible aux petites structures.

Capture d’écran du débat entre Pierre Carles et Usul

D’autre part, nous organisons régulièrement des ateliers pour former les gens qui le souhaitent à des technologies très variées. Nous proposons aussi de temps en temps des projections au cinéma l’Utopia à Bordeaux ou des débats avec des intervenants toujours passionnants. Notre dernière projection en date était le documentaire Nothing to Hide dont nous avons participé à la distribution sur Internet. Dernièrement, nous avons également participé à la venue de Pierre Carles et Usul pour une soirée de discussion ouverte à toutes et à tous . Nous essayons aussi d’ouvrir des sentiers pas encore tracés : nous réfléchissons, par exemple, à l’intégration de Duniter, une cryptomonnaie libre qui se veut plus juste, dans nos moyens de paiement !

En interne, nous organisons des ateliers ouverts à toutes et tous, pour permettre à chacun de se former et de s’investir à son échelle. Nous avons lancé des groupes de travail aussi divers que la desserte en Wi-Fi des zones blanches, la communication, l’administration système, l’accueil, le support… Tout le monde peut mettre la main à la pâte quelles que soient ses compétences : on se forme entre nous !

Vous n’êtes pas le seul FAI associatif qui existe, il y a une même, on l’a vu, une fédération, la FFDN, dont vous êtes fondateurs.  Est-ce que vous pouvez un peu nous en parler ? Quelle est vous relation avec cette fédération ?

Carte des fournisseurs d’accès à internet associatifs montrant ceux de la FFDN (en bleu)

Nous sommes parmi les membres fondateurs de la  FFDN, la fédération qui rassemble les FAI associatifs de toutes tailles et de toutes localisations. Nos membres sont par définition également membres de celle-ci, certains y sont très actifs, d’autres non. Elle se compose donc de camarades d’un peu partout, avec qui nous échangeons nos questions, nos évolutions, nos volontés et nos besoins. Nous partageons ainsi nos connaissances tant techniques que, par exemple, juridiques, afin de toujours pousser le groupe vers l’avant. Les bons plans également, comme des solutions de financement de projets par des organismes publics nationaux ou internationaux. Lorsqu’un besoin se fait connaître, des membres de partout peuvent y répondre. Afin de maintenir ce maillage, des points « bilan » sont régulièrement faits par toutes les associations membres de la FFDN : quels sont les projets, les nouvelles, l’état de santé de l’association, ses besoins, etc. En fait, la FFDN nous permet d’être à la fois beaucoup et peu, partout et juste à un endroit. Elle nous donne une force commune sur tout le territoire, tout en laissant un ensemble de petits acteurs agir localement.

Ça fait sept ans que vous existez, vous avez été jusqu’à présent en structure associative classique avec CA, président etc. et vous avez récemment décidé de passer à une structure de collégiale, pourquoi vous avez fait ce choix ? Comment vous vivez cette aventure et qu’est-ce que ça change pour vous ?

Nous venons en effet de voter le passage en collégiale pour Aquilenet. Il n’y a plus de bureau, de président, de trésorier, mais des bénévoles motivé·e·s. Chacun·e a accès aux droits nécessaires aux actions qu’il ou elle entreprend, les tâches sont réparties entre les adhérents volontaires qui auront rejoint la collégiale, et il n’y a aucune centralisation des pouvoirs. Tout repose désormais sur la volonté de chaque adhérent et sur la confiance mutuelle. C’est un tournant humain, égalitaire, et qui vise à décharger des épaules en invitant tout le monde à faire sa part et à partager le savoir-faire. Là-dessus, nos craintes sont relatives : en dehors de questions technico-juridiques, nous avions déjà un système assez proche de la collégiale. Quiconque voulait faire avait le droit de le faire. L’idée, c’était d’officialiser ça une bonne fois pour toutes !

