Non à la privatisation du domaine public par la Bibliothèque nationale de France !

L’association COMMUNIA, l’Open Knowledge Foundation France, La Quadrature du Net, Framasoft, Regards Citoyens, Veni Vidi Libri, le Parti Pirate, Libre Accès et SavoirsCom1 publient ce jour un communiqué dénonçant la signature par la BNF, le Commissariat aux investissements d’avenir et le ministère de la Culture et de la communication d’accords qui privatisent l’accès numérique à une part importante de notre patrimoine culturel.

Massimo Barbieri

Paris, le 18 janvier 2013 — Le ministère de la Culture a annoncé hier la conclusion de deux accords, signés entre la Bibliothèque nationale de France et des firmes privées, pour la numérisation de corpus de documents appartenant pour tout (livres anciens) ou partie (78 et 33 tours) au domaine public. Les fonds concernés sont considérables : 70 000 livres anciens français datant de 1470 à 1700, ainsi que plus de 200 000 enregistrements sonores patrimoniaux. Ces accords, qui interviennent dans le cadre des Investissements d’avenir et mobilisent donc de l’argent public, vont avoir pour effet que ces documents ne seront pas diffusés en ligne, mais uniquement sur place à la BnF, sauf pour une proportion symbolique.

Ces partenariats prévoient une exclusivité de 10 ans accordée à ces firmes privées, pour commercialiser ces corpus sous forme de base de données, à l’issue de laquelle ils seront mis en ligne dans Gallica, la bibliothèque numérique de la BnF. Les principaux acheteurs des licences d’accès à ces contenus seront des organismes publics de recherche ou des bibliothèques universitaires, situation absurde dans laquelle les acteurs du service public se retrouveront contraints et forcés, faute d’alternative à acheter des contenus numérisés qui font partie du patrimoine culturel commun.

Les conditions d’accès à ces éléments de patrimoine du domaine public seront restreintes d’une façon inadmissible par rapport aux possibilités ouvertes par la numérisation. Seule la minorité de ceux qui pourront faire le déplacement à Paris et accéder à la BnF seront en mesure de consulter ces documents, ce qui annule le principal avantage de la révolution numérique, à savoir la transmission à distance. Partout enFrance et dans le monde, ce sont les chercheurs, les étudiants, les enseignants, les élèves, les amateurs de culture, les citoyens qui se trouveront privés de l’accès libre et gratuit à ce patrimoine.

La valeur du domaine public réside dans la diffusion de la connaissance qu’il permet et dans la capacité à créer de nouvelles œuvres à partir de notre héritage culturel. Sa privatisation constitue une atteinte même à la notion de domaine public qui porte atteinte aux droits de chacun. Ces pratiques ont été condamnées sans ambiguïté par le Manifeste du domaine public, rédigé et publié par le réseau européen COMMUNIA financé par la Commission européenne :

Toute tentative infondée ou trompeuse de s’approprier des œuvres du domaine public doit être punie légalement. De façon à préserver l’intégrité du domaine public et protéger ses usagers de prétentions infondées ou trompeuses, les tentatives d’appropriation exclusive des œuvres du domaine public doivent être déclarées illégales.

Les institutions patrimoniales doivent assumer un rôle spécifique dans l’identification efficace et la préservation des œuvres du domaine public. (…) Dans le cadre de ce rôle, elles doivent garantir que les œuvres du domaine public sont accessibles à toute la société en les étiquetant, en les préservant et en les rendant librement accessibles.

À titre de comparaison, les partenariats validés par le ministère de la Culture aboutissent à un résultat encore plus restrictif pour l’accès à la connaissance que celui mis en œuvre par Google dans son programme Google Livres, dans lequel les ouvrages restent accessibles gratuitement en ligne sur le site des institutions partenaires. La mobilisation de l’emprunt national n’aura donc en aucun cas permis de trouver une alternative acceptable aux propositions du moteur de recherche.

Le ministère de la Culture affirme dans son communiqué que ces partenariats sont compatibles avec les recommandations du Comité des sages européens « A New Renaissance ». C’est à l’évidence faux, le rapport du Comité des sages admettant que des exclusivités commerciales puissent être concédées à des firmes privées pour 7 ans au maximum, mais insistant sur la nécessité que les documents du domaine public restent accessibles gratuitement en ligne, y compris dans un cadre transfrontalier. Plus encore, les accords sont en flagrante contradiction avec la Charte Europeana du Domaine Public (pdf) alors même que l’un de ses signataires occupe aujourd’hui la présidence de la fondation Europeana.

Par ailleurs, le rapport du Comité des sages énonce comme première recommandation que les partenariats public-privé de numérisation soient rendus publics afin de garantir la transparence, ce qui n’est pas été fait ici. L’opacité a régné de bout en bout sur la conclusion de ces partenariats, au point qu’une question parlementaire posée au ministère de la Culture par le député Marcel Rogemont est restée sans réponse depuis le 23 octobre 2012, alors même qu’elle soulevait le problème de l’atteinte à l’intégrité du domaine public. Enfin, les partenariats publics-privés ont été récemment dénoncés par l’Inspection générale des finances dans un rapport commandé par le ministre de l’Économie, Pierre Moscovici, et par celui du Budget, Jérôme Cahuzac. Ces partenariats sont jugés trop onéreux, trop risqués, trop complexes et trop profitables aux seuls intérêts privés.

Nous, associations et collectifs signataires de cette déclaration, attachés à la valeur du domaine public et à sa préservation comme bien commun, exprimons notre plus profond désaccord à propos de la conclusion de ces partenariats et en demandons le retrait sans délai. Nous appelons toutes les structures et personnes partageant ces valeurs à nous rejoindre dans cette opposition et à manifester leur désapprobation auprès des autorités responsables : BnF, Commissariat général à l’investissement et ministère de la Culture. Nous demandons également la publication immédiate du texte intégral des accords.

Contacts presse

  • L’Open Knowledge Foundation France L’Open Knowlegde Foundation (OKFN) est une organisation à but non lucratif fondée en 2004 à Cambridge qui promeut la culture libre sous toutes ses formes. Ses membres considèrent qu’un accès ouvert aux informations associé aux outils et aux communautés pour les utiliser sont des éléments essentiels pour améliorer notre gouvernance, notre recherche, notre économie et notre culture.
  • La Quadrature du Net La Quadrature du Net est une organisation de défense des droits et libertés des citoyens sur Internet. À ce titre, la Quadrature du Net intervient notamment dans les débats concernant la liberté d’expression, le droit d’auteur, la régulation du secteur des télécommunications ou encore le respect de la vie privée. Contact : Philippe Aigrain, co-fondateur et conseiller stratégique pa@laquadrature.net +33 6 85 80 19 31
  • Framasoft Réseau d’education populaire au Libre en général et au logiciel libre en particulier. Contact : Alexis Kauffmann, fondateur de Framasoft
  • Regards Citoyens est un collectif transpartisan qui vise à utiliser un maximum de données publiques pour alimenter le débat politique tout en appliquant les principes de la gouvernance ouverte. En plus de faire la promotion de l’OpenData et l’OpenGov en France, il réalise des projets web n’utilisant que des logiciels libres et des données publiques pour faire découvrir et valoriser les institutions démocratiques françaises auprès du plus grand nombre.
  • Le Parti Pirate est un mouvement politique ralliant celles et ceux qui aspirent à une société capable de : partager fraternellement les savoirs culturels et scientifiques de l’humanité, protéger l’égalité des droits des citoyens grâce des institutions humaines et transparentes, défendre les libertés fondamentales sur Internet comme dans la vie quotidienne.
  • Veni, Vidi, Libri a pour objectif de promouvoir les licences libres ainsi que de faciliter le passage de créations sous licence libre.
  • Libre Accès a pour objet de sensibiliser le plus grand nombre aux enjeux de l’art libre et de défendre les droits de ses amateurs et auteurs.

Crédit photo : Massimo Barbieri (Creative Commons By-Sa)




Manifeste de la guérilla pour le libre accès, par Aaron Swartz #pdftribute

Il se passe quelque chose d’assez extraordinaire actuellement sur Internet suite à la tragique disparition d’Aaron Swartz : des centaines de professeurs et scientifiques du monde entier ont décidé de publier spontanément leurs travaux en Libre Accès !

Il faut dire que sa mort devient chaque jour plus controversée, les pressions judiciaires dont il était l’objet n’étant peut-être pas étrangères à son geste. Comme on peut le lire dans Wikipédia : « En juillet 2011, le militant américain pour la liberté de l’Internet Aaron Swartz fut inculpé pour avoir téléchargé et mis à disposition gratuitement un grand nombre d’articles depuis JSTOR. Il se suicide le 11 janvier 2013. En cas de condamnation, il encourait une peine d’emprisonnement pouvant atteindre 35 ans et une amende s’élevant jusqu’à 1 million de dollars. »

On peut suivre l’évolution du mouvement derrière le hashtag #pdftribute (pdf hommage) qui a déjà son site et son compte Twitter dédiés.

Dans la foulée nous avons décidé de traduire ensemble un autre article important d’Aaron Swartz (rédigé à 21 ans), en lien direct avec la motivation de tous ceux qui lui rendent ainsi un vibrant, concret et utile hommage : Guerilla Open Access Manifesto.

Ce manifeste s’achève sur cette interrogation : « Serez-vous des nôtres ? »

Remarque : L’émouvante photo ci-dessous représente Aaron Swartz a 14 ans en compagnie de Larry Lessig. On remarquera son bien joli tee-shirt 😉

Rich Gibson - CC by

Manifeste de la guérilla pour le libre accès

Guerilla Open Access Manifesto

Aaron Swartz – juillet 2008 – Internet Archive
(Traduction : Gatitac, albahtaar, Wikinade, M0tty, aKa, Jean-Fred, Goofy, Léna, greygjhart + anonymous)

L’information, c’est le pouvoir. Mais comme pour tout pouvoir, il y a ceux qui veulent le garder pour eux. Le patrimoine culturel et scientifique mondial, publié depuis plusieurs siècles dans les livres et les revues, est de plus en plus souvent numérisé puis verrouillé par une poignée d’entreprises privées. Vous voulez lire les articles présentant les plus célèbres résultats scientifiques ? Il vous faudra payer de grosses sommes à des éditeurs comme Reed Elsevier.

Et il y a ceux qui luttent pour que cela change. Le mouvement pour le libre accès s’est vaillamment battu pour s’assurer que les scientifiques ne mettent pas toutes leurs publications sous copyright et s’assurer plutôt que leurs travaux seront publiés sur Internet sous des conditions qui en permettent l’accès à tous. Mais, même dans le scénario le plus optimiste, la politique de libre accès ne concerne que les publications futures. Tout ce qui a été fait jusqu’à présent est perdu.

C’est trop cher payé. Contraindre les universitaires à débourser de l’argent pour lire le travail de leurs collègues ? Numériser des bibliothèques entières mais ne permettre qu’aux gens de chez Google de les lire ? Fournir des articles scientifiques aux chercheurs des plus grandes universités des pays riches, mais pas aux enfants des pays du Sud ? C’est scandaleux et inacceptable.

Nombreux sont ceux qui disent : « Je suis d’accord mais que peut-on y faire ? Les entreprises possèdent les droits de reproduction de ces documents, elles gagnent énormément d’argent en faisant payer l’accès, et c’est parfaitement légal, il n’y a rien que l’on puisse faire pour les en empêcher. » Mais si, on peut faire quelque chose, ce qu’on est déjà en train de faire : riposter.

Vous qui avez accès à ces ressources, étudiants, bibliothécaires, scientifiques, on vous a donné un privilège. Vous pouvez vous nourrir au banquet de la connaissance pendant que le reste du monde en est exclu. Mais vous n’êtes pas obligés — moralement, vous n’en avez même pas le droit — de conserver ce privilège pour vous seuls. Il est de votre devoir de le partager avec le monde. Et c’est ce que vous avez fait : en échangeant vos mots de passe avec vos collègues, en remplissant des formulaires de téléchargement pour vos amis.


Pendant ce temps, ceux qui ont été écartés de ce festin n’attendent pas sans rien faire. Vous vous êtes faufilés dans les brèches et avez escaladé les barrières, libérant l’information verrouillée par les éditeurs pour la partager avec vos amis.

Mais toutes ces actions se déroulent dans l’ombre, de façon souterraine. On les qualifie de « vol » ou bien de « piratage », comme si partager une abondance de connaissances était moralement équivalent à l’abordage d’un vaisseau et au meurtre de son équipage. Mais le partage n’est pas immoral, c’est un impératif moral. Seuls ceux qu’aveugle la cupidité refusent une copie à leurs amis.


Les grandes multinationales, bien sûr, sont aveuglées par la cupidité. Les lois qui les gouvernent l’exigent, leurs actionnaires se révolteraient à la moindre occasion. Et les politiciens qu’elles ont achetés les soutiennent en votant des lois qui leur donnent le pouvoir exclusif de décider qui est en droit de faire des copies.

La justice ne consiste pas à se soumettre à des lois injustes. Il est temps de sortir de l’ombre et, dans la grande tradition de la désobéissance civile, d’affirmer notre opposition à la confiscation criminelle de la culture publique.

Nous avons besoin de récolter l’information où qu’elle soit stockée, d’en faire des copies et de la partager avec le monde. Nous devons nous emparer du domaine public et l’ajouter aux archives. Nous devons acheter des bases de données secrètes et les mettre sur le Web. Nous devons télécharger des revues scientifiques et les poster sur des réseaux de partage de fichiers. Nous devons mener le combat de la guérilla pour le libre accès.

Lorsque nous serons assez nombreux de par le monde, nous n’enverrons pas seulement un puissant message d’opposition à la privatisation de la connaissance : nous ferons en sorte que cette privatisation appartienne au passé. Serez-vous des nôtres ?

Aaron Swartz

Crédit photo : Rich Gibson (Creative Commons By)




En hommage à Aaron Swartz

Une vague d’émotion sans précédente s’est emparée du Web (que j’ai l’habitude de lire) après la récente tragique disparition d’Aaron Swartz à l’âge de 26 ans. Il faut dire qu’il en avait fait des choses en une pourtant si courte période !

Nous avons décidé de lui rendre hommage en traduisant collectivement l’un des articles de son blog où il évoque son parcours et ses nombreux projets.

Cet article a été initialement écrit en 2007. Aaron avait alors à peine 20 ans…

Sage Ross - CC by-sa

Comment dégoter un boulot comme le mien

How to Get a Job Like Mine

Aaron Swartz – 18 août 2008 – Blog personnel
(Traduction : ga3lig, clementd, Amic, tth, bld, KoS, Havok Novak, a_r_n_a_u_d_b, jpcw + anonymous)

L’écrivain américain Kurt Vonnegut avait l’habitude de toujours nommer ses interventions « Comment obtenir un travail comme le mien » pour parler ensuite de ce que bon lui semblait. Je suis plutôt dans la situation inverse. On m’a informé que je pouvais parler de n’importe quel sujet qui m’intéressait et j’ai donc décidé, plutôt que de pontifier sur l’avenir d’Internet ou de la puissance de la collaboration massive, que la discussion la plus intéressante était probablement celle-ci : « Comment bénéficier d’un travail comme le mien » (NdT : ce texte a été rédigé en préparation d’une conférence donnée au congrès informatique Tathva à NIT Calicut en 2007).

Comment ai-je réussi à dégotter ce job ? Sans aucun doute, la première étape a été de faire le bon choix, c’est-à-dire les bons gènes : à la naissance, j’étais un garçon, blanc, et américain. Ma famille était relativement aisée et mon père travaillait dans l’industrie informatique. Hélas, il n’existe à ce jour aucun moyen d’influer sur ce genre de choses donc je ne vous serai probablement d’aucune utilité sur ce point.

En revanche, quand j’ai débuté, j’étais un très jeune gamin coincé dans une petite ville au milieu de la campagne. J’ai donc dû trouver quelques astuces pour m’en sortir. En espérant rendre la vie un peu moins injuste, je me suis dit que je pourrais les partager avec vous.

