Que répondriez-vous à PropriCorp, éditeur du logiciel éducatif PropriSoft ?

Jeremybarwick - CC byLe Framablog vous invite à participer à un petit débat autour des arguments d’une société de logiciels propriétaires spécialisée en éducation. En admettant bien entendu que la problématique soit correctement exposée…

C’est bientôt la fin de l’année pour nos charmantes têtes blondes. C’est également la période où les établissements scolaires préparent et budgétisent la rentrée suivante.

Les éditeurs ne l’ignorent pas et nous abreuvent (nous les profs) de courriers publicitaires vantant les mérites de leurs produits.

C’est l’un de ces courriers qu’a récemment reçu l’un de nos fidèles lecteurs (et néanmoins collègue). Nous vous en proposons un extrait ci-dessous, non pas pour dénoncer de tels agissements mais parce que nous estimons qu’il y a là matière à discussion.

Bien que professionnel et non sollicité, il s’agissait d’un mail privé. C’est pourquoi nous avons délibérément choisi de changer les noms de la société (appelons-là « PropriCorp ») et de son logiciel (« PropriSoft »), ainsi que du logiciel libre « concurrent » dont il est fait mention (« LibroSoft »).

Je précise que je connais un peu le logiciel « PropriSoft » en question, qui est effectivement d’une grande qualité. Mais je connais encore mieux le logiciel « LibroSoft », qui n’a pas grand chose à lui envier (et qui figure d’ailleurs dans notre annuaire de logiciels libres Framasoft). Pour information ce logiciel libre a été créé et est maintenu principalement à l’étranger, ceci expliquant aussi un peu cela[1].

Mais il est temps de vous faire lire le passage où la société « PropriCorp » fait réponse à sa propre question.

Pourquoi PropriSoft n’est-il pas gratuit ? A quoi sert l’argent des licences PropriSoft ?

PropriCorp maintient (…) une douzaine d’emplois très qualifiés. La totalité des revenus issus des ventes de licences des logiciels PropriSoft sert à financer les salaires, charges et toutes les dépenses d’investissement dans de nouveaux logiciels pédagogiques.

Le Fondateur (…) commente :

« Il y a un contrat moral fort entre PropriCorp et la communauté enseignante qui est souvent très consciente des limites des logiciels gratuits, dont certains comme LibroSoft ont copié PropriSoft. Fondamentalement, ils n’innovent pas et ne créent pas d’emplois, ni en France ni ailleurs, et vivent de subventions publiques.

En optant pour les logiciels PropriSoft et en soutenant une petite entreprise française comme PropriCorp, les enseignants savent qu’ils soutiennent l’innovation et les outils pédagogiques sur le long terme, et cela dans l’intérêt de la qualité du système éducatif.

Rapporté à la durée d’utilisation, le coût d’une licence PropriSoft est inférieur à 0.09 euros par élève et par an, ce qui est souvent marginal au regard des investissements des collectivités en équipement TICE pour les établissements scolaires.

Malgré le contexte économique actuel difficile et la tentation de quelques-uns de privilégier les outils gratuits, nous comptons sur ce contrat moral avec les enseignants prescripteurs pour poursuivre les projets engagés, créer de nouveaux emplois qualifiés en 2009 et 2010, et apporter de nouveaux logiciels PropriSoft. Ces outils innovants devraient concrètement faciliter le quotidien des enseignants et des élèves, au niveau primaire, collège et lycée.

En 2009 plus que jamais, nous leur disons merci et leur souhaitons un bon enseignement avec PropriSoft ! »

Si votre établissement ne dispose pas encore de licences PropriSoft, vous trouverez ci-joint une offre promotionnelle pour bien préparer la rentrée.

Voilà. D’un côté les limites, le copiage, le manque d’innovation, les subventions publiques… Et de l’autre côté la qualité, le soutien à l’investissement, à la création d’emplois et à la PME nationale, sur fond de « contrat moral » avec les enseignants. Il y aurait bien quelque chose à dire, non ?

À commencer peut-être par se demander pourquoi ne parle-t-on que de logiciels gratuits alors que le concurrent cité, « LibroSoft », est bel et bien un logiciel libre. N’est-ce pas alors omettre l’essentiel et se priver d’évoquer les modèles économiques naissants autour de ce type si particulier de logiciels, a fortiori quand on se situe dans le secteur si particulier de l’éducation ?

