Largage de liens en vrac #2

Hamed Saber - CC byVu le succès fou rencontré par mon premier largage de liens, je réitère l’opération en réussissant l’exploit d’être encore plus mal classé que le précédent. J’en rappelle le principe : ils ne sont pas testés (et ne sont donc mentionnés qu’à l’intuition), ne figurent pas encore dans l’annuaire de logiciels libres de Framasoft et sont souvent des nouveautés[1].

  • DreaMule : Un nouveau client eMule qu’il parait qu’il est bien.
  • Open Source Web Chat : Un petit module de chat plutôt sexy (Javascript, PHP, MySQL), autonome ou intégré à des forums comme phpBB ou PunBB.
  • OpenX : Changement de nom (ex Openads) pour cette plate-forme complète de gestion de la publicité sur vos sites web (PHP, MySQL). Devrait intéresser le monde de l’entreprise.
  • WordFlashReader : Un logiciel qui facilite la lecture des fichiers .txt, .html ou encore .pdf en flashant le texte à la vitesse désirée, en marquant la ponctuation, etc. Si vous voulez m’en faire un retour dans les commentaires, vous êtes les bienvenus (Windows et Linux).
  • Eqonomize : Un logiciel de comptabilité pour Linux (KDE) qui a ses adeptes.
  • PureEdit : Je ne sais pas vraiment si on a vraiment besoin d’un nouveau CMS. Celui-ci est bien présenté en tout cas mais à vous de me dire si il apporte quelque chose de plus que les autres.
  • Fastladder : Un puissant aggrégateur de fils RSS en ligne qui passe sous licence libre (MIT).
  • OpenSource FLV Player : Comme son nom l’indique un lecteur libre de fichiers .flv (les mêmes que les vidéos YouTube par exemple).
  • GmailAssistant : Un petit notificateur écrit en Java, utile si vous possédez plusieurs comptes Gmail.
  • Galleria : Une très jolie manière de présenter des photos sur un site web (en Javascript).
  • TorrentFlux : Torrentflux est un client BiTorrent disposant d’une interface web et pouvant de ce fait être administré à distance (nécessite LAMP).
  • Preload : Spécial Ubuntu. Comme son nom l’indique vaguement, il s’agit d’un programme qui permet de lancer un certain nombres d’applications beaucoup plus rapidement en gérant la mémoire à partir de vos propres statistiques d’utilisateur. Il est ainsi dit sur le site qu’OpenOffice.org et Firefox se lancent deux fois plus rapidement avec Preload.
  • Podcast in a Box : Une petit boite noire (Ubuntu inside) qui permet a priori de faire très simplement du podcast avec une clé USB en particulier en milieu scolaire. Si j’ai bien compris le prof programme son enregistrement ou vient directement avec son enregistrement déjà effectué sur sa clé USB, puis les étudiants mettent leur propre clé USB et récupère le podcast du prof. L’idée ce serait de s’affranchir de toute technicité puisque celle-ci est gérée par la box.
  • Gobby : Gobby est un éditeur de texte collaboratif en temps réel. Présent directement dans la distribution spéciale éducation d’Ubuntu (Edubuntu) et on comprend bien pourquoi. Disponible également sous Windows.
  • Umbraco : Encore un CMS, oui, d’accord, mais celui présente l’incongruité l’originalité de reposer sur la technologie Microsoft .NET.
  • SoloWiki : Un éditeur spécial Wikipédia qui permet de créer et prévisualiser du texte en utilisant la syntaxe Médiawiki. En Java et surtout utile pour travailler ses articles Wikipédia en n’étant pas connecté.
  • MindTouch Deki Wiki : Une plateforme de wiki pour les communautées et les entreprises. L’interface est particulièrement soignée contrairement à la plupart des autres moteurs wiki.
  • GlassBox : Très esthétique. Un javascript permettant de faire afficher des fenêtres "glacées" sur vos pages web un peu comme avec du Flash (sauf que c’est pas du Flash justement !).
  • DVD Rip : Un logiciel libre un peu particulier puisqu’il s’utilise en surcouche d’un (excellent) logiciel gratuit, à savoir DVD Shrink. Permet de ripper on ne peut plus facilement vos DVD pour en faire des copies dans l’espace de stockage de votre choix (par exemple un disque dur externe). Avec la possibilité de retirer les langues que vous ne souhaitez pas, les bonus, etc. d’où un gain conséquent de place. Uniquement Windows.
  • VirtualBox : On entend de plus en plus parler de cette solution pour créer des machines virtuelles. Se décline en deux versions dont une est libre. Cf le tutoriel de Zebulon.fr. La société vient récemment d’être rachetée par Sun, c’est vous dire !
  • andLinux : Ici ce n’est plus de la virtualisation, c’est mettre directement Ubuntu dans son Windows comme si c’était une application de plus de son bureau Windows. C’est assez étonnant et ça peut faire découvrir GNU/Linux au béotien. Je reste a priori assez circonspect quant à sa réelle utilité mais d’autres sont plus enthousiastes (et si vous voulez tester la chose je vous conseille cette page d’explications).
  • Todo.txt : On aime aussi la ligne de commande à Framasoft. Voici un gestionnaire de tâches et de projets en pur texte.

Enfin, une excellente nouvelle pour ceux qui pour une raison ou pour une autre ont encore des postes sous Windows : le portage de ce que d’aucuns considèrent comme la meilleure application GNU/Linux, à savoir le lecteur audio Amarok, est sur le point d’aboutir (via le propre portage de KDE). Les plus témeraires peuvent déjà s’y essayer avec la version preview.

Notes

[1] Crédit photo : Hamed Saber (Creative Commons By)




Un peu de libre chez les grands médias

Le Framablog est un peu plus visité que d’habitude actuellement. C’est certainement la conséquence des derniers articles sur Microsoft et sa stratégie de partenariats en directions des associations d’enseignants.

Je profite donc de cette audience élargie et pas forcément initiée au libre pour relayer deux récentes émissions grand public dignes d’attention.

Un peu de libre à la télé

LCI – High-Tech : Plein Ecran du 3 février 2008
Le salon Solutions Linux à Paris

« Cette semaine, Plein Ecran court les allées de Solutions Linux, le salon qui rassemble à Paris la communauté et les professionnels du logiciel libre, un mouvement en passe de devenir un vrai secteur économique, pas comme les autres… »

Lien direct au format mp4 pour téléchargement.

Un peu de libre à la radio

France Inter – Service public du 14 février 2008
Peut-on vraiment se passer de Microsoft ?

Invités : Alix Cazenave (chargée de mission à l’APRIL) et Edouard Barreiro (chargé de mission pour les nouvelles technologies à l’UFC Que choisir).

Extrait du blog d’Isabelle Giordano :

« Ah que c’est bon d’entendre les auditeurs rappeler que le pouvoir du consommateur est dans son charriot; au supermarché chaque geste est un acte politique et l’appel au boycott de Microsoft ce matin d’un auditeur fut un bol d’oxygène ! Vous êtes tellement nombreux à réagir sur le sujet du monopole de Microsoft que nous allons lancer un sondage : êtes-vous pour ou contre la suppression du monopole de Microsoft sur les ordinateurs ? Ce qui m’inquiète le plus est le fait que l’on puisse vivre, en France, pays démocratique, une situation parfaitement illégale (oui, illégale) sans que les pouvoirs publics ne bougent. Que fait la DGCCRF ? Que fait le gouvernement ? A quand les class actions en France pour résoudre ce type de problème et répondre au mécontentement de milliers de consommateurs ? Il existe des lois en France qui ne sont pas appliqueés m’a dit en off l’une de mes invitées. À suivre donc… »




Ma petite entreprise… ou comment économiser cent mille dollars avec les logiciels libres

Contando Dinheiro - Jeff Belmonte - CC-BY

La communauté n’apprécie généralement pas que l’on insiste avant tout sur l’argument du prix[1] lorsque l’on évoque le logiciel libre. Reconnaissons pourtant que c’est un argument de poids lorsqu’il s’agit d’évoquer le logiciel libre et le monde pragmatique de l’entreprise.

100.000 dollars (un peu moins en euros) d’économie grâce aux logiciels libres, voilà un titre qui fera tout de suite son petit effet chez le décideur pressé.

Mais ce qui pourra aussi faire son petit effet, avec la liste détaillée ci-dessous, c’est de constater qu’aujourd’hui le logiciel libre est capable de répondre à tous les besoins informatiques d’une petite (et moins petite) entreprise.

Nous espérons donc, avec cette courte traduction témoignage[2], être utile et donner des idées aux entrepreneurs et futurs entrepreneurs, aux PME, PMI, etc.