Étape 1 : apprendre

La première chose que j’ai faite, et qu’a priori vous avez tous déjà faite, c’était d’apprendre des choses à propos des ordinateurs, d’Internet et de la culture Internet. J’ai lu un paquet de livres, j’ai lu une quantité énorme de pages Web et j’ai essayé des trucs. J’ai commencé par rejoindre des listes de diffusion et j’ai essayé de comprendre les discussions jusqu’à ce que je me sente assez à l’aise pour me lancer et y participer à mon tour. Ensuite, j’ai regardé des sites Web et j’ai essayé de construire le mien. À la fin, j’ai appris à construire des applications Web et j’ai commencé à le faire. J’avais treize ans.

Étape 2 : expérimenter

Le premier site que j’ai réalisé s’appelait get.info. L’idée était d’avoir une encyclopédie en ligne gratuite, que chacun pourrait éditer, ou compléter, ou réorganiser à travers son navigateur. J’ai tout développé, ajouté un tas d’options sympas, testé ça sur tous les types de navigateurs et j’en étais très fier. J’ai même remporté un prix pour la meilleure application Web de cette année-là. Malheureusement, les seules personnes que je connaissais à cette époque étaient d’autres jeunes de mon école, donc je n’avais pas grand monde pour écrire des articles d’encyclopédie. (Heureusement, quelques années plus tard, ma mère m’a montré ce nouveau site appelé « Wikipédia » qui faisait la même chose.)

Le second site s’appellait my.info. L’idée était qu’au lieu d’aller à la recherche d’informations sur toutes sortes de pages Web différentes, il suffisait d’avoir un programme qui allait chercher les nouveautés dans toutes ces pages Web et qui les regrouperait à un seul endroit. Je l’ai construit et je l’ai fait marcher, mais il se trouve qu’à l’époque, je n’étais pas le seul à avoir eu ce genre d’idée. Beaucoup de gens travaillaient sur cette nouvelle technique, appelée alors « syndication ». Un groupe d’entre eux s’est mis à part et a décidé de travailler sur une spécification appelée RSS 1.0, et je les ai rejoints.

Étape 3 : échanger

C’était l’été, je n’étais pas à l’école et je n’avais pas de boulot, j’avais donc beaucoup de temps libre à disposition. Et je l’ai entièrement consacré à lire la liste de diffusion de RSS 1.0 et à faire toutes sortes de travaux bizarres et tout ce qu’il y avait d’autre à faire. Assez rapidement, on m’a demandé si je voulais devenir membre du groupe, et je me suis retrouvé être co-auteur, puis co-éditeur de la spécification RSS 1.0.

RSS 1.0 était construit au-dessus d’une technologie appelée RDF, source de débats agités sur les listes de diffusion de RSS. J’ai donc commencé à m’intéresser à RDF, j’ai rejoint les listes de diffusion autour de RDF, lu des choses, posé des questions idiotes pour lentement commencer à comprendre comment ça marchait. Assez rapidement, je devenais connu dans le petit monde du RDF et quand ils ont annoncé la création d’un nouveau groupe de travail destiné à créer la prochaine spécification RDF, j’ai décidé de m’y glisser.

Premièrement, j’ai demandé aux membres du groupe de travail si je pouvais m’y joindre. Ils m’ont répondu négativement. Mais je voulais vraiment faire partie de ce groupe de travail, alors j’ai décidé de trouver un autre moyen. J’ai lu le règlement du W3C, qui expliquait le fonctionnement d’un groupe de travail. Les règles indiquaient que, bien que se réservant le droit de rejeter toute demande d’adhésion individuelle, il suffisait que l’une des organisations faisant partie des membres officiels du W3C sollicite la participation d’un candidat pour qu’elle soit acceptée d’emblée. Ainsi, j’ai examiné en détail la liste des organisations membres du W3C, découvert celle qui me paraissait la plus accessible et lui ai demandé de m’inclure dans ce groupe de travail. Et c’est ce qu’ils ont fait !

Faire partie d’un groupe de travail impliquait des communications téléphoniques hebdomadaires avec les autres membres, un tas de discussions sur des listes de diffusion et sur IRC, de temps à autre de voyager vers d’étranges villes pour des rencontres réelles et une quantité de prises de contact avec des personnes à connaître partout.

J’étais aussi un chaud partisan de RDF, j’ai ainsi œuvré ardemment à convaincre d’autres de l’adopter. Quand j’ai découvert que le professeur Lawrence Lessig lançait une nouvelle organisation appelée Creative Commons, je lui ai transmis un courriel lui conseillant d’adopter RDF pour son projet et lui ai expliqué pourquoi. Quelques jours après, il me répondit : « Bonne idée. Pourquoi ne le ferais-tu pas pour nous ? »

Donc, j’ai fini par rejoindre les Creative Commons, qui m’ont fait m’envoler vers toutes sortes de conférences et de réunions, et je me suis retrouvé en train de rencontrer encore plus de gens. Parmi tous ces gens qui commençaient à savoir qui j’étais, j’en suis arrivé à me faire des amis dans un paquet d’endroits et de domaines différents.

Étape 4 : construire

Puis j’ai laissé tout ça de côté et je suis allé à l’université pour un an. Je suis allé a l’université de Stanford, une petite école idyllique en Californie où le soleil brille toujours, où l’herbe est toujours verte et où les jeunes sont toujours dehors à se faire bronzer. Il y a des enseignants excellents et j’ai sans aucun doute beaucoup appris, mais je n’y ai pas trouvé une atmosphère très intellectuelle étant donné que la plupart des autres jeunes se fichaient apparemment profondément de leurs études.

Mais vers la fin de l’année, j’ai reçu un courriel d’un écrivain nommé Paul Graham qui disait démarrer un nouveau projet, Y Combinator. L’idée derrière Y Combinator était de trouver un groupe de développeurs vraiment talentueux, les faire venir à Boston pour l’été, leur donner un peu d’argent et la base administrative pour lancer une société. Ils travaillent alors très, très dur pour apprendre tout ce dont ils ont besoin de savoir sur le monde des affaires, en les mettant en contact avec des investisseurs, des clients, etc. Et Paul suggéra que je m’inscrive.

Donc je l’ai fait, et après beaucoup de peine et d’efforts, je me suis retrouvé à travailler sur un petit site appelé Reddit.com. La première chose à savoir à propos de Reddit était que nous n’avions aucune idée de ce que nous étions en train de faire. Nous n’avions pas d’expérience dans les affaires, nous n’avions pratiquement pas d’expérience en création de logiciels au niveau qualité d’un produit fini. Et nous n’avions aucune idée si, ou pourquoi, ce que nous faisions fonctionnait. Chaque matin, nous nous levions et nous vérifiions que le serveur n’était pas tombé en panne et que le site ne croulait pas sous les messages indésirables, et que nos utilisateurs étaient toujours présents.

Lorsque j’ai commencé à Reddit, la croissance était lente. Le site avait été mis en ligne très tôt, quelques semaines après avoir commencé à travailler dessus, mais pendant les trois premiers mois, il a difficilement atteint trois mille visiteurs par jour, ce qui représente un minimum pour un flux RSS utilisable. Nous avons ensuite, lors d’une session marathon de codage de quelques semaines, transféré le site de Lisp à Python et j’ai écrit un article sur mon blog au sujet de cet exploit. Il a beaucoup attiré l’attention (même l’enfer ne peut déclencher autant de colère que celle d’un fan de Lisp mécontent) et encore aujourd’hui les gens que je rencontre en soirée, lorsque que je mentionne que j’ai travaillé à Reddit, disent : « Oh, le site qui a migré depuis Lisp. »

C’est à ce moment-là que le trafic a vraiment commencé à décoller. Dans les trois mois qui ont suivi, le trafic a doublé à deux reprises. Chaque matin, nous nous levions pour vérifier les statistiques et voir comment nous nous en sortions, vérifier si une nouvelle fonctionnalité que nous avions lancée nous avait attiré plus de monde, ou si le bouche à oreille continuait de faire parler de notre site, ou encore si tous nos utilisateurs nous avaient abandonnés. Et, chaque jour, le nombre de visiteurs progressait. Mais nous ne pouvions nous empêcher d’avoir l’impression que la croissance du trafic était encore plus rapide lorsque nous arrêtions de travailler sur le site.

Nous n’avions toujours pas d’idée sur la façon de gagner de l’argent. Nous avons vendu des t-shirts sur le site, mais, chaque fois, l’argent récupéré sur la vente servait à racheter encore plus de t-shirts. Nous avons signé avec un acteur majeur de la publicité en ligne pour vendre de la publicité sur notre site, mais cela n’a guère fonctionné, en tout cas pas pour nous, et il était rare que nous touchions, en réalité, plus de deux dollars par mois. Une autre idée était de commercialiser, sous licence, le savoir-faire « Reddit » pour permettre à d’autres de monter des sites sur le modèle Reddit. Mais nous n’avons trouvé personne d’intéressé pour acquérir notre licence.

Rapidement, Reddit a acquis des millions d’utilisateurs chaque mois, un chiffre qui dépasse de loin le magazine américain moyen. Je le sais, car j’ai discuté, à cette période, avec de nombreuses maisons d’édition. Ils se sont tous demandés comment le charme de Reddit pourrait opérer pour eux.

De plus, les sites d’actualités en ligne ont commencé à voir que Reddit pourrait leur envoyer un énorme trafic. Ils ont pensé, d’une certaine manière, encourager cela en ajoutant un lien « reddit this » à tous leurs articles. Pour autant que je sache, ajouter ces liens n’améliore pas vraiment votre chance de devenir populaire sur Reddit (bien que cela rende votre site plus moche), mais cela nous a offert beaucoup de publicité gratuite.

Assez rapidement, la discussion avec nos partenaires se dirigeait vers une négociation d’acquisition. L’acquisition : la chose dont nous avions toujours rêvé ! Il n’y aurait plus à s’inquiéter de faire du profit. Des entreprises externes se chargeaient de cette responsabilité en contrepartie de faire notre fortune. Nous avons tout laissé tomber pour négocier avec nos acheteurs. Et ensuite, cela est resté à l’abandon.

Nous avons négocié pendant des mois. Au début, nous débattions sur le prix. Nous préparions des « business plans » et des feuilles de calcul, puis allions au siège social pour faire des présentations et affronter des réunions et des appels téléphoniques sans fin. Finalement, ils refusèrent notre prix et nous sommes donc repartis. Plus tard, ils changèrent d’attitude, nous nous sommes serrés la main et nous étions d’accord sur la transaction pour finalement commencer à renégocier sur certains autres points cruciaux, et nous éloigner à nouveau. Nous avons dû nous retirer trois ou quatre fois avant d’obtenir un contrat acceptable. Au final, nous avons dû arrêter de travailler efficacement pendant six mois.

Je commençais à devenir malade d’avoir à consacrer autant de temps à l’argent. Nous commencions tous à être affectés par le stress et le manque de travail productif. Nous avons commencé à nous disputer et ensuite à ne plus nous parler, avant de redoubler d’efforts pour retravailler ensemble, pour retomber finalement dans nos errements. L’entreprise a failli se désintégrer avant que la transaction ne se concrétise.

Mais finalement, nous sommes allés chez nos avocats pour signer tous les documents et le lendemain matin, l’argent était sur nos comptes. C’était terminé.

Nous nous sommes tous envolés pour San Francisco et avons commencé à travailler dans les bureaux de Wired News (nous avions été rachetés par Condé Nast, une grande entreprise de publication qui possède Wired et de nombreux autres magazines).

J’étais malheureux. Je ne pouvais pas supporter San Francisco. Je ne pouvais pas supporter une vie de bureau. Je ne pouvais pas supporter Wired. J’ai pris de longues vacances de Noël. Je suis tombé malade. J’ai pensé à me suicider. J’ai fui la police. Et quand je suis revenu le lundi matin, on m’a demandé de démissionner.

Étape 5 : liberté

Les quelques premiers jours sans travail ont été bizarres. Je tournais en rond chez moi. Je profitais du soleil de San Francisco. Je lisais quelques livres. Mais rapidement, j’ai senti que j’avais besoin, à nouveau, d’un projet. J’ai commencé à écrire un livre. Je désirais collecter toutes les bonnes études dans le domaine de la psychologie pour les raconter, non pas comme des analyses, mais comme des histoires. Chaque jour, je descendais à la bibliothèque de Stanford pour y faire des recherches. (Stanford est une école réputée en psychologie.)

Mais un jour, Brewster Kahle m’a appelé. Brewster est le fondateur de The Internet Archive, une organisation formidable qui essaye de numériser tout ce qu’elle trouve pour le publier sur le Web. Il m’a dit qu’il voulait démarrer un projet dont nous avions parlé à l’époque. L’idée serait de rassembler l’information de tous les livres du monde dans un lieu unique, un wiki libre. Je me suis mis immédiatement au travail, et dans les quelques mois qui ont suivi, j’ai commencé à contacter les bibliothèques, mettre à contribution des programmeurs, cogiter avec un designer et faire plein d’autres trucs pour mettre ce site en ligne. Ce projet a fini par devenir Open Library. Il a été développé en grande partie par un talentueux programmeur indien : Anand Chitipothu.

Un autre ami, Seth Roberts, a suggéré que nous devrions trouver le moyen de réformer le système des études supérieures. Nous n’arrivions pas à nous mettre d’accord sur une solution satisfaisante, mais nous avons eu une autre bonne idée : un wiki qui explique aux étudiants à quoi ressemblent les différents métiers. Ce site va être bientôt lancé…

Ensuite, un autre ancien ami, Simon Carstensen, m’a envoyé un e-mail disant qu’il avait obtenu son diplôme universitaire et qu’il cherchait à monter une entreprise avec moi. En fait, j’avais gardé une liste d’entreprises qui pourraient être d’excellentes idées et j’ai pris la première de la liste. L’idée était de créer un site Web aussi simple à remplir qu’un champ texte. Pendant les mois suivants, nous avons travaillé d’arrache-pied à rendre les choses de plus en plus simples (et un peu plus complexes aussi). Le résultat, avec le lancement il y a quelques semaines, est le site : Jottit.com.

Je me suis aussi engagé en tant que conseiller pour deux projets du Summer of Code, les deux étant étonnamment ambitieux et avec un peu de chances, ils devraient être lancés bientôt.

J’ai décidé également alors de m’impliquer dans le journalisme. Mon premier article papier vient d’être publié.

J’ai aussi lancé quelques blogs sur la science et j’ai commencé à travailler à rédiger un article académique moi-même. Il se base sur une étude que j’avais conduite il y a quelques temps sur les rédacteurs effectifs de Wikipédia. Quelques personnes, y compris Jimmy Wales, qui est en quelque sorte le porte-parole de Wikipédia, affirmait que Wikipédia n’était pas, tout compte fait, un projet massivement collaboratif, mais était plutôt rédigé par une équipe d’à peu près 500 auteurs, qu’il connaissait pour la plupart. Il avait fait quelques analyses simples pour le mettre en évidence, mais j’ai vérifié attentivement les chiffres et j’arrive à la conclusion inverse : la grande majorité de Wikipédia a été écrite par de nouveaux rédacteurs, la plupart ne s’étant pas donné la peine de créer un compte, ajoutant quelques phrases de ci de là. Comment Wales a-t-il pu commettre une telle erreur ? Il a analysé le nombre de modifications effectuées par chaque auteur sans vérifier la nature de ces modifications. Or la grande majorité de leurs modifications sont tout à fait mineures : ils font des choses comme des corrections orthographiques ou des remises en forme. Il semble plus raisonnable de croire que ces 500 personnes se comportent plus comme des inspecteurs que comme des producteurs de contenu.

Derniers conseils

Quel est le secret ? Comment pourrais-je condenser les choses que je fais dans des phrases concises qui me correspondent le plus ? Allons-y :

  1. Soyez curieux. Élargissez vos lectures. Essayez de nouvelles choses. Je pense que ce que beaucoup de gens appellent intelligence n’est rien d’autre que de la curiosité ;
  2. Dites oui à tout. J’ai quelques difficultés à dire non, à un niveau pathologique, quels que soient les projets, les interviews ou les amis. Du coup, j’essaie beaucoup et même si ça se solde souvent par un échec, j’ai toujours fait quelque chose ;
  3. Faites comme si les autres n’avaient pas la moindre idée de ce qu’ils sont en train de faire. Une foule de gens hésite à tenter une action pour la simple raison qu’ils pensent qu’ils n’en savent pas suffisamment sur le sujet ou parce qu’ils supposent que d’autres l’ont fait avant eux. Eh bien, peu de gens ont la moindre idée de la manière de mener une action et ils sont même encore moins nombreux à expérimenter de nouvelles méthodes, donc en général si vous faites de votre mieux sur quelque chose, vous le ferez plutôt bien.

