Richard Stallman : Un logiciel espion dans Ubuntu ! Que faire ?

Un logiciel espion dans Ubuntu ! Que faire ?

par Richard Stallman

L’un des principaux avantages du logiciel libre est que la communauté protège les utilisateurs des logiciels malveillants. Aujourd’hui Ubuntu GNU/Linux est devenu un contre-exemple. Que devons-nous faire ?

Le logiciel privateur est associé à la malveillance envers l’utilisateur : code de surveillance, menottes numériques (gestion numérique des restrictions, ou DRM) destinées à imposer des limites aux utilisateurs, et portes dérobées qui peuvent faire des choses déplaisantes sous contrôle à distance. Les programmes qui effectuent l’une quelconque de ces opérations sont des logiciels malveillants et devraient être considérés comme tels. Les exemples les plus communs sont Windows, les iTrucs, ou encore le « Kindle » d’Amazon (connu pour son autodafé de livres virtualisés[1] ), qui font ces trois choses ; Macintosh et la Playstation III qui imposent des menottes numériques ; la plupart des téléphones portables, qui espionnent et possèdent des portes dérobées ; Adobe Flash Player, qui espionne et fait respecter les menottes numériques ; ainsi que de nombreuses applications iTrucs ou Android, qui intègrent une ou plusieurs de ces pratiques néfastes.

Le logiciel libre donne aux utilisateurs la possibilité de se protéger contre les comportements malveillants des logiciels. Encore mieux, la communauté protège en général tout le monde et la majorité des utilisateurs n’a pas à bouger le petit doigt. Voici comment.

De temps à autre, des utilisateurs sachant programmer trouvent du code malveillant dans un programme libre. Généralement, ce qu’ils font ensuite c’est de publier une version corrigée du programme : les quatre libertés (voir http://www.gnu.org/philosophy/free-sw.html) qui définissent le logiciel libre le permettent. On appelle cela un fork du programme. Rapidement, la communauté bascule sur la version corrigée, et la version infectée est rejetée. La perspective d’un rejet ignominieux n’est pas vraiment tentante : donc, la plupart du temps, même ceux qui ne sont pas arrêtés par leur conscience ou par la pression sociale s’abstiennent de glisser des malfaçons dans les logiciels libres.

Mais pas toujours. Ubuntu, distribution influente et largement utilisée, a installé du code de surveillance. Lorsque l’utilisateur effectue une recherche dans ses propres fichiers en utilisant le système de recherche d’Ubuntu desktop, Ubuntu envoie cette recherche à l’un des serveurs de Canonical (Canonical étant la société qui développe Ubuntu).

C’est exactement comme le premier cas de surveillance dont j’aie appris l’existence, dans Windows. Mon vieil ami Fravia m’avait expliqué qu’un jour, alors qu’il recherchait une phrase dans ses fichiers avec Windows, un paquet – détecté par son pare-feu – avait été émis vers un serveur. À compter de cet exemple, je suis devenu attentif et n’ai pas oublié la propension à la malveillance qu’ont les logiciels privateurs « réputés ». Ce n’est peut-être pas par hasard qu’Ubuntu émet la même information.

Ubuntu se sert de ces informations sur leurs recherches pour afficher aux utilisateurs des publicités pour des produits vendus par Amazon. Cette société cause beaucoup de tort (voir http://stallman.org/amazon.html) ; en promouvant Amazon, Canonical y contribue. Cependant, les publicités ne sont pas le cœur du problème. Le véritable problème est l’espionnage des utilisateurs. Canonical affirme qu’Amazon ne sait rien de l’origine des recherches. Toutefois, il est tout aussi déplorable de la part de Canonical de collecter vos informations personnelles que cela ne l’aurait été de la part d’Amazon.

Certains feront sûrement des versions modifiées d’Ubuntu dépourvues de cette fonctionnalité espionne. De fait, plusieurs distributions GNU/Linux sont des versions modifiées d’Ubuntu. Lorsqu’elles se mettront à niveau avec la dernière version d’Ubuntu, je m’attends à ce que cette fonctionnalité soit enlevée. Canonical s’y attend également, sans aucun doute.

La plupart des développeurs de logiciel libre laisseraient tomber un tel projet, étant donné la perspective d’une migration en masse vers la version corrigée de quelqu’un d’autre. Mais Canonical n’a pas abandonné le logiciel espion d’Ubuntu. Peut-être Canonical pense-t-il que le nom « Ubuntu » a assez de poids et d’influence pour éviter les conséquences habituelles et s’en tirer avec cette surveillance.

Canonical dit que cette fonctionnalité permet de faire des recherches sur Internet « autrement ». Selon les détails de la méthode, cela pourrait, ou non, aggraver problème, mais cela ne l’atténuerait pas.

Ubuntu permet aux utilisateurs de désactiver la surveillance. Évidemment, Canonical pense que beaucoup d’utilisateurs d’Ubuntu vont laisser cette fonctionnalité à son état par défaut, c’est-à-dire active. Et c’est ce que beaucoup font probablement, car il ne leur vient pas à l’esprit d’essayer d’y changer quoi que ce soit. Ainsi, l’existence de cette option ne rend pas pour autant la fonctionnalité de surveillance acceptable.

Même si elle était désactivée par défaut, cette fonctionnalité resterait dangereuse : « activer une fois pour toutes » une pratique risquée, dont le risque varie selon les spécificités du système, invite au laisser-faire. Pour protéger la vie privée de l’utilisateur, les systèmes doivent simplifier l’usage de la prudence : quand un programme de recherche locale a une option de recherche sur le réseau, ce devrait être à l’utilisateur de choisir la recherche sur le réseau explicitement à chaque fois. C’est simple : il suffit de boutons séparés pour la recherche sur le réseau ou la recherche locale, comme c’était le cas dans les anciennes versions d’Ubuntu. Une fonctionnalité de recherche sur le réseau devrait aussi informer l’utilisateur clairement et concrètement sur la nature et la destination précise des données personnelles collectées, lorsqu’il utilise cette fonctionnalité.

Si une proportion suffisante des faiseurs d’opinion de la communauté voient cette question d’un point de vue uniquement personnel, s’ils désactivent la surveillance pour eux-mêmes et continuent à promouvoir Ubuntu, Canonical pourrait s’en tirer. Ce serait une grande perte pour la communauté du logiciel libre.

Nous, qui présentons le logiciel libre comme une défense contre les logiciels malveillants, n’affirmons pas qu’il s’agit d’une défense parfaite. Il n’existe pas de défense parfaite. Nous ne disons pas que la communauté va à coup sûr dissuader les gens d’implanter des logiciels espions. Donc, à proprement parler, ce n’est pas parce qu’il y a un logiciel malveillant dans Ubuntu que nous devons manger notre chapeau.

Mais ce qui est en jeu ici dépasse le fait de savoir si quelques-uns d’entre nous vont devoir avaler leur chapeau. La question est ici de savoir si notre communauté peut efficacement utiliser l’argument des logiciels espions privateurs. Si nous pouvons seulement dire « les logiciels libres ne vous espionnent pas, sauf si c’est Ubuntu », c’est bien moins percutant que de dire « les logiciels libres ne vous espionnent pas ».

Il nous appartient d’exprimer notre réprobation à Canonical avec suffisamment de force pour qu’il arrête cela. Canonical peut donner toutes les excuses qu’il veut, elles seront insuffisantes ; même s’il affectait tout l’argent que lui donne Amazon au développement de logiciel libre, cela pourrait difficilement contrebalancer ce que le logiciel libre a à perdre s’il cesse d’être un moyen efficace d’éviter aux utilisateurs de se faire flouer.

Si jamais vous recommandez ou redistribuez GNU/Linux, merci de retirer Ubuntu des distributions que vous recommandez ou redistribuez. Si la pratique d’installer et recommander des logiciels non libres ne vous convainc pas d’arrêter, ceci le fera. Dans vos install parties, dans vos « Journées du Libre », au FLISOL, n’installez pas et ne recommandez pas Ubuntu. À la place, dites qu’Ubuntu est mis à l’index pour espionnage.

Pendant que vous y êtes, vous pouvez aussi leur dire qu’Ubuntu contient des programmes non libres et suggère l’installation d’autres programmes non libres (voir http://www.gnu.org/distros/common-distros.html). Cela contrecarrera l’autre forme d’influence négative qu’exerce Ubuntu dans la communauté du logiciel libre : la légitimation des logiciels non libres.

Copyright © 2012 Richard Stallman

Cette page peut être utilisée suivant les conditions de la licence Creative Commons Attribution-NoDerivs 3.0 United States.

Traduction : Framalang (Quentin Carnicelli, Thomas, Liu Qihao, Thérèse, darkelda, Kyriog, neo_phryte, Michaël, dadall, mart-e et 3 anonymes)
Révision : trad-gnu@april.org

Version du 7 décembre 2012

Crédit photo : Christophe Ducamp (Creative Commons By)

Notes :

[1To kindle : allumer du feu.




Libérer nos médias captifs du matériel ?

Matériels incompatibles, absence d’interopérabilité, formats fermés, logiciels propriétaires… des motifs de colère et de combats familiers de la communauté libriste. Ces problématiques sont cependant un peu désincarnées aux yeux de la majeure partie de nos concitoyens du Net tant qu’ils n’ont pas été personnellement confrontés à des blocages fort irritants.

Une situation concrète est le point de départ du coup de gueule de Terence Eden. Quant à la véhémence de ses propos, elle est à la mesure de l’urgence. Car dans la guerre en cours, celle de notre liberté de choix, Apple, Amazon, Google et quelques autres ont plusieurs longueurs d’avance : des millions d’utilisateurs sont déjà entrés de leur plein gré dans des prisons numériques dorées.

Dans cet environnement, nous ne sommes plus propriétaires des fichiers médias que nous avons pourtant achetés, nous n’en sommes que les usagers à titre révocable et temporaire ! Autant dire que nous perdons la possibilité de réutiliser nos biens dès lors que nous changeons de support matériel. Du disque vinyle au CD-ROM et du DVD au fichier numérique, nous avons déjà vu comment un saut technologique nous contraint à acheter de nouveau. Eh bien cette farce au goût amer se joue maintenant sur la scène des médias numériques.

Parviendrons-nous à libérer nos médias captifs du matériel ? Il faudra certes bien plus qu’un coup de gueule comme celui qui suit, mais il n’est pas mauvais qu’un cri de colère agite un peu nos esprits de consommateurs endormis.

Luke Addison - CC by-sa

Je ne veux pas faire partie de votre putain d’écosystème

I Don’t Want To Be Part of Your Fucking Ecosystem

Terence Eden – 23 novembre 2012 – Blog personnel
(Traduction framalang & les twittos : Gatitac, Zii, ga3lig, Stan, Isdf, Slystone, Quartz, Coyau, Goofy, Exirel, greygjhart)

Je discutais avec un ami qui exprimait une opinion que je trouve assez répandue :

— Alors oui, j’aimerais bien passer à Android, mais tous mes données sont dans iTunes.

J’ai découvert que le problème, ce ne sont pas les applications : les racheter est pénible, mais la plupart sont gratuites. Le problème, ce sont les données qui emprisonnent les utilisateurs avec des services dont ils ne veulent plus.

Les musiques, les films, les séries TV, les abonnements et les podcasts. Tout est fermé à double tour dans l’étroit écosystème d’Apple. C’est une façon bien pensée d’enchaîner les gens à leur matériel.

Imaginez, ne serait-ce qu’un instant, que votre lecteur de DVD Sony ne puisse lire que des films de chez Sony. Si vous décidiez d’acheter un nouveau lecteur de marque Samsung par exemple, aucun de ces contenus ne serait lisible sur votre nouvel appareil sans un sérieux bidouillage.

Voilà les hauts murs derrière lesquels tant de grandes entreprises voudraient bien nous enfermer. Et je trouve que ça pue.

Sur un réseau de téléphonie mobile au Royaume-Uni, on peut utiliser le téléphone de son choix. Le matériel et les services sont complètement indépendants les uns des autres. Cela suscite de la concurrence parce que les consommateurs savent que s’ils sont mécontents de HTC, ils peuvent passer à Nokia et que tout fonctionnera comme avant.

Mais si tous vos contacts, vos services de divertissement et sauvegardes sont enchaînés à HTC, eh bien, vous êtes juste dans la merde si vous voulez changer.

Je veux assister à une séparation complète de l’Église et de l’État. Le matériel devrait être séparé du logiciel. Le logiciel devrait être séparé des services. Je veux pouvoir regarder des films achetés chez Nokia sur un système Google Android tournant sur un appareil Samsung, et ensuite sauvegarder le tout sur Dropbox.

C’est comme cela que ça fonctionne, plus ou moins, dans le monde du PC. Je ne comprends pas pourquoi cela n’est pas pareil dans le monde des tablettes et des smartphones. Pourquoi est-ce que j’achèterais une tablette qui ne fonctionnerait qu’avec le contenu d’un seul fournisseur ? Que ce soit Amazon, Microsoft ou Apple, ils constituent un dangereux petit monopole qui fera augmenter les prix et diminuer la qualité.