Et en plus de cette transformation vous avez également désormais un local ! C’est aussi un grand changement, en quoi ça vous impacte ? Qu’est-ce que ça vous permet de nouveau ? On me souffle que vous êtes en train de lancer un data-center associatif, qu’est-ce que c’est et à quoi ça sert ?

On l’a dit plusieurs fois depuis novembre, lors de nos réunions : c’est quelque chose d’important. Nous avons un lieu où nous nous rencontrons, de manière bien plus régulière et libre qu’auparavant. Depuis sa création, Aquilenet se rassemblait mensuellement dans un bar. Lorsque des ateliers avaient lieu, on faisait ça où l’on pouvait (souvent au Labx, hackerlab de Bordeaux). En cas de réunion, nous utilisions une salle… dans un bar, encore ! Maintenant, dès que quelqu’un veut travailler, dès qu’on veut discuter de quelque chose, débattre, préparer, planifier, faire un atelier : on se retrouve à « la Mezzanine », notre local. Il y a presque toujours quelqu’un de présent le mardi soir, toujours des petites réunions entre deux, trois, cinq, dix membres. Ça a donné une vraie existence physique à ce qui était, la majorité du temps, des appels, SMS, emails, échanges sur IRC.

Data-center en tout début de construction – CC-BY-SA – Bram

 

Si le local s’appelle « La Mezzanine », ce n’est pas pour rien : il s’y trouve une Mezzanine que nous allons transformer en data-center associatif. Il possède son propre réseau électrique à part du reste du local, d’origine 100% renouvelable. Une fois que tout sera en place, tout le monde pourra librement y installer son serveur, quelle que soit sa forme et sa taille, du Raspberry Pi à la tour de PC, et l’y poser. Nous fournissons l’énergie, la connexion, au besoin des IP Aquilenet, tout ce qu’il faut ! Un groupe de travail planche actuellement dessus. Il y a du travail encore, mais ça prend forme petit à petit !

Et comment vous rejoindre dans cette belle aventure ?

On est joignables en permanence par courriel depuis la section contact de notre site Internet, et tout le nécessaire pour adhérer à l’association et/ou profiter des services qu’on propose y est disponible ! Et pour plus de chaleur humaine (et de bière1), on se donne rendez-vous chaque premier mardi du mois, 21h, à la mezzanine, le local d’Aquilenet – 20 rue Tourat, Bordeaux, pour accueillir à la fois les membres, les curieuses et les curieux !

Un mot de la fin ?

Devenir fournisseur d’accès Internet est à la portée de tous, si vous n’en avez pas dans votre région et êtes motivés n’hésitez pas à nous contacter, c’est une formidable école sur le fonctionnement de l’Internet et c’est aussi une contribution très utile au développement de la liberté dans notre pays. Enfin sachez que nos associations sont toujours ouvertes à toute personne motivée qui souhaiterait nous aider, les thématiques ne manquent pas et ne sont pas uniquement que techniques, vous êtes toutes et tous bienvenus !

« Sous les pavés, la fibre ! » 😀
Une autre fin du net est possible.
Hacker vaillant rien d’impossible !

 

  1. L’alcool est dangereux pour la santé, consommez avec modération.



Montpel’libre, l’asso libre tous azimuts

Jour après jour et depuis longtemps, des associations qui promeuvent les logiciels et la culture libre sont au contact de la population et forment un réseau irremplaçable : celui des GUL (Groupes d’Utilisateurs Linux) ou GULL (Groupes d’utilisateurs de Logiciels Libres).

Leurs activités traditionnelles : install’parties, conférences, stands… ont été complétées par une grande variété d’actions adaptées au contexte local et aux évolutions de nos pratiques numériques.

