Stop ACTA : C’est l’Europe de l’Est qui ouvre la voie

Pologne, République Tchèque, Slovénie, Slovaquie, Roumanie, Bulgarie… c’est clairement à l’Est de l’Europe que la contestation contre ACTA est la plus forte[1].

Ils descendent massivement dans la rue, sont actifs sur Internet et finissent par semer le doute parmi leurs gouvernements (cf cette carte limpide de la situation actuelle en Europe). Même l’Allemagne commence à s’interroger.

Pourquoi une telle mobilisation dans cette partie du monde et pourquoi cette mollesse en France et plus généralement en Europe occidentale où nous sommes encore loin de perturber ceux de chez nous qui ont signé le traité ?

Espérons que nous rattraperons le retard lors de la prochaine manifestation prévue le samedi 25 février prochain.

Nina Jean - CC by-nd

Les Européens de l’est à la pointe du combat pour les libertés sur Internet

Eastern Europeans fuel fight for Internet freedoms

Vanessa Gera – 18 février 2012 – Associated Press
(Traduction Framalang : Lamessen, OranginaRouge, Goofy, Lolo le 13)

La tradition de révolution politique de l’Europe de l’Est s’est mise à l’ère numérique. Cette fois, ce ne sont pas les communistes ou les pénuries alimentaires qui alimentent la colère, mais un traité international sur le droit d’auteur que ses opposants dénoncent comme menaçant la liberté sur Internet.

Un mouvement de contestation populaire a vu le jour le mois dernier en Pologne et s’est rapidement étendu à travers l’ancien bloc de l’Est et au-delà. L’opposition grandissante à l’Accord Commercial Anti-Contrefaçon, ou ACTA, a soulevé des doutes sur l’avenir du traité, qui est crucial pour le gouvernement des États-Unis et les économies des autres pays industrialisés.

Il y a eu des manifestations en Europe de l’Est, des attaques contre les sites gouvernementaux en République Tchèque et en Pologne, même des excuses sincères de l’ambassadeur slovaque qui l’a signé et s’est reproché d’avoir commis une « négligence citoyenne ».

Dans une région du monde où les gens se rappellent avoir été espionnés et contrôlés par des régimes communistes répressifs, le traité a provoqué la peur d’un nouveau régime de surveillance.

Le pacte doit permettre de lutter contre le vol de la propriété intellectuelle — comme les contrefaçons de sacs Gucci ou la violation des brevets pharmaceutiques. Mais il cible aussi le piratage en ligne, le téléchargement illégal de musiques, films et logiciels, et préconise des mesures que les opposants dénoncent comme amenant à la surveillance des internautes.

« La majorité des gens qui sont descendus dans la rue sont jeunes et ne se rappellent pas personnellement le communisme, mais la société polonaise tout entière s’en souvient », dit Jaroslaw Lipszyc, le président de la Modern Poland Foundation, une organisation consacrée à l’éducation et au développement d’une société d’informations.

« En Pologne, la liberté d’expression est une valeur importante, et il existe toute une histoire de la lutte pour celle-ci » explique Lipszyc. Ce fervent opposant à l’ACTA voit son action actuelle comme la suite logique du combat pour la liberté d’expression qui poussait sa famille à publier illégalement des essais anti-communistes dans son sous-sol dans les années 1980.

Les pays d’Europe de l’Est, y compris ceux qui sont maintenant dans l’Union Européenne, sont toujours beaucoup plus pauvres que ceux de l’Ouest, et parmi les opposants, certains craignent de perdre l’accès gratuit — parfois illégal — au divertissement. Avec un taux de chômage de 12.5% et un salaire minimum mensuel de seulement 1500 zlotys (NdT : environ 350€) avant impôt, et un salaire moyen de 3605 zlotys (NdT : environ 850€), beaucoup disent qu’ils ne peuvent pas se permettre de payer 20 zlotys (NdT : 4.75€) ou plus pour un billet de cinéma.

« Les gens sont furieux » dit Katarzyna Szymielewicz, directrice de la Panoptykon Foundation polonaise, qui milite pour le droit à la vie privée dans un contexte de surveillance moderne, et s’oppose à l’ACTA. « Nous avons des antécédents de soulèvement contre l’injustice ».

ACTA est passé d’un obscur traité international à un sujet de débat en Pologne depuis la mi-janvier quand le gouvernement a dit qu’il le ratifierait dans les prochains jours. Les organisations des droits civiques comme Panoptykon ont été scandalisées car le gouvernement ne les a pas consultées. K. Szymielewicz a expliqué qu’ils avaient alerté sur Twitter et d’autres réseaux sociaux, faisant ainsi réagir les activistes d’Internet en Pologne et à l’étranger — dont certains faisant partie du groupe « Anonymous » — par des attaques sur les sites gouvernementaux dont ceux du premier ministre et du parlement, les rendant injoignables pendant plusieurs jours.

La colère est née d’une forte frustration de la société, en particulier chez les jeunes, fondée sur une pénurie d’emplois et un sentiment d’éloignement du processus politique.

« C’est la goutte d’eau qui a fait déborder le vase », dit Szymielewicz. « Internet est un espace de liberté — les gens estiment que ça leur appartient vraiment — et subitement le gouvernement interfère avec cet espace ».

Les Polonais et d’autres ont aussi été préparés à agir car beaucoup ont suivi l’opposition aux États-unis contre deux projets similaires, le Stop Online Piracy Act et le Protect Intellectual Property Act — connus du grand public comme SOPA et PIPA. Les législateurs américains ont reporté ces projets de lois après une pression massive incluant un blackout d’une journée de Wikipédia et d’autres géants du Web.

Quelques jours plus tard, les Polonais descendaient dans la rue à travers tout le pays contre l’ACTA — activisme qui se propagea à Berlin, Sofia, Budapest et de nombreuses autres villes où les gens se sont rassemblés par milliers samedi dernier (NdT : le 11 février). D’autres rassemblements sont prévus pour le 25 février.

Les opposants sont aussi en colère parce que le traité a été négocié pendant plus de 4 ans en secret sans la moindre présence d’organisations de défense des droits civiques, leur donnant ainsi l’impression d’un accord secret au bénéfice exclusif des toutes-puissantes industries.

Les États-Unis et d’autres partisans de l’ACTA affirment que ce ne sera pas intrusif. Ils soutiennent que la protection des droits de la propriété intellectuelle est nécessaire pour préserver l’emploi dans les industries innovantes. Le piratage en ligne de films et musiques coûte des milliards de dollars aux compagnies américaines chaque année.

Washington assure également que les individus ne seront pas surveillés en ligne et que ACTA ciblera plutôt les entreprises qui tirent des profits de l’utilisation de produits piratés comme les logiciels. « Les libertés civiles ne seront pas réduites », déclare le bureau du Représentant américain au commerce, qui a signé l’ACTA en octobre.

Mais les opposants disent que l’accord est rédigé de façon tellement flou qu’il est difficile de savoir ce qui serait légal et ce qui ne le serait pas. Certains craignent d’être poursuivis par exemple pour mixer des vidéos personnelles avec une chanson de Lady Gaga et les mettre sur YouTube pour les partager avec leurs amis.

« Comme ce qui est permis n’est pas clair, les gens vont limiter leur créativité », explique Anna Mazgal, une activiste des droits civils polonaise de 32 ans. « Les gens pourraient se censurer eux-même par peur, parce que c’est trop vague ».

De nombreux opposants accusent également l’ACTA de placer les intérêts commerciaux au-dessus de droits comme la liberté d’expression.

« Il n’est pas surprenant que les citoyens européens soient descendus dans les rues par milliers pour protester contre un accord qui place les intérêts économiques privés au-dessus de leurs libertés fondamentales », dit Gwen Hinze, la directrice internationale de la propriété intellectuelle de l’Electronic Frontier Foundation, une fondation basée à San Francisco qui défend les libertés civiles sur Internet.

Tout ce tapage a mis les partisans de l’ACTA sur la défensive, pour le moment. L’accord a déjà été signé par les États-Unis, le Japon, la Corée du Sud et 20 autres pays.

Mais quelques gouvernements dont la Pologne, la Slovénie et la Bulgarie commencent à dire qu’ils ne le ratifieront pas. La République Tchèque a dit qu’il faudrait étudier attentivement la question avant de se prononcer. Un test décisif aura lieu cet été quand le Parlement Européen le soumettra au vote.

L’Allemagne annonce qu’elle soutient l’ACTA pour la défense de la propriété intellectuelle, mais a promis de dissiper les doutes à son propos avant de le signer. Des milliers de personnes ont manifesté samedi dernier contre ACTA à travers l’Allemagne où la protection des données a été longtemps un sujet sensible et où les administrations sont montées au créneau face à des géants d’Internet comme Google ou Facebook à propos des questions de vie privée.

L’ambassadrice slovène au Japon qui a signé le traité à Tokyo le mois dernier au nom de son pays s’est excusée depuis, expliquant qu’elle n’avait pas compris à ce moment à quel point cela pourrait restreindre la Liberté « sur le plus important réseau de l’histoire de l’Humanité ».

« J’ai signé l’ACTA par négligence civique » a écrit Helena Drnovšek Zorko sur son blog.

Notes

[1] Crédit photo : Nina Jean (Creative Commons By-Nd)




Adblock Plus ou l’extension qui valait trois milliards… de perdus pour Google & Co !

Nous vous proposons aujourd’hui de partir à la rencontre de « la plus destructrice force d’Internet ».

À priori cela peut sembler exagéré pour une simple extension d’un navigateur. Il y a pourtant du vrai, car si nous nous retrouvions tous à l’utiliser un géant comme Google ferait plus que vaciller sur son socle.

