Marta, ti amo !

VideoMarta.com

Vivant en Italie depuis quelques années, impossible de ne pas vous présenter VideoMarta.com quand bien même vous ne maitrisiez pas forcément la langue de Dante.

Animée par la jeune Marta (et deux autres étudiants derrière la caméra), il s’agit d’un vidéo-blog ou v-log qui aborde de manière simple et compréhensible ce qui touche aux nouvelles technologies et à internet. Et force est de constater qu’elle y arrive fort bien avec qui plus une petite touche culture libre qui n’est pas revendiquée mais juste là parce qu’elle apporte quelques chose d’objectif à l’information traitée (ce qui manque souvent parfois chez nous soit dit en passant).

La mise en scène est invariable et minimaliste : Marta, chez elle, avec un montage dynamique qui la voit apparaitre en différents endroits de son appartement sa chambre. Marta n’en rajoute pas. Elle n’est pas maquillée à outrance et ne prends pas la pose pour faire plaisir à la caméra. Elle est naturelle et concentrée sur son sujet. Le tout fonctionne très bien et finit paradoxalement pas lui conférer un certain charme pour ne pas dire un charme certain (faut dire que la musique propre à la langue italienne y est peut-être aussi pour quelque chose).

Succès mérité en tout cas de l’autre côté des Alpes[1], notamment parmi les jeunes internautes (et on ne s’en plaindra pas !).

Les thèmes abordés sont nombreux et variés[2]. Voici quelques exemples aux titres évocateurs : Du daguerréotype à Flickr, La dissection d’un PC, La connaissance sur Internet (Wikipédia inside) ou encore Le monopole Google.

Comme cela a déjà été dit, le Libre est évoqué un peu partout (par exemple lorsque Marta pointe la présence ou non d’une licence Creative Commons lorsque l’on souhaite faire usage d’une photo sur Flickr), mais on trouve quelques vidéos qui en parlent directement, comme celle sur Firefox, ou sur les Distributions Linux.

Pour illustrer mon propos je n’ai pas pu résister à l’envie de vous dupliquer les deux vidéos suivantes (co-écrites avec l’aide du LUG du coin, en l’occurrence celui de Turin).

La VideoMarta sur GNU Linux :

—> La vidéo au format webm

La VideoMarta sur Les alternatives à MS Office :

Et si Marta donnait quelques idées à la blogosphère francophone ?

Notes

[1] Voir aussi le reportage de RAI 3 sur Marta et ses acolytes qui fait office de making-off.

[2] Il y a un accès direct à toutes les vidéos via le groupe YouTube de notre chère Marta.




Largage de liens en vrac #5

Filtran - CC byNouveau largage de liens logiciels, pas mal orienté web mais c’est la tendance du moment. Si vous en connaissez certains n’hésitez pas à nous dire tout le bien (ou tout le mal) que vous pensez d’eux dans les commentaires[1].

Rappel des épisodes précédents : 1, 2, 3 et 4.

