Le voyage mouvementé de Wikitravel

En 2003 naissait le projet Wikitravel qui est un peu au voyage ce que Wikipédia est à l’encyclopédie : une rédaction collaborative de guides touristiques (pays, ville, etc.), multilingues, sous licence libre et sur un wiki.

Le fait est que cela a plutôt bien marché (exemple avec Paris). Ils en ont même fait de vrais guides papiers.

Sauf que jetez un œil au graphique ci-dessous et vous comprendrez vite que son histoire n’a pas été un long fleuve tranquille. De Wikitravel, on est passé à Wikivoyage pour espérer en arriver aujourd’hui à Wikimedia Travel. C’est tout le charme de la licence libre (en l’occurrence la CC By-Sa) et de ses forks possibles lorsque le projet prend, selon certains, une mauvaise direction.

C’est de cette histoire (à rebondissements) dont il est question dans l’article ci-dessous.

Remarque : On notera que son auteur (créateur de l’application WikiSherpa) est peut-être trop pessimiste car il se pourrait bien qu’on connaisse un happy ending grâce au concours de Wikimedia. Et puis, sans licence libre, on aurait été dès le départ totalement bloqué.

Timeline - Wikitravel

Tirer la leçon de la dramatique et lente agonie de Wikitravel

Lessons From The Dramatic Slow-Motion Death Of Wikitravel

Jon Evans – 29 septembre 2012 – TechCrunch
(Traduction Framalang : @ali0une, Pandark, aKa, LuD-up, @jfomhover, ali0une, lgodard, Karma-sama, martinien, senshu)

Il était une fois, en 2003, deux entrepreneurs avec un rêve. Ils s’appelaient Evan Prodromou et Michele Ann Jenkins, et ils ont rêvé d’un guide de voyage mondial édité collaborativement — un Wikipedia pour les voyages, si vous préférez. Ainsi, il créèrent Wikitravel. Et ils ont fait mentir l’expression anglaise « Lead zeppelin » qui sous-entend que le projet n’aurait jamais pu décoller. Deux ans plus tard, ils furent racheter pour 1,7 million de dollars (~1,3 million d’euros) par une compagnie nommée Internet Brands, pas mal d’argent pour ces nombreuses journées perdues avant que la startup ne devienne populaire. Et Wikitravel prospéra , et en prenant du recul, c’était plutôt bon.

Jusqu’à ce que le paradis s’en vienne à côtoyer les enfers…

Pendant six ans Wikitravel fonctionna bien. Il y avait bien la présence de quelques publicités mais rien d’intrusif. La plateforme technique sur laquelle il tournait prenait de l’âge et avait ses défauts, mais elle fonctionnait, et c’est tout ce qui compte, n’est-ce pas ?

En 2006 cependant, les administrateurs italiens et allemands (bénévoles et indépendants qui réparaient le site, éliminaient le spam, éditaient structure et langage, et le rendaient pour ainsi dire utilisable) ont forké toutes les pages du site en ces langues pour s’en aller migrer vers un nouveau site, appelé Wikivoyage, principalement à cause de la publicité placée par Internet Brands. C’était tout à fait légal parce que tout le contenu de Wikitravel est sous licence Creative-Commons. Et cela n’affecta pas vraiment Wikitravel (et en rien sa partie principale anglaise) qui continua à attirer un demi-million de visiteurs par mois. Son travail de guide pour la planète entière devenait meilleur de jour en jour…

Mais, il y a quelques mois, les administrateurs de Wikitravel en ont eu assez. Ils ont d’abord constaté l’inclusion de nouvelles publicités encore plus invasives et surtout ils ont perdu patience face à leurs demandes répétées de mises à jour techniques restées sans réponses. D’autant plus que quand Internet Brands se décida enfin à effectuer ces mises à jour la plateforme se retrouva toute pleine de bugs ! En conséquence de quoi les administrateurs de Wikitravel baissèrent les bras et voyagèrent à travers l’Internet jusqu’à cette oasis de contenu libre qui s’appelle la Wikimedia Foundation pour lui dire en substance ceci : « Nous n’en pouvons plus de notre logement actuel. Voudriez-vous héberger un site de voyage ? » La Wikimedia Foundation réfléchit, et décida finalement de répondre par l’affirmative.

Et puis l’enfer des procédures judiciaires s’est déchaîné.

Se sentant menacé par ce fork d’un Wikitravel hébergé par Wikimédia, Interned Brands, après avoir semble-t-il initialement proposé un partenariat, « intenta des poursuites contre les contributeurs bénévoles James Heilman et Ryan Hollliday, pour avoir utilisé le mot « Wikitravel » dans la phrase « Communauté Wikitravel » lors de la communication du fork », nous dit David Gerard. En réponse, la Wikimédia Fondation a elle_même intenté une poursuite stratégique contre la mobilisation publique et demandé des explications devant les tribunaux.

Nous allons laisser les sérieux avocats décider du sort de cette aventure. Je veux juste tirer quelques leçons personnelles de cette débâcle :

  • N’irritez pas vos utilisateurs les plus fidèles et actifs (NdT : power users). Vous pensez peut-être que la masse globale de vos utilisateurs est ce qui importe le plus, mais ce sont avant tout ces utilisateurs là qui fournissent avec passion le gros du travail. Ils sont pour ainsi dire le cœur et l’âme de votre site, et s’ils partent vous aurez de gros ennuis.
  • Ne retardez pas le paiement de votre dette technique. Comme la plupart des dettes, elle subit des interêts composés exponentiels 🙂 Et vous ne connaissez pas son taux d’intérêt jusqu’à ce que vous ayez commencé à la rembourser. Je pense qui si Internet Brands avait géré Wikitravel avec plus de considération et de compétences techniques, le fork n’aurait jamais eu lieu.
  • Ne poursuivez pas vos utilisateurs en justice dans un moment d’aigreur et de dépit. Vraiment. Ne le faites pas. N’avons nous donc rien appris de la RIAA (NdT : à comparer avec notre Hadopi) ? Respirez profondément, prenez un calmant, et détendez-vous. En effet, outre la question d’ordre moral, à partir du moment où vous poursuivez vos utilisateurs, vous perdez toute crédibilité aux yeux d’une fraction énorme de l’Internet. Et la crédibilité compte. Hélas, beaucoup de gens ne le réalisent pas, jusqu’à ce qu’ils perdent la leur.

