Mozilla 1.0 : 7 ans déjà !

Nicubunu - CC by-saNée libre sous les cendres de Netscape le 5 juin 2002, la version 1.0 de l’application Mozilla souffle donc en ce moment sa septième bougie (cf le billet de Tristan Nitot).

Sept ans de bons et loyaux services qui ont fait de ce projet ce qu’il est devenu aujourd’hui, à savoir un pilier du Web et du Libre, ayant remis de l’innovation (et un peu de « morale ») dans le monde si particulier des navigateurs. Âge de raison mais intacte passion.

L’occasion d’un petit retour en arrière sous la plume de Glyn Moody, où l’on constatera que pari était loin d’être gagné d’avance, quand bien même on avait une vision claire, pour ne pas dire prémonitoire, de l’avenir[1].

Joyeux Anniversaire à Mozilla, et merci d’être là !

Happy Birthday, Mozilla – and Thanks for Being Here

Glyn Moody – 5 juin 2009 – ComputerWorld.uk
(Traduction Framalang : Tyah, Goofy et Don Rico)

Il y a sept ans était lancé Mozilla 1.0 :

Mozilla.org, l’organisation qui coordonne le développement Open Source de Mozilla tout en offrant ses services d’assistance à la communauté Mozilla, a annoncé aujourd’hui le lancement de Mozilla 1.0, la première version majeure du logiciel Mozilla. Navigateur complet basé sur les derniers standards Internet doublé d’une trousse à outils multiplateforme, Mozilla 1.0 cible la communauté des développeurs et permet la création d’applications basées sur Internet. Mozilla 1.0 a été développé dans un environnement Open Source et a été produit en exploitant la puissance créatrice de milliers de programmeurs et de dizaines de milliers de testeurs sur Internet, qui lui intègrent leurs meilleures améliorations.

(…) « Mozilla.org a l’immense plaisir de présenter le code de Mozilla 1.0 et les outils de développement à la communauté Open Source, en permettant aux développeurs d’utiliser ces sources pour créer librement et présenter le résultat de cette création sur le Web », a déclaré Mitchell Baker, Lizard Wrangler en chef (general manager) chez Mozilla.org. « Comme le navigateur est devenu l’interface majeure entre les utilisateurs et le Web ces dernières années, le but du projet Mozilla est d’innover et de permettre la création de technologies respectueuses des standards pour que les contenus présents sur le Web restent libres. Étant donné que de plus en plus de programmeurs et de sociétés adoptent Mozilla comme technologie stratégique, Mozilla 1.0 prépare l’avènement d’une plus grande diffusion ainsi que l’adoption de l’Open Source et des logiciels basés sur certains standards du Web. »

On relève plusieurs points remarquables dans ce texte. Premièrement, le projet Mozilla était à l’origine un programme de type suite intégrée, qui outre le navigateur comportait un client de messagerie et un client de chat. Ce qui n’était pas sans évoquer l’ancienne suite Netscape Navigator, sur lequel il reposait.

Il est aussi intéressant de noter que Mitchell Baker était déjà à la tête de Mozilla, elle l’est toujours. C’est dire le rôle central qu’elle a pu jouer dans le succès de Mozilla mais aussi de l’Open Source. Car comme le second paragraphe le prévoit avec clairvoyance, le navigateur est devenu « l’interface principale entre l’utilisateur et le Web ». Et en effet, c’est de nos jours l’interface majeure de l’informatique, de par l’augmentation des services en ligne qui fonctionnent entièrement dans le navigateur. Voilà qui rend le succès de Mozilla d’autant plus remarquable.

Il est aussi louable de se souvenir que le succès de Mozilla était loin d’être assuré. Dans les premiers jours, le projet enchaînait les retards. Jamie Zawinski, celui qui enregistra le domaine mozilla.org, a décrit ce temps à la perfection dans un essai cinglant mais brillant intitulé nomo zilla :

Le premier avril 1999 sera mon dernier jour comme employé de la division Netscape Communication d’America Online, et mon dernier jour de travail pour mozilla.org.

Depuis pas mal de temps, Netscape reste pour moi une grande déception. Au lancement de cette entreprise, nous avions pour mission de changer le monde. Et nous l’avons fait. Sans nous, le changement serait sans doute arrivé de toute façon, peut-être six mois ou un an plus tard, et qui sait si les choses ne se seraient pas passées de façon tout à fait différente. Mais c’est à nous qu’on le doit. Les adresses Internet (les www…) sur les sacs de courses, les panneaux de publicité, l’arrière des camions, au générique des films juste avant le logo du studio… c’est à nous que vous le devez. Nous avons mis l’Internet entre les mains du grand public. Nous avons démarré le moteur d’un nouveau canal de communication. Nous avons changé le monde.

Ça, c’était en 1994 et 1995. Ce que nous avons fait de 1996 à 1999 s’inscrivait dans cette continuité, surfait sur la vague que nous venions de créer.

Il dépeint ensuite le contexte de la genèse de Mozilla :

En juin 1998, Netscape connut l’une de ses périodes les plus noires – sa première série de licenciements. Ce fut comme un signal d’alarme. Netscape, l’enfant chéri de l’industrie informatique, l’entreprise à la plus forte croissance au monde, n’était pas invincible.

Plus concrètement, c’est à cette époque que nous avons compris que nous avions définitivement perdu la "guerre des navigateurs". Microsoft avait réussi à détruire ce marché. Il n’était plus possible pour personne de gagner de l’argent en vendant un navigateur. Notre premier produit, notre produit phare, fonçait droit dans le mur.

Puis l’inattendu se produisit : l’équipe dirigeante décida de libérer le code source. Je ne rabâcherai pas l’historique de la création du projet mozilla.org, mais vous comprendrez aisément que, cela s’étant produit seulement deux semaines après les licenciements, ce fut pour moi une vive lueur d’espoir. On venait de redonner un coup de fouet au projet : nos dirigeants opéraient un changement de stratégie que je ne les croyais pas capable de réitérer. Un acte de désespoir ? Peut-être, mais tout de même diablement intéressant et inattendu. C’était tellement fou que le miracle était possible. Sans me faire prier, j’ai enregistré le nom de domaine le soir-même, conçu la structure de l’organisation, écrit la première version du site Web et, avec mes co-conspirateurs, expliqué aux employés et aux cadres de Netscape, en passant d’un bureau à l’autre, comment fonctionnait le logiciel libre, et ce qu’il fallait faire pour que cela marche.

(…) Je voyais mozilla.org comme une chance de jeter un canot de sauvetage à la mer, de donner au code, sur lequel nous avions tous travaillé d’arrache-pied, une chance de vivre au-delà de la mort de Netscape, une chance d’avoir encore un rôle à jouer.

Pourtant, même cet espoir se révéla illusoire :

Pour une raison quelconque, le projet ne reçut pas l’écho attendu. Il demeura un projet Netscape. Certes, cela restait un changement positif. Cela signifiait que Netscape avait développé ce projet sans se cacher, à la vue de tous, et on lui renvoyait de partout des retours aussi nombreux que constructifs. Grâce à eux, Netscape prenait de meilleures décisions.

Mais cela ne fut pas suffisant.

En fait, les contributeurs du projet Mozilla ayant inclus une centaine de développeurs Netscape à plein temps, et environ une trentaine d’intervenant extérieurs à temps partiel, le projet restait l’entière propriété de Netscape, car seuls ceux qui écrivent le code contrôlent véritablement le projet.