Notes

[1] Crédit photo : Jeremybarwick (Creative Commons By)




Cinq millions d’euros qu’on eût pu dépenser autrement

Une billet quelque part révélateur de la « mentalité propriétaire » qui règne en haut lieu au sein de l’Éducation nationale…

Le 31 mar dernier, Xavier Darcos lançait officiellement le plan de développement du numérique dans les écoles rurales (c’est moi qui souligne) :

Ce programme, doté d’un budget de 50 millions d’euros, prévoit l’équipement de 5 000 écoles situées dans les communes rurales de moins de 2 000 habitants dans le cadre du Plan de relance.

(…) Une école numérique interactive comprendra nécessairement des ordinateurs en nombre suffisant (classe mobile de plusieurs ordinateurs), un tableau blanc interactif, un accès internet de haut débit, une mise en réseau des équipements, une sécurisation des accès internet, des ressources numériques reconnues de qualité pédagogique.

(…) Chaque école bénéficiera également d’un droit de tirage de 1 000 euros pour l’acquisition de ressources numériques éducatives, mises à disposition par le ministère.

Avec ce plan de relance en faveur de l’équipement numérique des écoles rurales, Xavier Darcos veut donner à chaque élève, partout sur le territoire, les mêmes chances de maîtriser les techniques d’information et de communication et développer des outils nouveaux au service de l’enseignement.

Difficile de ne pas acquiescer à ce dernier paragraphe, et j’espère vivement que ces écoles profiteront pleinement de ce plan[1].

Mais, le diable se cachant dans les détails, j’ai été étonné par cette histoire « d’acquisition de ressources numériques éducatives ». Faisons en effet le calcul… 5 000 écoles qui vont dépenser chacune 1 000 euros… cela fait une certaine somme, pour ne pas dire une somme certaine !

J’ai eu envie d’en savoir plus.

Dans le cahier des charges de l’opération[2], que l’on trouve sur le site Educnet, il y a un paragraphe dédié à ces ressources numériques :


Les ressources numériques seront adaptées aux besoins des cycles de l’école primaire. Elles pourront faire l’objet d’une utilisation en classe entière, en petits groupes ou individuelle. Une sélection de ressources numériques payantes sera proposée et fournie par le ministère.

Les ressources numériques seront présentées et diffusées à partir d’une plate-forme nationale. La contribution destinée à l’acquisition de ressources numériques par chaque école (1000 euros par école) sera prise en charge directement par le ministère de l’Éducation nationale. Les ressources numériques diffusées par abonnement seront disponibles durant trois années.

J’ai hâte de voir cette « plate-forme nationale » dont on nous dit qu’elle sera « disponible en ligne courant mai ». Mais quel que soit ce site accessible par abonnement, il semblerait donc qu’on ait à faire avec des ressources payantes disponibles pendant trois ans.

Ressources dont on peut affirmer sans risque qu’elles seront placées sous licence propriétaire, et qui devraient ressembler peu ou prou à l’opération Une clé pour les nouveaux enseignants, avec sa « liste des ressources habituellement payantes auxquelles la clé donne un accès exceptionnellement gratuit pendant deux ans » et son interdiction de la partager avec des collègues qui ne soient pas nouveaux !

Changeons de paradigme l’espace d’un instant, et rêvons haut en couleur en nous imaginant carrément chef de projet de cette « opération ressources numériques ».

Avec uniquement un seul petit million, on peut sur un an prendre par exemple quinze profs du primaire à temps-plein (ou trente à mi-temps) plus cinq informaticiens (ou profs qui ont des compétences informatiques), pour développer une structure qui ressemblerait un peu à ce que fait Sésamath : des ressources pédagogiques libres et collaboratives disponibles sous formats ouverts sur des sites propulsés par des logiciels libres.

Une fois la structure mise en place, il n’y aurait plus besoin de dépenser autant d’argent l’année suivante, puisque la dynamique aura été lancée et que les autres collègues participeront d’autant plus facilement que le projets aura été initié par leur pairs et que les ressources ainsi créées auront été placées sous licence libre, c’est-à-dire mises une fois et à jamais dans le pot commun des ressources pédagogiques librement disponibles, utilisables et adaptables par tous.

