La mort des projets libres de SourceForge ne signifie pas la mort de SourceForge

Le ”community manager” de SourceForge se rebiffe : ce n’est pas parce que la plateforme héberge une foultitude de projets libres morts ou non actifs que SourceForge est lui-même en train de mourir.

On ne peut lui donner tort, mais la grande question reste en suspens : pourquoi tout le monde (ou presque) s’en va désormais sur GitHub ?

Peut-être trouvera-t-on réponse dans les commentaires 😉

Joiseyshowaa - CC by-sa

Le mythe de la mort de SourceForge

The myth of the death of SourceForge

Rich Bowen – 07 décembre 2012 – Notes in the Margin (blog personnel)
(Traduction : tcit, Sky, goofy, KoS, Tr4sK, audionuma, Asta, Rudloff)

Je suis le community manager de SourceForge. À ce titre, je vois tous les jours des tweets annonçant la mort imminente de SourceForge. La preuve fournie est le nombre important de projets morts sur SourceForge.

Cela reflète une profonde ignorance de la façon dont l‘open source (et le développement logiciel en général) fonctionne.

Une des choses qui font du développement logiciel un hobby irrésistible est que cela ne coûte presque rien d’échouer. Vous avez une idée ? Chouette. Essayez-la. Ça a marché ? Non ? Bah, ce n’est pas une grande perte. Passez à la prochaine idée. Mais publiez donc ouvertement vos notes pour que d’autres personnes puissent y jeter un coup d’œil et voir si elles peuvent faire mieux.

La plupart des projets de logiciels échouent. Désolé. C’est la réalité.

Ainsi, le fait que SourceForge contienne de nombreux projets ayant échoué n’est pas une indication de la mort de SourceForge. Cela indique son âge. SourceForge a 12 ans. Github est encore un bébé et n’a donc encore qu’un petit nombre de projets morts. Attendez quelques années et nous entendrons dire que Github est l’endroit où vont les projets pour mourir et que le nouveau truc à la mode est beaucoup mieux.

Ceci est un non-sens et n’est donc pas un bon instrument de mesure. Les forges open source sont un endroit où vous pouvez essayer une idée, à peu de frais et, si nécessaire, trouver là où ça échoue. Il est rare de réussir.

Bien sûr, cela amène la question qui est toujours posée : pourquoi ne purgeons-nous pas tous les projets morts ? Eh bien, si vous y réfléchissez quelques minutes, vous verrez que ce n’est pas faisable. Qui suis-je pour déterminer quel projet est mort et lequel ne l’est pas ? J’ai un projet vieux de 10 ans, que je n’ai pas touché depuis 8 ans mais que j’ai l’intention de réécrire ce week-end. Que se passerait-il si nous l’avions effacé la semaine dernière ? Plus important, les notes et le code source de votre projet « mort » ou « loupé » mènent souvent à un fork qui lui, réussit. Purger les références historiques ne rend service à personne.

Pendant ce temps, je passe des heures chaque jour à faire la promotion des nouvelles versions et des développements de projets open source très actifs et très passionnés. Il ne se passe pas une semaine où, avec un tweet pour chacune des nouvelles versions, ma femme ne me dit pas « wow, tu tweetes vraiment énormément ! » Un tweet à peu près chaque heure, 24 heures par jour, chaque jour des 9 derniers mois. Ça fait un paquet de projets actifs. Pas morts du tout.

C’est un grand honneur d’être le community manager de SourceForge, de travailler avec des dizaines de milliers de projets vivants et passionnés. SourceForge reste un élément très important dans l’écosystème open source, avec de nouveaux projets créés chaque jour. Certains de ces projets sont destinés à devenir des succès, d’autres non. C’est juste comme cela que ça marche, et ça n’indique le déclin d’aucune des forges open source où cela arrive.

Crédit photo : Joiseyshowaa (Creative Commons By-Sa)




Pourquoi je retourne à Firefox

Les statistiques font foi, nombreux sont les lecteurs de ce blog à avoir adoré le navigateur Firefox, pour cependant, progressivement, parfois la mort dans l’âme, opter pour le choix pragmatique de Google Chromium, ou pire Google Chrome.

Sauf que depuis Firefox a progressé techniquement et Mozilla s’affirme chaque jour davantage comme une libre boussole du Web, ce que ne sera jamais Google.

Cela vaut le coup de reconsidérer la question, non ?

Keng Susumpow - CC by

Pourquoi je suis (re)passé à Firefox

Why I’m Switching (Back) to Firefox

Cameron Paul – 10 mars 2013 – Blog personnel
(Traduction : Jeff_, biglittledragoon, Agnes, MFolschette, Plop, Tom, Pouhiou, quack1, jtanguy, Rudloff + anonymes)

Dès septembre 2008, j’ai commencé à en avoir assez de Firefox. Il avait été mon navigateur de prédilection pendant des années mais la merveille du monde open source commençait à me décevoir. J’ai utilisé la version bêta de Firefox 3 dès le premier jour où elle a été disponible et je n’ai cessé de la trouver lourde et lente tout au long de mon utilisation. J’ai toujours été un adorateur des conceptions minimalistes et Firefox était en train de rapidement devenir tout sauf minimaliste.

Puis, quelque chose d’inattendu est arrivé. Google a annoncé la sortie de son propre navigateur. J’étais bientôt face à ce qui semblait être à l’époque le logiciel le plus incroyable que j’aie jamais vu. Google Chrome a initié une qualité de navigation formidablement épurée et aboutie soutenue par WebKit. Je pouvais enfin profiter de la vitesse de Safari avec une interface utilisateur bien conçue. Avec le temps, les choses n’ont fait que s’améliorer. Les outils de développement de WebKit sont devenus plus puissants que Firebug et avec la sortie de V8, Google a modifié notre conception des performances de JavaScript.

Cinq ans ont passé et les choses ne sont plus aussi roses. Plus que jamais, j’ai des problèmes de lenteur du navigateur. L’utilisation mémoire dépasse l’entendement et j’ai fréquemment des onglets qui ne répondent plus du tout. De plus, il semble y avoir une lacune générale de contrôle qualité ces derniers jours. Cocher la case « Désactiver le cache » dans les outils développeur semble ne pas avoir d’effet et, occasionnellement, des erreurs JavaScript disparaissent dans la nature au lieu d’apparaître dans la console. Chrome commence à beaucoup ressembler à ce qu’était Firefox en 2008.

Revenons-en maintenant à Firefox. Cela fait cinq années que je n’ai pas utilisé le navigateur de Mozilla pour autre chose qu’une vérification rapide, afin de m’assurer qu’une page web que je construisais avait un rendu correct. Dans ce laps de temps je n’ai pas prêté attention au travail qui avait été effectué. Firefox est devenu rapide. Comparé à Chrome, j’observe des chargements de pages visiblement plus prompts. SpiderMonkey semble avoir rattrapé V8 également. Mes propres tests (non scientifiques) m’ont montré que V8 était toujours légèrement plus rapide mais la différence était trop mince pour être perçue par des humains.

Puis il y a les outils de développement. Les outils de développement de WebKit ont toujours quelques fonctionnalités qui ne sont pas présentes dans Firefox, mais pour 95 % de mon utilisation, les outils de Firefox sont en fait meilleurs. Dans l’inspecteur, un meilleur contraste et une meilleure disposition permettent à l’œil de parcourir ce pavé qu’est le DOM non rendu. Sur la page, les éléments sélectionnés sont surlignés avec des pointillés subtils mais visibles au lieu d’une boîte bleue qui masque la page. Il y a également le mode de sélection au survol qui me permet de me déplacer rapidement à travers les éléments de la page jusqu’à arriver là où je le souhaite. Non seulement les outils de développement de Firefox sont plus agréables mais ils me font également gagner du temps lors de la sélection et la manipulation d’éléments sur la page.