Avec le bémol suivant (outre la précision du chiffre avancé sujette à caution). On peut, comme nous en invite les auteurs en fin d’article, se demander nous aussi combien le logiciel libre nous aura fait épargner. Ce qui se résume à se demander combien le logiciel libre nous aura apporté.

Mais on peut également se demander ce que nous-même avons apporté au logiciel libre. Parce que c’est bien gentil de s’extasier sur les économies conséquentes réalisées. Mais si l’on ne donne rien en retour (temps et/ou argent) alors quelque part on rompt le cercle vertueux.

Screenshot - ChaseSagum site

L’Open Source m’a fait économiser 100 000 $

Open Source Saved Me $100,000

01 février 2008 – ChaseSagum.com

Ma femme et moi avons créé une société de développement internet en juin 2007. Ce faisant, nous avons cherché dès le début du coté des applications open source pour nous aider à gérer notre entreprise dans l’optique d’économiser de l’argent. L’utilisation de logiciels libres plutôt que de logiciels propriétaires devait nous permettre de garder aussi bas que possible nos frais généraux. En cherchant les alternatives aux logiciels open source (c’est-à-dire des logiciels achetés), qui pourraient être réellement bénéfiques pour notre activité et pour ce que nous réalisons, il a été étonnant de voir combien d’argent nous aurions pu y laisser. Je ne vais pas perdre de temps à vous décrire les logiciels payants que nous aurions pu acheter. Je vais plutôt partager avec vous la liste des applications open source que nous avons pu utiliser à la place, nous permettant ainsi une économie estimée au bas mot à environ 100 000 $. Je dis au bas mot, parce que malheureusement, la plupart des logiciels payants trouvent le moyen de sortir dans une nouvelle version chaque année vous obligeant souvent à repasser à la caisse.

Voici à quoi ressemble cette liste :

La dernière chose que nous avons inclus dans nos coûts a été l’hébergement de notre site web. Parce qu’utilisant des logiciels open source, notre compte Bluehost ne nous coûte que 6,95$ par mois pour 1,5 Go d’espace disque et 15 To de transfert. Rien que cela, le fait que nous soyons une entreprise internet, nous a fait économiser un paquet d’argent !

Sur le plan des coûts en terme de logiciels, et aussi des coûts de développement pour créer certains de ces outils, nous avons estimé que notre société a pu ainsi économiser 100000$ grâce à ces applications libres. Vous pouvez dire waouh ! Et je ne parle même pas de que ces applications nous ont apporté jusqu’ici. Ce serait une toute autre discussion. Ici, il ne s’agit que de l’argent économisé. C’est tout.

Comment est-ce possible? Grâce à toutes les personnes qui croient que l’open source doit exister. Ce qui ne cessera de me surprendre, c’est que beaucoup d’entreprises continuent à vivre en ignorant ces merveilleux outils. J’aimerais savoir combien d’argent vous avez économisé grâce à l’open source ! Alors s’il vous plaît laissez un commentaire et partagez vos chiffres avec nous. Merci.

Notes

[1] Illustration : Contando Dinheiro par Jeff Belmonte et sous licence Creative Commons BY.

[2] Traduction GaeliX (et relecture Mben) pour Framalang. Nous avons choisi de conserver l’expression open source en lieu et place logiciel libre parce qu’il nous a semblé qu’elle était ici plus proche de l’esprit des auteurs (et de leur culture américaine).




Largage de liens en vrac #1

Mr JZ - CC byAyant accumulé trop de liens sur de nouveaux (ou plus anciens) logiciels libres que je juge à l’intuition intéressants, et donc futurs éventuels candidats potentiels[1] pour notre annuaire, j’ai décidé de m’en débarrasser ici en vrac (de chez vrac). En fouillant bien, vous y trouverez peut-être quelque chose d’utile… [2]

  • Wubi : Installer Ubuntu depuis Windows comme un simple programme ! Tout à fait étonnant et qui plus est bien pratique pour découvrir ou faire découvrir Ubuntu dans la mesure où l’on n’a pas besoin de partionner son disque ou d’avoir un CD d’installation à disposition. On installe Wubi (10Mo) et c’est lui qui vient chercher tout seul Ubuntu sur internet (700 Mo tout d’même !). Faut voir à l’usage quelles sont les contraintes. J’imagine déjà que c’est un poil plus lent.
  • Rockbox : Le firmware libre pour votre lecteur mp3. Alors là je suis bluffé par le boulot de cette équipe dont le firmware est supporté par de très nombreux lecteurs (iPod, iriver, Archos…). Rockbox a définitivement remplacé le firmware d’origine (qu’il n’écrase pas) sur mon iPod Nano et je me sens tout simplement libre et happy ! Fini les iTunes & compagnie. Je peux lire les .ogg et je peux même jouer à Frozen Bubble dans le métro en heure de pointe. Cf cette petite vidéo pour mieux comprendre la chose avec… Doom inside !
  • Collabtive : Petit groupware sexy à la sauce web 2.0.
  • Alfresco : « Alfresco offre une vraie alternative Open Source pour la Gestion de Contenu d’Entreprise (ECM) – Gestion de Documents, Collaboration, Gestion des Archives/Enregistrements légaux, Gestion de Contenu Web et Gestion des Documents Numérisés. » PME/PMI, à vos marques, prêts…
  • Box2D Physics Engine : Euh… je ne sais pas trop comment vous le décrire. Y’a des objets en 2D qui bougent et non seulement ça fait joli mais en plus ça semble avoir des vertus pédagogiques. Regardez un peu ce que cela donne en portage Flash. Si j’étais prof de sciences physiques je m’y mettrais tout de suite !
  • jobberBase : Plate-forme web libre d’offres et recherches d’emplois qui semble tenir parfaitement la route. Non encore francisé (il ne tient qu’à nous…). Me trompe-je mais je crois bien que la communauté francophone du logiciel libre ne possède pas de site (ouverte et indépendant) dédié à cela digne de ce nom ? Cela pourrait être pertinent de créer un tel site (avec justement jobberBase comme outil) pour mettre tout ce joli petit monde en relation. Cette idée, qui peut rapporter gros, est sous licence Creative Commons BY-SA 😉
  • No plagia : « No plagia est une application web de detection de plagiat sur internet développé dans le cadre d’un travail d’etude et de recherche à la faculté des sciences de Luminy par 3 étudiants. » Ce sont les profs de lycée qui vont être contents !
  • Open Flash Chart : Vous n’aimez pas le Flash et vous n’avez pas besoin de jolis graphiques pour votre site web ? Alors cette solution ne vous conviendra pas !
  • Processing : C’est pas vraiment une nouveauté (loin de là) et c’est pas vraiment un logiciel non plus puisqu’il s’agit d’un langage de programmation et environnement de développement tout particulièrement adapté à la création plastique et graphique interactive (en Java). Les résultats sont impressionnants et il commence à être enseigné dans les écoles d’art.
  • Parted Magic : Dans la catégorie outil de partition de disque, on avait Gparted sur CD. Parted Magic rend a priori la chose encore plus intuitive et, cerise sur le gâteau, se met facilement sur une clé USB. Peut servir par exemple pour préparer l’arrivée de GNU/Linux sur votre machine.
  • PrestaShop : « Une solution professionnelle d’e-Commerce robuste que vous pouvez télécharger, installer et utiliser gratuitement ! » Sur le papier ça a vraiment de la gueule (et c’est issu de la francophonie).
  • Magento : Une autre solution pro d’e-Commerce qui semble avoir la côte en ce moment. Le libre commence à avoir l’embarras du choix dans le domaine…
  • Pligg : Vous souhaiter faire votre propre Digg ? Alors Pligg est la meilleure solution libre à l’heure actuelle.
  • Drigg : Enfin peut-être pas la meilleure solution surtout si vous êtes un adepte de Drupal puisqu’avec ce module vous obtenez peu ou prou la même chose.
  • Elgg : Un clone de MySpace / Facebook (je n’en sais pas plus).
  • Correo : Un client de messagerie basé sur Thunderbird.
  • ClamXav : Et voici que le célèbre antivirus ClamAV se décline aujourd’hui pour Mac OS X. Vous me direz (avec un brin de suffisance) que les utilisateurs Mac n’en ont pas besoin. Certes, m’enfin si un tel portage vient de voir le jour c’est qu’il doit bien y avoir une raison 😉
  • Transmission : Un client bittorrent qui comble peut-être une lacune dans l’univers Mac.
  • MacVim : Comme son nom l’indique, un portage de Vim sous Mac OS X qui comblera les geeks.
  • Bitnami : Celui-là j’en aurais bien fait un billet blog à lui tout seul. C’est vraiment une solution pratique et originale si vous souhaitez tester en local tout plein de CMS, blogs, wikis, forums. Quel que soit votre OS, plus besoin de s’embêter avec l’installation d’un serveur AMP (Apache, MySQL, PHP) et la création de bases MySQL puisque c’est intégré à même le pack de téléchargement pour chaque logiciel choisi. Le revers de la médaille c’est qu’on aura autant de serveurs AMP que d’applications installées avec Bitnami (avec la taille du pack de téléchargement en conséquence). Mais si vous ne souhaitez travailler qu’avec une solution bien définie (comme Drupal, Joomla, WordPress, Mediawiki, Docuwiki, phpBB) alors c’est vraiment intéressant. De plus chez Windows tout peut s’installer sur un clé USB et chez Linux il vous fournit donc un serveur AMP clé en main (dès fois que vous aviez des problèmes pour en installer un).
  • PhatFusion : Un bibliothèque de javascripts qui donne un look pro (et web 2.0) à vos sites webs.
  • Shadowbox : Dans la même série on trouve ce javascript libre qui permet d’ouvrir une fenêtre pour y mettre un peu ce que l’on veut dedans (images, vidéos…).
  • Blueprint : Un framework vraiment utile pour démarrer un site web et bien organiser sa mise en page et ses CSS (cf la très pratique grille).
  • ie7-js : Un javascript qui tente (et semble pas mal réussir) à faire en sorte qu’Internet Explorer se rapproche des standards du web en corrigeant un paquet de limitations CSS / HTML. Par exemple il résoud le problème de la transparence du format .png. Il est possible que ce script devienne indispensable à tout webmaster (jusqu’à ce qu’IE disparaisse définitivement de la scène, mais on n’en est pas encore là).
  • Diferior : Un CMS de plus, orienté blog, dont la particularité est de proposer un tracker bittorrent intégré. Pour mieux partager des ressources libres bien sûr !
  • Kantaris Media Player : Une surcouche graphique au célèbre lecteur multimédia VideoLan. Uniquement pour Windows. A priori pour rendre l’interface graphique plus sexy (ou, aïe, pour le rendre plus proche de Windows Media Player).
  • Chyrp : Encore un moteur de blog. Celui-ci semble simple et joli (avec de l’Ajax inside). Mais, bon, je sais pas trop si on en a vraiment besoin avec nos WordPress et Dotclear…
  • Laser Tag 2.0 : Un projet délirant mais enthousiasmant qui permet de graffiter électroniquement n’importe quelle facade avec un simple ordinateur, une caméra et un vidéo-projecteur (cf la photo d’illustration[3] de ce billet et plus généralement cette succession de pages). Utile en période de guérilla urbaine ! On est d’ailleurs en train de se déployer place de l’Etoile pour dessiner très prochainement tout plein des manchots et des gnous sur l’Arc de Triomphe à Paname (ça nous changera de Zidane en Adidas).