Une version provisoire du nouveau guide de voyage anglophone est maintenant disponible. En attendant la suite…




Et les manuels universitaires libres devinrent réalité en Californie

Grande et bonne nouvelle, la Californie est allé au bout de sa réflexion sur l’opportunité des manuels scolaires libres !

C’est de notre point de vue bon sens et évidence mais ça l’est moins quand on pense à la situation dont on a hérité, avec d’énormes résistances de la part de ceux qui éditaient précédemment (et privativement) ces manuels.

Au passage vous remarquerez le choix logique et pertinent de la licence, la Creative Commons la plus dépouillée d’entre toutes : la CC By. Cela fera peut-être réfléchir ceux qui pensent encore que la clause non commerciale NC et/ou non modifiable ND sont bonnes quand il s’agit d’éducation…

Et en France, me direz-vous ? Cela fait six ans (je crois) que nos amis de l’association Sésamath ont publié leur premier manuel libre pour la classe de Cinquième en mathématiques. De véritables pionniers qui depuis ont couvert tout le collège et lorgnent désormais aussi bien sur le primaire que vers le lycée.

Six ans que l’Institution avait en son sein un exemple à soutenir, mettre en avant et montrer aux autres disciplines pour leur emboîter le pas. Pour des raisons que je ne m’explique pas (ou trop bien), elle n’en fit rien ! Il est grand temps de rectifier le tir sinon nous les derniers seront les premiers et nous aurons une fois de plus perdu un temps précieux.

Il est véritablement grand temps ! (et sous licence libre s’il vous plaît !)

L’illustration ci-dessous et un extrait d’une infographie qui résume bien les choses (et les gains) en procédant ainsi.

20mm.org - extrait- CC by

La Californie entérine officiellement son projet de loi inédit sur les manuels scolaires libres

California passes groundbreaking open textbook legislation

Timothy Vollmer – 27 septembre 2012 – CC Blog
(Traduction Framalang : Cyrille L., ehsavoie, M0tty, Rouage, lgodard, Ag3m)

C’est officiel. En Californie, le Gouverneur Jerry Brown a signé deux projets de lois (SB1052 et SB1053) qui permettront la création de manuels numériques sous licence libre pour les cinquante cours les plus populaires des universités de Californie (cf cette vidéo). Ce projet de loi a été proposé par le président du Sénat par intérim Darrell Steinberg et est passé au Sénat et à l’Assemblée de Californie fin août.

Un élément essentiel de la législation Californienne est que les manuels ainsi créés seront disponibles sous licence Creative Commons Paternité (CC-BY) :

Le manuel et d’autres matériels de cours sont placés sous la licence Creative Commons Paternité qui autorise quiconque à utiliser, distribuer, et créer des travaux dérivés basés sur ce matériel numérique tout en permettant aux auteurs ou aux créateurs d’être crédités pour leurs travaux.

La licence CC BY permet aux professeurs d’adapter le contenu des manuels aux besoins des étudiants, aux sociétés commerciales de se servir de ces ressources et d’en créer de nouvelles à partir des premières (comme par exemple des tutoriels vidéos), et ouvre des portes à la collaboration et à l’amélioration de ce matériel de cours.

Pour les étudiants, l’accès à des manuels abordables est extrêmement important, sachant que le coût de ces manuels augmente quatre fois plus vite que l’inflation, dépassant même les frais d’inscription dans certaines universités. Ainsi, en plus de rendre le manuel numérique disponible librement et gratuitement aux élèves, la loi requiert que les copies imprimées du manuel ne dépasse pas 20$.

C’est une grande victoire pour la Californie, et un exemple bien accueilli de politiques ouvertes qui visent à appuyer les licences libres pour économiser l’argent des familles californiennes et soutenir les besoins des professeurs et des élèves.




Il y a quelque chose de magique dans Firefox OS !

Le système d’exploitation Firefox OS peut libérer nos smartphones et autres tablettes en apportant une alternative à Apple et Android, un peu comme l’a fait le navigateur Firefox avec le Web en son temps.

Nous vous proposons ci-dessous le témoignage passionné (et passionnant) d’un de ses développeurs.

Rob Hawkes - CC by-sa

Il y a quelque chose de magique dans Firefox OS

There is something magical about Firefox OS

Rob Hawkes – 12 septembre 2012 – Blog personnel
(Traduction : Un gros collectif de bénévoles nocturnes issus de Framalang, Identi.ca et Twiiter)

Dans ce billet, je parle du projet Firefox OS, ce qu’il signifie, ce que réserve le futur, et ce qu’il a d’un peu magique.

Au cours des quinze derniers mois, j’ai passé de plus en plus de temps à travailler sur le dernier projet de Mozilla : Firefox OS. Rapidement, je suis tombé amoureux de ce projet et de ses valeurs, à un point que je n’avais jamais connu pour une nouvelle plateforme.

Soyons clairs ; Firefox OS est le début de quelque chose d’énorme. C’est une révolution en marche. Une bouffée d’air frais. Un point culminant de la technologie. C’est magique, et ça va tout changer.

Qu’est-ce-que Firefox OS ?

Pour ceux qui seraient un peu perdus, voici l’essentiel en deux mots :

Firefox OS est un nouveau système d’exploitation pour mobile développé par le projet de Mozilla : Boot to Gecko (B2G). Il utilise un noyau Linux et boote sur un environnement basé sur Gecko, ce qui permet aux utilisateurs de lancer des applications entièrement développées en HTML, JavaScript, et d’autres API Web ouvertes.

Mozilla Developer Network

En bref, Firefox OS consiste à récupérer les technologies dans les coulisses du Web, telles que JavaScript, et à les utiliser pour produire un système d’exploitation entier. Prenons quelques instants pour y réfléchir… un système d’exploitation pour mobile basé sur JavaScript !

Pour ce faire, une version légèrement modifiée de Gecko (le moteur derrière Firefox) a été créée dans le but d’y intégrer les différentes API JavaScript relatives à la téléphonie, comme WebTelephony pour faire des appels, WebSMS pour envoyer des messages, et la Vibration API pour… faire vibrer le téléphone.

Mais tout génial qu’il soit, Firefox OS représente plus qu’un ensemble de technologies Web dernier cris utilisées de façon démente. C’est aussi l’association de nombreux autres projets de Mozilla autour d’un concept unique — le Web en tant que plateforme. Certains de ces projets intègrent nos initiatives Open Web Apps et Persona, notre solution d’authentification sur le web (anciennement BrowserID). C’est absolument fascinant de voir tous ces différents projets de Mozilla s’unir de façon cohérente en partageant une seule et même vision.