Il s’agit de l’application Adblock Plus qui une fois installée sur Firefox ou Chrome ne réalise qu’une seule chose mais quelle chose : faire disparaître la publicité sur les sites visités !

Pour les internautes que nous sommes c’est une bénédiction, mais pour tous ceux dont le modèle économique repose avant tout sur l’affichage de publicités c’est une terrible menace potentielle (Google, mais aussi Facebook, Yahoo!, la presse mainstream, etc.).

Pour ne rien arranger (à leurs affaires) une prochaine directive européenne va bientôt obliger les sites à prévenir le visiteur de la présence de cookies et demander à ce dernier son autorisation préalable avant de les installer sur sa machine. Bien plus de personnes se rendront alors compte qu’elles sont pistées et partiront alors à la recherche de logiciels antipub comme… Adblock Plus.

Sauf que rien n’est simple en ce bas monde. Comme s’ils craignaient d’eux-même les effets dévastateurs de leur propre application, les développeurs du projet ont récemment mis de l’eau dans leur vin en apportant un changement majeur à la version 2 de décembre dernier : le non blocage par défaut de toute la publicité, en laissant volontairement passer celles jugées subjectivement « acceptables ». L’argument n’est plus alors de l’éliminer mais de « l’améliorer ».

Pour certains utilisateurs ce fut un tremblement de terre, voire une trahison (près de 500 interventions sur le journal LinuxFr dédié mine de rien !). Et l’on ne tarda pas à voir émerger un fork, Trueblock plus, rétablissant la situation antérieure.

Il faut dire que nous sommes quelques uns à souhaiter mettre en place d’autres modèles que ceux majoritairement ou exclusivement basés sur la publicité. Et que plutôt que de d’évoquer la destruction possible de tout Internet, peut-être serait-il plus prudent de parler d’un certain Internet (qui ne serait donc pas le nôtre).

Bref, beaucoup de choses à dire en perspective dans les commentaires, mais en attendant faisons un peu mieux connaissance avec ce logiciel libre pas comme les autres.

Ablock Plus - Firefox

Découvrez l’arme de destruction massive d’Internet

Meet the most destructive force on the internet

Charles Orton-Jones – 3 février 2012 – LondonLovesBusiness
(Traduction Framalang : Clochix, Goofy, Anonymous, Mandourin, Lamessen)

Adblock Plus coûte les yeux de la tête aux entreprises sur Internet. Et comme de nouvelles lois s’imposent pour réglementer la publicité en ligne, l’extension pourrait ravager les revenus de la pub à l’échelle de la planète.

Quels dégâts deux allemands de Cologne peuvent-ils bien causer à Google ?

« Oui, nous leur avons sans doute déjà coûté des milliards », déclare Till Faida. J’ai demandé combien de milliards. Trois, quatre, cinq ? « Ça pourrait bien être cinq milliards » m’a répondu Faida. Il n’en est pas sûr.

Faida et son collègue Wladimir Palant constituent l’équipe derrière Adblock Plus, l’extension Firefox [la plus téléchargée de tous les temps. Adblock Plus est gratuite. Elle ne réalise qu’une seule petite tâche, mais une tâche hautement destructive. Elle bloque toute la pub sur le Web.

En installant Adblock Plus vous pouvez être sûr de ne plus jamais voir de publicité. Y compris les annonces sur lesquelles reposent les revenus de Google.

Je l’ai découverte il y a des années.

Land Rover avait une publicité incroyablement gênante. Je me souviens avoir essayé de lire le site du Financial Times et avoir vu la Land Rover dans le coin rouler au dessus du texte, faire un demi-tour au frein à main au milieu, tourner brusquement vers la gauche puis glisser vers le bas de la page rose. C’était une intrusion intolérable. J’ai cherché comment résoudre le problème et découvert Adblock Plus. Je l’ai installé en deux clics, et… soudain le Web était à nouveau propre.

Au revoir la publicité Land Rover. Adieu les publicités Google. Et adios les bannières clignotantes me racontant que j’avais gagné un téléphone portable. Adblock Plus vous permet de naviguer en paix sur le Web. Les pages se chargent plus vite. Même les vidéos YouTube démarrent sans le préambule publicitaire.

L’extension fonctionne avec les navigateurs Firefox et Google Chrome. D’autres versions existent pour tous les autres navigateurs.

Naturellement, Adblock Plus est très populaire. Les chiffres d’utilisation ne sont pas certains, mais Faida estime qu’aux USA l’extension bloque 4% des publicités. En Allemagne, ça serait 12%. « Ces chiffres sont anciens, ça pourrait être plus », dit Faida.

L’extension a déjà été téléchargée 149 millions de fois, au rythme actuel de 100 mille par jour, même s’il est important de préciser que de nombreux téléchargements sont des ré-installations ou des installations sur une autre machine du même utilisateur.

Plus les utilisateurs sont technophiles, plus il y a de chances qu’ils installent Adblock Plus. « Sur certains blogs techniques en Allemagne, jusqu’à 70% des publicités sont ainsi bloquées », déclare Faida. D’autres sites, plus grand public, évoquent seulement un chiffre de 10%.

L’effet d’Adblock Plus sur le trafic publicitaire peut être dévastateur.

La toile est jonchée de plaidoiries de propriétaires de contenus et de publicitaires qui veulent se débarrasser de cette extension. Voici une complainte typique : « Je suis webmaster et Adblock Plus endommage mon site de la même façon aussi sûrement que si votre maison brûlait ! J’aimerais que tous ses utilisateurs ressentent ce que nous, les webmasters, ressentons. Notre seule source de revenus est constituée des publicités sur le côté de nos pages. Si vous bloquez ces publicités, qui va payer nos factures ? »

Même le puissant Google a une section dédiée à cette menace dans son rapport annuel. Elle indique que « L’essentiel de nos revenus proviennent des annonceurs qui nous paient pour afficher des publicités sur les pages Web. De ce fait, les technologies de blocage des publicités peuvent défavorablement affecter notre résultat opérationnel. »

À présent, voici le problème. Au mois de mai, il va devenir obligatoire pour tous les sites Web d’informer leurs visiteurs de la présence de cookies autorisant à les tracer. Contrairement à aujourd’hui il faudra alors explicitement demander à l’internaute la permission d’installer des cookies sur sa machine. La méthode choisie sera probablement un formulaire nécessitant de cliquer sur Oui ou Non.

La nécessité du « consentement au cookie » va faire tout d’un coup hautement prendre conscience aux internautes qu’ils sont traqués et ciblés par les publicités. Pour beaucoup ça sera une révélation dérangeante. Il est probable qu’il utilisent le Web depuis des années sans savoir ce qu’est un cookie, ni ce qu’il fait.

Le souhait de bloquer les pubs pourrait alors monter en flèche, avec des potentiellement conséquences désastreuses pour les annonceurs et les éditeurs de contenus.

Les gars derrière Adblock Plus

J’ai réalisé une interview avec les gars d’Adblock Plus pour entendre leur son de cloche. Peuvent-ils vraiment détruire la poule aux œufs d’or sur Internet ? Quel est leur but ? Et quelle a été la réaction de Google quand plusieurs milliards de dollars lui sont passés sous le nez ? Aucune entreprise ne peut se permettre d’affronter une telle menace en restant passive et inerte. Pas plus Google que Facebook, Yahoo, AOL et des millions d’autres sites dépendants de la pub.

Wladimir Palant est le développeur d’AdBlock plus. Il a repris le projet en 2006 (d’où l’ajout du Plus), après l’abandon de celui-ci par Henrik Aasted Sørensen qui l’avait lancé en 2002. Palant a entièrement réécrit l’application, et en a fait presque aussitôt l’extension pour Firefox la plus téléchargée au monde.

Till Faida a rejoint Palant il y a deux ans après l’avoir rencontré à l’occasion d’une recherche pour sa thèse universitaire dont le sujet était justement l’influence des bloqueurs de pub sur les revenus d’Internet.

Palant m’a confié par mail que l’anglais de son collègue était meilleur, et que donc c’est Faida qui répondrait.

Au téléphone, Faida a immédiatement insisté sur le fait qu’il n’ont rien d’un duo d’anarchistes, et qu’ils ne se délectent pas à l’idée de priver des sites de leurs sources de revenus

« Wladimir est bien conscient que les pubs sont nécessaires. Il ne veut en aucune façon détruire la publicité. Un tas de gens dans la communauté savent bien que la publicité est jusqu’à ce jour le seul mécanisme de financement des contenus libres sur Internet. Il veut seulement que les utilisateurs aient le contrôle sur ce qu’ils voient sur leur écran. »

Les duettistes sont-ils conscients des torts qu’ils causent aux propriétaires des sites ?

« Oui. Un site techno ici en Allemagne nous a dit que 40% de leurs pubs étaient bloquées. Ils ont envoyé un journaliste assister à une conférence aux États-Unis. S’ils avaient eu des revenus supérieurs ils en auraient envoyé deux. Nous savons bien qu’Adblock plus est maintenant si populaire qu’il peut devenir une arme detructrice pour l’écosystème d’Internet ».

Le pire scénario possible ? « Globalement, 50% de toutes les pubs pourraient être bloquées ».

Cela diminuerait d’un coup la valeur de Google de 90 milliards de livres (NdT: environ 109 millard d’euros), celle de Facebook serait divisée par deux. Les quotidiens, depuis le Telegraph et le Guardian jusqu’aux sites Web comme The Register et The Daily Mash devraient lutter pour leur survie.

En fait, Palant et Faida sont si conscients du pouvoir de leur produit qu’ils ont décidé de l’atténuer. En décembre, ils ont modifié Adblock Plus de sorte qu’un nombre limité de publicités puissent être affichées, par défaut.