Bon ben voilà, ça fait du bien. Mes bookmarks se sentent plus léger désormais. Selon les retours ce billet sera peut-être le premier d’une petite série, disons, mensuelle, de news logiciels libres.

Notes

[1] NB : Si vous lisez cet article avec un temps de retard les logiciels cités seront peut-être déjà inclus dans l’annuaire.

[2] Crédit photo : Mr JZ (Creative Commons By)

[3] Photographie de urban_data sous licence Creative Commons BY.




Ce qui caractérise les utilisateurs de logiciels libres

Shaymus022 - CC by-saAlors voilà. Nous y sommes. Le logiciel libre est clairement en train de gagner la bataille du desktop. Quelque soit son système d’exploitation, on trouve désormais des logiciels libres de grande qualité répondant à tous les usages de base (web, bureautique, graphisme, multimédia…). Dans le même temps des distributions GNU/Linux toujours plus conviviales arrivent à maturité et les revendeurs ne s’y trompent pas puisqu’ils commencent à en proposer au grand public dans leurs offres d’ordinateurs neufs.

Cependant n’oublions pas la phrase en exergue de ce blog : « …mais ce serait peut-être l’une des plus grandes opportunités manquées de notre époque si le logiciel libre ne libérait rien d’autre que du code ».[1]

En effet, utiliser des logiciels libres c’est non seulement faire des économies, c’est non seulement se retrouver avec plein d’applications qui nous comblent au quotidien mais c’est aussi et surtout adopter certains comportements (et rompre avec d’autres), participer à un mouvement et, osons le mot, faire partie d’une culture.

Une culture qui favorise l’écoute, l’indépendance et l’autonomie. Une culture de coopération et non de compétition. Une culture aux antipodes de certaines logiques et structures politico-économiques qui nous demandent avant tout d’être des consommateurs passifs. Il serait non seulement dommage mais fort dommageable que la nouvelle génération d’utilisateurs fraîchement débarqués du monde Windows, et dont Framasoft se réclame, perde cela de vue…

La traduction que nous vous proposons aujourd’hui brosse le portrait d’un utilisateur de logiciels libres[2] en soulignant neuf caractéristiques qui le distinguent justement de l’utilisateur de logiciels propriétaires.

Parce qu’il en va de la responsabilité de tous que cette précieuse culture ne se dilue pas avec sa démocratisation…

9 traits caractéristiques des utilisateurs de logiciels libres

9 Characteristics of Free Software Users

Bruce Byfield – 9 janvier 2008 – Datamation
(Traduction Framalang : GaeliX et Olivier)

Un système d’exploitation n’est pas qu’un code source, il véhicule aussi une culture. Cet état de fait m’est soudainement revenu à l’esprit au cours des vacances quand plusieurs membres de ma famille et des voisins m’ont assailli de questions sur le dépannage de leurs ordinateurs sous Windows. Bien qu’aucun d’entre nous n’ait eu une véritable formation en informatique, je ne sais presque rien sur Windows, j’ai été en mesure de résoudre les problèmes qui déconcertaient les autres – non pas parce que j’ai la science infuse, mais parce que la culture du Libre dans laquelle je baigne tous les jours m’a rendu plus apte à faire face à ce genre de situation.

Les origines de ces cultures sont plus ou moins évidentes. Windows et d’autres logiciels propriétaires sont les produits du marché commercial du logiciel. Dans cette culture, l’information circule essentiellement dans une seule direction : elle émane du fabricant. L’obsession des éditeurs pour la propriété intellectuelle et la main-mise des revendeurs encourage cette culture à réduire les utilisateurs au rôle de consommateurs aveugles.

En revanche, la culture du Libre a deux origines. La première, c’est la culture Unix, qu’Eric Raymond décrit dans « L’art de programmer sous UNIX », et qui met l’accent sur l’excellence. La seconde est l’ensemble des quatre libertés qui définissent un logiciel libre.

Il est vrai que les utilisateurs finaux sont peu susceptibles de s’intéresser eux-mêmes aux libertés d’étudier ou d’améliorer un programme. Mais l’existence de ces libertés pour les développeurs conditionnent les attentes de tout le monde. En outre, les libertés d’exécuter les programmes et de les redistribuer permet à chacun de s’affranchir d’un des aspects les plus pénibles de la culture propriétaire. En tout cas, ces origines créent des utilisateurs plus actifs et plus exigeants que ceux des logiciels propriétaires.

Ce n’est pas une surprise, ces différences d’origines amènent à des attentes différentes. Il y a certes des exceptions et l’amélioration des compétences de l’utilisateur tend à gommer ces différences. En outre, des logiciels libres comme Firefox et OpenOffice.org sont de plus en plus courants sur des plates-formes propriétaires. Et, de même, la culture propriétaire s’immisce dans le logiciel libre car il devient une grosse affaire.

Pourtant, la plupart du temps, vous pouvez vous attendre à ce que les utilisateurs de logiciels libres diffèrent des utilisateurs de logiciels propriétaires sur un certain nombre de points fondamentaux. Le fait d’avoir conscience de ces différences peut avoir un impact considérable sur votre réussite lors de la commercialisation ou du développement de logiciels.

1. Les utilisateurs de logiciels libres désirent des licences ouvertes et non pas des méthodes d’activation

Des éditeurs propriétaires comme Adobe et Xara qui ont fait l’expérience du portage sous GNU/Linux de leurs logiciels sont arrivés à la conclusion que les utilisateurs de logiciels libres n’iront pas acheter de logiciels commerciaux. Toutefois, comme l’ont prouvé des entreprises comme Red Hat et Mandriva, ces conclusions sont plus le fait d’une incapacité à concevoir de nouvelles méthodes de travail que d’une observation de la réalité. A défaut d’autre chose, les utilisateurs iraient le plus souvent acheter dans le commerce afin d’avoir le confort d’une relation traditionnelle avec un fournisseur.