J’ai suivi cette ligne de conduite. Et voilà où j’en suis aujourd’hui, avec une douzaine de projets en tête et mon niveau de stress toujours au plus haut.

Chaque matin, je me lève et vérifie mes courriels pour savoir lequel de mes projets a implosé aujourd’hui, quelle date limite a été dépassée, quels discours je dois préparer et quels articles doivent être rédigés.

Un jour, peut-être, vous aussi serez dans la même situation. Si tel est le cas, j’espère que j’y aurai modestement contribué.

Crédit photo : Sage Ross (Creative Commons By-Sa)




Le Libre, entre marxisme et capitalisme ?

Entre les biens communs et le communisme, y aurait-il davantage qu’une parenté lexicale ? Le logiciel libre libère-t-il plus que le code ? Est-il l’instrument d’une lutte contre le capitalisme monopolistique, ou bien une ressource développée en marge du temps salarié et qu’il est pratique de piller dans une logique de marché ?

Des questions de ce type, et d’autres bien plus brutales encore, sont depuis longtemps posées par toutes sortes de personnes et pas seulement dans le milieu de l’informatique ou de sa culture. Voyez par exemple les réflexions avancées sur ce forum de marxistes révolutionnaires, cette autre analyse politico-philosophique déjà ancienne qui pose justement la problématique du Libre au-delà du logiciel en essayant « d’interpréter Marx dans le contexte du logiciel libre ». Ou encore ce texte d’Ernest Everhard qui analyse assez bien les limites politiques du logiciel libre, lequel ne peut suffire à transformer à lui seul la société — une prise de position dont la conclusion est la suivante : « il est nécessaire d’exproprier les grands éditeurs de logiciels ».

Bref, voilà bien un serpent de mer qui donne lieu à beaucoup d’approximations, de conjectures et de théories. Ou plutôt, que l’on tente fréquemment de rapprocher plus ou moins judicieusement de théories ou idéologies aussi variées que contradictoires, comme c’est le cas dans l’article de Jonathan Roberts.

Posons cependant l’hypothèse que ce débat est fertile car il oblige les libristes à se positionner et réfléchir au-delà de leurs mantras stallmanniens. Et peut-être à cerner mieux ce que le mouvement du logiciel libre n’est pas. « Ni de droite ni de gauche » prétendent constamment tous ceux qui refusent de reconnaître dans quel contexte politique il se déploie ou non. « Ni marxiste ni capitaliste » vont peut-être nous expliquer doctement certains commentateurs. Mais encore ? « Ni libertaire ni libertarien » ?

Ne prenez pas trop au sérieux les rapprochements forcément discutables que vous lirez ci-dessous, voyez-y plutôt une invitation à débattre. Librement.

La philosophie du logiciel libre

d’après Jonathan Roberts The philosophy of free software (Tech Radar)

Traduction Framalang ga3lig, peupleLa (relectures), KoS, brandelune, 4nti7rust, Amine Brikci-N, Goofy

Beaucoup de gens adorent se lancer dans un bon débat. Nous leur avons demandé (un peu comme une boutade) s’il était plus facile d’appréhender Linux sous l’angle du marxisme ou sous celui du capitalisme.

Les réponses qui nous sont parvenues étaient très drôles, mais la plupart étaient aussi plutôt élaborées et nous ont invités à réfléchir : comment Linux et le mouvement du logiciel libre trouvent-ils leur place dans les vastes débats philosophiques, économiques, éthiques et religieux qui passionnent les êtres humains depuis des siècles.

En constatant que même Linus Torvalds s’était lancé dans des spéculations aussi oiseuses, comme on peut le voir dans l’interview qu’il a donnée l’été dernier à la BBC, nous avons pensé qu’il serait amusant de poursuivre la conversation.

Nous allons aborder Linux et le logiciel libre selon une perspective cavalière, en l’examinant sous l’angle de quelques-uns de ces débats sans fin. Nous jetterons un coup d’œil à quelques théories pour savoir dans quelle mesure elles pourraient s’appliquer à notre système d’exploitation favori.

Tout d’abord cet avertissement : selon nous, ce qui est le plus important avec Linux et le logiciel libre, c’est qu’il s’agit d’une réalité pratique. C’est tout simplement sympa que ce truc fonctionne bien, c’est gratuit et les gens peuvent prendre beaucoup de plaisir à l’utiliser et à l’élaborer, certains peuvent même gagner un peu d’argent par la même occasion. Tout le reste n’est que littérature, donc ne soyez pas trop bouleversé par ce que vous allez lire !

Puisque nous avons mentionné l’interview de Linus Torvald à la BBC, commençons par là. Il y déclare : « …l’open source ne marche vraiment que si chacun y contribue pour ses propres raisons égoïstes… la propriété fondamentale de la GPL2 c’est sa logique de simple donnant-donnant : je te donne mes améliorations si tu promets que tu me feras profiter des tiennes ».

Ce qui rend l’observation de Torvalds intéressante c’est qu’on peut la mettre en rapport avec des discussions en philosophie, éthique, biologie, psychologie et même mathématiques qui remontent à Platon (au moins). Dans La République, Platon examine les notions de justice et de morale en posant la question : sont-elles des constructions sociales ou un Bien abstrait ?

Au cours du dialogue, Glaucon, un des protagonistes, évoque l’histoire de l’anneau magique de Gygès qui rend invisible celui qui le porte. Il présume que, juste ou injuste, tout homme qui porterait cet anneau agirait de la même façon : en prenant ce qui lui plaît sur les étals du marché, en s’introduisant dans les maisons pour y coucher avec qui lui plaît ou encore en tuant ses ennemis.

Il déclare :

« Si quelqu’un recevait ce pouvoir d’invisibilité et ne consentait jamais à commettre l’injustice ni à toucher au bien d’autrui, il paraîtrait le plus insensé des hommes à ceux qui auraient connaissance de sa conduite, (…) car tout homme pense que l’injustice est plus profitable que la justice. » (Platon, La République, II, 360d, traduction Robert Baccou)

Quelle vision déprimante de la nature humaine !

Que vous vous accordiez ou non avec Glaucon, il est évident que Torvalds soulève ce même point : sans contraintes sociales telles que la GPL v2, je ne serais pas en mesure de croire qu’en échange de mes améliorations du code, vous me donneriez les vôtres en retour.

Pourquoi le feriez-vous ? Après tout, si vous vous contentez de prendre mon code pour améliorer votre logiciel, vous aurez un avantage sur moi : moins de travail pour un meilleur résultat — et les gens sont égoïstes !

Il semble que même Platon, comme l’a fait plus tard Torvalds, ait au moins considéré que le monde ne tourne pas avec des gens qui disent : « asseyons-nous tous en rond autour d’un feu de camp pour chanter “Si tous les gars du monde…” et le monde sera meilleur ».

Les rapaces et la sécurité

Bruce Schneier traite du même problème dans son dernier ouvrage Liars and Outliers http://www.schneier.com/book-lo.htm… ; il met en évidence à quel point ce débat est courant, tant à l’intérieur qu’à l’extérieur du monde de la technologie. Dans son livre, il décrit un processus appelé le jeu du Faucon-Colombe, inspiré de la théorie des jeux.

La théorie c’est que dans une population d’oiseaux sauvages en compétition pour la même quantité limitée de nourriture, certains sont des faucons et d’autres des colombes. Les faucons sont agressifs et vont se battre pour leur nourriture : quand ils rencontrent un autre faucon, ils vont tous les deux se combattre, et l’un obtiendra la nourriture tandis que l’autre sera blessé voire tué. Les colombes, au contraire, sont passives, et lorsqu’elles sont deux devant la même nourriture, elles choisissent de la partager entre elles. Si un faucon et une colombe sont confrontés, alors c’est toujours le faucon qui aura la nourriture et la colombe va choisir de se retirer.

Bien que vous puissiez tirer bien des conclusions de l’analyse de ce jeu, l’observation la plus importante que fait Schneier est la suivante : quel que soit le scénario envisagé, il y aura toujours au moins quelques faucons dans le lot.

Si la population au départ était composée à 100% de colombes, quelques-unes s’arrangeraient rapidement pour avoir pas mal de nourriture supplémentaire pour elles seules, en se comportant comme des faucons, sans trop de risques d’affronter d’autres colombes qui se comporteraient elles aussi comme des faucons. Bien entendu, à mesure que la population de faucons s’accroît, arrivera un moment où les conséquences en seront dommageables à l’ensemble de la population. Il n’y aura plus assez de nourriture pour les colombes, qui mourront lentement après s’être retirées de tous les combats sans nourriture, et les faucons auront de plus en plus d’affrontements avec leurs semblables, courant des risques plus grands d’être tués.

Bon, arrêtons là avec les faucons et les colombes. Quels rapports avec le logiciel libre et la GPL ? Eh bien on pourrait en déduire que sans la GPL « qui nous permet d’être égoïstes », comme le dit Torvalds, nous pourrions nous trouver dans la situation où trop de faucons s’emparent du code sans contribuer en échange, ce qui dégraderait progressivement la confiance et la participation, et finirait par détruire notre population de programmeurs open source.

Dans le reste de l’ouvrage, Schneier propose divers « mécanismes de sécurité » pour nous aider à avoir confiance dans les actions des autres, et nous permettre de travailler de façon collaborative même si nous ne pouvons pas forcément adhérer aux motivations (égoïstes) des autres. Tandis que Schneier signale des facteurs tels que la loi, l’évolution des neurones miroirs, etc., la GPL pourrait également être considérée selon cet angle ,à savoir comme un mécanisme de sécurité destiné à renforcer la confiance mutuelle et la collaboration. Et c’est aussi très malin.

Le logiciel libre et l’économie

En plus d’être un cas d’étude intéressant pour ceux qui s’intéressent à la coopération, le logiciel libre a reçu beaucoup d’attention pour ses similarités avec divers systèmes économiques. Un bon exemple en est Bill Gates, qui en 2005 disait : « Il y a des communistes des temps modernes qui voudraient se débarrasser des primes pour les (…) éditeurs de logiciels de diverses façons »

Maintenant, bien sûr, il est possible que l’intérêt de Gates ait moins été de tirer un bilan économique sérieux que d’effrayer le marché des entreprises américaines capitalistes qui aiment le libre-échange en les dissuadant d’utiliser des logiciels libres ; c’est une observation qui revient assez fréquemment pour mériter qu’on la prenne en considération.

Le premier point à noter est que le logiciel libre a peu à voir avec le communisme soviétique, dont les principales caractéristiques étaient la planification centralisée et un état policier imposant, complétés par des camps de prisonniers et de travail forcé. Ceux qui ont suivi le logiciel libre depuis suffisamment longtemps savent que la planification centralisée ne se produit que rarement, sinon jamais : la multiplication des formats logiciels, des distributions, suites bureautiques, environnements de bureau, serveurs web et de courriels en est une preuve suffisante.

Qui plus est, personne n’est obligé de travailler sur du logiciel libre ou de l’utiliser. En fait, étant donné que tous les formats de fichier sont implémentés avec un code ouvert, n’importe qui peut les ré-implémenter dans un programme concurrent sans sourciller. Beaucoup se sont emparés de ces arguments pour suggérer que – pour la plus grande frustration de Bill Gates, on peut bien l’imaginer – le logiciel libre a moins en commun avec le communisme soviétique que les pratiques de nombreuses entreprises propriétaires.

Des entreprises comme Apple et Microsoft sont réputées et même félicitées pour leur planification verticale ; elles sont aussi tristement célèbres par la façon dont elles enchaînent les utilisateurs à leurs logiciels et matériels informatiques en créant par défaut des formats de fichiers fermés et propriétaires que les programmes concurrents ne sont pas en mesure d’implémenter facilement eux-mêmes.

Le marxisme

Si le logiciel libre a peu de rapport avec le communisme soviétique, peut-être a-t-il davantage en commun avec le marxisme.

L’une des idées centrales dans cette vision du monde est qu’en détenant les moyens de production, que ce soit les machines, le savoir ou quoi que ce soit d’autre, les classes dominantes peuvent exploiter les classes dominées; tant qu’ils ne possèdent pas les moyens de production, les travailleurs doivent céder « volontairement » leur force de travail contre un salaire pour acheter les biens nécessaires à leur survie : un toit, des vêtements, de la nourriture et des loisirs. Ils ne peuvent véritablement choisir de travailler, et ils ne peuvent jamais avoir vraiment leur mot à dire sur leurs salaires ou la redistribution des profits.

Une des idées constantes chez Marx, c’est son espoir que la situation pourra être améliorée, avec des travailleurs qui conquièrent leur liberté au sein d’une société sans classes dans laquelle les moyens de production seront détenus en commun.

Puisque, dans le monde contemporain, l’un des principaux moyens de production est le logiciel, le logiciel libre correspond assez bien au système de Marx. Le code est effectivement un bien commun. Tout le monde est libre de le lire, de l’étudier, de le partager, de le remixer et le modifier. De ce fait, il est impossible que les travailleurs soient enchaînés par ceux qui les dominent dans le système de classes, puisque à tout instant chacun peut choisir d’utiliser les moyens de production, c’est-à-dire le code, à ses propres fins.

Liberté de pensée

Eben Moglen plaide en faveur de l’influence que la propriété commune du code peut avoir sur notre société, dans un discours prononcé aux Wizards of OS 3, intitulé « Les pensées sont libres : le logiciel libre et la lutte pour la liberté de pensée ».

Dans son discours, il a soutenu que « perpétuer l’ignorance, c’est perpétuer l’esclavage » (il sait vraiment tourner une phrase !). Son argument est que sans la connaissance de l’économie, sans la connaissance de l’ingénierie, de la culture et de la science – toutes ces choses qui font tourner le monde, les classes dominées ne pourront jamais espérer améliorer leur situation, ni espérer s’emparer des moyens de production.

Les logiciels libres, ainsi que le matériel libre, la culture libre et tout ce qui gravite autour du Libre, libèrent des moyens qui mettent la liberté de pensée et d’information à portée de main, si elle n’est déjà atteinte.

Les serveurs web ne sont pas limités seulement à ceux qui possèdent les moyens de production, parce que le code est libre, donc n’importe qui peut partager à sa guise n’importe quelle création culturelle de son choix. Ce peut être une simple chanson, mais ça peut aussi être le moyen de créer une monnaie mondiale, décentralisée, comme le Bitcoin, ou les plans de toutes les machines nécessaires pour construire votre propre petite ville, comme dans le Global Village Construction Set.

Ce qui importe, c’est que tout cela a été rendu possible par la propriété commune du code.

L’ordre spontané

Si vous n’êtes pas trop convaincu que le logiciel libre est un mouvement qu’aurait pu soutenir Marx, vous pourriez être surpris d’apprendre que vous disposez d’un bon argument : c’est une excellente illustration du libre-échange, cette théorie tellement chérie des capitalistes et tellement haïe des marxistes et militants anti-mondialisation sur toute la planète. Bon, peut-être pas le libre-échange, mais du moins c’est l’illustration d’une des idées majeures qui le sous-tend, celle de l’ordre spontané.

Une des principales idées du libre-échange c’est que, guidées par la main invisible du marché, les fluctuations de prix s’ajustent en fonction des efforts individuels d’une manière qui favorise le bien commun. Cette idée est étroitement associée à Adam Smith et Friedrich von Hayek, qui ont utilisé le terme d’ordre spontané pour la décrire, mais elle remonte en fait à David Hume, l’un des plus grands philosophes du mouvement des Lumières écossais.

Hume croyait qu’en l’absence d’autorité centralisée, les conventions et les traditions ressortent pour minimiser et résoudre les conflits et pour réguler les activités sociales. Contrairement à Smith et Hayek cependant, Hume croyait que les passions humaines vont au-delà du simple appât du gain et que de ces passions peuvent découler règles et conventions.

Quel rapport avec les logiciels libres ? Eh bien, c’est plutôt évident, non ? Le logiciel libre est un exemple d’ordre spontané dans le sens où l’entend Hume. Puisque les personnes qui y travaillent ne peuvent en retirer qu’un maigre profit et qu’il est distribué gratuitement, l’argent y tient peu de place. Dans le logiciel libre les communautés s’associent librement et travaillent ensemble à la création de logiciels auxquels la société dans son ensemble accorde de la valeur.

