Diaspora, le projet qui se voulut aussi gros que Facebook, pas encore mort car libre

Il y a une semaine on nous a annoncé que Diaspora serait désormais livré à la communauté.

Pour rappel Diaspora est le projet d’alternative libre à Facebook mené par des étudiants newyorkais et qui avaient créé le buzz et amassé beaucoup d’argent sur Kickstarter au moment du lancement en 2010.

Il y avait énormément d’attentes autour de ce projet car réussir à se sortir des griffes de Facebook ça n’est pas rien !

Plusieurs versions de l’application ont bien vu le jour, plusieurs dizaines de milliers d’utilisateurs se sont inscrits, mais c’est globalement la déception qui a prévalu. Ils n’ont pas réussi (et englouti l’argent), alors changement de gouvernance, plus de transparence, on donne le tout à la communauté (et qu’elle se débrouille si elle pense que le projet vaut la peine d’être poursuivi). Cela ressemble plus à un renoncement plein d’amertume qu’à un cadeau bienveillant, mais les optimistes répliqueront que c’est la force du libre que de pouvoir continuer l’aventure d’un projet même lorsqu’il se trouve bloqué.

Le billet ci-dessous tente de tirer les leçons de cette histoire et de cet échec.

Échec temporaire ou définitif ? Cela va dépendre justement de la communauté.

Diaspora

Diaspora : un nouveau départ ou une mise en garde du financement participatif ?

Diaspora: A New Beginning or a Crowdfunding Cautionary Tale?

By Paul M. Davis – 29 août 2012 – Shareable.net
(Traduction : boubou, Ward, imada, Gatitac, moedium, xaccrocheur, Penguin, aKa, sheldon, martinien)

Il y a deux ans, quatre étudiants de l’université de New York surfèrent sur le sentiment anti-Facebook et ont récolté via le site Kickstarter plus de 200 000 $ pour créer Diaspora, un réseau social open source.

Les fondateurs ont annoncé lundi qu’ils livraient leur projet à la communauté open source, ce qui va peut-être relancer le développement d’une plate-forme de réseau social au-delà de ce qu’ils ont réussi à créer jusqu’à maintenant. Dans le cas contraire, nous aurions à faire avec un échec patent d’un projet issu du financement participatif (NdT Crowdfunding).

D’une certaine manière, l’histoire de Diaspora est le reflet de la jeunesse de ses créateurs : optimisme sans limite et promesses sans fins ont laissé place au scepticisme, à la déception, aux réactions négatives et même à des tragédies personnelles. Après que la campagne KickStarter a atteint 20 fois son objectif initial, les développeurs furent mis sous une pression extrême de produire un résultat. Les sorties furent repoussées, les messages et la communication devinrent confus. En moins d’un an, le sentiment négatif qui était né durant la campagne de levée de fonds semblait se retourner contre le projet lui-même.

Au milieu de tout le tapage qui a entouré le lancement et le succès de la campagne de Diaspora, un sentiment de scepticisme a commencé à apparaître. Au plus fort de la campagne, des voix importantes comme celle de Clay Shirky ont amplifié les doutes sur la possibilité que Diaspora puisse atteindre son ambitieux objectif d’une livraison de la version alpha à la fin de l’été. La sortie privée de la version alpha eut lieu en novembre 2010 et a reçu un accueil modérément optimiste parmi les donateurs et la presse spécialisée, mais ce délai et les fonctionnalités limitées ont renforcé les arguments de ceux qui doutaient. A partir de mai 2011, des blogs techniques de haut niveau comme TechCrunch commençaient à critiquer le projet comme des vieilles nouvelles et à le qualifier de vaporware.

Confirmant les soupçons des sceptiques, les fondateurs annoncèrent en juillet 2011 qu’après avoir levé 20 fois leur objectif, Diaspora était déficitaire de 238 $ (PDF). En octobre 2011, les fondateurs essayèrent de faire taire les mauvaises rumeurs avec un post sur leur blog intitulé Diaspora : ni vaporware, ni prince Nigérian”. Malheureusement, s’ensuivit rapidement le suicide de Ilya Zhitomirskiy, co-fondateur du projet. En avril dernier, l’équipe Diaspora déclara que « les choses commencent à changer » en partageant des copies d’écrans d’une campagne de hashtag ayant une ressemblance frappante avec le site makr.io, un autre projet récemment annoncé par les mêmes fondateurs de Diaspora.

Puisque le but de Diaspora a toujours été de devenir un véritable projet open source, il est trop tôt pour voir l’annonce de lundi dernier comme un échec. Mais ce transfert open source ressemble plus un renoncement qu’à un cadeau à la communauté.

Alors, à quoi ressemblera le futur de Diaspora ? Dans une interview à BetaBeat, le co-fondateur Max Salzberg a déclaré que « beaucoup de projets open source exploitent la communauté », citant Mozilla et WordPress en exemple. Même s’il est vrai que Mozilla et WordPress s’appuient sur une large communauté de contributeurs, la comparaison de Salzberg ne tient pas car les deux projets cités sont également soutenus par de gros apports financiers, qu’il s’agisse d’argent provenant du Kickbacks de Google (Mozilla) ou des services premium pour les entreprises (WordPress).

Pour envisager ce que pourrait être le futur de Diaspora, il vaut la peine de prendre en considération un projet récent inspiré par un mécontentement similaire des utilisateurs. La plateforme qui suscite actuellement la colère des geeks est Twitter, qui ne cesse de serrer la vis sur l’écosystème du développement en limitant l’accès aux API et en mettant en place une stratégie commerciale qui le fera ressembler beaucoup plus à Facebook qu’à un simple flux de messages de 140 caractères. Ceci a poussé récemment au financement réussi de app.net, un service alternatif lancé d’une manière très différente. Au lieu de construire une plateforme ouverte et décentralisée, ce que les étudiants derrière Diaspora visaient, app.net développe une plateforme sociale centralisée financée par les abonnements des utilisateurs plutôt que par la publicité. Le projet a récemment atteint son objectif de campagne de 500 000 $ par des inscriptions de membres à 50 $, en grande partie grâce à l’approbation tacite des blogueurs influents et des développeurs qui ont été parmi les détracteurs les plus virulents de Twitter ces dernières semaines.

Pour qui est fait Diaspora ?

Malgré les différences fondamentales entre Diaspora et app.net, ils partagent le même problème de base : atteindre l’effet de réseau. Le succès d’un réseau social dépend d’un certain nombre de facteurs : des utilisateurs de la première heure qui sont aussi de vrais partisans, du buzz médiatique, une nouvelle solution à un problème existant, ou, à défaut d’autre chose, de la nouveauté.

Qu’en est-il pour Diaspora ? Cela fait longtemps que le buzz s’est estompé. Et, comme Google l’a découvert avec Plus, ce n’est pas parce que les gens sont « agacés par Facebook » qu’il vont avoir le temps ou l’envie de changer de réseau social, surtout si leur amis ne le font pas.

Lancer un nouveau service social en direction de la geekratie peut sembler pertinent au démarrage à fortiori lorsque le projet est open source. Mais pour que la sauce prenne, il faut aller au-delà des geeks et être aussi rapidement adopté par la masse. Diaspora ne s’adresse-t-il pas avant tout à ceux qui ne sont pas intimidés par les commits Git ou monter une instance Heroku, à ceux, pas assez nombreux, qui ont bien conscience qu’ils vont offrir leurs données personnelles à une société contre un service Web gratuit ? Et dans ce cas, quelles différences fondamentales avec des sites déjà existants comme Slashdot, Github ou Stack Overflow ? De plus, et bien que les caractéristiques sociales de ces services soient souvent limitées, il existe déjà de nombreuses plates-formes de réseaux sociaux open source sur le marché : Drupal, Elgg, Buddypress, Pligg, Mahara, pour en nommer quelques-unes.

Le potentiel de la fédération

La dernière carte à jouer pour Diaspora peut être son architecture fédérée. Dans une époque de services centralisés et financés par la publicité, tels Facebook,Twitter et Google, il y a un attrait certain pour une plateforme sociale fonctionnant sur une architecture décentralisée.

Une telle approche devient plus impérieuse si l’on considère la facilité avec laquelle le gouvernement américain a fermé des sites prétendument coupables d’infraction ces dernières années et comment il peut accéder aux données personnelles d’activistes sur les médias sociaux, comme Malcom Harris de Shareable s’en est aperçu au cours d’un long procès concernant son activité sur Twitter. En théorie, les nœuds d’une plate-forme sociale, qui forment un réseau p2p, pourraient être tissés dans un garage ou un placard et être déconnectés facilement, avec un faible impact sur le réseau.