Cela vaut le coup d’être tenté non ? D’autant, rappelons-nous, que le communiqué annonçait sa volonté de « développer des outils nouveaux au service de l’enseignement ».

Il ne s’agit plus ici de dépenser cinq mille fois et pour seulement trois ans un accès aux mêmes ressources disponibles en « lecture seule ». Il s’agit d’impulser la mise en place et les premières créations d’une sorte de forge mutualisée de ressources éducatives libres, disponibles bien entendu pour tous en « lecture / écriture ». Ce n’est pas tout à fait la même chose, surtout pour des deniers publics !

Tout ceci ne niant pas la réalité de l’utilité des partenariats commerciaux de l’Éducation nationale, dont il resterait tout de même quatre beaux millions d’euros.

Mais réveillons-nous. La réalité est autre. Par exemple sur le même site Educnet où l’on a choisi sciemment de ne pas modifier les drôles de conseils donnés aux visiteurs à propos justement des contenus éducatifs libres (c’est eux qui soulignent) :

Conseil : Il est par contre déconseillé au milieu scolaire d’utiliser ce type de contenus si on envisage de valoriser ses travaux en s’associant avec un partenaire privé pour une exploitation commerciale.

C’est triste à lire mais c’est en cohérence avec le plan.

N’oublions pas du reste que ce plan ne concerne qu’un dixième de toutes les écoles : les rurales dans les communes de moins de deux milles habitants. Les autres ont-elle aussi accès à ces « services » ? Doivent-elles s’acquitter des mêmes sommes ? (ce qui nous ferait alors non pas cinq mais cinquante millions d’euros pour trois ans d’usage !).

La route est décidément bien longue. Ce n’est pourtant pas être devin que d’annoncer que ces ressources éducatives libres vont exploser dans les prochaines années et qu’il serait peut-être responsable opportun de prendre d’ores et déjà le train en marche en accompagnant le mouvement.

Notes

[1] En passant, je ne saurais trop conseiller à ces écoles d’adopter, dans le cadre du plan, une solution de type RyXéo et son offre basée sur AbulÉdu.

[2] J’ai également été étonné, à la lecture du cahier des charges, de voir mention d’une simple « suite bureautique installée » dans les ordinateurs, sans préciser si elle était libre ou non. Cela va à l’encontre des préconisations du Becta et c’est faire preuve d’une grande « timidité », pour ne pas dire plus ! Plus le temps passe, et plus la « neutralité » de traitement entre solutions libres et propriétaires à l’école devient un choix déguisé et non assumé.




Quand Richard Stallman résume l’Hadopi

Richard Stallman tient une sorte de fil d’actualité sur son site, où il consigne sans concession ce qu’il appelle ses political notes.

Au jour du 14 mai 2009, on pouvait lire ceci :

14 May 2009 (Law to give the media companies the power)

The French national assembly voted for a law to give the media companies the power to cut off people’s internet connections on mere accusation.

The same law will also require people to install non-free software in order to make their networks "secure".

Proposition de traduction :

14 Mai 2009 (Une loi donne le pouvoir aux majors)

L’Assemblée nationale française a voté une loi donnant aux majors le pouvoir de couper la connexion internet de citoyens français sur simple accusation.

Cette même loi en obligera également certains à installer un logiciel propriétaire sur leur machine afin de « sécuriser » leur réseau.




Kidimath : le nouveau projet Sésamath pour élèves (et parents)

Kidimath - Sésamath« À l’heure où de plus en plus de sites payants d’accompagnement à la scolarité fleurissent sur l’internet, Sésamath a décidé d’ouvrir un espace dédié, entièrement gratuit, sans aucune publicité, dans un esprit de service public. »

C’est ainsi qu’est introduit le projet Kidimath dans la brochure dont j’ai déjà eu l’occasion de parler.

En attendant (impatiemment) l’ouverture officielle du site, prévue le 30 mai, nous avons eu envie d’en savoir plus en interrogeant Noël Debarle, qui anime, entre autres choses, le très intéressant blog de Sésamath.

Vous trouverez ci-dessous en bonus une courte vidéo présentant le projet.

Entretien avec Sésamath

aKa : Bonjour Sésamath, alors comment vous portez-vous après toutes ces années ?

Noël Debarle : Bien ! Officiellement, Sésamath aura 10 ans en 2011. Mais comme les premiers contacts et échanges ont eu lieu dès 1998, 1999, on peut dire que Sésamath a déjà 10 ans : peut-être l’âge de raison !