Il existe cependant quelques signes susceptibles d’influencer les projets sur lesquels les développeurs décident de travailler. Par exemple, si les utilisateurs d’un logiciel libre trouvent une meilleure alternative, ils vont probablement migrer vers celle-ci. Les développeurs, peu désireux de coder des logiciels qui risquent de n’être utilisés par personne, pourraient bien eux aussi aller voir ailleurs et travailler sur de nouveaux projets que les gens trouveront plus utiles.

De cette façon, et sans incitation au profit, les développeurs de logiciels libres concentrent réellement leurs efforts dans les domaines qui seront les plus utiles au plus grand nombre, c’est-à-dire pour le plus grand bien de la société dans son ensemble.




« Libres conseils », une, première !

Qui n’a pas son projet libre ?

Plus qu’une mode ou un engouement passager, c’est un véritable mouvement de fond depuis quelques années : toute une communauté qui crée, échange, élabore, donne et reçoit des contributions, enfourche de nouveaux projets…

Fort bien, mais…

SourceForge récemment et Github aujourd’hui sont de véritables cimetières de projets libres et open source qui n’ont jamais trouvé d’audience, d’équipe de développement, de communauté active. Rien de bien tragique là-dedans. On peut estimer que ces plateformes sont pour beaucoup de libristes une sorte de terrain de jeu, de laboratoire, d’incubateur où le code et sa documentation s’expérimentent par à-coups, avec l’enthousiasme et l’énergie de ceux qui s’emparent d’un outil pour le mettre au service de leur créativité. Un excellent moyen d’apprendre en faisant finalement, à code ouvert. Et qu’importe alors l’absence d’aboutissement dans 80% des cas puisque c’est la démarche qui a été formatrice.

Cependant vous pouvez avoir envie de dépasser le stade du hobbyiste sympathique qui va bricoler son génial projet dans son coin. Vous pouvez avoir le désir de mettre toutes le chances de votre côté pour que le projet libre aboutisse vraiment, gagne en notoriété, entre dans une logique commerciale, vous procure amour, gloire et beauté.

C’est précisément l’intérêt du feuilleton dont vous allez déguster les épisodes semaine après semaine.

42 auteurs vous feront partager leur expérience, avec sérieux et humour, vous raconteront leurs ratages et leurs succès, vous diront comment éviter les uns et atteindre les autres. Des principes, des recommandations mais aussi des trucs et des ficelles, bref une ribambelle chatoyante de libres conseils.

Chaque semaine ou presque, l’équipe framalang vous proposera un nouvel épisode traduit du livre électronique en anglais Open Advice.

Chaque semaine — top départ chaque jeudi soir à 21h — une ou deux tranches du gâteau seront proposées à la traduction collaborative sur un framapad, donc en libre accès pour tous ceux qui souhaitent y contribuer. Participez à l’aventure !

La version que nous publierons ensuite ici même, comme dans le premier échantillon ci-dessous qui est une sorte de préambule, est un premier état de la traduction (donc évidemment perfectible), l’étape suivante sera une révision générale de tous les articles pour les joindre en un Framabook à venir.

Eh oui ça se passe comme ça chez Frama !

Les traducteurs de ce premier round d’échauffement :

peupleLa, Astalaseven, Hideki, Vilnus Atyx, liu qihao, Cyrille L., Khyvodul, jcr83, Slystone, schap2, 4nti7rust, Goofy, Antoine, lamessen + 4 anonymes

Libres Conseils

Logiciels libres et open source : ce que nous aurions aimé savoir avant de commencer

Open Advice est une base de connaissances provenant d’une grande variété de projets de logiciels libres. Elle répond à des questions dont 42 contributeurs majeurs auraient aimé connaître les réponses lorsqu’ils ont débuté. Vous aurez ainsi une longueur d’avance quelle que soit la façon dont vous contribuez et quel que soit le projet que vous avez choisi.

Les projets de logiciels libres modifient le paysage du logiciel de façon impressionnante grâce à des utilisateurs dévoués et une gestion innovante. Chacun apporte quelque chose au mouvement à sa façon, avec ses capacités et ses connaissances. Cet engagement personnel et la puissance du travail collaboratif sur Internet donnent toute leur force aux logiciels libres et c’est ce qui a rassemblé les auteurs de ce livre.

Ce livre est la réponse à la question « Qu’auriez-vous aimé savoir avant de commencer à contribuer ? » Les auteurs offrent un aperçu de la grande variété de talents qu’il faut rassembler pour réussir un projet de logiciel : le codage bien sûr, mais aussi le design, la traduction, le marketing et bien d’autres compétences. Nous sommes là pour vous donner une longueur d’avance si vous êtes nouveau. Et si ça fait déjà un moment que vous contribuez, nous sommes là pour vous donner un aperçu d’autres domaines et projets.

pour les géants et ceux qui se tiendront sur leurs épaules [1] 

Avant-propos

Ce livre parle de communauté et de technologies. Il est le fruit d’un travail collectif, un peu comme la technologie que nous construisons ensemble. Si c’est votre première rencontre avec notre communauté, vous pourrez trouver étrange de penser qu’une communauté puisse être le moteur qui propulse la technologie. La technologie n’est-elle pas l’œuvre des grands groupes industriels ? En fait, pour nous c’est presque l’inverse. Les auteurs de ce livre sont tous membres de ce que vous pourriez appeler la communauté du logiciel libre. Un groupe de personnes qui partagent l’idée fondatrice que les logiciels sont plus puissants, plus utiles, plus flexibles, mieux contrôlables, plus justes, plus englobants, plus durables, plus efficaces, plus sûrs et finalement simplement meilleurs quand ils sont fournis avec les quatre libertés fondamentales : la liberté d’utiliser, la liberté d’étudier, la liberté de partager et la liberté d’améliorer le logiciel.

Et bien qu’il y ait maintenant un nombre croissant de communautés qui ont appris à se passer de la proximité géographique grâce aux moyens de communication virtuels, c’est cette communauté qui en a été le précurseur.

En fait, Internet et la communauté du logiciel libre[2] suivaient des développements mutuellement dépendants. Au fur et à mesure qu’Internet grandissait, notre communauté pouvait grandir en même temps. Mais sans les valeurs ni la technologie qu’apportait notre communauté, il ne fait aucun doute à mes yeux que jamais Internet n’aurait pu devenir ce réseau global reliant les personnes et les groupes du monde entier.

À ce jour, nos logiciels font fonctionner la majeure partie d’Internet, et vous devez en connaitre au moins quelques-uns, comme Mozilla Firefox, OpenOffice.org, Linux, et peut-être même Gnome ou KDE. Mais notre technologie peut aussi se cacher dans votre téléviseur, votre routeur sans fil, votre distributeur automatique de billets, et même votre radio, système de sécurité ou bataille navale. Elle est littéralement omniprésente.

Ils ont été essentiels dans l’émergence de quelques-unes des plus grandes sociétés que vous connaissez, comme Google, Facebook, Twitter et bien d’autres. Aucune d’entre elles n’aurait pu accomplir autant en si peu de temps sans le pouvoir du logiciel libre qui leur a permis de monter sur les épaules de ceux qui étaient là avant eux. Mais il existe également de nombreuses petites entreprises qui vivent de, avec, et pour le logiciel libre, dont la mienne, Kolab Systems. Le fait d’agir activement avec la communauté et dans un bon esprit est devenu un élément de succès essentiel pour nous tous. Et c’est aussi vrai pour les plus grosses, comme Oracle nous l’a involontairement démontré durant et après sa prise de contrôle de Sun Microsystems. Il est important de comprendre que notre communauté n’est pas opposée au commerce. Nous aimons notre travail, et beaucoup d’entre nous en ont fait leur métier pour gagner leur vie et rembourser leurs crédits. Donc quand nous parlons de communauté, nous voulons dire des étudiants, des entrepreneurs, des développeurs, des artistes, des documentalistes, des professeurs, des bricoleurs, des hommes d’affaires, des commerciaux, des bénévoles et des utilisateurs. Oui, des utilisateurs. Même si vous ne vous en êtes pas encore rendu compte ou n’avez jamais appartenu à une communauté, vous faites en réalité déjà partie de la nôtre. La question est de savoir si vous allez y participer activement. Et c’est cela qui nous différencie des poids lourds de la monoculture, des communautés fermées, des jardins clôturés de sociétés telles qu’Apple, Microsoft et d’autres. Nos portes sont ouvertes. Tout comme nos conseils. Et également notre potentiel. Il n’y a pas de limite à ce que vous pouvez devenir — cela dépend uniquement de votre choix personnel comme cela a été le cas pour chacun d’entre nous.

Donc si vous ne faites pas encore partie de notre communauté, ou si vous êtes simplement curieux, ce livre offre un bon point de départ. Et si vous êtes déjà un participant actif, ce livre pourrait vous offrir un aperçu de quelques facettes et de quelques perspectives qui seront nouvelles pour vous.

En effet, ce livre contient d’importantes graines de ce savoir implicite que nous avons l’habitude de construire et de transférer à l’intérieur de nos sous-communautés qui travaillent sur diverses technologies. Ce savoir circule généralement des contributeurs les plus expérimentés vers les moins expérimentés. C’est pourquoi il semble tellement évident et naturel à ceux qui fréquentent notre communauté. Ce savoir et cette culture de la collaboration nous permettent de créer d’extraordinaires technologies avec de petites équipes du monde entier au-delà des différences culturelles, linguistiques et de nationalité. Cette manière de fonctionner permet de surpasser des équipes de développement bien plus grandes de certaines des plus grosses sociétés au monde. Tous les contributeurs de ce livre ont une expérience solide dans au moins un domaine, parfois plusieurs. Ils sont devenus des enseignants et des mentors. Au cours des quinze dernières années, j’ai eu le plaisir d’apprendre à connaître la plupart d’entre eux, de travailler avec beaucoup, et j’ai le privilège de compter certains parmi mes amis.

Comme l’a dit judicieusement Kévin Ottens pendant le Desktop Summit 2011 à Berlin, « construire une communauté, c’est construire de la famille et de l’amitié ».

C’est donc en réalité avec un profond sentiment de gratitude que je peux dire qu’il n’y a aucune autre communauté dont je préférerais faire partie, et je suis impatient de vous rencontrer à l’une ou l’autre des conférences à venir.

— Georg Greve

Zürich, Suisse, le 20 août 2011

Georg Greve a fondé la Free Software Foundation Europe (FSFE) en 2000 et en a été le président fondateur jusqu’en 2009. Durant cette période, il a été responsable du lancement et du développement de nombreuses activités de la FSFE, telles que les alliances, la politique ou les travaux juridiques. Il a intensivement travaillé avec de nombreuses communautés. Aujourd’hui, il poursuit ce travail en tant qu’actionnaire et PDG de Kolab Systems AG, une société qui se consacre entièrement aux logiciels libres. Pour ses actions en faveur du logiciel libre et des standards ouverts, Georg Greve a été décoré de la croix fédérale du mérite (Bundesverdienstkreuz am Bande) par la République Fédérale d’Allemagne le 18 décembre 2009. Thank You! Merci !

Ce livre n’aurait pu voir le jour sans la participation de chaque auteur et des personnes suivantes, qui ont aidé à sa réalisation :

Anne Gentle (relecture)

Bernhard Reiter (relecture)

Celeste Lyn Paul (relecture)

Daniel Molkentin (mise en page)

Debajyoti Datta (site internet)

Irina Rempt (relecture)

Jeff Mitchell (relecture)

Mans Rullgard (relecture)

Noirin Plunkett (relecture)

Oregon State University Open Source Lab (hébergement du site internet)

Stuart Jarvis (relecture)

Supet Pal Singh (site internet)

Saransh Sinha (site internet)

Vivek Prakash (site internet)

Will Kahn-Greene (relecture)

* * * * * *

[1] Note des traducteurs : dédicace par allusion à « Nous sommes des nains juchés sur les épaules de géants. » Bernard de Chartres, XIIe siècle

[2] Note de l’auteur : pour moi, l’Open Source n’est que l’un des aspects de cette communauté. Cet aspect particulier a trouvé son articulation en 1998, c’est-à-dire quelque temps après l’arrivée d’Internet. Mais n’hésitez pas à dire « Open Source » au lieu de « logiciel libre » si vous préférez ce terme.

Crédits photo hellojenuine (CC-BY-SA)




Rencontre avec trois papas du Coding Goûter

Des kids, du code et du cake…

Le 29 septembre dernier je me suis rendu avec Adrienne Alix (Wikimédia France), Frédéric Couchet (April, de dos sur la première photo) et nos enfants respectifs à un « Coding Goûter » parisien.

Jugeant l’expérience tout à fait intéressante, et ma fille aussi (au tableau sur la seconde photo, présentant son travail sur Scratch), j’ai proposé aux organisateurs Julien Dorra, Jonathan Perret et Raphaël Pierquin un entretien pour en savoir plus et donner éventuellement envie d’essaimer.

Coding Goûter - CC by

Bonjour, pouvez-vous vous présenter succinctement ?

Julien : J’anime des communautés techno-créatives 🙂 C’est à dire que je crée les bonnes conditions pour que des personnes d’horizons différents créent avec les technologies d’aujourd’hui. Dans des universités, pour des institutions, et bien sûr avec Dorkbot Paris, Museomix, ArtGame weekend… et Coding Goûter !

Jonathan et Raphaël : Nous sommes tous les deux papas et développeurs. Nous travaillons chez /ut7, une coopérative d’agilistes. Notre métier, c’est d’aider d’autres développeurs à travailler en équipe. Nous animons aussi des ateliers de co-apprentissage avec des enfants de plus de 25 ans : nos formations, mais aussi Dojo de Développement, Agile Open, Dojo Lean Startup, soirées Cambouis…

Alors un « Coding Goûter » c’est quoi ?

Raphaël : Un Coding Goûter, c’est un rendez-vous festif avec des gâteaux, où petits et grands apprennent à programmer, ensemble.

Julien : C’est aussi un moment pour partager le plaisir de créer des choses avec du code, et d’expérimenter. Et pour les adultes qui, comme moi, ont programmé quand ils étaient enfants mais ont ensuite arrêté d’écrire des programmes – c’est une manière de réveiller une pratique qui était passé au second plan. Il y a des peintres du dimanche, je me revendique comme codeur du dimanche !

Comment l’idée est-elle donc née ?

Julien : J’ai rencontré Jonathan lorsqu’il a participé au premier – et au second ! – ArtGame weekend. Après ça, on a beaucoup discuté de ce que pouvait signifier l’éducation au code, de l’impact des nouveaux outils, à quoi pouvait ressembler un jeu de programmation.

Jonathan : Je cherchais à partager avec mes filles mon métier de développeur, mon plaisir d’écrire des programmes. J’étais frustré de ne pas trouver les moments « à la maison ». D’où l’idée d’un goûter avec des enfants, où l’on programmerait.

Julien : J’ai lancé de mon côté une petite enquête pour mieux comprendre ce que les parents (non tech inclus) pensaient du sujet. Les dizaines de réactions extrêmement diverses nous ont assez étonnés. Cela allait de l’évidence, au dégoût de l’idée même d’apprendre aux enfants à programmer !

Jonathan : Finalement, un matin de décembre 2011, j’ai réalisé que nous avions déjà toutes les cartes en main. Il suffisait de choisir une date, lancer des invitations et ouvrir les bureaux de /ut7 un samedi après-midi.

Raphaël : Quand Jonathan a évoqué son idée, j’étais enthousiaste. Ma motivation première, était de montrer à mes enfants ce qu’était mon métier. Après plusieurs séances, ce qui persiste, c’est le même plaisir que celui de jouer aux LEGO avec mon fils : s’amuser en construisant des choses ensemble.

Vous en êtes désormais à huit Coding Goûters, quel retour d’expérience en faites-vous ? Qu’est-ce qui a bien fonctionné ? Qu’est-ce qui peut être amélioré ?

Julien : On sait qu’il ne faut pas trop d’enfants, 12 c’est bien. On sait aussi que à la maison, ça marche moins bien, on est pas assez hors-contexte. Il y a plein de sollicitations, y compris pour les grands !