Mais alors on en revient au problème des effets du réseau : la valeur de Twitter pour le mouvement Occupy ne relevait pas simplement de la communication et de l’organisation mais aussi de la diffusion. Les personnes sur le terrain étaient capables de diffuser des scènes de violence policière en temps réel, non seulement aux autres membres du mouvement sur un quelconque réseau social partagé, mais également au monde entier.

Des réseaux sociaux fédérés existent déjà, tel StatusNet sur lequel repose le rival largement oublié de Twitter, identi.ca. Mais même avec la pleine connaissance des risques de confidentialité de l’utilisation de Twitter ou Facebook, la plupart des activistes d’Occupy ne diffusaient pas vers la poignée de geeks qui postent encore des conseils pour Drupal sur identi.ca. Ils se sont plutôt dirigés là ou l’audience la plus vaste et diversifiée verrait leurs message : Twitter, Facebook et Youtube.

Rien de ceci ne permet de dire qu’une solution fédérée ne peut fonctionner, seulement que les défis sont très grands. Maintenant que Diaspora a été remis entre les mains de la communauté, il est trop tôt pour le déclarer mort. Comme les fondateurs l’ont noté dans leur annonce, le compte Github de Diaspora est actif (tout comme son projet sur Pivotal Tracker).

Je reste d’un optimisme prudent quant à la capacité de la communauté open source à créer quelque chose de grand à partir du code que les fondateurs ont lâché dans la nature. Peut-être que le code existant sera forké et deviendra la base d’un nouveau projet allant bien au delà du Diaspora actuel. Mais quoi qu’il advienne, son développement tumultueux restera comme un récit de mise en garde vis-à-vis du crowdfunding, sur les dangers des promesses qu’on ne peut pas tenir.




Un manuel de français libre et gratuit pour iPad – Invitation au débat

Voici un projet pour le moins original, un ovni même dans le paysage éducatif français.

Il s’agit d’un manuel de français, niveau quatrième, sous licence Creative Commons, entièrement rédigé par un seul homme, Yann Houry.

C’est tout d’abord une initiative à saluer et encourager comme il se doit. On peut aujourd’hui produire, proposer et partager un tel ouvrage avec toujours beaucoup de travail en amont mais de réelles facilités techniques et graphiques en aval.

Le projet présente cependant quelques caractéristiques qui ne manqueront pas de susciter à n’en pas douter de nombreux commentaires (courtois et argumentés, cela va sans dire).

  • La licence Creative Commons est la By-Nc-Sa (avec clause non commerciale donc). Certains ne pourront alors véritablement qualifier le manuel de « libre » (et encore moins « libre de droits »)
  • Le manuel a été conçu et encapsulé dans l’application d’Apple iBooks Author (il n’y a pour ainsi dire pas de sources mais une possibilité de sortie au format PDF où, évidemment, l’interactivité est inexistante)
  • En conséquence de quoi, le manuel est exclusivement destiné à l’iPad (et pas une autre tablette)
  • Certes gratuit, on ne peut se le procurer que sur la plateforme Apple iTunes (où l’on peut d’ailleurs lire : « ce livre ne peut être lu qu’avec iBooks 2 sur un iPad équipé d’iOS 5 »)

« Il est difficile de voir en Apple le parangon de l’ouverture et de la liberté. » L’auteur a souvent bien conscience de tout cela et s’en explique ci-dessous dans la présentation de son projet.

Il y a la matière à un débat fécond (sans oublier que derrière l’iPad se cache la générique tablette). Et comme le dit l’auteur en paraphrasant Montaigne : « votre approbation comme votre condamnation me seront utiles ».

Manuel de Quatrième - Yann Houry - CC by-nc-sa

Un manuel de français libre et gratuit pour iPad

URL d’origine du document (Ralentir travaux)

Yann Houry – Septembre 2012 – Licence Creative Commons By-Nc-Sa

Les deux classeurs

Je me souviens de ce professeur d’histoire qui avait avec lui, en permanence, deux gros classeurs. Je commençais tout juste à enseigner, et ces classeurs m’apparaissaient comme une somme, un véritable trésor, le fruit d’un travail riche d’expériences, de lectures et de recherches, une sorte de Graal auquel tout enseignant devait nécessairement et inéluctablement parvenir après quelques années d’enseignement. J’admirais d’autant plus ces deux classeurs qu’ils me semblaient la matérialisation de ce qui reste d’habitude invisible, le travail de l’enseignant. En effet, les cours de l’enseignant sont parfois intangibles, car ils n’ont pas nécessairement besoin d’être mis par écrit pour être transmis.

Mais ces deux classeurs avaient aussi un côté dérisoire que leur poids et leur encombrement rendaient évident. Pourquoi donc emporter en tout lieu et en tout temps ces deux énormes classeurs ? Ce professeur leur trouvait-il un usage quotidien ? Voulait-il absolument avoir sous la main le document qui deviendrait tout à coup nécessaire à un de ces moments où le hasard pédagogique vous mène ? Je ne sais plus quelle réponse j’ai obtenue à ce sujet, mais je sais depuis que le numérique a achevé de frapper d’inanité ce lourd bagage. Ces deux classeurs tiennent dans un iPad. Or le site Ralentir travaux d’abord, ce manuel ensuite, ce sont un peu mes classeurs, mais je ne voulais pas les garder fermés. Je voulais les tenir à la disposition des autres, pour à la fois les leur offrir et les leur soumettre. C’était à la fois par altruisme et par égoïsme, car, pour plagier Montaigne, je dirais volontiers que votre approbation comme votre condamnation me seront utiles.

Un manuel numérique

Ce manuel n’a pas la prétention de se substituer aux manuels traditionnels. De toute façon, tant que l’on restera engoncé dans l’opposition hugolienne du « Ceci tuera cela », tant que l’on croira nécessaire de choisir l’un ou l’autre, on restreindra sinon la portée du problème du moins la richesse des techniques d’enseignement. Une technique – le plus souvent – ne remplace pas une autre. Internet n’a pas remplacé la télévision, laquelle n’a pas remplacé la radio… L’un ne se substitue pas à l’autre, mais se tient à côté. C’est d’ailleurs tout l’intérêt que je trouve aux tablettes et plus particulièrement à l’iPad. Celui-ci, contrairement à l’ordinateur de bureau, ne trône pas en conquérant sur la table après avoir terrassé les livres et le papier, il se tient à leurs côtés, accompagnant et enrichissant ces supports pluricentenaires. Le bureau du collégien, je le vois avec une tablette et du papier. Ce n’est pas l’un ou l’autre. Pourquoi choisir ?

Ce manuel, je le publie maintenant, parce que la rentrée scolaire ne me permettra plus de lui consacrer le temps que les vacances m’ont permis de lui accorder. Il n’est même pas, si l’on y regarde bien, tout à fait terminé (tant s’en faut). Comme les logiciels libres dont il s’inspire, il correspond à une version bêta, disons une version alpha pour parer à toute critique. S’il n’est pas totalement achevé, il pourra – du fait de sa nature – être mis à jour en un rien de temps. Et j’ose espérer qu’il le sera du fait des contributions, des observations et remarques en tout genre que je vous propose dès aujourd’hui d’écrire ici même dans ces commentaires. Je le redis, et même si ce n’est pas ce qui est arrivé, Ralentir travaux n’a jamais eu vocation à être l’ouvrage d’une seule personne. À ce propos, je tiens à remercier chaleureusement les personnes qui m’ont apporté leur aide, et au tout premier chef Christophe Herlory pour son soutien, sa traduction de l’extrait de Frankenstein et sa relecture du manuel, ma femme qui m’a prêté sa voix pour l’enregistrement des dictées, et tous ceux qui ont pris le temps, pour traquer les coquilles et les erreurs, de lire et relire ce manuel.

S’il n’est pas parfait, s’il n’entend pas supplanter quoi que ce soit – et surtout pas ces si riches manuels que les éditeurs proposent maintenant depuis tant d’années, ce manuel numérique se veut libre de droits, c’est-à-dire que pour la première fois l’on propose à l’enseignant d’être, dans sa classe, totalement en règle avec la loi. On peut copier, modifier, distribuer ce manuel. Les images, les textes, les questionnaires, tout peut être partagé ou transformé. Tout est sous licence Creative commons.

L’empire du copyright

Il faut dire et redire à quel point le droit d’auteur est une plaie pour le monde de l’éducation, un fléau qui restreint drastiquement la diffusion des œuvres. Combien de pépites, de découvertes resteront dans les tréfonds de mon ordinateur et de ceux de mes collègues ? Combien d’ouvrages ne pourront être partagés sous le prétexte que les droits d’auteur ont enfermé la culture pour une vingtaine d’années d’abord (lors de la Révolution française), puis pour cinquante, aujourd’hui pour soixante-dix ans ? Cette confiscation des œuvres, parfois totalement arbitraire (songez à cette traduction du Vieil homme et la mer de François Bon), enferme le patrimoine culturel dans la sphère du privé, prive le public de sa possession, de son droit de reproduction quand ce n’est pas purement et simplement de son droit de consultation. Par désir de profiter d’une manière financière, par crainte du vol également.