Si l’on met de côté les problèmes techniques, il existe un autre élément qui me trotte dans la tête depuis déjà un petit moment. Je crois sincèrement que Mozilla s’engage sur les questions de liberté et de vie privée sur le Web. Google quant à lui s’engage à faire de l’argent et à savoir tout ce que je fais. Firefox m’accueille avec une page détaillant mes droits en tant qu’utilisateur de logiciel libre. Chrome m’accueille avec… pfffff… Chrome m’accueille avec une putain de publicité pour un Chromebook.

À l’heure où je parle je me sens un peu nostalgique. Le Firefox d’aujourd’hui me rappelle le Firefox tel qu’il était lorsque je l’ai découvert. Une fois de plus, Mozilla a délivré un produit techniquement supérieur tout en respectant totalement mes droits en tant qu’usager. Firefox c’est la liberté.

Crédit photo : Keng Susumpow (Creative Commons By)




Du bon usage des deniers publics par les municipalités danoises

Une douzaine de villes danoises se sont mises d’accord pour développer ensemble des solutions libres en partenariat avec des sociétés de services locales.

Un exemple à suivre…

Angel Torres - CC by

Les municipalités danoises utilisent l’open source pour innover et collaborer

Danish municipalities using open source to innovate and collaborate

Gijs Hillenius – 1er février 2013 – OpenSource.com
(Traduction : Moosh, Sphinx, lgodard, Doh-a + anonymes)

Les municipalités danoises utilisent de plus en plus les logiciels libres et open source pour apporter des solutions innovantes et collaboratives dans leurs missions d’information et de communication (ICT). L’année dernière, plus de 10% des municipalités du pays ont rejoint la communauté nouvellement créée Open Website Community OS2. Le groupe possède déjà à son actif un système de gestion municipal de contenu basé sur Drupal (appelé OS2Web) ainsi qu’une application de gestion des réunions sans papier (intitulée OS2dagsorden, NdT : littéralement OS2-ordre du jour).

Les 12 municipalités du consortium OS2 sont soutenues par 19 fournisseurs de services open source danois. En Décembre dernier, le groupe a commencé le développement des deux prochaines applications, OS2kontactcenter et OS2kle, déclare JonBadstue Perdersen, responsable de la section à la municipalité de Syddjurs.

« Comme OS2 le fait habituellement, nous avons commencé à travailler sur OS2kontaktcenter dans un hackerspace en impliquant vingt participants provenant des municipalités et des fournisseurs », indique Badstue. « Et en seulement deux jours nous avons prouvé que nous pouvions proposer des solutions de centres de contacts pour les municipalités, qui combinent et présentent aux visiteurs sur le site web des informations qui sont déjà disponibles sur certains sites et bases de données. » Cette solution utilise efficacement deux taxonomies prédéfinies de l’information, appelées KLE et FORM, rendues disponibles par les administrations publiques.

Marquage du contenu

La seconde et nouvelle solution, OS2kle a pour but de fournir une interprétation automatique du texte. Elle utilise Taxon, un logiciel open source, pour ajouter automatiquement des balises aux documents électroniques.

« Le balisage est devenu un moyen fréquent de structurer de grandes quantités de contenu sur un site web, » explique Badstue. « Mais le procédé consistant à baliser les contenus avec des méta-données utilise beaucoup de ressources. Nous améliorons ce procédé, soit en ajoutant automatiquement des balises, soit en suggérant à l’utilisateur certaines balises à utiliser. »

Le consortium OS2 a débuté en avril de l’année dernière avec les cinq villes de Copenhague, Ballerup, Sønderborg, Syddjurs et Ishøj. Morsø, Jammerbugt, Ringsted, Kolding, Odsherred, Favrskov et Skanderborg les ont rejointes peu après. Selon Badstue : « OS2 a pour objectif de contribuer à l‘open source dans le secteur public. Nous voulons faire du Danemark un pionnier à la fois international et innovant dans ce domaine. »

« Notre communauté montre que les administrations publiques danoises adoptent de plus en plus l‘open source avec le soutien de leurs politiciens locaux. Ce type de logiciels offre les meilleurs outils pour créer une société numérique, ouverte et innovante, nous permettant de collaborer et partager notre travail tout en évitant le blocage dû aux logiciels propriétaires. »

Crédit photo : Angel Torres (Creative Commons By)




…et c’est le modèle ouvert qui l’emporte à la fin ? — ça dépend…

Libre ou propriétaire, open source ou sources closes, voilà des lignes de fracture radicales qui sont familières dans le monde du logiciel. Les choses sont moins tranchées peut-être du côté des entreprises qui se définissent non sans arrière-pensées comme plus ou moins « ouvertes ».

Tim Wu nous invite à prendre un peu de recul par rapport à notre conception commune suivant laquelle les modèles ouverts sont destinés à l’emporter. La réussite ou non des grandes entreprises de technologies informatiques ces dernières années montre que la question n’est pas si simple et la partition pas si flagrante.

En adoptant une perspective bien étatsunienne, celle du pragmatisme qui consiste à comparer les résultats, l’auteur tend à évaluer l’ouverture en termes de degrés. À vous de dire si les valeurs du libre ne sont pas écornées au passage.

Une entreprise fermée comme Apple peut-elle réussir sans le talent d’un Steve Jobs ?

par Tim Wu dans cet article du New Yorker

Traduction Framasoft : Texmix, Sphinx, Garburst, Husi10, lamessen, Paul-Arthur, ehsavoie, goofy

On dit depuis un bon moment dans le milieu techno que « le modèle ouvert l’emporte sur le modèle fermé ». En d’autres termes, les systèmes technologiques ouverts, ou bien ceux qui permettent l’interopérabilité, finissent toujours par surpasser leurs concurrents fermés. C’est une véritable profession de foi chez certains ingénieurs. C’est aussi la leçon qu’on peut tirer de l’échec de MacIntosh face à Windows dans les années 90, du triomphe de Google au début des années 2000 et plus largement, de la victoire d’Internet sur ses rivaux au modèle fermé (vous souvenez-vous d’AOL ?). Mais est-ce encore justifié ?

Depuis quelques années, cet adage a été remis en question, principalement à cause d’Apple. Cette entreprise, ignorant les idéaux des ingénieurs et les prêches des experts techno, s’est rapidement cloisonnée dans une une stratégie semi-fermée — ou « intégrée » comme elle aime à le dire — et a défié la règle. Sur le plan structurel, Apple pratique l’intégration bien mieux que ses rivales. Elle possède le matériel, le logiciel et le circuit de distribution. Elle bloque et dessert également beaucoup plus ses concurrents. Eh oui, de cette manière, elle est devenue l’entreprise la plus rentable la planète. Au dernier trimestre, Apple a enregistré plus de bénéfices qu’Amazon n’en a réalisé depuis sa création.

Mais maintenant, depuis les six derniers mois, de manière plus ou moins flagrante, Apple a commencé à trébucher. Vous allez dire que j’exagère, mais je propose une révision du vieil adage « le modèle fermé peut l’emporter, mais vous devez être un génie ». Dans des conditions normales, dans une industrie imprévisible, et étant donné le niveau normal d’erreurs humaines, le libre continue à surpasser le fermé. Pour le dire autrement, une entreprise doit être fermée dans l’exacte proportion de ses talents de visionnaire et de conception.