Bon, je sais. Le mantra du « It just works » (« Ça marche, tout simplement » ). Je suis légèrement dégoûté de devoir configurer ma tablette pour qu’elle parle à mon NAS, puis de faire en sorte que mon téléviseur fonctionne avec les deux à la fois. Cette situation n’est pas due à mes équipements multimédias qui viennent de différents fabricants, elle est plutôt due à ces différents fabricants qui n’utilisent pas de standards ouverts.

J’ai peur de ce qui arrivera lorsqu’un fournisseur mettra fin à un service. Je rigole à l’idée d’une éventuelle faillite d’Apple : même s’ils restent solvables, qu’est-ce qui les empêchera de supprimer tous vos achats de films et de musiques ? Après tout, ils ont fermé leur service Mobile Me quasiment sans avertissement et détruit toutes les données que leurs clients payants hébergeaient chez eux.

Adobe a fermé ses serveurs de DRM après un court préavis de 9 mois, en empêchant de fait quiconque de lire les livres pourtant achetés (Amazon peut vider votre Kindle).

Google a emmené Google Video au bûcher et lui a tiré une balle dans la tête — tout comme Buzz, Wave et qui sait combien d’autres produits.

Microsoft a mis en place PlaysForSure, puis l’a laissé mourir, piégeant ainsi des millions de fichiers musicaux sur des appareils qui ne sont plus pris en charge.

Donc peut-être vais-je m’en tenir à Google et espérer que mon téléviseur Google communiquera avec mon téléphone Google pendant que je regarderai des vidéos Google Play et que j’écouterai des musiques Google Play sur mon ChromeBook Google que je partagerai sur Google+ et que j’achèterai avec Google Wallet. Et je leur enverrai la prière du geek : « S’il vous plaît, ne décidez pas que ce service bien pratique n’est pas rentable ».

Je veux simplement que l’on s’entende tous. Je veux que mes équipements disparates se parlent. Je ne veux pas vivre dans une maison où chaque composant doit être fabriqué par une unique entreprise sous peine de ne rien voir marcher correctement. Je ne veux pas être bloqué ni devoir utiliser un mauvais produit parce que c’est le seul à offrir un certain service.

Je ne veux pas de vos jouets qui ne fonctionnent qu’avec les piles de votre marque.

Je ne veux pas faire partie de votre putain d’écosystème.

Crédit photo : Luke Addison (Creative Commons By-Sa)




Labos pharmaceutiques : libre accès aux recherches ?

Souvent accusés — non sans raison — de pousser à la surconsommation médicamenteuse en tirant un profit maximal de nos besoins en thérapies, les grands laboratoires pharmaceutiques gardent jalousement le secret de leurs données. Celles des recherches menant aux médicaments mis sur le marché, en particulier.

Cory Doctorow, nous fait part ici de ses convictions : suivant le principe récemment institué outre-Manche qui consiste à ouvrir les données de recherches financées par l’état, il considère que celles de l’industrie pharmaceutiques doivent être elles aussi ouvertes.

Découvrez pourquoi sous la plume d’un blogueur influent et avocat du libre et de l’open source (tous ses billets déjà traduits sur notre blog). Idéalisme et optimisme démesuré ou revendication légitime et combat à mener ? À vous d’en juger.

epSos.de - CC by

Pourquoi toutes les recherches pharmaceutiques devraient être en libre accès

Why all pharmaceutical research should be made open access

Cory Doctorow – 20 novembre – The Guardian
(Traduction Framalang : Slystone, Amine Brikci-N, goofy, peupleLa, Antoine, ga3lig)

Le gouvernement du Royaume-Uni veut que toute recherche financée par des fonds publics soit accessible — mais on devrait en exiger autant des industries pharmaceutiques.

Je déjeunais récemment avec le plus loyal défenseur du libre accès que vous puissiez rencontrer (je ne le nommerai pas, car ce serait grossier de lui attribuer des remarques fortuites sans sa permission). Nous parlions du projet de rendre obligatoire la publication libre et gratuite des recherches scientifiques financées par l’État. Aux États-Unis, il existe le Federal Public Research Act, et au Royaume-Uni il y a la déclaration du gouvernement de coalition selon laquelle la recherche financée par l’État devrait être disponible sans frais, sous une licence Creative Commons qui permette la copie illimitée.

Nous avons parlé de l’excellent nouveau livre de Ben Goldacre, intitulé Bad Pharma, dans lequel l’auteur documente le problème des « données manquantes » dans la recherche pharmaceutique (il dit que près de la moitié des essais cliniques réalisés par l’industrie pharmaceutique ne sont jamais publiés). Les essais non publiés sont, bien entendu, ceux qui montrent les nouveaux produits des labos pharmaceutiques sous un jour peu flatteur – ceux qui suggèrent que leurs médicaments ne sont pas très efficaces ou n’ont aucun effet, voire sont activement nocifs.

La pratique des industries qui consiste à éliminer les preuves scientifiques date de plusieurs décennies — et certains chercheurs indépendants le font également. Ce constat a conduit Goldacre à déclarer qu’aucune de nos connaissances en matière de médecine moderne ne peut être considérée comme valide, et il estime qu’il est urgent de contraindre les industries pharmaceutiques à publier toutes ces données laissées dans l’ombre, afin que les scientifiques puissent recalculer les résultats et déterminer ce qui fait vraiment effet.

J’ai mentionné tout cela à mon compagnon de déjeuner, en concluant par : « et c’est pourquoi toute la recherche pharmaceutique devrait être en libre accès ».

« Toute la recherche pharmaceutique financée par l’État, a-t-il rectifié, comme s’il corrigeait une erreur de calcul élémentaire. Si le public paie pour cela, il doit pouvoir la voir, mais si les entreprises pharmaceutiques veulent payer pour leur propre recherche, alors… »

Je savais d’où il tenait cette position. L’un des arguments les plus solides en faveur de l’accès au public des publications universitaires et scientifiques est celui de la « dette envers la population » : si le contribuable paie pour vos recherches, alors vos recherches doivent lui appartenir. C’est un bon argument, mais il n’est pas entièrement convaincant pour une raison. Il est vulnérable au contre-argument du « partenariat public/privé », qui dit: « ah, oui, mais pourquoi ne pas faire en sorte que le public bénéficie d’un retour sur investissement maximal en faisant payer très cher l’accès à la recherche financée par l’État et en renvoyant le profit au secteur de la recherche ? ». Je pense que cet argument est absurde, et c’est l’avis de la majorité des économistes qui se sont penchés sur la question.

La recherche sans entraves et librement accessible constitue un bien commun qui génère bien plus de valeur ajoutée au profit de tous que le profit rapide qu’on extorque des consommateurs en les faisant payer à l’entrée comme à la sortie. Cela s’est confirmé dans de multiples domaines, même si l’exemple-type est le succès massif des cartes géologiques des États-Unis librement disponibles, qui ont dégagé un profit tel qu’en comparaison, les bénéfices réalisés sur la vente des cartes d’État-major au Royaume-Uni semblent une misère.

Voilà pourquoi le travail de Goldacre est aussi important à ce point du débat. La raison pour laquelle on devrait exiger que les laboratoires pharmaceutiques publient leurs résultats, ce n’est pas qu’ils ont reçu des subventions sur fonds publics. C’est plutôt parce qu’ils demandent une certification de l’état qui garantisse que leurs produits sont propres à la consommation, et qu’ils demandent aux organismes de régulation d’autoriser les docteurs à rédiger des ordonnances prescrivant ces produits-là. Nous avons besoin qu’ils publient leurs recherches, même si cette action induit des pertes de profit, car sans cette recherche, nous ne pouvons pas savoir si ces produits sont propres à la consommation.

On emploie un argument analogue en faveur de l’utilisation de logiciels libres ou open source pour les applications dans l’industrie ou dans le domaine de la santé, comme le système OpenEyes conçu par le centre hospitalier d’ophtalmologie de Moorfields et d’autres institutions dans le monde, après l’effondrement du système électronique de suivi de santé de la National Health Service (NdT : le NHS est l’équivalent de la Sécurité Sociale). Ils n’ont pas préféré un système à accès libre à un système propriétaire pour des raisons idéologiques, mais plutôt pour des raisons qui sont avant tout pratiques. Aucun hôpital n’autoriserait jamais une société d’ingénierie à construire la nouvelle aile d’un hôpital en utilisant des méthodes propriétaires pour calculer la répartition du poids. Ils n’accepteraient pas une nouvelle aile dont les plans de construction seraient secrets, dont seul l’entrepreneur connaîtrait les emplacements des canalisations et des conduits de ventilation.

Il est certainement vrai que les sociétés d’ingénierie et les architectes pourraient gagner davantage si leurs méthodes étaient propriétaires. Mais on exige un accès ouvert, car on doit pouvoir entretenir les hôpitaux quels que soient les aléas que peut connaître toute société d’ingénierie, et parce qu’on veut la garantie que l’on obtient avec la possibilité de vérifier plusieurs fois les calculs de charge par nous-mêmes. Les systèmes informatiques qui sont utilisés dans les hôpitaux pour gérer les patients sont tout autant vitaux que l’emplacement des câbles ethernet dans les murs. Et donc Moorfields s’attend à ce qu’ils soient autant libres d’accès que les plans du bâtiment.

Et c’est pourquoi les grands labos pharmaceutiques doivent montrer leur travail. Sans tenir compte de ce qu’ils pourraient rapporter, leurs produits ne doivent pas être autorisés sur le marché sans cette exposition. Il est important de placer la recherche financée par l’état entre les mains du public, mais l’histoire de l’accès libre ne va pas s’arrêter là, elle ne fait que commencer.

Crédit photo : epSos.de (Creative Commons By)




Framazic, l’entrée musique libre du réseau Framasoft par Martin Gubri

Il pleut des nouveaux projets actuellement chez Framasoft !

Framazic, c’est l’impressionnant résultat du stage universitaire que notre plus jeune recrue Martin Gubri a réalisé chez nous l’été dernier. Et le mieux c’est encore de lui céder la parole pour vous le présenter.

PS : Il pleut des nouveaux projets mais un peu moins de dons, alors si votre CB a envie de prendre un peu l’air

Framazic

Entretien avec Martin Gubri

Framazic ? Qu’est-ce que tu me chantes là ?

Eh oui encore un nouveau projet Framasoft ! Il s’agit cette fois de mettre l’accent sur la culture dite libre. L’élargissement des perspectives de la Framagalaxie s’était déjà amorcé depuis un moment : Framabook, avec sa collection de livres libres incluant de plus en plus d’essais, de BD, et même un roman ; FramaDVD qui embarque quelques textes, images, vidéos et musiques libres ; le Framablog, bien sûr, dont les sujets vont même au-delà de la culture et du logiciel libres ; Framakey avec notamment sa récente version Wikipedia ; et maintenant donc Framazic !

C’est en fait un portail dédié à la promotion de la musique libre : explication du concept et du fonctionnement des licences libres, des enjeux artistiques et culturels liés à la musique libre, ainsi que des problèmes que pose actuellement le système actuel du marché de la musique non-libre. Le discours est à la fois destiné aux personnes qui aiment la musique (ou pas !), aux musiciens, et aux diffuseurs. Ce qu’on observe c’est que chacun a son niveau peut y trouver un intérêt, qu’il s’agisse de créer, écouter ou partager de la musique sous licence libre.

Framazic c’est donc, si vous préférez, une porte d’entrée vers la musique libre. Vous y trouverez aussi une liste de plateformes et de sites hébergeant de la musique sous licence libre et de libre diffusion, et une sélection de quelques bons morceaux[1], sous licence Creative Commons Zéro, By, By-sa, ou encore Art libre. Chaque album sélectionné est disponible en téléchargement sur le site.

J’espère que mon travail pourra faire connaître et ouvrira des perspectives sur cette formidable opportunité qui nous est aujourd’hui offerte.

Qu’est-ce que tu ne nous chanteras pas avec Framazic ?

Précisons tout d’abord que Framazic n’est pas une nouvelle plateforme de musique libre.

Il n’est en aucun cas question de faire concurrence ou de l’ombre à des associations comme Dogmazic qui font très bien leur travail et depuis longtemps. Nous hébergeons uniquement quelques morceaux et quelques albums pour donner un premier goût de ce que peut être la musique sous licence libre. Il existe déjà de multiples sites qui hébergent de la musique libre. Mais rares sont ceux qui prennent le temps de tenter d’expliquer clairement ce qu’est une licence libre, une licence de libre diffusion, son fonctionnement, ses enjeux, etc. L’exception est peut-être la documentation de Dogmazic qui est riche quoiqu’assez austère.

À qui est-ce destiné ?

Comme je l’ai indiqué sur le site, ces explications s’adressent à trois publics :

  • aux mélomanes, qui veulent comprendre la musique libre,
  • aux musiciens, qui souhaitent se renseigner pour éventuellement faire passer leurs œuvres sous licence libre,
  • aux diffuseurs, c’est-à-dire toute personne qui pourrait diffuser de la musique (dans un cadre commercial ou non). Par exemple les commerces, les festivals et fêtes accueillant du public, les bibliothèques, les écoles (kermesse), etc. Sans oublier évidemment les particuliers.