Nous avons choisi de mettre en valeur l’association Montpel’libre parce que (comme d’autres bien sûr) elle offre un exemple intéressant de diversification et de dynamisme (on y trouve même un groupe Framasoft…), et leurs membres ont été assez sympas pour répondre aux 512 questions que nous avions préparées. Voici une sélection de leurs réponses à plusieurs voix…

 

— Bonjour les Montpel’libristes, est-ce que vous pouvez nous dire un peu à quoi ressemble votre association ?

— Bonjour Frama. En préambule, nous avons remarqué que vous avez utilisé un Framapad pour cette interview, ce que nous comprenons parfaitement. Néanmoins, vous auriez pu utiliser un BIMpad sur nos CHATONS.

BIM pour Bienvenue sur l’Internet Montpelliérain, administré et hébergé localement. Voici la page (en construction) où sont tous les services que nous proposons. Après Dégooglisons, nous sommes aussi passés à Contributopia. 😉

Et pour faire connaissance avec notre association, l’essentiel est sur ce petit flyer

flyer qui résume les activités de l'association Montpel'libre

— Avec ce nom d’association on devine que vous rayonnez sur la métropole occitane, mais on voit aussi des événements vers Nîmes ou Béziers, comment vous vous organisez ?

— Effectivement, notre volonté est de faire la promotion des Logiciels Libres, de la Culture Libre et des Biens Communs à l’origine sur Montpellier, mais très vite nous avons pris une dimension régionale. Aujourd’hui nous intervenons sur l’Occitanie, en partie sur PACA, et avons quelques actions sur l’Afrique et le Québec. Nous souhaitons développer ces actions sur ces territoires en y organisant des Jerry-Party, les RMLL, EPN, coworking, ICC et ESS

Nous sommes créatifs, réactifs, simples et souples. Des personnes viennent vers nous avec des demandes sur les logiciels libres, la culture libre et les biens communs et nous trouvons rapidement et simplement comment faire pour les satisfaire.
Comme nous nous inscrivons dans la durée, nous créons des réseaux que nous mettons en synergie et nous trouvons sur place ou non, les personnes qui peuvent nous aider à mener nos projets : des néophytes qu’on fait monter en compétence comme des personnes chevronnées qui prennent le lead sur les actions à mener. Ce qui les fait adhérer à Montpel’libre et y rester, c’est le fait qu’on écoute leur désir profond et qu’on les accompagne pour créer leur projet, en leur apportant la force du groupe, de ses différentes communautés, personnalités, compétences.

— Quand on lit la liste de des activités de Montpel’libre on est pris d’un léger vertige : mais comment font-ils ?
On imagine vu le nombre d’événements, que vous êtes nombreux et nombreuses, et que de nouvelles personnes viennent dans l’asso, comment se passe l’accueil des nouvelles personnes, vous avez une stratégie ou bien ça se fait tout seul ?

—  Plutôt que de constater une étanchéité des communautés, comme c’est souvent le cas, nous avons choisi de favoriser au sein de Montpel’libre une collaboration active de plusieurs communautés : April, Blender, Emmabuntüs, Framasoft, OpenStreetMap, Site Web/Internet, Wikipédia…, cela nous permet ipso facto d’organiser plus rapidement des événements tel que les Opérations Libres, qui font intervenir les communautés Wikipédia, OpenStreetMap, Framasoft, Blender… ces communautés étant actives dans l’asso, l’organisation s’en trouve plus aisée, efficiente et du coup largement moins problématique.

— Nous n’avons pas forcément de plan triennal, cela ne nous empêche pas de nous projeter dans l’avenir. Nous établissons déjà les activités pour 2019, même si celles-ci ne sont pas encore publiées, AprilCamp, PyConFr, Escale à l’UM, Libre de Droit, RMLL à Montpellier, en 2020 RMLL à Rabat… Bien sûr certaines propositions ne sont qu’à l’état d’ébauche, blockchain, smart city, iot, icc, ess… Du libre pour tous, tout de suite et partout !