Pour m’expliquer, je vais d’abord devoir soigneusement exposer ce que j’entends par « ouvert » et « fermé », des mots qui sont largement employés dans le monde de l’informatique, mais avec de multiples sens. La vérité c’est qu’aucune des entreprises n’est complètement ouverte ou fermée ; elles se répartissent sur un spectre, un peu comme celui qu’utilisait Alfred Kinsey pour décrire la sexualité humaine. Pour moi, ici, cela signifie la combinaison de trois éléments.

Tout d’abord, « ouvert » et « fermé » peuvent faire référence à la permissivité de l’entreprise technologique vis-à-vis des partenariats et des interconnexions qu’elle peut créer pour que ses produits arrivent jusqu’aux utilisateurs. Nous disons qu’un système d’exploitation comme GNU/Linux est « ouvert » parce que n’importe qui peut concevoir un produit sur lequel faire tourner GNU/Linux. En revanche, Apple est très exclusif : il ne laissera jamais iOS s’exécuter sur un téléphone Samsung ni vendre des Kindle dans un Apple store.

En second lieu, l’ouverture peut décrire l’impartialité avec laquelle une entreprise technologique traite les autres entreprises par rapport la manière dont elle se traite elle-même. Firefox, le navigateur, traite tous les sites internet de la même manière. En revanche, Apple se traite mieux que les autres (essayez donc de désinstaller iTunes de votre iPhone).

Troisièmement, et pour conclure, cela décrit le niveau de transparence et d’ouverture d’une entreprise selon la manière dont ses produits fonctionnent et peuvent être employés. Les produits open source, ou ceux qui dépendent de standards ouverts, rendent leur code largement accessible. En attendant, une compagnie comme Google peut être ouverte sur bien des points mais garder jalousement le secret sur certaines choses, comme le code de son moteur de recherche. Dans le monde des technologies, la métaphore classique utilisée pour décrire cette dernière différence est la cathédrale contre le bazar.

Aucune entreprise privée n’est entièrement ouverte, bien que quelques fondations à but non-lucratif, comme Mozilla, s’en approchent. De la même manière, aucune entreprise ne peut se permettre d’être entièrement fermée. Un exploitant de plateforme gagne à avoir de bonnes applications disponibles (pensons à ce que serait, hum, l’iPhone sans Google Maps), et trop bloquer détruira ce qui donne sa valeur au produit. Même Apple a besoin d’être assez ouvert pour ne pas trop déranger les consommateurs. Vous ne pouvez pas lancer le Flash d’Adobe sur un IPad, mais vous pouvez brancher presque n’importe quel type d’écouteur dessus.

L’idée que « le modèle ouvert l’emporte sur le modèle fermé » est historiquement assez récente. Dans la majeure partie du XXe siècle, l’intégration était considérée comme la forme d’organisation commerciale supérieure. Les modèles fermés ou intégrés arrivent avec des avantages reconnus depuis longtemps et même proclamés haut et fort par les économistes. La coordination est un avantage-clé : en théorie, avec une entreprise qui coordonne tous les aspects et caractéristiques d’un produit donné, le résultat peut mieux fonctionner que celui d’un rival non-coordonné. L’économiste Joseph Farell a appelé ceci « internalisation des économies complémentaires ». Si cela ne vous dit rien, considérez l’effet Disneyland. Disney contrôle tout avec une poigne de fer ou presque, et le parc d’attractions fonctionne sans anicroches, avec une réussite impressionnante bien supérieure par exemple à une fête foraine classique.

Andrew Carnegie s’est appuyé sur une logique similaire à celle d’Apple lorsqu’il a intégré l’extraction minière avec la production d’acier au sein de U.S. Steel. Les vieux studios Hollywood des années trente et quarante ont intégré le jeu, les scénarios, la production et les cinémas dans une seule et même entreprise. Elle a ainsi chassé tous les autres de son industrie. I.B.M. avait un modèle fermé et le vieux monopole de A.T. & T. était le système fermé par excellence : vous n’aviez pas le droit de posséder votre propre téléphone mais seulement d’en utiliser un produit par quelqu’un d’autre.

La sagesse populaire commença à changer dans les années soixante-dix. Sur le marché des technologies, des années quatre-vingt au milieu des années deux mille, les systèmes ouverts ont vaincu à plusieurs reprises leurs concurrents fermés. Windows de Microsoft a battu ses rivaux en adoptant un modèle plus ouvert. À la différence du système d’exploitation d’Apple qui était supérieur sur le plan technique, Windows fonctionnait sur n’importe quel matériel et faisait marcher presque tous les logiciels. Au même moment, Microsoft surpassa I.B.M. et son modèle intégré verticalement (qui se souvient de Warp O.S. ?), Google était audacieusement ouvert dès sa conception originale et passa devant Yahoo et son système sélectif de publicité au placement. La plupart des vainqueurs, entre quatre-vingt et deux mille, tels que Microsoft, Dell, Palm, Google et Netscape, suivaient un modèle ouvert. Internet même, basé sur un projet financé par le gouvernement, était à la fois incroyablement ouvert et incroyablement réussi. Un mouvement était né et avec lui la règle selon laquelle : « le modèle ouvert l’emporte sur le modèle fermé ».

Le triomphe des systèmes ouverts a révélé un défaut majeur dans les conceptions fermées. Selon la théorie économique, dans un état d’information parfaite, un concepteur central devrait être capable de produire un meilleur produit. Mais c’est seulement vrai si le futur est prévisible, et si on ignore la tendance des êtres humains à commettre des erreurs bêtes. Dans un système fermé, avec un seul décideur, les erreurs coûtent très cher. Les décisions stupides, ou qui compromettent le produit pour des profits à court terme, ne vont pas rendre les produits seulement un peu moins bons mais vraiment pires que ceux du concurrent direct. Par exemple, la politique de chasse gardée d’AOL des années 90 consistait à essayer de deviner ce que les utilisateurs allaient vouloir, mais AOL a fait un tas d’erreurs, et finalement ça ne correspondait pas à un Web ouvert.

En revanche, un produit ouvert est mieux protégé des erreurs humaines car ce n’est pas une unique entité qui prend une décision susceptible de détruire le produit. Les économistes Tim Bresnahan et Shane Greenstein, dans les années 90, ont décrit ce phénomène sous le terme « direction technique partagée », et ils lui donnaient un sens mélioratif. Le produit est le résultat collectif de plusieurs, voire parfois de milliers de décideurs. Un produit ouvert peut aussi profiter des contributions volontaires et collectives des masses, un point mis en avant par Yochai Benkler. Ainsi, une entrée sur Wikipédia peut être vague et contenir des erreurs, mais le corpus dans son ensemble restera impressionnant. Au milieu des années 90, Windows n’était pas aussi intuitif que Macintosh, mais tous les accessoires et les applications en firent collectivement un produit supérieur.

Ce qui nous amène aux années 2000 et au magnifique parcours d’Apple. Pendant presque douze années, Apple a battu la mesure avec succès. Mais c’est parce qu’il avait le meilleur des systèmes possibles, à savoir, un dictateur disposant d’un contrôle absolu, qui était aussi un génie. Steve Jobs était la version entreprise de l’idéal de Platon : le roi-philosophe nettement plus efficace que toute forme de démocratie. L’entreprise dépendait d’un unique esprit central, mais il a fait très peu d’erreurs. Dans un monde sans erreurs, le fermé bat l’ouvert. En conséquence, pour un temps, Apple triompha de ses rivaux.