L’association grandit à tous points de vue, dans un monde de l’éducation qui bouge et qui est passablement compliqué… et donc il faut chaque fois se remettre en question. L’une des maximes fortes de Sésamath « Modestement, mais résolument » n’a sans doute jamais été aussi vraie que maintenant.

Par ailleurs, Sésamath essaie de plus en plus d’expliciter la philosophie qui sous-tend son action. C’est par exemple le cas dans la brochure qui sera envoyée dans tous les collèges français à la fin de ce mois, brochure qui contient une « profession de foi ». Juste une phrase qui permet de bien situer cette philosophie : « Sésamath est une association à but non lucratif dont la philosophie repose sur l’ouverture, la solidarité et l’entraide. »

Mais quel est donc ce nouveau et ambitieux projet « Kidimath » ?

Kidimath est d’abord une réponse à un besoin et une attente. En effet, de nombreux élèves et parents nous écrivent régulièrement pour témoigner de leur utilisation des ressources de Sésamath. Or la mise à disposition de ces ressources a été essentiellement pensée par des profs, pour des profs… et pas directement pour des élèves ou leurs parents.

Créer des ressources et les mettre en ligne est une chose, faire en sorte qu’elles soient accessibles et faciles de prises en main pour différents types d’utilisateurs est clairement une autre chose. C’est l’effort principal de Sésamath cette année. Le corollaire de la mise en place d’un espace réservé au profs (Sésaprof) est la création de cet espace destiné aux familles (Kidimath). Entre les 2, Sésamath fait également évoluer la version réseau de Mathenpoche, remplacée par Labomep en Septembre prochain. Pourquoi entre les 2 ? car Labomep est un espace dans lequel les enseignants peuvent créer des séances pour leurs élèves, qu’ils soient en classe ou à la maison.

Sésaprof, Kidimath et Labomep ont été pensés par rapport aux utilisateurs, en intégrant toutes les ressources crées par Sésamath, et même au-delà : une sorte de Sésamath 2.0

Kidimath, un « espace non marchand » dans le milieu très marchand des sites d’accompagnement scolaire ?

Il y a d’autres initiatives très réussies… Je pense notamment à Cyberpapy. On ressent dans ce genre de site que toute l’énergie est déployée pour une utilité maximale pour les élèves et pas dans la recherche de rentabilité.

Malheureusement, les Maths sont fortement associés à la sélection et on arrive vite à la sélection par l’argent. Il y a ceux qui peuvent éventuellement se payer des cours particuliers… et les autres. C’est d’autant plus paradoxal, d’une certaine façon, qu’il n’y a pas plus ouvert que les Mathématiques, François Elie le rappelle d’ailleurs souvent quand il fait l’analogie entre la libération du logiciel et la libération des Mathématiques il y a plusieurs siècles.

On serait très content dans Sésamath, si les Maths pouvaient plutôt être associées à des notions de solidarité, d’échange et de partage. Sans publicité, gratuit, ouvert à tous, nous espérons que Kidimath y contribuera.

Pour la première fois, vous ne vous adressez plus aux enseignants mais directement aux élèves et aux parents hors temps scolaire, comment avez pris en compte cela dans Kidimath ?

Nous avons eu la chance de travailler avec un collègue documentaliste, qui a fait son mémoire sur ce projet. Et d’ailleurs nous espérons poursuivre nos échanges avec les documentalistes, qui accompagnent très efficacement les élèves.

La difficulté est d’essayer de rendre le contenu accessible sans perdre en rigueur. En effet, l’objectif essentiel de Kidimath est de permettre aux élèves d’améliorer leurs résultats en Maths : pour cela, il est nécessaire de coller assez fortement aux attentes des professeurs sur le terrain. Mais Kidimath a aussi pour ambition de susciter du plaisir à faire des Maths et c’est pourquoi toute une partie du site est consacrée aux jeux en Mathématiques, avec par exemple le passage de ceintures de calcul mental. Si vous avez envie de devenir ceinture noire dixième dan de calcul mental, ce sera bientôt possible sur Kidimath !

Comme tout projet à ses débuts, Kidimath va également nous servir de laboratoire pour tester un certain nombre de choses afin d’améliorer constamment le site. Bref, on est plutôt au début d’une nouvelle aventure.