  • Go-OO! : Une version d’OpenOffice.org qui viendrait combler certains manquent de l’édition originale (lire cette dépêche DLFP, et ses 400 commentaires, pour de plus amples informations)
  • Elgg : Grosse évolution pour ce logiciel web vous permettant de créer votre petit réseau social.
  • SoundManager 2 : Du JavaScript pour jouer agréablement de l’audio dans vos pages web.
  • AtMail Open : Propose de faire comme Gmail mais en open source. Dommage que la version commerciale s’en approche beaucoup plus.
  • Frog CMS : Un CMS simple et épuré qui pourra convenir aux petits projets web.
  • FreeMat : Catégorie Sciences. Vous connaissez MATLAB ? Alors c’est assez proche mais en version libre.
  • Slam Soccer 2006 : Un jeu de football au look BD qui semble amusant et convivial.
  • Alliance P2P : Ou comment se constituer un petite réseau P2P entre amis basé sur la technologie Bittorrent (et échapper à Big Brother !)
  • XBMC Media Center : Un Media Center pour organiser et jouer tous ses fichiers multimédias (audio, vidéo, photos…). Belle interface.
  • SQL Buddy : Pour les spécialistes, un outil d’administration en ligne de vos bases MySQL.
  • SPAW Editor : Un éditeur WYSIWYG pour pages web qui semble tenir la route.
  • openWYSIWYG : Le même que le précédent mais en mieux ?
  • InDefero : Ni plus ni moins que l’ambition de cloner GoogleCode le service d’hébergement Google de projets open source (en utilisant Git et non Subversion).
  • Epiware : Gestion de documents en ligne avec version "open source" et version "professionnelle".
  • Mixxx : Un logiciel de mixage pour les Masters DJ pour tout OS.
  • Flare : En ActionScript et en sortie Flash, une bibliothèque pour la visualisation web de données. Le plus simple est de voir les demos assez convaincantes ma foi.
  • Protochart : Même fonction que le logiciel précédent mais en JavaScript cette fois. Là encore c’est assez jolie en sortie.
  • Clipperz : Un service en ligne pour centraliser tous ses mots de passe. Le truc intéressant (et sécurisant) c’est que contrairement à l’habitude du web 2.0 on peut télécharger le code pour l’installer sur son propre serveur.
  • Screenie : Permet de réaliser de très jolie copies d’écran avec effet miroir et 3D.
  • Reddit : Vous souhaitez faire votre propre Digg ou Slashdot ? Bonne nouvelle puisque Reddit est passé au libre.
  • Lundi Matin : Un nom plutôt sympa pour une application francophone en ligne de gestion d’entreprise.
  • Laconica : Un logiciel de microblogging (comme Twitter) mais en version libre cette fois. Bien expliqué sur le Site du Zéro et sur DLFP.
  • HTML Purifier : Un filtre pour rendre votre code HTML plus propre (comprendre plus respectueux des standards). Intègre également un éditeur WYSIWYG et se décline en plugins pour des CMS comme Drupal ou WordPress.
  • Google Contacts : Comme nous sommes quelques uns à jongler entre Thunderbird et Gmail pour la messagerie, je signale cette extension permettant de synchroniser les contacts.
  • 5 Ways to Screencast Your Linux Desktop : Comme son nom l’indique, présentation de 5 outils (Istanbul, Wink, Xvidcap, vnc2swf, Recordmydesktop) permettant de faire du screencast sous Linux.
  • OpenStomp : Un peu de hardware avec ce Guitar Stomp (pédale d’effet guitare) qui se veut open source et bientôt en production.
  • Windows now open source : Une dernière petite curiosité pour conclure, les distributions GNU/Linux qui font tout pour ressembler à Windows.

Notes

[1] Crédit photo : Filtran (Creative Commons By-Sa)




Chérie, j’ai partagé le Wi-Fi !

Open-Mesh

Je dois avouer que mes connaissances en wi-fi ne dépassent pas le niveau de la mer mais ce n’est pas une raison pour ne pas en parler surtout quand il s’agit d’une traduction !

La traduction[1] en question est un peu technique mais elle est surtout là pour annoncer qu’il existe des solutions libres (et peu onéreuses au niveau matériel) pour déployer un réseau wifi maillé et partager internet en mutualisant quelques connexions.

J’en veux pour meilleure preuve l’installation récente au Marché Biron, au coeur des puces de Paris Saint-Ouen, d’un déploiement ambitieux « qui n’exploite que des technologies open source pour constituer un réseau maillé wifi afin de couvrir une grande surface pour un faible coût ». Pour en savoir plus je vous invite vivement à parcourir l’article Toonux et Entreprise Transparence déploient un réseau wifi communautaire 100% open source au Marché Biron.

Comme dirait Léo Ferré, c’est extra ! Oui mais il y a un hic (outre la question de la nocivité du wi-fi), ainsi que nous le rappelle Bluetouff sur son blog dans un billet intitulé : La riposte graduée menace le wifi des particuliers comme des professionnels.