Je n’irai pas plus loin dans la description du projet vu que le but de cet article n’est pas de le faire dans le détail, même si de plus amples informations peuvent être trouvées sur les pages de Firefox OS sur MDN. Je vous invite vivement à les lire.

Pourquoi Firefox OS ?

Vous pouvez vous dire « Ça a l’air bien, mais pourquoi utiliser JavaScript pour faire un téléphone ? » Et vous avez raison, c’est une question réellement importante. La bonne nouvelle est qu’il y a de nombreuses raisons à cela, autres que de faire la joie des développeurs Web.

Les deux principales raisons sont que Firefox OS répond à un manque dans le marché du téléphone, et qu’il constitue une alternative au paysage privativeur, restreint et contraignant du marché actuel.

Combler un manque dans le marché du téléphone

Ce n’est un secret pour personne : les smartphones sont ridiculement chers, même dans les régions du monde dont le niveau de vie est considéré comme élevé. Mais si vous les trouvez chers dans les pays qui ont les moyens de se les offrir, alors pensez un peu à ce que représente un iPhone 4S 16 Go qui vaut 615 £ dans un pays émergent comme le Brésil. C’est 100 £ plus cher que le même téléphone en Angleterre !

En fait, ces prix plus élevés au Brésil sont principalement dus aux fortes taxes d’importation. Apple semble vouloir éviter ceci dans le futur en construisant des usines dans le pays. Quoi qu’il en soit, cela montre bien que les appareils haut de gamme et hors de prix ne sont pas toujours une solution pour tous les pays. Laissons de côté le fait que dans certaines sociétés vous n’avez pas forcement l’envie d’exhiber publiquement un téléphone qui a le même prix qu’une petite voiture.

A l’heure actuelle, que faites-vous si vous souhaitez acheter un smartphone sans débourser une somme astronomique ? Vous pouvez vous tourner vers des terminaux Android d’entrée de gamme, mais ils sont souvent bien trop lents.

Heureusement, c’est là que Firefox OS intervient.

Le but de Firefox OS n’est pas de rivaliser avec des appareils haut de gamme mais d’offrir des smartphones milieu de gamme au prix de l’entrée de gamme. Ce n’est pas une plaisanterie.

Bonnie Cha

Firefox OS répond parfaitement aux attentes du marché : il offre la même expérience d’utilisation sur un matériel d’entrée de gamme que le fait Android sur du matériel plus performant. Et ce n’est pas une blague.

Par exemple, je teste en ce moment même des jeux écrits en JavaScript sur un terminal fonctionnant sous Firefox OS et qui coûte une soixantaine d’euros (clairement, un appareil très bas de gamme). On pourrait donc s’attendre à ce qu’ils fonctionnent très mal, mais non seulement ils tournent bien plus rapidement que les mêmes jeux s’exécutant dans un navigateur internet Android (Firefox ou Chrome) sur le même appareil, mais ils tournent même aussi vite, si ce n’est plus, que les mêmes jeux sous un navigateur Android sur une machine bien plus performante qui coûte 4 ou 5 fois plus cher.

Pourquoi de telles améliorations de performance par rapport aux navigateurs sur Android pour des appareils identiques ? Grâce à l’absence de couche intermédiaire entre Gecko et le hardware, permettant à des choses comme le JavaScript de tourner à plein potentiel, et en finir avec le mythe du JavaScript lent !

De telles performances de JavaScript sur un matériel aussi abordable est une des raisons qui me font penser que Firefox OS annonce le début de quelque chose d’énorme.

Je dois cependant préciser que Mozilla n’est pas forcément sur le point de lancer un appareil à 60 € : il s’agit seulement d’un terminal en particulier que nous utilisons pour le développement et les tests.

Fournir une alternative : une plateforme ouverte

La seconde réponse à la question « Pourquoi Firefox OS ? » est qu’il s’agit non seulement de créer une plateforme mobile alternative et ouverte, mais également d’essayer d’agir pour influencer les grands acteurs du mobile à changer les choses.

La mission de Mozilla depuis ses débuts en 1998, d’abord en tant que projet autour d’un logiciel, puis en tant que fondation et entreprise, a consisté à fournir des technologies ouvertes capables de rivaliser avec les produits des entreprises dominantes.

Steve Lohr

Firefox a bouleversé le marché du navigateur et montré aux utilisateurs qu’il existe une alternative. Et c’est ce que Mozilla s’efforce de reproduire avec Firefox OS, en permettant à chacun de pouvoir choisir sa façon d’utiliser le Web.

Cette fois-ci, c’est le Web mobile qui est menacé. Pas par Microsoft, mais par Apple et Google, qui sont les plateformes dominantes pour smartphones. Avec leurs applications natives, leurs catalogues d’applications propriétaires, et leurs règles imposées aux développeurs, Apple et Google relèguent le Web à l’arrière-plan.

Thomas Claburn

Sur les téléphones, le domaine qui nécessite le plus de travail est la portabilité des applications…

Avec l’excitation autour des applications mobiles, ils donnent l’impression d’être en retard sur un point : ils restreignent leurs utilisateurs à un système d’exploitation particulier, et aux appareils qui le supportent. Le Web, au contraire, a évolué de façon à ce que le contenu soit ressenti de la même façon, quel que soit le matériel. Mozilla, créateur du navigateur Web Firefox, est déterminé à rendre cela vrai également pour les smartphones.

Don Clark

Ce que Firefox OS cherche à faire, c’est utiliser l’omniprésence du Web pour créer une plateforme qui permet aux applications d’être utilisées aussi bien sur un téléphone portable, un ordinateur, une tablette, ou depuis n’importe quel appareil possédant un navigateur. Ne serait-ce pas génial de pouvoir reprendre sur votre ordinateur la partie d’Angry Birds à laquelle vous étiez en train de jouer sur votre téléphone ? Moi, j’adorerais !

Un rêve à portée de bidouille pour les développeurs

Une dernière raison pour laquelle Firefox OS est nécessaire, c’est que nous n’avons pour le moment aucune plateforme mobile aussi bidouillable (NdT hackable) (il est plus ou moins possible de personnaliser Android, mais ce n’est pas si facile).

Comme Firefox OS est construit avec HTML, JavaScript et CSS, vous n’avez besoin que de connaissances élémentaires en développement Web pour changer complètement l’expérience offerte par l’appareil. En éditant une simple ligne de CSS, vous pouvez totalement modifier l’apparence des icônes de l’écran d’accueil ; ou encore, vous pouvez ré-écrire les fichiers internes JavaScript qui gèrent les appels téléphoniques.