Alors que doit faire une entreprise technologique ?

Chacun est confronté à cette question du modèle ouvert ou fermé, et voici comment y répondre. Premièrement, il existera toujours un compromis difficile entre systèmes ouverts et fermés, et il est donc inutile de trop s’enfermer dans l’une ou l’autre des options. Il est facile de sous-estimer les projets ouverts (personne ne pensait que Wikipédia fonctionnerait), mais même les projets ouverts ont besoin de contrôle à certains niveaux. Finalement, plus votre vision et vos compétences de créateur sont bonnes, plus vous pouvez essayer d’être fermé. Si vous pensez que vos concepteurs de produits peuvent égaler le quasi sans-faute de Jobs ces vingt dernières années, allez-y. Mais si de simples mortels font tourner votre entreprise, ou si vous êtes face à un futur très imprévisible, les analyses économiques suggèrent qu’un système ouvert est plus sûr. Vous pourriez peut-être vous fier à ce test : en vous levant le matin, regardez dans le miroir et demandez-vous : suis-je Steve Jobs ?

Crédit image : the opensourceway CC-BY-SA




10 propositions pour débuter dans le Libre (sans avoir rien à coder)

Il fut un temps ou débuter dans « le Libre » se résumait avant tout à coder ou plus modestement installer une distribution GNU/Linux. Aujourd’hui les choses ont bien changé et il existe de multiples autres façons d’y entrer. Framasoft est d’ailleurs là pour en témoigner 😉

Une invitation à venir nous rejoindre en somme…

Remarque : Il s’agit d’une traduction et donc les liens renvoient vers des ressources anglophones. Si vous avez des liens plus locaux à proposer, surtout ne pas hésiter.

Open Here - The Open Source Way - CC by-sa

10 façons de commencer dans l‘open source

10 ways to get started with open source

Jason Hibbets – 29 janvier 2013 – OpenSource.com
(Traduction : goofy, Tibo_R, XeO2, Steph, Alpha, Sylvie, jtanguy, aKa, Liaz, Norore + anonymes)

Par expérience, je sais qu’un grand nombre de personnes veulent découvrir et participer à l‘open source, mais ne savent pas par où commencer ; et l’idée que l’on est obligé d’écrire du code pour contribuer à un projet open source constitue une véritable barrière. J’ai donc esquissé 10 façons de commencer avec l‘open source et ce sans jamais écrire une seule ligne de code.

Je suis ouvert à toutes idées et ajouts ; il y a sans doute beaucoup plus que 10 façons de contribuer.

10 façons de commencer à utiliser l‘open source

1. Utiliser de l‘open source dans votre travail quotidien. Téléchargez et installez un navigateur web, un client de messagerie, ou une suite bureautique libres — peu importe le système que vous utilisez. C’est l’une des façons les plus simples de commencer à utiliser des logiciels libres. Je conseillerai Firefox pour la navigation internet et Thunderbird pour les emails. Utilisez LibreOffice pour votre traitement de texte, vos tableurs et vos diaporamas, vous aurez un équivalent de Microsoft Office gratuit ! J’appelle ces logiciels des applications porte d’entrée, parce qu’une fois que vous commencez à les utiliser, vous allez découvrir d’autres outils open source (et vous n’aurez pas envie de revenir en arrière !)

2. Rejoindre un projet open source. Je sais que rejoindre un projet open source peut faire peur, mais les contributeurs de tous niveaux sont les bienvenus. Les communautés open source utilisent des chefs de projets, des graphistes, des communicants, des commerciaux et beaucoup d’autres compétences dans leurs travaux. Si vous souhaitez présenter l’open source aux étudiants, voilà une très bonne façon de commencer. On ne sait jamais, s’impliquer et participer activement à un projet open source peut améliorer un CV et mener à un emploi.

3. Lire un livre à propos de l‘open source. Voici un choix de quelques titres auxquels vous pouvez jeter un coup d’oeil : Open Advice (NdT : que nous sommes en train de traduire), Coding Freedom, The Power of Open, ou l’un de nos livres numériques. (NdT : En français il y a évidemment tous les titres de la collection Framabook)

4. Apprendre à créer et nourrir des communautés de contributeurs. Parcourez le livre en ligne The Open Source Way, et partagez vos nouvelles connaissances en créant une communauté ou en en rejoignant une existante.

5. Commencer à utiliser les licences Creative Commons. Avant de créer votre nouvelle œuvre d’art, photographie, écrit ou musique, utilisez un copyleft au lieu d’un copyright. En utilisant des licences Creative Commons, vous pouvez partager votre travail avec le monde entier. Vous devrez d’abord choisir celle qui vous correspond, vous pourrez ensuite trouver intéressant de découvrir comment les Creative Commons sont utilisées dans des environnements aussi variés que les gouvernements, les entreprises ou le journalisme. (NdT : Voir aussi L’éducation utilise une licence Creative Commons défectueuse, par R. Stallman sur le Framablog)

6. Commencer l’exploration. Regardez le projet OpenROV et explorez l’océan ou un lac local. Si vous ne voulez pas être mouillé, enfilez une combinaison spatiale et regardez ce que ça fait d’explorer Mars.

7. Bricoler par soi-même et créer quelque chose. Les petites cartes Linux, comme la Raspberry Pi, font des choses incroyables. Découvrez les autres cartes électroniques de création comme les « Makey Makey » (cf cette vidéo) ou une variété de produits électroniques de « SparkFUN ». Si vous êtes dans l’impression 3D, assurez-vous de savoir comment vous pourriez utiliser Inkscape.

8. Devenir créatif. Remplacez Photoshop par GNU Image Manipulation Program (GIMP), InDesign par Scribus, ou utilisez d’autres outils comme MyPaint, Inskape, Audacity et Blender. Si cela vous intéresse, regardez notre présentation en 7 minutes des outils créatifs open source. Puis découvrez l’étendue des outils de design en 2012. Assurez-vous d’avoir pris connaissance de nos autres outils tels que Dream Studio, TuxPaint et KDEnlive pour vos besoins créatifs.

9. Apprendre la programmation. Remarquez que je n’ai pas dit « Apprendre à coder ». Différents outils sont pré-installés sur certains Raspberry Pi et sont utilisés pour apprendre aux enfants à programmer. J’aurais aimé avoir ce genre de choses quand j’ai appris la programmation au lycée.

10. Suivre un cours en ligne. Le mouvement OpenCourseWare, mené par MITOCW, est en train de changer notre mode d’apprentissage. Commencez par regarder ce Webcast sur le MIT OpenCourseWare. Il y a tellement d’événements open source dans le champ éducatif: « Moodle » et « School management software for teachers and students » sont deux de ces nombreuses ressources fantastiques. (NdT : Exemple en France la présentation du MOOC ITyPA)

Le fait est qu’il y a énormément de manières de commencer dans l‘open source. Vous souvenez-vous de la façon dont vous avez débuté ? Partagez l’histoire de votre première expérience avec l‘open source ou comment vous l’avez présentée à quelqu’un d’autre.




La marque (du langage) Python est en péril en Europe et a besoin de votre aide !

Le célèbre (et libre) langage de programmation Python est en danger en Europe pour une sombre histoire de droit des marques.

Nous avons traduit ci-dessous l’appel à soutien de Van Lindberg, président de la Python Software Foundation.