Or, dans le cas du numérique, la confusion est totale. Si vous copiez un texte ou reproduisez une image, vous ne volez rien du tout. Vous copiez. Il n’y a pas vol.

J’avais été très étonné en entendant pour la première fois la chanson du copyleft. Copier n’est pas voler. Si je vole un vélo, le propriétaire du vélo est lésé. Si je copie un texte ou une image, personne n’y perd. Le propriétaire n’a pas perdu son texte ou son image, mais, à présent, il y en a deux.

C’est qu’il faut distinguer le bien matériel du bien immatériel. Et, étonnamment, le XVIIIe siècle faisait cette distinction :

« Un homme a-t-il le droit d’empêcher un autre homme d’écrire les mêmes choses que lui-même a écrites le premier ? En effet, on sent qu’il ne peut y avoir aucun rapport entre la propriété d’un ouvrage et celle d’un champ, qui ne peut être cultivé que par un homme, et dont, par conséquent, la propriété exclusive est fondée sur la nature de la chose. Ainsi ce n’est point ici une propriété dérivée de l’ordre naturel, et défendue par la force sociale ; c’est une propriété fondée par la société même. Ce n’est pas un véritable droit, c’est un privilège, comme ces jouissances exclusives de tout ce qui peut être enlevé au possesseur unique sans violence.

Tout privilège est donc une gêne imposée à la liberté, une restriction mise aux droits des autres citoyens ; dans ce genre il est nuisible non seulement aux droits des autres qui veulent copier, mais aux droits de tous ceux qui veulent avoir des copies  »

Condorcet, Œuvres, tome 11

La gratuité, enfin, est un point auquel je tiens. Quand j’ai créé Ralentir travaux, je l’ai fait avec dans l’idée que, pour le lire, je ne demanderai ni inscription ni contrepartie financière. C’est accessible. Instantanément. Je crois savoir que mon travail profite à ceux qui sont loin, dans des écoles mal dotées (mais disposant au moins d’une connexion à internet), à des étudiants étrangers, à des parents désireux de s’informer, à des curieux, et pourquoi pas à des établissements ayant déjà acheté des iPads et qui, compte tenu, de la richesse du web, n’auront pas à payer encore pour y mettre le contenu nécessaire aux apprentissages.

Et puis la remarque peut paraître prétentieuse car émanant de moi seul, mais si l’on veut bien considérer les économies réalisées par les administrations ayant recours à des logiciels libres (que l’on songe à OpenOffice, LibreOffice, Ubuntu…), on se dira que proposer gratuitement des manuels permettra de mettre l’argent ailleurs que dans des CD-ROM ou des manuels qui inévitablement finiront au rebut (c’est malheureux, mais c’est comme ça). Et je refuse d’entendre l’argument rappelant que tout travail mérite salaire. Je veux bien que l’on considère que j’ai fourni un travail de dément pour produire ce manuel, mais je ne peux raisonnablement pas le mettre en vente. Ou alors, pour reprendre une fois encore Condorcet, ce que je vendrais serait mon nom et mes mots, non mes idées qui ont été dites des millions de fois sur internet, dans les manuels, dans les salles de cours, etc.

Pourquoi l’iPad ?

On pourra s’étonner qu’un manuel se voulant gratuit et libre de droits soit proposé sur iPad, et l’on aura raison. Il est difficile de voir en Apple le parangon de l’ouverture et de la liberté. Force est cependant de reconnaître que seule Apple a développé un programme digne de ce nom permettant de produire à peu de frais un manuel numérique digne de ce nom, mais, dès que j’en aurai la possibilité, je m’attaquerai aux autres plateformes afin de proposer le manuel sur d’autres supports. De toute façon, vous trouverez à peu près tout le contenu du manuel sur Ralentir travaux.

Quand j’ai découvert iBooks Author, j’ai vu la possibilité qui m’était donnée de créer facilement et rapidement ce que j’avais toujours souhaité faire depuis Ralentir travaux. Un manuel. Je ne voudrais pas vous faire l’inventaire des avantages du numérique. Je ne vais même pas vous dire ce que contient ce manuel (je vous invite tout simplement à le parcourir. Tout au plus voudrais-je rappeler ces quelques points :

  • La tablette numérique est légère, et permet de se débarrasser du poids du cartable.
  • Si la tablette a un coût à l’achat, celui-ci peut être partiellement absorbé par des dépenses qui deviendront superfétatoires (papier, encre, photocopieuse, manuel sur papier…). De plus, tout ce que j’ai acheté chez Apple est durable et solide (je ne suis pas un fanboy, c’est juste comme ça) y compris dans les mains de mes enfants les moins soigneux.
  • La luminosité d’un iPad peut être réglée directement dans l’application, et ne gêne pas les yeux. On peut même lire dans le noir !
  • La police peut être changée, agrandie. C’est, je crois, un atout pour tous ceux qui ont des problèmes de vue. C’en est un également pour les dyslexiques.
  • Mettre des signets, surligner, prendre des notes, tout cela est possible. Chaque mot peut être défini ou renvoyer au web.
  • On trouve des exercices interactifs, des quiz…
  • On trouve également des vidéos, des fichiers audio (un élève peut ainsi faire des dictées seul ou du moins s’entraîner), des diaporamas, des images interactives parfois en haute définition (un jour, on oubliera que la photocopie a existé).
  • Des liens internet menant à Wikipédia ou à Gallica offrent l’accès à de belles éditions quand ce ne sont pas les éditions originales. Une fois encore, j’y vois une libéralisation de la culture. On ne peut certes toujours pas les toucher, mais on peut voir, on peut lire ces œuvres de la Bibliothèque nationale de France que seuls quelques privilégiés pouvaient auparavant découvrir. Et je me souviendrai toujours du regard ébahi d’élèves habituellement peu sensibles au plaisir livresque découvrant des éditions originales.
  • Le manuel peut être utilisé avec d’autres applications. Le Petit Robert, Antidote sont des merveilles sur iPad. Certains logiciels de prise de notes sont extraordinaires. Je ne mets plus les pieds dans une bibliothèque sans mon iPad et Evernote ou Penultimate.

Quelques mots pour finir. Je me suis efforcé de rendre ce manuel aussi complet que possible, de multiplier les exercices de grammaire, de vocabulaire, de rédaction, etc. Il est l’œuvre d’une seule personne (ou presque), et c’est une bien lourde tâche que celle-ci. J’espère que vous saurez vous montrer indulgent quand vous trouverez une coquille, une erreur, une approximation, etc. Je vous remercie de votre compréhension. Un manuel numérique se bonifie dans le temps, non dans la cave, mais confronté à votre regard.

Il me reste à vous souhaiter une bonne lecture. J’espère que vous la trouverez, selon le vieux précepte horacien, utile et agréable.




« Chanter sans autorisation » : introduction aux enjeux du libre

Woody Guthrie (Commons PD)This Machine Kills Fascists…

Quand, dans le Monde diplomatique il est question du numérique en général et du Libre en particulier il y a de bonnes chances pour que l’article soit signé Philippe Rivière (alias Fil) et ce depuis près de quatorze ans.

Il faut dire qu’être l’un des papas de SPIP lui donne une certaine expérience, pour ne pas dire une expérience certaine.

Il a publié en juillet dernier, dans le magazine culturel en ligne Rictus.info, un papier qui synthétise bien la situation et que nous aimerions plus encore faire connaître, d’où cette reproduction.

« Il faut inventer un autre modèle, et pour cela, personne ne sait encore s’il faudra casser l’ancien, ou s’il saura s’adapter. »

« Chanter sans autorisation » : introduction aux enjeux du libre

URL d’origine du document (Rictus.info)

Philippe Rivière – juillet 2012 – Licence Creative Commons By-Sa

À l’occasion des Rencontres Mondiales du Logiciel Libre, nous avons demandé à Philippe Rivière[1], de nous faire un petit tour d’horizon de la question du logiciel libre. Exposé des forces en présence et des enjeux.

Un peu de musique

Au début des années 1940, sur ses premiers disques, le compositeur américain Woody Guthrie avait fait inscrire la mention suivante sous le titre Copyright Warnings :

« Cette chanson est protégée aux États-Unis sous le sceau du copyright #154085 pour une période de 28 ans, et toute personne prise à la chanter sans autorisation sera mon meilleur ami, car je n’en ai rien à fiche. Publiez-la. Ecrivez-la. Chantez-la. Dansez dessus. Yodelez-la. Je l’ai écrite, c’est tout ce que je voulais faire. »

Aujourd’hui, chaque fois que vous insérez un film dans votre lecteur DVD, vous devez endurer une très longue présentation avec des écrans affreux du style :

« WARNING. La reproduction ou la redistribution non autorisée de cette œuvre copyrightée est illégale. Une violation criminelle de ce copyright, même sans gain monétaire, sera suivie d’une enquête du FBI et est punissable d’une peine d’emprisonnement allant jusqu’à cinq ans dans une prison fédérale, et d’une amende de 250 000 dollars »

Drôle de manière de vous remercier d’avoir acheté le DVD.