Mais est-ce bien « PUR » ?

Pour faire une belle réponse de Normand : ptêt’ ben qu’oui, ptêt’ ben qu’non 🙂

Oui, parce que la musique libre est légale. La licence libre permet de renverser le sens du droit d’auteur. On passe du restrictif (le fameux « touts droits réservés ») au permissif (« certains droits réservés »). Mais ce changement est légal : l’auteur possède des droits qu’il utilise comme il le souhaite.

Non, parce que nous pensons que la musique non-libre est dans un contexte bien morose, et que Hadopi n’est pas la bonne solution. Pour faire court, on va dire qu’il y a deux principaux problèmes : le système actuel ultra-verrouillé qui répartit bien trop inégalement les revenus issus de la musique, et la soumission des musiciens qui arrivent à percer au bon vouloir des majors.

Les entreprises et organismes faisant partie de « l’industrie culturelle » appliquent un ancien modèle économique qui a marché, mais qui est maintenant totalement dépassé avec le numérique. Plutôt que de combattre le partage de contenu sur Internet, les majors feraient mieux de repenser leur fonctionnement, leurs offres, leur problématique. Par exemple, se focaliser sur la crise du CD n’a pas de sens : est-ce que l’on va pleurer sur la disparition de la cassette ? Le CD est un support qui appartient au passé, il est normal qu’il disparaisse, alors le prendre comme un indicateur du « mal » que peut causer le téléchargement illégal est juste une énorme blague. De plus, l’intérêt des maisons de disque n’est pas le même que celui des artistes. Crier sur tous les toits que la mort du CD signifie la disparition des artistes (et des bébés phoques) est juste faux. Les principaux perdants dans l’histoire ce sont les majors qui prennent des marges énormes sur les ventes physiques et immatérielles, pas les artistes. Les musiciens ne perçoivent qu’une petite part des bénéfices engendrés via ce canal, ce qui fait que le pourcentage dans leurs revenus des ventes des CD et des fichiers numériques reste faible par rapport aux sommes apportées par les concerts, les diffusions (redistribuées par la Sacem notamment), les produits dérivées, etc.

Trollons : la clause NC c’est du libre ?

J’ai voulu apporter une position claire sur le sujet, en distinguant les licences libres des licences de libre diffusion. Dès que l’on a affaire à une clause NC (pas d’usage commercial) ou ND (pas de modification), la licence ne peut pas être qualifiée de libre, au sens où nous l’entendons nous, c’est-à-dire celui du logiciel libre. Nous avons repris la classification de Wikipédia. D’une part, pour être clair, il faut poser des catégories bien définies. Et d’autre part, je pense honnêtement que dès que l’on utilise une de ces clauses, on restreint la diffusion, ce qui ne permet pas d’assurer la pérennité, la stabilité juridique, et les possibilités de « remix » de la culture. Un exemple concret : la rédaction assez floue de la clause NC dans les Creative Commons 3.0 qui autorise certaines dérives, comme le récent accord Creative Commons-Sacem, et sur lequel je reviendrai dans la question suivante.

Les clauses BY et SA permettent déjà selon moi de bien protéger son œuvre. Par exemple, un publicitaire ne voudra ni s’encombrer de mettre son spot sous licence libre, ni « perdre » quelques caractères pour citer l’artiste, là où la seconde vaut cher. Il préférera signer un contrat et payer le musicien pour lever les clauses qui l’indisposent. Ça n’engage que moi, mais je pense que de manière générale dans la musique, la clause SA permet à peu de chose près d’interdire par défaut (c’est à dire sans l’autorisation du propriétaire des droits) les mêmes utilisations qu’une clause NC, mais avec tous les avantages de la licence vraiment libre. Quelqu’un qui voudra payer pour lever une clause NC, sera aussi prêt à payer pour lever une clause SA. Dire que les modifications doivent porter la même licence est beaucoup plus facile à appliquer, définir, et respecter, que de classifier des cas d’utilisations commerciales et non-commerciales. Ma position est donc claire là-dessus, je ne conseille pas la clause NC.

Pourquoi avoir créé Framazic ?

Il y a plusieurs raisons à cela. La première est que globalement la musique libre reste assez mal connue, même dans le monde du logiciel libre. Et plus généralement j’ai pu constater en parlant à des proches que le fonctionnement du droit d’auteur reste assez mal connu. Par exemple, nombre de personnes pensent que par défaut une création est libre, et qu’il faut faire un dépôt pour profiter de ses droits. Alors qu’en réalité, dès la création, même incomplète, d’une œuvre, elle est déjà protégée par le droit d’auteur. Une musique n’est donc par défaut pas libre. Et sans mention de licence, vous n’avez aucune autorisation sur les morceaux (à part les exceptions prévues par le droit d’auteur).

La deuxième raison, dont on a déjà commencé à parler, est que les plateformes de musique libre fournissent assez peu (ou de manière trop discrète) d’explications. Ou pire, introduisent sciemment ou non de la confusion pour ne pas dire plus. On pense bien sûr à Jamendo, qui, même si le site est joli, commence à se traîner une assez mauvaise réputation. Nous ne détaillerons pas les cas de respect tout relatif des licences et des artistes, mais concentrons-nous sur la terminologie employée. Alors qu’après quelques plaintes les termes avaient changé, Jamendo continue de parler de musique « libre de droits ». Autant dire que l’image çi-dessous fait mal aux yeux… Même si libre de droits n’est utilisé qu’une seule fois, c’est dans le titre et donc ce que l’on retient le plus. Quelques explications : la musique libre n’est pas libre de droits. Le libre de droits signifie qu’il n’y a plus de droits d’auteur, on parle donc du domaine public. Ce n’est pas le cas de la musique présente sur Jamendo : elle est encore sous le régime du droit d’auteur. On pourrait résumer ce que dit une licence par « certains droits réservés », autrement dit, la licence libre ne donne pas tous les droits ! Il ne faut donc surtout pas confondre musique libre et musique libre de droits, sinon on piétine le principe du Copyleft.

Jamendo Pro - Copie d'écran

Ce qui nous amène à un troisième point : j’espère que Framazic à son petit niveau contribuera à défendre l’intégrité de la musique libre. Ne pas confondre libre et libre diffusion, libre et domaine public (même si la musique du domaine public fait aussi partie de la musique libre) sont des points importants à défendre.

Un autre risque actuel de la musique en libre diffusion sur lequel j’ai voulu prendre position, est l’accord passé entre la Sacem et Creative Commons. Vous trouverez plus de détails sur Framazic, mais pour faire court, cet accord pose deux problèmes majeurs. Le premier est que les sociétaires de la Sacem peuvent choisir une licence Creative Commons pour leurs œuvres (ce qui est à priori une bonne nouvelle, puisque signe d’ouverture de la part de la Sacem), mais elle doit forcément comporter la clause NC. Cette obligation est encore un signe de l’axe plus économique que qualitatif qu’elle a pris. Le deuxième, plus pervers, est que la Sacem réinterprète la notion de commercialité, et donc de non-commercialité. Ainsi un grand nombre d’utilisations précédemment considérées comme non-commerciales le deviendront pour les œuvres bénéficiant de cet accord. Nombre de petites structures sans trésorerie ne peuvent pas se permettre de payer les forfaits de la Sacem. Appliquera-t-elle réellement une vision aussi restreinte de la non-commercialité que ce qu’elle a annoncé dans sa FAQ ? Le mystère reste entier ! Mais ce flou juridique n’est pas de bon augure.

Enfin, Framazic est aussi destiné aux musiciens pour les encourager à utiliser (au moins sur une partie de leur répertoire) des licences libres. Ouvrir les permissions sur ses œuvres, c’est faire tomber les barrières et donc augmenter sa visibilité. Framazic propose aussi un accompagnement pratique, en guidant les musiciens qui veulent mettre leurs œuvres sous licences libres. J’espère que ce projet inspirera des musiciens et les encouragera à continuer de créer !

T’es quoi toi ?

Un inconnu qui fait de la trad’ pour Framalang et le Framablog depuis trois ans à mon rythme et plus ou moins souvent 🙂 Je fais partie depuis décembre dernier de l’association (et à 21 ans je suis le plus jeune de l’asso[2]), et ce rôle me tient à cœur. Je dois avouer que gérer, discuter et prévoir l’avenir de ces initiatives aussi diverses que fédèrent Framasoft est aussi passionnant que chronophage ! J’ai réalisé Framazic pendant l’été, durant mes deux mois de stage chez Framasoft, plus environ un mois supplémentaire pour finir. Je suis assez content de vous présenter aujourd’hui ce projet puisque ça représente pas mal d’énergie et d’heures de travail, et parce que c’est ma première contribution de taille au sein de Framasoft.

Quelles évolutions sont à prévoir pour Framazic ?

À l’origine Framazic devait n’être qu’une présentation rapide de la musique libre, et surtout une compilation de morceaux sous licence libre distribuées en CD, DVD, voire sur d’autres supports. J’ai fait évoluer le projet différemment. Je trouvais qu’on pouvait difficilement effleurer le sujet, sans détailler les explications, et faire un travail de fond. De plus, réduire la quantité d’informations aurait conduit à s’adresser à un public plus réduit. S’ouvrir par exemple aux diffuseurs est à la fois très intéressant pour la promotion de la musique libre, mais entraîne aussi plus de complexité et un certain niveau de responsabilité.

Bref, j’ai plus orienté le projet sur un travail de contenu assez détaillé, et sur la production de quelques ressources réutilisables (la transcription, traduction et VF d’une vidéo de présentation des Creative Commons, des représentations statistiques de l’extrême concentration qu’on observe sur le marché de la musique, etc.).

Cependant l’idée originelle de faire une sélection de musique plus étendue n’est pas abandonnée ! Nous devrions donc, dans un délai encore inconnu, proposer une sélection plus importante de musique et surtout la diffuser sous forme de supports physiques. Rien n’est figé, tout est envisageable concernant son évolution ! Donc si vous avez une idée géniale, partagez-la avec nous 🙂

Et si on veut participer ?

Je pense qu’il va en effet y avoir encore du travail. Quelques paragraphes ne sont pas encore rédigés et il doit rester, malgré les nombreuses relectures, des coquilles et fautes d’orthographe. Quels que soient le temps et l’énergie que vous voulez consacrer au projet, n’hésitez pas à nous faire des propositions et à nous remonter des erreurs grâce au formulaire de contact.

Martin Gubri - par Julien Reitzel - CC by-sa

-> Découvrir Framazic…

Notes

[1] Dans un player html5 lisant de l’ogg (par défaut) et du mp3 pour la compatibilité avec tous les navigateurs. Stoppons les trolls à la source 😉

[2] Je n’oserai pas dire qu’ils sont « vieux »… 🙂




Merci Framasoft ! Merci le logiciel libre ! Merci le Libre !

On inspire vraiment tout ça ?

L’autre jour j’avais un petit coup de mou lié au « trop de choses à faire pour Framasoft simultanément dans un temps trop court ». Cela nous arrive de temps en temps parce que ce n’est pas l’activité qui manque au sein d’une galaxie qui avoisine désormais la vingtaine de projets.

Pierre-Yves (alias Le Sage, ci-dessous sur la photo) me dit alors : « Fais une pause en parcourant la page des témoignages, tu verras, ça te redonnera la patate ! »

Effectivement.

C’est vrai qu’on a tendance un peu à l’oublier cette page, emportés que l’on est par le tourbillon des listes de tâches. Et pourtant c’est peut-être pour nous la plus précieuse de toutes les pages du réseau.

Depuis 2008, nous proposons en effet aux visiteurs de nous laisser un message sur notre site de soutien. Et ce sont ainsi plusieurs centaines de témoignages divers et variés qui se sont accumulés.

Nous en avons sélectionné quelques-uns ci-après, pris dans le flux et le flot de ces deux dernières années.

Il ne s’agit pas tant de se faire plaisir en toute immodestie que d’illustrer notre utilité au moment même où nous relançons avec fébrilité notre campagne de dons.

On vous le concède, il y a sûrement trop de citations. Mais libre à vous de picorer. L’idée c’est de montrer que nous rendons service de plein de manières différentes, à tous les âges et aux quatre coins de la francophonie. Et puis il y a des passages qui font sourire comme ce jeune homme à qui on a donné envie de lire son tout premier livre à 22 ans ou encore cette prière mystique venue du fin fond de l’Afrique 🙂

Le plus frappant peut-être, c’est qu’au delà de Framasoft, le logiciel libre en particulier et « le Libre » en général suscitent un véritable espoir…

Les photos sous licence Creative Commons By-Sa qui agrémentent les témoignages sont de Julien Reitzel (dont la toute dernière en bas devant le siège de… Rolex !).