Telle était la situation au bout d’un an. Et nous n’avions toujours pas lancé de version bêta.

Sa conclusion donne une précieuse leçon que beaucoup n’ont toujours pas retenue :

Ma plus grande peur, qui explique en partie pourquoi je me suis accroché autant que j’ai pu, c’est que les gens vont considérer les échecs de mozilla.org comme emblématiques de l’Open Source en général. Je peux vous assurer que, quels que soient les problèmes que rencontre le projet Mozilla, ce n’est pas parce que l’Open Source ne fonctionne pas. L’Open Source fonctionne, mais n’est certainement pas une panacée. S’il y a une morale à cette histoire c’est que l’on ne peut prendre un projet moribond, le toucher avec la baguette magique de l’Open Source, et attendre que la magie opère. Le logiciel, c’est quelque chose de complexe. Il n’est pas si facile que cela de résoudre les problèmes.

On pense encore naïvement que saupoudrer les projets morts ou à l’agonie avec la poudre magique de l’Open Source les fera revenir à la vie. Trop souvent, libérer le code est le dernier refuge des désespérés. Et pourtant, en dépit de ce fait décourageant, l’incontestable succès que connut finalement Mozilla montre aujourd’hui, sept ans plus tard, que la méthode de développement Open Source peut fonctionner, prendre le dessus sur des acteurs historiques propriétaires et l’emporter. Plus important peut-être, cela démontre que même s’ils semblent bien mal engagés à leurs débuts, les projets de logiciels libres peuvent survivre et amener assez de gens déterminés à faire tout leur possible pour qu’ils aboutissent.

Suivez-moi sur Twitter : @glynmoody ou identi.ca.

Notes

[1] Crédit photo : Nicubunu (Creative Commons By-Sa)




Dans la famille des objets libres je demande le porte-monnaie

Braithwaite Wallets - The VagabondQuestion (longue, donc prendre une grande inspiration) : Préférez-vous acheter votre porte-monnaie pour quelques euros chez le discount du coin, sachant qu’il est presque certain qu’il aura été produit à-la-chaîne-en-chine et que ce faisant on aura contribué à détruire le tissu artisanal local, ou bien préférez-vous l’acheter dix fois plus cher chez Braithwaite Wallets, sachant alors que vous serez l’heureux possesseur d’un porte-monnaie « libre » ?

Vous me direz que Braithwaite Wallets, c’est toujours pas la porte à côté (en l’occurrence c’est au Canada) et que le problème reste le même pour notre artisan local.

Certes oui, sauf que si jamais il lui prend l’envie de copier, adapter et commercialiser lui aussi le même modèle de porte-monnaie, c’est tout à fait possible puisque chez Braithwaite Wallets le design des porte-monnaies est sous licence Creative Commons By.

Exemple, avec le PDF du modèle The Vagabond du designer Connor Ferster présenté sur la photo ci-dessus : intérieur et extérieur.

Cela ne résout pas votre problème principal : « je n’ai rien à mettre actuellement dans mon porte-monnaie », mais cela méritait cependant d’être signalé. Et puis ça nous change un peu des news de la presse traditionnelle qui se concentre avant tout sur la contrefaçon et ses milliers de tonnes de fausses montres Cartier et de pseudos sacs Louis Vuitton arrêtés, puis détruits, à la frontière.

Pour en savoir plus…




Libre.fm deviendra-t-il le Last.fm (ou le Deezer) de la musique libre ?

Aloshbennett - CC byDeezer, Last.fm… sont des services en ligne autour de la musique très appréciés des internautes. Ils sont souvent rangés dans la catégorie « web 2.0 » dans la mesure où la richesse des sites provient avant tout du contenu généré par les utilisateurs.

Leur modèle économique est en construction mais généralement il s’agit d’offrir au départ la complète gratuité pour faire venir un maximum de monde et se rémunérer avec la publicité, sachant de plus qu’ils doivent composer avec les ayant-droits de la musique qu’ils proposent en streaming[1].

Le problème c’est qu’en situation de crise économique, la publicité rapporte moins et les ayant-droits sont plus exigeants. Du coup on a vu tout récemment Last.fm changer de politique pour annoncer que désormais il en couterait 3 € par mois aux utilisateurs hors de la zone USA, Angleterre, Allemagne (où l’audience et les négociations avec les ayant-droits garantissent, mais pour combien de temps encore, la gratuité). Il est d’ailleurs amusant de voir les français crier à l’injustice, trop habitués que nous sommes à bénéficier de tous ces services « gratuits » sur Internet. Détruire ce mythe de la gratuité permettrait assurément de faire avancer la cause du Libre…

Justement à propos de Libre. N’y a-t-il pas moyen de procéder autrement ?

On pourrait par exemple libérer le code, permettant ainsi de travailler collectivement en confiance à l’amélioration de la plate-forme tout en offrant à chacun la possibilité d’installer son « Last.fm libre » sur son propre serveur. On pourrait ne s’occuper que des artistes sous licence libre et mettant l’accent sur le format ouvert Ogg Vorbis. La question de la gratuité et des ayant-droits se poserait complètement différemment (en fait elle ne se poserait même pas). Il faudrait alors bien entendu faire le deuil de tous les artistes qui ne sont pas sous licence libre (ce qui en fait tout de même un bon paquet) mais après l’épisode Hadopi je ne serais pas étonné de voir de plus en plus de monde se rabattre presque exclusivement sur du Jamendo ou du Dogmazic.

On pourrait, on pourrait… Quittons le conditionnel parce que, cela tombe bien, c’est justement le modèle choisi par le projet Libre.fm. Encore en phase de test, il sortira très bientôt mais à lire la présentation ci-dessous il semble plus que prometteur.

Un topo rapide sur Libre.fm

A quick interview about Libre.fm

Mattl – 2 avril 2009 – Libre.fm Ideas Wiki
(Traduction Framalang : Don Rico)

Je suis en train d’écrire un article sur Libre.fm, en espérant qu’il permettra de promouvoir le projet et de diffuser la nouvelle. Je me demandais si tu pouvais me décrire rapidement les raisons qui t’ont poussé à te lancer dans ce projet et/ou quel est le but de la manœuvre ? Pas besoin d’écrire un roman, quelques lignes à insérer dans mon texte, ce serait déjà excellent. Je sais que tu dois être pas mal débordé, alors pas de souci si tu n’as pas le temps, mais je préférais demander au cas où. 🙂

Pas de problème.

L’idée de créer Libre.fm m’est venue alors que je fermais mes comptes pour des services tels que Facebook, MySpace, LinkedIn, etc. Il m’est apparu que je pouvais mettre en place une solution de remplacement libre à Last.fm – un service que beaucoup de monde utilise.

Last.fm, en fait, c’est la combinaison de deux éléments. Audioscrobbler, qui récupère vos données depuis des programmes tels que Rhythmbox ou Amarok, et Last.fm, qui propose des radio en streaming et de la musique au téléchargement.

Pour l’heure, Libre.fm espère fournir une solution de remplacement pour ceux qui souhaitent archiver leurs habitudes d’écoute, en implémentant l’API Audioscrobbler (qui semble être complètement ouverte) et des clients modifiés pour différentes plateformes.