Raphaël : Une leçon essentielle que j’ai apprise : quand il s’agit d’apprendre, les adultes sont des enfants comme les autres. Une autre encore : c’est important de ponctuer les goûters avec des pauses où l’on prend le temps de célébrer les réalisations des participants. Une piste d’amélioration : publier un petit manuel pour aider de potentiels organisateurs de Coding Goûters à se lancer.

Est-ce facile de gérer en même temps différentes classes d’âge (quant on sait par exemple les écarts qu’il peut y avoir entre un enfant de 6 ans et de 12 ans) ?

Julien : Cela ne se pose pas dans ces termes. On vient avec nos enfants. Chacun fait.

Raphaël : Nous utilisons le même principe que dans les formations pour adultes de /ut7 : une grande variété d’activités, et la liberté pour chacun de choisir ce dont il a besoin pour apprendre. Ça marche très bien, encore mieux qu’avec des groupes sans enfant.


Julien : Séparer les classes d’âge peut sembler plus facile, mais c’est une homogénéité fictive. Les enfants d’un même âge n’ont ni le même niveau, ni les mêmes envies. Par exemple un enfant de 10 ans avait envie de créer des applications iPad, ce qui l’a motivé pendant tout un goûter pour explorer Xcode et Objective-C. Un grand de 14 ans pendant ce temps-là faisait du RoboZZle.

Plutôt que des séances « one shot » envisagez-vous d’organiser à terme des « Coding Goûter » plus réguliers tout au long de l’année avec le même groupe d’enfants-parents ? Et de ce fait pouvoir alors proposer quelque chose de plus structuré et progressif ?

Julien : Ce ne sont déjà plus des séances uniques, puisque nous avons organisé près d’un Coding Goûter par mois tout au long de 2012. Selon leurs disponibilités, les enfants et les adultes reviennent d’un goûter à l’autre. Mais derrière cette régularité, il n’y a pas de volonté de structurer l’apprentissage, ni d’introduire de la progressivité. C’est un moment d’exploration, de découverte. Le but n’est pas d’enseigner. Le but n’est pas l’acquisition de compétence en soi. De la même manière que l’on ne fait pas faire du dessin aux enfants pour qu’ils acquièrent une compétence technique précise.

Raphaël : Pour moi, le Coding Goûter est avant tout un loisir créatif, famillial et social. De fait, les familles qui participent, ponctuellement ou régulièrement forment une communauté qui crée une continuité entre chaque séance. Néanmoins, nous ne suivons pas de plan d’une séance sur l’autre, et ce n’est pas prévu.
Je me lancerai peut-être un jour dans la construction d’un programme structuré, mais ça sera en plus du Coding Goûter.

Ne pensez-vous pas que les « Coding Goûter » viennent combler une lacune, un vide de l’Education nationale ? Un déficit aussi bien dans le fond (inviter à coder, à créer) que dans la forme (le dispositif pédagogique assez novateur que vous proposez). A moins que vous jugiez que tout va bien et que chacun est à sa place ?

Raphaël : La pauvreté du programme informatique de l’école m’attriste, et le potentiel de progression est énorme. Attention néanmoins : la recette des Coding Goûters n’est pas nécessairement adaptée au contexte de l’école.

Jonathan : Je regrette également de voir que l’école ne donne plus aux enfants l’occasion de découvrir la magie de la programmation, comme nous en avons eu la chance à l’époque du plan « Informatique pour tous », mais elle ne peut peut-être pas tout faire non plus…

Julien : Au cours des prochaines années, on va à nouveau beaucoup entendre parler de l’enseignement de la programmation. La discussion est actuellement très active au Royaume-Uni, cela va revenir en France.
Et tu peux être sûr que cela sera principalement axé sur le « besoin de développeurs pour l’économie numérique ». On n’est pas du tout sur cet axe. On a envie que nos enfants programment, et oui, c’est vrai qu’ils ne le font pas à l’école et c’est dommage – car ils vont passer beaucoup de temps à l’école. Mais on ne cherche pas à fournir des développeurs aux SSII françaises dans 15 ans ! Probablement même le contraire 🙂
Est-ce qu’on comble un manque ? Avant tout, on comble un manque… pour nous et nos enfants ! Puis les enfants de nos amis, de nos collègues 😉
D’une certaine manière, on a été obligés de reconnaître qu’on répondait à un besoin fort, car nous avons des emails réguliers de parents qui veulent en organiser dans leur ville, ou être avertis du prochain goûter. À peine visibles, nous étions déjà sollicités.
Est-ce qu’on peut-être une part de la réponse aux difficultés de l’école de s’ouvrir aux changements sociaux en cours ? Pour l’instant non : on est en parallèle du système scolaire, et nous n’avons aucun lien avec les instances scolaires.

Si je vous dis que les « Coding Goûter » c’est quand même encore un « truc de bobos », vous pensez que c’est juste un gros troll ou bien une remarque valide ?

Raphaël : Quand j’avais 8 ans, dans ma campagne, il y avait un « club informatique » (MO5 rul3z !). C’était comme un Coding Goûter, mais sans les gâteaux. Ça me passionnait, je n’étais pas le seul, et personne ne s’en étonnait. On ne connaissait pas encore le mot « bobo », ni le mot « troll », d’ailleurs. Cela dit, oui, je suis bobo, et troll-proof, aussi.

Jonathan : La contrainte que nous avons mise pour l’accès au Coding Goûter, à savoir le fait de faire participer parents et enfants ensemble, crée probablement une barrière pour certaines familles où tout simplement les activités partagées ne sont pas la norme. Je ne peux qu’espérer que d’autres formats existeront pour donner à chaque enfant une chance de découvrir la programmation.

Julien : Coding Goûter est issu de parents qui apprécient la culture du code, et qui ont envie de la partager avec leur enfants. Il y a eu des réactions vaguement négatives. La ligne de partage ne semble pas être le niveau d’études, le niveau d’intellectualisme ou le revenu, mais plus la vision de la technologie comme quelque chose de positif, créatif, avec un empowerment possible ou comme un aspect négatif et enfermant de la vie contemporaine.
À ma connaissance, il y a des enfants de tout milieu qui ont envie de coder.
À l’opposé, il y a des parents de milieux aisés qui n’ont aucune motivation pour encourager leurs enfants à programmer, et même au contraire, y sont hostiles.
Maintenant, si la vraie question est « quelle diversité pour les Coding Goûter ? » on peut noter que nous avons déjà une parité fille-garçon des enfants qui est unique pour des sessions de programmation mixte (en fait, on a même toujours eu plus de filles que de garçons…).
C’est un bon signe. Il y a un effet de réseau sur les parents, c’est certain, tout simplement car on est un tout petit groupe qui grandit de proche en proche. Mais du coup, il y a peu de pression de sélection sur les enfants.

Plus concrètement, quels sont, dans le détail, les logiciels que vous proposez ? Quels sont leurs spécificités ? Pourquoi les avoir choisis ?

Julien : On a testé beaucoup de choses, et on continue de tester des nouveaux outils. Il y a des choses incroyables qui se passent du côté des outils web, dans le navigateur. J’ai adoré faire du LiveCodeLab avec des ados, en particulier.
Mais les grands classiques comme Scratch sont toujours aussi intéressants.
Le choix se fait sur la facilité de prise en main, le niveau des enfants (et des adultes !), le but (si un enfant veut faire un jeu sur tablette, on va l’orienter vers GameSalad, par exemple), et les découvertes du moment.

Raphaël : Pour les logiciels : à chaque séance, on en essaye de nouveaux, et on garde ceux qui nous plaisent.
Je choisis les logiciels en fonction du ou des participants qui programment avec moi, par exemple avec un enfant qui ne sait pas encore lire, ou avec un ingénieur, j’aime bien commencer avec RoboZZle, tandis qu’avec des enfants de 5 à 7 ans, on se raconte une histoire, et on construit un jeu petit à petit sur Scratch. Même si ils ne conçoivent qu’une petite partie de l’algo, le plaisir d’avoir créé est bien là ! En général, on arrête de programmer quand ça devient plus amusant de jouer que de créer le jeu.
Scratch est aussi idéal pour la tranche d’âge intermédiaire : souvent, des groupes de deux ou trois enfants de 8 à 50 ans se forment. Ils suffit de les mettre sur la voie, et ils parviennent à créer des programmes, en s’appuyant sur les participants les plus expérimentés (pas nécessairement les plus âgés). Et avec des garçons pré-ados, on a tenté de construire un circuit logique dans un univers virtuel (Minecraft). Pas facile de faire collaborer tous ces avatars !

Comprenez-vous ceux qui (comme nous) souhaitent que les logiciels proposés soient « le plus libre possible » ?

Raphaël : Oui. Et d’ailleurs, goûter au plaisir d’utiliser du code que l’on a écrit soi-même, c’est faire un premier pas dans les traces qui mènent au logiciel libre, non ?

Jonathan : Je trouve cela assez sain. Au quotidien, je n’utilise pas que des logiciels libres, mais quand j’en ai l’occasion j’essaie d’expliquer à mes enfants ce qu’est un logiciel libre afin qu’elles puissent plus tard faire des choix informés.

Julien : Le logiciel libre fonctionne évidemment en harmonie avec les pratiques d’appropriations collectives.
Il y a des raisons idéologiques à ça, mais il y a aussi des raisons pratiques. Un exemple très concret : les enfants français ont besoin que les interfaces, la documentation, les exemples, soient traduits en français. Un outil libre est traduisible dès que la communauté le veut.
Par exemple, j’ai pris l’initiative de traduire LiveCodeLab, les tutoriaux en particulier, car je trouvais que c’était un outil fascinant, et je voulais voir comment les enfants et les ados allaient l’utiliser. Un code ouvert et un développeur amical, et cela a pris quelques heures !
Cela dit, j’aime les contradictions. Tester tous les outils, c’est se confronter, et confronter les enfants les plus grands, aux choix de leurs outils, aux système parfaits mais propriétaires et verticaux, aux possibilités des outils ouverts d’être modifiés, aux rythme d’évolutions des outils qui ne sont pas les mêmes.
De fait, des outils payants et fermés auront bien sûr bien moins de succès dans le contexte des Coding Goûters que des outils libres. La partie grise ce sont les outils propriétaires gratuits ou freemium très bien réalisés, comme GameSalad, qui ont une position unique et intéressante. On aime GameSalad comme on aime Photoshop, ou Google Docs. Un bel outil logiciel reste un bel outil logiciel.

Est-ce que vous avez déposé le nom et le concept de « Coding Goûter » ? Comme j’imagine que non, cela signifie que tout le monde peut en organiser ! Vous connaissant un peu, j’imagine même que c’est quelque chose que vous encouragez. Quels conseils donneriez-vous donc, comment vous contacter et trouver trace des « Coding Goûter » précédents ?

Jonathan : Pas de marque déposée effectivement. L’idéal serait au contraire que le mot devienne aussi banal que « week-end » ou « pique-nique » !

Julien : On encourage tout le monde à organiser des Coding Goûters, bien sûr !
On imagine que dans quelques temps, il y aura des Coding Goûter un peu partout en France, et ailleurs, et que nos enfants pourront y participer où qu’ils soient, se faire de nouvelles copines et de nouveaux copains.
Ce qui ne doit pas arriver, c’est de laisser le concept être avalé par les habitudes antérieures, et devenir trop scolaire ou trop orienté-animateur et donc moins exploratoire et moins dirigé par les désirs créatifs des enfants.
Si vous participez avec vos enfants à un Coding Goûter, vous savez que ça ne sera pas un cours ou un tutoriel, que vous pourrez rester avec vos enfants, qu’il y aura des démo-spectacles par les enfants – et des gâteaux ! Ce sont tous ces petits détails qui comptent pour nous.
Le format est encore en évolution, on teste des choses – mais on tient énormément à l’esprit.

Un dernier mot, un prochain rendez-vous ?

Julien : Il y a des Coding Goûter presque tous les mois. Pour être averti du prochain, il suffit d’envoyer un message à contact AT codinggouter.org, ou de fréquenter notre groupe Facebook.

Raphaël : A ceux qui voudraient organiser leur Coding Goûter : lancez-vous ! Si vous ne savez pas comment vous y prendre, venez nous voir, ou mieux : demandez de l’aide à vos enfants.

Coding Goûter - CC by




Nous avons enfin compris pourquoi le diable s’habillait en Prada

Ce que la culture du libre dans la mode peut nous apprendre (en version originale Lessons from fashion’s free culture) , tel est le titre d’une conférence TED de Johanna Blakley.

Elle nous a tant est si bien impressionnés que nous avons décidé de l’extraire du millier d’excellentes autres interventions pour la mettre un peu en lumière ici, car elle entre souvent directement en résonance avec la ligne éditoriale de ce blog.

« Dans le secteur de la mode, il n’existe que très peu de protection de la propriété intellectuelle. Il y a la protection de la marque commerciale, mais pas de protection du droit d’auteur, et aucune véritable protection sous brevet. La seule vraie protection est celle de la marque commerciale. Cela implique que n’importe qui peut copier n’importe quel vêtement porté par n’importe qui dans cette pièce et le vendre comme sa propre création. La seule chose qui ne puisse pas être copiée, c’est l’étiquette de la marque commerciale attachée au vêtement. »

Il en résulte un dynamisme propice à l’échange, au partage et à l’innovation. alors que dans le même temps, et nous le savons bien, c’est un secteur souvent très lucratif.

« Ma proposition, c’est que la mode peut être un bon point de départ pour chercher un modèle pour les secteurs créatifs à l’avenir. »

Et pour aller plus loin : De la mode à l’impression 3D : petit voyage dans les angles morts du droit d’auteur sur le blog S.I.Lex.

Johanna Blakley: Lessons from fashion’s free culture

Licence Creative Comonns By-Nc-Nd

Transcription

J’ai entendu une histoire incroyable sur Miuccia Prada. C’est une créatrice de mode italienne. Elle va dans une boutique vintage à Paris avec une amie. Elle fouille. Elle trouve une veste Balenciaga. Elle l’adore. Elle l’examine sous tous les angles. Elle regarde les coutures. Elle regarde la confection. Son amie lui dit « Mais achète-là. » Elle répond, « Je vais l’acheter, mais je vais aussi la reproduire. » Bon, les universitaires dans le public doivent se dire « C’est du plagiat, ça. » Mais en réalité, pour une fashionista, c’est le signe du génie de Miuccia Prada : elle peut fouiller dans l’histoire de la mode et choisir LA veste qui n’a pas besoin de changer d’un iota, et qui est actuelle, pile dans l’esprit du moment.

On peut aussi se demander si c’est illégal pour elle de faire cela. En fait, ce n’est pas illégal. Dans le secteur de la mode, il n’existe que très peu de protection de la propriété intellectuelle. Il y a la protection de la marque commerciale, mais pas de protection du droit d’auteur, et aucune véritable protection sous brevet. La seule vraie protection est celle de la marque commerciale. Cela implique que n’importe qui peut copier n’importe quel vêtement porté par n’importe qui dans cette pièce et le vendre comme sa propre création. La seule chose qui ne puisse pas être copiée, c’est l’étiquette de la marque commerciale attachée au vêtement. C’est une des raisons pour lesquelles on voit des logos affichés sur tous ces produits. C’est parce que c’est beaucoup plus dur pour les copieurs de copier ces créations parce qu’ils ne peuvent pas copier le logo. Mais si vous allez dans Santee Alley (NdT : un quartier de Los Angeles connu pour la contrefaçon), oui. Oh, oui. Dans Canal Street (NdT : une rue commerçante de New York), je sais. Et parfois c’est sympa, n’est-ce-pas.

Donc, la raison de tout cela, la raison pour laquelle le secteur de la mode n’a pas de protection du droit d’auteur c’est parce que les tribunaux ont décidé il y a longtemps que les vêtements ont un caractère trop utilitaire pour être éligible à la protection du droit d’auteur. Ils ne veulent pas qu’une poignée de créateurs détiennent les éléments de base de notre habillement. Sinon tous les autres devraient payer une licence pour un poignet ou une manche parce Machin Bidule en est propriétaire. Mais trop utilitaire ? C’est comme ça que vous qualifiez la mode ? C’est du Vivienne Westwood. Non. On peut éventuellement dire que la mode est trop bête, trop inutile.