Julien Reitzel - CC by-sa

Delila (Montpellier) :

Framasoft est MA référence pour les logiciels libres depuis bien longtemps. Aujourd’hui je fais le grand saut vers un système d’exploitation (je crois que c’est le bon mot ?) libre. Merci à vous tous pour votre engagement en actes concrets.
Dès que j’aurai trouvé du travail, je ne manquerai pas de faire un don et de m’offrir quelques articles de la boutique. Librement votre !

Anonyme (Lyon) :

Framasoft est mon site de référence pour les logiciels libres. J’y trouve toujours l’outil adapté à mon besoin. De surcroît les didacticiels sont épatants et téléchargeables librement.
C’est à moi de vous remercier pour votre soutien et de vous soutenir également. Un grand BRAVO et un grand MERCI.

Bruno C. (Louargat) :

Bonjour, je voulais vous remercier pour votre travail de qualité. Grâce à lui, j’ai pu découvrir des logiciels qui me sont très utiles (7zip, Gimp…) et me faire un avis avec toutes les informations qui nous sont à disposition. Je compte migrer vers Ubuntu, je vais donc acheter sur EnVenteLibre un CD Ubuntu pour pouvoir le tester et l’installer. Je compte aussi acheter votre framabook « Simple comme Ubuntu » dès qu’il aura été mis à jour. Je compte aussi me faire un petit plaisir (enfin, ça fait 3 plaisirs avec les 2 autres dont je parle juste avant) en achetant le t-shirt Framasoft sur la boutique car je le trouve plutôt beau, il est à ma taille (XXL), le prix est correct et cela permet de vous soutenir, de vous faire de la pub et d’exprimer ce en quoi je crois.
Continuez comme ça, c’est super ce que vous faites 🙂

Alex P. (Lille) :

Merci pour tout ce que vous faites et surtout dernièrement la clé avec le contenu Wikipédia en français.
Belle initiative.

Ministère de la Justice (Dakar) :

Une initiative hautement appréciable pour les administrations des pays en développement qui ont besoin d’outils performants tels que Drupal 7 pour mettre en oeuvre des projets impactant sur leur développement économique et social, surtout si l’on considère les ressources limitées dont elles disposent.
Ce qui est dommage, c’est qu’à partir de Dakar, il m’est difficile de faire une contribution en numéraire, mais un jour, arrivé en France, je n’y manquerai pas avec cœur.

J. Roux (Villenave d’Orgnon) :

Je ne vous remercierai jamais assez car, grâce à Framasoft, j’ai eu le courage de « chasser » Windows.
Et ma vie a changé car ma machine datant (1999) j’ai pu trouver confort et performance par le biais d’Ubuntu.

Rahul Avtar (Cannes) :

Je remercie Framasoft, Wikipédia, Ubuntu, VLC, Gimp… et le monde du logiciel libre où le partage du savoir et de la connaissance sont au cœur d’un projet fantastique.

Ely T. (Cassis) :

Bonjour, et merci pour votre travail pour non seulement nous apporter des outils souvent indispensables au plus grand nombre, mais surtout vous battre pour faire vivre une certaine idée d’Internet et du monde : un lieu d’échanges et de libertés où l’argent n’est plus un but mais redevient un moyen.

Toucau (Mont-de-Marsan) :

Merci de mettre à disposition de tous ce qui appartient à tous.

Stéphane L. :

Je promets ici, à vous comme à tous ceux qui produisent les logiciels libres dont je me sers, d’adresser une juste rémunération dès que je gagnerai ma vie. Et croyez bien que j’en suis aussi impatient que vous.

Oumarou H. (Ouagadougou ) :

C’est la première fois que je publie un message de soutien bien que j’utilise des logiciels libres depuis longtemps. C’est juste parce que je ne savais pas qui ils étaient vraiment.
Un grand grand merci pour ce travail titanesque…

Anonyme :

Vous êtes le rempart du savoir et de la connaissance universelle. Tout mon respect.

Julien Reitzel - CC by-sa

Clément R. (Lyon) :

Merci pour votre travail ! La Framakey m’a bien aidé il y a quelques années en m’offrant un environnement de travail mobile dans lequel Fontforge et Inkscape tournaient très bien. Cela m’a permis de créer ma première typographie numérique.

Pierre F.(Guyane) :

Le Libre c’est vital tout simplement.

Amine B. (Paris) :

Oui, tout travail mérite salaire. Oui tout idéal mérite sacrifices. Alors un don aussi petit qu’il soit a sa place.
Merci à toutes et à tous. Libérez nous !

B. :

Framasoft est une formidable source très ordonnée de diffusion des logiciels libres. J’incite mes élèves de collège à l’utiliser à chaque fois qu’ils recherchent un outil et j’utilise la logithèque Framakey abondamment.
Nul doute que Framasoft contribue a la diffusion et au partage des savoirs.

Anonyme :

Merci à Framasoft de permettre à tout le monde d’avoir accès à l’informatique, tout en n’attendant rien en retour. C’est un service honorable, symbolique et référentiel pour nous les jeunes qui doit nous motiver à l’avenir d’avoir des initiatives allant dans ce sens et dans tous les domaines.
Vous êtes d’une grandeur incomparable. Et encore merci vous me motivez de pousser mes études en informatique car suis tout nouveau dans ce monde du 0 et 1.

E. T. :

Un soutien sans faille pour Framasoft ! La liberté n’a pas de prix et elle ne devrait pas avoir à subir de perpétuelles questions financières. Quel dommage ! Cela devrait être soutenu par les pouvoirs publics comme un accès libre pour tous.

Christophe H. (Perpignan) :

Votre site m’aide énormément pour une reconversion comme webmaster, merci.

Anonyme :

Merci de vulgariser le savoir et de le rendre accessible même aux plus démunis.

Roland A. (Abidjan) :

Bonjour Framasoft, c’est une grande œuvre que vous faite là pour le monde du libre.
Sans vous le monde du libre ne serait pas autant vulgarisé.

Silvain P. :

Magnifique démarche, toute de générosité dans un monde de plus en plus égoïste.

GD (étudiant) :

Parce que les logiciels libres sont une bénédiction pour les étudiants et les budgets serrés, je ne peux que vous remercier du fond du coeur d’apporter votre pierre à l’édifice. Vous me (nous) permettez de pouvoir travailler avec des outils libres, et tous les avantages que cela implique (modulabilité, gratuité…). Je suis fier et heureux de pouvoir étudier ainsi, et c’est grâce à vous, et à toute la communauté du logiciel libre, du monde du hacking, que cela est possible. J’ai découvert la mine d’or que représente tout cela. Parce que vos initiatives sont importantes et ont grandement changé le cours de ma vie, je ne peux que vous remercier encore, et vous soutenir financièrement dès que possible.
Vous êtes à mes yeux bien plus importants et méritants qu’on ne pourrait le penser. Merci !

Julien Reitzel - CC by-sa

Anonyme (Belgique) :

Je remercie fabuleusement votre organisation pour l’ensemble des services proposés ; j’essaye également de mon côté, à mon humble niveau, de faire évoluer les mentalités vers le libre & l’open source mais c’est une tâche de très longue haleine tant les utilisateurs ont peur du changement… Par contre, une fois « convertis », ils ne veulent pas de retour en arrière 🙂

Anonyme :

Votre projet est plus qu’une voie vers la philosophie de libre pensée. C’est un pont vers d’autres continents ou sans ces actions un africain, un sud-américain, n’auraient pas accès au savoir.
Merci pour le temps que vous consacrez à ce travail pour d’autres hommes. Merci surtout pour cette bonté de vos âmes.

J. (Dijon) :

Depuis le temps que je fréquente Framasoft et que j’y puise informations et logiciels, je me devais de faire un petit geste. Je tiens à saluer votre travail et votre compétence, en espérant que vous continuerez très longtemps à nous rendre notre « vie informatique » plus douce et plus libre ! Encore merci et bravo.

Christian M. (Paris) :

Il est grand temps d’aider le libre si nous voulons le rester.

B. (Sapporo) :

Par votre biais, j’ai pu faire découvrir le monde du Libre aux Japonais de mon entourage. Courage et Merci.

Nour L. (Rabat) :

Je suis diplômé universitaire mais je n’ai jamais réussi à trouver de l’embauche à cause de mon handicap physique et sans Framasoft et le logiciel libre je n’aurais jamais pu accéder au savoir informatique dont je jouis aujourd’hui, ni à toute l’information disponible sur le Web. Sans tous ces bénévoles, au cœur charitable, épris de liberté et oeuvrant pour un monde meilleur, je me morfondrais seul dans mon coin.
Je n’ai hélas pas les moyens matériels de soutenir de telles actions, mais j’exhorte tous les esprits libres à participer financièrement pour leur pérennité. Un grand merci de ma part et de la part de tous ceux qui sont dans mon cas.

Eric M. (Bordeaux) :

Après avoir découvert le libre grâce à Firefox 1.0, Framasoft m’a aidé à poursuivre ma voie vers la libération, qui grâce à eux n’a pas été si longue que ça… En parcourant les rubriques de Framagora et les billets du Framablog, j’ai découvert la richesse de l’écosystème libre : les logiciels, d’abord, mais aussi la musique, les licences Creative Commons, bref, tous les contenus libres.
Quelques années plus tard, c’est tout naturellement que j’ai voulu contribuer à mon tour à la communauté en donnant un peu de mon temps et de mes compétences. Hélas, même le libre ne se nourrit pas que d’amour et d’eau fraîche, et un projet de l’ampleur de Framasoft a besoin de trésorerie pour fonctionner. Il me paraît important de soutenir financièrement Framasoft, pour l’aider à poursuivre son indispensable travail de promotion du Libre et se développer davantage dans les années à venir.
Encore un grand merci à tous les contributeurs bénévoles, passé et présent, et à toute la fine équipe de l’association, dont je suis fier de faire partie depuis trois ans maintenant. Votre passion et votre motivation sont une grande source d’inspiration !

Anonyme (Grenoble) :

Merci à toute l’équipe de Framasoft pour tous les services que vous me rendez au quotidien. Je pense aujourd’hui tout particulièrement à ceux/celles travaillant sur la Framakey. En me permettant d’utiliser un navigateur libre et safe sur ma clef USB vous préservez mon entourage de mes colères hulkiennes, dues à l’interdiction d’installer Firefox sur mon ordinateur professionnel.

B. (Anonyme) :

Un grand merci pour votre travail. J’ai offert la Framakey, donné des T-shirts. Bref je tente par tous les moyens de convaincre mon entourage que la voie est libre mais c’est long… J’installe beaucoup de logiciels que j’ai trouvé grâce à Framasoft sur les PC des amis sous Windows.
Pour les Linuxiens, dont je fait partie, la route est plus fleurie et respire moins l’odeur de la prison. Je soutiens également l’April, qui est proche de Framasoft.

J.M. (Courcy) :

Tout simplement indispensable…

Julien Reitzel - CC by-sa

Matthieu B. :

Je suis étudiant à Marne-la-Vallée et le moins que je puisse dire c’est que Framasoft nous apporte une aide inestimable, à moi et à mes amis. Et notamment Framapad qui nous permet de travailler en groupe via Internet pour préparer un exposé ou simplement refaire des exercices difficiles ensemble. Merci !

Karlito H. (Canada) :

Je découvre votre existence forcenée par l’intermédiaire de France Culture. Comme quoi les cellules fusiformes fonctionnent aussi entre les francs-tireurs du Net et la radio grande écoute ! Je vous garantie qu’elle va voyager la Framakey !
La classe ! Bravo et merci à toute l’équipe !

Romain B. (étudiant) :

Votre courage et persévérance ont déjà fait de nombreux adeptes dans mon entourage. Merci encore et bon courage !

Géraldine :

Vos solutions m’amènent à plus d’autonomie et d’indépendance. Depuis que j’utilise Ubuntu, je me sens en accord avec mes valeurs. Vive vous tous !

Antoine M. (Corenc) :

Ma transition vers un système Linux, libre de la suprématie d’un système commercial (ou pour mieux dire financier) que je ne nommerai pas ; traîne hélas en longueur. L’utilisateur a DROIT au choix d’un système d’exploitation et à des logiciels fiables et stables dans la durée, et à ce jour seule l’informatique libre offre ce choix.
L’informatique libre est une voie, un outil, vers une dimension plus digne, plus humaine du monde. C’est pourquoi j’apporte une brique de soutien à celles et ceux qui font des efforts pour diffuser et documenter librement Linux, pour le bien de tous les usagers, présents et à venir, pour un monde plus souriant. Merci à tous.

Anonyme :

Merci à Framasoft, qui est toujours pour moi le premier site ou j’effectue mes recherches pour trouver une solution libre à mes problèmes !

Julien Reitzel - CC by-sa

S. D. (Bédoin) :

Le libre, sa philosophie et son esprit sont l’avenir de l’humanité… Certains le voient comme une utopie, je le vois comme un immense espoir de rendre ses droits et devoirs à l’humain.