Nous ne sommes pas conscients de tout ce qui nous a permis de réussir, mais nous savons ce qui est important pour nous. En premier lieu, nous sommes respectueux des différences et de la diversité. Bien des personnes nous rejoignent parce qu’elles savent qu’avec et dans Montpel’libre, elles vont pouvoir mettre en place leurs idées de façon simple et efficace, quoiqu’elles sachent faire, et s’accomplir dans une ambiance conviviale. Elles aiment aussi la créativité que démontre le groupe.

— En même temps, pour développer et mener à bien des projets, nous avons dans le Bureau toutes les compétences complémentaires nécessaires : nous sommes tous utilisateurs de logiciels libres et membre de plusieurs communautés. En fait, quand on éprouve un besoin, la réponse arrive à point nommé : cela repose sur un long travail de fond, chacun dans nos domaines, un partage dans l’esprit du Libre et une écoute profonde

— Les adhérents sont très divers et participent tous à notre succès : on retrouve beaucoup d’électrons libres et de hauts profils dans différentes matières qui font le numérique libre au sens large, mais aussi des enfants, des institutions, des entreprises, des associations, d’autres Gull, des personnes âgées, des personnes en situation de handicap, des stagiaires, des étudiants, et des personnes venues de plusieurs continents…

Montpel’libre présente les logiciels libres à la communauté Emmaüs de Montpellier (décembre 2015)

 

— C’est cette alchimie qui rend l’association étonnante, spécifique, vivante, organique….

— Je crois que ceux qui participent à nos actions (bénévoles, partenaires, fournisseurs) apprécient aussi notre façon de les mettre en valeur : pour nous c’est ensemble que nous faisons les choses et s’il manque une personne, alors l’action ne peut être aussi belle. Nous remercions toujours chacun⋅e en expliquant quelle part il ou elle a pris dans le succès de l’action.

— En conclusion, on pourrait dire : « Il n’est de richesses que de personnes », et nous agissons avec le temps…

— Votre organisation, c’est plutôt cathédrale ou bazar ?

— La contribution collaborative, la prise de décision, l’émergence d’idée, l’esprit critique, le participatif, sont encouragés dans Montpel’libre. Une cathédrale ? Pas forcement. Un bazar structuré, plutôt !

— En fait, ce n’est ni la cathédrale, ni le bazar, c’est autre chose. Plutôt un Ki : l’énergie vitale et primordiale, celle qui est à l’origine de l’action, se transforme et la transforme en permanence.
Nous exprimons. à la fois la diversité de la vie, sa force et sa capacité à se renouveler:)

— C’est quoi les valeurs que vous promouvez, finalement ?

— Montpel’libre considère les Logiciels Libres, la Culture Libre et les Biens Communs (vous remarquerez que nous avons mis des majuscules à chaque mot 🙂 comme l’ADN de l’asso. Notre sacerdoce repose essentiellement sur la liberté 0, que nous qualifions d’accessibilité. Évidemment l’accessibilité au code pour les logiciels, mais aussi l’accessibilité aux ressources, à la culture, au numérique pour les personnes à mobilité réduite, les déficients visuels, mais pas seulement, issus de la diversité, de culture, d’âge ou de genres différents…

 

Nous rendons accessibles et humains le Logiciel libre, la Culture Libre et les Biens Communs. Entre nous, on en plaisante et on se dit « dealers de bonheur, dis-leur le bonheur ! ». Nous aimons le partage et nous apprécions particulièrement de voir les personnes qui ont participé à l’une de nos actions avec des yeux pleins de lumière et de grands sourires. Nous pratiquons beaucoup l’écoute, le partage et la proximité… mais nous aimons aussi la convivialité : les apéros, les bons repas et danser !

Les bénévoles de Montpel’libre pensent aussi aux plus jeunes (ici atelier jeu vidéo) – Photo Montpel’libre – merci @Natouille

— Votre slogan « Les logiciels logiquement libres » c’est chouette, mais ça laisse supposer que vous ne vous occupez que de la promotion du logiciel libre, alors que vos actions sont bien plus larges...