Il s’agit réellement d’une plateforme pour les développeurs et je suis impatient de voir jusqu’à quel point elle sera amenée au-delà de la vision de Mozilla.

Un timing parfait

S’il y a quelque chose dont je suis conscient depuis mon arrivée chez Mozilla il y a un an et demi, c’est à quel point je suis chanceux d’être ici pour le démarrage du projet Firefox OS. Si je me souviens bien, le projet a été annoncé (sous le nom Boot to Gecko) pendant mes premières semaines de travail.

C’était déjà passionnant à l’époque, mais ça l’est encore plus aujourd’hui. Firefox OS est littéralement la chose numéro 1 sur laquelle je travaille actuellement et honnêtement j’adore ça. En réalité, je me sens privilégié d’y participer.

Je me suis demandé de nombreuses fois ce que l’on pouvait ressentir en travaillant chez Mozilla durant le lancement initial de Firefox : l’excitation, la passion, la nervosité, l’incapacité d’expliquer à quel point c’est impressionnant et à quel point on devrait s’en préoccuper.

Pour être honnête, je ne pense pas que beaucoup de monde comprenne réellement ce qui se passe avec Firefox OS, ni à quel point son lancement est important. Un peu comme pour Firefox, j’imagine. Pour le moment, je suis heureux d’être chez Mozilla à un instant clef de son histoire.

À couper le souffle

Les personnes qui le comprennent sont les développeurs qui ont essayé le terminal de démonstration qui est montré occasionnellement, lors d’événements avec des Mozilliens. Il n’y a rien que j’apprécie d’avantage que de voir les différentes phases de leurs émotions lorsqu’ils jouent avec les appareils :

  1. D’abord, il y a une légère confusion, quelque chose comme « Pourquoi tu me passes un téléphone Android ? » ;
  2. La confusion est suivie par la réalisation soudaine qu’il ne s’agit pas d’Android mais d’un système en JavaScript ;
  3. Après un court moment, l’excitation leur fait lancer des « oh putain ! » ;
  4. Un instant plus tard, les voilà absorbés à explorer tous les recoins de l’appareil en posant plein de questions ;
  5. Le moment où je leur demande de me rendre l’appareil est accompagné d’une légère réticence et finalement d’un « C’était pas mal du tout, je suis impressionné ! ».

Vous devez penser que j’ai tendance à enjoliver les choses, mais je peux vous assurer que c’est réellement le genre de réaction qu’ont pu avoir les gens auxquels j’ai présenté l’appareil. C’est réellement jouissif.

Ce dont j’ai commencé à me rendre compte, c’est que plus je regarde d’autres personnes s’amuser avec un appareil sous Firefox OS, plus je suis convaincu de sa capacité à changer la donne. C’est comme s’ils s’éclataient avec, sans que j’aie besoin d’intervenir.

Des défis à relever

Il ne serait pas juste de parler de la grandeur de Firefox OS et des points sur lesquels je travaille sans détailler les principaux défis que nous devons relever.

Il y a bien sûr les problèmes classiques : comment gérer un écosystème d’applications qui est libre et sans restrictions ; ou anticiper les problèmes d’interopérabilité des appareils, comme ceux que peut connaître Android.. Ces problèmes sont importants, mais ne m’intéressent pas.

Ce qui m’intéresse le plus, c’est le défi de développer des jeux en HTML5 ; tant pour les performances apparentes que pour les véritables, sur lesquelles les développeurs se plaignent. C’est indéniablement l’un des défis spécifiques à Firefox OS (Android et iOS sont aussi mauvais l’un que l’autre), mais pour le moment, je suis entièrement consacré à Firefox OS et les façons d’améliorer ces points.

Aujourd’hui, la majorité des jeux HTML5 préexistants sur téléphone tournent soit de manière saccadée (0 à 20 images par seconde), ou tout juste fluide (20 à 30 images par secondes). La plupart du temps, ces jeux ne tournent pas à un rythme d’images stable, ce qui rend l’expérience peu plaisante.

Ce qui est intéressant, c’est qu’une grande partie de ces soucis ne semblent pas venir du terminal ou de JavaScript. Il y a quelques jeux intenses, comme Biolab Disaster, qui tournent de manière incroyable, même sur le terminal bas de gamme avec lequel j’effectue les tests (nous parlons ici d’un taux d’images par seconde entre 40 et 60FPS).

Pour moi, il est clair que si les mobiles et les plateformes sont parfois à blames (pas aussi souvent que certains le voudraient), il y a cependant beaucoup de choses que nous apprenons des jeux qui fonctionnent convenablement sur des terminaux bas de gamme, pour voir quelles techniques ils utilisent et comment éduquer au mieux les autres développeurs souhaitant utiliser HTML5 sur téléphone mobile.

Je crois vraiment que des jeux HTML5 gourmands peuvent très bien tourner sur des appareils mobiles, même sur ceux bon marché. Pourquoi suis-je si confiant à propos de ça ? Parce que les gens font déjà des jeux comme ça. Il y a deux choses dans ma vie que je crois sans douter… mes yeux.

Nous en sommes là.

Au-delà du téléphone mobile

Ce qui m’excite le plus à propos de Firefox OS n’a rien à voir avec l’appareil mobile que nous sortons l’année prochaine mais plutôt avec le futur qui nous tend les bras. J’ai abordé ce point auparavant lorsque j’ai parlé de Firefox OS comme un rêve de bidouilleurs, et comment les autres pourraient le récupérer et le développer au delà de la vision qu’en a Mozilla.

La bonne nouvelle est que c’est déjà prêt aujourd’hui. Nous avons déjà un port de Firefox OS sur le Raspberry Pi, ainsi que pour la Pandaboard. Ils ne sont pas parfaits, mais ce qui est génial c’est qu’ils existaient déjà bien avant que Firefox OS voie sa première version sortir.

Vous avez aussi la possibilité de lancer Firefox OS depuis un ordinateur sous Mac, Windows et Linux. Alors qu’il n’est pas possible d’acceder au même matériel qu’avec un appareil mobile, la version pour PC vous permet de bénéficier des autres fonctionnalités (telles que les applications qui tournent dans des processus séparés). En plus, c’est vraiment simple à mettre en place.