Romain G. (Tulle) :

Le monde du libre n’est pas simplement une histoire de logiciels. C’est une philosophie de partage qui constitue une alternative au modèle propriétaire en crise à l’heure actuelle. Utilisateur assidu des outils informatiques depuis longtemps, je n’ai vraiment compris la portée de ce mouvement que lors d’une conférence à la Fête de l’Huma, où divers intervenants m’ont ouvert les yeux sur ce que signifiait vraiment le mot « libre ».
Merci pour tous ce que vous avez fait jusque là, et surtout, ne baissez pas les bras.

Abdel : L

‘intérêt d’un site comme le vôtre est de répondre efficacement aux besoins des utilisateurs comme nous.

Tom Yao O. (Lomé) :

Bonjour, je suis enseignant dans un collège de Lomé au Togo. Et je trouve indispensable de garder cet esprit de liberté et ce vent d’altruisme qu’incarne le logiciel libre. Étant professeur d’informatique, il est important à mon sens d’encourager, de participer et de faire grandir cet esprit qui place l’homme au centre des préoccupations informatiques et non pas l’inverse. L’ordinateur reste une machine qui doit avant tout servir et aider l’Homme à dépasser sa propre condition. Aujourd’hui c’est l’homme qui est asservi par la technologie qui devient ainsi son maître.
Voila pourquoi les initiatives et entreprises comme Framasoft sont cruciales pour l’avenir de l’humanité. Les va-et-vient de la vie nous amènent souvent à oublier à quel point les entreprise telles que le logiciel libre sont des marques de la grandeur et de la haute qualité de l’âme humaine, que l’on devrait suivre et répandre pour tenter de « sauver ce monde ». C’est aussi pourquoi, tel un phare dans l’obscurité, Framasoft permet à des gens comme moi, perdu dans les méandres de la vie de se rappeler au détour d’une recherche sur Google, que « la vrai vie » est aussi dans la manière avec laquelle on pratique l’informatique.

Vasutek (auto-entrepreneur) :

Je suis un organisme de formation et propose un panel de formation en open source. Framasoft est de fait une plate-forme indispensable pour moi et un véritable outil de travail.

Anonyme (Suisse) :

Ce n’est pas à l’ordinateur, ni aux concepteurs de logiciels de nous contrôler… C’est à nous de contrôler l’ordinateur !

Dahmane B. (Algérie) :

C’un réel plaisir de sortir du diktat de Microsoft. Mon soutien, mes capacités, et mon énergie iront vers tout ce qui libre. La mondialisation est une réalité, mais partagée elle sera mieux supportée.
Merci pour tout.

Christian M. (Guadeloupe) :

La croisade du libre continue. Depuis des années maintenant, j’essaie de faire avancer le libre en motivant mes élèves à avoir leur machine sous Ubuntu, d’utiliser OOo, ou d’avoir à défaut une clé… Framasoft !

Jean-Guillaume N. (Chambéry) :

Bonjour, installé en libéral depuis peu, passer au libre m’a permis de me poser plus questions sur ce que veut dire « communauté », « solidarité » et « partage ». J’incite mes proches à essayer de sortir du « achat », « consommation » et « individualisme forcené ».

Daniel C. (Oise) :

Merci beaucoup à Framasoft qui représente à mes yeux le principe fondamental de liberté d’Internet et d’utilisation de l’ordinateur.
C’est grâce à des réseaux comme ceux-ci que notre civilisation évolue. Restons libre !

Thierry V. (EL Salvador) :

Je fréquente ce site extraordinaire que je recommande à tout le monde depuis des années. Des articles pertinents, une foultitude de logiciels, j’y ai trouvé de très nombreux programmes qui me servent tous les jours. Depuis quelques temps je participe en traduisant ou relisant sur Framalang.
Je viens de télécharger le framabook C en 20h, je l’aurais bien acheté mais le coût de l’envoi en Amérique Centrale est prohibitif. Donc j’ai décidé de soutenir ce site d’exception que je recommande à tous mes élèves et collègues..
Longue vie à Framasoft.

D. :

Merci beaucoup toute l’équipe de Framasoft de faire vivre la philosophie du libre à laquelle je suis très attaché, aussi bien politiquement que moralement.
Quand la coopération prouve qu’elle est bien plus riche que la concurrence, cela fait du bien.

Erwan F. (Paris) :

Je ne compte plus les trouvailles logicielles que j’ai pu faire par votre intermédiaire. Il était grand temps que je donne un petit quelque chose. Dont acte.

Fatouma A. (Djibouti) :

La valeur des logiciels libres ou de l’information ne peut pleinement se ressentir que dans les pays du Sud comme le mien où il est possible d’accéder à l’information et de la travailler sans que cela nous ruine !
Vous ne vous rendez pas compte à quel point vous êtes importants !

Julien Reitzel - CC by-sa

Yannick A. (Merville) :

Les logiciels libres sont l’exemple même de ce que l’on peut faire avec de l’intelligence et de la bonne volonté. Je vous souhaite de vous voir sortir de vos difficultés financières et de pouvoir continuer longtemps à nous rendre tous plus libres. Merci !

Christian H. (Sedan) :

Je suis un fan de Framasoft. Je parle de vous à qui veut l’entendre.

Anthony M. (Talence) :

Étant allergique aux livres mais passionné d’informatique, vous avez réussi à me donner envie de lire mon tout premier livre (la biographie de Richard Stallman) à 22 ans, c’est un exploit ! Vous méritez donc un don 🙂
J’ai profité de la lecture de cette biographie pour faire un exposé sur le sujet et ainsi faire passer le message dans mon université. Maintenant je viens de télécharger mon deuxième livre « Produire du Logiciel Libre » j’espère que cela sera passionnant et que je pourrais appliquer les conseils de ce livre.

J. C. (étudiant) :

Très bon site, pionnier en France, celui-ci m’as permit de faire connaissance avec le monde du libre alors qu’il n’était que bien peu répandu. Aujourd’hui que le grand publique s’ouvre au libre, votre site devient vraiment un acteur puissant du Web français.

G. (Paris) :

Merci au réseau Frama*. Merci pour avoir été une porte d’entrée dans le monde libre à une époque où je ne faisais pas la différence entre un logiciel libre, un « gratuiciel » ou encore un « partagiciel ».
Quelques années plus tard, me voila libriste convaincu, GNU/Linuxien de tous les instants, publiant à l’occasion quelques bouts de codes sous licence libre.

M. V. (Professeur) :

J’utilise assez peu (trop peu !) vos services, mais je serais vraiment ennuyée de ne plus pouvoir les utiliser du tout.

Sébastien W. (Belgique) :

Je trouve les billets du Framablog très intéressants (je n’ai malheureusement pas le temps de toujours tout lire) et je soutiens à fond Framasoft. Quand je dois donner l’adresse d’un site web à quelqu’un qui utilise encore Windows dans mon entourage pour savoir ce qu’il faut installer pour tel besoin, je donne toujours celle de Framasoft.

E. C. (Paris) :

Cela fait quelques années maintenant que je pratique les gratuiciels. C’est avec un grand plaisir que j’ai pu ajouter la notion de logiciel libre à ma pratique et que je la fait partager à mon entourage. Le site de Framasoft y est pour beaucoup puisqu’il est a ce jour ma référence pour trouver le soft qui me fait besoin.
Pas plus tard que dimanche dernier j’ai eu droit à un : « Où t’as trouvé ça ? C’est génial ». Ma réponse : « Framasoft est ton ami ».

K. A. (Montréal) :

Merci pour votre travail et surtout pour le livre Simple comme Ubuntu qui a facilité ma transition de Windows et OS X vers Ubuntu. J’utilise maintenant presque exclusivement Ubuntu sur mon propre ordi. Je viens de télécharger le framabook Pour aller plus loin avec la ligne de commande.
J’étudie pour devenir bibliothécaire et je pense que l’implantation du logiciel libre (avec des systèmes d’exploitation libre si possible) dans les bibliothèques est très importante et permettra d’introduire beaucoup de monde au logiciel libre. Pour ma part, le fait d’avoir utilisé Firefox à l’école et OpenOffice et GIMP chez moi depuis des années avant d’essayer Ubuntu m’a beaucoup aidé.

Anonyme (Dakar) :

Si tout le monde se contentait de vous dire merci seulement, Framasoft serait déjà de l’histoire ancienne.
Bravo et allez de l’avant !

Thomas M. (Marseille) :

Je suis de la génération qui a connu l’avant et l’après l’éclosion de l’informatique domestique. L’avant où étudiant j’ai pu voir l’arrivée de l’Internet dans les établissements de recherche scientifique, l’après lorsque le net a peu a peu conquis le monde de l’entreprise (à moins que ce ne soit le contraire). J’ai eu la chance d’être sensibilisé puis formé sur des systèmes UNIX, puis de prendre de plein fouet la vague Microsoft, pour revenir peu à peu à de plus sages résolutions vers Linux.
Aujourd’hui administrateur réseau et « dépatouilleur multitâche » dans une ONG, je dois une bonne part de mon expérience à des ressources issues du libre : toutes ces communautés qui partagent l’information sans arrière pensée, ces développeurs chevronnés qui créent sans rechercher ni la gloire ni le profit, ceux qui partagent pour le bien de tous. A mes yeux Framasoft fait partie de ce mouvement en faisant une promotion intelligente du libre, sans jamais stigmatiser tel ou tel choix, mais au contraire en apportant une aide à la décision à travers la pédagogie, la découverte et l’expérience.

Caroline G. (Massy) :

Merci pour vos logiciels libres… En tant qu’étudiant, ils m’ont permis de bosser de chez moi, car sans salaire, on ne peut pas acheter les licences. De plus, je trouve que bien souvent, vos logiciels sont plus intuitifs et surtout, avec la Framakey, j’ai pu mettre open office sur ma clé et travailler partout sans les problèmes de compatibilité.

David A. (Ardèche) :

Encore étudiant, je n’ai malheureusement pas de rentrée d’argent suffisante pour contribuer à l’évolution du réseau.
J’adhère (et je milite) énormément pour l’Open Source et j’utilise un maximum de logiciels développés sous cette philosophie. Je pense que les gens transhume, petit à petit, de leur « propriétarisme » au Libre mais il faut du temps. Comme dit Renaud : « Tous ces moutons effrayés par la Liberté » (Hexagone)
Tenez bon, je vous félicite pour tout votre travail et vous remercie encore !

Cédric V. :

Je voulais remercier Framasoft grâce à qui : – je suis sous GNU/LINUX depuis 5 ans après une phase de migration Windows + logiciels libres. J’ai pu découvrir une documentation importante dans un domaine qui m’intéressait (dernier exemple : je viens de finir la biographie de Stallman, terrible !). J’ai pu alors faire des conférences et des stages sur le logiciel libre dans le cadre d’un festival associatif.

Helem (Boé) :

Bon vent à Frama-doux qui synthétise et propose l’indispensable et le superflu de la sphère informatique libre et forcément un peu libertaire.

Guy H.L. (Louvigny) :

Tout récent adepte de la FUR alias Framakey Ubuntu Remix, je trouve votre concept absolument génial. Non seulement il permet de s’affranchir des logiciels et systèmes propriétaires qui représentent un danger majeur pour nos libertés et la sécurité informatique (Microsoft, Apple, Google, etc.) mais en plus il permet de rendre indépendantes les 3 fonctions de l’informatique que sont 1 la machine 2 le système 3 les données, que je stocke sur des supports amovibles.
Maintenant plus de virus, plus de cata quand ma machine casse ou que je ne l’ai pas sous la main et cela va bien plus vite qu’avec Windows. J’ai tout dans la poche ! Linux sur sa clé, mes données bureautiques sur une autre, les photos et vidéos sur un disque dur amovible ….et je peux retrouver mon environnement habituel sur n’importe quel machine !
C’est tellement simple et convivial que ma mère de 82ans qui n’a jamais pu se faire aux gadgets foireux de Microsoft, ne jure que par sa FUR qu’elle emmène dans sa poche chez ses enfants et petits enfants !
Génial, continuez et prospérez !

Xavier D. (Bazeilles) :

Linuxien depuis des années, je suis bien persuadé de la supériorité des logiciels libres, mais je soutiens Framasoft essentiellement parce ce site cultive le champ immense de la culture libre, champ voisin et fertile.
Dans la chaîne du savoir et de la culture partagés qui sont la culture d’aujourd’hui à l’heure d’internet, le maillon culturel et le maillon logiciel sont forgés chaque jour grâce à des organisations telles que Framasoft et je suis heureux de pouvoir les aider par un don modeste mais sincère.

Brise P. (Kinshasa) :

Je suis personnellement très émotionné de remarquer votre générosité : mettre en ligne et à disposition tous ces ouvrages en à peine publiés. C’est remarquable ! Je suis chrétien, tout ce que je demande est que mon Dieu bénisse votre oeuvre.

Julien Reitzel - CC by-sa

Alain L. (Pantin) :

J’ai le plaisir de participer au soutien de Framasoft, car dans une société ou la finance domine et entrave le monde, liberté et partage ont bien besoin d’être défendus.