Les utilisateurs en devinrent fous furieux, accusant le duo de s’être vendus. L’exacerbation des passions en ligne mérite le détour.

Pourquoi ont-ils autorisé ce changement ?

Faida déclare : « Nous avons enquêté et découvert que les utilisateurs ne sont pas contre les publicités, mais seulement contre celles qui sont agaçantes. Nous voulions trouver un juste milieu. L’initiative des « publicités acceptables » est le premier pas qui doit permettre d’atteindre ce but ».

Il explique que les utilisateurs peuvent toujours bloquer complètement les publicités, mais qu’ils doivent pour cela modifier les réglages par défaut. Pas compliqué, mais en permettant à quelques publicités de se glisser ici et là, deux buts ont été atteints. Tout d’abord, les utilisateurs prennent conscience de la sophistication du produit. Et plus important encore, les concepteurs de publicité sont incités à créer des publicités claires et non intrusives.

« Nous avons un ensemble de critères que doit respecter une publicité pour être affichée », déclare Faida. Les publicités ne doivent pas clignoter, ne doivent pas cacher le texte, se déplacer, ou essayer de duper les utilisateurs (« Le millionième utilisateur qui cliquera ici aura un prix !!! »).

« Nous voulons rendre la publicité meilleure. C’est notre mission : améliorer le Web dans son ensemble ».

Selon la nouvelle règlementation, énoncée ici, les publicités qui se conforment à la politique de bonne conduite seront ajoutées manuellement à la liste blanche, ce qui leur donnera un statut privilégié par rapport à la liste de base d’Adblock Plus. Les utilisateurs peuvent modifier les préférences pour restaurer un bloquage complet, mais Faida et Palant sont persuadés que la plupart d’entre eux seront heureux de laisser passer les bonnes pubs. « Nous pensons que 75% des utilisateurs l’accepteront volontiers » déclare Faida.

Curieusement, la société de Faida et Palant; Eyeo GmbH, n’a aucun revenu. Adblock Plus est distribué gratuitement. Comment donc font-ils pour survivre ?

« Nous recevons des dons, mais pas suffisamment pour couvrir nos frais. Nous avons eu un investisseur privé qui partage nos objectifs. C’est comme cela que nous pouvons nous financer seuls pendant une période assez longue. Nous devons réfléchir au moyen de générer des revenus, mais il n’y pas d’urgence. »

Il dit que Google ne les a jamais contactés. Je le charrie en lui signalant que ça vaudrait le coup pour Google de proposer un milliard de livres (NdT: environ 1.2 milliard d’euros) pour acheter Adblock Plus et tirer le rideau. « Wladimir ne ferait jamais une chose pareille », répond Faida.

Je ne le crois pas sur parole.

Un scénario cauchemardesque

Au mois de mai, il va donc y avoir grand changement sur le front publicitaire quand la directive de « l’acceptation du cookie » entrera en vigueur. De plus, il y a aussi le projet de faire ajouter une icône pour chaque publicité déclenchée par un cookie. European Advertising Standards Alliance et Internet Advertising Bureau of Europe sont derrière ce projet. Les internautes vont davantage se rendre compte qu’on les observe.

Ces initiatives bien intentionnées vont-elles envenimer les choses à l’heure où la popularité d’Adblock Plus grimpe en flèche ?

Oliver Jameson, propriétaire du site de rencontres Cougared.com (où les hommes doivent avoir moins de 35 ans et les femmes, plus de 40) est très inquiet : « Si une masse critique d’internautes installe des logiciels de navigation qui empêchent l’affichage des publicités, inévitablement, les publicitaires verront une réduction du nombre de clics (car les clics aussi mesurent le trafic) et de la notoriété des marques. Comme à peu près tout ce qui est en ligne est quantifiable, les effets seront rapides et dévastateurs. Les publicitaires vont mettre en doute l’intérêt de placer leurs publicités sur les sites Web, ce qui signifie que de nombreux sites dont la survie dépend des rentrées publicitaires seront dégradés, abandonnés, et finiront simplement par cesser d’exister. En fait, beaucoup cesseront d’exister sous leur forme actuelle, en tant que services gratuits, et certains tenteront sans garantie de se recycler sous la forme d’une offre payante. »

D’autres sont plus optimistes. Richard Beaumont, du Cookie Collective, un organisme de recherche qui aide les entreprises à affronter le défi d’obtenir le consentement des internautes tout en respectant la nouvelle directive, dit : « La nouvelle loi peut réduire le besoin de recourir à des outils comme Adblock Plus. Les sites vont devoir obtenir le consentement des internautes, et vont donc concevoir leurs publicités de manière plus réfléchie. » Il dit que ça pourrait se révéler être une opportunité à saisir. « Les entreprises qui jouent la transparence et suscitent la confiance s’en sortiront bien. »

S’il a raison, il n’y a pas lieu de s’inquiéter.

Si c’est Jameson qui a raison, et que le blocage des pubs s’apprête à se répandre comme un virus, alors l’Internet va se retrouver en état de choc.




Je ne pense pas que vous naviguez comme moi sur le Web

Parano notre ami David ?

Peut-être prudent tout simplement, quitte à sacrifier un peu de son temps pour que Google & co en sache le moins possible sur lui[1].

Pour vivre heureux, vivons cachés ?

Enrico Policardo - CC by-nc-nd

Je ne pense pas que vous surfez comme moi

I don’t think you browse like I do

David – 4 février 2012 – Microcosm
(Traduction Framalang : Goofy, Antonin, OranginaRouge, Lamessen)

En fait, j’en suis même convaincu.

Cela ne m’est venu à l’esprit que cette semaine quand des amis étaient en train de parler de la façon virale dont Google étend sa connaissance sur vous. Certains étaient choqués par la précision, d’autres amusés d’être référencés dix ans plus jeunes ou dix ans plus vieux. Quelques-uns étaient affublés du mauvais sexe.

Je peux vous dire ce que les préférences de publicités Google savent de moi : rien.

Ce n’est pas par magie, c’est juste dû à la façon dont je surfe. Je ne laisse aucune trace localement, et tant que je ne me connecte pas sur un service, ils ne savent pas qui je suis. En plus, même si je me connecte à un service traquant l’identité comme Google, Twitter ou Facebook, ces services ne voient qu’une petite partie de ce que je fais, étant donné que je sépare énormément la navigation de mes autres usages d’Internet.

Comment est-ce possible? J’utilise plusieurs navigateurs et j’utilise les options sur la vie privée.

Ma configuration:

  • Firefox pour tous les services qui réclament des identifiants (Gmail/G+, Twitter, Facebook, Linkedln, etc).
  • Chrome pour la navigation traditionelle (recherches, forums, actualités, équipement technologiques, musique, etc).
  • Last Pass pour tous les mots de passe.
  • Pinboard pour tous les marque-pages.

J’ai configuré Firefox en utilisant about:config avec thatbrowser.privatebrowsing.autostart = true. Cela signifie que dès que je lance Firefox, il se lance automatiquement en navigation privée et ne stocke rien localement.

J’ai configuré tous les raccourcis de Chrome de façon à ce que tous les chemins de lancement se terminent par --incognito. À nouveau, cela signifie que dès que je lance Chrome, il utilise automatiquement le mode anonyme. La navigation privée de Firefox et le mode anonyme de Chrome font la même chose : ils ne stockent aucun historique, aucun cookie, et ne laissent aucune trace de votre activité en local sur le navigateur de votre ordinateur. Quand vous fermez la fenêtre du navigateur, tous les cookies précédemment créé sont supprimés ce qui empêche toute entreprise de vous pister, et plus rien ne permet de savoir qui vous êtes.

Évidemment, cela n’est pas sans conséquences si vous essayez de m’imiter :

  • Vous aurez toujours à vous identifier partout.
  • Le gestionnaire d’authentification en deux étapes de Google vous demandera tout le temps d’entrer un code.
  • Les marque-pages sous Firefox ne se retrouveront pas sous Chrome et inversement.
  • Cliquer sur un lien dans un service demandant des identifiants ouvrira celui-ci sous Firefox, cliquer dans un e-mail ou un lien relatif sous Chrome l’ouvrira sous Chrome.

Ce sont des points positifs, et voici comment j’ai dépassé ou contourné chaque point :

  • J’utilise Last Point pour me connecter sur les sites, ça ne prend qu’une fraction de seconde et je ne me connecte que si j’ai besoin de faire quelque chose qui nécessite de se connecter. L’avantage est que tous les sites auquel je me connecte ont leur propre mot de passe particulièrement complexe, ce qui est bon pour la sécurité.
  • Le gestionnaire d’authentification en deux étapes augmente aussi votre sécurité et vous avez votre téléphone avec vous, n’est-ce pas ? Je me connecte à Gmail une à deux fois par jour et j’utilise Google Authenticator sur mon téléphone. Les quelques secondes que cela me prend par jour ne me gênent pas.
  • Je stocke les marque-pages dans un navigateur adapté et accessible par le réseau : une page d’accueil personnalisée pour les visites récurrentes. Pinboard pour les visites occasionnelles.
  • Je ne franchis jamais la limite entre les services identifiants et le reste du web. Cela ne prend qu’une seconde de copier le lien, passer sur l’autre navigateur et coller le même lien, et c’est ce que je fais. Étonnamment, ça arrive moins souvent que vous pourriez le penser.

La question évidente qui se pose est la suivante : pour quelle raison feriez-vous une telle chose ?

La réponse est que ma navigation a évolué de cette manière.