« Tout pourrait aller pour le mieux dans le meilleur des mondes s’il n’y avait pas la menace de l’HADOPI qui entend que nous posions des dispositifs de filtrage visant à empêcher tout téléchargement « illicites »… Le problème de la responsabilité en cas d’avertissement se pose donc : qui est responsable ? « La personne qui partage sa bande passante » souhaite répondre l’HADOPI, sur le seul principe qu’elle semble reconnaître « une ip, un coupable ».

Si tel était le cas, ce serait bien là la fin de l’aventure des réseaux mesh communautaires et ouverts pour servir les intérêts de maisons de disques et quelques ayants-droit dont une bonne partie ne paye même pas d’impôts en France. »

Il faut bien que les professionnels (industries du disque, fournisseurs d’accès internet, etc.) gagnent justement leur croûte. Il n’empêche qu’une société qui stigmatise voire interdit le partage dans un nombre croissant de secteurs d’activité n’est clairement pas une société en bonne santé…

Copie d'écran - DailyWireless.org

La révolution Open-Mesh

The Open-Mesh Revolution

Sam Churchill – 11 mars 2008 – DailyWireless.org

Il y a un an de cela le relais Wifi Meraki à 50$ était une petite révolution, une solution parfaite pour combler le fossé numérique. Puis Meraki a vu son prix augmenter et le boîtier bon marché s’est vu amputé de presque toutes ses fonctions (FAQ). La version de base ne permet plus maintenant la facturation, l’authentification des utilisateurs, le contrôle de l’accès ou l’affichage d’une page d’accueil personnalisée. Il vous faudra débourser 100$ par appareil pour retrouver la plupart des fonctionnalités auparavant gratuites. Meraki impose maintenant des publicités au travers de leurs services hébergés.

Voilà qui a vraiment énervé beaucoup de monde.

Beaucoup d’entreprises, comme Net Equality (appartenant maintenant à One Economy), employaient le Meraki pour fournir, gratuitement ou à bas prix, un accès Internet à des foyers aux revenus modestes. Ce changement de direction les a laissés en plan.

C’est là que Michael Burmeister-Brown intervient, il est le co-fondateur de Net Equality et le développeur du logiciel Dashboard qui permettait une gestion rapide, simple et peu coûteuse de douzaines, voire de centaines de relais Merakis.

Aujourd’hui Michael Burmeister-Brown a annoncé un nouveau produit et une nouvelle entreprise créés pour combler le vide laissé par Meraki : Open-Mesh.

Open-Mesh fait tout ce que faisait le Meraki original et même plus :

  • C’est pas cher. Les relais Wifi Open-Mesh coûtent 49$ l’unité ou 39,95$ (quantité : 20);
  • C’est sans publicité. Open-Mesh fait la promesse de ne jamais imposer de publicité sur vos réseaux. Vous décidez du contenu que vous voulez afficher;
  • C’est 100% open-source et déployé sur OpenWRT. Vous pouvez modifier tout ce que vous désirez ;
  • Vous pouvez re-flasher le firmware si vous voulez;
  • Grâce au système de gestion Dashboard vous administrez votre réseau et suivez les alertes et le mappage librement. Vous pouvez configuer l’ESSID, la page d’accueil, les mots de passe et la bande passante allouée à vos réseaux;
  • Les dispositifs s’auto-configurent. C’est simple de créer un réseau de quartier ou d’appartement. Vous n’êtes pas forcé d’utiliser leur système de gestion si vous ne voulez pas.

Contrairement à Meraki et FON leur architecture est 100% open source. Vous pouvez flasher le firmware si vous voulez, mettre une nouvelle page d’accueil ou utiliser leur logiciel libre de gestion (voir ci-dessous)… ou pas.

Open-Mesh

Les petits mini-routeurs (49$) sont livrés pré-flashés avec ROBIN, le firmware open source de maillage. Vous n’avez qu’à le brancher et il est prêt à l’emploi. Pas de configuration requise.