Dans l’informatique, c’est la même chose : les auteurs de logiciels ont deux possibilités pour s’adresser à leur public — c’est-à-dire les utilisateurs ; soit ils leur font signer une clause légale expliquant qu’il faut faire très attention à d’utiliser le logiciel comme il convient, si on veut avoir quelques chances de ne pas aller en prison. Soit ils leur disent : que toute personne prise à jouer avec ce logiciel comme elle l’entend sera mon meilleur ami !

Dans le premier cas, on parle de logiciel propriétaire (ou privateur), dans le second, de logiciel libre.

Logiciel capturé

Le logiciel n’est pas né en cage. Les premiers programmes étaient comme des formules de maths ou des recettes de cuisine : en dollars, ils ne valaient rien, puisqu’on les donnait avec la machine — qui, elle, coûtait très cher.

Comme l’écrit Lawrence Lessig, un juriste américain spécialisé dans le droit d’auteur :

« Vous ne pouviez pas faire tourner un programme écrit pour une machine Data General sur une machine IBM, donc Data General et IBM ne se préoccupaient pas de contrôler leur logiciel. »

Mais bien évidemment leur valeur était énorme, puisque sans programmes, l’ordinateur se limitait à allumer un C> clignotant sur un écran noir… Ce qu’un certain Bill Gates avait bien compris, c’est que le contrôle du logiciel permet de mettre la main sur l’ensemble du dispositif : IBM, la gigantesque firme américaine, ne l’avait pas compris. Elle voulait vendre des ordinateurs personnels, et se fichait bien de savoir ce qui fonctionnerait dessus : pressée d’arriver sur le marché, elle y a installé MS-DOS, un logiciel fourni par le jeune Bill Gates… on sait ce qu’il est advenu de ce choix : Microsoft, l’éditeur de MS-DOS, est rapidement devenu le plus gros éditeur de logiciels, et continue aujourd’hui à prélever une rente énorme sur l’ensemble des usages de l’informatique.

Free Software Foundation et licence GPL

De son côté, un certain Richard Stallman, chercheur au MIT, à Boston, s’était habitué, comme tous les informaticiens des années 1970, à bidouiller les programmes qui se trouvaient sur ses machines, pour les améliorer ou les adapter à la configuration de son matériel. Ça faisait partie de la normalité dans l’informatique, et encore plus dans le monde universitaire ; il aimait le sens de la communauté qui se développait autour de la programmation. Des échanges d’astuces, des concours pour être le premier à trouver une solution, etc.

Mais un jour, il s’aperçut que le code du logiciel pilote d’une imprimante n’était pas livré avec la machine, et qu’il ne pouvait donc pas le modifier — seulement le faire tourner, sans savoir ce qui était programmé exactement. S’il y avait un bug, il fallait contacter l’éditeur pour signaler le problème, et attendre une hypothétique nouvelle version… qui viendrait sans doute plus tard, et qu’il faudrait, en plus, à nouveau payer. On était au début des années 1980. Ce genre de choses commençait à se répandre, et Stallman comprit que les logiciels, qui étaient nés libres, ne le resteraient pas si personne ne les défendait. Il faudrait les protéger, sur le plan légal ; et les structurer d’une manière efficace. Il décida d’en faire son combat.

En 1984, Stallman démissionna du MIT (pour ne pas avoir de liens hiérarchiques qui pourraient lui coûter son indépendance), et fonda le projet GNU, puis la Free Software Foundation. D’un côté, un projet technique, consistant à fabriquer un système d’exploitation totalement libre — c’est-à-dire sans aucun composant propriétaire. De l’autre, une fondation dédiée à la protection du logiciel libre.

Il écrivit de nombreux logiciels (le plus connu est peut-être l’éditeur de texte Emacs). Et en parallèle, fit un travail juridique qui aboutit à la Licence publique générale GNU, la « GPL ». Elle est nettement moins « fun » que la licence de Woody Guthrie, mais elle garantit à tout utilisateur :

  • le droit d’utiliser le logiciel pour faire ce qu’il veut
  • le droit de lire le code source du logiciel, c’est-à-dire les éléments qui permettent de comprendre ce qu’il fait
  • le droit de modifier ce code source
  • le droit de redistribuer le logiciel ainsi que les versions modifiées.

Pour bénéficier de cela, l’utilisateur s’engage en échange à passer ces mêmes droits aux personnes à qui il le redistribue.

Bien sûr, tout le monde n’a pas forcément envie d’aller modifier le code… mais savoir que quelqu’un peut le faire, c’est avoir une certaine garantie.

Pour une entreprise, par exemple, c’est l’assurance que, si on n’est pas satisfait du prestataire à qui on a demandé de programmer quelque chose, ou s’il disparaît, on pourra légalement aller en voir un autre sans devoir repartir de zéro. C’est important.

Libertés pour l’utilisateur

Pour un particulier, on peut apprécier le fait que les logiciels libres sont souvent gratuits, ou en tous cas moins chers que les logiciels propriétaires. Cela dit, il ne faut pas confondre libre et gratuit ; « free » software, c’est « free » comme « freedom », pas comme « free beer ». Il y a des logiciels gratuits qui ne sont pas libres. Et, vice versa, pour développer un logiciel libre il faut quand même parfois que quelqu’un travaille…

Mais le plus important, pour l’utilisateur, n’est pas dans la gratuité : c’est que l’informatique touche de plus en plus aux libertés quotidiennes. Sur l’ensemble de la planète, à part quelques irréductibles hommes des cavernes, chacun porte en permanence sur soi un mouchard qui signale à tout instant où il se trouve précisément. Ce mouchard, cinq milliards d’humains en sont équipés. Il sert, parfois, à téléphoner…

L’informatique est aussi dans les voitures ; bientôt dans les frigos ; dans les habits, avec les puces RFID ; dans les passeports biométriques ; dans les cartes d’électeur – les machines à voter ! – ; il faut aller sur Internet pour voir les notes de collège de ses enfants ; on parle de numériser toutes les données de santé dans un « dossier médical personnel » accessible sur Internet (certains l’appellent dossier médical « partagé », car il est tout de même difficile à l’heure de WikiLeaks de prétendre qu’on saura empêcher le piratage…).

Discuter, s’informer, créer, partager, faire de la politique… tout ça est en train de s’informatiser, et si on ne contrôle pas collectivement les machines autour desquelles se construit de plus en plus la vie sociale, ce sont les machines qui nous contrôleront … ou plus exactement, ceux qui les programment.

Un seul exemple : vous avez entendu parler de Kindle, le livre électronique vendu par Amazon.com ; c’est génial, vous pouvez acheter et télécharger des dizaines de livres, et les lire sur un petit écran. Un jour donc, en juillet 2009, les commerciaux d’Amazon s’aperçoivent qu’ils ont fait une boulette dans leur offre : ils ont vendu électroniquement un livre pour lequel ils ne disposaient pas des droits de reproduction.

Ni une ni deux, que font-ils ? Ils attendent que les Kindle des clients se connectent, et leur envoient l’instruction d’effacer le livre. De quel livre s’agit-il ? « 1984 », de George Orwell, le livre qui décrit Big Brother et la police de la pensée !

Succès ou échec ?

Je ne vais pas énumérer les succès du logiciel libre : en 1990, un étudiant en informatique de l’université de Helsinki, Linus Torvalds, aimerait bien utiliser chez lui le programme sur lequel il travaille à l’université, un « noyau ». Il repart donc de zéro et crée son propre « noyau », qu’il place sans guère y accorder de réflexion sous la licence GPL. Ce sont les débuts d’Internet dans les facs, et rapidement ce noyau se développe ; comme Stallman avait développé de nombreux morceaux de code de GNU, mais pas encore de noyau, les deux projets cohabitent et donnent naissance à ce qu’on appelle maintenant GNU/Linux.

Les logiciels libres sont partout ; ils font tourner des ordinateurs personnels, et l’essentiel d’Internet. Ils sont dans les labos de recherche, les entreprises, etc.

Et il n’y a pas que la GPL. D’autres licences libres existent, qui permettent parfois plus de souplesse, moins de contrainte pour des utilisateurs qui modifient le code pour l’utiliser dans des projets fermés. Pour des textes ou des photos, on peut préférer des licences comme les Creative Commons. Pour des librairies (morceaux de code qui peuvent servir de fondation à des logiciels plus élaborés), on peut exiger que toute modification de la librairie soit libre, mais sans exigence sur les logiciels élaborés en question. D’autres font des licences plus proches de celle de Woody Guthrie (« je m’en fiche »), comme la licence MIT, ou encore la WTFPL (Do What The Fuck You Want To Public License / licence publique rien à branler).