Mais, ceux d’entre vous qui connaissent bien le raisonnement derrière la protection du droit d’auteur, qui est que sans droit de propriété, il n’y a pas de moteur à l’innovation, peuvent être réellement surpris par, à la fois, le succès critique du secteur de la mode ainsi que sa réussite économique. Ce que je vais vous présenter aujourd’hui est que parce qu’il n’y a pas de protection du droit d’auteur dans le secteur de la mode, les créateurs de mode ont en fait eu la possibilité d’élever la création utilitaire, des choses pour couvrir nos corps nus, à une chose perçue comme un art. Comme il n’y a pas de protection du droit d’auteur dans ce secteur, il y a un système de créativité très ouvert et créatif.

Contrairement à leurs cousins dans la création, les sculpteurs, les photographes, les réalisateurs ou les musiciens, les créateurs de mode peuvent piocher dans toutes les créations de leurs pairs. Ils peuvent prendre n’importe quel élément de n’importe quel vêtement dans l’histoire de la mode et l’intégrer à leur propre création. Ils sont également célèbres pour, vous savez, surfer sur l’air du temps. Et là, je les soupçonne d’avoir été influencés par les costumes d’Avatar. Peut-être un tout petit peu. Impossible aussi de déposer les droits sur un costume.

Donc, les créateurs de mode possèdent la palette la plus large qu’on puisse imaginer dans le secteur de la création. Cette robe de mariée, là, est faite de fourchettes jetables. Et cette robe est faite d’aluminium. J’ai entendu dire que cette robe fait un bruit de carillon éolien quand on marche. Donc, l’un des effets secondaires magiques d’une culture de la copie, ce qui est le cas ici en fait, c’est que des tendances se mettent en place. Les gens pensent que c’est magique. Comment ça se fait ? Eh bien, c’est parce que les gens ont le droit de se copier les uns les autres.

Certains croient que quelques personnes au sommet de la chaîne alimentaire de la mode dictent, en quelque sorte, ce que nous allons porter. Mais si on parle à un créateur de n’importe quel niveau, y compris ces créateurs de haut vol, ils disent toujours que leur principale source d’inspiration, c’est la rue, où les gens comme vous et moi refont à notre sauce personnelle nos propres looks vestimentaires, et c’est véritablement là qu’ils trouvent une bonne part de leur inspiration créatrice. Donc, c’est un secteur où le haut comme le bas dictent la tendance.

Maintenant, les géants de la mode à consommer ont probablement le plus bénéficié de l’absence de protection du droit d’auteur dans la mode. Ils sont réputés pour reproduire des créations de luxe et les vendre à très bas prix. Et ils ont dû subir beaucoup de procès, mais en général, les créateurs ne gagnent pas ces procès. Les tribunaux ont répété encore et encore, « Vous n’avez pas besoin d’une protection de propriété intellectuelle supplémentaire. » Quand on voit des copies comme celle-là, on se demande, mais comment les marques de luxe arrivent-elles à survivre ? Si on peut avoir ça pour 200 euros, pourquoi en payer mille ? C’est une des raisons pour laquelle nous avons fait une conférence ici, à l’USC (NdT : University of Southern California – Université de Californie du Sud), il y a quelques années. On a invité Tom Ford. La conférence était intitulée : « Prêts à partager : la mode et la propriété de la créativité. » Et nous lui avons posé cette question, mot pour mot. Voilà sa réponse. Il venait de faire un passage réussi chez Gucci en tant que créateur principal, au cas où vous ne le saviez pas.

Tom Ford : « Et nous avons découvert après une recherche extensive pas si extensive que ça en fait, une recherche assez simple, que le client de la contrefaçon n’était pas notre client. »

Imaginez. Les clients des boutiques de Santee Alley ne sont pas ceux qui vont faire du shopping chez Gucci. (Rires) C’est un segment très différent. Et vous savez, une contrefaçon, ce n’est jamais pareil qu’une création originale de luxe, du moins en termes de matières, les matières sont toujours moins chères. Mais parfois, même une version moins chère peut avoir des côtés charmants, peut inspirer encore un peu de vie dans une tendance à l’agonie. La copie a beaucoup de qualités. L’une d’elles, soulignée par de nombreux critiques culturels, est que nous disposons maintenant d’un éventail de choix bien plus large que jamais auparavant dans les créations. En fait, c’est surtout grâce à la mode à consommer. Et c’est une bonne chose. Nous avons besoin d’un large éventail de choix.

La mode, que vous le vouliez ou non, vous aide à projeter votre identité face au monde. A cause de la mode à consommer, les tendances mondiales s’établissent bien plus vite qu’auparavant. Et en fait, c’est bon pour les faiseurs de tendance. Ils veulent que les tendances soient en place afin de pouvoir changer de produit. Les fashionistas veulent garder un temps d’avance sur la mode. Elles ne veulent pas porter la même chose que tout le monde. Ainsi, elles veulent passer à la prochaine tendance dès que possible.

Je vous le dis, pas de répit pour les modeux. A chaque saison, ces créateurs doivent lutter pour trouver la nouvelle idée formidable que tout le monde va adorer. Et ça, laissez-moi vous le dire, c’est très bon pour les bénéfices. Maintenant, bien sûr, il y a un tas d’effets secondaires provoqués par la culture de la copie sur le processus créatif. Stuart Weitzman est un créateur de chaussures qui a beaucoup de succès. Il s’est beaucoup plaint du fait que les gens le copient. Mais dans une interview que j’ai lue, il a dit que ça l’a vraiment forcé à améliorer sa production. Il a dû trouver de nouvelles idées, de nouvelles choses difficiles à copier. Il a trouvé ce talon compensé Bowden qui doit être fabriqué en acier ou en titane. Si on le fabrique à partir d’un matériau moins cher, il va se fissurer en deux. Ca l’a forcé à être un peu plus innovant.

Et en fait, ça m’a rappelé ce grand du jazz, Charlie Parker. Je ne sais pas si vous avez entendu cette anecdote, mais moi si. Il a dit que l’une des raisons pour lesquelles il avait inventé le be-bop c’est qu’il était quasiment sûr que les musiciens blancs ne sauraient pas reproduire la sonorité. Il voulait que ça soit difficile à copier. C’est ce que les créateurs de mode font tout le temps. Ils essayent de construire un look caractéristique, une esthétique, qui reflète leur identité. Quand d’autres le copient, tout le monde le sait parce qu’ils ont fait défiler ce look sur le podium, et que c’est une esthétique cohérente.

J’adore ces créations de Galliano. Ok, on passe à la suite.

C’est assez semblable au monde des comiques. Je ne sais pas si vous saviez que les blagues ne peuvent pas être non plus déposées sous droit d’auteur. Donc, quand les phrases drôles étaient vraiment à la mode, tout le monde se les piquait. Mais maintenant, nous avons un autre type de comique. Ils développent un personnage, un style caractéristique, vraiment comme les créateurs de mode. Et leurs blagues, comme les créations d’un créateur de mode, ne marchent vraiment que dans cette esthétique. Si quelqu’un vole une blague à Larry David (ndlr : un humoriste américain), par exemple, ce n’est pas aussi drôle.

Ce que font aussi les créateurs de mode pour survivre dans la culture de la copie, c’est d’apprendre à se copier eux-mêmes. Ils se copient tout seuls. Ils concluent des accords avec les géants de la mode à consommer, et ils trouvent un moyen de vendre leur produit à un tout nouveau segment du marché, le marché des clients de la contrefaçon.

Bon, certains créateurs de mode vont dire, « Il n’y a qu’aux Etats-Unis qu’on ne nous respecte pas. Dans les autres pays, il existe une protection pour nos créations artistiques. » Mais si on se penche sur les deux autres marchés majeurs du monde, il s’avère que la protection offerte est inefficace en réalité. Au Japon, par exemple, qui est le troisième marché, je crois, ils ont une loi sur les créations qui protège les vêtements mais le niveau pour prétendre à la nouveauté est si élevé qu’il faut prouver que le vêtement n’existait pas du tout auparavant. Il doit être totalement unique. C’est à peu près le niveau d’originalité d’un brevet aux Etats-Unis, que les créateurs de mode n’atteignent jamais, n’atteignent que rarement ici aux Etats-Unis.

Dans l’Union Européenne, ils ont choisi la direction opposée. Un niveau de nouveauté très bas, tout le monde peut déposer quelque chose. Mais même si c’est le foyer du secteur de la mode à consommer et qu’on y trouve beaucoup de créateurs de luxe, en général, ils ne déposent pas leurs vêtements, et il n’y a pas beaucoup de procès. Il s’avère que le niveau d’originalité est trop bas. Quelqu’un peut débarquer, prendre la robe de quelqu’un d’autre, couper sept centimètres en bas, aller en U.E. et le déposer en tant que création nouvelle et originale. Donc ça n’arrête pas les artistes de la contrefaçon. En fait, si on regarde le registre, bon nombre des créations qui y sont déposées sont des t-shirts Nike quasi identiques les uns aux autres.

Mais ça n’a pas découragé Diane von Furstenberg. Elle est la présidente du Comité des créateurs de mode d’Amérique, et a dit à ses électeurs qu’elle allait obtenir la protection du copyright pour les créations de mode. Cependant, les revendeurs ont pulvérisé ce concept. Je ne pense pas que la législation aboutisse à grand-chose. Parce qu’ils comprennent à quel point il est difficile de faire la distinction entre une création piratée et quelque chose qui fait partie d’une tendance mondiale. Qui est le propriétaire d’un look ? Il est très difficile de répondre à cette question. Pour cela, il faut beaucoup d’avocats et beaucoup de temps devant les tribunaux. Et les magasins ont décidé que ce serait bien trop cher.

Vous savez, le secteur de la mode n’est pas le seul à ne pas bénéficier la protection du droit d’auteur. Beaucoup d’autres secteurs n’ont pas de telle protection y compris le secteur alimentaire. On ne peut pas déposer légalement sur une recette de cuisine parce que c’est une série d’instructions, ce sont des faits. Et on ne peut pas déposer légalement l’apparence et la saveur d’un plat, aussi unique soit-il. Pareil pour les automobiles. Peu importe leur apparence déjantée ou cool, impossible de déposer légalement la création de la carrosserie. C’est un utilitaire, voilà pourquoi. Pareil pour le mobilier. C’est trop utilitaire. Les tours de magie, je crois que ce sont des instructions, un peu comme des recettes. Pas de protection du droit d’auteur non plus. Pour les coiffures, pas de protection aussi. Pour le logiciel en open source, les codeurs ont décidé qu’ils ne voulaient pas de la protection du droit d’auteur. Ils se sont dits qu’ils seraient plus innovants sans ça. C’est très dur d’obtenir une protection pour des bases de données. Les tatoueurs, ils n’en veulent pas ; ce n’est pas cool. Ils partagent leurs créations. Les blagues, pas de protection. Les feux d’artifice. Les règles des jeux. L’odeur d’un parfum, non. Et certains de ces secteurs peuvent vous paraître un peu en marge, mais voici les chiffres de vente bruts des secteurs avec une propriété intellectuelle faible, des secteurs avec très peu de protection du droit d’auteur. Et voilà les chiffres bruts des films et des livres. (Applaudissements) C’est pas beau à voir.

(Applaudissement)

Donc, on parle aux gens de la mode et ils font « Chut ! » Ne dites à personne qu’on a le droit de se voler nos créations. C’est gênant.« Mais vous savez quoi, c’est révolutionnaire. Et c’est un modèle que beaucoup d’autres secteurs, comme ceux qu’on vient juste de voir avec les toutes petites barres, ces secteurs pourraient y réfléchir, parce qu’en ce moment, ces secteurs fortement protégés par le droit d’auteur fonctionnent dans une atmosphère où il semble qu’ils n’aient aucune protection. Et ils ne savent pas quoi faire.

Quand j’ai découvert que tout un tas de secteurs n’étaient pas protégés, j’ai pensé : quelle est exactement la logique sous-jacente ? J’ai besoin d’une image, les avocats ne donnent pas d’image. Donc je m’en suis faite une. Voici les deux principales oppositions, en quelques sortes binaires, dans la logique du droit d’auteur. C’est plus complexe que ça, mais cette image fera l’affaire. Premièrement, l’objet est-elle un objet d’art ? Alors il mérite d’être protégé. Est-ce un objet utilitaire ? Alors non, il ne mérite pas d’être protégé. C’est une opposition binaire difficile et instable.

L’autre, c’est : est-ce une idée ? Est-ce une chose qui a besoin de circuler librement dans une société libre ? Pas de protection. Ou est-ce sur un support matériel, une expression d’une idée, une chose faite par quelqu’un, qui mérite de la posséder à un moment et de gagner de l’argent avec. Le problème est que la technologie numérique a complètement changé la logique de ce concept « support matériel contre idée. » De nos jours, on ne reconnaît pas vraiment un livre en tant qu’objet sur une étagère ou la musique comme une chose étant un objet matériel qu’on tient dans les mains. C’est un fichier numérique. C’est à peine reliée à une réalité matérielle dans notre esprit. Et ces choses, comme nous pouvons les copier et les transmettre si facilement, circulent dans notre culture beaucoup plus comme des idées que comme des objets ayant une substance matérielle.

Maintenant, les questions conceptuelles sont réellement profondes quand on parle de créativité et de propriété et je vous le dis, il vaut mieux que nous ne laissons pas les avocats, seulement, en décider. Ils sont malins. Je sors avec un avocat. C’est mon ami. Il est très bien. Il est malin. Il est intelligent. Mais il faut qu’une équipe interdisciplinaire analyse la question, tente de comprendre quel est le type de propriété dans un monde numérique, qui entraînera plus d’innovation. Ma proposition, c’est que la mode peut être un bon point de départ pour chercher un modèle pour les secteurs créatifs à l’avenir.

Si vous voulez en savoir plus sur ce projet de recherche, visitez notre site web : ReadyToShare.org. Et je remercie sincèrement Veronica Jauriqui pour cette présentation très mode.

Merci beaucoup.




Merci Framasoft ! Merci le logiciel libre ! Merci le Libre !

On inspire vraiment tout ça ?

L’autre jour j’avais un petit coup de mou lié au « trop de choses à faire pour Framasoft simultanément dans un temps trop court ». Cela nous arrive de temps en temps parce que ce n’est pas l’activité qui manque au sein d’une galaxie qui avoisine désormais la vingtaine de projets.

Pierre-Yves (alias Le Sage, ci-dessous sur la photo) me dit alors : « Fais une pause en parcourant la page des témoignages, tu verras, ça te redonnera la patate ! »

Effectivement.

C’est vrai qu’on a tendance un peu à l’oublier cette page, emportés que l’on est par le tourbillon des listes de tâches. Et pourtant c’est peut-être pour nous la plus précieuse de toutes les pages du réseau.

Depuis 2008, nous proposons en effet aux visiteurs de nous laisser un message sur notre site de soutien. Et ce sont ainsi plusieurs centaines de témoignages divers et variés qui se sont accumulés.

Nous en avons sélectionné quelques-uns ci-après, pris dans le flux et le flot de ces deux dernières années.

Il ne s’agit pas tant de se faire plaisir en toute immodestie que d’illustrer notre utilité au moment même où nous relançons avec fébrilité notre campagne de dons.

On vous le concède, il y a sûrement trop de citations. Mais libre à vous de picorer. L’idée c’est de montrer que nous rendons service de plein de manières différentes, à tous les âges et aux quatre coins de la francophonie. Et puis il y a des passages qui font sourire comme ce jeune homme à qui on a donné envie de lire son tout premier livre à 22 ans ou encore cette prière mystique venue du fin fond de l’Afrique 🙂

Le plus frappant peut-être, c’est qu’au delà de Framasoft, le logiciel libre en particulier et « le Libre » en général suscitent un véritable espoir…

Les photos sous licence Creative Commons By-Sa qui agrémentent les témoignages sont de Julien Reitzel (dont la toute dernière en bas devant le siège de… Rolex !).

Julien Reitzel - CC by-sa

Delila (Montpellier) :

Framasoft est MA référence pour les logiciels libres depuis bien longtemps. Aujourd’hui je fais le grand saut vers un système d’exploitation (je crois que c’est le bon mot ?) libre. Merci à vous tous pour votre engagement en actes concrets.
Dès que j’aurai trouvé du travail, je ne manquerai pas de faire un don et de m’offrir quelques articles de la boutique. Librement votre !