Vous en branchez un sur votre connexion Internet et rajoutez d’autres mini-routeurs là où vous voulez étendre la couverture Wifi (chaque routeur devrait être situé à moins de 30 mètres d’un autre routeur). Ils marchent bien avec Covad parce que Covad supporte le partage du Wifi mais d’autres fournisseurs d’accès sont également compatibles. Open-Mesh n’a aucun lien commercial avec les fournisseurs d’accès Internet.

Le routeur est livré avec une antenne 2dbi et un câble ethernet pour le connecter à votre ligne xDSL ou à votre ordinateur. Le chipset Atheros utilisé est le même que dans le Meraki.

Open-Mesh

ROBIN (ROuting Batman INside) est un projet de maillage de réseau open source déployé par dessus OpenWRT. Il utilise l’algorithme de routage BATMAN (Better Approach to Mobile Ad-hoc Networking) pour les réseaux maillés ad-hoc multi-sauts.

Quel est le modèle économique d’Open-Mesh ?

« Nous n’essayons pas de nous enrichir », répondait Michael Burmeister-Brown lors d’un entretien téléphonique avec DailyWireless. « Nous espérons que d’autres entreprises et d’autres constructeurs utiliseront le logiciel open-source ROBIN dans leur matériel » explique-t-il.

La mission d’Open-Mesh est d’aider le sans-fil communautaire, l’éducation et les pays émergents à utiliser les réseaux sans fils maillés open-source. Simple. Bon marché. Sans publicité. A monter soi-même.

Douce équité. L’heure est peut être venue pour cette idée.

Notes

[1] Merci à Olivier, Daria et Siltaar pour la traduction Framalang 🙂




La différence entre Open Source et Logiciel Libre enfin clairement expliquée

L’Open Source[1] :

Le Logiciel Libre[2] :

Notes

[1] La première vidéo est issue d’un reportage tout récent de SkyNews sur l’anoblissement du manchot Nils Olav ! (exemple parfait pour comprendre ce qui nous sépare de l’humour anglais)

[2] La seconde vidéo est un extrait d’un documentaire de la BBC Worldwide.




Il était une fois un développeur de logiciel libre

« Beaucoup d’utilisateurs étaient vraiment sympathiques, ils me remerciaient et m’encourageaient ! À chaque fois, cela ensoleillait toute ma journée… »

Ainsi s’exprime Laurent Cohen dans ce court mais enthousiaste témoignage d’un développeur de logiciel libre[1].

Et puis, loin de moi l’idée d’idéaliser les choses[2], mais pas une fois il n’est question d’argent. Parce qu’il est clair que, quand bien même de nombreux projets libres aient fortement besoin de soutiens financiers, ce n’est ni une fin en soi ni la principale source de motivation. La vérité est ailleurs, n’en déplaisent à certains…

Got milk? - OLD SKOOL Cora - CC-By-Nc-Sa

Que signifie être un développeur Open Source ? Une histoire vécue de l’intérieur

What does it mean to be an Open Source author? A story from the inside

Laurent Cohen – 23 juin 2008 – JPPF Blog

J’entends parler tous les jours des projets Open Source, du modèle économique de l’Open Source, de ce que cela signifie en terme de liberté, de choix, de risques, d’investissements, etc. Ce dont je n’entends pas souvent parler, c’est à quoi ressemble la vie de ceux qui contribuent réellement et vouent une partie de leur vie à l’Open Source.

Je ne prétends pas comprendre comment cela se passe pour la plupart des contributeurs ou dire qu’il y a des modèles à suivre. Mais je crois sincèrement qu’il y a des histoires qui valent le coup d’être racontées. Voici la mienne, je vous laisse l’apprécier… ou pas 🙂

Tout d’abord, le projet s’appelle JPPF (Java Parallel Processing Framework) et c’est tout ce que j’en dirai. Cet article ne parle pas du projet lui-même, mais de ce qui lui est particulier et des conséquences que cela a sur la vie de gens, y compris la mienne.