A l’heure actuelle, les smartphones sont dominés par deux systèmes : Apple iOS et Google Android, qui sont basés sur des logiciels libres. Bien sûr chez Apple, les logiciels ne sont pas du tout libres ; mais ils sont construits sur une fondation totalement libre, NetBSD. Quant à Android, il est tellement bardé de brevets qu’il n’est pas non plus vraiment libre. Mais enfin, il contient beaucoup de logiciels libres.

En termes quantitatifs, on peut parler d’un succès : ce qui était perçu par les médias comme « marginal » est désormais au centre du tissu économique et du développement de l’informatique.

D’après une étude publiée en 2010[2] : Le secteur est estimé à 1,5 milliard d’euros en France, avec un taux de croissance moyen de 17 % (par an). Environ la moitié des directeurs informatiques interrogés lors de l’étude ont déclaré utiliser des logiciels libres et ce, quelle que soit la taille de l’entreprise.

La guerre contre le libre

Il y a la menace juridique : en ce moment, c’est la guerre des brevets. Google a racheté en août 2011 le fabricant de téléphones portables Motorola pour 12,5 milliards de dollars, dans le but de mettre la main sur 25 000 brevets ! Or on dépose actuellement des brevets sur tout et n’importe quoi, avec des effets très curieux. Des menaces de procès et des bras de fer judiciaires qui aboutissent à des accords entre les grandes sociétés qui possèdent ces portefeuilles de brevets.

Enfin, il y a la menace plus directe de la prise de contrôle de l’ordinateur. Au nom bien entendu de votre sécurité. Par exemple, ce qu’on appelle « l’informatique de confiance », un terme censé nous rassurer, est une stratégie qui interdit à tout logiciel qui n’est pas reconnu et « signé » par une société comme Microsoft, ou Apple, de s’exécuter sur votre machine.

Ou encore, au nom de la protection des droits d’auteurs, la loi HADOPI qui nous impose l’obligation de « sécuriser notre réseau ». Alors que même l’armée américaine n’est pas capable d’empêcher des documents de « fuiter » !

Les iPhone sont eux-mêmes totalement verrouillés et il faut passer exclusivement par le magasin en ligne d’Apple pour modifier le logiciel (même si techniquement il reste possible de « jailbreaker », ce n’est pas autorisé par le constructeur).

Et je passe sur les projets qui se multiplient au nom de la lutte contre le piratage, contre la criminalité ou contre le terrorisme (SOPA, ACTA, HADOPI, LOPPSI, DMCA, etc), sans parler de la surveillance des communications qui se pratique plus ou moins illégalement et de façon massive[3]. Aux États-Unis, l’association des producteurs de musique, la MPAA, demande que ce qui marche en Chine (la « grande muraille électronique » qui permet au pouvoir de surveiller les internautes) soit appliqué à l’ensemble de l’Internet !

Pour la FSF : « Le logiciel libre permet d’avoir le contrôle de la technologie que nous utilisons dans nos maisons, nos écoles, nos entreprises, là où les ordinateurs travaillent à notre service et au service du bien commun, et non pour des entreprises de logiciels propriétaires ou des gouvernements qui pourraient essayer de restreindre nos libertés et de nous surveiller. »

Pour le romancier Cory Doctorow (et excellent blogueur), les États et les entreprises se préparent à une « guerre à venir sur la computation à but général », et « l’ordinateur dont le contrôle complet est accessible à l’utilisateur est perçu comme une menace pour l’ordre établi ».

Biens communs

Et puis il y a la propagande.

Aujourd’hui, les manifestants d’Occupy Wall Street, qui contestent le système capitaliste, sont traités de « terroristes ». Ce qui pourrait permettre à la police de les pister, de placer des mouchards dans leur ordinateur, etc.

Déjà Bill Gates en 2005 voyait des rouges partout :

« Il y a certains communistes d’un genre nouveau, cachés sous différents masques, qui veulent se débarrasser des mesures incitatives dont bénéficient les musiciens, les cinéastes et les créateurs de logiciels. »

J’avoue que je ne suis pas totalement choqué par cette critique. Elle est maligne, car parmi les auteurs de logiciels libres il y a beaucoup de gens qui ne sont pas particulièrement de gauche, et même des « ultra-capitalistes » comme se définit par exemple le leader du Parti pirate suédois, Rickard Falkvinge. Mais en effet, quand on crée du logiciel libre, quand on défend le partage de la culture sur Internet, quand on construit des sites sur le Web, on produit, collectivement, un bien public. Qui appartient à tout le monde, et où chacun va pouvoir venir puiser à sa guise, et utiliser ce que vous avez fait pour faire avancer ses propres projets. Le savoir, la culture sont cumulatifs, nous sommes « des nains sur des épaules de géants »[4].

Au-delà du logiciel libre, il faut réfléchir à l’ensemble des biens communs informationnels : la science, la culture, l’amusement, le logiciel dans tous les domaines… Internet permet de les diffuser, mais comment mobiliser des ressources pour les produire, et comment les défendre ? Certainement pas en les enfermant derrière des murs de paiement, des systèmes de DRM provoquant l’autodestruction des fichiers… Il faut inventer un autre modèle, et pour cela, personne ne sait encore s’il faudra casser l’ancien, ou s’il saura s’adapter.

Crédit photo : Woody Guthrie NYWTS (Wikimedia Commons)

Notes

[1] Co-auteur de SPIP (le logiciel qui sert à publier ce site, mais aussi des milliers d’autres) et journaliste au Monde diplomatique

[2] Étude sur l’impact socio-économique du libre citée dans la presse

[3] Cf. l’article d’Antoine Champagne dans Le Monde diplomatique de janvier 2012

[4] Bernard de Chartres, XIIe siècle




J’ai séché la rentrée pour bosser chez Framasoft #MyLife

Un billet témoignage très fram-asso-centré dont on peut retenir trois choses : l’arrivée sans filet d’Alexis Kauffmann (alias aKa ou @framaka) en tant que deuxième salarié Framasoft, le local à Lyon et la nouvelle équipe autour du président Christophe Masutti. Voilà, vous savez déjà tout, vous pouvez retourner vaquer à vos occupations 🙂

aKa à l'EPFL octobre 2011 Lausanne15 ans que, comme tous les élèves de France et de Navarre, je faisais la rentrée scolaire, mais de l’autre côté de l’estrade. 10 ans que sur mon temps libre, coincé entre vie professionnelle et vie privée, je participais avec d’autres gentils bénévoles à développer Framasoft[1].

J’ai globalement bien tenu et Framasoft a bien avancé (avec quelques périodes de burnout quand même) mais cela commençait à devenir difficile de tout concilier sur la durée. La passion était toujours là, mais la fatigue également. Je pense que nous sommes nombreux à connaître ou avoir connu ça.

Et si je bossais à temps plein pour Framasoft ? me disais-je parfois. Je serais moins stressé, moins frustré, plus efficace, plus disponible, plus proche de la communauté…

Mais un chouette job quand même que celui de prof, mais la sécurité de l’emploi, mais les maigres caisses de l’association, mais la crise, mais la peur du changement… Et puis une fenêtre de tir, et puis le goût du risque, et puis l’appel du large, et puis toujours l’envie de changer le monde… Alors voilà, l’association a accepté ma candidature et me voici depuis lundi deuxième permanent de Framasoft 🙂

Je viens rejoindre Pierre-Yves Gosset, ce qui tombe aussi plutôt bien car il commençait à trouver le temps long à supporter parfois tout seul le poids de la structure (GNU reconnaîtra les siens). D’ailleurs, autre récente nouveauté, nous avons désormais un local à Lyon[2], ou plutôt des bureaux dans un espace… mutualisé (logique). Cela s’appelle Locaux Motiv’, qui fera l’objet d’un prochain billet dédié, et de prime abord tout le monde a l’air comme il se doit dynamique et sympathique (vais tout de même pas me fâcher tout de suite avec mes co-workers).

Espace Framasoft au local à Lyon

Du coup je ne suis plus président de l’association. Fini donc le temps du bienveillant dictateur à vie 😉 Je rentre dans le rang et suis fier et honoré d’avoir passé le relais en début d’année à Christophe Masutti, déjà bien connu des amis de Framasoft puisque très investi dans la collection Framabook et qui a pris la responsabilité de présider l’association avec un bureau et un CA solides issus de la communauté.