Le but à plus long terme est en lien direct avec mes autres centres d’intérêt, tels que la Free Culture, la promotion et l’enregistrement de musique d’artistes issus de la Free Culture. Sur Libre.fm, ce seront ces artistes qu’on pourra télécharger, mais des membres de la communauté s’emploieront à convaincre d’autres groupes de distribuer des morceaux sous une licence libre, telle que la licence Creative Commons By-Sa, de sorte qu’on puisse les proposer sur le site. La promo gratuite ne peut faire de mal à aucun groupe – nous ajouterons peut-être une boutique de musique en ligne où nous vendrons des téléchargements de musique libre. Les morceaux seront au format Ogg Vorbis.

Le Ogg Vorbis, ce n’est peut-être pas ce à quoi les gens s’attendront, vu que les services similaires penchent en général pour des formats du genre MP3, mais à mes yeux il s’agit d’un moyen formidable de promouvoir l’utilisation du Ogg Vorbis. Plus tard, nous intégrerons peut-être aussi des clips vidéo au format Theora.

En plus de tout ça, beaucoup de monde semble avoir envie de développer des trucs sympas autour de Libre.fm – ça va des gars qui font dans le Web sémantique au W3C à ceux qui voudraient que soient pris en charge Laconi.ca et XMPP.

Bien sûr, le succès du projet dépendra de la motivation de chacun. J’espère en tout cas que des tas de gens vont bidouiller pour le faire avancer – je réfléchis toujours pour savoir si on doit utiliser Subversion ou un quelque chose comme Git pour le code. Pour l’heure, je pencherais plutôt pour Git, en partie parce que j’ai envie d’apprendre à m’en servir, et aussi parce que ça me paraît plus adapté pour la construction de ce genre d’outil. Mais qui sait… si ça se trouve je vais me dégonfler et revenir à SVN.

Ce projet a reçu un accueil dingue… moins d’une demi heure après que j’ai annoncé mon désir de le poursuivre, j’ai reçu des dons pour l’achat du nom de domaine, j’ai monté vite fait un site Internet, et je suis parti au cinoche. À mon retour, ma boîte mail débordait de messages de gens qui me faisaient part d’idées et me témoignaient leur soutien.

J’encourage tout le monde à nous rejoindre et à nous filer un coup de main – je veux tout essayer pour que ça fonctionne. Bradley, Mike et Evan d’autonomo.us m’ont déjà fait des suggestions et donné des pistes pour des wikis et des bug trackers. J’ai établi une feuille de route sur le wiki, que les participants peuvent aller voir, fouiller et modifier.

Comme d’habitude, les retours sont les bienvenus. Qu’on me les envoie par tous les canaux possibles : IRC, sur le canal #libre.fm sur Freenode, via identi.ca/mattl, sur le wiki ou par courriel.

Notes

[1] Crédit photo : Aloshbennett (Creative Commons By)




Le logiciel libre, la dictature de l’entreprise et la démocratie des pays

Joshua Davis - CC by-saNous avons déjà évoqué la place à part et le rôle majeur joués par les leaders de projets de logiciels libres dans un billet dédié. Mais de là à caractériser « l’Open Source » comme une « dictature » issue de la culture de l’entreprise par opposition aux « médias sociaux » qui seraient eux plutôt du côté de la « démocratie » chère aux nations dignes de ce nom, il y a un pas que Chris Anderson ose franchir sur son blog dans une courte réflexion que nous vous proposons traduite ci-dessous.

Il convient bien entendu de s’entendre sur les termes employés (d’où l’existence de nombreux guillemets dans le paragraphe précédent), ainsi Wikipédia serait ici bien plus un média social qu’un projet Open Source. Il convient également de ne pas oublier le principe de méritocratie qui n’est ni une dictature ni une démocratie. Il n’empêche qu’il n’est pas loin de détruire un mythe qui a la vie dure au sein de la communauté lorsqu’il affirme que « de nombreuses personnes pensent à tort que les projets Open Source sont émergents, auto-organisés et démocratiques » alors que « la vérité est tout à fait l’inverse »[1].

L’Open source est une entreprise, les médias sociaux un pays

Chris Anderson – 12 mars 2009 – The Long Tail (Wired)
(Traduction Framalang : Simon)

Open source is a company; social media is a country

Au petit déjeuner Sourceforge ce matin, nous avons abordé quelques questions portant sur les différences entre l’organisation de l’Open source et celle des médias sociaux. Voici ma réponse :

L’un des paradoxes observés dans la gestion du début du 20e siècle c’est que les compagnies sont mieux gérées sous un régime dictatorial, alors que les pays le sont eux, avec une démocratie. Pourquoi donc ? Charles Barnard, théoricien de la gestion, suggéra dans sa théorie des entreprises que les organisations se créaient pour poursuivre un objectif commun et partagé. Alors que les pays eux, existaient seulement pour servir leur peuple.

Un objectif commun nécessite une vision unique, un commandement et une hiérarchie verticale descendante. De l’autre côté, le service du peuple tire plus de profits d’une hiérarchie ascendante, de la reconnaissance des besoins de chacun, et des décisions prises collectivement (vote).

De nombreuses personnes pensent à tort que les projets Open Source sont émergents, auto-organisés et démocratiques. La vérité est tout à fait l’inverse : la plupart sont gérés par un dictateur bienveillant, ou deux. Ce qui fait le succès d’un projet Open Source, c’est sa direction, tout simplement. Une ou deux personnes articulent une vision, commencent à construire dans sa direction, et embarquent les autres au passage, leur donnant des tâches et des droits précis. Les meilleurs projets sont ceux qui ont les meilleurs meneurs.

Les média sociaux, d’un autre côté, ne se créent pas pour atteindre un objectif commun. Ils existent pour servir les individualités. Nous ne gazouillons pas (NdT : to tweet), pour fabriquer Twitter, nous gazouillons pour nous-mêmes. Nous bloguons parce que nous le pouvons, pas parce nous nous sommes inscrits dans un projet de blogs.

Vus sous cet angle, les projets Open Source sont comme des compagnies et les média sociaux ressemblent à des pays. Les dictatures bienveillantes dirigent les premiers ; des démocraties les seconds.

Notes

[1] Crédit photo : Joshua Davis (Creative Commons By-Sa)




La tête dans les nuages mais les pieds sur terre

Nicholas T - CC byGMail, Google Apps, Zoho, Flickr, Del.icio.us, Box.net, Wuala, DropBox, Plaxo… Ça vous parle ? Vous savez, ces applications en ligne (ou Web Apps) pratiques et séduisantes qui poussent comme des champignons aux quatre coins de la Toile, souvent accompagnées de la mention beta pour faire hi-tech. On a même trouvé un terme pour englober tout ce petit monde, le très à la mode Cloud Computing, soit l’informatique dans les nuages ou dématérialisée[1].

Que celui qui n’a pas un compte chez l’un de ces services en ligne me jette la première pierre. Reconnaissons qu’il est fort commode, notamment pour qui travaille sur plusieurs postes ou de façon nomade, de pouvoir accéder à ses courriels, à ses documents et à certaines données depuis n’importe quel PC (voire téléphone mobile) à condition de disposer d’une connexion Internet.