Toutefois, lorsqu’ils ont ce luxe, les utilisateurs de logiciels libres rejettent les licences propriétaires ou les méthodes d’activation qui restreignent leur liberté de copier et redistribuer le logiciel. Certains peuvent accepter les licences propriétaires si ils ne trouvent pas les mêmes fonctionnalités ailleurs. D’autres peuvent accepter une licence propriétaire pour les logiciels non-essentiels, comme les jeux. Mais, au premier signe d’alternative, ils vont abandonner le produit propriétaire. Et beaucoup, bien entendu, n’accepteront même pas ces compromis temporaires.

Si vous cherchez à vendre quelque chose à la communauté du Libre, ne cherchez pas à faire de l’argent avec le logiciel mais cherchez les services que vous pouvez développer autour du logiciel. Ou pensez-vous que c’est un hasard si le partage de fichiers et de la culture libre ont leurs racines dans la communauté du logiciel libre ?

2. Les utilisateurs de logiciels libres désirent avoir des mises à jour et des corrections de façon régulière

Les systèmes d’exploitation Libres sont conçus pour la gratification instantanée. Vous voulez un nouveau logiciel ? Basculer vers le compte root et en l’espace de cinq minutes, vous l’avez, installé et prêt à être utilisé sans redémarrer la machine.

Cette fonctionnalité basique à pour conséquence les mêmes attentes élevées en ce qui concerne les mises à jour et les correctifs. Dans les logiciels libres, les mises à jour et les correctifs ne sont pas un événement annuel pour le logiciel complet avec des bêta-versions. Ils sont plus proches de l’occurrence quotidienne. Les personnes en charge de la maintenance de ces logiciels prennent cette responsabilité tellement au sérieux que l’on a déjà vu nombre d’entre eux prendre sur leur temps personnel pour s’assurer qu’une correction d’anomalie ou qu’un correctif de sécurité sorte aussi rapidement que possible.

3. Les utilisateurs de logiciels libres désirent travailler comme ils l’entendent

En passant de Windows à GNU/Linux, la première chose que les utilisateurs sont susceptibles de remarquer est le nombre d’options de personnalisation qui sont disponibles ne serait-ce que pour l’apparence et le fonctionnement du bureau. A la limite, ils sont presque enclins à penser qu’il y a trop d’options disponibles. Souvent même ils sont surpris de se retrouver devant plus de possibilités qu’ils n’en auraient espérées.

Ces options sont la conséquence directe du sens du contrôle que le logiciel libre encourage chez ses utilisateurs. Non seulement ils s’attendent à pouvoir utiliser les menus, les barres d’outils ou les raccourcis clavier qui ont leur préférence, mais ils s’attendent de plus à contrôler la couleur, les widgets et même l’emplacement des fonctionnalités du bureau de façon simple et efficace. S’ils font le chemin inverse, passant de GNU/Linux à Windows, ils vont se sentir limités, obligés de faire les choses de la façon dont les développeurs ont voulu qu’ils les fassent, plutôt que de fonctionner uniquement suivant leurs propres préférences.

4. Les utilisateurs de logiciels libres désirent avoir le contrôle de leurs propres systèmes

Pour un utilisateur de logiciels libres, l’un des aspects les plus ennuyeux de Windows XP ou Vista, c’est d’être constamment perturbé par les pop-ups. Le système lui-même vous informe des mises à jours disponibles, des éventuels risques de sécurité et de l’état actuel de votre système. Et il n’est pas inhabituel pour votre éditeur de logiciels d’avoir ses propres messages en plus de ceux émis par Java et plusieurs autres programmes. Pendant ce temps, le système d’exploitation et une ou deux autres briques de base logicielles communiquent et les technologies de verrouillage se mettent à contrôler votre informatique. Parfois, vous avez l’impression d’être interrompu toutes les 30 secondes dans votre travail.

Les gestionnaires de bureau dans les systèmes d’exploitation libres commence à émettre des notifications, mais, jusqu’à présent, elles le sont pour l’ensemble du système. Mais surtout, elles peuvent être désactivées. Les utilisateurs avertis de GNU/Linux ou FreeBSD savent que ce types d’évènements basiques sont consignés dans des fichiers de log où l’on peut les consulter à loisir.

Quant au verrouillage ou aux technologies de surveillance, oubliez les. Beaucoup d’utilisateurs de logiciels libres se méfient des outils de sondage automatiques, même relativement innocents comme le Concours de Popularité Debian ou Smolt, sans parler de tout ce qui leur ôterait le contrôle des mains.

5. Les utilisateurs de logiciels libres aiment explorer

J’ai été en mesure de résoudre deux des problèmes Windows auxquels j’ai dû faire face durant les vacances en un rien de temps. L’un simplement en raccordant le moniteur à la carte vidéo dédiée au lieu de celle embarquée sur la carte mère. L’autre en utilisant un gestionnaire de fichiers à la place des outils dédiés fournis avec le nouveau matériel. Quand je leur ai demandé pourquoi ils n’avaient pas cherché une éventuelle solution, ceux que je dépannais marmonèrent, puis finirent par avouer qu’ils avaient peur d’essayer.

Pour moi, ces réactions incarnent l’impuissance acquise que le logiciel propriétaire encourage habituellement. Avec seulement un nombre limité d’outils visibles sur le bureau – de nombreux profondement enterrés dans plusieurs boîtes de dialogue imbriquées – et la plupart de ces outils ne donnant aucune indication sur la manière dont ils arrivent au résultat – l’utilisateur moyen de Windows n’est pas vraiment incité à apprendre l’administration de son système.

De l’autre coté, sur les systèmes libres, l’exploration est facile. La plupart des configurations, par exemple, se font en utilisant les fichiers texte en clair, que vous pouvez consulter à partir de votre gestionnaire de fichiers. Et puisque l’exploration amène des résultats rapides et probants, les utilisateurs de systèmes d’exploitation libres sont encouragés à explorer et à devenir demandeurs de ce type de fonctionnalités. Mettez-les sur un système Windows et ils vont probablement se plaindre d’être isolés du système, comme s’ils essayaient de faire de la saisie avec des moufles.

6. Les utilisateurs de logiciels libres désirent s’entraider

Les utilisateurs de logiciel libre n’ont rien contre les fichiers d’aide. A vrai dire, ils les aiment. Pour les pages « man » Unix traditionnelles, ils ont les pages d’informations en ligne de commande et l’aide en ligne sur le bureau. Mais ils sont beaucoup moins susceptibles que les utilisateurs propriétaires d’attendre un support technique formel. Au lieu de cela, ce qu’ils attendent ce sont les moyens de s’aider eux-mêmes, pas seulement les fichiers d’aide, mais un accès facile aux fichiers de configuration (de préférence en texte clair, lisible par l’homme), ainsi que les mails, les forums, les canaux IRC où ils peuvent se consulter les uns les autres. Une philosophie du « prend toi en main » est sous-jacente chez presque tous les utilisateurs de logiciels libres. Plus ils les utilisent, plus elles sont ancrées en eux.

7. Les utilisateurs de logiciels libres n’ont pas peur de la ligne de commande

Pour les utilisateurs de Windows, la ligne de commande est une chose effrayante. Et ce n’est pas étonnant, compte tenu de sa pauvreté et des ses limitations ; une nouvelle version était une des caractéristiques promises pour Vista mais elle a été abandonnée. Mais la ligne de commande est beaucoup plus conviviale dans les systèmes d’exploitation libres que dans Windows et de nombreux utilisateurs se familiarisent rapidement avec elle.

Dans presque tous les cas, une commande saisie a plus d’options et de puissance que son équivalent graphique dans le logiciel libre. Les utilisateurs se feront un plaisir d’utiliser l’interface graphique, mais, lorsque sa limite est atteinte, beaucoup basculeront avec autant de plaisir vers la ligne de commande. C’est en partie une attitude de geek, mais la vraie raison est le simple aspect pratique. À moins que les concepteurs d’interfaces arrivent à offrir les mêmes fonctionnalités que la ligne de commande, cela ne changera pas et pour être honnête, peu cherchent vraiment à le faire.

8 Les utilisateurs de logiciels libres apprennent des catégories de logiciels, pas des programmes

Empêchés d’apprendre facilement leur système d’exploitation, les consommateurs de logiciels propriétaires fonctionnent comme s’ils lançaient des sorts – recettes rituelles qui, si elles sont utilisées de façon adéquate, leur donneront les résultats escomptés. Ajouté au fait que les logiciels propriétaires peuvent être coûteux, ils ont tendance à se familiariser avec une suite bureautique, un navigateur Web et un client de messagerie. En conséquence, changer de logiciel peut être traumatisant pour eux.