Anonyme (Lyon) :

Framasoft est mon site de référence pour les logiciels libres. J’y trouve toujours l’outil adapté à mon besoin. De surcroît les didacticiels sont épatants et téléchargeables librement.
C’est à moi de vous remercier pour votre soutien et de vous soutenir également. Un grand BRAVO et un grand MERCI.

Bruno C. (Louargat) :

Bonjour, je voulais vous remercier pour votre travail de qualité. Grâce à lui, j’ai pu découvrir des logiciels qui me sont très utiles (7zip, Gimp…) et me faire un avis avec toutes les informations qui nous sont à disposition. Je compte migrer vers Ubuntu, je vais donc acheter sur EnVenteLibre un CD Ubuntu pour pouvoir le tester et l’installer. Je compte aussi acheter votre framabook « Simple comme Ubuntu » dès qu’il aura été mis à jour. Je compte aussi me faire un petit plaisir (enfin, ça fait 3 plaisirs avec les 2 autres dont je parle juste avant) en achetant le t-shirt Framasoft sur la boutique car je le trouve plutôt beau, il est à ma taille (XXL), le prix est correct et cela permet de vous soutenir, de vous faire de la pub et d’exprimer ce en quoi je crois.
Continuez comme ça, c’est super ce que vous faites 🙂

Alex P. (Lille) :

Merci pour tout ce que vous faites et surtout dernièrement la clé avec le contenu Wikipédia en français.
Belle initiative.

Ministère de la Justice (Dakar) :

Une initiative hautement appréciable pour les administrations des pays en développement qui ont besoin d’outils performants tels que Drupal 7 pour mettre en oeuvre des projets impactant sur leur développement économique et social, surtout si l’on considère les ressources limitées dont elles disposent.
Ce qui est dommage, c’est qu’à partir de Dakar, il m’est difficile de faire une contribution en numéraire, mais un jour, arrivé en France, je n’y manquerai pas avec cœur.

J. Roux (Villenave d’Orgnon) :

Je ne vous remercierai jamais assez car, grâce à Framasoft, j’ai eu le courage de « chasser » Windows.
Et ma vie a changé car ma machine datant (1999) j’ai pu trouver confort et performance par le biais d’Ubuntu.

Rahul Avtar (Cannes) :

Je remercie Framasoft, Wikipédia, Ubuntu, VLC, Gimp… et le monde du logiciel libre où le partage du savoir et de la connaissance sont au cœur d’un projet fantastique.

Ely T. (Cassis) :

Bonjour, et merci pour votre travail pour non seulement nous apporter des outils souvent indispensables au plus grand nombre, mais surtout vous battre pour faire vivre une certaine idée d’Internet et du monde : un lieu d’échanges et de libertés où l’argent n’est plus un but mais redevient un moyen.

Toucau (Mont-de-Marsan) :

Merci de mettre à disposition de tous ce qui appartient à tous.

Stéphane L. :

Je promets ici, à vous comme à tous ceux qui produisent les logiciels libres dont je me sers, d’adresser une juste rémunération dès que je gagnerai ma vie. Et croyez bien que j’en suis aussi impatient que vous.

Oumarou H. (Ouagadougou ) :

C’est la première fois que je publie un message de soutien bien que j’utilise des logiciels libres depuis longtemps. C’est juste parce que je ne savais pas qui ils étaient vraiment.
Un grand grand merci pour ce travail titanesque…

Anonyme :

Vous êtes le rempart du savoir et de la connaissance universelle. Tout mon respect.

Julien Reitzel - CC by-sa

Clément R. (Lyon) :

Merci pour votre travail ! La Framakey m’a bien aidé il y a quelques années en m’offrant un environnement de travail mobile dans lequel Fontforge et Inkscape tournaient très bien. Cela m’a permis de créer ma première typographie numérique.

Pierre F.(Guyane) :

Le Libre c’est vital tout simplement.

Amine B. (Paris) :

Oui, tout travail mérite salaire. Oui tout idéal mérite sacrifices. Alors un don aussi petit qu’il soit a sa place.
Merci à toutes et à tous. Libérez nous !

B. :

Framasoft est une formidable source très ordonnée de diffusion des logiciels libres. J’incite mes élèves de collège à l’utiliser à chaque fois qu’ils recherchent un outil et j’utilise la logithèque Framakey abondamment.
Nul doute que Framasoft contribue a la diffusion et au partage des savoirs.

Anonyme :

Merci à Framasoft de permettre à tout le monde d’avoir accès à l’informatique, tout en n’attendant rien en retour. C’est un service honorable, symbolique et référentiel pour nous les jeunes qui doit nous motiver à l’avenir d’avoir des initiatives allant dans ce sens et dans tous les domaines.
Vous êtes d’une grandeur incomparable. Et encore merci vous me motivez de pousser mes études en informatique car suis tout nouveau dans ce monde du 0 et 1.

E. T. :

Un soutien sans faille pour Framasoft ! La liberté n’a pas de prix et elle ne devrait pas avoir à subir de perpétuelles questions financières. Quel dommage ! Cela devrait être soutenu par les pouvoirs publics comme un accès libre pour tous.

Christophe H. (Perpignan) :

Votre site m’aide énormément pour une reconversion comme webmaster, merci.

Anonyme :

Merci de vulgariser le savoir et de le rendre accessible même aux plus démunis.

Roland A. (Abidjan) :

Bonjour Framasoft, c’est une grande œuvre que vous faite là pour le monde du libre.
Sans vous le monde du libre ne serait pas autant vulgarisé.

Silvain P. :

Magnifique démarche, toute de générosité dans un monde de plus en plus égoïste.

GD (étudiant) :

Parce que les logiciels libres sont une bénédiction pour les étudiants et les budgets serrés, je ne peux que vous remercier du fond du coeur d’apporter votre pierre à l’édifice. Vous me (nous) permettez de pouvoir travailler avec des outils libres, et tous les avantages que cela implique (modulabilité, gratuité…). Je suis fier et heureux de pouvoir étudier ainsi, et c’est grâce à vous, et à toute la communauté du logiciel libre, du monde du hacking, que cela est possible. J’ai découvert la mine d’or que représente tout cela. Parce que vos initiatives sont importantes et ont grandement changé le cours de ma vie, je ne peux que vous remercier encore, et vous soutenir financièrement dès que possible.
Vous êtes à mes yeux bien plus importants et méritants qu’on ne pourrait le penser. Merci !

Julien Reitzel - CC by-sa

Anonyme (Belgique) :

Je remercie fabuleusement votre organisation pour l’ensemble des services proposés ; j’essaye également de mon côté, à mon humble niveau, de faire évoluer les mentalités vers le libre & l’open source mais c’est une tâche de très longue haleine tant les utilisateurs ont peur du changement… Par contre, une fois « convertis », ils ne veulent pas de retour en arrière 🙂

Anonyme :

Votre projet est plus qu’une voie vers la philosophie de libre pensée. C’est un pont vers d’autres continents ou sans ces actions un africain, un sud-américain, n’auraient pas accès au savoir.
Merci pour le temps que vous consacrez à ce travail pour d’autres hommes. Merci surtout pour cette bonté de vos âmes.

J. (Dijon) :

Depuis le temps que je fréquente Framasoft et que j’y puise informations et logiciels, je me devais de faire un petit geste. Je tiens à saluer votre travail et votre compétence, en espérant que vous continuerez très longtemps à nous rendre notre « vie informatique » plus douce et plus libre ! Encore merci et bravo.

Christian M. (Paris) :

Il est grand temps d’aider le libre si nous voulons le rester.

B. (Sapporo) :

Par votre biais, j’ai pu faire découvrir le monde du Libre aux Japonais de mon entourage. Courage et Merci.

Nour L. (Rabat) :

Je suis diplômé universitaire mais je n’ai jamais réussi à trouver de l’embauche à cause de mon handicap physique et sans Framasoft et le logiciel libre je n’aurais jamais pu accéder au savoir informatique dont je jouis aujourd’hui, ni à toute l’information disponible sur le Web. Sans tous ces bénévoles, au cœur charitable, épris de liberté et oeuvrant pour un monde meilleur, je me morfondrais seul dans mon coin.
Je n’ai hélas pas les moyens matériels de soutenir de telles actions, mais j’exhorte tous les esprits libres à participer financièrement pour leur pérennité. Un grand merci de ma part et de la part de tous ceux qui sont dans mon cas.

Eric M. (Bordeaux) :

Après avoir découvert le libre grâce à Firefox 1.0, Framasoft m’a aidé à poursuivre ma voie vers la libération, qui grâce à eux n’a pas été si longue que ça… En parcourant les rubriques de Framagora et les billets du Framablog, j’ai découvert la richesse de l’écosystème libre : les logiciels, d’abord, mais aussi la musique, les licences Creative Commons, bref, tous les contenus libres.
Quelques années plus tard, c’est tout naturellement que j’ai voulu contribuer à mon tour à la communauté en donnant un peu de mon temps et de mes compétences. Hélas, même le libre ne se nourrit pas que d’amour et d’eau fraîche, et un projet de l’ampleur de Framasoft a besoin de trésorerie pour fonctionner. Il me paraît important de soutenir financièrement Framasoft, pour l’aider à poursuivre son indispensable travail de promotion du Libre et se développer davantage dans les années à venir.
Encore un grand merci à tous les contributeurs bénévoles, passé et présent, et à toute la fine équipe de l’association, dont je suis fier de faire partie depuis trois ans maintenant. Votre passion et votre motivation sont une grande source d’inspiration !

Anonyme (Grenoble) :

Merci à toute l’équipe de Framasoft pour tous les services que vous me rendez au quotidien. Je pense aujourd’hui tout particulièrement à ceux/celles travaillant sur la Framakey. En me permettant d’utiliser un navigateur libre et safe sur ma clef USB vous préservez mon entourage de mes colères hulkiennes, dues à l’interdiction d’installer Firefox sur mon ordinateur professionnel.

B. (Anonyme) :

Un grand merci pour votre travail. J’ai offert la Framakey, donné des T-shirts. Bref je tente par tous les moyens de convaincre mon entourage que la voie est libre mais c’est long… J’installe beaucoup de logiciels que j’ai trouvé grâce à Framasoft sur les PC des amis sous Windows.
Pour les Linuxiens, dont je fait partie, la route est plus fleurie et respire moins l’odeur de la prison. Je soutiens également l’April, qui est proche de Framasoft.

J.M. (Courcy) :

Tout simplement indispensable…

Julien Reitzel - CC by-sa

Matthieu B. :

Je suis étudiant à Marne-la-Vallée et le moins que je puisse dire c’est que Framasoft nous apporte une aide inestimable, à moi et à mes amis. Et notamment Framapad qui nous permet de travailler en groupe via Internet pour préparer un exposé ou simplement refaire des exercices difficiles ensemble. Merci !

Karlito H. (Canada) :

Je découvre votre existence forcenée par l’intermédiaire de France Culture. Comme quoi les cellules fusiformes fonctionnent aussi entre les francs-tireurs du Net et la radio grande écoute ! Je vous garantie qu’elle va voyager la Framakey !
La classe ! Bravo et merci à toute l’équipe !

Romain B. (étudiant) :

Votre courage et persévérance ont déjà fait de nombreux adeptes dans mon entourage. Merci encore et bon courage !

Géraldine :

Vos solutions m’amènent à plus d’autonomie et d’indépendance. Depuis que j’utilise Ubuntu, je me sens en accord avec mes valeurs. Vive vous tous !

Antoine M. (Corenc) :

Ma transition vers un système Linux, libre de la suprématie d’un système commercial (ou pour mieux dire financier) que je ne nommerai pas ; traîne hélas en longueur. L’utilisateur a DROIT au choix d’un système d’exploitation et à des logiciels fiables et stables dans la durée, et à ce jour seule l’informatique libre offre ce choix.
L’informatique libre est une voie, un outil, vers une dimension plus digne, plus humaine du monde. C’est pourquoi j’apporte une brique de soutien à celles et ceux qui font des efforts pour diffuser et documenter librement Linux, pour le bien de tous les usagers, présents et à venir, pour un monde plus souriant. Merci à tous.

Anonyme :

Merci à Framasoft, qui est toujours pour moi le premier site ou j’effectue mes recherches pour trouver une solution libre à mes problèmes !

Julien Reitzel - CC by-sa

S. D. (Bédoin) :

Le libre, sa philosophie et son esprit sont l’avenir de l’humanité… Certains le voient comme une utopie, je le vois comme un immense espoir de rendre ses droits et devoirs à l’humain.

Romain G. (Tulle) :

Le monde du libre n’est pas simplement une histoire de logiciels. C’est une philosophie de partage qui constitue une alternative au modèle propriétaire en crise à l’heure actuelle. Utilisateur assidu des outils informatiques depuis longtemps, je n’ai vraiment compris la portée de ce mouvement que lors d’une conférence à la Fête de l’Huma, où divers intervenants m’ont ouvert les yeux sur ce que signifiait vraiment le mot « libre ».
Merci pour tous ce que vous avez fait jusque là, et surtout, ne baissez pas les bras.

Abdel : L

‘intérêt d’un site comme le vôtre est de répondre efficacement aux besoins des utilisateurs comme nous.

Tom Yao O. (Lomé) :

Bonjour, je suis enseignant dans un collège de Lomé au Togo. Et je trouve indispensable de garder cet esprit de liberté et ce vent d’altruisme qu’incarne le logiciel libre. Étant professeur d’informatique, il est important à mon sens d’encourager, de participer et de faire grandir cet esprit qui place l’homme au centre des préoccupations informatiques et non pas l’inverse. L’ordinateur reste une machine qui doit avant tout servir et aider l’Homme à dépasser sa propre condition. Aujourd’hui c’est l’homme qui est asservi par la technologie qui devient ainsi son maître.
Voila pourquoi les initiatives et entreprises comme Framasoft sont cruciales pour l’avenir de l’humanité. Les va-et-vient de la vie nous amènent souvent à oublier à quel point les entreprise telles que le logiciel libre sont des marques de la grandeur et de la haute qualité de l’âme humaine, que l’on devrait suivre et répandre pour tenter de « sauver ce monde ». C’est aussi pourquoi, tel un phare dans l’obscurité, Framasoft permet à des gens comme moi, perdu dans les méandres de la vie de se rappeler au détour d’une recherche sur Google, que « la vrai vie » est aussi dans la manière avec laquelle on pratique l’informatique.

Vasutek (auto-entrepreneur) :

Je suis un organisme de formation et propose un panel de formation en open source. Framasoft est de fait une plate-forme indispensable pour moi et un véritable outil de travail.

Anonyme (Suisse) :

Ce n’est pas à l’ordinateur, ni aux concepteurs de logiciels de nous contrôler… C’est à nous de contrôler l’ordinateur !

Dahmane B. (Algérie) :

C’un réel plaisir de sortir du diktat de Microsoft. Mon soutien, mes capacités, et mon énergie iront vers tout ce qui libre. La mondialisation est une réalité, mais partagée elle sera mieux supportée.
Merci pour tout.

Christian M. (Guadeloupe) :

La croisade du libre continue. Depuis des années maintenant, j’essaie de faire avancer le libre en motivant mes élèves à avoir leur machine sous Ubuntu, d’utiliser OOo, ou d’avoir à défaut une clé… Framasoft !

Jean-Guillaume N. (Chambéry) :

Bonjour, installé en libéral depuis peu, passer au libre m’a permis de me poser plus questions sur ce que veut dire « communauté », « solidarité » et « partage ». J’incite mes proches à essayer de sortir du « achat », « consommation » et « individualisme forcené ».

Daniel C. (Oise) :

Merci beaucoup à Framasoft qui représente à mes yeux le principe fondamental de liberté d’Internet et d’utilisation de l’ordinateur.
C’est grâce à des réseaux comme ceux-ci que notre civilisation évolue. Restons libre !

Thierry V. (EL Salvador) :

Je fréquente ce site extraordinaire que je recommande à tout le monde depuis des années. Des articles pertinents, une foultitude de logiciels, j’y ai trouvé de très nombreux programmes qui me servent tous les jours. Depuis quelques temps je participe en traduisant ou relisant sur Framalang.
Je viens de télécharger le framabook C en 20h, je l’aurais bien acheté mais le coût de l’envoi en Amérique Centrale est prohibitif. Donc j’ai décidé de soutenir ce site d’exception que je recommande à tous mes élèves et collègues..
Longue vie à Framasoft.