Mais n’est-on pas en droit de s’inquiéter de savoir que tant de nos données se baladent on ne sait trop où dans l’espace virtuel ? Plaxo, par exemple, avait été critiqué à ses débuts car assez porté sur le spam et l’exploitation peu scrupuleuse des carnets d’adresses qu’on lui confiait (même si ce service a depuis redressé la barre). Quid des documents créés avec Google Docs, des fichiers conservés chez Box.net, des mails échangés avec GMail ? De plus en plus de grands groupes ou de start-ups se lancent sur ce marché apparemment juteux et se battent pour posséder nos données.

Il y a quelque temps déjà, plusieurs voix s’élevaient contre contre ces services en ligne : Larry Ellison, le fondateur d’Oracle, qualifiait le Cloud Computing de mode, et Richard Stallman, dans un entretien accordé au quotidien anglais The Guardian, allait plus loin en taxant ces services en ligne de pièges. Stallman mettait en garde les utilisateurs contre ces Web Apps et le stockage de données personnelles sur les serveurs d’entreprises commerciales : selon lui, confier ses données à de tels services revient à en perdre le contrôle et pose donc les mêmes problèmes que l’utilisation des logiciels propriétaires.

Stallman, qui n’a pas l’habitude de faire dans la nuance, recommandait donc de n’utiliser aucun de ses services et de leur préférer nos bonnes vieilles applis en dur sur lesquelles nous gardons tout contrôle. (Nul doute qu’il pensait par là à la Framakey…)

Tim O’Reilly, dans son blog, s’est lui aussi penché sur la question et a publié un billet assez fourni, dans lequel il estime qu’il faudrait appliquer au Cloud Computing les principes de l’Open Source et rappelle qu’il avait déjà mis en garde contre le verrouillage du Web, pourtant basé sur des programmes et outils Open Source, par des applications Web 2.0.

Cette question de la confidentialité, du contrôle des données et de l’indépendance de l’utilisateur face au logiciel concerne tous ceux qui ont un usage intensif du Web et de l’outil informatique, mais semble cruciale pour les adeptes du logiciel libre, très sensibles à ces questions. Comme dans le software classique, certains acteurs du Cloud Computing proposent des solutions libres. C’est le cas de Clipperz, qui a développé un gestionnaire de mots de passe et d’informations personnelles sous licence GPL.

Sur le blog de Clipperz , un des auteurs appelle les utilisateurs et les développeurs à agir pour préserver la liberté et la confidentialité dans les nuages, et propose quelques mesures pour que les applications Web 2.0 soient en accord avec les valeurs du libre, du point de vue des licences et du comportements des navigateurs Internet par exemple. On y retrouve par billet interposé Richard Stallman, avec qui l’auteur s’est entretenu et qui y va lui aussi de ses conseils.

Histoire de redescendre un peu sur terre après tant de temps passé dans les nuages, nous vous présentons donc la traduction de ce billet, réalisée par notre équipe Framalang.

Liberté et protection de la vie privée en ligne : agissez !

Freedom and Privacy in the Cloud – a call for action

Marco – 30 mai 2008 – Clipperz
(Traduction Framalang : Olivier, Burbumpa et Don Rico)

Ce message traite de la liberté. La liberté de posséder vos données et la liberté d’utiliser des logiciels libres. Vous devriez aussi pouvoir exiger ces libertés et en jouir quand vous utilisez des applications web.

Si vous soutenez le mouvement du logiciel libre, vous pouvez facilement opter pour Gimp au lieu de Photoshop, pour Firefox au lieu d’Internet Explorer. Vous pouvez également protéger le caractère privé de vos données en utilisant les outils de cryptage disponibles (GPG, TrueCrypt…). Mais dès qu’il s’agit d’applications web, tout se complique.

Les avantages des applications web – ou web apps – (accessibles partout et tout le temps, mises à jour transparentes, stockage fiable, …) sont nombreux, mais bien souvent les utilisateurs perdent la liberté d’étudier, de modifier et de discuter du code source qui fait tourner ces web apps.

De plus, nous sommes contraints de confier nos données aux fournisseurs de ces web apps (marque-pages, documents rédigés, copies des discussions, informations financières et désormais… dossiers médicaux) qui ne résident alors plus sur nos disques durs mais qui sont rangés quelque part dans les nuages. Ce n’est pas vraiment une situation confortable de devoir choisir entre aspect pratique et liberté.

Que l’on soit clair : les web apps sont formidables et je les adore. Mais je pense que le moment est venu de réclamer plus de liberté et de confidentialité. Voilà comment nous pouvons obtenir ces deux résultats en trois étapes.

1. Choisissez l’AGPL

Quelle est l’importance de l’AGPL ? Si vous êtes un fournisseur de services et que vos services s’appuient sur des logiciels placés sous licence AGPL, vous devez rendre le code source disponible à toute personne utilisant ce service. La FSF suggère dans ses directives de placer un lien Source qui renvoie à une archive contenant le code source directement dans l’interface de l’application web.

(Ne me demandez pas pourquoi la communauté des logiciels libres a mis tant de temps à réagir !)

Mesures
  • Aider Clipperz à mettre au point une suite AGPL : un ensemble d’applications web répondant aux besoins les plus courants.
  • Cette suite devrait comprendre : un traitement de texte, un logiciel de discussion, un gestionnaire de mots de passe, un carnet d’adresses, un pense-bête, un calendrier, un gestionnaire de marque-pages … Et chaque web app devra être soumise à la licence AGPL ! Vous pourrez alors oublier Google, del.icio.us, Plaxo, Meebo … à moins qu’ils ne se mettent à l’AGPL aussi.
  • Nous avons déjà deux candidats pour certains postes (Ajax Chat pour les discussions en ligne et, bien sûr, Clipperz pour le gestionnaire de mots de passe), mais la plupart des places sont encore à pourvoir !
  • Aider Clipperz à diffuser les bienfaits de l’AGPL auprès des développeurs de projets web open-source. Demandez-leur de se convertir à l’AGPL.

2. Ajoutez-y une pointe de divulgation nulle de données

Les développeurs Web, comme les utilisateurs, connaissent encore assez peu les possibilités offertes par le chiffrage via un navigateur pour rendre les applications web aussi sécurisées et confidentielles que les logiciels classiques.

Chez Clipperz, nous voulons apporter une nouvelle vision que nous appelons les web apps à divulgation nulle de données (description plus détaillée ici) qui associe l’idée d’un hébergement auquel même l’hébergeur n’a pas accès et un ensemble de règles basées sur le credo confidentialité absolue.

Ce nom est aussi bien un hommage au chiffrage (une garantie de divulgation nulle de données est un protocole de chiffrage standard) que la promesse d’une relation particulière entre l’utilisateur et le fournisseur d’application. Le serveur hébergeant la web app peut ne rien savoir sur ses utilisateurs, pas même leurs identifiants ! Clipperz applique cette vision pour mettre en œuvre son gestionnaire de mots de passe en ligne.

Mesures
  • Appliquer les techniques divulgation nulle de données à chaque composant de la suite AGPL. Convertir une application web à l’architecture divulgation nulle n’est pas simple, mais chez Clipperz nous avons développé un savoir-faire important et nous serons heureux de partager aussi bien ces connaissances que le code de base.

Nous pourrons ainsi finalement jouir d’un traitement de texte en ligne qui ne pourra pas lire nos documents, un logiciel de discussion qui n’enregistrera pas nos conversations, un wiki sur lequel on pourra conserver sans crainte des données importantes, etc.