J’ai commencé avec un seul navigateur, puis j’ai eu besoin de jongler avec deux pour des questions de développement Web. J’utilisais le mode incognito de Chrome pour simuler de nouvelles visites sur un site Internet, et je devais fréquemment fermer et rouvrir les fenêtres incognito. Parfois, il m’arrivait de fermer accidentellement la fenêtre principale, sans mode incognito… fermant également mes e-mails. J’ai donc déplacé mes e-mails et communications dans Firefox de sorte que je ne puisse plus les perdre à cause d’une action accidentelle (en fermant toutes les fenêtres de Chrome). Ainsi, avec Chrome dédié au développement Web, j’ai décidé d’utiliser le mode incognito en permanence afin de m’éviter la danse folklorique de le passer en incognito à chaque fois (ce qui ouvrait une nouvelle fenêtre) ; le mode incognito restait donc actif en permanence.

En raison du fait que Chrome offrit une « navigation jetable », j’ai remarqué que je me sentais un peu libéré du traçage et je me montrais un peu moins prudent à cliquer sur un site qui aurait pu changer d’état en connaissant qui je suis. Par exemple : les forums que vous avez peur de vister en raison de la quantité d’éléments « non lus » qui seront marqués comme « lus » juste parce que vous vous y êtes précédemment connecté. Utiliser le mode incognito en permanence signifie que je lisais un peu plus d’élements, et je m’immergeais dans les sites de manière plus fréquente.

Ensuite, concernant Firefox, j’ai commencé à remarquer que lorsque quand je suivais un lien je me sentais envahi de sites avec des widgets ou des publicités hyper personnalisées (à commencer par le pays d’où je me connecte). Cela m’inquiéta d’être ainsi étiqueté lorsque un site Web sait que j’aime le vélo par exemple. Ai-je loupé quelquechose ? Pourquoi est-ce que ces recherches me montrent des choix que je ne savais même pas que je voulais faire ? Cela me déplaît d’être catalogué par une vision normalisée basée sur mes actions et celles d’autres personnes similaires. Je souhaitais la version anonyme des résultats mais sans savoir comment l’obtenir.

Ma première astuce pour pallier ceci était de simplement copier-coller les liens dans Google Chrome pour avoir une version anonyme, c’est pourquoi j’en utilise le mode incognito en permanence. Cela marche bien et c’est devenu une habitude.

Après un moment, je me suis rendu compte que je pouvais aussi bien utiliser Firefox en mode privé et terminer ce que j’avais apparemment déjà commencé : éclater les bulles et éviter le pistage des mes informations à moins que je ne l’aie accepté (par l’identification à mon compte).

Je dispose maintenant d’une navigation préservée des pop-ups personnalisés, et qui sépare tous les services identifiants du reste du Web.

Comme je le disais, je ne pense pas que vous naviguez comme moi.

Notes

[1] Crédit photo : Enrico Policardo (Creative Commons By-Nc-Nd)




ACTA : Comment faire entendre sa voix (appelle ton eurodéputé etc.)

Nous avons souhaité ici vous proposer une version courte « billet blog sexy » du kit wiki ACTA de la Quadrature du Net. L’objectif est avant tout de tenter d’élargir le public sensibilisé, c’est pourquoi nous comptons sur vous pour l’action et le relais. Merci à @Quota_Atypique et @Siltaar pour cette rédaction collaborative.

D’abord, pourquoi ?

Parce qu’avec ACTA[1] on est en train de nous imposer un accord commercial « multi-national », négocié en secret depuis 3 ans par 39 pays, et qui menace Internet, nos libertés fondamentales, mais aussi l’accès aux médicaments génériques et la biodiversité planétaire. Rien que ça.

—> La vidéo au format webm
—> Le fichier de sous-titres

En effet, en renforçant ainsi le copyright, l’accord prévoit d’empêcher la production de médicaments génériques (considérés alors comme de la contrefaçon) ainsi que la culture de céréales et autres plantes non soumises aux brevets.

Côté réseau, ce traité charge les fournisseurs d’accès à Internet (FAI) de surveiller ce que leurs utilisateurs font en ligne, puisqu’il seront tenus responsables des contenus « illicites » qui passent par leurs réseaux. On appelle ça mettre de la responsabilité sur les intermédiaires techniques. Or c’est se tromper de cible. C’est un peu comme arrêter en grand fracas un p’tit génie du web, innocent, parce qu’il a mit en place sur Internet un service tellement bien et tellement utilisé, que certains s’en servent sans respecter la loi. Et je ne vous parle pas de MegaUpload là, mais de IRC.LC, développé par Pierrick Goujon en Bretagne française.

De fait, avec ACTA cet incident ne serait plus une « bavure », mais la stricte application de la loi. Les FAI, les hébergeurs web, les fournisseur de service… tous deviennent police et justice privée du copyright. Dans ces conditions, on ne serait pas surpris de voir des mesures de censure « préventive » prises par les FAI pour s’éviter des sanctions[2].

HADOPI finalement, à côté d’ACTA c’est du pipi de lolcat. Et HADOPI, ça a quand même été censuré par le Conseil Constitutionnel, quand il en a eu l’occasion. Quand on s’est bougé pour lui en donner l’occasion. Or, ce n’est pas ce qui est entrain de se profiler pour ACTA…

Pour résumer donc, ACTA c’est un paquet de mesures dangereuses, déguisées en accord commercial, qui vient d’être signé comme si de rien n’était par 22 pays (sur 39), malgré la démission du rapporteur côté Union Européenne, malgré des manifestations importantes en Pologne (et récemment jusqu’en France), ou encore hier, les excuses publiques de l’ambassadeur de Slovénie. Or, si le texte en cours de négociation a pu être divulgué plusieurs fois par La Quadrature et WikiLeaks durant ces trois dernières années, il n’est pas exclu que la portée de certaines mesures ait encore échappé aux experts de la société civile dans les domaines concernés, puisque cet accord commercial a été négocié de la manière la moins démocratique possible, par des émissaires nommés secrètement par les gouvernements des pays complices, dans le déni en France[3], du Ministère de la culture, bien loin du débat de société que cette question mérite[4].

Alors, pas envie que ces horreurs nous passent au dessus de la tête sans pouvoir réagir ? Puis nous dégringolent dessus depuis leur piédestal ou plutôt leur pied-de-nez législatif ?

Alors que faire ?

Pour faire vivre la démocratie, appelle ton eurodéputé

Voici quelques pistes pour l’appeler. Ton eurodéputé(e), tu en trouveras la trace dans le Mémopol, l’outil de mémoire politique mis en place par la Quadrature du Net.

Au téléphone, tu tomberas certainement sur son secrétaire, qui sera d’abord accueillant, probablement un brin déconcerté par ton appel, puis réticent à te passer ton eurodéputé que t’as élu pour qu’il parle en ton nom.

Pour ne faire perdre de temps à personne, il vaut mieux se familiariser d’abord un peu avec les arguments. Tu peux t’entraîner à les reformuler avec tes propres mots, tu verras, on se sent bien plus à l’aise après pendant les quelques secondes où le téléphone cherche ton correspondant.

Les points principaux à garder en tête sont :

  • ACTA transforme les entreprises d’Internet (fournisseurs d’accès, fournisseurs de service) en police privée du copyright, en les rendant responsables de ce que font leurs utilisateurs en ligne ;
  • ACTA instaure des sanctions pénales étendues, dangereuses et définies de façon vague ;
  • ACTA contourne la démocratie et ouvre la voie à un processus législatif parallèle, hors de « contrôle ».

N’oublie pas que tu n’es pas un expert, juste un citoyen inquiet. Tu as le droit de ne pas savoir tout tout de suite, tu peux décider de te renseigner un peu et de rappeler l’eurodéputé plus tard.

Pour gagner du temps, il peut être utile de choisir un eurodéputé membre de la commission qui traite le sujet. Ici, la commission la plus impliquée dans le traité ACTA est l’INTA (Commerce International), ce sont donc les eurodéputés de cette commission qu’il faut contacter en priorité, et ça tombe bien, parce qu’ils sont tout bien listés comme il faut au bout du lien vers le Mémopol fourni plus haut.

Ensuite, tu as le droit de contacter autant d’eurodéputés que tu veux. Même ceux qui ne sont pas de ton bord politique, la liberté d’expression est un enjeu qui dépasse largement ces clivages.

Qu’est-ce qu’on va te répondre ?

Dans un unanime élan de corporatisme, ton eurodéputé risque fort de céder à la tentation de te répondre : « ne t’inquiète pas petit agneau, j’ai bien compris tous les enjeux et il n’y a aucun problème ». Pour étayer ses propos, il avancera sûrement d’un des arguments suivantes :

L’ACTA n’a pas été négocié particulièrement en secret

Pourtant, contrairement à ce que dit la Commission, la transparence sur ACTA n’a été rendue possible qu’après la désobéissance de personnes impliquées dans le processus de négociation qui, inquiètes des conséquences du traité, ont fait fuiter des documents.

L’accord a également été volontairement négocié en dehors des institutions internationales dédiées à ces questions (OMPI, OMC), dans le but d’exclure les pays en développement de la table des négociations (déjà assujettie à une clause de non-divulgation). C’est ce que révèlent certains certains des câbles diplômatiques publiés par WikiLeaks à propos de l’élaboration du traité ACTA.

Si ça n’est pas du secret ça… Ce sont ces fuites qui ont forcé les négociateurs à publier les versions de travail du texte au printemps 2010, plus de 3 ans après le début des négociations.