En revanche, les utilisateurs de logiciels libres se trouvent avoir à la fois la connaissance du système et une sélection de logiciels à expérimenter. Ils peuvent s’arrêter à logiciel précis dans chaque catégorie, mais seulement après avoir expérimenté toutes les autres possibilités. S’ils ont besoin d’une fonctionnalité qui n’est pas prise en charge par le logiciel qu’ils avaient choisi, ils lui trouveront un remplaçant temporaire ou permanent, confiants que les autres fonctionnalités dont ils ont besoin seront dans les deux programmes. Beaucoup plus que chez les utilisateurs de logiciels propriétaires, leur loyauté est provisoire et tributaire de la qualité et de la sélection. Ils n’ont pas cet investissement financier qui enchaîne l’utilisateur de logiciels propriétaires à un fournisseur particulier et ne voient aucune raison de changer cela.

9. Les utilisateurs de logiciels libres désirent avoir accès aux développeurs et aux autres membres de la communauté

La communauté Libre peut se targuer d’être une méritocratie où le statut est le résultat d’accomplissements et de contributions. Comme le statut dépend de ce que vous avez fait récemment, il est moins immuable que dans un environnement classique. Même lorsque des dirigeants naturels existent, ils sont plus souvent considérés comme premiers parmi leurs pairs que comme ayant un contrôle direct sur les autres. Cela signifie que les membres de la communauté ne peuvent pas s’isoler derrière le mur de l’autorité. Les membres de la communauté ont généralement un accès direct aux chefs de projets, généralement via mail et IRC. Et personne parmi les chefs de projet ne s’oppose à cet arrangement.

Même dans les entreprises, les traces de cette structure horizontale existent. Au lieu d’y résister, les gestionnaires intelligents vont l’accepter et ne revendiqueront une place à part qu’en raison de leur position.

Conclusion

Combien de temps ces caractéristiques du logiciel libre vont continuer d’exister, cela est incertain. Au cours des dernières années, une nouvelle catégorie d’utilisateurs de systèmes d’exploitation libres sont apparus: ceux qui ne font que de la bureautique. Dans une hâte de devenir plus ergonomique – ce qui signifie généralement semblable à Windows – il est possible que la culture de l’utilisateur de logiciels libres devienne méconnaissable pour les utilisateurs de longue date dans les prochaines années.

Mais, cela semble peu probable. Principalement car la mouvance « strict utilisateur bureautique » ne peut pas saper la culture du Libre au point d’en faire une niche, isolée, traitée comme un cas particulier. À moins qu’ils ne se contentent de rester dans leur routine, sous un an ou deux, les utilisateurs bureautique devront faire face à un problème qu’ils ne pourront résoudre sans devenir soit plus aventureux soit plus en contact avec la véritable culture libre. Le jour où cela se produira, ils auront fait le premier pas pour s’éloigner de leur statut de consommateurs passifs pour devenir les propriétaires de leurs propres machines.

Bruce Byfield est un journaliste informatique qui écrit régulièrement pour Datamation, Linux.com, et Linux Journal.

Notes

[1] Citation issue du reportage d’Arte Nom de code : Linux.

[2] Crédit photo : Shaymus022 (Creative Commons By-Sa)




Guerre contre l’Empire – épisode 37 – formats ouverts – ODF vs OOXML

C’est toujours un peu la même histoire… Une histoire qui risque bien d’être au cœur politique, économique, écologique et social de ce siècle : un monde non marchand qui cherche à se faire une place dans des espaces toujours plus réduits et convoités par un monde marchand. Une histoire où le logiciel libre a son mot à dire en affirmant, confiant mais lucide, que la route est longue mais la voie est libre

L’épisode du jour c’est la question des formats, véritable ligne de front entre le monde libre et le monde propriétaire. Les enjeux sont en effet plus qu’importants : la transparence, l’interopérabilité et la pérennité de nos données numériques (qui à l’avenir seront presque synonymes de nos données tout court !).

Et pour ce qui est des formats numériques en bureautique alors là c’est carrément la guerre ouverte avec une opposition frontale entre l’OpenDocument et l’Open XML (ou OOXML) de Microsoft. Mais il y a Open et Open. Quand le premier offre de solides garanties le second ne semble être avant tout qu’une manœuvre pour conserver une position dominante de fait (dont le piratage massif de la suite Microsoft Office n’est pas étranger soit dit en passant)[1].

D’un côté le libre et ses arguments et de l’autre le propriétaire dont les arguties pseudo-pragmatiques à court terme chechent à retarder l’échéance pour continuer le plus longtemps possible à engranger des bénéfices (et rassurer les actionnaires). Nonobstant les moyens considérables à disposition de Microsoft pour faire pression sur les structures et pouvoirs en place, l’échéance est pourtant bel et bien inévitable comme nous le rappelle l’article ci-dessous.

Traduit par nos petits activistes de FramaLang[2], il nous vient de Red Hat, société (et distribution) bien connue du monde Linux et très active dans la promotion de l’OpenDocument.

Screenshot - Red Hat Magazine web site

ODF : Le format inévitable

ODF: The inevitable format

T. Colin Dodd – 25 juillet 2007 – Red Hat Magazine

En 1999, un scientifique voulut consulter des données sur les échantillons collectés sur le sol de Mars en 1975 par la sonde Viking. Il souhaitait en effet tester une théorie sur la détection de l’existence de bactéries et de microbes Martiens – en d’autres termes, trouver de la vie sur Mars. Le scientifique pensait qu’il trouverait ce qu’il cherchait quelque part sur un site de la NASA, mais ce ne fut pas si simple. Les données originales avaient été égarées, et lorsque l’on retrouva les énormes bandes magnétiques qui conservaient les données, elles étaient "dans un format si ancien que le programmeur qui le connaissait était mort." Par chance quelqu’un trouva une imposante impression papier de ces données et la compréhension de l’univers par l’humanité se développa un peu plus… Le sentiment tragique qui aurait accompagné la perte de cette connaissance est l’écho des récits de la destruction de la Bibliothèque d’Alexandrie, et probablement ce pourquoi les autodafés sont un signe certain d’une société malade.

Bien sûr, toutes les données perdues ou inaccessibles ne contiennent pas des preuves de la vie sur Mars, et toutes les bribes d’informations n’ont pas besoin de survivre à leur créateur. Beaucoup de documents illisibles ne manqueront jamais, mais une politique publique responsable demande que les documents gouvernementaux – contrats, actes notariés ou enregistrements juridiques qui font autorité pour des décades ou même des siècles – doivent être archivés et accessibles. Quel que soit le cas, quand la donnée est stockée et partagée dans un format ancien ou propriétaire disparu, elle deviendra au fil du temps onéreuse d’accès ou disparaitra entièrement à tout jamais.

Lorsque l’on parle de créer, partager ou stocker numériquement des documents, la technologie qui prévient le dépérissement des formats existe déjà et elle est largement (et de plus en plus) utilisée. Elle s’appelle l’Open Document Format (ODF) et si vous ne l’utilisez pas aujourd’hui, vous le ferez sûrement un jour.

ODF, un langage de description de document basé sur le XML, a été initialement développé en 1999 par StarDivision, et ensuite par le projet OpenOffice.org de Sun Microsystem[3]. Conçu comme une alternative libre aux logiciels de gestion de documents propriétaires, qui dominaient alors le marché, la force motrice soutenant l’ODF était le besoin d’un format de document indépendant d’un éditeur et d’une application, lisible et enregistrable par tous, sans s’encombrer de royalties dues aux licences. Sa promotion se basait sur le fait que le monde des affaires et les contribuables pourraient économiser de l’argent. Un format ouvert créerait une compétition dans la sphère des applications de gestion de documents. Tous les documents pourraient être lus et partagés par quiconque. Rien ne pourrait se perdre à cause du temps ou suite à des changements dans un code propriétaire ou à des exigences de licences. Des sujets de grand intérêt public – données de recensement, données météorologiques, statistiques sur la santé publique, rapports d’enquêtes, enregistrements de tribunaux ou recherche fondamentale scientifique, tous payés par les contribuables, ne seraient plus encodés dans un format unique, propriétaire et fermé, demandant aux citoyens de payer double pour accéder à leurs propres informations. L’utilisation de l’ODF, disent ses partisans, permettrait de garder public les documents publics.

L’OASIS (Organization for the Advancement of Structured Information Standards) a été fondée en 2002 pour standardiser le format, qui a été reconnu par l’Organisation internationale de normalisation (ISO) en 2006[4]. L’Open Document Format Alliance s’est formée en mars 2006 pour promouvoir le format, et défendre le dossier public, légal et politique pour l’adoption de standards ouverts technologiques auprès des gouvernements et des institutions publiques.

"Red Hat était un membre fondateur de l’Alliance ODF et Tom Rabon (Vice-Président Corporate Affairs) est au comité exécutif," déclare Stéphanie McGarrah, ancienne Responsable des Politiques Publiques de Red Hat. "Red Hat travaille avec les autres membres du comité exécutif pour coordonner les efforts dans les discussions avec les gouvernements du monde entier à propos de l’ODF."