Python Logo

La marque Python en péril en Europe : Nous avons besoin de votre aide !

Python trademark at risk in Europe: We need your help!

Van Lindberg – 14 février 2013 – Python Software Foundation
(Traduction : Moosh, lgodard, Alpha, QuébecTroll, jtanguy, Penguin, Uflex, ProgVal, goofy, maz, Nodel, Norore + anonymes)

Vous qui travaillez dans une entreprise qui a un bureau dans un pays membre de l’Union Européenne, nous avons besoin de votre aide.

Une entreprise au Royaume-Uni essaye de faire reconnaître le terme « Python » comme marque commerciale pour tout logiciel, service ou serveur, à peu près tout ce qui a quelque chose à voir avec un ordinateur. Plus précisément, c’est l’entreprise qui a acquis le domaine python.co.uk il y a treize ans. À cette époque, nous nous souciions peu des problèmes de marque et nous n’avions pas acquis ce domaine.

Ce n’était pas un problème jusqu’à présent car le domaine python.co.uk, la plupart du temps, se contentait de transférer son trafic vers les sociétés-mères, veber.co.uk et pobox.co.uk. Malheureusement, Veber a décidé qu’ils voulaient commencer à utiliser le nom « Python » pour leurs logiciels serveurs.

Nous avons contacté les propriétaires de python.co.uk à plusieurs reprises et essayé d’en discuter avec eux. Leur seule réponse a été de déposer une demande de marque communautaire réclamant les droits exclusifs d’utiliser le terme « Python » pour des logiciels, serveurs, et services web – et ce partout en Europe.

Nous avons fait appel à un conseiller juridique au Royaume Uni et nous, la Python Software Foundation (NdT :. la Fondation Python), opposons à cette demande une demande de dépôt de marque communautaire, mais notre propre demande n’est pas suffisamment mûre. Dans cette dernière, nous exposons les droits de propriété de la marque résultants de l’utilisation de “Python” au cours de ces 20 dernières années.

D’après notre avocat londonien, les meilleures preuves que nous puissions transmettre au bureau européen des marques déposées sont les lettres d’entreprises connues « utilisant le logiciel de marque PYTHON dans divers pays de l’Union Européenne » de telle sorte que nous puissions « obtenir des témoignages indépendants de leur part, prouvant l’origine de la signification de la marque PYTHON, en relation avec le logiciel et les produits/services associés ». Nous avons aussi besoin de preuves d’utilisation de Python à travers toute l’Union Européenne.

Que pouvez-vous faire ?

1- Vous travaillez pour une entreprise qui utilise Python ? Vous êtes basés en Europe, vous y embauchez ou vous y possédez un bureau ? Pourriez-vous écrire une lettre avec l’en-tête de votre entreprise que nous pourrions réutiliser par la suite ?

Nous aurions besoin des élements suivants :

  1. Une brève description de l’utilisation de Python dans votre entreprise :
  2. Comment votre entreprise associe le terme Python uniquement à la PSF ;
  3. Votre opinion sur le fait qu’une autre entreprise utilisant le terme Python dans ses services, logiciels et serveurs pourrait âtre source de confusion.

La lettre n’a pas besoin d’être très longue —- quelques paragraphes suffisent, mais nous apprécierions toute forme de description de votre utilisation de Python dans vos logiciels, votre hébergement internet, vos serveurs, vos VPN, dans le développement de logiciel ou de matériel ou encore dans l’utilisation de services de sauvegarde. Pour ceux qui sont intéressés par les classes descriptives légales, elles figurent au bas de ce message[1][2].

Vous pouvez envoyer une copie PDF de votre lettre à psf-trademarks@python.org

2. Connaissez-vous ou possédez-vous quoi que ce soit qui ait été publié au sein de l’UE et qui utilise “Python” pour faire référence au langage Python? Pouvez-vous nous transmettre des numérisations, photos ou copies? Cela comprend :

  • Des livres ;
  • Des brochures ;
  • Des programmes de conférences ou présentations ;
  • Des offres d’emploi ;
  • Des magazines ou autres publications ;
  • Des prospectus.

Vous pouvez envoyer un scan PDF de ces documents à psf-trademarks@python.org.

3. Vous pouvez également aider à protéger la propriété intellectuelle de Python en nous soutenant financièrement.

Comme le coût d’opposition d’une marque commerciale est de l’ordre de dizaines de milliers de dollars, nous aurons besoin de trouver un moyen de financer les coûts de procédure de l’opposition.

Merci d’envisager une donation à la Python Software Foundation ou de me contacter.

C’est la première fois que la PSF doit prendre des mesures juridiques pour protéger la propriété intellectuelle de Python. S’il vous plait, aidez Python comme vous le pouvez. La menace est réelle et elle est susceptible de nuire à votre entreprise en Europe, surtout si vous êtes dans le domaine de l’hébergement et que Python fait partie de l’offre que vous proposez.

S’il vous plaît, faites-moi savoir si vous avez des questions auxquelles je peux répondre. Si vous connaissez quelqu’un qui devrait avoir l’information, libre à vous de la partager.

Thanks, Merci,

Van Lindberg, Président
van@python.org
Python Software Foundation

Notes

[1] Classe 9 – Logiciels ; Serveurs pour l’hébergement de sites web ; Matériel informatique pour RPV (réseau privé virtuel) ; Serveurs Internet (NdT : Classifications légales traduites à l’aide de l’outil EuroClass).

[2] Classe 42 – Conception et développement d’ordinateurs et de logiciels ; Hébergement de sites sur Internet ; Hébergement de sites web de tiers ; Hébergement de sites web ; Hébergement de sites web de tiers sur un serveur d’ordinateurs pour un réseau informatique mondial ; Hébergement de contenu numérique, à savoir de revues et de blogues en ligne ; Fournisseur de services d’application, à savoir hébergement de logiciels d’application de tiers ; Hébergement de contenu numérique sur l’internet ; Hébergement de sites web pour le compte de tiers ; Hébergement de sites informatiques de tiers (sites web) ; Hébergement de sites informatiques sites web ; Location de serveurs web.




La promesse de Firefox OS

La promesse du système d’exploitation mobile libre Firefox OS réside moins dans Firefox OS lui-même que dans le parti pris Web (et ouvert) de ses applications.

C’est d’ailleurs plus qu’une promesse : c’est un défi et une nécessité si l’on souhaite conserver ici comme ailleurs l’ouverture et la liberté.

Un billet un peu technique, mais s’il peut contribuer à ce que les développeurs (et utilisateurs) d’applications mobiles se posent de bonnes questions…

Rob Hawkes - CC by-sa

La promesse de Firefox OS

The promise of Firefox OS

Sergi Mansilla – 9 février – Blog personnel
(Traduction : + anonymes)

« Mais comment va t-il faire pour battre Android ou iOS ? »

C’est la réaction qu’ont beaucoup de personnes quand je leur dis que je travaille sur Firefox OS, le nouveau système d’exploitation mobile de Mozilla. C’est une réaction logique. Après tout, nous vivons une période où toutes les grandes entreprises informatiques n’ont qu’un mot à la bouche : sortir un système mobile tout en s’efforçant d’attirer les développeurs pour qu’ils utilisent leur nouvel écosystème propriétaire, les APIS, les bibliothèques, etc. Et en effet, bon nombre de ces entreprises réussissent un peu, voire pas du tout.