Pensez-vous que ce site soit susceptible de redonner à certains de « l’appétence » pour les mathématiques ?

Nous l’espérons en effet. C’est d’ailleurs ce que nous disent déjà beaucoup d’élèves et de parents concernant Mathenpoche. Maintenant, un certain nombre de questions restent posées : comment vont s’articuler les passages entre la partie « jeux » et la partie plus scolaire ? Est-ce que d’autres types d’accompagnements seront nécessaires (forums…) ?

Kidimath est amené à évoluer et toutes les bonnes idées seront les bienvenues… en particulier celles des nombreux lecteurs de ce blog !

Kidimath ou Facebook, quel sera le choix des élèves une fois rentrés à la maison ?

Qui sait ?

Ce qui est certain, c’est que Facebook existe, est gratuit et facile d’accès, offre des outils élaborés et est bien connu par nos élèves. Pour que les élèves aient le choix, il faudrait que Kidimath aient les mêmes caractéristiques.

Il est possible aussi que les parents aient leur mot à dire là-dedans… Kidimath leur est aussi destiné. Il est parfois difficile pour les parents d’aider efficacement leurs enfants. Des parents nous disent que Mathenpoche est pour eux une vraie bouffée d’oxygène. Kidimath devrait leur faciliter encore plus la tâche. Du moins nous l’espérons.

Et « le libre » dans tout ça, il se situe où dans Kidimath ? Plus dans l’état d’esprit que dans les outils ? Est-ce que n’importe qui peut télécharger et installer le site sur ses propres serveurs ?

L’ensemble des contenus et le site lui-même sera sous licence libre (mélange GPL, FDL et CCbysa). On va aussi travailler (plus tard) pour mettre l’ensemble en téléchargement.

Il y a beaucoup de contenus en Flash dans Kidimath. C’est un souci qu’on a identifié depuis longtemps. Et d’ailleurs on voit bien tout ce qu’on perd à ne pas avoir utilisé des outils libres à ce niveau. Mais avec le recul, il n’était sans doute pas possible de faire autrement. On espère toujours des alternatives viables !

Kidimath peut aussi être une vitrine d’autres logiciels libres en Mathématiques. Si certains ont des propositions, qu’ils nous contactent !

D’autres « grands projets » après Kidimath ?

Labomep sera ouvert en Septembre.

Sésamath travaille également sur les livrets proposant des activités TICE en Mathématiques, en liaison avec d’autres associations en lettres et en Histoire-Géographie.

Plus globalement, les contacts se multiplient avec les professeurs de Maths à l’étranger et nous espérons que cela conduise à des partenariats. Sésamath souhaite aussi travailler de plus en plus étroitement avec les chercheurs en didactique et en sciences de l’éducation pour améliorer les contenus proposer et étudier leur impact. Là aussi, des projets prometteurs sont en cours… donc on aura encore sans doute le plaisir de revenir discuter sur le Framablog.

Présentation vidéo de Kidimath

—> La vidéo au format webm




Le petit livre mauve (et libre) de Nicolas Dupont-Aignan

Le petit livre mauve - Nicolas Dupont-Aignan - ILV - CC by-saTous ceux, nombreux, qui ont suivi les débats à l’Assemblée autour du projet de loi Création et Internet, auront peut-être découvert ou en tout cas retenu les noms de certains parlementaires qui auront tenté jusqu’au bout de refuser cette loi inique.

Le député Nicolas Dupont-Aignan, président de Debout la République, était de ceux-là.

Or, celui qui a comparé les pro-Hadopi « aux moines copistes qui voulaient emprisonner Gutenberg et interdire l’imprimerie », nous revient aujourd’hui avec un livre original et très certainement pionnier en son genre en France : Le petit livre mauve.

Ce livre, qui s’inscrit dans la perspective des élections européennes (à ce propos n’oubliez pas Le Pacte), est selon ses dires un abécédaire « de l’Europe qui marche sur la tête… et qu’il faut remettre sur ses deux jambes ! »

Il ne s’agit pas pour moi ici d’en faire la critique politique, mais de souligner que ce livre est rien moins que disponible chez InLibroVeritas[1], sous licence, tenez-vous bien, Creative Commons By-Sa !

Et dans sa version print (comprendre vraie livre physique) il ne vous en coutera que 2 €.