  • Établir et maintenir à jour une liste des Fournisseurs de Service d’Application (NdT : ASP pour Application Service Provider en anglais) qui hébergent la suite complète sous AGPL. Cette référence sera utile à tous ceux qui attachent de l’importance aux logiciels libres et à la confidentialité mais ne possèdent pas les compétences et les ressources pour faire tourner des web apps sur leur propre serveur.

3. Créer un navigateur plus intelligent

On y est presque, mais il nous reste encore à fournir aux utilisateurs de web apps un environnement encore plus flexible et sécurisé. Dans la pratique, du fait de l’architecture des web apps à divulgation nulle de données, le serveur réalise de façon générale les tâches suivantes :

  • charger le code Javascript dans le navigateur de l’utilisateur (charger le programme) ;
  • authentifier l’utilisateur (optionnel et par un protocole à divulgation nulle de données)
  • rapatrier et stocker les données chiffrées demandées par le navigateur de l’utilisateur.

Logiciel libre est synonyme de contrôle total de ce qui se passe sur mon ordinateur. Se posent alors deux questions :

  • Comment faire tourner une version modifiée du code Javascript à la place de celui chargé par le serveur ?
  • Comment être alerté des modifications apportées au code Javascript que le serveur envoie à mon navigateur ?

J’ai récemment eu l’immense honneur d’échanger mes idées avec Richard Stallman lui-même au sujet de ces problèmes, et il a suggéré une solution futée pour les résoudre tous les deux.

Stallman propose d’ajouter une fonctionnalité au navigateur qui permette à l’utilisateur de dire : « Quand tu charges l’URL X, utilise le code Javascript de l’URL Y comme s’il venait de l’URL X ». Si l’utilisateur fait appel à cette fonctionnalité, il peut utiliser sa propre copie du code Javascript et peut toujours échanger des données avec le serveur hébergeant l’application web.

Un navigateur possédant cette capacité pourrait aussi facilement vérifier si le script Java de l’URL X est différent du script Java sauvegardé à l’URL Y. Si l’utilisateur fait confiance à la version courante du code Javascript de l’URL X, il peut en faire une copie à l’URL Y et sera ainsi alerté de tout changement. Cette solution protège l’utilisateur du code malveillant qu’il pourrait exécuter sans le savoir dans son navigateur, du code qui pourrait voler ses données et détruire l’architecture à divulgation nulle d’information.

Mesures :
  • Écrire des extensions pour les principaux navigateurs libres (Mozilla, Webkit, …) qui mettent en œuvre l’idée de Stallman.

Militer pour l’adjonction de la "suite AGPL" et des navigateurs améliorés pré-cités dans les distributions GNU/Linux.

  • Continuez à lire ce blog où je posterai de nouveaux articles régulièrement.
  • Faites-moi part de vos commentaires et suggestions.
  • Faites passez le message au travers de vos blogs, de vos messages sur les forums, …
  • Faites un don.

Et le meilleur pour la fin : comment nommeriez-vous cet ambitieux projet ? Faites-moi part de vos idées dans les commentaires !

Notes

[1] Crédit photo : Nicholas T (Creative Commons By)




Linux est-il menacé par les anciens de chez Windows ?

Zach Klein - CC byC’est indéniable, le système d’exploitation GNU/Linux est en forte croissance et attire chaque jour de nouveaux utilisateurs. Parmi ces derniers, on compte une large part d’anciens utilisateurs Windows qui pour x raisons, à commencer par « la déception Vista », ne souhaitent plus continuer avec Microsoft.

Nous ne pouvons que nous en réjouir et vive la démocratisation Linux ! Sauf que cette nouvelle vague de migration n’est pas sans poser questions voire problèmes à la communauté Linux existante. En effet elle s’accompagne souvent d’un désir plus ou moins inavoué de voir Linux s’uniformiser et s’approcher le plus possible de Windows[1], quitte à le singer et prendre alors le risque de perdre sa propre identité.

Quand les utilisateurs de Windows veulent changer Linux… Comment réagir ?

How Windows Users are Changing Linux and What We Should Do About It

Linux Canuck’s Weblog – 3 décembre 2008
(Traduction Framalang : Goofy et Olivier)

Pas de doute, de nombreux utilisateurs ont décidé de quitter Windows pour s’en aller vers le Mac mais également vers Linux. Pour une part c’est parce qu’ils ne sont pas satisfaits de Vista. Mais ce n’est pas la raison qui importe ici, c’est ce qui en découle pour la communauté Linux.

Je suis actif sur plusieurs forums d’aide et je vois passer beaucoup de demandes. Un grand nombre d’entre elles viennent d’utilisateurs de Windows complètement perdus. Leur nombre et leur façon d’appréhender Linux ont une certaine influence. Personne n’a de statistiques précises, mais nous savons que la migration vers Linux va s’accroissant. Comme la plupart des nouveaux utilisateurs viennent de l’univers Windows, ils apportent avec eux leurs habitudes et leur expérience de Windows. Le passage n’est pas aussi aisé que la migration d’une version de Windows à l’autre, comme, disons, de passer de XP à Vista. Passer de XP à Linux est un choc pour beaucoup d’entre eux.

Heureusement, la communauté Linux est accueillante et a l’esprit large. Beaucoup d’entre nous étions dans la même situation qu’eux. Pas tous, cependant. Ce qui peut créer quelques problèmes : par exemple quand un gourou d’Unix demande à un débutant venu de Windows d’ouvrir un terminal et d’éditer GConf en ligne de commande avec Nano. Il est certain qu’un échange entre ces deux-là est fort intéressant. Mais pour une raison étrange c’est souvent la frustration qui prédomine pour chacun d’eux au final. Il faut s’attendre à de telles choses quand deux univers différents entrent en collision frontale…

Or nous découvrons que les utilisateurs de Windows ont sur la communauté Linux une influence que nous n’avions par prévue. Les utilisateurs de Windows n’ont pas l’habitude de choisir. À leurs yeux l’éventail des choix proposés sous Linux est déstabilisant.

Parlons d’abord du nombre de distributions. Par quel bout commencer pour faire son choix ? Chacun a son opinion, mais on ne sait pas qui croire. Si bien que les utilisateurs se fient à la réputation et à la popularité. Ils se peut qu’ils choisissent Fedora parce qu’ils savent que c’est un produit de Red Hat et qu’ils ont entendu dire que Red Hat est un poids lourd de Linux (pour les serveurs, mais ils ne font pas la différence). Ils n’ont pas conscience que Fedora n’est pas une distribution pour débutants et aucun argument ne les en fera démordre. Pire encore, ceux qui ont une ancienne version de Red Hat, qui veulent l’utiliser sur un vieil ordinateur de bureau et qui espèrent la voir fonctionner comme on leur a décrit Linux, de façon moderne et ergonomique. Et puis il y a Ubuntu. Ils l’utilisent parce que c’est la distribution que la plupart des gens utilisent. Il n’est donc pas surprenant que nos forums débordent de confusion et souvent même de frustration.

Voici donc où selon moi se trouve le problème. Cette frustration et cette confusion incitent les utilisateurs de Windows à déclarer que Linux devrait ressembler davantage à Windows. Ils veulent supprimer les choix et ils veulent que les choses soient standardisées. Pire encore, un petit nombre d’entre eux veulent changer Linux pour qu’il s’approche le plus possible de Windows. Nous devons donc être prêts à faire face à de telles déclarations et à préserver ce qui fait la spécificité de Linux.