Bien que l’ODF ait été lancé avec beaucoup de bon sens, l’élan d’une large adoption a été entravé par l’inertie bureaucratique, les politiques locales, des idées fausses persistantes (renforcées par ses opposants) à propos de la viabilité de l’ODF et les "dangers" de son adoption. La plupart de la peur, de l’incertitude et du doute ont émané d’une source, dont les formats propriétaires constituent la plupart des documents dans le monde.

Les opposants à l’ODF ne peuvent admettre son adoption inévitable, et pratiquent un lobby actif à son encontre. Ce n’est pas que quelqu’un soit contre le format ODF en lui-même, ou trouve une quelconque vraie raison pour remettre en cause sa nécessité. La logique qui soutient l’ODF et la transparence de sa création est presque inexpugnable. Ce sont plutôt les standards ouverts sur lesquels l’ODF est bâti qui sont le plus souvent attaqués. Du point de vue de ses détracteurs, les choses sont bien telles qu’elles sont actuellement. Le « standard » est le leur. Ils ont la main mise sur le "marché" du document, et l’envisagent comme un "territoire" qu’ils ont "conquis" de façon juste. Ils ne peuvent envisager un futur sans lui (ça ne fait pas partie de leur plan stratégique), et tant que tout le monde utilise leurs applications et leurs formats, pourquoi changer ? Les opposants à l’ODF consacrent des ressources considérables à faire du lobbying auprès des législatures et des conseils d’administrations dans une tentative de les convaincre que l’adoption du format ODF limite en fait leur choix et fait du tort à l’efficacité apportée par le marché en "excluant" des éditeurs comme eux. Ils disent que la migration est coûteuse, et soutiennent même que l’adoption de l’ODF limitera l’accès public en encombrant l’environnement avec de trop nombreux formats "incompatibles". Et qui peut réellement croire tous ces "machins libres", d’ailleurs ?

Mais les partisans comme l’Alliance ODF ont leurs propres arguments, et la plupart d’entre eux sont issus de la preuve du contraire, du genre "En fait, c’est l’inverse qui est vrai…".

L’Alliance ODF défend l’idée que – au contraire – les standards ouverts encouragent le choix et la compétition entre fournisseurs en égalisant le terrain de jeu. Le standard est ouvert et disponible librement pour quiconque veut le mettre en oeuvre. Il n’y a pas de compétition autour du format, mais uniquement sur les applications qui l’utilisent. Dans cet univers, c’est la meilleure application qui gagne. L’alliance ODF souligne aussi que la mise en place ou la migration vers l’ODF n’est pas plus compliquée ou plus coûteuse que la mise à jour périodique d’une version à l’autre d’une application propriétaire, et en limitant les besoins de mises à jour futures, des réelles économies peuvent être réalisées avec le temps. À propos de l’accessibilité, Open Office (et les autres applications conformes à l’ODF) sont librement téléchargeables et prêtes à utiliser dès maintenant. Il n’y a pas de problèmes de compatibilité, disent-ils, seulement des problèmes de non coopération.

« Je pense que certains gouvernements ne sont pas au courant de l’ODF, ou n’ont pas les équipes techniques en place pour comprendre la valeur de l’ODF, » explique McGarrah. « Ainsi, c’est le travail de l’Alliance de diffuser ce message auprès des personnes au gouvernement qui prennent ces décisions ».

Mais l’argument irréfutable en faveur de l’utilisation de l’ODF pour les documents publics est le fait que c’est une meilleure affaire pour les citoyens et les contribuables sur le long terme. Utiliser des « standards » fermés, du logiciel propriétaire pour des documents publics est comme acheter le proverbial siège de toilettes à 10 000 $, ou interdire au gouvernement fédéral de négocier de meilleurs prix sur les médicaments auprès des sociétés pharmaceutiques au nom de patients de Medicaid et Medicare, ou essayer de nourrir une armée et reconstruire une zone de guerre en accordant des contrats secrets, non compétitifs et sans appels d’offre. C’est anti-compétitif dans le pire sens.

Malgré l’opposition, l’adoption de l’ODF suit une progression lente mais inexorable, et plus les politiciens prennent conscience de ce problème, plus l’ODF viendra défier l’ubiquité actuelle des formats propriétaires. Faisant un pas de plus en avant, le Japon a récemment demandé à ce que ses ministères passent des contrats avec des éditeurs de logiciels dont les applications sont bâties autour de standards ouverts. Le Brésil, la Pologne, la Malaisie, l’Italie, la Corée, la Norvège, la France, les Pays-Bas, le Danemark, la Belgique, le Commonwealth du Massachussetts, et le gouvernement de l’État de Delhi en Inde ont tous pris des engagements de principe sur l’adoption de l’ODF et, peut-être plus important, reconnaissent la nécessité d’utiliser des standards ouverts. L’Alliance ODF continue à équiper et éclairer les décisionnaires avec l’information et les outils dont ils ont besoin pour faire des recommandations et des politiques de changement, mais personne faisant la promotion de l’ODF ne pense qu’une large adoption est imminente. Cela prendra du temps.

« Ces décisionnaires ont beaucoup d’autres problèmes à gérer (par exemple : santé publique, éducation, transports, pauvreté…) et les décisions technologiques ne sont généralement pas en haut de leurs listes », déclare McGarrah. « Des progrès ont été faits dans une adoption plus large de l’ODF. Plusieurs gouvernements ont adopté l’ODF ou travaillent sur la mise en place du standard, mais il reste encore beaucoup à faire. »

ODF - Liberate your documents

Liens connexes :

Notes

[1] La situation des navigateurs web est similaire. D’un côté des navigateurs qui respectent les standards (tel Firefox) et de l’autre Internet Explorer qui ne les respecte pas et qui par là-même donne des cauchemars à tous les webmasters en les obligeant à d’usantes circonvolutions pour que leurs sites soient également compatibles visibles sur ce navigateur.

[2] Merci à VLI pour la traduction et Daria et Mben pour la relecture.

[3] NDT : suite au rachat de StarOffice par Sun.

[4] NDT : ISO/IEC 26300, Open Document Format for Office Applications (OpenDocument) v1.0.




Open source ? Logiciel libre ? Les deux mon capitaine ?

Gianca - CC by-saNous reproduisons ici un article de la FSF de Stallman expliquant pourquoi de son point de vue il est plus que préférable, sémantiquement parlant, d’utiliser l’expression « logiciel libre » plutôt que « Open Source ».

Chez les francophones le débat est atténué parce que « libre » ne peux également signifier « gratuit » mais aussi parce que le monde de l’entreprise semble avoir adopté « logiciel libre » dans sa grande majorité.

Il n’empêche que cette polémique interne, de celles qu’affectionnent tant la communauté, est loin d’être stérile dans la mesure où elle permet à tout un chacun de mieux se positionner par rapport à sa propre définition d’un logiciel libre ainsi qu’au mouvement qui lui est associé[1].

Par exemple c’est toute l’approche pragmatique Windows de Framasoft qui se trouve interpellée par cette citation de Stallman extraite d’un autre billet blog : « Si vous n’avez pas la liberté pour principe, vous trouverez toujours une bonne raison de faire une exception. Il y aura toujours des moments où, pour une raison ou pour une autre, il y a un avantage pratique à faire une exception. »

Bonne lecture…

Pourquoi l’« Open Source » passe à coté du problème que soulève le logiciel libre

Why Open Source misses the point of Free Software

Richard Stallman – dernière mise à jour : 19 juin 2007
(Traduction : Mathieu Stumpf)

Quand on dit qu’un logiciel est « libre », on entend par là qu’il respecte les libertés essentielles de l’utilisateur : la liberté de l’utiliser, de l’étudier et de le modifier, et de redistribuer des copies avec ou sans modification. C’est une question de liberté, pas de prix, pensez donc à « liberté d’expression » (ndt : « free speech » en anglais), et pas à « bière gratuite » (ndt : « free beer » en anglais).

Ces libertés sont d’une importance vitale. Elles sont essentielles, pas juste pour les enjeux individuels des utilisateurs, mais parce qu’elles promeuvent la solidarité sociale, que sont le partage et la coopération. Elles deviennent encore plus importantes à mesure que de plus en plus notre culture et les activités quotidiennes sont numérisés. Dans un monde de sons, d’images et de mots numériques, le logiciel libre devient de plus en plus nécessaire pour la liberté en général.

Des dizaines de millions de personnes à travers le monde utilisent maintenant le logiciel libre ; les écoles des régions de l’Inde et de l’Espagne enseignent maintenant à tous les étudiants à utiliser le système d’exploitation libre GNU/Linux. Mais la plupart des utilisateurs n’ont jamais entendu parler des raisons éthiques pour lesquelles nous avons développé ce système et bâti la communauté du logiciel libre, parce qu’aujourd’hui ce système et la communauté sont plus souvent décrits comme « open source » (ndt : à code source ouvert) et attribués à une philosophie différente dans laquelle ces libertés sont à peine mentionnées.