Voici ce qu’on peut notamment lire sur le blog de Nicolas Dupont-Aignan :

Ce livre est publié par Inlibroveritas, une maison d’édition originale qui fait le pari innovant de l’émergence d’un nouveau modèle économique et culturel du livre, fondé sur l’accès gratuit aux œuvres sur internet. Créée en 2005 par Mathieu Pasquini, Inlibroveritas édite des livres sous licences totalement libres de droits, qui sont diffusés à la fois sur support physique payant et sur support numérique gratuit par internet. Le site communautaire d’Inlibroveritas constitue ainsi une sorte de bibliothèque ouverte contenant toutes les œuvres publiées par cette maison et qui draine plus d’un million et demi de connexions par mois. La démarche d’Inlibroveritas s’inscrit dans le concept d’ « édition équitable », qui est un peu au livre ce que la licence globale – l’un des combats majeurs de Debout la République – est à la musique et au cinéma.

Ce n’est certainement pas ceci qui me fera voter pour lui, mais cela y participe.

D’autant qu’avec ce modèle il est bien plus facile de s’informer de ce que l’homme politique a à dire et à proposer.

Notes

[1] Il est également à noter qu’InLibroVeritas inaugure une nouvelle collection, Science Libre, avec comme premier ouvrage L’évolution du vivant expliquée à ma boulangère de Virginie Népoux (toujours sous la très libre licence Creative Commons By-Sa).




Souhait post Hadopi

Hamed Masoumi - CC byNous y sommes, le projet de loi Création et Internet vient d’être adoptée par l’Assemblée. Il était temps parce qu’avec 296 voix pour et 233 contre nous sommes loin de la quasi unanimité du Sénat au mois d’octobre dernier.

Sans vouloir ni dramatiser ni nous montrer grandiloquent, je crois que la meilleure réponse que Framasoft puisse aujourd’hui donner, c’est de modestement tenter de continuer à exister et se développer.

En effet, qu’on le veuille ou non, proposer, depuis plus de sept ans, un ensemble de services et de ressources collaboratives (sous licences libres et formats ouverts) autour du logiciel libre, participe de cette culture qui s’inscrit en opposition souvent frontale avec la philosophie générale de cette loi qui, on l’a vu, a complètement débordé le cadre de la simple lutte contre le téléchargement illégal.

Cela ne sera pas facile car nous demeurons plus que fragiles. Mais ce malheureux épisode aura sans conteste permis de nous compter[1], et nous espérons bien en être et apporter notre petite pierre le plus longtemps possible.

Ce qui ne nous tue pas, nous rend plus fort…

Notes

[1] Crédit photo : Hamed Masoumi (Creative Commons By)




Un peu de Libre (et de Framasoft) dans la brochure Sésamath

Brochure Sésamath - Page 14À destination du professeur coordonnateur de mathématiques de l’établissement, une brochure présentant l’œuvre (féconde et exemplaire) de l’association Sésamath est en train d’être envoyée à tous les collèges de France, huit milles unités mine de rien. Vous la trouverez en pièce-jointe ci-dessous.

Nous l’avons plusieurs fois évoqués sur ce blog : le logiciel libre éducatif doit beaucoup à Sésamath.

Eux, modestes, ont plutôt tendance à retourner le compliment en n’oubliant jamais de remercier le logiciel libre de leur avoir offerts licences, outils, formats, modèles collaboratifs… bref, un terreau fertile à l’épanouissement de leurs projets.

C’est dans cet état d’esprit qu’ils ont souhaité inclure dans la brochure une page dédiée au logiciel libre[1], qu’ils m’ont fait l’honneur de demander de rédiger.

Fin de l’annonce « côté scène ». Parce que « côté coulisses », ça a été plus prosaïque :

Salut Alex c’est Sésamath, tu te souviens du projet de brochure…
Euh… oui, oui bien sûr.
Tu nous avais dit que tu serais prêt pour le 15.
C’est-à-dire que…
Nous sommes le 20, et on n’a plus que quelques heures avant de l’envoyer à l’impression !
Euh, oui, m***, j’ai combien de temps tu dis ?
Quelques heures !

Condenser « le libre » en une courte page, l’exercice était déjà difficile en soi. Mais là… Toujours est-il que le résultat est reproduit ci-dessous. N’hésitez pas à amender et critiquer, histoire que ça puisse resservir en version améliorée pour une prochaine fois.