L’ACTA ne rend pas les FAI et fournisseurs de services web responsables des contenus transitant sur leur réseau

Pas directement non, mais en rendant pénalement responsables les intermédiaires techniques des actions de leurs utilisateurs, ceux-ci risqueront de prendre procès à la place des utilisateurs. Pour éviter que cela n’arrive, ils auront tout intérêt à collaborer avec les industries du divertissement, et pour éviter de se retrouver devant le juge ils auront tout intérêt à censurer leur réseau eux-même, en déployant des moyens de filtrage des communications et de suppression des contenus. Ce qui nuira inévitablement aux libertés des utilisateurs. L’article 27.1 d’ACTA parle de « measures to deter further infringement » (mesures pour prévenir les infractions futures) : on se croirait dans Minority Report là non ? Qu’est-ce que cela peut-il être à part du blocage/filtrage/retrait « préventif » de contenu.

Les passages problématiques (sur les médicaments, notamment), ont été mis en suspens

Prouvez-le. La commission DEVE a été saisie sur la question des médicaments, d’accord, mais en quoi cela suspendrait quoi que ce soit ? DEVE a discuté le texte en vue d’un premier rapport le 24 janvier dernier. Aux dernières nouvelles, leur rapport final n’a toujours pas été rendu. La question reste donc ouverte, mais le traité avance.

Il est nécessaire de lutter contre la contre-façon et ACTA constitue la meilleure manière de le faire

L’effet sur la liberté d’expression va être terrible, ce n’est donc forcément pas une bonne méthode. ACTA va beaucoup plus loin que la lutte contre la contrefaçon et c’est bien là le problème. Ce n’est pas un simple traité commercial. Il menace des vies, et l’écologie de la planète.

ACTA va avoir un effet retors sur l’économie, notamment en terme d’innovation, qui repose sur le partage des connaissances.

ACTA va avoir des effets sur des choses qui n’ont rien à voir avec le commerce. Le flou qui entoure la notion d’ « échelle commerciale » utilisée à tout bout de champ dans le traité, fait qu’on touche en fait tout usager d’Internet, car l’échelle de partage sur Internet est énorme, et elle peut donc être considérée comme une « échelle commerciale »…

L’ACTA se contente de faire respecter la propriété intellectuelle, elle n’engendre pas d’interdictions nouvelles.

L’ACTA impose en fait de nouvelles sanctions pénales, outrepassant les procédures démocratiques classiques de l’Union Européenne et des États Membres. La formulation est très vague, et de nombreuses pratiques non-commerciales (hors-marchés) pourraient se voir sanctionnées pénalement.

Dans une opinion publiée l’année dernière, d’éminents professeurs de droit ont montré comment ACTA entre en conflit avec la loi européenne, et une étude indépendante commanditée par la Direction Générale des politiques extérieures du Parlement européen a reconnu le manque de protection des droits fondamentaux dans l’ACTA.

Rappelons aussi que le Comité ACTA qui serait créé (à l’article 42 du traité) aurait aussi un pouvoir d’amendement au texte de l’accord, et dans ce cas, quelle garantie que les amendements ne force pas encore d’autres changements ? Accepter un Comité pouvant amender l’accord après ratification revient à signer un chèque en blanc…

Pour une revue plus détaillée des arguments qu’on risque de vous opposer, voir cette page-ci et cette page-, en anglais malheureusement. Mais déjà là, tu as de quoi te lancer.

Enfin, sur cette base et maintenant que tu as un forfait de téléphone portable pas cher et illimité vers 40 destinations internationales, tu peux aussi contacter les autres commissions. Elles sont aussi concernées et ça ne mange pas de pain de les appeler, eux aussi méritent d’entendre un autre son de cloche que celui du champagne/caviar des lobbies, or ils sont amenés à influencer le rapport de l’INTA.

  • la commission DEVE (développement)
  • la commission ITRE (industrie)
  • la commission JURI (juridique)
  • la commission LIBE (libertés)

Participer au débat d’idées, en parler aux ami(e)s (de Facebook et d’ailleurs) !

Tout le monde n’est pas au courant. Donc tu aides déjà beaucoup ne serait-ce qu’en décidant d’en parler autour de toi. Montrer la vidéo à tes amis, ta famille, ton voisin venu te taxer du sel, au livreur pendant que tu signes le reçu, par la fenêtre à la voisine qui choisi son jean…

Tu es sur les réseaux sociaux ? Eh bah lâche-toi ! Twitte, poste sur Facebook, plussoie sur Google, plus il y a d’information qui circule, mieux c’est ! Ce n’est pas sale, c’est pour la bonne cause 🙂 N’hésite pas non plus à en parler sur ton blog, à ta manière, avec tes mots.

Et il n’y a pas que les mots : si l’envie te prend de faire des vidéos, des visuels, du son… n’hésite pas ! Et n’hésite pas à partager tes productions le plus largement possible, partager c’est utile, et c’est amusant !

Si tu es dans le milieu associatif, n’hésite pas à en parler aux responsables des asso. que tu fréquentes. Ils pourront écrire une lettre ouverte aux eurodéputés, ou transmettre à leur tour l’information à leurs membres, qui contacteront à leur tour d’autres des gens…

Tu sais faire mieux ? T’es vraiment révolté ? Tu peux organiser des événements : manifestations, réunions d’information, dans ton école, dans ton quartier… Ce traité ne s’imposera à nous que si nous acceptons de le suivre aurait dit La Boétie. Faisons savoir notre refus dès aujourd’hui.

Pour finir, il existe une liste de diffusion sur ACTA. Tu peux t’y inscrire en envoyant un message à : NOtoACTA-subscribe@laquadrature.net et venir arpenter le chemin… parce que la route a beau être longue, la voie est encore libre !

No ACTA

Action connexe : Faire un don

Accessoirement tu peux soutenir les actions des trois associations April, Framasoft et Quadrature qui font campagne commune actuellement car plus on est de fous plus l’ACTA rira jaune 🙂

Notes

[1] Anti Counterfeiting Trade Agreement, ACAC en français…

[2] Ça ne vous rappelle rien ? TF1 réclame (sans rien risquer) Google censure (sans vérifier)

[3] Les négociateurs pour la France étaient : Patrice Guyot et Jean-Philippe Muller

[4] Comme : « Faut-il tordre Internet pour qu’il ressemble à une maison de disques, ou au contraire profiter de ses nouvelles opportunités en améliorant la société ? »




Qu’allons-nous faire si le diable Google sort de sa boîte ?

La trappe Google commencerait-elle à doucement mais sûrement se refermer sur ses utilisateurs, mettant du plomb dans l’aile à son fameux slogan « Don’t be evil » ?

Deux récents changements le laissent en effet à penser. Tout d’abord une modification en profondeur de l’affichage des résultats du moteur de recherche au profit de son propre réseau social Google+ et au détriment de la neutralité et des petits camarades Facebook, Twitter & Co (qui ont réagit comme il se doit).

Et puis donc, voir ci-dessous, cette toute nouvelle mise à jour de sa politique de confidentialité qui vous impose le regroupement de toutes les données personnelles de vos différents comptes Google (Gmail, YouTube, Calendar, Recherche…). On pourra voir (avec le recul nécessaire) cette vidéo made by Google pour comprendre de suite de quoi il s’agit[1] ou encore cette dépêche AFP déjà plus objective.

Officiellement, du côté de chez Google, on ne parle que d’expérience utilisateur enrichie. Il ne s’agit en effet que d’améliorer la pertinence des résultats (et des encarts publicitaires proposés). D’ailleurs c’est titré « Des règles de confidentialité unifiées pour une expérience Google unique » sur leur site.

Mais si on y réfléchit bien, avec un compte Gmail et un smartphone Android à la géolocalisation activée (ce qui est fréquent même chez les librisites), Google est désormais capable de tout savoir de vous, d’autant que Google+ vous a encouragé à vous inscrire sous votre propre nom !

Bien sûr, Google n’est ni un service public, ni une organisation philanthropique, et il en va de notre propre responsabilité d’accepter des contrats que Google peut modifier quand bon lui semble lorsque nous avons décidé de nous inscrire chez eux.

Mais quand on y réfléchit bien Big Brother n’est vraiment plus très loin, et le diable non plus…

Steve Rhodes - CC ny-nc-nd

Google a rompu le pacte : son engagement à « ne pas faire de mal »

Google’s Broken Promise: The End of “Don’t Be Evil”

Mat Honan – 24 janvier 2012 – Gizmodo
(Traduction Framalang : Cheval_boiteux, OranginaRouge, Goofy)

Changement radical de sa politique de confidentialité, Google a annoncé aujourd’hui qu’il allait commencer à pister ses utilisateurs à travers tous ses services (Gmail, Search, YouTube et d’autres encore) et partager les données des activités de l’utilisateur entre les différents services. Et voilà le Google pour lequel nous nous sommes inscrits.

Le changement a été annoncé aujourd’hui dans un billet du blog officiel et général de la société, et va prendre effet le 1er mars prochain. Après cette date, si vous avez un compte Google pour utiliser un de ses services, l’entreprise pourra utiliser ces informations sur les autres services. Comme Google le dit :

Notre nouvelle politique de confidentialité sera claire, si vous la signez, nous pourrions combiner les informations que vous avez fournies à l’un de nos services avec les informations des autres services. Pour faire plus court, nous vous traiterons comme un seul utilisateur sur tous nous produits, ce qui rendra votre expérience de Google plus simple et plus intuitive.

On le voyait venir de loin. La politique de confidentialité de Google est passée de données cloisonnées à des données partagées entres les différents services. Cela vous amène irrémédiablement à vous désanonymiser, tout d’abord en requérant votre vrai nom sur Google+ par exemple puis ensuite en liant votre compte Google+ à votre compte Gmail. Mais voici venir un tout nouveau degré de partage. Et étant donné l’accueil désastreux dû aux problèmes de confidentialité posés par Google+, il est particulièrement troublant de voir Google prendre des mesures qui entament davantage encore la confidentialité des utilisateurs.