Je peux imaginer un futur proche où l’API Gamepad aura été implémentée dans Gecko et pourra être accessible à travers le client PC Firefox OS. Qu’y a t-il d’extraordinaire ? Il y a qu’il n’est pas difficile d’imaginer voir ce client PC être lancé depuis un appareil connecté à un téléviseur, avec un système d’exploitation personnalisé pour utiliser un gamepad plutôt qu’une souris ou un touchpad (ce n’est que du JavaScript).

Ce que vous aurez ici sera le début des consoles de jeux vidéo HTML5, et c’est en fait une chose que je suis impatient d’explorer durant mon temps libre en dehors de Mozilla.

Ce que je veux dire, c’est que nous arrivons à un moment de l’histoire où les ordinateurs peuvent à présent fonctionner avec les technologies que l’on utilise pour créer des sites Web. Que pourrions-nous faire dans un monde rempli de terminaux fonctionnant avec ces technologies, qui pourront tous communiquer en se connectant via les mêmes API ?

J’ai hâte de voir à quoi ce monde ressemblera !

Crédit photo : Rob Hawkes (Creative Commons By-Sa)




Gardons nos smartphones ouverts avec le HTML5

Ah, les fameux App Stores et leurs effets pernicieux à plus d’un titre !

Ce système multiplie les coûts, les contraintes et les délais alors que la même application écrite dans le langage du Web et proposée directement aux visiteurs d’un site Web évite tous ces écueils.

En effet : non seulement le principe des App Stores autorise une entreprise privée à décider arbitrairement des seuls contenus auxquels les utilisateurs du monde entier auront le droit d’accéder, non seulement il permet d’enchaîner ces mêmes utilisateurs à un système d’exploitation donné (iOS, Android…)[1], mais surtout, si l’on en croit David Murphy — qui commercialise un outil d’aide à la création d’applications Web — dans le texte ci-après traduit, il est tout à fait contre-productif pour les entreprises désirant proposer une application à l’appui de leur business.

Si les arguments techniques et économiques permettent aux applications Web de triompher des applications natives servies dans les App Stores fermés, ne nous privons pas de les relayer car, au final, tout cela permettra de rendre un peu de liberté à l’utilisateur !

Toni Hermoso Pulido - CC by-sa

Voici pourquoi HTML5 est génial pour les mobiles

Why HTML5 Rocks For Mobile


David Murphy – août 2012 – Mobile Marketing
(Traduction Framalang : antistress, Goofy, Amine Brikci-N, ZeHiro)

HTML5 est partout cette année ! Google encourage son usage. Facebook est à fond dessus. Il est évident que HTML5 est l’avenir sur les mobiles. OK c’est super. Mais c’est quoi au juste HTML5, et que peut-il faire pour les mobiles ?

HTML5 est la dernière version de HTML — le standard de présentation et de structuration des contenus sur le World Wide Web. Un des grands progrès apportés par HTML5 est qu’il permet à des sites web de fonctionner comme des applications mobiles, en donnant aux développeurs des moyens de conception adaptés aux appareils mobiles et plus seulement aux ordinateurs de bureau ou portables. Cela signifie que les sites web peuvent être conçus pour s’adapter aux écrans des appareils mobiles et avoir une interface utilisateur facile à maîtriser et très fonctionnelle avec les écrans tactiles. Le terme utilisé pour cette technologie est « appli web » (web app).

Sur un plan pratique, il existe deux façons d’implémenter une appli web. La première consiste à concevoir des sites web pour qu’ils s’adaptent et s’affichent aussi bien sur un écran d’ordinateur que sur un écran de smartphone. La seconde revient à créer une appli spécifique qui s’ouvrira lorsqu’on accède au site web avec un appareil mobile.

Cette nouvelle approche dans la présentation des contenus pour mobiles abat certaines barrières — y compris celles du temps, de l’argent et de l’omniprésent App Store. Les portes sont maintenant largement ouvertes pour les individus et les petites entreprises. Les poids lourds de la profession sont aussi attirés par cette alternative, à mesure qu’ils prennent conscience de ses avantages.

Qui n’a pas son smartphone

Voici des données chiffrées sur le marché des mobiles : 50% de toutes les recherches locales sont effectuées aujourd’hui sur des appareils mobiles. Ceci est largement dû au fait que les possesseurs de smartphones sont plus nombreux que ceux qui ont des téléphones basiques aux États-Unis et dans d’autres pays.

Et malgré cela, la plupart des entreprises n’ont aucune solution à proposer pour le mobile — sans compter les bénéfices substantiels qu’ils pourraient en tirer. Malheureusement, le développement d’applications classiques est tout simplement bien trop coûteux en temps et en argent et trop technique. Alors sans plus tarder, voyons cinq bonnes raisons qui nous font penser que HTML5 va poursuivre sa forte croissance :

Ça n’est pas seulement pour les iPhones, mais pour TOUS les smartphones

Malgré tout le buzz que génère l’iPhone, il ne représente que 25% des parts de marché. Android domine le marché avec 50% des smartphones en Amérique du Nord et Blackberry s’en sort étonnamment bien du côté des tablettes. Les appli web fonctionnent sur tous les téléphones et tablettes tactiles populaires — vous permettant d’atteindre la quasi-totalité des clients. Ce n’est pas qu’une chose positive, c’est surtout crucial pour les affaires.

C’est abordable

Les applis web HTML5 sont développées pour un prix et un temps moitié moindres que les applications natives (basées sur du code machine). Développer des applications natives peut aussi être un cauchemar. Je répète : un cauchemar coûteux en temps et en argent. Développer pour une plateforme spécifique (iPhone, Android, Blackberry, Windows Mobile, iPad et la liste est encore longue…) n’est tout simplement pas une solution viable pour la plupart des entreprise, et ceci empire car…

Les choses changent. Votre entreprise changera.

Imaginez que vous possédez une entreprise et que votre nouvelle application native a été lancée il y a six mois de cela ; votre entreprise et vos clients ont changé ne serait-ce qu’un petit peu et vous devez faire une mise à jour. Bonne chance ! Commencez par trouver l’équipe de développeurs, impliquez à nouveau vos équipes marketing et vente, et apprêtez-vous à tous les payer encore une fois. Ensuite re-soumettez l’application à (aux) app store(s) concernés… et attendez.

Les applis web permettent une mise à jour rapide, au rythme de votre entreprise. Comme pour un site web, les modifications peuvent être mises en œuvre instantanément. Aucune autre solution pour mobile ne peut rivaliser lorsqu’il s’agit de permettre à une entreprise d’être réactive aux priorités et aux besoins en temps réel.