Esprit Libre !

Page 14 de la brochure Sésamath – Licence Creative Commons By-Sa

Logiciels, formats et ressource libres sont tout indiqués pour accompagner notre usage des TICE.

Logiciels libres

Un logiciel libre est un logiciel dont la licence dite libre donne à chacun (et sans contrepartie) le droit d’utiliser, de modifier, de dupliquer, et de diffuser (donner et vendre) le dit logiciel. On le trouve le plus souvent en libre téléchargement sur Internet (ce qui fait dire à certains un peu abusivement qu’il est « gratuit »). On peut l’étudier et l’adapter à ses besoins, ce qui, contrairement à un logiciel « non libre » ou « propriétaire », implique d’avoir accès à son « code source » c’est-à-dire son secret de fabrication. On peut le copier et le distribuer librement aux élèves, ce qui contribue à lutter contre la fracture numérique.

Les logiciels libres couvrent tout le spectre applicatif, à commencer par le système d’exploitation lui-même puisque Linux (qui se décline en distributions : Ubuntu, Mandriva…) offre une véritable alternative à Windows ou Mac.

Parmi les logiciels libres les plus utilisés, on peut citer la suite bureautique OpenOffice.org (traitement de texte, tableur, présentation), le navigateur Firefox, le client de messagerie Thunderbird ou encore le logiciel de retouche d’images Gimp. On notera qu’une distribution Linux intègre dès le départ la plupart de ces applications. On notera également que les logiciels libres sont très présents sur Internet permettant la création de blogs (exemple WordPress), de wikis (Mediawiki), de forums (phpBB) et de sites collaboratifs (Spip).

Les formats ouverts

Qu’adviendra-t-il de nos fichiers numériques dans dix ans, si ils ont été créés par un logiciel propriétaire qui n’existe plus ou qui n’est plus capable de les lire ? C’est la question des formats, les trois petites lettres qui suivent « le point » dans le nom de nos fichiers.

L’usage de formats ouverts, standardisés et documentés, garantit la pérennité des fichiers et la communication avec l’extérieur, quelque soit la configuration de mon matériel informatique. Ainsi l’Open Document Format (ODF) peut-être lu et retravaillé, sous Windows, Mac ou Linux, sur de nombreuses suites bureautiques dont OpenOffice.org.

Les ressources éducatives libres

Directement influencées par les logiciels libres, les ressources éducatives libres sont des ressources pédagogiques qui favorisent l’usage, l’échange, le partage et la coopération. Nous ne sommes plus sous le régime, souvent contraignant en milieu scolaire, du « tous droits réservés » mais dans celui, plus flexible, du « certains droits réservés ».

Ainsi un enseignant, qui utilise un document (texte, photo, vidéo…) placé sous la licence Creative Commons By-Sa, sait qu’il peut le copier et le proposer à ses élèves, le modifier pour l’adapter à son apprentissage, du moment qu’il conserve et fait mention de la paternité de l’œuvre et que son éventuellement version dérivée est elle-même soumise à la même licence.

Notes

[1] On trouvera également dans la brochure une page dédiée à Framasoft. Sur une idée de Sésamath, je précise 😉




Sans les « pirates » l’offre de musique légale risque de prendre l’eau

Mikebaird - CC byAlors qu’en ce moment même est débattu pour la deuxième fois à l’Assemblée nationale le projet de loi Création & internet, que le gouvernement veut imposer en dépit des nombreuses voix qui s’élèvent contre dans le monde de l’Internet (Quadrature du Net, Free, pétition de SVM) chez les artistes (lettre ouverte de personnalités du cinéma, producteurs indépendants de musique) des et même dans les rangs de la majorité, il n’y a qu’à se pencher pour trouver des éléments invalidant les contre-vérités dont les pro-Hadopi nous rebattent les oreilles.[1]

On sait que ce projet de loi, sous prétexte de défendre la création et les artistes, vise à maintenir sous perfusion le monopole de majors et de producteurs dont le modèle commercial obsolète est condamné, et l’on peut aisément avancer que depuis le début, les adversaires du téléchargement dit "illégal" et le gouvernement qui va dans leur sens se trompent de débat.