Le mouvement du logiciel libre a fait campagne pour la liberté des utilisateurs d’ordinateur depuis 1983. En 1984 nous avons lancé le développement du système d’exploitation libre GNU, pour pouvoir ainsi éviter d’utiliser un système qui refuse la liberté à ses utilisateurs. Durant les années 80, nous avons développé la majeure partie des composants essentiels d’un tel système, tout autant que la GNU General Public License, une licence conçue spécifiquement pour protéger la liberté pour tous les utilisateurs d’un programme.

Cependant, tous les utilisateurs et les développeurs de logiciel libre n’étaient pas en accord avec les buts du mouvement du logiciel libre. En 1998, une partie de la communauté du logiciel libre s’est mise à part et a commencé à faire campagne au nom de l’« open source ». Le terme fut originellement proposé pour éviter une possible incompréhension du terme « logiciel libre » (ndt : « free software ») mais il fut bientôt associé avec des points de vue philosophique complètement différents de ceux du mouvement du logiciel libre.

Certains des partisans de l’« open source » considéraient cela comme « une campagne marketing pour le logiciel libre » qui plairait aux cadres des entreprises en citant les avantages pratiques, tout en évitant les idées de bien ou de mal qu’ils pourraient ne pas aimer entendre. D’autres partisans rejetèrent catégoriquement les valeurs morales et sociales du mouvement du logiciel libre. Quel que fut leur point de vue, pendant leur campagne sur l’« open source » ils ne mentionnèrent ou ne préconisèrent pas ces valeurs. Le terme « open source » devint rapidement associé avec la pratique de ne citer que les valeurs pratiques, tel que faire des logiciels puissants et fiables. La plupart des défenseurs de l’« open source » se sont ralliés à celui-ci depuis, et cette pratique est celle dont ils se servent.

Pratiquement tous les logiciels « open source » sont des logiciels libres ; les deux termes décrivent pratiquement la même catégorie de logiciel. Mais ils représentent des vues basées sur des valeurs fondamentalement différentes. L’« open source » est une méthodologie de développement ; le logiciel libre est un mouvement social. Pour le mouvement du logiciel libre, le logiciel libre est un impératif éthique, parce que seul le logiciel libre respecte la liberté de l’utilisateur. En revanche, la philosophie de l’« open source » considère uniquement les questions pratiques en termes de performance. Cela signifie que les logiciels non-libres sont des solutions sous-optimales. Pour le mouvement du logiciel libre cependant, les logiciels non-libres sont un problème social et migrer vers les logiciels libres est une solution.

« Logiciel libre ». « Open source ». Si ce sont les mêmes logiciels, le nom utilisé pour les qualifier est-il important ? Oui, parce que des mots différents véhiculent des idées différentes. Bien qu’un programme libre avec n’importe quel autre nom vous donnerait la même liberté aujourd’hui, l’établissement de la liberté de manière durable dépend par dessus tout de l’enseignement de la valeur de la liberté. Si vous voulez aider à faire cela, il est essentiel de parler de « logiciel libre ».

Nous, dans le mouvement du logiciel libre, nous ne considérons pas le mouvement « open source » comme un ennemi ; l’ennemi est le logiciel propriétaire. Mais nous voulons que les gens sachent que nous représentons la liberté, alors nous n’acceptons pas d’être incorrectement assimilés aux défenseurs de l’« open source ».

Malentendus courants sur le « logiciel libre » et l’« open source »

Ndt : Le paragraphe suivant traite de l’amalgame qui existe dans le terme « logiciel libre » dans la langue anglaise. En effet, en anglais on parle de « free software », le mot « free » pouvant s’interpréter aussi bien par « libre » que par « gratuit ». En français cet amalgame n’existe pas.

Le terme de « free sofware » souffre d’un problème de mauvaise interprétation : une signification fortuite, « un logiciel que vous pouvez avoir gratuitement » correspond au terme aussi bien que la signification voulue, « un logiciel qui donne certaines libertés à l’utilisateur ». Nous traitons ce problème en publiant la définition de logiciel libre, et en disant « Pensez à la liberté d’expression, pas à la bière gratuite » (ndt : « Think of free speech, not free beer. »). Ce n’est pas une solution parfaite, cela ne peut pas complètement éliminer le problème. Un terme correct non ambigu serait meilleur, s’il n’avait pas d’autres problèmes.

Malheureusement, toutes les alternatives en anglais ont leurs propres problèmes. Nous avons étudié de nombreuses alternatives que les gens nous ont proposées, mais aucune n’est aussi clairement « juste » pour que changer soit une bonne idée. Tous les remplacements suggérés pour « free software » ont des problèmes de sémantique, ce qui inclut « open source software ».

La définition officielle d’un « logiciel open source » (qui est publiée par l’Open Source Initiative est trop longue pour être citée ici) était indirectement dérivée de nos critères pour le logiciel libre. Ce n’est pas la même elle est un peu plus laxiste à quelques égards, en conséquence de quoi les défenseurs de l’open source ont accepté quelques licences que nous considérons inadmissibles par les restrictions qu’elles imposent aux utilisateurs. Néammoins, elle est assez près de notre définition dans la pratique.

Cependant, la signification évidente de « logiciel open source » est « Vous pouvez regardez le code source » et la plupart des gens semble penser que c’est ce que cela signifie. C’est un critère beaucoup plus faible que celui du logiciel libre, et beaucoup plus faible que la définition officielle de l’open source. Elle inclut beaucoup de programmes qui ne sont ni libres, ni open source.

Puisque cette signification évidente d’« open source » n’est pas la signification que ceux qui la préconisent entendent, le résultat est que la plupart des gens se méprennent sur le terme. Voilà comme Neal Stephenson définit l’« open source » :

Linux est la signification du logiciel « open source », simplement que quiconque peut obtenir des copies des fichiers de son code source.

Je ne pense pas qu’il a délibérément cherché à rejeter ou contester la définition officielle. Je pense qu’il a simplement appliqué les conventions de l’anglais pour trouver une signification du terme. L’état du Kansas à publié une définition similaire :

Utiliser le logiciel open source. Le logiciel open source est un le logiciel pour lequel le code source est librement et publiquement disponible, bien que les accords de licence spécifiques changent quant à ce qui est permis de faire avec ce code.

Les gens de l’open source essaient de traiter ceci en renvoyant à leur définition officielle, mais cette approche corrective est moins efficace pour eux qu’elle ne l’est pour nous. Le terme « free software » a deux significations naturelles, l’une d’entre elle est la signification escomptée, ainsi une personne qui aura saisi l’idée de « free speech, not free beer » ne pourra plus dès lors se tromper sur son sens. Ainsi il n’y a aucune manière succincte d’expliquer et de justifier la définition officielle d’« open source ». Cela rend encore pire la confusion.

Des valeurs différentes peuvent amener à des conclusions similaires… mais pas toujours

Les groupes radicaux dans les années 60 avaient une réputation pour le sectarisme : quelques organismes se sont scindés en deux en raison des désaccords sur des détails de stratégie et les deux groupes résultants se sont traités l’un l’autre comme des ennemis en dépit du fait qu’ils aient les mêmes buts et des valeurs de base semblables. La droite a fait grand cas de ceci et a utilisé cela pour critiquer la gauche toute entière.

Certains essaient de déprécier le mouvement du logiciel libre en comparant notre désaccord avec l’open source avec les désaccords de ces groupes radicaux. Ces personnes ne font que reculer. Nous sommes en désaccord avec le camp de l’open source sur les buts et les valeurs de base, mais leurs points de vue et les nôtres mènent dans beaucoup de cas au même comportement pratique, comme développer du logiciel libre.

En conséquence, les gens du mouvement du logiciel libre et du camp de l’open source travaillent souvent ensemble sur des projets pratiques tels que le développement de logiciel. Il est remarquable que de telles différences de point de vue philosophiques puissent tellement souvent motiver des personnes différentes à participer aux mêmes projets. Néanmoins, ces vues sont très différentes et il y a des situations où elles mènent à des actions très différentes.

L’idée de l’open source c’est que permettre aux utilisateurs de modifier et redistribuer le logiciel le rendra plus puissant et fiable. Mais ce n’est pas garanti. Les développeurs de logiciel propriétaire ne sont pas nécessairement incompétents. Parfois il produisent un programme qui est puissant et fiable, bien qu’il ne respecte pas les libertés des utilisateurs. Comment les activistes du logiciel libre et les supporters de l’open source vont réagir à cela ?