Localisation, localisation, localisation

La proximité est l’un des meilleurs moyens de susciter l’intérêt, d’être pertinent et finalement de déclencher l’acte d’achat. Les applis web ont la possibilité de fournir des services géolocalisés, comme d’informer les utilisateurs de la proximité de lieux pouvant les intéresser ou de leur permettre d’associer des contenus (par exemple des photos ou des notes) à des lieux particuliers.

Votre marque est sur le Web et sociale, pourquoi pas votre appli aussi ?

Qu’est-ce qu’un site web en fait ? C’est l’endroit où votre entreprise/marque/personne existe en ligne. Sauf que ce n’est plus uniquement cela avec le Web moderne. Les marques, les gens, les produits existent à travers l’ensemble du web – sur Twitter, Facebook, Yelp, Tumblr et des centaines (si ce n’est des milliers) d’autres services. Aujourd’hui c’est là que les connexions se font, que l’on trouve les produits et les gens, que les nouvelles idées grandissent.

Les applis web sont faites pour fonctionner et vivre avec les autres éléments de votre marque sur le Web — ce qui vous permet de rester en contact avec vos clients actuels, d’en trouver de nouveaux, ou simplement de partager des idées de toutes les manières possibles. Les applis web excellent, et pour cause, à fonctionner avec d’autres applications du Web.

Et ce n’est que le début, les gars ; attendez de voir la suite !

Crédit photo : Toni Hermoso Pulido (Creative Commons By-Sa)

Notes

[1] En effet, une fois votre belle collection d’applications payantes constituée sur votre smartphone, pourquoi iriez-vous acheter le système concurrent — et ainsi perdre votre logithèque — lorsque vous devrez remplacer votre appareil ? De fait, votre premier système d’exploitation pour mobile risque bien d’être le dernier ! Heureusement Mozilla a différents projets dans ses cartons pour éviter ces écueils, comme Mozilla Marketplace, Firefox OS et Open Web Device.




Et si la « catastrophe » Windows 8 profitait aux jeux sous Linux ?

On le sait, le manque de jeux disponibles nativement sous GNU/Linux est l’un des freins à sa massive adoption.

L’arrivée de Windows 8, prochain système d’exploitation de Microsoft, peut pourtant (et paradoxalement) changer la donne. Non seulement la nouvelle interface Metro risque d’en déstabiliser plus d’un mais en plus le contrôle accru des applications via le futur « Windows Store » pourrait pousser de plus en plus d’éditeurs de logiciels à s’intéresser aux alternatives libres et ouvertes.

C’est ainsi que le très respecté concepteur de jeux vidéos Gabe Newell a récemment décidé de joindre la critique à la pratique en portant par précaution plusieurs titres sous GNU/Linux (dont le célèbre Left 4 Dead 2).

Espérons que cette heureuse initiative ne reste pas isolée…

Comedy Nose - CC by

Newell de Valve : Windows 8, « la catastrophe » qui pousse Valve à supporter Linux

Valve’s Newell: Windows 8 “catastrophe” driving Valve to embrace Linux

Peter Bright – 25 juillet 2012 – ArsTechnica
(Traduction Framalang : Lolo le 13, esperolinuxien, Amine Brikci-N, ZeHiro, Martin)

Le portage de Steam sur Linux est une protection contre l’échec de Windows 8.

Le directeur de Valve – ancien employé de Microsoft – Gabe Newell a qualifié Windows 8 de « catastrophe pour tout le monde, qu’on soit acteur ou utilisateur de PC » lors d’une conférence consacrée aux jeux vidéos, le Casual Connect à Seattle. Le PDG de Valve a poursuivi en indiquant que, en conséquence de l’apparition de Windows 8, « nous allons perdre une partie des PC/OEM, qui quitteront le marché. Je pense que les marges vont être réduites à néant pour un nombre certain d’entreprises ».

Gabe Newell fait valoir que l’un des derniers éléments qui empêchent les gens de passer sous Linux est le manque de jeux. Valve travaille actuellement à porter Left 4 Dead 2 et d’autres titres Steam sous Linux, dans une dynamique que Newell décrit comme une « stratégie de couverture ». Si ses prédictions sur Windows 8 se vérifient, il déclare qu’il « sera bon d’avoir des alternatives pour se protéger contre cette éventualité. »

La piètre opinion que Newell porte sur le prochain système d’exploitation majeur de Microsoft est connue depuis quelques temps. Quand Michael Larabel de Phoronix a visité le campus de Valve à Bellevue, dans l’état de Washington, en avril de cette année pour prendre connaissances des efforts de la société à porter Steam sur Linux, il avait indiqué que la « vision négative de Newell pour Windows 8 et l’avenir de Microsoft était impressionnante ».

Newell n’est pas une tierce partie désintéressée. Valve tire de l’argent des commissions qu’il prend sur les ventes de Steam. Windows 8, avec son « Windows Store » intégré, concurrence cette source de revenus. Des fonctionnalités, comme une intégration au Xbox Live, pourraient rendre le « Windows Store » et Windows 8 plus attrayants pour les joueurs et les développeurs, au détriment de Steam.

Cependant, l’autre aspect de ce « Store » – sa nature fermée et contrôlée – l’inquiète également. Il a attribué le succès de Valve à la nature ouverte du PC, indiquant que cette société « n’existerait plus » sans le PC ou sans « l’ouverture de la plateforme ». Cette ouverture est aujourd’hui menacée. Newell affirme qu’il existe une « forte tentation » à fermer la plateforme, car les développeurs « voient ce qu’il peuvent tirer de celle-ci lorsqu’ils en limitent l’accès à la concurrence, et ils se disent C’est vraiment excitant ».

Crédit photo : Comedy Nose (Creative Commons)




Comment ouvrir 4 millions de chambres d’hôtel en quelques lignes de code

Nous avons consacré un billet à la (merveilleuse) histoire du libre circuit imprimé Arduino.

Puis, tout récemment, nous avons mis en exergue une conférence TED de l’un de ses créateurs qui s’enthousiasmait de la diversité et originalité des projets dérivés d’Arduino.

Il aurait pu ajouter celui-ci…

PS : Alors, Ritz ou Carlton cet été pour les vacances ?