E. B. (Limeil Brévannes) :

Cela fait quelques années que j’utilise des logiciels libres, pour la plupart découverts grâce à Framasoft. Firefox, bien sûr, The Gimp, évidemment, Inkscape, OOo, divers scripts PHP (Joomla, WordPress…), 7zip, VLC… Sans être un puriste (j’utilise également des logiciels propriétaires), je trouve l’écosystème du libre fascinant et promis à un bel avenir.
Framasoft occupe une place unique dans cette grande communauté, se chargeant de l’aspect communication, diffusion, promotion. C’est un rôle qu’il faut à tout prix maintenir pour que ce monde puisse grandir encore.
Alors, une fois n’est pas coutume, j’ai fini par mettre la main au porte monnaie, petite contribution pour des années de bons et loyaux services.
Bonne continuation à toute l’équipe !

T. B. (Saintes) :

Entre le forum, la Framakey, ce catalogue magique d’applications libres, le blog, etc… impossible de laisser tomber Framasoft !
C’est bien grâce à vous et à ceux que vous mettez en lumière que j’ai découvert l’enjeu du libre. Grâce à vous l’informatique a changé de nature pour moi.
Continuez, continuez, la liberté a besoin de vous !

John J. (Paris) :

Vous roxez et on vous aime. Vous êtes politique et intelligent, vous êtes journaliste et philosophe. Vous apportez vraiment beaucoup aux informaticiens et aux noobs. Vous êtes une base qui remet en question la propriété. Et ça c’est la classe !

Martin M. (professeur des écoles) :

Vous êtes un phare en ce qui a trait à l’utilisation de la technologie en pédagogie. Que de projets ai-je réalisé grâce à ce que vous m’avez inspiré…

Nicolas G. (président d’association d’éducation populaire) :

En tant que militant associatif, j’ai toujours trouvé des informations pertinentes et des idées pour mettre en place des solutions à la fois efficaces, pérennes, et correspondant à l’éthique de mon engagement militant. Par exemple, la Framakey fait partie du kit militant que nous distribuons aux responsables locaux (avec les framabook pour aller plus loin avec Open Office et Thunderbird). De plus, les analyses regroupées sur Framablog sont une vraie source de réflexion sur les logiciels libres, les droits d’auteurs, les brevets etc. Bref un grand merci et surtout continuez !

A. O. (Professeur – Yaoundé) :

Salut Framasoft, juste pour vous marquer ma profonde reconnaissance pour l’immense travail que vous faites pour la communauté du libre. Je suis enseignant d’informatique de lycées et collège au Cameroun et je travaille aussi dans la diffusion des logiciels libres à travers l’initiation des élèves à l’outil informatique sur des logiciels libres. Car tant il est dit que on n’oublie jamais sa première langue d’expression donc mes élèves certainement n’oublieront jamais les logiciels libres. J’ai beaucoup bénéficié de vos productions et je vous en suis profondément reconnaissant.

Frederic B. (Biganos) :

Pour moi, Framasoft, c’est la bible francophone du logiciel libre.

G. V. (étudiant – Saint-Étienne) :

Dans un pays où les académies restreignent de plus en plus l’information dans les écoles et où Hadopi fais régner l’injustice juridique. Framasoft permet de donner les moyens via des logiciels portables libre, d’avoir quand même accès à l’information. De plus la fraternité et la liberté omniprésente dans le monde du libre, dont fait partie votre site, est un souffle d’air frai pour tous.

Farid Z. (Maroc) :

Un grand merci a toute personne contribuant au Libre, C’est peut-être l’un des derniers rempart contre une hégémonie de l’argent, qui efface malheureusement toute notion de partage, et quelque part une partie de notre humanité. Bon courage à tous, que Dieu vous garde.

Cyrille L. (Les Farges) :

Depuis plusieurs années maintenant, je me suis mis au libre. Votre site est un incontournable et je vous en remercie. La richesse et la diversité des logiciels présents font qu’il serait fou d’aller voir du coté du non-libre. J’ai souvent conseillé votre site à des élèves recherchant des logiciels : les retours ont été très souvent positifs et de plus, cela leur a permis de comprendre quelque peu les enjeux du logiciel libre. Merci beaucoup.

W. (Australie) :

Grâce à vous, j’ai pu convaincre quelques bilingues anglais-français australiens que le meilleur du Web pouvait aussi se trouver du côté francophone. « May the force be with you » 😉

Anonyme (Afrique) :

Je veux juste vous dire un grand MERCI du fond du cœur. Je vis au Benin et je n’ai pas de carte de crédit pour vous soutenir financièrement. Mais heureusement, j’ai quelque chose de bien plus grand, une prière.
« Par la grâce du Dieu tout puissant, toutes les portes auxquelles vous frapperez pour demander soutien s’ouvriront et vous ne repartirez jamais les mains vides et votre activité ne cessera de grandir. Amen »
Continuez à faire ce que vous faites si bien avec un grand cœur. Essayez de voir dans quel mesure, nous qui somme dans des pays moins avancés nous pouvons vous faire parvenir notre petite contribution. Merci infiniment pour ce « Framamour du savoir libre ».

Anonyme :

Je suis un élève de 4ème, J’utilise la Framakey depuis que j’ai tapé par hasard sur Google (si je me souviens bien) « logiciel libre ». J’ai voulu essayer évidemment et ce fut le bonheur après la longue installation ! Nous devons tous soutenir le libre étant donné que c’est très pratique et pas cher ! Je suis un fan d’informatique et me promener avec cet utilitaire est ma fierté. Je l’ai fait découvrir à des élèves(et deux élève à côté de moi me regardent écrire ce texte).

Anonyme (professeur – Nantes) :

Merci depuis longtemps à vous pour les essais possibles de logiciels libres (vraiment libres, pas pseudo gratuiciels ou free-mes-couilles). Merci surtout pour votre indéfectible foi en un logiciel possiblement partagé et partageable (et toute la disponibilité dont vous avez su faire preuve et que j’admire tant elle me dépasse). Mais vous le savez : « Les créations de l’esprit humain appartiennent à l’humanité. ». Sommes de temps et d’argent n’étant point comptées mais seulement sommes de cultures humaines, incomptables par essence, puisque d’essence il n’y a point mais seulement une « sorte d’accumulation culturelle » que des paléo et autres anthropologues vous expliqueraient mieux que moi.

Philip S. (Marseille) :

La Framakey a libéré mon PC le PC sous Vista imposé par ma collectivité 🙁
J’espère qu’un jour les logiciels libres deviendront le standard pour l’administration et les collectivités en France. Je ne peux tolérer que l’argent public soit utiliser pour reverser des rentes à une multinationale américaine !

Stéfanie D. (Paris) :

Merci Framasoft de contribuer à améliorer la visibilité des logiciels libres en France, dans l’éducation, auprès des jeunes et auprès du grand public. Merci pour tes projets, merci d’y croire et de continuer à soutenir les logiciels libres et les faire avancer. Merci pour les articles du Framablog qui m’ont beaucoup appris et que je n’ai pas manqué de relayer. Longue vie à votre association !

Julien Reitzel - CC by-sa




The future is open et c’est Google qui le dit

Il y a 3 ans nous traduisions un article issu du blog de Google et rédigé par l’un de ses hauts gradés Jonathan Rosenberg : The meaning of open. Il y expliquait pourquoi et comment la célèbre entreprise prônait l’ouverture à tous ses étages.

Le même auteur récidive ici en dépassant la problématique Google pour affirmer non sans un certain optimisme (à l’américaine) que c’est le futur tout entier qui est désormais ouvert et que c’est très bien comme ça.

Remarque 1 : Nous avons choisi de traduire tout du long « open » par « ouverture » ou « ouvert ». L’adéquation n’est pas totalement satisfaisante, mais laisser le terme d’origine en anglais eut été selon nous plus encore source de confusion.

Remarque 2 (troll et hors-sujet ?) : À comparer avec la situation française où l’on semble actuellement beaucoup plus préoccupé de savoir ce que nous prend ou nous donne l’État que de promouvoir ou pratiquer l’ouverture. Sans oublier, évidemment, la fameuse taxe Google qui « sauvera » la presse !

John Martinez Pavliga - CC by

Le futur est ouvert

The Future Is Open

Jonathan Rosenberg – octobre 2012 – ThinkWithGoogle.com
(Traduction Framalang : nobo, peupleLa, KoS, Smonff, ehsavoie, tibs, Louson, goofy, Khyvodul, Pandark, lgodard, Kiwileaks)

Il y a trois ans, Jonathan Rosenberg, alors vice-président délégué à la gestion de la production, a écrit un mémo (NdT : que nous avions traduit) expliquant pourquoi les entreprises ouvertes seraient les gagnantes du futur. Aujourd’hui, consultant au service du management, il a vu la réalité dépasser ses rêves les plus fous.

Il y a bientôt trois ans, en décembre, j’ai envoyé un courriel à mes chers collègues de Google, pour essayer de donner une définition claire d’un terme galvaudé : Ouvert. Je trouvais gênant qu’entre nos murs, il prenne différents sens selon les personnes, et que trop de Googlers ne comprennent pas l’engagement fondamental de l’entreprise pour ce qui est ouvert. En me référant à la fois aux technologies ouvertes et aux informations ouvertes, j’ai présenté la philosophie sous-jacente à notre volonté de transparence. Rechercher des systèmes ouverts, avais-je argumenté, nous a menés, et continuera de nous mener vers deux résultats souhaitables : Google devient meilleur, et le monde avec lui.

L’argument était convaincant, et plus tard, un billet sur le blog de Google , « The Meaning of Open », permit de clarifier encore plus ce concept parfois difficile à appréhender. Dans les semaines qui ont suivi, j’ai reçu des messages pleins de profondeur de la part d’un public divers et varié : enseignants ou écrivains qui appréciaient ce point de vue de l’intérieur de Google, chefs d’entreprise qui m’expliquaient comment l’ouverture avait influencé leurs affaires, étudiants surpris d’une position qui allait entièrement à l’encontre de la stratégie de fermeture qu’on leur avait enseignée. Trois ans ont passé, et ce qui me saute aux yeux dans ce manifeste c’est que… j’avais tort !

On ne peut pas dire que le développement ouvert n’ait pas fait progresser Google et le reste du monde. Seulement c’est arrivé beaucoup plus vite que je ne l’avais imaginé. C’est au beau milieu d’un des gestes les plus banals du vingt-et-unième siècle que j’en ai pris conscience : je vérifiais mon téléphone, un Droid Razr Maxx. Je fixais la chose, et j’en voyais toute la diversité : deux douzaines d’applications, du New York Times à Flipboard, de Dialer One à OpenTable, de RunKeeper à SlingPlayer, créées par un tas de développeurs différents, sur un téléphone conçu par Motorola. Il m’est apparu que ce que je regardais n’était pas simplement un appareil mobile, mais l’incarnation physique de la façon dont un écosystème ouvert peut se disséminer à travers le monde presque du jour au lendemain.

Sans aucun doute, j’ai toujours senti que cette idée tenait debout – mais je n’avais pas anticipé l’ampleur avec laquelle les règles du jeu entre les secteurs privés et publics allaient être réécrites. C’est la conséquence de trois tendances techniques qui ont évolué à une vitesse étonnante. Premièrement : Internet rend l’information plus libre et omniprésente que ce que j’aurais pu croire ; pratiquement tout ce qui se passait hors ligne est maintenant en ligne. Deuxièmement : ce qui était une vision du potentiel des mobiles est vraiment devenu réalité, puisque les machines sont devenues plus puissantes et plus rapides que prévu, facilitant une portée globale et une connectivité sans précédent. Troisièmement : l’informatique dans le nuage (NdT : Cloud computing) a permis une puissance de calcul infinie à la demande. Et nous sommes loin d’avoir fini. Alors même que j’écris ces lignes, Google Fiber s’apprête à déployer un service à un gigabit à Kansas City, indice que la connectivité est sur le point de franchir une nouvelle limite.

La conjonction de ces progrès techniques a un effet paradoxal : aussi nouveaux soient-ils, ils finissent par ramener les entreprises aux fondamentaux. La gamme et la qualité des produits sont maintenant les facteurs les plus importants pour déterminer le succès d’une entreprise. Historiquement, les entreprises pouvaient profiter d’une pénurie d’information, de connectivité ou de puissance de calcul pour attirer et conserver leurs clients et repousser les concurrents.

De nos jours, les clients peuvent prendre des décisions bien plus éclairées en accédant aux informations des autres consommateurs. En effet, ils renforcent mutuellement leur pouvoir de décision par leurs échanges via des sites comme Yelp et toute une flopée de réseaux sociaux. Une société ne peut plus complètement contrôler l’environnement de ses clients. Au moment où les frontières de la distribution se sont effondrées – pensez aux moyens de transports mondialisés et bon marché, pensez aux étalages infinis des détaillants en ligne – les consommateurs ont de plus en plus de contrôle par eux-mêmes. Avec ce nouveau paradigme, et des marchés toujours plus compétitifs, les sociétés n’ont plus d’autre choix que de se concentrer sur la qualité et les gammes de produits. Si elles ne le font pas, une autre le fera à leur place.