Un supporter de l’open source, un qui n’est pas du tout influencé par les idéaux du logiciel libre, dira, « Je suis surpris que vous ayez été capable de faire fonctionner ce programme si bien sans utiliser notre modèle de développement, mais vous l’avez fait. Comment puis-je avoir une copie ? ». Ce genre d’attitude incite des arrangements qui emportent avec eux notre liberté, la menant à sa perte.

L’activiste du logiciel libre dira « Votre programme est vraiment attrayant, mais pas au prix de ma liberté. Je dois donc faire sans. Au lieu de cela je soutiendrai un projet pour développer un remplacement libre. Si nous accordons de la valeur à notre liberté, nous pouvons agir pour la maintenir et la défendre.

Le logiciel puissant et fiable peut être mauvais

L’idée que nous voulons que le logiciel soit puissant et fiable vient de la supposition que le logiciel est fait pour servir ses utilisateurs. S’il est puissant et fiable, il les sert mieux.

Mais on ne peut dire d’un logiciel qu’il sert ses utilisateurs seulement s’il respecte leur liberté. Que dire si le logiciel est conçu pour enchaîner ses utilisateurs ? La fiabilité ne signifie alors uniquement que les chaînes sont plus difficiles à retirer.

Sous la pression des compagnies de film et de disque, les logiciels à usage individuel sont de plus en plus conçus spécifiquement pour imposer des restrictions. Ce dispositif malveillant est connu sous le nom de DRM, ou Digital Restrictions Management (ndt : Gestion Numérique des Droits) (voir DefectiveByDesign.org), et c’est l’antithèse dans l’esprit de la liberté que le logiciel libre vise à fournir. Et pas simplement dans l’esprit : puisque le but des DRM est de piétiner votre liberté, les concepteurs de DRM essayent de rendre difficile, impossible ou même illégal pour vous de modifier le logiciel qui met en application les DRM.

Pourtant quelques défenseurs de l’open source ont proposé des logiciels « DRM open source ». Leur idée est qu’en publiant le code source de leur programme conçu pour restreindre votre accès aux medias chiffrés, et en autorisant d’autres à le modifier, ils produiront un logiciel plus puissant et plus fiable pour limiter le droit des utilisateurs comme vous. Il vous sera alors livré dans des dispositifs qui ne vous permettent pas de le changer.

Ce logiciel pourrait être « open source » et utiliser le modèle de développement open source ; mais il ne sera pas un logiciel libre, étant donné qu’il ne respectera pas la liberté des utilisateurs qui l’utiliseront. Si le modèle de développement open source réussi à réaliser un logiciel plus puissant et fiable pour limiter vos droits, cela le rendra encore pire.

La crainte de la liberté

La principale motivation initiale pour le terme « logiciel open source » est que les idées éthiques du « logiciel libre » rend certaines personnes mal à l’aise. C’est vrai : parler de liberté, de problèmes d’éthique, de responsabilités aussi bien que de commodités, c’est demander aux gens de penser à des choses qu’ils préféreraient ignorer, comme leur conduite est-elle éthique ou non. Ceci peut déclencher un malaise et certains peuvent simplement fermer leurs esprits à cela. Il ne s’en suit pas que nous devrions cesser de parler de ces choses.

Cependant, c’est ce que les dirigeants de l’« open source » ont décidé de faire. Ils se sont figuré qu’en passant sous silence l’éthique et la liberté, et en ne parlant que des bénéfices immédiats de certains logiciels libres, ils seraient à même de « vendre » le logiciel plus efficacement à certains utilisateurs, particulièrement aux entreprises.

Cette approche à prouvé son efficacité, dans ses propres termes. La rhétorique de l’open source à convaincu beaucoup d’entreprises et d’individus à utiliser, et même à développer du logiciel libre, ce qui a étendu notre communauté, mais seulement au niveau superficiel et pratique. La philosophie de l’open source avec ses valeurs purement pratiques, empêche la compréhension des idées plus profondes du logiciel libre ; elle apporte beaucoup de monde dans notre communauté, mais ne leur enseigne pas à la défendre. Cela est bon, tant que les choses vont bien, mais ce n’est pas assez pour instaurer une liberté durable. Attirer des utilisateurs vers le logiciel libre ne fait que leur faire prendre une partie du chemin pour devenir des défenseurs de leur propre liberté.

Tôt ou tard, ces utilisateurs seront invités à retourner vers le logiciel propriétaire pour quelques avantages pratiques. D’innombrables compagnies cherchent à offrir une telle tentation, certaines offrent même des copies gratuites. Pourquoi les utilisateurs refuseraient-ils ? C’est seulement s’ils ont appris la valeur de la liberté que le logiciel libre leur donne, la valeur de cette liberté en tant que telle plutôt que la commodité technique et pratique de logiciels libres spécifiques. Pour diffuser cette idée, nous devons parler de logiciel libre. Une certaine quantité de l’approche « passer sous silence » avec les entreprises peut être utile pour la communauté, mais elle est dangereuse si elle devient si commune que l’amour de la liberté en vient à sembler comme une excentricité.

Cette dangereuse situation est exactement ce que nous avons. La plupart des gens impliqué dans le logiciel libre en disent peu sur la liberté, habituellement parce qu’ils cherchent à sembler « plus acceptables pour les entreprises ». Les distributeurs de logiciel montrent particulièrement ce modèle. Pratiquement tous les distributeurs de système d’exploitation GNU/Linux ajoutent des paquetages propriétaires au système de base libre, et ils invitent les utilisateurs à considérer cela comme un avantage, plutôt qu’un pas en arrière vis-à-vis de la liberté.

Les greffons logiciels propriétaires et particulièrement les distributions non-libres GNU/Linux, trouvent un sol fertile parce que notre communauté n’insiste pas sur la liberté de ses logiciels. Ce n’est pas une coïncidence. La plupart des utilisateurs GNU/Linux furent introduits au système par un discours « open source » qui ne leur a pas dit que la liberté était le but. Les aspects pratiques qui n’impliquent pas la liberté et les discours qui ne parlent pas de liberté vont de pair, l’un favorisant l’autre. Pour surmonter cette tendance, nous avons besoin de plus parler de liberté, pas l’inverse.

Conclusion

Alors que ceux qui préconisent l’open source amènent de nouveaux utilisateurs dans notre communauté, nous, activistes du logiciel libre, devons travailler encore plus pour porter l’attention de ces nouveaux utilisateurs sur les problèmes de liberté. Nous devons leur dire « C’est le logiciel libre et il te donne la liberté ! » plus souvent et plus fort que jamais. Chaque fois que vous dites « logiciel libre » plutôt qu’« open source » vous aidez notre campagne.

Apostille

Joe Barr a écrit un article intitulé Live and let license (ndt : Vivre et laisser licencier) qui donne sa perspective sur cette question.

Le paper on the motivation of free software developers (ndt : le papier sur la motivation des développeurs de logiciel libre) de Lakhani et Wolf dit qu’une fraction considérable est motivée par la perspective que le logiciel devrait être libre. Cela malgré le fait qu’ils ont examiné les développeurs de SourceForge, un site qui ne soutient pas le point de vue qui veut qu’il s’agit d’un problème éthique.

Copyright © 2007 Richard Stallman

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Notes

[1] Crédit photo : Gianca (Creative Commons By-Sa)




Dell + GNU/Linux Ubuntu : Un mariage assumé et médiatisé qui m’émeut

Dell.com - Ubuntu - screenshot

On peut toujours faire la fine bouche (en remarquant par exemple que la différence de prix à configuration similaire[1] n’est pas flagrante entre un modèle Ubuntu[2] et un modèle Windows Vista) mais on ne peut nier le plaisir de voir une distribution GNU/Linux s’afficher aujourd’hui en ouverture de dell.com, qui n’est rien d’autre que le premier site mondial de vente en ligne d’ordinateurs.

Dell a assurément marqué des points sur ce coup-là parce qu’ils sont allés au bout de leur démarche de consultation avec pour conséquence la mise en place très rapide d’offres Ubuntu inside tout de suite mises en avant.

Ce faisant c’est Linux et par extension le logiciel libre dans son ensemble qui ont marqué des points notamment chez le grand public qui y verra certainement là un gage de sérieux, de confiance mais aussi une assurance de trouver dès le départ des ordinateurs parfaitement configurés pour accueillir Ubuntu.

Quelque soit le degré de perfectionnement de l’offre c’est assurément un évènement majeur qui permet de mesurer le chemin parcouru…

Notes

[1] En fait on ne peut pas véritablement faire de comparaison parce que les modèles sont similaires sans jamais être identiques. Pas le peine de chercher bien loin le pourquoi du comment.

[2] Autre petit bémol sur le site de Dell actuel, la mention très discrète de Linux par rapport à l’omniprésence d’Ubuntu.