Cela signifie pour vous que toutes les données provenant de ce que vous recherchez, des emails que vous écrivez, des endroits que vous admirez sur Google Maps, des vidéos que vous regardez sur YouTube, des discussions que vous avez sur Google+, tout sera rassemblé au même endroit. Cela touchera en particulier les utilisateurs d’Android par leur localisation en temps réel (s’ils ont activé Latitude), les données de Google Wallet, et bien d’autres données qui seront récoltées. Et le plus surprenant est que si vous êtes inscrits à Google+, l’entreprise connaît même votre vrai nom, ce qui fournit une nouvelle barrière à l’utilisation d’un pseudonyme (bien qu’il ne soit pas explicitement requis des utilisateurs qu’ils s’inscrivent sous leur vrai nom).

L’intégralité des données de l’historique seront dorénavant recoupées. Bien que l’intérêt affiché soit de fournir aux utilisateurs une meilleure expérience (comprendre des résultats encore plus appropriés), cela permettra vraisemblablement à Google de cibler encore mieux ses publicités. (Au passage, c’est l’occasion ou jamais de vous familiariser avec les préférences de Google Ads).

Pourquoi disons-nous que ce changement est mauvais ? Parce que Google vient de changer les règles qu’il avait lui-même fixées.

Google a fondé sa réputation, et son chiffre d’affaires à plusieurs milliards de dollars, sur l’engagement de principe « ne rien faire de mal ». Cela fut largement interprété comme un moyen pour Google de toujours placer ses utilisateurs en premier, une interprétation qu’elle a cultivée et encouragée. Google a donc construit cette entreprise très lucrative sur la réputation du respect de l’utilisateur. Elle a investi des milliards de dollars dans le but de nous donner à tous l’impression d’être sous son agréable dôme protecteur. Et maintenant qu’elle tire les marrons du feu, tout s’écroule. Cela nous donne quelques semaines pour retirer nos données, en utilisant son service de libération des données, mais si vous désirez utiliser les services de Google, vous devrez vous plier à ses règles.

Les principes de Google mentionnent explicitement l’intention de gagner de l’argent sans faire rien de mauvais. Et l’entreprise est très claire en classant ses appels à la publicité dans la section « le mal ». Mais; alors qu’elle met l’accent sur la nécessité pour les pubs d’être pertinentes, sans ambiguïtés et « non-intrusives », ce qu’elle semble avoir oublié c’est le simple respect de la confidentialité des données de ses utilisateurs, et des pratiques qu’elle avait établies.

Parmi ses principes de confidentialité, le point numéro 4 indique :

Les préoccupations en matière de confidentialité ne sont pas les mêmes pour tout le monde. Afin de répondre aux attentes particulières de chacun des utilisateurs, Google s’efforce de leur proposer des choix significatifs et détaillés concernant l’utilisation de leurs informations personnelles. Nous pensons que les informations personnelles des utilisateurs ne doivent pas être « prises en otage ». Dans cette optique, nous nous engageons à concevoir des produits qui permettent aux utilisateurs d’exporter leurs informations personnelles vers d’autres services. Sachez que nous ne vendons pas les informations personnelles de nos utilisateurs.

Voilà qui franchit le Rubicon. C’est la fin du contrôle détaillé sur nos données, et cela signifie qu’à compter du 1er mars votre nom, votre visage, votre numéro de téléphone seront explicitement associés à des choses que vous pouviez jusqu’à présent faire sous le couvert d’un relatif anonymat. Si vous utilisez les services de Google, vous devrez accepter sa nouvelle politique de confidentialité. Et pourtant s’il y a une préoccupation qui surpasse les autres c’est bien que je ne voudrais surtout pas que Google puisse associer deux éléments d’information me concernant.

Et le pire, c’est le retournement de situation par rapport à une précédente politique. Comme l’a indiqué Google en 2009 sur son blog :

Précédemment, nous offrions la recherche personnalisée pour les utilisateurs inscrits, et uniquement quand ils avaient activé l’historique de navigation dans leur compte Google. Ce que nous faisons aujourd’hui consiste à étendre la recherche personnalisée afin de la rendre également accessible aux utilisateurs n’ayant pas de compte Google. Cette nouvelle fonctionnalité nous permet de baser la personnalisation de vos résultats de recherches sur 180 jours d’activités en la liant à un cookie anonyme dans votre navigateur. Cela est complétement séparé de votre compte Google et de votre historique de recherche (qui sont uniquement disponibles pour des utilisateurs enregistrés). Vous saurez quand nous personnalisons les résultats car un lien « Vue personnalisée » apparaîtra en haut à droite de la page des résultats. En cliquant sur ce lien, vous pourrez voir comment nous avons personnalisé vos recherches et vous pourrez également désactiver cette personnalisation.

Ces changements sont survenus peu après que Google a complètement repensé ses résultats de recherche pour inclure les réseaux sociaux, dans un service intitulé « Search plus Your World » (NdT : Recherche augmentée dans votre univers). Bien que cette nouvelle stratégie ait suscité une vague de violentes critiques sur le Web entier, elle laisse au moins à l’utilisateur la possibilité de ne pas y prendre part.

Notes

[1] Crédit photo : Steve Rhodes (Creative Commons By-Nc-Nd)




Pourquoi les codeurs sont des oiseaux de nuit ?

« Les développeurs travaillent la nuit parce que cela les dispense de contraintes horaires. Ils sont alors plus détendus, ne se dispersent pas, et la luminosité de l’écran neutralise la fatigue. »

Telles sont les hypothèses de Swizec Teller, jeune blogueur (et donc aussi et surtout développeur) slovène[1].

Et vous ? Travaillez-vous aussi principalement de nuit et si oui que vous inspire ce témoignage ?

Stuart Pilbrow - CC by-sa

Pourquoi les programmeurs travaillent de nuit

Why programmers work at night

Swizec Teller – 15 décembre 2011 – A geek with a hat
(Traduction Framalang : Deadalnix, Goofy, Martin, Pandark, DonRico, Antistress)

Il est d’usage de dire que les programmeurs sont des machines qui transforment la caféine en code.

Demandez donc au premier développeur venu à quel moment il est le plus efficace. Il y a de fortes chances qu’il reconnaisse travailler souvent très tard la nuit. Certains sont plus matinaux que d’autres. Une tendance répandue est de se lever à quatre heures du matin et de se mettre au travail avant que la folle agitation de la journée ne commence. D’autres préfèrent se coucher à quatre heures du matin.

L’essentiel, c’est d’éviter les distractions. Mais il est toujours possible de fermer la porte à clé, alors la nuit, qu’est-ce que ça apporte de plus ?

Je pense que cela tient à trois éléments : l’emploi du temps du créateur, le cerveau fatigué et la luminosité des écrans d’ordinateurs.

L’emploi du temps du créateur

C’est en 2009 que Paul Graham a écrit un billet au sujet de l’emploi du temps du créateur – en résumé, il existe deux grandes familles d’emplois du temps en ce bas monde.

D’un côté, l’emploi du temps traditionnel du manager, ou la journée est découpée en heures, et où dix minutes de distraction coûtent, au maximum, l’équivalent d’une heure de temps de travail.

De l’autre, on a ce que Paul Graham nomme l’emploi du temps du créateur – un emploi du temps pour ceux qui produisent quelque chose. Travailler sur des systèmes abstraits de grande envergure nécessite d’avoir l’ensemble dudit système en tête. Quelqu’un a un jour comparé ce processus à la construction d’une maison faite en cristal précieux. Dès que quelqu’un vous distrait, l’édifice s’écroule et se brise en mille morceaux.

Voilà pourquoi les programmeurs supportent si mal que l’on perturbe leur concentration.

À cause de cet investissement intellectuel important, nous ne pouvons tout simplement pas nous mettre au travail avant d’avoir quelques heures de tranquillité devant nous. Inutile de construire ce modèle dans notre tête pour le voir démoli une demi-heure plus tard.

En fait, en interrogeant de nombreux entrepreneurs, vous découvrirez qu’ils pensent ne pas être capables de véritablement travailler pendant la journée. Le flot constant d’interruptions, de choses importantes™ à régler et de courriels à rédiger l’interdit. Résultat, ils accomplissent en grande partie leur « vrai boulot » pendant la nuit, quand les autres dorment.

Le cerveau fatigué

Mais même les programmeurs ont besoin de dormir la nuit. Nous ne sommes pas des êtres supérieurs. Même les programmeurs sont plus attentifs le jour.

Alors pourquoi accomplissons-nous notre vrai boulot, complexe et exigeant, quand notre cerveau réclame du repos, et effectuons des tâches plus simples lorsque nous capacités intellectuelles sont les plus affutées ? Parce qu’être fatigué fait de nous de meilleurs codeurs.

De façon similaire au Ballmer Peak (Ndt : théorie selon laquelle les programmeurs sont plus efficaces avec un certain taux d’alcool dans le sang), la fatigue nous permet d’être mieux concentré, car le cerveau n’a alors d’autre choix que de se focaliser sur une tâche précise ! Il n’a pas assez d’excédent de capacités pour se permettre de vagabonder.

J’ai l’impression que les moments où je suis le moins efficace, c’est quand j’ai bu trop de thé ou une boisson énergisante à un moment mal calculé. La caféine ou les vitamines me rendent hyperactif, et je passe alors en permanence de Twitter au blog de tel ou tel, et j’ai l’impression de m’agiter dans tous les sens…

On pourrait croire que je travaillerais mieux à ce moment-là, quand j’ai de l’énergie à revendre et le cerveau en ébullition, mais non. Je ne cesse de me prendre les pieds dans le tapis, parce que je suis incapable de me concentrer plus de deux secondes d’affilée.