Cory Doctorow - CC by-sa

Un hacker « black hat » peut ouvrir 4 millions de chambres d’hôtel grâce à un microcontrolleur Arduino

Black Hat hacker gains access to 4 million hotel rooms with Arduino microcontroller

Sebastian Anthony – 25 juillet 2012 – ExtremeTech
(Traduction Framalang : esperolinuxien, ZeHiro, Martin)

Mauvaise nouvelle: Pour moins de 50$ de matériel et un petit peu de programmation, un hacker peut ouvrir, instantanément et sans laisser de trace, des millions de chambres d’hôtel protégées par une carte-clé.

Ce hack a été présenté par Cody Brocious, un développeur de chez Mozilla, à la « Black Hat Security Conference » de Los Angeles. 4 millions de chambres d’hôtel sécurisées par les serrures programmables à carte vendues par Onity sont menacées. Selon Bocious, que l’on devrait réprimander pour ne pas avoir divulgué le hack à Onity avant de le rendre public, il n’y a pas de correction facile par une mise à jour du firmware. Si les hôtels veulent sécuriser les chambres de leurs clients, chaque serrure devra être changée.

Le hack est entièrement détaillé sur le site internet de Borcious, mais en quelques mots : à la base de chaque serrure Onity se trouve un petit port alimentation DC (simplement identique à celui de votre vieux téléphone Nokia). Ce port est utilisé pour recharger la batterie de la serrure, et pour programmer cette dernière avec le « sitecode » de l’hôtel – une clé 32-bit identifiant celui-ci. En connectant un microcontrolleur Arduino dans le port DC, Brocious a trouvé qu’il pouvait simplement extraire cette clé 32-bit de la mémoire de la serrure. Aucune authentification n’est requise – et la clé est enregistrée à la même place dans chaque serrure Onity.

Le meilleur : en introduisant ce code 32-bit dans la serrure… elle s’ouvre ! D’après Brocious, 200 millisecondes sont simplement nécessaires pour lire le “sitecode” et ouvrir la serrure. « Je le branche, l’allume, et la serrure s’ouvre » confie Brocious. Sa mise en œuvre actuelle ne fonctionne pas avec toutes les serrures, et il ne compte pas mener plus loin ses investigations, mais ses documents de recherche prouvent de manière très claire que les serrures Onity, assez ironiquement, ne disposent même pas de la sécurité la plus élémentaire.

J’aimerais pouvoir dire que Brocious a consacré des mois à ce hack, pratiquant une rétro-ingénierie minutieuse du protocole des serrures Onity, mais la vérité est bien plus triste. « Avec cette simplicité enfantine, je ne serais pas surpris si un millier d’autres personnes avait trouvé la même vulnérabilité et l’avais vendue à d’autres gouvernements » déclare Brocious, dans une interview accordée à Forbes. « Un stagiaire à la NSA pourrait trouver cela en cinq minutes. »

C’est de cette manière qu’il justifie la divulgation au public de la vulnérabilité : si les agences de sécurité et les milices privées ont déjà accès à des millions de chambres d’hôtel, alors de cette manière Brocious contraint Onity a corriger son erreur. Informer le public signifie aussi que nous pouvons trouver d’autres méthodes pour sécuriser nos chambres – avec des chaînes ou des verrous blindés à l’intérieur des chambres par exemple.

Concernant la justification d’Onity pour un tel manquement à la sécurité, personne ne sait. Généralement, tant que les affaires roulent, sécuriser un système est une dépense inutile – jusqu’à ce que celui-ci soit hacké. Ce genre de vulnérabilité n’a rien d’extraordinaire venant d’une entreprise traditionnelle – en général, une entreprise n’embauche un spécialiste de la sécurité qu’après avoir connu un hack surmédiatisé. Pour une entreprise dont le rôle est de sécuriser le sommeil de millions de personnes chaque nuit, Onity aurait pu faire preuve d’un peu plus de précautions.

Crédit photo : Cory Doctorow (Creative Commons By-Sa)




Les administrations qui n’utilisent pas de standards ouverts travaillent contre celles qui le font

Issue d’un blog de la Commission européenne dédié à l’interopérabilité, la citation titre de ce billet révèle une fois de plus les difficultés que rencontrent les institutions souhaitant migrer vers le Libre.

Trois exemples, en Allemagne, Hongrie et Belgique, témoignent malheureusement du blocage du processus dont la cause principale est à chercher dans l’adoption antérieure de la suite Microsoft Office et de ses formats fermés (ou faussement ouverts).

Et tout ceci pris sur les deniers publics…

Vinoth Chandar - CC by

La migration des institutions vers l’open source est entravée par des problèmes d’interopérabilité


Interoperability problems frustrate authorities’ move to open source

Gijs Hillenius – 20 juillet 2012 – Joinup (European Commission)
(Traduction Framalang : Poupoul2, Martin, Quentin)

Les dépendances aux logiciels propriétaires des gouvernements européens, nationaux et locaux continuent de freiner les municipalités qui essaient de se séparer des carcans de leurs éditeurs en passant à l’open source. On trouve des exemples récents dans les municipalités de Fribourg en Allemagne, de Miskolcs en Hongrie et de Schoten en Belgique.

Le principal problème dans ces trois municipalités est l’interopérabilité des documents. Ce qui est grave, c’est que cela a amené la ville allemande de Fribourg à reconsidérer son usage actuel de la suite bureautique open source LibreOffice. Elle est en train d’étudier le retour à l’omniprésente suite bureautique propriétaire. Un porte-parole de la ville a annoncé plus tôt dans la semaine qu’une étude des problèmes de la suite bureautique sera livrée au conseil municipal en septembre.

La dépendance aux formats de documents et aux suites bureautiques propriétaires de toutes les autres administrations publiques est également la cause de problèmes pour la ville de Miskolcs. La ville hongroise utilise OpenOffice, une alternative à LibreOffice. Dans une étude que Joinup publiera dans les tous prochains jours, les officiels de la ville disent que dans quelques cas, l’administration est contrainte de revenir à la suite propriétaire, pour s’assurer que les documents et les macros embarquées soient compatibles : « Nous aimerions pouvoir demander à nos partenaires d’arrêter de nous envoyer des documents contenant des macros. La leçon que nous avons apprise ici est que des facteurs externes rendent impossible la migration totale vers des logiciels open source. »

Le même problème freine la ville belge de Schoten, confirme Jan Verlinder, le chef du département informatique de la ville. « La majorité des administrations publiques prend la voie facile et continue d’utiliser et de mettre à jour ses logiciels propriétaires. Les responsables de ces organisations informatiques ne semblent pas se préoccuper du fait qu’il s’agit de décisions coûteuses. En plus des coûts immédiats, cela force également leurs organisations à payer pour les mises à jours suivantes ».