Alors, vous me direz (ou pas), qu’est-ce que ça va changer pour Framasoft ? Je fais partie de ceux qui pensent que le logiciel libre a posé les jalons d’une profonde transformation possible, et en douceur, de la société. Rien que ça oui ! Et que, très modestement, Framasoft peut (continuer à) y participer, à commencer par ce blog dont cette hypothèse constitue un peu la ligne éditoriale. En doublant notre effectif salarié, en formant ainsi avec Pierre-Yves un binôme compétent et complémentaire (du moins l’espère-je), nous nous donnons les moyens, avec tout le reste de l’équipe bénévole, de plus encore informer et rendre service, soutenir les actions des uns et des autres, aider les projets à se monter, valoriser et pérenniser ceux qui sont faits, en imaginer de nouveaux, etc.

Un dernier mot (parce qu’il paraît que libre ne veut pas dire gratuit).

Deux permanents, un local, 8 serveurs, 30 applications web déployées, une douzaine de projets en production, un trafic conséquent (un million de visites pas mois sur l’ensemble du réseau), des conférences (et déplacements), une animation de tous les instants… Oui cela a un coût. Et non nous n’avons pas les sous permettant de couvrir longtemps ce coût, quelques mois tout au plus.

Nous allons donc (nous aussi) bientôt vous embêter en lançant une nouvelle campagne de dons pour tenter de poursuivre encore plus loin l’aventure. On ne demande pas la lune, juste une base d’un petit millier de donateurs récurrents qui accepteraient de nous donner 10 euros par mois (en fait 3,40 € s’ils bénéficient de la défiscalisation). Pour le moment nous en avons à peine un tiers (grand merci pour eux), nous sommes donc encore assez loin du compte malheureusement.

Mais nous sommes confiants et optimismes, confortés en cela par notre mantra que nous nous répétons tous les matins au saut du lit : « la route est longue mais la voie est libre ».

Bonne rentrée à tous,

Alexis Kauffmann

PS : Pour ceux qui n’auraient pas la patience d’attendre le lancement de la campagne pour nous soutenir, rendez-vous ici 😉

Notes

[1] Illustration de cette double casquette éducative et associative : ma récente participation à l’émission Place de la toile sur France Culture au sujet du Retour de l’informatique au lycée.

[2] Contrairement à Pierre-Yves, je vais occuper ce local la moitié du temps, le reste à Paris.




Microsoft Office 2013 supportera le format ODF (et PDF) : Victoire du Libre ?

Grande et bonne nouvelle, d’après Microsoft la prochaine version 2013 de la célèbre suite bureautique Office intégrera le format ouvert OpenDocument (ou ODF) dans sa version 1.2. Elle sera également capable d’ouvrir, enregistrer et même éditer du format PDF (voir le tableau comparatif issu de Microsoft en fin d’article).

Cela fait des années que les partisans d’une réelle interopérabilité le demandent. Et cela fait des années aussi que le format PDF est présent sur la suite bureautique libre OpenOffice.org / LibreOffice.

Du coup le journaliste Simon Phipps y voit clairement une victoire de l’open source. Et vous ?

Camknows - CC by-nc-sa

Comment Microsoft été forcé d’ouvrir Office

How Microsoft was forced to open Office

Simon Phipps – 17 août 2012 – InfoWorld.com
(Traduction : Damz, ehsavoie, Patchidem, Calexo, Nek, Fe-lor, Grummfy, Sylvain, Gatitac, Skhaen, ProgVal, Bohio, joe, HgO, Cypher, Jimmy)

Dans Office 2013, la prochaine version de sa célèbre suite bureautique, Microsoft a été contraint de prendre en charge totalement le véritable format ODF, au même titre que le format PDF. Voici comment l’open source a gagné.

Plus tôt cette semaine dans un article de blog, le responsable des standards Office, Jim Thatcher, a décrit les changements à venir dans Office :

Dans la prochaine version d’Office, nous avons ajouté l’utilisation de deux formats supplémentaires : Strict Open XML et Open Document Format (ODF) 1.2. Nous avons aussi intégré la possibilité d’ouvrir des documents PDF afin de pouvoir les modifier dans Word et de les enregistrer dans n’importe quel format. En ajoutant la prise en charge de ces formats de document standardisés, Microsoft Office 2013 offre à ses utilisateurs de nouvelles possibilités quant à l’intéropérabilité des documents bureautiques.

Dans ces quelques mots arides, nous pouvons trouver les échos d’une leçon d’histoire qui nous démontre le pouvoir de l’open source pour garantir la concurrence et favoriser l’innovation, tous deux précieuses sur les marchés du logiciel. Les formats de fichiers ne sont manifestement pas le sujet le plus excitant, mais cette annonce apporte une lumière sur deux faits importants à propos de l’open source : dans un premier temps, le logiciel open source peut être celui qui impose son rythme à la concurrence. Puis, dans un second temps, l’innovation open source fournit les bases solides sur lesquelles d’autres peuvent s’appuyer.

Le triomphe de l’ODF

Au tout début de la dernière décennie, Microsoft Office a quasiment chassé toute concurrence des logiciels bureautiques. Dans ce quasi-monopole, Sun Microsystems a lancé un projet open source en 2000, basé sur la suite bureautique de niche « StarOffice ». Connue sous le nom d’OpenOffice.org, la suite a progressivement pris de l’ampleur pour devenir l’alternative open source à Microsoft (NdT : Cf cet article du Framablog De StarOffice à LibreOffice 28 années d’histoire).

Alors que certaines personnes ont été promptes à accuser OpenOffice.org d’être un dérivé d’Office, elle égale la première version de Word de Microsoft (en 1983 pour Xenix) puisqu’elle a été créée en 1984, visant les ordinateurs personnels populaires de cette époque : le Commodore 64 et l’Amstrad CPC sous CP/M. Elle a ensuite évolué en une suite bureautique pour DOS, OS/2 Warp d’IBM et Microsoft Windows. Quand Sun Microsystems a acquis OpenOffice.org en 1999, il s’agissait d’une application complète et multifonction disponible sur toutes les plates-formes populaires de l’époque.

À leur arrivée chez Sun, les développeurs de StarOffice/OpenOffice.org ont accéléré le projet de créer un format moderne, basé sur XML, pour leur suite. En utilisant un format basé sur XML, il était plus facile de promouvoir l’interopérabilité avec d’autres outils bureautique, ainsi que de maintenir la compatibilité d’une version à l’autre.

Ce problème de l’omniprésence du format .doc ou .xls était le fléau de tous les utilisateurs d’outils bureautique, aussi Sun a pris l’initiative d’aller voir l’OASIS et a proposé une solution : un format de fichier standardisé pour le travail bureautique. J’ai été impliqué dans cette activité et je sais de source sûre que Sun a approché d’autres membres de l’OASIS pour qu’ils contribuent au projet. Toutefois, Microsoft a refusé, en qualifiant cette proposition de « superflue », préférant garder son juteux marché captif d’utilisateurs conditionnés à ses propres formats propriétaires.

OASIS a accepté la proposition et le résultat fut le standard OpenDocument, l’ODF. Malgré un départ difficile, l’adoption de l’ODF a fait boule de neige ; aujourd’hui, le format est un standard ISO et est approuvé/homologué à travers le monde. La pression sur Microsoft est devenue suffisamment forte pour que l’entreprise manipule le monde des standards internationaux afin de créer un format de fichiers XML standard concurrent basé de très près sur les formats utilisés dans Microsoft Office. Il a finalement été accepté par l’ISO en 2008.

Il aura fallu presque 7 ans, mais Microsoft a cédé. En avril, la société a annoncé qu’elle implémenterait complètement dans Office 15 à la fois le standard basé sur Office qu’elle a fait passer en force à l’ISO (standard ISO/IEC 29500, communément appelé OOXML) et les standards poussés par la communauté qu’elle émulait (standard ISO IEC 26300, communément appelé ODF).

L’open source a changé le marché, forçant Microsoft à réagir et à mettre en place la compatibilité de version à version et le concept d’interopérabilité. Sans l’open source, rien de cela ne serait arrivé. Avec l’open source, même si vous n’utilisez pas vraiment le format ODF vous-même, vous bénéficiez d’un marché compétitif et revigoré.

PDF a « presque » son dû

Le second point que souligne le blog de Microsoft est le pouvoir de l’innovation ouverte. La communauté OpenOffice.org a majoritairement migré en 2010 – avec le code – vers un nouveau projet open source nommé LibreOffice. Les projets OpenOffice.org et LibreOffice ont longtemps pris en charge la création de fichiers de type Portable Document Format (PDF). Microsoft Office a fini par copier cette fonctionnalité, d’abord comme une extension à Office 2007, puis comme une fonctionnalité intégrée par défaut. Cependant, LibreOffice inclut aussi la possibilité intéressante de pouvoir créer des fichiers Hybrid PDF qui peuvent ensuite être ré-ouverts et réédités avec LibreOffice. Si vous souhaiteriez essayer vous-même d’éditer des Hybrid PDF, cette vidéo vous expliquera comment faire.