La Génèse

Il était une fois un geek, avec une idée et un bout de code. Il se disait, « Hé, ça a l’air chouette, pourquoi est-ce que je ne mettrais pas ça à disposition des autres librement/gratuitement ? » (NdT : toujours la même ambigüité sur le mot « free », je vous laisse choisir !)

C’est une de ces idées farfelues qui vous viennent l’esprit sans raison.

Ainsi, le projet était né, et dûment enregistré sur Sourceforge. Cela semblait déjà fort passionnant à l’époque, et vous savez quoi ? Après trois ans de travail parfois harassant, c’est plus passionnant que jamais.

Le travail en solitaire

Longtemps, il n’y eut qu’un seul gars dessus, travaillant seul, faisant ce qu’il avait envie de faire, un électron libre qui n’avait qu’une vague idée de son objectif et une vision bien à lui de ce qu’était le temps libre.

C’était une époque où les heures étaient longues, les réveils matinaux, les couchers tardifs, les weekends qui passaient sans que je m’en aperçoive, les cigarettes et les cafés nombreux. Mais depuis j’ai élargi mon horizon, et je bois aussi du thé au jasmin.

Enfin voilà, c’était moi. J’adorais coder, j’aime toujours ça et j’aimerai toujours.

De 0 à plus d’1 utilisateur

Puis vint l’époque du codage, de la mise à disposition, du codage, de la mise à disposition. Le projet prenait un peu d’ampleur, et une petite communauté commençait à l’utiliser. Il était beaucoup question de « mais pourquoi ça ne marche pas dans ce cas-là ? », « pourquoi n’y a-t-il pas cette fonctionnalité ? » ou « comment pourrais-je faire ceci et cela ? » etc. Vous voyez le genre…

Et là je me suis dit : « Mon dieu, il va falloir interagir avec d’autres gars ! Comment m’y prendre ? »

Ce fut le début d’une période (brève, heureusement) d’intense introspection existentielle. Quel était le but de ce projet ? Pourquoi l’avais-je mis en Open Source ? Je résolvais le problème en décidant unilatéralement qu’il serait libre, pour tous ceux qui seraient suffisamment intéressés pour s’y pencher dessus. J’ai aussi décidé qu’il serait de ma responsabilité d’aider ces braves gens à utiliser ce projet, et tant qu’à faire, que ce soit une expérience positive pour eux.

Des utilisateurs qui participent

J’ai donc commencé à communiquer avec les autres, et j’ai vraiment été bluffé. Ces gens sont formidables ! Je ne peux pas vous dire à quel point ils ont été importants pour le projet. Voici, brièvement, en quoi :

  • Ils viennent de tous les coins de la planète, c’est cool non ? J’ai eu des questions, des commentaires et des critiques des cinq continents;
  • Chaque question posée correspondait à une fonctionnalité potentielle, et est souvent devenue une fonctionnalité réelle;
  • Chaque bug découvert a participé à l’amélioration du projet;
  • La plupart des demandes d’éclaircissement sont devenues des rubriques de la documentation;
  • Beaucoup d’utilisateurs étaient vraiment sympathiques, ils me remerciaient et m’encourageaient ! À chaque fois, cela ensoleillait toute ma journée.

Très chers utilisateurs, vous êtes l’unique raison pour laquelle ce projet existe encore. Si ce projet a eu une importance quelconque dans votre vie, n’ayez aucun doute qu’il en a eu une énorme dans la mienne. Je vous aime.

D’un gars à une équipe

Un autre des effets merveilleux de l’interaction avec les utilisateurs, c’est que certains sautèrent le pas et passèrent de contributeur à membre actif. Je n’étais plus seul sur scène. Je n’étais plus libre de faire tout ce que je voulais et était responsable, non seulement envers moi-même, mais aussi envers chaque membre de l’équipe. Cela a généré du travail supplémentaire : nous avons du mettre en place quelques procédures, partager des idées sur l’architecture, la conception et l’implémentation, la montée en compétence des nouveaux venus etc.