—  L’asso est née en 2008, il y a bientôt 10 ans, vous imaginez bien que nos actions ont évolué, se sont diversifiées, démocratisées et répandues sur un territoire plus élargi. Aujourd’hui, nous nous trouvons à la jonction des secteurs d’activités du numérique, des industries créatives, de l’économie sociale et solidaire, du développement durable, de la recherche et formation ainsi que de l’éducation populaire.

Montpel’libre c’est un jeu de mot qui durera toujours . Montpel’ n’est pas lié : il est libre. Et nous sommes nés à Montpellier, ça, c’est un fait qui ne changera jamais. En revanche aujourd’hui le slogan devrait effectivement changer pour intégrer la Culture libre et les Biens Communs. Il devrait devenir : « Logiquement libres », tout simplement.

— Est-ce que les RMLL à Montpellier ont contribué à booster l’association ou bien était-elle déjà très active et donc a été candidate et choisie pour cela ?

— Bien sûr que les RMLL ont contribué à booster Montpel’libre, en douter serait nier l’évidence, même si nous avions déjà organisé plusieurs fois des salons (confs/stands…) à l’Université de Montpellier. Thierry Stœhr, Christophe Sauthier et d’autres, l’Université de Montpellier, l’Université d’Évry, l’Université Mohammedia de Rabat, 2iE à Ougadougou y ont participé. Nous avons un peu levé le pied là-dessus, car les gens nous demandaient à cette époque des ateliers, des permanences, des confs, bref de la proximité. Nous réfléchissons à relancer ces salons sur la région.
Avant d’organiser les RMLL, nous avions soigneusement travaillé nos réseaux, organisé ou participé à des événements avec les communautés, organisé certains événements comme l’assemblée générale de l’Aful, l’AprilCamp, une étape du tour de France des Logiciels Libres, les assises du Libre… afin de bien connaître et se faire connaître des communautés, des collectivités, des financeurs…

— Les RMLL ont permis d’attirer à Montpel’libre des professions autres que techniques et donc complémentaires et de fédérer les énergies et les bonnes volontés.
En plus, tous ceux qui ont réalisé un événement international le savent, l’organisation en est lourde et des tensions naissent. Le conflit a ceci de bon, quand il est positif, de permettre de s’asseoir à une table, de dire qu’il y a une difficulté et de trouver comment la régler. Montpel’libre a su passer au-dessus des difficultés. Cet événement a été intégrateur de compétences et fédérateur d’énergies et de bonnes volontés.

— C’est quoi le « gros coup » d’après ? Vous avez bien encore un méga-projet dans les cartons ?

— Chut ! Bien sûr, mais comme c’est un projet sensible, nous en discuterons plus tard, si vous le voulez bien.
Hum, mais qui a parlé d’un seul projet ?

— Vous avez une longue liste de partenaires de toutes sortes, est-ce que certains contribuent au financement de l’association ? Et au fait, comment vit financièrement votre association ? Seulement avec les cotisations des membres ?

— Jusqu’à présent, nous ne nous étions pas posé la question, nous avons agi sur fonds propres, c’est à dire des fonds sortis de nos poches ! Aujourd’hui, ce n’est plus possible vu le nombre et la diversité des activités. Il faut donc faire rentrer de l’argent dans les caisses (voyages, hébergement, pérennisation des activités…)
Le premier argent économisé est celui qui n’a pas été dépensé. Nous bénéficions de beaucoup de mécénats en nature (salles gratuites, personnels de service et gardiennage gratuit et dans certains cas cocktail).
Les cotisations de nos membres sont symboliques parce que volontairement nous voulons être accessibles : tout le monde doit pouvoir bénéficier des services de l’association et participer à l’organisation de l’une de ses activités.
Nous réfléchissons à trouver un, voire des modèle(s) économique(s).