Plusieurs études ont montré que depuis le début des années 2000, alors qu’explosait le téléchargement par réseaux P2P, les ventes de musique et de DVDs, la fréquentation des salles de concerts et de cinéma n’avait cessé de croître.

Le gouvernement hollandais l’a d’ailleurs bien compris, et déclaré légal le téléchargement gratuit d’œuvres sous copyright, après qu’un rapport avait montré que les échanges de musique et de films par peer-to-peer étaient bénéfiques à l’industrie du divertissement.


Par ailleurs, une étude norvégienne a démontré que les téléchargeurs sont aussi ceux qui achètent le plus de musique disponible au téléchargement payant.

C’est donc la traduction d’un billet détaillant cette étude que nous vous proposons ici pour prouver, s’il en était encore besoin, que le projet de loi Création & Internet, s’il est adopté, sera, en plus d’être coûteux, inepte, injuste et obsolète, complètement inutile.

Étude : Les pirates sont aussi les plus gros acheteurs de musique. Réponse des labels : Mais bien sûr !

Study: pirates biggest music buyers. Labels: yeah, right

Jacqui Cheng – 20 avril 2009 – Ars Technica
(Traduction Framalang : Tyah, Olivier, Don Rico)

D’après une récente étude norvégienne, ceux qui téléchargent de la musique "gratuitement" sur les réseaux P2P (peer-to-peer, ou poste à poste) sont plus enclins à acheter légalement leur musique que ceux qui ne s’écartent pas du droit chemin. Les labels de musique, cependant, ne veulent pas y croire.

Selon une étude de la BI Norwegian School of Management, ceux qui téléchargent des copies illégales de musique sur les réseaux P2P sont les plus gros consommateurs de musique légale. Les chercheurs ont examiné les habitudes de téléchargement de plus de 1 900 internautes âgés de plus de quinze ans, et concluent que les habitués du téléchargement illégal de musique sont significativement plus enclins à acheter de la musique que ceux qui n’utilisent pas les réseaux P2P.

Sans surprise, les conclusions de la BI établissent que les 15-20 ans sont plus enclins à payer pour télécharger de la musique numérique qu’à acheter des CDs, même si la plupart d’entre eux ont acquis un CD au cours des six derniers mois. Cependant, quand on arrive aux échanges par P2P, il semblerait que ceux battant pavillon noir sont aussi les clients les plus enthousiastes de sites comme iTtunes et Amazon MP3. BI affirme ainsi que ceux qui déclarent télécharger de la musique illégalement et "gratuitement" consomment dix fois plus en musique légale que ceux qui ne téléchargent jamais illégalement. La traduction automatique de Google de la déclaration d’Auden Molde de la Norwegian School of Management à l’Aftenposten dit ainsi : "Le plus surprenant reste la très importante proportion de téléchargement légal".

Le label EMI émet toutefois des doutes sur les statistiques de la BI. Bjørn Rogstad de EMI déclare à l’Aftenposten que les résultats laissent à penser que le téléchargement gratuit stimule le téléchargement payant, mais rien n’est moins sûr. "Si une chose est sûre, c’est que la consommation de musique augmente alors que les revenus diminuent. La seule explication est que le téléchargement illégal est plus important que le téléchargement légal", poursuit-il.

En rejetant ainsi les résultats de l’étude, Rogstad ne tient pas compte du fait que l’Internet a considérablement modifié la façon d’acheter de la musique. Les labels de musique ne vendent plus les albums complets par camions entiers comme c’était le cas avec les supports physiques, ils vendent aujourd’hui de gros volumes de chansons individuelles, de morceaux choisis. Le vieux format de l’album se meurt à cause de la vente de musique sur Internet, ce n’est un secret pour personne, et ça explique en grande partie la baisse générale du chiffre d’affaire de la musique.

Le rapport de la BI corrobore celui de la branche canadienne de la RIAA, la Canadian Record Industry Association, publié en 2006. À l’époque, l’organisme conclut que les utilisateurs des réseaux P2P achètent aussi plus de musique que l’industrie ne veut l’admettre, et que les réseaux P2P ne sont pas la cause principale de la baisse des ventes de musique. 73% des participants à l’étude de la CRIA déclaraient acheter la musique après l’avoir téléchargée illégalement, alors que si les non-"pirates" n’achetaient pas de musique, c’était simplement par paresse.

Notes

[1] Crédit photo : Mikebaird (Creative Commons By)