Avec autant de changements en si peu de temps la nécessité de l’ouverture s’est imposée comme une tactique commerciale décisive pour atteindre à la fois l’excellence et la déclinaison des produits. Ouvrir un produit à toute une armée de créatifs est le plus court chemin pour créer de l’innovation et de la diversité, puisque cela permet à chaque contributeur de se focaliser sur ce qu’il fait le mieux et que cela encourage les contributions d’un public le plus large possible.

Chrome et Android, qui ont tous deux décollé depuis que « The Meaning of Open » a été publié, illustrent parfaitement ce principe. Avec chacun d’eux, nous avons maintenu un seul objectif simple dès le début : rendre le produit aussi robuste que possible. Comme nous l’avons appris maintes et maintes fois, il n’y a pas de route plus rapide et plus fiable qu’une route ouverte : davantage de mains travaillant sur un même produit ne peuvent que l’améliorer. L’ouverture permet de prototyper un concept, ou de le tester dans ses toutes premières étapes. Qui plus est, les systèmes ouverts tolèrent mieux les défaillances – et attirent une communauté d’utilisateurs plus fidèles. Ils savent que la motivation première d’un système ouvert est l’excellence ; si la société essaie d’imposer un autre agenda, la communauté de développeurs le repérera immédiatement et se révoltera. En proposant un produit ouvert, la société renonce à la possibilité de faire autre chose que de le rendre meilleur pour l’utilisateur.

Les résultats parlent d’eux-mêmes. Si vous possédiez un smartphone en 2006, il y a des chances pour que « Blackberry » ou « Nokia » ait été inscrit dessus. Il y a encore trois ans, Android représentait à peine 5% du marché. Aujourd’hui nous avons dépassé les 51%, et il y a de fortes chances pour que votre smartphone ait été fabriqué par Samsung, HTC, Motorola ou un autre partenaire d’Android.

Android a même débarqué dans des secteurs que nous n’avions pas anticipés, tels que les téléviseurs, les voitures, les avions, et même les appareils domestiques. (Voyez Ouya, une nouvelle console de jeux vidéo basée sur Android. Sans un Android ouvert, ce genre d’innovation n’existerait pas). Il semble clair à présent que si vous vous investissez dans un système ouvert, vous vous engagez dans une compétition perpétuelle pour garder votre place d’innovateur principal.

La question de l’ouverture n’a pas été moins opérante pour le navigateur Chrome, qui s’est construit par dessus le projet open source Chromium. Aujourd’hui, Chrome est sept fois plus rapide qu’il ne l’était lorsqu’il a été lancé il y a à peine 4 ans, et le nouveau code est disponible pour le monde entier à mesure qu’il se développe. Travailler ainsi au grand jour rend plus difficile le fait d’avoir des agendas cachés ou quoi que ce soit de dissimulé ; faites mal les choses, et une communauté mondiale de développeurs vous repérera instantanément.

Faire de l’ouverture une tactique commerciale peut nécessiter de nouvelles compétences organisationnelles. La vitesse est primordiale, comme l’est la rigueur du processus de décision. Un écosystème ouvert encourage le bouillonnement d’idées. Or trouver de bonnes idées, c’est facile ; ce qui est difficile, c’est de choisir parmi elles. L’ouverture des données peut offrir un avantage concurrentiel important aux entreprises, mais seulement si elles sont correctement positionnées pour pouvoir en profiter. L’autre tactique — qui est notamment utilisée par Apple et nos équipes de recherche — est de garder le système plus fermé, et d’y exercer un contrôle total. Cette approche nécessite son propre jeu de compétences organisationnelles, au-delà de la vitesse d’exécution, puisque l’excellence du produit et son innovation prennent leur source uniquement en interne. Les deux approches peuvent évidemment toutes les deux réussir, mais selon notre expérience, quand il s’agit de construire une plateforme entière, l’ouverture est le chemin le plus sûr vers la réussite.

Heureusement, de plus en plus d’organisations perçoivent ce message. Dans Wikinomics, les auteurs Don Tapscott et Anthony D. Williams racontent l’histoire de Goldcorp, une entreprise de mines d’or de Toronto, qui semblait sur le déclin à la fin des années 90. Face à un marché en baisse, une foule de problèmes internes et ce qui semblait être un filon épuisé, le PDG Rob McEwen fit précisément l’inverse de ce que n’importe quel livre sur le business dirait : il commença par donner le peu que l’entreprise avait encore.

Plus exactement, il publia sur le site de l’entreprise 400 Mo d’informations concernant le site minier de 220 kilomètres carrés de Goldcorp. Plutôt que de conserver jalousement ses derniers lambeaux d’information propriétaire, il offrit un prix de 500,000$ à quiconque parviendrait à utiliser ces données, afin de trouver de l’or contenu dans le sol. Ce fut un énorme succès. Plus de 80% des cibles identifiées par le public donnèrent des quantités significatives d’or. Avec ce petit investissement initial, la société tira du sol l’équivalent plus de 3 milliards de dollars en or.

Évidemment, McEwen était seulement en train de s’accorder avec les principes profonds du mouvement open source. Dans les premiers jours confus de l’internet, une éthique d’universalité et d’égalitarisme s’était propagée. « Les jardins cernés de murs (NdT : Walled gardens), tout plaisants qu’ils soient, ne pourront jamais rivaliser en diversité, en richesse et en innovation avec le marché fou et palpitant du Web de l’autre côté du mur » a écrit Tim Berners-Lee, l’inventeur du World Wide Web. Google a toujours prospéré sur cette diversité, cette richesse et cette innovation. C’est ce qui nous a permis de lancer des créations comme Chrome et Android, et c’est ce qui a permis à une entreprise d’extraction vétuste d’éblouir le monde avec des succès similaires et pour des raisons similaires.

Aussi spectaculaire que soit l’histoire de Goldcorp, c’est seulement la partie émergée de l’iceberg. En effet, ce qui avait commencé comme un concept de geek au sein de communautés scientifiques s’est propagé dans tous les domaines, des affaires à la politique, de la santé à l’éducation et bien au-delà. Chez Google, nous envisageons un certain nombre de possibilités au-delà du secteur technique, où l’ouverture pourrait amener des progrès modestes et immenses à la fois.

L’éducation

De Stanford à la Corée, des universités et des enseignants du monde entier commencent à distribuer gratuitement des contenus éducatifs de très grande qualité sous licence libre. Qui plus est, des personnes vivant dans les endroits les plus reculés ont de plus en plus accès à ces contenus. La bande passante et la connectivité ont fait sauter de nombreuses barrières de la société en matière d’éducation.

Tout au bout d’un long chemin de terre à Bombay, un étudiant muni d’un téléphone peut maintenant suivre les cours du MIT au plus haut niveau. De façon tout aussi intéressante, ce même étudiant peut devenir professeur. Grâce à des organisations véritablement démocratiques, telles que la Khan Academy, une organisation à but non lucratif, qui propose en ligne plus de 3 000 cours en vidéo. Partout dans le monde des personnes peuvent à la fois disposer de et contribuer à une bibliothèque de ressources qui ne cesse de croître, depuis des leçons de physique jusqu’à des manuels de finance. Nous savons déjà à quel point l’éducation publique a transformé la société au cours du vingtième siècle. Les possibilités offertes par une éducation ouverte et en ligne semblent tout aussi illimitées.

Les gouvernements

Prétendre à la transparence gouvernementale est une chose mais des exemples comme celui du Canada avec sa Déclaration officielle de Gouvernement Ouvert, en sont une autre. Ce document reconnaît l’ouverture comme un état actif et non passif : il ne s’agit pas seulement de donner aux citoyens un libre accès aux données chaque fois que possible, mais bien de définir une « culture active de l’engagement » comme finalité de ces mesures.

Tandis que toujours plus de villes, de régions et de gouvernements fédéraux avancent dans cette direction, il y a tout lieu de croire que cela finira par payer financièrement (au moment où les données GPS ont été mises en libre accès public à la fin des années 80, par exemple, on estime que les services commerciaux qui en ont tiré parti ont contribué à hauteur de 67.6 milliards de dollars à la valeur économique des États-Unis). À l’inverse, on pourrait dire que lorsque le régime égyptien a verrouillé Internet en janvier 2011, cela a poussé les citoyens à descendre dans la rue pour avoir plus d’informations, et à venir grossir les foules de la place Tahrir. Il est ici probable que le retour à un système plus fermé ait accéléré la chute du gouvernement.

Le système de santé

PatientsLikeMe est un site de réseautage social de santé construit sur des bases de données ouvertes du Département de la Santé des États-Unis. Il ouvre la voie à d’autres initiatives, comme procurer aux patients des moyens de partager des informations et d’apprendre entre personnes souffrant de symptômes similaires. Les chercheurs pourraient également tirer profit de plus d’ouverture dans l’industrie.

L’ouverture des données sur la santé pourrait permettre à des études épidémiologiques à grande échelle de réaliser des percées importantes tout en mettant en place des garde-fous plus forts que jamais pour assurer au patient le respect de la confidentialité. En mettant à la disposition des chercheurs son registre des malformations congénitales, la Californie a permis aux médecins d’accéder à une mine d’informations relatives à l’impact des facteurs environnementaux sur la santé. Et bien sûr, Google Flu Trends a déjà prouvé sa pertinence pour analyser et prévoir l’arrivée d’un virus particulier, tout simplement en permettant que l’information soit partagée et rassemblée.

La science

Chercheurs, institutions, et agences de financement du monde entier commencent à prendre conscience qu’un meilleur partage et une meilleure collaboration sur les résultats de recherches scientifique peuvent mener à des recherches plus rapides, plus efficaces, de meilleure qualité et d’un meilleur impact général. En tant que commissaire européen, Neelie Kroes faisait récemment remarquer dans un discours sur la science et les politiques du libre en Europe, « les chercheurs, les ingénieurs et les petites entreprises ont besoin d’accéder aux résultats scientifiques rapidement et facilement. Si ce n’est pas possible, c’est mauvais pour les affaires ».

Un meilleur accès aux recherches scientifiques peut stimuler l’innovation dans le secteur privé et aider à résoudre des défis importants auxquels le monde doit faire face (les Google ‘Fusion Tables sont un outil que les scientifiques peuvent utiliser pour partager et collaborer sur des ensembles de donnés disparates). Pendant ce temps, l’ouverture dans le domaine scientifique signifie l’ouverture à de tout nouveaux participants. Après avoir échoué pendant plus d’une décennie à résoudre la structure d’une enzyme protéase provenant d’un virus ressemblant au SIDA, les scientifiques ont proposé le défi à la communauté des joueurs. En utilisant le jeu en ligne Foldit, les joueurs ont pu résoudre ce problème en trois semaines.

Les transports

En libérant les données des transports publics, les gouvernements permettent aux entrepreneurs de créer des applications basées sur ces données, et ainsi d’améliorer l’expérience des citoyens ; ces derniers peuvent également utiliser ces données ouvertes pour signaler des problèmes d’infrastructure. Chez Google, nous avons déjà pu observer comment cela fonctionne. Lorsque nous avons commencé à organiser les informations géographiques mondiales, nous avons constaté que, pour de nombreux endroits, il n’existait tout simplement pas de carte correcte. Nous avons donc créé MapMaker, un outil de cartographie participative qui permet à chacun de créer des annotations sur Google Maps. C’est avec cela qu’un réseau de citoyens cartographes est né, traçant en deux mois plus de 25 000 kilomètres de routes précédemment non cartographiées au Pakistan.

Les tendances technologiques convergentes sont maintenant sur le point de modifier, en fait elles ont déjà commencé à le faire, les domaines historiquement fermés, secrets et dormants. « L’avenir des gouvernements, c’est la transparence,» écrivais-je il y a un an, «L’avenir du commerce, c’est la symétrie de l’information. L’avenir de la culture, c’est la liberté. L’avenir de la science et de la médecine, c’est la collaboration. L’avenir du divertissement, c’est la participation. Chacun de ces avenirs dépend d’un Internet ouvert. »

Je mettrais juste un bémol. Étant donnés les changements radicaux auxquels nous avons assisté ces trois dernières années, le défi s’est déplacé. Nous devons viser plus loin même que l’Internet ouvert. Les institutions dans leur ensemble doivent continuer à adhérer à cette philosophie. Atteindre ces futurs objectifs ne sera pas chose facile. Mais je suis content de pouvoir dire que nous en sommes plus proches que jamais.

Crédit photo : John Martinez Pavliga (Creative Commons By)




Un logiciel libre n’est pas toujours collaboratif et de qualité

Voici un titre étrange pour un blog comme le nôtre.

Oui il existe des logiciels libres de mauvaise qualité qui ne souffrent pas la comparaison avec leurs concurrents propriétaires ! Et oui encore la majorité des logiciels libres sont uniquement développés par un seul et unique contributeur : leur créateur !