— Bon c’est tout de même un peu agaçant, vous cochez toutes les cases de l’asso dynamique et sympathique en plein développement. Vous n’auriez pas un petit truc qui cloche pour tempérer un peu, je ne sais pas moi, un problème, une inquiétude, un truc dont vous regrettez qu’il ne marche pas ?

— Nous avons les mêmes difficultés que tout le monde pour mettre en place des actions et pour les pérenniser. Nous vivons les mêmes joies et questionnements que tout le monde. Nous croyons profondément en notre liberté et nous respectons celle des autres. Si quelqu’un ne veut pas agir avec nous, c’est sa liberté, nous la respectons et nous continuons notre chemin.
Un point qui est à améliorer : nous ne sommes pas assez présents dans des salons sur le logiciel libre (pas assez de stands, conférences, ateliers…).

— Quelle est le projet qui a le mieux réussi à faire venir à vous des Clapassièrs (les habitants de Montpellier) ?

— Ici, dans le Clapàs des Paysannasses notre réputation s’est faite à partir des cartoparties participatives sur l’accessibilité des personnes à mobilité réduite. Nous avons effectivement travaillé trois ans à l’enrichissement d’OpenStreetMap et de l’OpenData de Montpellier avec la ville, les citoyens et les communautés.
Après les cartoparties qui ont fait connaître Montpel’libre, notre association a permis à ceux qui y adhéraient de faire autre chose et autrement, d’où la diversité de ses actions.

 

 

Le groupe OSM : réunion de travail mais aussi cartopartie sur le terrain…

 

 

 

—  Qu’est-ce que vous souhaitez dire aux habitants qui ne vous connaissent pas encore ? Et plus largement, à tous les libristes et tous les GULL ?

— Osez oser ! Construisez à partir de qui vous êtes, c’est-à-dire des compétences que vous avez, et qui font de vous un individu ou une association différente et unique. Le reste viendra tout seul et vous saurez vous réinventer.

— On vous laisse le mot de la fin mais ce n’est qu’un début, continuez le combat !
Bien sûr :

Montpel’libre n’est pas une entreprise,

mais une asso qui entreprend.

 

Liens utiles




ToS;DR – répondre au plus grand mensonge d’Internet

ToS;DR ou « Terms of Service ; Didn’t Read » pour « Conditions Générales d’Utilisation ; pas lues » est un projet cherchant à rendre plus compréhensibles toutes ces dizaines, voire centaines, de conditions générales d’utilisation que nous acceptons toute l’année sans les lire tout en cochant la petite case promettant le contraire.

Après une période de ralenti, ToS;DR s’enflamme à nouveau grâce à phœnix, une nouvelle version de leur outil de travail pour faciliter l’ajout de nouvelles entrées et permettre la participation de tout un chacun.

Le nom vient de l’expression anglaise « tl;dr » (too long, did not read) qui signifie qu’on va faire référence à un texte qu’on n’a fait que survoler.

Retrouvez Piks3l, contributeur du projet, qui a accepté de répondre à nos questions.

Il y a plusieurs moyens, mais il y a surtout une campagne de financement participatif, en anglais, actuellement sur Crowdrise.

On ne va pas tout traduire, mais pour résumer ils expliquent que les fonds leur serviront à sortir du « tout bénévolat », et donc à proposer un meilleur outil, qui servira à chacun et à chacune.

Si comme nous, vous savez combien il est important d’expliquer pourquoi il faut se dégoogliser (et si vous le pouvez), pensez à contribuer par vos dons ! Plus ceux-ci seront nombreux et plus ils auront de chances d’être dans la liste des bénéficiaires du Duck Duck Go Privacy Challenge, ce qui constituerait un apport financier supplémentaire non négligeable.

 

L’équipe Framasoft.

Aidons ToS;DR à se hisser vers le haut du tableau, DDG ajoutera une prime…