Cependant, les administrations publiques prennent progressivement conscience des coûts du verrouillage des éditeurs, selon Verlinden. « Nous sommes de plus en plus approchés par d’autres gouvernements qui veulent également utiliser de l’open source pour résoudre ce problème ».

Verlinden : « Mais en réalité, les administrations qui n’utilisent pas de standards ouverts travaillent contre celles qui le font. »

« Changer pour un format de document ne dépendant pas d’un seul éditeur serait un excellent premier pas. Ça ne réclame même pas beaucoup de modifications aux logiciels ». En 2006, le gouvernement fédéral belge a rendu obligatoire l’utilisation d’un tel format, l’Open Document Format pour les documents échangés entre les administrations publiques « En pratique, il est à peine utilisé », fait remarquer Verlinden.

Crédit photo : Vinoth Chandar (Creative Commons By)




Mon année open source ou le projet un peu fou d’un néo-zélandais berlinois

Vis ma vie en terre inconnue de l’open source…

À partir du premier août prochain un jeune réalisateur néo-zélandais vivant à Berlin se propose de passer « une année open source ».

Mais attention, il ne s’agit pas seulement de migrer vers GNU/Linux et surfer avec Firefox, il veut essayer de tout faire avec du Libre, son approche et sa philosophie !

Il a essayé d’expliquer le concept à sa maman, en prenant l’exemple d’Open Cola, pour conclure qu’il n’irait pas dans un restaurant qui ne lui fournirait pas les recettes des plats ! (dans le cas contraire il se contentera de ses propres sandwiches)

Évidemment, il n’arrivera pas à vivre son quotidien 100% open source, mais il explique qu’il sera intéressant de comprendre pourquoi tel ou tel domaine ne fonctionne pas, quitte à se demander si on ne pourrait quand même pas y mettre plus de transparence et d’ouverture. L’idée étant également d’apprendre à faire le maximum de choses par soi-même et de dresser un portrait vivant de la scène open source berlinoise, sûrement l’une des plus avancées en Europe aujourd’hui.

Une démarche expérimentale un peu naïve et très déjantée, à la limite du happening artistique, qui sera filmée au jour le jour et qui demande votre soutien sur un site de crowdfunding (cf aussi cette vidéo).

Nous en avons traduit le communiqué de presse ci-dessous.

Year Open Source

Une année Open Source

A year of Open Source

Sam Muirhead – 4 juillet 2012 – CP
(Traduction Framalang : Evpok, Antoine et Goofy)

Bye-bye Apple, ciao Häagen-Dazs: Un cinéaste se lance dans une année entièrement Open Source

Le premier Août, le cinéaste berlinois Sam Muirhead abandonne tous ses biens sous copyright et ne garde de ses logiciels, équipements et services que ceux qui sont Open Source et ce pendant un an, servant ainsi de cobaye à sa propre série documentaire en ligne.

Sam Muirhead a pour objectif d’attirer l’attention sur les produits et les principes de l’open source et de susciter l’intérêt du grand public.

« Je n’ai aucune compétence particulière pour les nouvelles technologies, je veux donc montrer aux gens que l’Open Source n’est pas que pour les hackers — c’est un concept qui s’applique à tous les aspects de la vie ».

Internet à profondément changé le monde du cinéma en créant de nouveaux moyens de financement, de distribution et de production. En se servant de ces nouvelles méthodes, Muirhead explore une autre grande idée issue d’Internet : l’Open Source et son effet sur le monde réel.

Le concept d’Open Source vient du monde du logiciel : le navigateur Firefox, le système d’exploitation Linux et la plus grande part de la structure d’Internet sont développés collaborativement et distribués sous des licences Open Source. Muirhead s’intéresse plus généralement à la philosophie de l’Open Source : en tant qu’alternative au copyright, elle donne accès aux plans et aux méthodes utilisées pour réaliser un produit. Cela signifie que les utilisateurs peuvent l’adapter selon leurs propres besoins et le redistribuer. Cette idée s’est déjà étendue à d’autres domaines que le logiciel, de Wikipédia à la robotique en passant par la conception de tracteurs.

La vitesse d’évolution des technologies signifie qu’un long-métrage traditionnel sur l’Open Source est impossible : au moment où il serait distribué il serait déjà obsolète.

Muirhead va suivre la philosophie du développement logiciel « distribuer tôt, mettre à jour souvent » (release early, release often) pour la production de son documentaire. Avec de nouvelles vidéos et de nouveaux projets publiés chaque semaine, le résultat sera un portrait évolutif de l’Open Source et permettra à la communauté de participer au projet à mesure qu’il avancera.

Le projet est financé par la communauté Internet, avec une campagne de crowdfounding sur le site IndieGoGo visant les 20.000$ en 37 jours. Muirhead compte faire ses propres jeans, chaussures, brosses à dents et meubles Open Source (et en distribuer les plans) ; il utilisera des méthodes pédagogiques Open Source pour apprendre le turc, évitera la nourriture issue de semences brevetées et abandonnera les logiciels et produits Apple.

Mais son idée est aussi de s’amuser avec ce projet. Passer certaines choses, comme la contraception ou les soins dentaires, en Open Source serait certainement aussi risible que dangereux.

Si on lui demande ce qu’il espère réaliser en ne se servant que de solutions Open Source pour tous les aspects de sa vie, Muirhead répond « L’Open Source est une façon fascinante de collaborer, mais la plupart des gens pensent que c’est réservé aux logiciels. En appliquant le concept au monde réel et en l’adaptant à la vie de tous les jours, j’espère que les gens se rendront compte que l’Open source peut marcher aussi pour leur propre vie quotidienne ».

Il pense que c’est aussi une approche de journaliste : « Je veux montrer les problèmes que posent les systèmes actuels de copyright et de brevets. Toutes les semaines, Apple, Google et Samsung se lancent à la figure des procès à plusieurs millons de dollars, alors que leurs objectifs sont les mêmes. Au contraire, dans la communauté Open Source il y a un principe qui dit qu’il vaut mieux se tenir sur les épaules de ses concurrents que sur leurs orteils ». Ce projet permettra de montrer les réussites des entreprises et des individus travaillant en Open Source et d’étudier leurs business models.

Year Open Source

-> Pour soutenir le projet et en savoir plus…