Mais Firefox ne se battra pas directement contre les autres plateformes mobiles. Son objectif principal est de modifier la manière dont sont développées les applications mobiles, et même dans la triste éventualité où Firefox OS disparaîtrait durant le processus, si les web-apps devenaient dominantes sur le marché, ce sera un succès.

Le fait que n’importe quel site web puisse devenir une application ne doit pas être sous-estimé. En utilisant des technologies flexibles et populaires comme HTML5, CSS3 et javascript, Firefox OS a promu instantanément des millions de développeurs web et javascript en développeurs d’applications. Tout ce qu’ils ont à faire est de télécharger un module complémentaire de simulation gratuit (et ce n’est même pas nécessaire si votre application n’utilise pas les API des téléphones). Les développeurs connaissent déjà l’environnement du navigateur et ses outils, et il ne leur est pas nécessaire d’apprendre un nouveau langage ou une nouvelle architecture.

Je vous entends déjà. Juste quand vous veniez d’en finir avec le bazar que suppose la manipulation de DOM et de ce sournois de JavaScript. Juste quand vous aviez appris à aimer les classes et gestionnaires d’Android tellement hiérarchisés ou la magnifique méthode de nommage d’iOS, pourquoi retourneriez-vous au désordre qu’est l’écriture des applications web ? N’étions-nous pas d’accord pour dire que le HTML n’était pas, après tout, assez bien pour faire de vraies applications performantes ?

Bon, ça a peut-être été vrai il y a quelque temps, mais nous vivons désormais dans un monde meilleur. Pour que les développeurs conçoivent des applications web robustes et réellement fonctionnelles, plusieurs approches sont possibles, via des architectures de grande qualité. Chez Telenor/Comoyo, où je travaille, nous nous penchons sur l’utilisation de l’architecture AngularJS pour construire nos applications, néanmoins il existe de multiples architectures fiables et bien conçues qui s’appuient sur des années d’expérience dans le domaine du développement d’applications. Et si vous considérez que vous avez un problème avec JavaScript en tant que langage, vous pouvez d’ores et déjà utiliser une myriade de langages qui le compilent de manière fiable. Vous avez l’habitude de travailler avec Java ? Vous allez probablement apprécier Dart, de Google. Vous avez un style plus “fonctionnel” ? Pourquoi ne pas essayer ClojureScript qui est une implémentation de Clojure s’appuyant sur du JavaScript, qui est impressionnante, vraiment bien documentée et vraiment bien maintenue. Vous utilisez Ruby ? Vous vous sentirez comme à la maison avec CoffeeScript. Vous voyez ce que je veux dire[1].

Alors que d’autres constructeurs comme Blackberry fournissent eux aussi des moyens de développer des applications en HTML5 pour leurs systèmes, Mozilla va plus loin en encourageant la standardisation de la WebAPI par le W3C, garantissant ainsi que votre application fonctionnera sur n’importe quel appareil respectant le standard WebAPI.

À mon humble avis, cela rend les choses plus claires dans ce casse-tête qu’est devenu le développement pour appareils mobiles, pour lequel le développeur doit connaître plusieurs langages, architectures et APIs, sans oublier de payer des frais, dans certains cas, pour créer des applis. Cela ressemble à un grand pas en arrière de la philosophie actuelle de l’open web vers les années 90 infestées de verrous payants mais avec la bonne musique en moins.

Mozilla a fait ses preuves en tant que protecteur du web, et ses utilisateurs lui font confiance. Par le passé, l’entreprise a joué un rôle important dans l’initiation d’un mouvement pour de meilleurs standards web auquel se sont rattachés des navigateurs comme Chrome, contribuant à un web meilleur, plus rapide et plus accessible pour chacun. Nous devrions nous efforcer d’en faire de même pour ce qui est des environnements mobiles. Moins de remparts, plus de standards et d’ouverture.

Telle est la promesse faite par Firefox OS.

Crédit photo : Rob Hawkes (Creative Commons By-Sa)

Notes

[1] Après hein, ça ne vous fera pas de mal d’apprendre un peu de JS pour savoir ce qu’il y a sous le capot, parce qu’après tout, c’est un langage puissant qui le sera encore plus avec la sortie d’ES6.




Débat : 9 points (ou tabous ?) jamais (ou rarement) discutés dans le logiciel libre

Nous traduisons souvent Bruce Byfield, libre penseur du logiciel libre, sur le Framablog.

A-t-il raison d’affirmer qu’il est des sujets pour ainsi dire tabous dans la communauté et surtout que la situation a évolué, n’en déplaise à certains ?

Laëtitia Dulac - CC by

Neuf choses dont on ne discute jamais sur l’open source

9 Things That Are Never Admitted About Open Source

Bruce Byfield – 22 janvier 2013 – Datamation
(Traduction : Moosh, brandelune, Sky, ehsavoie, Astalaseven, petit bonhomme noir en haut à droite, mike, goofy, KoS, Mowee, arcady, maxlath, Astalaseven, mariek, VifArgent, Rudloff, VIfArgent, Penguin, peupleLa, Vilrax, lamessen + anonymous)

Quels sont les sujets tabous dans l‘open source de nos jours ? Certains peuvent se deviner mais d’autres pourraient bien vous surprendre.

On pourrait penser qu’un groupe de personnes intelligentes comme les membres de la communauté des logiciels libres et open source (NdT : FOSS pour Free and Open Source Software) seraient sans tabous. On pourrait s’attendre à ce qu’un tel groupe d’intellectuels juge qu’aucune idée n’est interdite ou gênante – mais ce serait une erreur.

Comme toute sous-culture, la communauté FOSS est cimentée par des croyances. Ces croyances contribuent à bâtir une identité commune : par conséquent, les remettre en cause revient à remettre en cause cette identité.

Certains de ces sujets tabous peuvent saper des évidences admises depuis vingt ans ou plus. D’autres sont nouveaux et contestent des vérités communément acceptées. Quand on les examine, on s’aperçoit que chacun d’entre eux peut être aussi menaçant que la déclaration de valeurs communes peut être rassurante.

Pourtant, même s’il est inconfortable d’interroger ces tabous, il est souvent nécessaire de le faire. Les croyances peuvent perdurer longtemps après le temps où elles s’appliquaient, ou après avoir dégénéré en semi-vérités. Il est utile de temps en temps de penser l’impensable, ne serait-ce que pour mettre ces croyances en phase avec la réalité.

Suivant cette logique, voici neuf observations sur l‘open source qui nécessitent selon moi un nouvel examen.

1. Ubuntu n’est plus le dernier grand espoir de l’open source

Quand Ubuntu est apparue il y a neuf ans, nombreux sont ceux qui l’ont considérée comme la distribution qui mènerait la communauté à dominer le monde. Débarquant de nulle part, Ubuntu s’est immédiatement concentrée sur le bureau comme aucune autre distribution avant elle. Des outils et des utilitaires furent ajoutés. De nombreux développeurs Debian trouvèrent un travail chez Canonical, la branche commerciale d’Ubuntu. Des développeurs virent leurs frais payés pour des conférences auxquelles ils n’auraient pas pu se rendre autrement.

Au fil du temps, une bonne partie de l’enthousiasme initial est retombée. Personne ne semble s’être intéressé à la demande de Mark Shuttleworth, le fondateur d’Ubuntu, à ce que les principaux projets coordonnent leurs cycles de livraison ; ils l’ont tout simplement ignorée. Mais on a vu des sourcils se froncer lorsqu’Ubuntu a commencé à développer sa propre interface plutôt que de contribuer à GNOME. Canonical a commencé à contrôler ce qui se passait dans Ubuntu, apparemment pas pour l’intérêt général mais surtout pour la recherche de profits. Nombreux, aussi, furent ceux qui n’apprécièrent pas l’interface d’Ubuntu, Unity, à sa sortie.