Il semblerait que cette fonctionnalité soit sur le point d’arriver également dans Office :

Avec cette version, Microsoft introduit l’option, que nous appelons « PDF Reflow », qui permet d’ouvrir des fichiers PDF en tant que documents de bureautique éditables. Comme Tristan Davis, responsable du développement de Word, l’expliquait : « avec cette fonctionnalité, vous pouvez retransformer vos PDF en documents Word entièrement éditables, rendant alors modifiables les titres, les listes à puces ou numérotées, les tableaux, les notes de bas de page, etc. en analysant les contenus des fichiers PDF ».

À l’heure actuelle, le seul problème éventuel est de voir Microsoft limiter l’interopérabilité et la compatibilité de la prise en charge de l’ODF et de sa version de PDF hybrides. Pour des raisons inexpliquées, la société ne va pas proposer la possibilité d’enregistrer les fichiers comme un fichier ODF rétro-compatible (la version prise en charge actuellement dans Office 2012, le format ODF 1.1), donc il sera plus difficile dans un environnement mixte d’utiliser l’ODF. De la même façon, j’ai été conforté dans l’idée que, malgré la prise en charge de l’ouverture de fichiers PDF pour édition, Microsoft ne prend pas en charge l’ouverture des fichiers hybrides PDF de LibreOffice. Peut-être que la menace concurrentielle des logiciels open source est encore trop grande ?

À l’instar de la gestion initiale de l’enregistrement au format PDF, l’ajout de l’édition de documents PDF est un signe de bienvenue à ce qui a été essayé et testé en tant qu’open source. Telle est la dynamique de l’innovation. Les idées créent des idées, et l’innovation est le résultat de l’innovation.

Ici, la différence est que les communautés open source diffusent librement leurs idées à tout le monde, il n’y aura donc pas de menaces juridiques, pas de procès pour violation de brevets, et pas de licence d’utilisation coercitive (et confidentielle). C’est la façon dont les choses doivent se passer si nous voulons voir l’innovation continuer à germer grâce à un marché sain et compétitif.

Formats supportés - Microsoft Office 2013

Crédit photo : Camknows (Creative Commons By-Nc-Sa)




Comment ouvrir 4 millions de chambres d’hôtel en quelques lignes de code

Nous avons consacré un billet à la (merveilleuse) histoire du libre circuit imprimé Arduino.

Puis, tout récemment, nous avons mis en exergue une conférence TED de l’un de ses créateurs qui s’enthousiasmait de la diversité et originalité des projets dérivés d’Arduino.

Il aurait pu ajouter celui-ci…

PS : Alors, Ritz ou Carlton cet été pour les vacances ?

Cory Doctorow - CC by-sa

Un hacker « black hat » peut ouvrir 4 millions de chambres d’hôtel grâce à un microcontrolleur Arduino

Black Hat hacker gains access to 4 million hotel rooms with Arduino microcontroller

Sebastian Anthony – 25 juillet 2012 – ExtremeTech
(Traduction Framalang : esperolinuxien, ZeHiro, Martin)

Mauvaise nouvelle: Pour moins de 50$ de matériel et un petit peu de programmation, un hacker peut ouvrir, instantanément et sans laisser de trace, des millions de chambres d’hôtel protégées par une carte-clé.

Ce hack a été présenté par Cody Brocious, un développeur de chez Mozilla, à la « Black Hat Security Conference » de Los Angeles. 4 millions de chambres d’hôtel sécurisées par les serrures programmables à carte vendues par Onity sont menacées. Selon Bocious, que l’on devrait réprimander pour ne pas avoir divulgué le hack à Onity avant de le rendre public, il n’y a pas de correction facile par une mise à jour du firmware. Si les hôtels veulent sécuriser les chambres de leurs clients, chaque serrure devra être changée.

Le hack est entièrement détaillé sur le site internet de Borcious, mais en quelques mots : à la base de chaque serrure Onity se trouve un petit port alimentation DC (simplement identique à celui de votre vieux téléphone Nokia). Ce port est utilisé pour recharger la batterie de la serrure, et pour programmer cette dernière avec le « sitecode » de l’hôtel – une clé 32-bit identifiant celui-ci. En connectant un microcontrolleur Arduino dans le port DC, Brocious a trouvé qu’il pouvait simplement extraire cette clé 32-bit de la mémoire de la serrure. Aucune authentification n’est requise – et la clé est enregistrée à la même place dans chaque serrure Onity.

Le meilleur : en introduisant ce code 32-bit dans la serrure… elle s’ouvre ! D’après Brocious, 200 millisecondes sont simplement nécessaires pour lire le “sitecode” et ouvrir la serrure. « Je le branche, l’allume, et la serrure s’ouvre » confie Brocious. Sa mise en œuvre actuelle ne fonctionne pas avec toutes les serrures, et il ne compte pas mener plus loin ses investigations, mais ses documents de recherche prouvent de manière très claire que les serrures Onity, assez ironiquement, ne disposent même pas de la sécurité la plus élémentaire.

J’aimerais pouvoir dire que Brocious a consacré des mois à ce hack, pratiquant une rétro-ingénierie minutieuse du protocole des serrures Onity, mais la vérité est bien plus triste. « Avec cette simplicité enfantine, je ne serais pas surpris si un millier d’autres personnes avait trouvé la même vulnérabilité et l’avais vendue à d’autres gouvernements » déclare Brocious, dans une interview accordée à Forbes. « Un stagiaire à la NSA pourrait trouver cela en cinq minutes. »

C’est de cette manière qu’il justifie la divulgation au public de la vulnérabilité : si les agences de sécurité et les milices privées ont déjà accès à des millions de chambres d’hôtel, alors de cette manière Brocious contraint Onity a corriger son erreur. Informer le public signifie aussi que nous pouvons trouver d’autres méthodes pour sécuriser nos chambres – avec des chaînes ou des verrous blindés à l’intérieur des chambres par exemple.

Concernant la justification d’Onity pour un tel manquement à la sécurité, personne ne sait. Généralement, tant que les affaires roulent, sécuriser un système est une dépense inutile – jusqu’à ce que celui-ci soit hacké. Ce genre de vulnérabilité n’a rien d’extraordinaire venant d’une entreprise traditionnelle – en général, une entreprise n’embauche un spécialiste de la sécurité qu’après avoir connu un hack surmédiatisé. Pour une entreprise dont le rôle est de sécuriser le sommeil de millions de personnes chaque nuit, Onity aurait pu faire preuve d’un peu plus de précautions.

Crédit photo : Cory Doctorow (Creative Commons By-Sa)




Mais puisqu’on vous dit que nous sommes en train de changer le monde !

Paradoxe (apparent) de notre temps : on vit en même temps la crise et une époque formidable !

Dans le monde logiciel, il y a la légende du petit étudiant finlandais qui a démarré l’un des plus grands programmes collaboratifs de notre temps. Dans le monde matériel, il y a désormais celle d’Arduino, le petit circuit imprimé qui a déjà essaimé un nombre incroyable de projets autour de lui.

Et tout ça parce qu’ils ont fait le choix du Libre.

C’est ce que nous raconte l’un de ses créateurs, Massimo Banzi, dans cette conférence TED que nous vous reproduisons ci-dessous en ayant ajouté un certains nombre de liens vers les nombreux et originaux projets évoqués.

« Ce serait l’une des plus grandes opportunités manquées de notre époque si le logiciel libre ne libérait rien d’autre que du code… » Avec des projets comme Arduino, le slogan du Framablog passe de la crainte à l’espoir et s’approche chaque jour un peu plus de la réalité.

Massimo Banzi : Comment Arduino libère l’imagination

—> La vidéo au format webm
—> Le fichier de sous-titres

Transcript

URL d’origine du document : How Arduino is open-sourcing imagination

Traduction française Josh Marks (relecture Mauricio Diaz Orlich)
Licence Creative Commons By-Nc-Sa

Massimo Banzi : Il y a quelques semaines, un de mes amis a offert une petite voiture à son fils de 8 ans. Mais au lieu d’aller dans un magasin normalement, il est allé sur ce site web et il a téléchargé un fichier, puis il l’a imprimé avec cette imprimante. Cette idée qu’on peut fabriquer des objets numériquement en se servant de ces machines, c’est ce que le magazine The Economist a défini comme la Troisième révolution industrielle.