Le problème survient souvent ingénument. Certains vont se trouver devant un problème d’installation de paquetage qui va leur faire dire quelque chose comme « c’est bien plus facile d’installer sous Windows ». Ce n’est pas le cas et nous devons leur expliquer pourquoi c’est faux et ce assez gentiment pour qu’ils ne soient pas rebutés. Ou encore ils peuvent demander quel est le meilleur programme antivirus à installer, ou bien comment défragmenter un disque, des choses classiques dans un environnement Windows mais qui n’ont pas d’équivalent sous Linux.

Vous pouvez entendre proclamer qu’il ne devrait pas y avoir autant de choix. Que ça submerge les débutants et que ce serait mieux s’il n’y avait qu’une seule distribution. J’ai lu hier encore un billet d’humeur à ce sujet. En fait, c’est assez fréquent. Ils disent quelque chose comme ça : « Linux a un problème et, s’il veut réussir, il faut qu’il concurrence Windows, par conséquent, Linux doit changer ». L’auteur de l’article poursuit en disant à quel point Linux ne peut se comparer favorablement avec Windows. La gestion des fichiers de configuration est « chaotique » et le besoin d’une base de registre centralisée se fait sentir. Il existe trop de gestionnaires de paquetages et donc les développeurs commerciaux ne peuvent pas tous les supporter, voilà ce qu’ils disent. Et puis le noyau change tout le temps à cause de sa gestion séparée…

Les critiques viennent de deux groupes, celui des débutants de base et celui des utilisateurs bien informés qui ont des besoins particuliers. Je suis certain que vous avez déjà entendu de telles récriminations, ainsi que l’idée que Linux est trop diversifié pour réussir un jour à s’imposer.

Le problème est que personne n’a jamais franchi le pas qu’ils voudraient voir franchir. Linux n’a nul besoin d’entrer en compétition avec quoi que ce soit. Il suit sa propre voie et se développe avec l’assentiment de tous. Par conséquent les seuls changements qui lui sont nécessaires relèvent de son évolution naturelle.

Linux est déjà un succès. Il n’a pas besoin de devenir ce qu’il n’est pas. Si, comme certains le souhaitent, Linux devait essayer de rivaliser avec Windows, il y perdrait son identité. Il deviendrait le modèle dominant et ne serait plus ce qu’il est, une alternative au modèle dominant.

Alors comment devons-nous répliquer face à de telles réclamations ? D’abord il nous faut être vigilants pour mieux les détecter. Ensuite, nous devons les identifier pour ce qu’elles sont, des tentatives de détournement de Linux. Nous devons tenir bon et être fiers de ce que nous avons, sans rêver à ce que cela pourrait devenir si par hasard nous leur emboitions le pas. Linux est ce qu’il est et Windows est ce qu’il est. Les utilisateurs ont le choix. Un point c’est tout.

D’un point de vue pratique, nous devons répondre de façon circonstanciée. Il faut éduquer les débutants, leur montrer comment se servir de Linux. Ils ont besoin de savoir pourquoi nous faisons les choses à notre manière et il faut leur rappeler que la force de Linux vient de sa diversité.

Ceux contre qui il est plus difficile de rétorquer, ce sont ceux qui publient des commentaires et qui bloguent, ceux qui connaissent Linux et ses particularités. Ils présentent ces dernières comme des erreurs et exposent leurs arguments. Dans ce cas de figure nous devons comprendre et nous former avant de leur répliquer. Nous devons leur exposer des arguments de poids pour expliquer que nous ne pouvons les suivre sur ce terrain. Pour cela nous devons savoir d’où ils viennent, vers quoi ils nous engagent et peut-être même quel est le motif secret qui les anime. Chacun a son petit secret.

Pour espérer défendre les couleurs de notre champion Linux, il nous faut être préparés à rester fermes sur nos positions. Nous devons tout d’abord accepter Linux tel qu’il est. Si nous-mêmes sommes d’accord avec ces détracteurs, nous devons apprendre pourquoi les choses sont ce qu’elles sont. Linux a une histoire. Il existe de bonnes raisons qui ont fait qu’il nous arrive ainsi aujourd’hui.

À chaque fois que les gens essaient de modifier radicalement le cours des choses, c’est un échec. Le changement révolutionnaire déclenche des forces incontrôlables. Au contraire, les évolutions construisent et améliorent les fondements. C’est plus lent mais c’est plus sûr. Linux change, mais change à sa manière. C’est sain et naturel.

Linux est Open Source, donc les gens sont libres d’en faire ce qu’ils veulent. Chacun, Microsoft compris, peut créer sa propre distribution qui fait précisément ce qu’on lui demande. Le problème c’est que cela ne produit pas le résultat escompté. Cela ne fait qu’accroître le nombre de distributions. En fait, c’est une révolution que certains veulent faire. Ils voudraient que Linux cesse d’être ce qu’il est pour que leur vision devienne une réalité. Ils ont besoin que les autres projets s’interrompent tout autant que de faire réussir les leurs. Voilà pourquoi de telles discussions sont intrinsèquement dangereuses, et pourquoi nous devons hausser le ton.

La plupart des utilisateurs de Linux sont bien informés et experts. Beaucoup sont également silencieux. Puisque Linux n’a pas de porte-parole, il ne peut compter que sur nous, ses utilisateurs et développeurs qui partageons la même idée. Nous devons proclamer ce que Linux représente et ne pas rester silencieux lorsqu’il est nécessaire de nous exprimer.

Parfois certains feraient mieux de s’abstenir de répondre. Les commentaires du genre « tu as tort », « tu es un crétin » ne sont pas constructifs. Ils montrent qu’on est passionné, mais pas grand-chose d’autre. Ceux qui émettent des critiques méritent qu’on leur explique pourquoi les choses sont telles qu’elles sont. Nous devons dire pourquoi nous ne partageons pas leur désir de changer ce qui est déjà bon.

Personnellement je me fiche de savoir où en est Microsoft. Je n’utilise pas Windows et ne l’utiliserai pas. Que Microsoft triomphe ou s’effondre n’est pas une question qui m’intéresse. Linux n’a nul besoin que Windows s’effondre pour réussir. Il n’y a pas de compétition dans mon esprit. Dès que les gens commencent à parler comme si elle existait, je me méfie de leurs motivations et de leurs intentions. Les gens qui écrivent que Windows 7 va tuer Linux ne comprennent manifestement ni Linux ni ses utilisateurs.

Nous n’allons pas partir à l’abordage dès que Microsoft lance quelque chose. Nous utilisons Linux parce qu’il correspond à nos besoins et traduit notre désir de liberté, de contrôle et de maitrise de notre ordinateur, ce que Microsoft ne poura jamais offrir. Chez Microsoft comme chez Apple, les objectifs sont diamétralement opposés. Ils conçoivent l’ordinateur comme quelque chose qu’ils devraient contrôler et par extension, ils aimeraient bien vous contrôler vous et vos habitudes. Les gens qui ont ça en tête ne choisissent pas Linux et ne le feront jamais. Voilà précisément le problème selon moi.