Face à de tels logiciels, les partisans de l’open source pleurent car ils détruisent aussi bien leur argumentaire pratico-technique que le mythe de la collaboration spontanée. Les partisans de logiciel libre envisagent quant à eu les choses différemment car ce qu’ils voient avant tout c’est que le logiciel est libre.

Le logiciel libre n’est pas meilleur en pratique mais il est libre en théorie et c’est bien ça le plus important…

Remarque : Cette traduction est le fruit d’une coopération entre Framasoft (et son énergie plurielle présente sur Framalang et les réseaux sociaux) et l’April (via son équipe de traduction du site GNU.org)

James Rickwood - CC by

Quand le logiciel libre n’est pas meilleur, en pratique

When Free Software Isn’t (Practically) Better

Benjamin Mako Hill – GNU.org
Licence Creative Commons By-Nd – Version du 6 octobre 2012
(Traduction : Framalang et l’équipe Trad-GNU de l’April)

Les objectifs affichés par l‘Open Source Initiative sont les suivants : « L’open source est une méthode de développement logiciel qui exploite la puissance d’une évaluation décentralisée, par les pairs, et la transparence des processus. Les promesses de l’open source sont une meilleure qualité, une plus grande fiabilité, davantage de flexibilité, un moindre coût et la fin d’une situation permettant à des fournisseurs rapaces de verrouiller leurs produits. »

Depuis plus de dix ans maintenant, la Free Software Foundation ne cesse d’argumenter contre la qualification d’« open source » dont on affuble le mouvement du logiciel libre. Si nous, les partisans du logiciel libre, réfutons ce qualificatif d’« open source », c’est surtout parce que nous considérons qu’il s’agit d’un effort volontaire pour réduire la portée de notre message de liberté et masquer le rôle de notre mouvement dans le succès du logiciel que nous avons bâti. Si nous disons que le terme « open source » est mauvais, c’est fondamentalement parce qu’il tente d’éviter toute discussion à propos de la liberté du logiciel. Mais il y a une autre raison pour laquelle nous devrions nous méfier du cadre « open source ». L’argument fondamental de l’open source, tel qu’il est défini dans la déclaration ci-dessus, est souvent incorrect.

Malgré la suggestion de l‘Open Source Initiative, que « la promesse de l’open source est une meilleure qualité, une plus grande fiabilité, plus de flexibilité », cette promesse n’est pas toujours honorée. Bien que nous ne le mettions pas souvent en avant, tout utilisateur d’un logiciel libre aux premiers stades de son développement peut expliquer que ce logiciel n’est pas toujours aussi pratique, sur le plan purement fonctionnel, que ses concurrents privateurs[1] Un logiciel libre est parfois de piètre qualité. Il n’est pas toujours très fiable. La souplesse lui fait parfois défaut. Si les gens prennent les arguments en faveur de l’open source au sérieux, ils doivent expliquer pourquoi l’open source n’a pas tenu ses « promesses » et conclure que des outils privateurs seraient un meilleur choix. Il n’y a aucune raison pour que nous fassions de même.

Richard Stallman parle de cela dans son article « Pourquoi l’open source passe à côté du problème que soulève le logiciel libre » lorsqu’il explique : « L’open source repose sur l’idée qu’en permettant aux utilisateurs de changer et redistribuer le logiciel, celui-ci en sortira plus puissant et plus fiable. Mais cela n’est pas garanti. Les développeurs de logiciels privateurs ne sont pas forcément incompétents. Parfois ils produisent un programme qui est puissant et fiable, même s’il ne respecte pas la liberté de l’utilisateur. »

Pour l’open source, la mauvaise qualité d’un logiciel est un problème à analyser ou une raison de fuir ce logiciel. Pour le libre, c’est un problème à résoudre. Pour les partisans du libre, les bogues et les fonctionnalités manquantes ne sont jamais une raison d’avoir honte. Tout logiciel qui respecte la liberté de ses utilisateurs possède un avantage inhérent sur son concurrent privateur. Même s’il a ses propres problèmes, un logiciel libre a toujours la liberté.

Bien évidemment, tout logiciel libre doit commencer quelque part. Un nouveau programme, par exemple, a peu de chances d’offrir plus de fonctionnalités qu’un programme privateur déjà établi. Un projet commence avec de nombreux bogues et s’améliore avec le temps. Alors que les partisans de l’open source peuvent argumenter qu’un projet deviendra utile avec du temps et un peu de chance, un projet libre représente pour les partisans du logiciel libre une importante contribution, dès le premier jour. Chaque logiciel qui donne aux utilisateurs le contrôle sur leur technologie est un pas en avant. L’amélioration en qualité due à la maturation d’un projet n’est que la cerise sur le gâteau.

Un second point, peut-être plus accablant encore, est que le processus de développement collaboratif, distribué, évalué par les pairs, qui est au cœur de la définition de l’open source, ne ressemble que de loin à la manière dont sont développés en pratique la plupart des projets sous licence libre (ou « open source »).

Plusieurs études universitaires menées sur les sites d’hébergement de logiciels libres SourceForge et Savannah ont démontré ce que beaucoup de développeurs de logiciels libres ayant mis en ligne une base de code savent déjà : la grande majorité des projets libres ne sont pas particulièrement collaboratifs. Le nombre médian de contributeurs à un projet de logiciel libre sur SourceForge ? Un. Un développeur solitaire. Les projets de SourceForge du quatre-vingt-quinzième centile en termes de nombre de participants n’ont que cinq contributeurs. Plus de la moitié de ces projets libres, et même la plupart des projets qui ont fait plusieurs versions à succès et ont été téléchargés fréquemment sont l’œuvre d’un seul développeur avec un peu d’aide de l’extérieur.

En insistant sur la puissance du développement collaboratif et de « l’évaluation décentralisée par les pairs », l’approche open source semble ne pas avoir grand chose à dire, dans la majorité des cas, sur les raisons pour lesquelles on devrait contribuer à un projet libre ou se servir d’un logiciel en développement. Puisque les avantages supposés de la collaboration ne peuvent être constatés quand il n’y a pas de collaboration, la grande majorité des projets de développement libres n’ont pas d’avantage technique sur leurs concurrents privateurs.

Pour les partisans du logiciel libre, ces mêmes projets sont tous vus comme des succès importants. Comme chaque logiciel libre respecte la liberté de ses utilisateurs, les partisans du libre peuvent argumenter qu’il possède au départ un avantage éthique intrinsèque sur les concurrents privateurs – même sur ceux qui proposent plus de fonctionnalités. En insistant sur la liberté plutôt que sur les avantages pratiques, la défense du logiciel libre est ancrée dans la réalité technique d’une façon qui manque souvent à l’open source. Quand le logiciel libre est meilleur, nous pouvons nous en réjouir. Quand il ne l’est pas, nous n’avons pas à considérer cela comme une attaque dirigée contre lui ni même comme un argument valable contre l’utilisation du logiciel en question.

Les partisans de l’open source doivent défendre leur thèse selon laquelle le logiciel développé librement devrait, ou devra avec le temps, être meilleur que le logiciel privateur. Les militants du logiciel libre peuvent quant à eux demander : « Comment peut-on rendre le logiciel libre meilleur ? » Dans le cadre du libre, les logiciels de haute qualité existent comme un moyen plutôt que comme une fin en soi. Les développeurs de logiciels libres doivent s’efforcer de créer des logiciels fonctionnels, flexibles, qui servent bien leurs utilisateurs. Mais ceci n’est pas le seul moyen de progresser vers la réalisation d’un objectif qui est à la fois plus simple et bien plus important : respecter et protéger leurs libertés.

Bien sûr, nous ne cherchons pas à nier que la collaboration joue un rôle important dans la création de logiciels de haute qualité. Dans la plupart des projets libres ayant réussi, ce fut d’ailleurs le cas. Il faut comprendre, soutenir et développer la collaboration, plutôt que de considérer dogmatiquement qu’elle va de soi, quand bien même les faits sont là pour montrer le contraire.

Crédit photo : James Rickwood (Creative Commons By)

Notes

[1] Autre traduction de proprietary : propriétaire




Cher Facebook, je suis venu te dire que je m’en vais…

Le témoignage d’une « single mom of two rowdy boys ».

Décalage. Plus vous avez d’amis et plus vous vous enfermez dans une posture positive de vous-même qui finit par ne plus vous correspondre.

Geoff Livingston - CC by-sa

Adieu Facebook

Goodbye facebook

TechSavvyButterfly – 27 juin 2012 – Blog personnel
(Traduction Framalang : Lamessen, Goofy)

Mettons les choses au point : ceci n’est pas une attaque au lance-flammes contre Facebook

Cela dit, je réalise une petite expérience en désactivant mon compte Facebook. Pourquoi, me direz-vous ?

J’ai d’abord rejoint Facebook pour rester en contact avec un groupe d’amis que j’avais rencontrés sur un forum de vente directe. Je quittais les ventes directes et je ne visitais plus le forum, mais je voulais rester en contact avec les amis que j’avais rencontrés là bas. C’était mes tout premiers Amis internet et ils représentaient beaucoup pour moi, même si je ne pouvais pas vraiment continuer à suivre leurs discussions plus longtemps. Ces amis m’ont connue dans l’une des périodes les plus difficiles de ma vie, quand je manquais d’argent et que ma relation amoureuse était au plus mal. J’avais quelques amis de « la vraie vie » d’enregistrés et d’un coup j’avais cette merveille, ce jardin clos incroyable sur lequel je pouvais tout dire, sans soucis. Je pestais, Je délirais, je criais, je rigolais – au début ce groupe initial a vu une version non filtrée de moi.

Ensuite, les connaissances des études supérieures, les contacts professionnels et la famille plus éloignée m’ont trouvé. J’ai très tôt pris la décision de garder mes contacts professionnels au maximum hors de Facebook. je suis content de l’avoir fait, mais mes posts ont été de plus en plus filtrés au fur et à mesure que la liste d’amis grandissait. Maintenant il ne voient qu’une façade, les faits marquants puisque j’ai enfilé le masque heureux. Mes amis les plus proches connaissent toujours la vérité via messagerie instantanée, les sms et les appels téléphoniques, mais Facebook nous a appris à communiquer les uns avec les autres de façon communautaire.

Facebook était devenu un moyen d’améliorer notre communication plutôt que de la remplacer. Je me sentais subitement connectée à mes amis et heureuse de lire leurs messages, de voir des photos de ce qu’ils mangeaient et de partager certains moments de vie avec eux. La partie la plus sympa ? Nous échangions tous des commentaires sur les mises à jour et les photos des uns et des autres. Nos conversations débordaient de la vie réelle vers le domaine numérique. Dans l’ensemble, nous avions grandi si proches les un des autres que nos vies s’entrecroisaient et se rapprochaient, en utilisant Facebook comme un catalyseur.

Puis quelque chose a changé

Mes amis n’y sont pour rien. Les algorithmes de Facebook priorisent de ce qui apparaît dans le fil d’actualité et il est maintenant rempli de chaînes, de re-partages et de fans fictions. Au lieu de voir les vraies mises à jour de mes amis, je vois du contenu qui n’a même pas un vague rapport avec moi. Voici un exemple classique : j’ai simplement pensé qu’une de mes amies n’utilisait pas souvent Facebook. Un soir, devant une pizza et un verre de vin, elle me parle d’une rupture et d’un poème qu’elle a posté. Je n’avais jamais vu ce poème. Quand j’ai visité son journal, j’ai réalisé qu’elle avait posté tous les jours et que ça ne s’était jamais affiché dans mon fil d’actualité. Au lieu de cela, je vois la photo de quelqu’un que je ne connais pas; parcourant mon fil d’actualité simplement parce que l’un de mes amis a « aimé » ça et que le posteur initial n’a pas correctement mis en place ses paramètres de confidentialité. Et ne me lancez pas sur les paramètres de confidentialité, c’est un sujet totalement différent qui mériterait une ribambelle de billets.

Facebook est devenu moins personnel

En discutant avec une amie, je commence à partager une histoire que j’avais postée plus tôt sur Facebook. Comme elle n’avait pas commenté ou « aimé » le post, je supposais qu’elle ne l’avait pas vue. Pourtant, elle coupa court à mon histoire: « Oui, j’ai vu ton post sur Facebook ». Et ce fut tout. Pas d’échange, pas de joie de discuter ensemble, juste des amis qui s’observent les uns les autres à distance. Je suis coupable, je l’ai fait aussi. Nous sommes devenus des navires tranquilles, voguant dans le silence noir de la nuit.

J’ai pris une décision

Je ne veux plus que mes amis me regardent passivement comme si j’étais devenu un peepshow et je ne veux plus considérer leur vie de cette façon-là non plus. Je veux que nous parlions. Je veux un e-mail personnel. Je veux trouver une façon de partager des photos qui nous encourage à en discuter les uns avec les autres. Je veux glousser lors d’un repas à propos d’événements aléatoires et qu’on pleure ensemble devant un verre de vin lorsqu’on a le cœur brisé. En gros, je veux retrouver mes amis. Et la seule façon de le faire, c’est de couper le cordon.

Crédit photo : Geoff Livingston (Creative Commons By-Sa)