Pourtant, à écouter les employés de Canonical, ou les bénévoles Ubuntu, on aurait presque l’impression qu’il ne s’est rien passé pendant ces neuf dernières années. Lisez notamment le blog de Shuttleworth ou ses déclarations publiques : il se donne le rôle de figure de proue de la communauté et déclare que les « hurlements des idéologues » finiront par cesser devant son succès.

2. Le « cloud computing » sape les licences libres

Il y a sept ans, Tim O’Reilly affirmait que les licences libres étaient devenues obsolètes. C’était sa manière un peu dramatique de nous prévenir que les services en ligne mettent à mal les objectifs du logiciel libre. Comme le logiciel, le cloud computing offre aux utilisateurs l’usage gracieux des applications et du stockage, mais sans aucune garantie ou contrôle quant à la vie privée.

La Free Software Foundation (NdT : Fondation pour le Logiciel Libre) répondit à la popularité grandissante du cloud computing en dépoussiérant la GNU Affero General Public License, qui étend les idéaux du FOSS au cloud computing.

Après cela, pourtant, les inquiétudes à propos de la liberté logicielle au sein du cloud ont faibli. Identi.ca fut créé comme une réponse libre à Twitter, et MediaGoblin développé comme l’équivalent libre d’Instagram ou de Flickr, mais ce genre d’efforts est occulté par la compétition. On n’a pas mis l’accent sur l’importance des licences libres ou du respect de la vie privée dans le cloud.

Par conséquent, les avertissements de O’Reilly sont toujours aussi pertinents de nos jours.

3. Richard Stallman est devenu un atout contestable

Le fondateur de la Free Software Foundation et le moteur derrière la licence GNU GPL, Richard M. Stallman, est une des légendes des logiciels libres et open source. Pendant des années, il a été l’un des plus ardents défenseurs de la liberté du logiciel et la communauté n’existerait probablement pas sans lui.

Ce que ses supporters rechignent à admettre, c’est que la stratégie de Stallman a ses limites. Nombreux sont ceux qui disent que c’est un handicapé social, et que ses arguments se basent sur la sémantique — sur les mots choisis et comment ils influencent le débat.

Cette approche peut être éclairante. Par exemple, lorsque Stallman s’interroge sur l’analogie entre le partage de fichiers et les pillages perpétrés par les pirates, il révèle en fait le parti-pris que l’industrie du disque et du cinéma tente d’imposer.

Mais, malheureusement, c’est à peu près la seule stratégie de Stallman. Il dépasse rarement ce raisonnement qu’il utilise pour fustiger les gens, et il se répète même davantage que des personnes qui passent leur temps à faire des discours. Il est perçu de plus en plus, par une partie de la communauté, comme quelqu’un hors de propos voire même embarrassant. Comme quelqu’un qui fut efficace… mais ne l’est plus. Il semble que la communauté a du mal à admettre l’idée que Stallman a eu un impact certain pendant des années, mais qu’il est moins utile aujourd’hui. Soit il est défendu férocement pour son passé glorieux, soit il est attaqué comme un usurpateur parasite. Je crois que les affirmations concernant ce qu’il a accompli et son manque d’efficacité actuel sont vraies toutes les deux.

4. L’open source n’est pas une méritocratie

L’une des légendes que les développeurs de logiciels libres aiment à se raconter est que la communauté est une méritocratie. Votre statut dans la communauté est censément basé sur vos dernières contributions, que ce soit en code ou en temps.

L’idée d’une méritocratie est très attirante, en cela qu’elle forme l’identité du groupe et assure la motivation. Elle encourage les individus à travailler de longues heures et donne aux membres de la communauté un sentiment d’identification et de supériorité.

Dans sa forme la plus pure, comme par exemple au sein d’un petit projet où les contributeurs ont travaillé ensemble pendant de nombreuses années, la méritocratie peut exister.

Mais le plus souvent, d’autres règles s’appliquent. Dans de nombreux projets, ceux qui se chargent de la documentation ou bien les graphistes sont moins influents que les programmeurs. Bien souvent, vos relations peuvent influencer la validation de votre contribution au moins autant que la qualité de votre travail.

De même, la notoriété est plus susceptible d’influencer les décisions prises que le grade et les (surtout si elles sont récentes) contributions. Des personnes comme Mark Shuttleworth ou des sociétés comme Google peuvent acheter leur influence sur le cours des choses. Des projets communautaires peuvent voir leurs instances dirigeantes dominées par les sponsors privés, comme c’est de fait le cas avec Fedora. Bien que la méritocratie soit l’idéal, ce n’est presque jamais la seule pratique.

5. L’open source est gangrené par un sexisme systémique

Une autre tendance qui plombe l’idéal méritocratique est le sexisme (parfois sour la forme de la misogynie la plus imbécile) que l’on trouve dans quelques recoins de la communauté. Au cours des dernières années, les porte-parole du FOSS ont dénoncé ce sexisme et mis en place des règles officielles pour décourager quelques uns de ses pires aspects, comme le harcèlement pendant les conférences. Mais le problème demeure profondément ancré à d’autres niveaux.

Le nombre de femmes varie selon les projets, mais 15 à 20 pour cent peut être considéré comme un chiffre élevé pour un projet open source. Dans de nombreux cas, ce nombre est en dessous des cinq pour cent, même en comptabilisant les non-programmeurs.

De plus les femmes sont sous-représentées lors des conférences, à l’exception de celles où les femmes sont activement encouragées à faire part de leurs propositions (ces efforts entraînent, inévitablement, leur lot d’accusations quant à des traitements spéciaux et des quotas, quand bien même aucune preuve ne peut être avancée).

La plus grande évidence de sexisme se produit quotidiennement. Par exemple, Slashdot a récemment publié un entretien avec Rikki Ensley, membre de la communauté USENIX. Parmi les premiers commentaires, certains se référaient à une chanson populaire dont le refrain mentionne le prénom Rikki. D’autres discutent de son apparence et lui donnent des conseils pour avoir l’air plus « glamour ».

On assiste à des réactions du même ordre, et bien d’autres pires encore sur de nombreux sites dédiés au monde du libre ou sur IRC, dès qu’une femme apparaît, surtout s’il s’agit d’une nouvelle venue. Voilà qui dément les affirmations d’une communauté qui prétend ne s’intéresser qu’aux seules contributions, ou encore l’illusion que la sous-représentation des femmes serait simplement une question de choix individuels.

6. Microsoft n’est plus l’ennemi irréductible du logiciel libre

Il y a à peine plus d’une dizaine d’années, vous pouviez compter sur Microsoft pour traiter le monde du Logiciel Libre de « communiste » ou « anti-Américain », ou sur leurs intentions parfois divulguées dans la presse de vouloir détruire la communauté.

Une grande partie de la communauté s’accroche encore à ces souvenirs. Après tout, rien ne rassemble plus les gens qu’un ennemi commun, puissant et inépuisable.

Mais ce dont la communauté ne se rend pas compte, c’est que la réaction de Microsoft est devenue plus nuancée, et qu’elle varie d’un service à l’autre au sein de l’entreprise.

Nul doute que les dirigeants de Microsoft continuent de voir le logiciel libre comme un concurrent, bien que les dénonciations hautes en couleur aient cessé.