D. :

Merci beaucoup toute l’équipe de Framasoft de faire vivre la philosophie du libre à laquelle je suis très attaché, aussi bien politiquement que moralement.
Quand la coopération prouve qu’elle est bien plus riche que la concurrence, cela fait du bien.

Erwan F. (Paris) :

Je ne compte plus les trouvailles logicielles que j’ai pu faire par votre intermédiaire. Il était grand temps que je donne un petit quelque chose. Dont acte.

Fatouma A. (Djibouti) :

La valeur des logiciels libres ou de l’information ne peut pleinement se ressentir que dans les pays du Sud comme le mien où il est possible d’accéder à l’information et de la travailler sans que cela nous ruine !
Vous ne vous rendez pas compte à quel point vous êtes importants !

Julien Reitzel - CC by-sa

Yannick A. (Merville) :

Les logiciels libres sont l’exemple même de ce que l’on peut faire avec de l’intelligence et de la bonne volonté. Je vous souhaite de vous voir sortir de vos difficultés financières et de pouvoir continuer longtemps à nous rendre tous plus libres. Merci !

Christian H. (Sedan) :

Je suis un fan de Framasoft. Je parle de vous à qui veut l’entendre.

Anthony M. (Talence) :

Étant allergique aux livres mais passionné d’informatique, vous avez réussi à me donner envie de lire mon tout premier livre (la biographie de Richard Stallman) à 22 ans, c’est un exploit ! Vous méritez donc un don 🙂
J’ai profité de la lecture de cette biographie pour faire un exposé sur le sujet et ainsi faire passer le message dans mon université. Maintenant je viens de télécharger mon deuxième livre « Produire du Logiciel Libre » j’espère que cela sera passionnant et que je pourrais appliquer les conseils de ce livre.

J. C. (étudiant) :

Très bon site, pionnier en France, celui-ci m’as permit de faire connaissance avec le monde du libre alors qu’il n’était que bien peu répandu. Aujourd’hui que le grand publique s’ouvre au libre, votre site devient vraiment un acteur puissant du Web français.

G. (Paris) :

Merci au réseau Frama*. Merci pour avoir été une porte d’entrée dans le monde libre à une époque où je ne faisais pas la différence entre un logiciel libre, un « gratuiciel » ou encore un « partagiciel ».
Quelques années plus tard, me voila libriste convaincu, GNU/Linuxien de tous les instants, publiant à l’occasion quelques bouts de codes sous licence libre.

M. V. (Professeur) :

J’utilise assez peu (trop peu !) vos services, mais je serais vraiment ennuyée de ne plus pouvoir les utiliser du tout.

Sébastien W. (Belgique) :

Je trouve les billets du Framablog très intéressants (je n’ai malheureusement pas le temps de toujours tout lire) et je soutiens à fond Framasoft. Quand je dois donner l’adresse d’un site web à quelqu’un qui utilise encore Windows dans mon entourage pour savoir ce qu’il faut installer pour tel besoin, je donne toujours celle de Framasoft.

E. C. (Paris) :

Cela fait quelques années maintenant que je pratique les gratuiciels. C’est avec un grand plaisir que j’ai pu ajouter la notion de logiciel libre à ma pratique et que je la fait partager à mon entourage. Le site de Framasoft y est pour beaucoup puisqu’il est a ce jour ma référence pour trouver le soft qui me fait besoin.
Pas plus tard que dimanche dernier j’ai eu droit à un : « Où t’as trouvé ça ? C’est génial ». Ma réponse : « Framasoft est ton ami ».

K. A. (Montréal) :

Merci pour votre travail et surtout pour le livre Simple comme Ubuntu qui a facilité ma transition de Windows et OS X vers Ubuntu. J’utilise maintenant presque exclusivement Ubuntu sur mon propre ordi. Je viens de télécharger le framabook Pour aller plus loin avec la ligne de commande.
J’étudie pour devenir bibliothécaire et je pense que l’implantation du logiciel libre (avec des systèmes d’exploitation libre si possible) dans les bibliothèques est très importante et permettra d’introduire beaucoup de monde au logiciel libre. Pour ma part, le fait d’avoir utilisé Firefox à l’école et OpenOffice et GIMP chez moi depuis des années avant d’essayer Ubuntu m’a beaucoup aidé.

Anonyme (Dakar) :

Si tout le monde se contentait de vous dire merci seulement, Framasoft serait déjà de l’histoire ancienne.
Bravo et allez de l’avant !

Thomas M. (Marseille) :

Je suis de la génération qui a connu l’avant et l’après l’éclosion de l’informatique domestique. L’avant où étudiant j’ai pu voir l’arrivée de l’Internet dans les établissements de recherche scientifique, l’après lorsque le net a peu a peu conquis le monde de l’entreprise (à moins que ce ne soit le contraire). J’ai eu la chance d’être sensibilisé puis formé sur des systèmes UNIX, puis de prendre de plein fouet la vague Microsoft, pour revenir peu à peu à de plus sages résolutions vers Linux.
Aujourd’hui administrateur réseau et « dépatouilleur multitâche » dans une ONG, je dois une bonne part de mon expérience à des ressources issues du libre : toutes ces communautés qui partagent l’information sans arrière pensée, ces développeurs chevronnés qui créent sans rechercher ni la gloire ni le profit, ceux qui partagent pour le bien de tous. A mes yeux Framasoft fait partie de ce mouvement en faisant une promotion intelligente du libre, sans jamais stigmatiser tel ou tel choix, mais au contraire en apportant une aide à la décision à travers la pédagogie, la découverte et l’expérience.

Caroline G. (Massy) :

Merci pour vos logiciels libres… En tant qu’étudiant, ils m’ont permis de bosser de chez moi, car sans salaire, on ne peut pas acheter les licences. De plus, je trouve que bien souvent, vos logiciels sont plus intuitifs et surtout, avec la Framakey, j’ai pu mettre open office sur ma clé et travailler partout sans les problèmes de compatibilité.

David A. (Ardèche) :

Encore étudiant, je n’ai malheureusement pas de rentrée d’argent suffisante pour contribuer à l’évolution du réseau.
J’adhère (et je milite) énormément pour l’Open Source et j’utilise un maximum de logiciels développés sous cette philosophie. Je pense que les gens transhume, petit à petit, de leur « propriétarisme » au Libre mais il faut du temps. Comme dit Renaud : « Tous ces moutons effrayés par la Liberté » (Hexagone)
Tenez bon, je vous félicite pour tout votre travail et vous remercie encore !

Cédric V. :

Je voulais remercier Framasoft grâce à qui : – je suis sous GNU/LINUX depuis 5 ans après une phase de migration Windows + logiciels libres. J’ai pu découvrir une documentation importante dans un domaine qui m’intéressait (dernier exemple : je viens de finir la biographie de Stallman, terrible !). J’ai pu alors faire des conférences et des stages sur le logiciel libre dans le cadre d’un festival associatif.

Helem (Boé) :

Bon vent à Frama-doux qui synthétise et propose l’indispensable et le superflu de la sphère informatique libre et forcément un peu libertaire.

Guy H.L. (Louvigny) :

Tout récent adepte de la FUR alias Framakey Ubuntu Remix, je trouve votre concept absolument génial. Non seulement il permet de s’affranchir des logiciels et systèmes propriétaires qui représentent un danger majeur pour nos libertés et la sécurité informatique (Microsoft, Apple, Google, etc.) mais en plus il permet de rendre indépendantes les 3 fonctions de l’informatique que sont 1 la machine 2 le système 3 les données, que je stocke sur des supports amovibles.
Maintenant plus de virus, plus de cata quand ma machine casse ou que je ne l’ai pas sous la main et cela va bien plus vite qu’avec Windows. J’ai tout dans la poche ! Linux sur sa clé, mes données bureautiques sur une autre, les photos et vidéos sur un disque dur amovible ….et je peux retrouver mon environnement habituel sur n’importe quel machine !
C’est tellement simple et convivial que ma mère de 82ans qui n’a jamais pu se faire aux gadgets foireux de Microsoft, ne jure que par sa FUR qu’elle emmène dans sa poche chez ses enfants et petits enfants !
Génial, continuez et prospérez !

Xavier D. (Bazeilles) :

Linuxien depuis des années, je suis bien persuadé de la supériorité des logiciels libres, mais je soutiens Framasoft essentiellement parce ce site cultive le champ immense de la culture libre, champ voisin et fertile.
Dans la chaîne du savoir et de la culture partagés qui sont la culture d’aujourd’hui à l’heure d’internet, le maillon culturel et le maillon logiciel sont forgés chaque jour grâce à des organisations telles que Framasoft et je suis heureux de pouvoir les aider par un don modeste mais sincère.

Brise P. (Kinshasa) :

Je suis personnellement très émotionné de remarquer votre générosité : mettre en ligne et à disposition tous ces ouvrages en à peine publiés. C’est remarquable ! Je suis chrétien, tout ce que je demande est que mon Dieu bénisse votre oeuvre.

Julien Reitzel - CC by-sa

Alain L. (Pantin) :

J’ai le plaisir de participer au soutien de Framasoft, car dans une société ou la finance domine et entrave le monde, liberté et partage ont bien besoin d’être défendus.

E. B. (Limeil Brévannes) :

Cela fait quelques années que j’utilise des logiciels libres, pour la plupart découverts grâce à Framasoft. Firefox, bien sûr, The Gimp, évidemment, Inkscape, OOo, divers scripts PHP (Joomla, WordPress…), 7zip, VLC… Sans être un puriste (j’utilise également des logiciels propriétaires), je trouve l’écosystème du libre fascinant et promis à un bel avenir.
Framasoft occupe une place unique dans cette grande communauté, se chargeant de l’aspect communication, diffusion, promotion. C’est un rôle qu’il faut à tout prix maintenir pour que ce monde puisse grandir encore.
Alors, une fois n’est pas coutume, j’ai fini par mettre la main au porte monnaie, petite contribution pour des années de bons et loyaux services.
Bonne continuation à toute l’équipe !

T. B. (Saintes) :

Entre le forum, la Framakey, ce catalogue magique d’applications libres, le blog, etc… impossible de laisser tomber Framasoft !
C’est bien grâce à vous et à ceux que vous mettez en lumière que j’ai découvert l’enjeu du libre. Grâce à vous l’informatique a changé de nature pour moi.
Continuez, continuez, la liberté a besoin de vous !

John J. (Paris) :

Vous roxez et on vous aime. Vous êtes politique et intelligent, vous êtes journaliste et philosophe. Vous apportez vraiment beaucoup aux informaticiens et aux noobs. Vous êtes une base qui remet en question la propriété. Et ça c’est la classe !

Martin M. (professeur des écoles) :

Vous êtes un phare en ce qui a trait à l’utilisation de la technologie en pédagogie. Que de projets ai-je réalisé grâce à ce que vous m’avez inspiré…

Nicolas G. (président d’association d’éducation populaire) :

En tant que militant associatif, j’ai toujours trouvé des informations pertinentes et des idées pour mettre en place des solutions à la fois efficaces, pérennes, et correspondant à l’éthique de mon engagement militant. Par exemple, la Framakey fait partie du kit militant que nous distribuons aux responsables locaux (avec les framabook pour aller plus loin avec Open Office et Thunderbird). De plus, les analyses regroupées sur Framablog sont une vraie source de réflexion sur les logiciels libres, les droits d’auteurs, les brevets etc. Bref un grand merci et surtout continuez !

A. O. (Professeur – Yaoundé) :

Salut Framasoft, juste pour vous marquer ma profonde reconnaissance pour l’immense travail que vous faites pour la communauté du libre. Je suis enseignant d’informatique de lycées et collège au Cameroun et je travaille aussi dans la diffusion des logiciels libres à travers l’initiation des élèves à l’outil informatique sur des logiciels libres. Car tant il est dit que on n’oublie jamais sa première langue d’expression donc mes élèves certainement n’oublieront jamais les logiciels libres. J’ai beaucoup bénéficié de vos productions et je vous en suis profondément reconnaissant.

Frederic B. (Biganos) :

Pour moi, Framasoft, c’est la bible francophone du logiciel libre.

G. V. (étudiant – Saint-Étienne) :

Dans un pays où les académies restreignent de plus en plus l’information dans les écoles et où Hadopi fais régner l’injustice juridique. Framasoft permet de donner les moyens via des logiciels portables libre, d’avoir quand même accès à l’information. De plus la fraternité et la liberté omniprésente dans le monde du libre, dont fait partie votre site, est un souffle d’air frai pour tous.

Farid Z. (Maroc) :

Un grand merci a toute personne contribuant au Libre, C’est peut-être l’un des derniers rempart contre une hégémonie de l’argent, qui efface malheureusement toute notion de partage, et quelque part une partie de notre humanité. Bon courage à tous, que Dieu vous garde.

Cyrille L. (Les Farges) :

Depuis plusieurs années maintenant, je me suis mis au libre. Votre site est un incontournable et je vous en remercie. La richesse et la diversité des logiciels présents font qu’il serait fou d’aller voir du coté du non-libre. J’ai souvent conseillé votre site à des élèves recherchant des logiciels : les retours ont été très souvent positifs et de plus, cela leur a permis de comprendre quelque peu les enjeux du logiciel libre. Merci beaucoup.

W. (Australie) :

Grâce à vous, j’ai pu convaincre quelques bilingues anglais-français australiens que le meilleur du Web pouvait aussi se trouver du côté francophone. « May the force be with you » 😉

Anonyme (Afrique) :

Je veux juste vous dire un grand MERCI du fond du cœur. Je vis au Benin et je n’ai pas de carte de crédit pour vous soutenir financièrement. Mais heureusement, j’ai quelque chose de bien plus grand, une prière.
« Par la grâce du Dieu tout puissant, toutes les portes auxquelles vous frapperez pour demander soutien s’ouvriront et vous ne repartirez jamais les mains vides et votre activité ne cessera de grandir. Amen »
Continuez à faire ce que vous faites si bien avec un grand cœur. Essayez de voir dans quel mesure, nous qui somme dans des pays moins avancés nous pouvons vous faire parvenir notre petite contribution. Merci infiniment pour ce « Framamour du savoir libre ».

Anonyme :

Je suis un élève de 4ème, J’utilise la Framakey depuis que j’ai tapé par hasard sur Google (si je me souviens bien) « logiciel libre ». J’ai voulu essayer évidemment et ce fut le bonheur après la longue installation ! Nous devons tous soutenir le libre étant donné que c’est très pratique et pas cher ! Je suis un fan d’informatique et me promener avec cet utilitaire est ma fierté. Je l’ai fait découvrir à des élèves(et deux élève à côté de moi me regardent écrire ce texte).

Anonyme (professeur – Nantes) :

Merci depuis longtemps à vous pour les essais possibles de logiciels libres (vraiment libres, pas pseudo gratuiciels ou free-mes-couilles). Merci surtout pour votre indéfectible foi en un logiciel possiblement partagé et partageable (et toute la disponibilité dont vous avez su faire preuve et que j’admire tant elle me dépasse). Mais vous le savez : « Les créations de l’esprit humain appartiennent à l’humanité. ». Sommes de temps et d’argent n’étant point comptées mais seulement sommes de cultures humaines, incomptables par essence, puisque d’essence il n’y a point mais seulement une « sorte d’accumulation culturelle » que des paléo et autres anthropologues vous expliqueraient mieux que moi.

Philip S. (Marseille) :

La Framakey a libéré mon PC le PC sous Vista imposé par ma collectivité 🙁
J’espère qu’un jour les logiciels libres deviendront le standard pour l’administration et les collectivités en France. Je ne peux tolérer que l’argent public soit utiliser pour reverser des rentes à une multinationale américaine !

Stéfanie D. (Paris) :

Merci Framasoft de contribuer à améliorer la visibilité des logiciels libres en France, dans l’éducation, auprès des jeunes et auprès du grand public. Merci pour tes projets, merci d’y croire et de continuer à soutenir les logiciels libres et les faire avancer. Merci pour les articles du Framablog qui m’ont beaucoup appris et que je n’ai pas manqué de relayer. Longue vie à votre association !

Julien Reitzel - CC by-sa