Presque immédiatement, le flot d’idées a influencé ce qu’il était possible de faire avec le projet, pas seulement dans le futur, mais ici et maintenant. Le projet grossissait, en même temps que la vision que nous en avions. En conséquence, l’équipe s’est agrandie, ce qui a généré son lot de problèmes et de questions…

La question du leadership

La notion d’équipe et de communauté est intimement liée à celle du leadership. Qu’est-ce qu’un meneur ? Voici la définition que j’ai employée : « un meneur, c’est quelqu’un qui est capable de pousser les gens à agir en les faisant adhérer à une idée, de telle façon qu’ils seront touchés, émus et inspirés par cette idée ».

Avec cette définition, je dois honnêtement avouer que j’ai connu de nombreux succès mais aussi beaucoup d’échecs. Il y a deux échecs que je n’ai pas encore surmontés :

  • J’ai échoué à garder une équipe motivée et inspirée. À l’heure actuelle je suis le seul contributeur actif et je n’ai pas entendu parler des autres depuis des mois. Quelle qu’en soit la raison, je dois l’accepter. Chaque membre de l’équipe aura toujours sa place au sein du projet, et je vous remercie les gars pour tout ce que vous avez fait, je vous remercie mille fois;
  • J’ai échoué à trouver un autre meneur pour le projet. Ou est-ce juste que je n’ai pas réussi à me mettre suffisamment de coté ? En tout cas, je trouve ça effrayant de penser que le projet pourrait tout simplement s’arrêter, si je faisais un accident cérébral, par exemple, qui détruirait mon dernier (et unique) neurone restant.

Présenter une vitrine au monde

Ce projet est hebergé et vit sur le net. Cela veut dire qu’il doit y avoir un site web pour le présenter, expliquer ce qu’il fait, le documenter, aider les utilisateurs etc. Et aussi, pour attirer de nouveaux utilisateurs et fidéliser ceux qui le sont, ce site doit être sexy, confortable et facile à parcourir.

Je suis un développeur, et franchement… pas un concepteur de site web ! Oui, je connais le HTML, CSS et un peu de PHP. Oui, j’ai développé mes propres templates pour les pages qui rendent la maintenance du site plus facile. Mais comment cela ce fait-il que les différentes versions du site que j’ai pu faire aient toujours été nulles, moches, ennuyeuses voire plus souvent les trois en à la fois ? Bah… Je n’ai définitivement pas de talent artistique, et j’ai besoin d’une aide professionnelle dans ce domaine.

Je n’ai pas eu à chercher très loin : ma sœur est conceptrice graphique de profession et en quelques heures elle m’a conçu un site à des années lumière de ce que j’aurais pu faire en plusieurs semaines (voire mois, voire années… je n’ai tout simplement pas ce talent). Isa : merci pour ta générosité et pour avoir partagé ton talent !

Promotion, marketing, relations publiques, publication

Ok ! Le projet est vivant, il a un beau site web, beaucoup de documentations et des forums d’aide. Mais à quoi bon, si personne n’est au courant ?

C’est là que le concept de promotion d’un projet entre en jeu. Comment est-ce que cela marche ? Je ne pense pas que cela soit un secret : on doit savoir quel contenu les rédacteurs aiment lire. Cela prend du temps, il faut faire des essais, des erreurs, trouver les bons canaux de communication, et parfois … être courageux et audacieux. Vous ne saurez jamais si la grande nouvelle sur votre projet peut être publiée, tant que vous ne l’aurez pas soumise à ceux dont le métier est de publier ce genre de chose.

Voici quelques-uns des canaux de communications avec lesquels j’ai eu du succès :

  • Les magazines en ligne;
  • Les blogs;
  • Les sites qui traitent de technologie;
  • Les web-séminaires;
  • Les présentations que j’ai effectuées moi même.

Je ne saurais trop insister sur combien ce travail de promotion permet à un projet de décoller et de faire la différence, et ce à tous les niveaux.