Microsoft déteste ce que représente Linux. Cela n’a rien à voir avec les problèmes pratiques tels que les expriment les gens qui veulent changer Linux pour qu’il ressemble à Windows. Cela a tout à voir avec la façon radicalement différente dont nous voyons les choses et le fait que pour la première fois ils entrent en compétition avec une idéologie qu’ils ne peuvent pas acheter comme une entreprise, si bien que leur solution est de changer l’idéologie, en lançant à ses trousses des gens qui soulèvent des problèmes pratiques. Tout cela fait partie d’une campagne d’intox à laquelle il se peut que certains s’activent délibérément, tandis que d’autres en sont les instruments inconscients, depuis longtemps avalés par la Machine.

Au bout du compte, il n’importe guère de savoir s’ils sont délibérément actifs ou passivement impliqués. Le fait est qu’ils sont en campagne. J’ai lu des rapports ces dernières semaines mentionnant que Microsoft offre des portables gratuits à des blogueurs et verse de l’argent à des entreprises pour que tous recommandent Windows. De là à envisager qu’ils paient des personnes et des entreprises de la même façon pour d’autres buts, il n’y a qu’un pas. Non seulement il est nécessaire pour Microsoft de s’attaquer à l’idéologie, mais la firme veut aussi réduire le fossé entre les deux systèmes d’exploitation de telle sorte que peu de choses les différencient. Ils veulent nous affadir pour nous détruire plus facilement.

Nous avons beaucoup à faire pour éviter ce résultat. Nous avons besoin de maintenir Linux sur sa lancée, pour que nous puissions être une alternative. Si nous ne sommes plus une alternative, nous n’avons plus rien à offrir, sinon un prix, et le prix à payer est une chose avec laquelle Microsoft sait très bien s’arranger.

Je conseille de parler haut et fort en faveur de Linux et de promouvoir l’unité de la communauté Linux. C’est normal d’avoir des rivalités amicales entre distributions, mais nous devons être sur nos gardes vis-à-vis d’attaques bien plus insidieuses venant de l’extérieur, et protéger ce que nous avons en commun. Si Linux doit changer, que cela demeure de l’intérieur.

Notes

[1] Crédit Photo : Zach Klein (Creative Commons By)




Au secours, mon livre est sous licence Microsoft !

Gwilmore - CC byDans son livre Rapture for the Geeks: When AI Outsmarts IQ, que l’on pourrait traduire par Au bonheur des geeks : Quand l’IA l’emporte sur le QI, Richard Dooling s’est amusé à imaginer son ouvrage sous un contrat de licence type de logiciels Microsoft en suivant presque mot à mot les termes de son contenu.

Le résultat est à la limite du surréalisme, jusqu’à se demander si ces licences Microsoft ne sont pas intrinsèquement surréalistes, quand bien même uniquement appliquées aux logiciels ! L’occasion du reste pour certains lecteurs[1] de ce blog sous Windows d’enfin lire « le contrat qu’on ne lit jamais » qu’ils ont passé à l’achat avec Microsoft.

Et si le CLUF de Microsoft s’appliquait aux livres

If Microsoft’s EULA Applied To Books

Richard Dooling – 7 octobre 2008
(Traduction Framalang : Don Rico et Yonnel)

RAPTURE FOR THE GEEKS : (VENTE AU DÉTAIL)

CONTRAT DE LICENCE POUR L’UTILISATEUR FINAL (CLUF)

Date de publication : 7 octobre 2008

1. CONCESSION DE LICENCE. Richard Dooling vous concède les droits suivants, sous réserve que vous respectiez les termes du présent CLUF :

2. INSTALLATION ET UTILISATION. Vous êtes autorisé à installer, utiliser, accéder à, afficher ou exécuter UN (1) EXEMPLAIRE DE CE LIVRE sur UNE SEULE PERSONNE, telle qu’un adulte, un homme, une femme, un adolescent ou tout autre être humain. Ce livre NE PEUT être lu par plus d’une personne.

3. ACTIVATION OBLIGATOIRE. Les droits de licence qui vous sont concédés au titre du présent CLUF sont limités aux trente (30) premières minutes à compter de votre installation initiale du LIVRE, à savoir son ouverture, à moins que vous ne fournissiez les informations requises pour activer votre exemplaire sous licence, de la manière décrite dans cette page. Il est possible que vous deviez également réactiver le livre si vous vous modifiez ou changez de personnalité. Par exemple, si vous vieillissez et gagnez en maturité, développez une maladie mentale, changez de régime alimentaire, ou recevez des membres ou des articulations artificiels, un pacemaker, des implants, ou bénéficiez d’une greffe d’organe, vous devrez alors réactiver votre licence avant d’être autorisé à pouvoir de nouveau consulter le livre.

4. UTILISATION FRAUDULEUSE. Ce livre contient des technologies conçues pour empêcher toute utilisation frauduleuse ou illégale du livre. Un puce intégrée permet à l’éditeur de scanner vos rétines de temps à autre afin de s’assurer que c’est bien VOUS et VOUS SEULEMENT qui lisez ce livre, et non quelque pirate voleur de livres. Au cours de ce processus, Richard Dooling ne collectera sur vous aucune information permettant de vous identifier personnellement, mais seulement des échantillons de sang, de tissus organiques et de moelle épinière (de force si nécessaire) afin de déterminer votre séquence d’ADN. Si vous ne disposez pas d’un exemplaire sous licence valable du livre, vous n’êtes pas autorisé à lire le livre ni ses mises à jour ultérieures.

5. TRANSFERT DU LIVRE. Vous êtes autorisé à effectuer un transfert permanent du livre à un autre utilisateur final, mais après ledit transfert vous devrez procéder à la suppression de tout souvenir du livre présent dans le cerveau du lecteur précédent. Si le livre était mémorable au point que les souvenirs ne peuvent être totalement retirés du lecteur précédent, exécutez ce dernier avec le moins de cruauté possible (liste des méthodes à employer fournie en Appendice A) et adressez sous pli la preuve de l’exécution et l’acte de décès (avec cachet du notaire) à Richard Dooling, à l’adresse indiquée ci-dessous.

6. RÉSILIATION. Sans préjudice de tous autres droits, Richard Dooling pourra résilier le présent CLUF si vous n’en respectez pas les termes. Dans ce cas, vous devrez détruire tous les exemplaires de ce livre et tous ses composants, détruire toute note que vous auriez prise concernant ce livre, et oublier tout passage du livre que vous seriez tenté de vous remémorer. Si vous trouvez ce livre absolument inoubliable, décapitez-vous et envoyez votre tête par colis postal à Richard Dooling, afin d’obtenir un remboursement de 50$. Veillez bien à joindre l’original de votre facture (pas de photocopie !), le code-barre préalablement découpé sur la couverture du livre, et le formulaire de remboursement fourni dans votre exemplaire, que vous prendrez soin de remplir avant de détacher et poster votre tête.

7. PROTÉGEZ-VOUS ! Ne lisez que des livres authentiques achetés chez un revendeur autorisé. Ne téléchargez pas de livres piratés ! Chaque fois que vous lisez un livre contrefait, vous encourez de graves dangers. Dans une enquête récente, un institut mandaté par Richard Dooling a montré que 25% des sites Web proposant des exemplaires piratés de livres tentaient également d’installer des espiogiciels et des troyens susceptibles d’endommager votre système d’exploitation et de vous empêcher de consulter des sites porno sur votre ordinateur dans de bonnes conditions.