À l’inverse, lorsque je suis en état de fatigue légère, je ne bouge pas les fesses de mon siège et j’écris du code, rien d’autre. Je peux alors coder des heures entières sans même songer à consulter Twitter ou Facebook. C’est comme si internet cessait d’exister.

J’ai le sentiment que ce phénomène se vérifie chez la majorité des programmeurs. Nous disposons de trop de capacité cérébrale pour environ 80% des tâches qui nous incombent. Ne nous leurrons pas, l’écriture d’un tout petit algorithme bien corsé nécessite dix fois plus de ligne de codes que la construction de l’environnement dans lequel il pourra s’exécuter. Même si vous bossez sur l’apprentissage automatique (ou je ne sais quoi d’autre) le plus pointu, une grande partie du travail consiste simplement à nettoyer les données et à présenter les résultats de façon élégante.

Et quand le cerveau ne tourne pas à plein régime, il cherche à s’occuper. La fatigue vous abrutit juste ce qu’il faut pour que votre travail en cours lui suffise.

La luminosité des écrans

Là, c’est plutôt simple. Le soir, restez devant une source de lumière vive, et votre cycle de sommeil se décale. Vous oubliez la fatigue jusqu’à trois heures du matin. Ensuite, vous vous réveillez à onze heures, et lorsque le soir pointe le bout de son nez, vous n’êtes même pas crevé parce, je vous le donne en mille, vous vous êtes levé super tard !

Si cela se reproduit un certain nombre de fois, vous pouvez vous retrouver dans un fuseau horaire différent. Plus intéressant encore, il semblerait que le décalage finisse par stagner, car lorsqu’on atteint un rythme de croisière en se couchant à trois ou quatre heures du matin, on finit par se caler sur ces horaires.

À moins que ce ne soit tout bêtement à cause des radio-réveils, parce que la société nous renvoie l’image de grosses larves si on prend le petit-déj à deux heures de l’après-midi.

Fin

En conclusion, les programmeurs travaillent la nuit parce que cela les dispense de contraintes horaires. Ils sont alors plus détendus, ils ne se dispersent pas, et la luminosité de l’écran neutralise la fatigue.

Notes

[1] Crédit photo : Stuart Pilbrow (Creative Commons By-Sa)




L’iPhone et l’enfant de 13 ans travaillant 16h par jour pour 0,70 dollars de l’heure

Il est possible qu’un enfant chinois de 13 ans, travaillant 16h par jour pour 0,70 dollars de l’heure, se cache dans votre magnifique iPhone ou iPad. Et quand bien même nous ne soyons pas de ce cas extrême, les conditions sociales de tous ceux qui les produisent loin de chez nous demeurent épouvantables à nos yeux[1].

Ainsi va le monde d’aujourd’hui. Apple n’est qu’un exemple parmi tant d’autres mais il en est un bien triste symbole.

Aaron Shumaker - CC by-nd

Votre iPhone a été fabriqué, en partie, par des enfants de 13 ans travaillant 16 heures par jour pour 0,70 dollars de l’heure

Your iPhone Was Built, In Part, By 13 Year-Olds Working 16 Hours A Day For 70 Cents An Hour

Henry Blodget – 15 janvier 2012 – BusinessInsider.com
(Traduction Framalang/Twitter : HgO, goofy, Maïeul, Mogmi, oli44, Gatitac, popcode, Spartition, MaxLath, kadmelia)

Nous aimons nos iPhones et nos iPads.

Nous apprécions les prix de nos iPhones et iPads.

Nous sommes admiratifs des marges de profit très élevées d’Apple, Inc., le créateur de nos iPhones et iPads.

Et c’est pourquoi il est déconcertant de se rappeler que les bas prix de nos iPhones et iPads — ainsi que les marges de profits très élevées d’Apple — sont possibles parce qu’ils sont fabriqués dans des conditions de travail qui seraient jugées illégales aux États-Unis.

Et il est aussi déconcertant de remarquer que les gens qui fabriquent nos iPhones et iPads non seulement n’en possèdent pas (parce ce qu’ils n’en ont pas les moyens), mais, dans certains cas, qu’ils ne les ont même jamais vus.

C’est un problème complexe. Mais c’est aussi un problème important. Et cela va devenir de plus en plus préoccupant à mesure que les économies mondiales continuent à être de plus en plus interconnectées.

(C’est un problème qui concerne beaucoup de multinationales, et pas seulement Apple. La plupart des fabricants de produits éléctroniques font leurs business en Chine. Cependant, une des spécificités d’Apple, c’est l’importance de ses marges. Apple pourrait augmenter le salaire de ses employés ou leur garantir de meilleures conditions de travail tout en conservant son extrême compétitivité ainsi que sa rentabilité.)

La semaine dernière, l’émission radiophonique américaine This American Life a proposé une édition spéciale sur les industries Apple. L’émission a diffusé (entre autres) le reportage de Mike Daisey, l’homme à l’origine du one-man-show « L’extase et l’agonie de Steve Jobs », avec Nicholas Kristof, dont l’épouse est issue d’une famille chinoise.

Vous pouvez lire ici une retranscription de l’ensemble. Voici quelques détails :

  • La ville chinoise de Shenzhen est située là où la plupart de nos « merdes » sont fabriquées. Il y a 30 ans, Shenzhen était un petit village sur une rivière. Maintenant, c’est une cité de 13 millions de d’habitants — plus grande que New York.
  • Foxconn, l’une des sociétés qui fabriquent les iPhones et les iPads (et aussi des produits pour un certain nombre d’autres entreprises d’électronique), possède une usine à Shenzhen qui emploie 430 000 personnes.
  • Il y a 20 caféterias à l’usine Foxconn Shenzen. Elle servent chacune 10 000 personnes.
  • Mike Daisey a interviewé une employée, à l’extérieur de l’usine gardée par des hommes armés, une jeune fille âgée de 13 ans. Chaque jour, elle lustrait des milliers d’écrans du nouvel iPhone.
  • La petite de 13 ans a expliqué que Foxconn ne vérifiait pas vraiment l’âge. Il y a parfois des inspections, mais Foxconn est toujours au courant. Avant que les inspecteurs n’arrivent, Foxconn remplace les employés qui semblent trop jeunes par des plus âgés.
  • Durant les deux premières heures devant les portes de l’usine, Daisey a rencontré des travailleurs qui lui ont dit qu’ils avaient 14, 13 et 12 ans (en plus de ceux qui étaient plus âgés). Daisey estime qu’environ 5% des travailleurs avec lesquels il a discuté étaient en-dessous de l’âge minimum.
  • Daisey suppose que Apple, obsédée comme elle l’est des détails, doit le savoir. Ou, s’ils ne le savent pas, c’est parce qu’ils ne veulent pas le savoir.
  • Daisey a visité d’autres usines de Shenzhen, se faisant passer pour un acheteur potentiel. Il a découvert que la plupart des étages des usines sont de vastes salles comprenant chacune entre 20 000 et 30 000 travailleurs. Les pièces sont silencieuses : il n’y a aucune machine-outil, et les discussions ne sont pas autorisées. Quand la main d’œuvre coûte si peu cher, il n’y a aucune raison de fabriquer autrement que manuellement.
  • Une « heure » chinoise de travail dure effectivement 60 minutes — contrairement à une « heure » américaine, qui en général comprend les pauses pour Facebook, les toilettes, un appel téléphonique et quelques conversations. Le temps de travail journalier officiel est de 8 heures en Chine, mais la rotation standard des équipes de travail est de 12 heures. En général, la rotation s’étend jusqu’à 14-16 heures, en particulier lorsqu’il y a un nouveau gadget à fabriquer. Pendant que Daisey était à Shenzhen, un ouvrier de Foxconn est mort en travaillant 34 heures d’affilée.
  • Les chaînes d’assemblage ne peuvent pas aller à un rythme supérieur à celui de l’ouvrier le plus lent, les ouvriers sont par conséquent observés (à l’aide de caméras). La plupart travaillent debout.
  • Les ouvriers résident dans des dortoirs. Dans un cube de béton de 12 mètre de côté qui leur sert de chambre, Daisey compte 15 lits, empilés comme des tiroirs jusqu’au plafond. Un Américain de taille moyenne n’y tiendrait pas.
  • Les syndicats sont interdits en Chine. Quiconque est surpris à monter un syndicat est envoyé en prison.
  • Daisey a interviewé des douzaines d’anciens ouvriers qui soutiennent secrètement un syndicat. Un groupe raconte avoir utilisé de l’« hexane », un nettoyeur d’écran d’iPhone. L’ hexane s’évapore plus rapidement que les autres nettoyeurs d’écran, ce qui permet à la chaîne de production d’aller plus vite. L’hexane est également un neurotoxique. Les mains de l’ouvrier qui lui en a parlé tremblaient de manière incontrôlée.
  • Certains ouvriers ne peuvent plus travailler, leurs mains ayant été détruites par ces mêmes gestes répétés des centaines de milliers de fois durant de nombreuses années (syndrome du canal carpien). Cela aurait pu être évité si les ouvriers avaient simplement changé de poste. Dès que les mains des ouvriers ne fonctionnent plus, ils sont évidemment jetés.
  • Une ancienne ouvrière a demandé à son entreprise de payer les heures supplémentaires, et lorsque la société a refusé, elle est allée au comité d’entreprise. Celui-ci l’a inscrite sur une liste noire qui a circulé parmi toutes les entreprises de la région. Les travailleurs sur une liste noire sont fichés comme « fauteurs de troubles / agitateurs » et les compagnies ne les embauchent pas.
  • Un homme s’est fait écraser la main par une presse à métal chez Foxconn. Foxconn ne lui a dispensé aucun soin médical. Quand sa main a été guérie, il ne pouvait plus travailler et a donc été renvoyé. (Heureusement, l’homme fut capable de trouver un nouveau travail dans une entreprise de menuiserie. Les horaires y sont bien meilleurs dit-il, seulement 70 heures par semaine).
  • Cet homme fabriquait d’ailleurs les coques en métal d’iPads chez Foxconn. Daisey lui montra son iPad. Il n’en avait jamais vu auparavant. Il le prit et joua avec. Il raconta trouver cela « magique ».