Très chers éditeurs en ligne et journalistes, merci pour le travail épatant que vous faites en écrivant sur les gens, la technologie et l’Open Source. Je vous aime également.

Remerciements

Je tiens à remercier :

  • Toi, très cher lecteur, de m’avoir lu jusqu’ici ;
  • Tous ceux qui travaillent ou contribuent aux logiciels Open Source. Garder la flamme vivante !
  • Tous ceux qui utilisent l’Open Source. Sans vous les gars, il n’y aurait rien à utiliser.

Restez à l’écoute…

Notes

[1] Merci à GaeliX et Siltaar pour la traduction Framalang. Choix a été fait de conserver tout du long l’expression Open Source, conformément à l’article d’origine.

[2] Crédit photo : Got milk? par OLD SKOOL Cora sous licence Creative Commons By-Nc-Sa.




code_swarm : et le logiciel libre se construit sous vos yeux ébahis

Les programmes de gestion de versions sont indissociables des (gros) projets de logiciels libres. Ils permettent aux développeurs de coordonner leur travail et de suivre au jour le jour qui a fait quoi dans le projet.

En suivant ces programmes, Michael Ogawa a mis au point un modèle graphique de visualisation chronologique de l’élaboration d’un logiciel libre. Il appelle cela code_swarm (essaim de code), qui utilise dans sa conception le moteur libre Processing.

Le résultat est fascinant, un véritable objet mutant aussi bien esthétique que pédagogique.

Pour le moment figurent dans le catalogue : Eclipse, PostgreSQL, Apache et Python. Comme le suggère l’auteur, j’ai choisi de reproduire[1] ce dernier comme exemple d’illustration parce qu’on voit bien comment au départ et pendant plusieurs années le créateur du fameux langage de programmation Python, Guido van Rossum (alias guido), travaille quasiment seul jusqu’à l’an 2000 où le projet sort de sa niche et explose littéralement.

Pour ce que soit un peu plus clair, nous avons traduit[2] ci-dessous les explications données par Michael Ogawa sur la page présentant le projet.

code_swarm

Michael Ogawa – juin 2008

« J’étudie les projets de développement logiciel depuis un petit moment maintenant. Pas la programmation, mais les gens, la façon dont ils interagissent à travers leurs collaborations et leurs communications. Mes investigations ont toujours été visuelles : J’ai bâti des applications qui créent des images de ce qui se passe au cours de l’élaboration des projets logiciels. Mais ils ont toujours eu une structure rigide. La visualisation d’information organique, inventée par Ben Fry, est une approche différente de la visualisation de l’information. Elle évite les confinements traditionnels d’information dans l’espace, et laisse les éléments jouer librement ensemble d’une manière aléatoire.

Cette visualisation, appelée code_swarm, montre l’historique des commits d’un projet de développement logiciel. Un commit intervient lorsqu’un développeur effectue des changements dans le code ou les documents et les transfère au dépôt central du projet. Les développeurs et les fichiers sont ici représentés par des éléments mobiles. Lorsqu’un développeur commite un fichier, celui-ci s’illumine et vole en direction du développeur concerné. Si des fichiers ou des développeurs ne sont pluss actifs, ils s’estompent peu à peu. Un histogramme, au bas de la visualisation, vient rappeler ce qui s’est passé précédemment. »

Notes

[1] Les vidéos sont présentées au format flash .flv sur Vimeo.com, on peut les télécharger au format .mov en s’inscrivant sur le site.

[2] Merci à Simon Descarpentries pour la traduction.




Et pendant ce temps là à Jalapa…

Séquence évasion avec ces quelques photos d’une récente installation de la toute dernière version de GNU/Linux Ubuntu, la 8.04 du Hardy Heron, dans un village du Nicaragua.

Une (courte) traduction signée GaeliX pour Framalang.

Ubuntu - Nicaragua

Parier sur l’avenir

Bet on the future

Blog comuNIdad – 19 juin 2008

Jalapa est une commune du département de Nueva Segovia, Nicaragua, située près de la frontière avec le Honduras.