Assurez-vous que votre exemplaire de Rapture for the Geeks est AUTHENTIQUE ! Vous bénéficierez alors d’un accès facile aux mises à jour, suites, deuxième et troisième éditions du livre, téléchargements, support technique et offres spéciales. Validez SANS TARDER votre exemplaire de Rapture for the Geeks grâce au Richard Dooling’s Genuine Advantage !

À présent, si vous êtes sûr d’être en possession d’un exemplaire AUTHENTIQUE de Rapture for the Geeks, il est sans doute sans danger de poursuivre.

Extrait de Rapture for the Geeks: When AI Outsmarts IQ, par Richard Dooling.

Notes

[1] Crédit photo : Gwilmore (Creative Commons By)




Lettre de soutien d’Eben Moglen aux Creative Commons

Ramkrsna - CC by-saComme l’APRIL, Wikipédia et bientôt aussi… Framasoft, Creative Commons (alias CC) lance une vaste campagne de soutien. A cette occasion ils ont fait appel à « quelques grande plumes » pour appuyer leur propos.

Eben Moglen, que le Framablog apprécie tout particulièrement, s’est exécuté sans se faire prier tant il pense que le mot « partage » est un mot fondamental de ce début de siècle.

Il n’oublie pas au passage d’évoquer la controverse qu’il peut y avoir entre les Creative Commons et le logiciel libre (le fameux et récurrent débat sur les clauses non commerciales NC et non dérivables ND qui ne sont pas libres au sens des logiciels libres) mais il est de ceux qui pensent qu’il convient de rassembler toutes les forces quand de l’autre côté on tente justement de limiter, contrôler, voire même détruire le partage.

Correspondance Commune #1 : Eben Moglen

Commoner Letter #1: Eben Moglen

Eben Moglen – 20 octobre 2008 – CreativeCommons.org
(Traduction Framalang : Olivier)

L’année dernière nous avons débuté une nouvelle tradition de notre campagne de soutien : la série Correspondance Commune. Je l’ai déjà dit, mais je persiste et signe : cette campagne cherche à développer le soutien et à rassembler notre communauté autour de deux points fondamentaux : l’importance du soutien aux Creative Commons et l’ouverture que permettent nos outils. Au cours des trois mois à venir, cinq membres éminents de la communauté CC vous feront partager leurs raisons de soutenir les CC. Si vous êtes concernés par les CC et les questions d’ouverture et d’accès cette liste est faite pour vous.

Nous aurons cette année le plaisir d’accueillir dans nos lignes Eben Moglen, du Software Freedom Law Center, Renata Avila, Chef du Creative Commons Guatemala Project, Jonathan Coulton, chanteur et auteur-compositeur de chansons qui licencie tout son travail sous CC, Richard Bookman, Maître de conférence de pharmacologie moléculaire et cellulaire à l’université de médecine Miller School de Miami et Jimmy Wales, fondateur de Wikipedia et membre du conseil d’administration de CC.

Nous sommes enchantés que la première lettre de la série soit signée par Eben Moglen[1], Professeur de droit et d’histoire du droit à l’université de Columbia et fondateur, directeur du conseil et président du Software Freedom Law Center.

Logiciel libre et Creative Commons, par Eben Moglen

Après avoir dédié tant d’années de ma vie à la défense du mouvement des logiciels libres j’ai une certaine affinité avec le travail réalisé par Creative Commons et c’est donc un grand honneur d’écrire au nom des CC.

Au 21ème siècle, les logiciels pour ordinateurs sont devenus des outils aussi nécessaires qu’un stylo, de l’encre et du papier, aussi nécessaires que de la craie, de la glaise et des tubes de peinture. Les logiciels sont également aussi indispensables à la distribution des œuvres créatives que les fils de cuivre, l’éclairage et la publicité. Le but du mouvement des logiciels libres est de rendre disponibles des logiciels pour tous les usages, logiciels que chacun serait libre de copier, modifier et redistribuer. En poursuivant ce but les hackers qui créent les logiciels libres ont également rendu possible la culture libre. Technologie et art sont ainsi liés depuis le commencement.

Les bases légales du mouvement des logiciels libres et l’invention fondamentale de Richard Stallman qu’est le copyleft sont à la base de la conception "Partage des Conditions Initiales à l’Identique" Share Alike qui est si importante pour le futur des Creative Commons. Des millions d’écrivains, de photographes, de chercheurs, de musiciens, de wikipédiens, de hackers, de professeurs et tous les autres travaillent allègrement et librement en commun, nourris par le principe du partage. Tout commence avec l’intuition géniale de Larry Lessig : comment adapter la philosophie du partage développée par Richard Stallman a la culture au-delà de la production de logiciels ? Les idées de Larry ont allumé le phrase des Creative Commons, un phare que les créatifs du monde entier ont rallié, ils se sont rassemblés pour modifier le droit d’auteur et en faire un outil de partage.

Ces mêmes principes sont toujours au cœur de ces deux mouvements et chaque compromis apporte, et c’est naturel, son lot de controverse. Je comprends tout à fait pourquoi, pour ceux aux yeux de qui les principes de liberté sont toujours la première et la seule priorité, les Creative Commons semblent une grande, et peut-être trop vaste, collection de modèles de licences et d’approches du sujet de la culture libre. Pour moi, cette diversité de visions et d’intentions a toujours été à mettre au crédit des Creative Commons : par définition leur contour, leurs grandes lignes doivent être aussi larges et indistinctes que l’inspiration créatrice humaine qui est sans limite. Et pourtant, malgré toutes ces différences d’opinion, un engagement central subsiste, inébranlable : la prise de conscience de l’importance primordiale du droit de toutes les formes de culture au partage.

Dans un futur proche notre coopération sera nécessaire sur un grand nombre de sujets. Toute personne familière avec le Web réalise, par exemple, que les contenus audio et vidéo doivent être mieux intégrés dans leur construction et leur utilisation. L’immense flot de créativité qui ne demande qu’à se développer dépendra de la libération des technologies multimédia face aux chaînes qui lui sont imposées par le système des brevets. En effet des dizaines d’entreprises prétendent "posséder" différents morceaux de la technologie de diffusion numérique de contenu audiovisuel en ligne. La jungle de restrictions de licence qu’ils imposent sur leurs différentes "inventions brevetées" est en grande partie responsable des incompatibilités, des plugins qu’il vous faut télécharger et qui ne fonctionnent que parfois sur certains systèmes et aussi des restrictions des possibilités magnifiques, utiles, belles et qui donnent matière à réflexion.

Le Web s’est magistralement développé grâce aux logiciels libres et à l’activité culturelle libre, il nous permet de partager et c’est grâce au partage qu’il est devenu ce qu’il est. Mais si nous voulons accomplir ne serait-ce qu’un pas de plus dans notre nouvelle aventure humaine qu’est l’espace Web nous devons nous assurer que la liberté n’est pas écrasée par les entreprises des médias qui s’arment de brevet pour empêcher le futur.

Œuvrer pour la libération des codecs et autres logiciels multimédias n’est qu’un exemple des efforts qu’il nous faudra consentir ensemble pour assurer la liberté du partage. Apporter mon soutien aux Creative Commons n’est pas seulement quelque chose que je ressens comme une nécessité, c’est quelque chose que nous devons tous faire. J’espère que vous vous joindrez à moi dans notre soutien des Creative Commons par vos dons, votre énergie et votre puissance créative. Rien ne nous est impossible si nous partageons.

Notes

[1] Crédit photo : Ramkrsna(Creative Commons By-Sa)