Cependant, Microsoft a pris conscience que, compte-tenu de la popularité du logiciel libre, les intérêts à court terme de l’entreprise seraient mieux servis si elle s’assurait que les outils libres (en particulier les langages de programmation les plus populaires) fonctionnent correctement avec ses propres produits. C’est d’ailleurs la mission principale du projet Microsoft Open Technologies. Récemment, Microsoft est même allé jusqu’à publier une courte déclaration faisant l’éloge de la dernière version de Samba, qui permet l’administration des serveurs Microsoft depuis Linux et les systèmes Unix (NdT : Voir aussi cette FAQ en français publiée par Microsoft).

Bien sûr, il ne faut pas non plus s’attendre à voir Microsoft devenir une entreprise open source ou faire des dons désintéressés d’argent ou de code à la communauté. Mais, si vous faites abstraction des vieux antagonismes, l’approche égoïste de Microsoft à l’égard du logiciel libre n’est pas très différente de nos jours de celle de Google, HP, ou n’importe quelle autre entreprise.

7. L’innovation des interfaces stagne

En 2012, nombreux furent ceux qui n’ont pas adopté GNOME 3 et Unity, les deux dernières interfaces graphiques majeures. Cet abandon fut largement lié à l’impression que GNOME et Ubuntu ignoraient les préoccupations des utilisateurs et qu’ils imposaient leur propre vision, sans concertation.

À court terme, cela a mené à la résurrection de GNOME 2 sous des formes variées.

En tant que prédécesseur de GNOME 3 et de Unity, GNOME 2 fut un choix évident. C’est une interface populaire qui n’impose que peu de restrictions aux utilisateurs.

Quoi qu’il en soit, cela risque d’être, à long terme, étouffant pour l’innovation. Non seulement parce que le temps passé à ressuciter GNOME 2 n’est pas mis à profit pour explorer de nouvelles voies, mais parce que cela semble être une réaction à l’idée même d’innovation.

Peu sont ceux, par exemple, qui sont prêts à reconnaître que GNOME 3 ou Unity ont des fonctionnalités intéressantes. Au contraire, les deux sont condamnés dans leur ensemble. Et les développements futurs, tels l’intention de GNOME de rendre la sécurisation et la confidentialité plus simples, n’ont pas reçu l’attention qu’ils méritaient.

Au final, au cours des prochaines années, l’innovation en sera probablement réduite à une série de changements ponctuels, avec peu d’efforts pour améliorer l’ergonomie dans son ensemble. Même les développeurs hésiteront à tenter quoi que ce soit de trop différent, afin d’éviter le rejet de leurs projets.

Je me dois d’applaudir le fait que les diverses résurrections de GNOME 2 marquent le triomphe des requêtes des utilisateurs. Mais le conservatisme qui semble accompagner ces aboutissements m’inquiète : j’ai bien peur que cette victoire n’engendre d’autres problèmes tout aussi importants.

8. L’open source est en train de devenir une monoculture

Ses partisans aiment à revendiquer que l’un des avantages du logiciel libre et open source, c’est d’encourager la diversité. À la différence de Windows, les logiciels libres sont supposés être plus accueillants pour les idées nouvelles et moins vulnérables aux virus, la plupart des catégories de logiciels incluant plusieurs applications.

La réalité est quelque peu différente. À la lecture d’une étude utilisateurs vous remarquerez un modèle plutôt constant : une application ou technologie recueille 50 à 65% des votes, et la suivante 15 à 30%.

Par exemple, parmi les distributions, Debian, Linux Mint et Ubuntu, qui utilisent toutes le format de packet en .DEB, recueillent 58% du choix des lecteurs 2012 du Linux Journal, que l’on peut comparer aux 16% recueillis par Fedora, openSUSE, et CentOS, qui utilisent quant à elles le format .RPM.

De même, Virtualbox atteint 56% dans la catégorie « Meilleure solution de virtualisation », et VMWare 18%. Dans la catégorie « Meilleure gestion de versions », Git recueille 56% et Subversion 18%. La catégorie la plus asymétrique est celle des « Suites bureautiques » dans laquelle LibreOffice recueille 73% et (sic) Google Docs 12%.

Il n’y avait que deux exceptions à cette configuration. La première était la catégorie « Meilleur environnement de bureau », dans laquelle la diversification des dernières années était illustrée par les scores de 26% pour KDE, 22% pour GNOME 3, 15% pour GNOME 2 et 12% pour Xfce. La deuxième catégorie était celle de « Meilleur navigateur web »dans laquelle Mozilla Firefox recueillait 50% et Chromium 40%.

De manière générale, les chiffres ne rendent pas compte d’un monopole, mais dans la plupart des catégories, la tendance est là. Au mieux, on pourrait dire que, si la motivation n’est pas le profit, le fait d’être moins populaire n’implique pas que l’application va disparaître. Mais si la concurrence est saine, comme tout le monde aime à le dire, il y a tout de même des raisons de s’inquiéter. Quand on y regarde de près, les logiciels libres sont loin d’être aussi diversifiés que ce que l’on croit.

9. Le logiciel libre est bloqué si près de ses objectifs

En 2004, les logiciels libres et open source en étaient au stade où ils couvraient la plupart des usages de base des utilisateurs : envoi de courriels, navigation sur internet et la plupart des activités productives sur ordinateur. En dehors des espoirs de disposer un jour d’un BIOS libre, il ne manquait plus que les pilotes pour les imprimantes 3D et les cartes WiFi pour atteindre l’utopie d’un système informatique entièrement libre et open source.

Neuf ans plus tard, de nombreux pilotes libres de carte WiFi et quelques pilotes libres de cartes graphiques sont disponibles – mais nous sommes loin du compte. Pourtant la Free Software Foundation ne mentionne que rarement ce qui reste à faire, et la Linux Foundation ne le fait pratiquement jamais, alors même qu’elle sponsorise l’OpenPrinting database, qui liste les imprimantes ayant des pilotes libres. Si l’on combinait les ressources des utilisateurs de Linux en entreprise, on pourrait atteindre ces objectifs en quelques mois, pourtant personne n’en fait une priorité.

Admettons que certaines entreprises se préoccupent de leur soi-disant propriété intellectuelle sur le matériel qu’elles fabriquent. Il est possible également que personne ne veuille courir le risque de fâcher leurs partenaires commerciaux en pratiquant la rétroingénierie. Pourtant, on a bien l’impression que l’état actuel de statu quo persiste parce que c’est déjà bien assez, et que trop peu de personnes ont à cœur d’atteindre des objectifs dont des milliers ont fait le travail de leur vie.

Des discussions, non des disputes

Certains ont peut-être déjà conscience de ces sujets tabous. Cependant, il est probable que chacun trouvera dans cette liste au moins un sujet pour se mettre en rogne.

Par ailleurs, mon intention n’est pas de mettre en place neuf aimants à trolls. Même si je le voulais, je n’en aurais pas le temps.

Ces lignes sont plutôt le résultat de mes efforts pour identifier en quoi des évidences largement admises dans la communauté devraient être remises en question. Je peux me tromper. Après tout, je parle de ce que j’ai pris pour habitude de penser, moi aussi. Mais au pire, cette liste est un bon début.

Si vous pensez qu’il y a d’autres sujets tabous à aborder et à reconsidérer au sein de la communauté des logiciels libres et open source, laissez un commentaire. Cela m’intéresse de voir ce que je pourrais avoir oublié.

Crédit photo : Laëtitia Dulac (Creative Commons By)