Ubuntu - Nicaragua

Jalapa est une région très pauvre et a été une de celles qui ont le plus souffert de la guerre civile dans les années 80.

Aujourd’hui, le gouvernement local fait un pari sur l’avenir en migrant toutes ses stations de travail et ses serveurs vers des logiciels libres et en particulier vers Ubuntu Linux.

Ubuntu - Nicaragua

C’est une occasion unique de réduire la fracture numérique et d’amener le progrès dans les zones rurales. Un grand merci à l’équipe locale Ubuntu d’avoir travaillé dur pendant plusieurs mois pour faire de cette initiative une réalité.

Ubuntu - Nicaragua




Le code issu de Venus est-il meilleur que celui de Mars ?

LoosePunctuation - CC byLe code informatique écrit par des femmes serait-il plus « utile » que celui des hommes ?

C’est en tout cas ce qui ressort de ce récent article d’un blog du Wall Street Journal.

Il serait en effet mieux documenté et par là-même plus facilement exploitable par d’autres développeurs[1].

L’occasion d’évoquer aussi peut-être dans les commentaires la problématique de l’écart des sexes dans le secteur informatique en général et dans la communauté du logiciel libre en particulier…

Les hommes écrivent du code provenant de Mars, et les femmes du code plus utile venant de Vénus.

Men Write Code from Mars, Women Write More Helpful Code from Venus

Rebecca Buckman – 6 juin 2008 – The Wall Street Journal
(Traduction Framalang : GaeliX et Burbumpa)

Nous savons tous que les hommes détestent demander leur chemin. Apparemment, ils détestent tout autant indiquer les directions dans le code informatique.

Emma McGrattan, première vice-présidente en ingénierie de la société Ingres spécialisée en bases de données, l’une des femmes développeuses les plus cotées de la Silicon Valley, insiste sur le fait qu’hommes et femmes ne codent pas de la même façon. Les femmes sont plus sensibles et plus attentives à ceux qui pourraient utiliser leur code ultérieurement. Elles parsèment leur code, vous savez, ces lignes d’instructions qui donneront naissance à d’astucieuses applications et programmes, de commentaires et consignes, expliquant avec précision pourquoi elles ont écrit leur code de cette façon là.

Le code devient alors une sorte de « feuille de route » pour ceux qui voudraient le modifier ou l’étendre par la suite, ajoute McGrattan, irlandaise de souche ayant rejoint Ingres en 1992.

Les hommes, d’un autre côté, n’ont pas les mêmes motivations. Souvent, « ils essayent de montrer combien ils sont intelligent en produisant du code cabalistique » dit-elle sur le blog Business Technology. « Ils essayent de dissimuler des choses dans le code », et ne laissent pas de consignes claires pour les futurs utilisateurs. McGrattan se targue de pouvoir, dans 70% à 80% des cas, déterminer à partir d’un morceau de code s’il a été écrit par un homme ou par une femme.

Par souci de rendre le code d’Ingres plus facile à utiliser et dépourvu de genre sexuel, McGrattan a aidé à la mise en œuvre de nouveaux standards de programmation au sein de la société. Elle demande aux développeurs d’inclure un certain nombre de commentaires précis avant chaque portion de code, expliquant ce que chacun fait et pourquoi; les développeurs doivent aussi fournir un historique détaillé de chaque changement effectué. Ces règles s’appliquent aussi bien aux employés d’Ingres qu’aux membres de la communauté Open Source qui participent au code des produits Ingres.

Il y a grand besoin de modifier le code à haute teneur en testostérone chez Ingres car seulement 20% des ingénieurs sont des femmes, précise McGrattan, la plupart d’entre elles ayant des postes liés à l’assurance qualité ou à l’adaptation à un nouveau pays et non à la programmation de haut vol.

Elle s’est donnée comme mission d’intéresser plus de femmes aux carrières dans le développement. Mais « cela s’avère très difficile » conclut-elle.

Notes

[1] Crédit photo : LoosePunctuation (Creative Commons By)