Il convient cependant de rappeler que les usines du Shenzhen, aussi infernales soient-elles, ont été une bénédiction pour le peuple chinois. C’est ce que dit l’économiste libéral Paul Krugman. C’est ce que dit Nicholas Kristof, chroniqueur au New York Times. Les ancêtres de la femme de Kristof sont originaires d’un village proche de Shenzhen. Il sait donc de quoi il parle. Pour Kristof, les « malheurs » de l’usine valent toujours mieux que les « malheurs » des rizières.

Donc, de ce point de vue, Apple aide à transférer de l’argent de riches consommateurs américains et européens vers des pauvres travailleurs de Chine. Sans Foxconn et les autres usines d’assemblage, les travailleurs chinois seraient encore en train de travailler dans des rizières, gagnant 50$ par mois au lieu de 250. (C’est l’estimation de Kristof. En 2010, selon Reuters, les employés de Foxconn ont obtenu une augmentation totalisant 298$ par mois, soit 10$ par jour, soit moins d’un dollar par heure.) Avec cet argent, ils s’en sortent bien mieux qu’autrefois. En particulier les femmes, qui ont peu d’autres possibilités.

Mais, bien sûr, la raison pour laquelle Apple assemble ses iPhones et ses iPads en Chine au lieu des États-Unis, c’est que l’assemblage ici ou en Europe coûterait cher, bien plus cher – même compte-tenu des frais d’expédition et de transport. Et cela coûterait beaucoup, beaucoup plus parce qu’aux États-Unis et en Europe, nous avons établi des conditions de travail et de salaire minimales acceptables pour les travailleurs.

Foxconn, inutile de le préciser, n’essaye absolument pas de tendre vers ces conditions minimales.

Si Apple avait décidé de fabriquer les iPhones et les iPads pour les Américains en utilisant les conditions de travail américaines, deux choses pourraient arriver :

  • Le prix des iPhones et des iPads augmenterait
  • Les marges de profit d’Apple diminueraient

Aucun de ces éléments ne serait bénéfique à un consommateur américain ou à un actionnaire d’Apple. Mais ils pourraient ne pas être si terribles que ça non plus. Contrairement à certains fabricants d’électronique, les marges de profit sont si élevées qu’elles pourraient beaucoup baisser et rester tout de même élevées. Et certains utilisateurs américains auraient probablement meilleure conscience si on leur disait que ces produits ont été construits dans les conditions de travail de leur propre pays.

En d’autres termes, Apple pourrait certainement se permettre de respecter des conditions de travail américaines pour fabriquer ses iPhones et iPads, sans pour autant détruire son modèle économique.

On peut alors raisonnablement se demander pourquoi Apple a choisi ici de ne PAS faire ainsi.

(Ce n’est pas qu’Apple soit la seule entreprise qui ait choisi de contourner la législation du travail et les coûts de la main d’œuvre américaine, bien sûr – presque toutes les entreprises industrielles qui veulent survivre, ou tout simplement se développer, doivent abaisser les normes et leurs coûts de productions en faisant fabriquer leurs produits ailleurs.)

Au final les iPhones et les iPads coûtent ce qu’ils coûtent parce qu’ils sont fabriqués selon des conditions de travail qui seraient illégales dans notre pays – parce que les gens de notre pays considèrent ces pratiques comme scandaleusement abusives.

Ce n’est pas un jugement de valeur. C’est un fait.

La prochaine fois que vous vous saisirez de votre iPhone ou de votre iPad, pensez un peu à tout cela.

Notes

[1] Crédit photo : Aaron Shumaker (Creative Commons By-Nd)




Le projet de loi américain Stop Online Piracy Act (SOPA) a été ajourné :)

Le projet de loi américain Stop Online Piracy Act, ou SOPA, a été ajourné hier afin de se donner le temps d’un « examen plus approfondi des affirmations selon lesquelles cette législation serait nocive à l’infrastructure d’Internet ».

C’est une excellente nouvelle pour tout ceux qui s’étaient mobilisés contre cette énième déclinaison d’une tentative globale de museler le réseau.

Sauf quelques uns dont nous sommes, on en a peu parlé en France. Mais si la prudente Wikipédia a menacé d’une grève c’est qu’il devait bien y avoir une raison !

Evidemment, rien n’est jamais acquis. D’autant qu’une autre loi, PROTECT IP Act ou PIPA, menace tout autant. Cela laisse cependant un temps supplémentaire pour poursuivre inlassablement le travail d’action et d’information et espérer une issue favorable, à savoir le rejet de la loi en l’état.

Il est intéressant de remarquer ici la fracture qui a eu lieu entre les industries culturelles (id est les industries du droits d’auteur), Hollywood en tête et les entreprises des nouvelles technologies qui étaient opposées à cette loi. Quant aux pères de l’internet, leur lettre ouverte ne laisse pas de place au doute.

Rendez-vous au prochain épisode de la bataille contre l’Empire…

SOPA Postcard

PS : Cet article fait partie d’un dossier consacré à SOPA sur le blog. On notera que le projet de loi a été ajourné mais ne nous réjouissons pas trop vite…

Une victoire pour la communauté informatique – la commission parlementaire repousse l’examen de la proposition de loi SOPA

Sopa victory for tech community as US House committee adjourns

Dominic Rushe – 16 décembre 2011 – The Guardian
(Traduction Framalang/Twitter : Ayn, Sophie, Alexis, Speredenn)

Le parlement votera à une date ultérieure la loi sur le piratage sur Internet. C’est une mauvaise suprise pour Hollywood et les plus grandes entreprises de médias.

La commission des lois du parlement américain qui étudiait le projet de loi controversé Stop Online Piracy Act (SOPA) a brusquement repoussé le vote ce vendredi sans fixer une nouvelle date. La victoire surprise de la communauté informatique (NdT : the tech community) est arrivée au milieu d’un feu nourri de critiques sur Internet, malgré le fait que la plupart des politiciens de la commission semblaient soutenir la proposition de loi.

Alors que la discussion en était à son deuxième jour, le président de la commission et principal soutien à cette loi, le Député républicain du Texas Lamar Smith a accepté que soit fait appel à un examen plus approfondi des affirmations selon lesquelles cette législation serait nocive à l’infrastructure d’Internet.

Les plus grandes entreprises de médias, y compris les plus grands noms d’Hollywood, ont fait un lobbying très important pour soutenir cette proposition de loi, prétendant que le piratage sur Internet leur coûtait des milliards en ventes et en emplois. Mais de cadres de Google, de Wikipedia et d’autres importantes entreprises du monde de l’informatique ont accusé la commission de suivre la stratégie utilisée par la Chine pour censurer son Internet et ont affirmé que la proposition de loi, telle qu’elle est écrite, causerait des dommages considérables à la structure même d’Internet.

La communauté d’Internet s’est liguée contre SOPA. Le fondateur de Wikipedia, Jimmy Wales, a menacé de fermer le site Internet si la proposition de loi n’était pas modifiée. Le hashtag #Sopa est devenu de plus en plus populaire sur Twitter cette semaine en raison des inquiétudes grandissantes de la communauté sur ses implications.

Mais SOPA n’est pas morte. Smith a dit que la séance reprendrait « le jour le plus proche où le Parlement sera disponible ». Avec l’imminence des vacances de Noël, la prochaine séance se tiendra au minimum dans plusieurs semaines et avec la perspective de l’élection de 2012, il sera de plus en plus difficile de mettre à l’ordre du jour un vote rapide.

Lors de la séance, le Député républicain de l’Utah Jason Chaffetz a pressé Smith de suspendre la session jusqu’à ce que des experts techniques puissent être convoqués pour dicuter de l’impact de la modification du système de nommage des domaines d’Internet dans le but de combattre le piratage.

Les plus grands noms de l’industrie informatique se sont prononcés contre Sopa, y compris l’ingénieur Vint Cerf, l’un des fondateurs d’Internet. Il a récemment tiré la sonnette d’alarme sur le fait que SOPA risquait de provoquer « une course aux armements mondiale de censure sans précédent sur le web ». Stuart Baker, un ancien secrétaire d’Etat du ministère de l’intérieur, a également attiré l’attention sur le fait que SOPA causerait « des dommages importants à la sécurité de l’Internet ».

Etant donné que la majorité des membres de la commission semblaient être en faveur de la proposition de loi, décider de repousser celle-ci sera perçue comme un coup majeur porté aux entreprises de médias qui ont fait un lobbying important pour qu’elle passe. Holmes Wilson, co-fondateur de Fight For The Future, un groupe de lobbying, a déclaré : « c’est une victoire importante, même si elle est temporaire. Ce n’est pas ce qu’ils voulaient ».

Il a dit que le nombre de personnes attentives aux événements en ligne et que les discussions sur Twitter et Facebook rendait clairement difficile le vote de la loi sans un examen plus approfondi. « Autrefois, les lois pouvaient simplement être votées sans que beaucoup de gens s’en apreçoivent. Ceci n’est plus possible aujourd’hui », a-t-il déclaré.

Ce projet n’est pas la seule loi anti-piratage actuellement en discussion à Washington. Une autre proposition de loi, connue sous le nom de Protect IP Act ou Pipa, est également en préparation.

-> Lire d’autres articles consacrés à SOPA sur ce blog