En fait, je soutiens qu’il y a une autre révolution en cours, et qu’elle concerne le mouvement des créateurs, parce que l’imprimante dont s’est servie mon ami pour imprimer le jouet est en fait open source. Vous allez sur le même site web, qu’il vous faut pour fabriquer cette imprimante : les fichiers de construction, le matériel, les logiciels, toutes les instructions sont là. Et aussi ça fait partie d’une vaste communauté de milliers de gens dans le monde entier qui fabriquent vraiment ce type d’imprimantes, et beaucoup d’innovation a lieu car tout est open source. On a besoin de la permission de personne Et cet espace est comme celui des ordinateurs personnels en 1976, quand c’était la lutte entre les Apples et nous verrons dans quelques années, émerger l’Apple

Il y a aussi un autre point intéressant. J’ai dit que l’électronique était open source, quelque chose qui m’est cher : la carte mère qui en quelque sorte alimente cette imprimante, est un projet sur lequel je travaille depuis 7 ans. C’est un projet open source. J’ai travaillé avec mes amis qui sont ici. Nous cinq, deux américains, deux italiens, et un espagnol, nous … (Rires) Vous savez, c’est un projet mondial. (Rires) Nous nous sommes donc rassemblés dans cet institut de design appelé le Interaction Design Institute Ivrea, qui enseignait le design d’interaction, l’idée que l’on peut pousser le design au-delà de la simple forme d’un objet et le faire évoluer afin de concevoir la façon d’interagir Lorsqu’on crée un objet qui est censé interagir avec un être humain, si on fait ça n’a aucun sens. Il vous faut quelque chose qui interagit effectivement avec les gens. Donc, nous avons travaillé sur Arduino et beaucoup d’autres projets là-bas pour créer des plateformes qui seraient simples à utiliser pour nos élèves, afin que nos étudiants puissent juste mais ils n’ont pas cinq ans pour devenir ingénieurs en électronique.

Alors, comment faire quelque chose que même un gamin peut utiliser ? Et en fait, avec Arduino, nous avons des enfants comme Sylvia que vous voyez ici, qui font vraiment des projets avec Arduino. Il y a des enfants de 11 ans qui m’arrêtent et me montrent des trucs qu’ils ont construit pour Arduino et ça fait peur de voir de quoi les enfants sont capables quand vous leur donnez les outils.

Alors regardons ce qui se passe lorsque vous faites un outil que n’importe qui peut prendre l’un des exemples que j’aime bien pour donner le coup d’envoi de cette discussion c’est ce distributeur de nourriture pour chat. L’homme qui a fait ce projet avait deux chats. L’un était malade et l’autre était en bonne santé, donc il devait s’assurer qu’ils mangeaient la nourriture appropriée. Donc il a fait cette chose qui reconnaît le chat grâce à une puce montée à l’intérieur du collier du chat et ouvre la trappe et le chat peut manger sa nourriture. C’est fait avec un vieux lecteur de CD recyclé que vous pouvez prendre sur un vieil ordinateur, quelques capteurs, quelques LEDs qui clignotent, et puis tout à coup vous avez un outil. Vous construisez quelque chose que vous ne trouvez pas sur le marché. Et j’aime cette expression : Si vous avez une idée, vous vous lancez C’est l’équivalent de l’esquisse sur papier faite avec l’électronique.

L’une des caractéristiques qui, selon moi, est importante dans notre travail est que notre matériel, en plus d’être fabriqué avec amour en Italie, comme vous pouvez le voir au dos du circuit, (Rires) est ouvert, nous publions donc tous les fichiers de conception du circuit en ligne, pour que vous les téléchargiez et vous les utilisiez en fait pour faire quelque chose, ou les modifier, ou apprendre. Vous savez, quand j’apprenais observant le code d’autres personnes, ou en regardant les circuits d’autres personnes dans des magazines. Et c’est une bonne façon d’apprendre, en regardant le travail des autres. Donc, les différents éléments du projet sont tous ouverts, et le matériel est publié avec une licence Creative Commons. Donc, vous savez, j’aime cette idée que ce matériel devient un bout de culture que vous partagez et à partir duquel vous élaborez, comme si c’était une chanson ou un poème Ou sinon, le logiciel est GPL, donc il est La documentation et les exercices pratiques sont également open source Il n’y a que le nom qui est protégé pour que nous soyons sûrs de pouvoir dire aux gens ce qui est Arduino et ce qui ne l’est pas.

Arduino en elle-même est faite de beaucoup de composants open source différents qui peut-être individuellement sont difficiles à utiliser pour un enfant de 12 ans, alors Arduino encapsule tout en un mashup de technologies open source où nous essayons de leur donner la meilleure expérience utilisateur pour faire quelque chose rapidement.

On a donc des situations comme celle-ci, lorsque des gens au Chili ont décidé de fabriquer leurs propres d’organiser un atelier et d’économiser de l’argent. Ou il y a des entreprises qui fabriquent leurs propres variantes d’Arduino qui correspondent à un certain marché et il y en a probablement, peut-être 150 entreprises ou quelque chose comme ça en ce moment. Celle-ci est fabriquée par une société appelé Adafruit, qui est gérée par cette femme qui s’appelle Limor Fried, également connue sous le nom de Ladyada, qui est un des héros du mouvement pour le matériel open source et le mouvement des créateurs. D’où cette idée que vous avez une nouvelle communauté de bricoleurs super dynamique qui croit dans l’open source, à la collaboration, qui collabore en ligne, qui collabore dans différents espaces. Il y a ce magazine appelé Make, tous ces gens en une communauté et vous voyez un projet très technique expliqué dans un langage très simple, Ou vous avez des sites Web, comme celui-ci, Instructables, où les gens s’apprennent les uns aux autres tout et n’importe quoi. Ici, il s’agit de projets Arduino, la page que vous voyez à l’écran, apprendre comment faire un gâteau et tout le reste. Donc regardons certains projets.

Voici un quadricoptère. C’est un petit modèle d’hélicoptère. D’une certaine manière, c’est un jouet, non ? Et donc c’était une technologie militaire il y a quelques années et maintenant c’est open source, facile à utiliser, ils font cette chose appelée ArduCopter. Mais alors quelqu’un a réellement Matternet, où ils ont découvert qu’on pouvait l’utiliser pour transporter des choses d’un village à l’autre en Afrique, et le fait que c’était facile à trouver, open source, facile à bidouiller, leur a permis de prototyper leur compagnie vraiment rapidement. Matt Richardson : j’en ai un peu assez à la télévision encore et encore alors j’ai décidé de faire quelque chose. Ce projet Arduino, que j’appelle Enough Already (Ça Suffit), qu’une de ces personnalités surexposées est mentionnée. (Rires) Je vais vous montrer comment je l’ai fait. (Applaudissements)
MB : Regardez ça.
MR : Nos producteurs ont rattrapé aujourd’hui pour découvrir ce qu’elle projette de porter à son …
MB : Hein ? (Rires)
MR : Ça devrait bien marcher pour protéger nos oreilles d’avoir à entendre les détails du mariage de Kim Kardashian.
MB : Ok. Donc, vous savez, une fois encore, ce qui est intéressant ici c’est que Matt a trouvé ce module qui permet à Arduino de traiter les signaux télé, il a trouvé un code écrit par quelqu’un d’autre qui génère des signaux il l’a assemblé et ensuite a créé ce grand projet.

On utilise aussi Arduino, dans des endroits sérieux comme, vous le savez, Il y a quelques balles Arduino qui collectent des données et mesurent certains paramètres. Ou on l’utilise pour … (Musique) C’est donc une interface musicale construite par un étudiant en Italie, et il est maintenant en train d’en faire un produit. Parce que c’était un projet d’études qui devient un produit. Ou on peut l’utiliser pour faire des appareils d’assistance. Ça c’est un gant qui comprend la langue des signes et transforme vos gestes en sons et écrit les mots dont vous faites les signes Encore une fois, c’est fait avec des pièces différentes qu’on trouve sur tous les sites qui vendent des et qu’on assemble dans un projet. Ou voici un projet de la section ITP de NYU, où ils ont rencontré ce garçon qui a un handicap lourd, alors ils ont construit ce dispositif qui lui permet de jouer au baseball bien que sa capacité de mouvement soit limitée.

Ou vous pouvez le trouver dans des projets artistiques. Voici le txtBomber. Si on met un message sur le mur et en gros il contient tous ces solénoïdes qui appuient les boutons des bombes aérosols, vous n’avez qu’à le tirer sur un mur et vous écrivez sur le mur tous les messages politiques. Oui, oui. (Applaudissements) Ensuite, nous avons ici cette plante. Cela s’appelle Botanicalls, avec un module Wi-Fi dans la plante, et elle mesure le bien-être de la plante, et elle crée un compte Twitter où vous pouvez interagir réellement avec la plante. (Rires) Ainsi, vous savez, cette plante commencera à dire, « Il fait vraiment chaud », ou il y a beaucoup de, vous savez, « J’ai besoin d’eau là tout de suite. » (Rires) Elle donne donc une personnalité Ou voici quelque chose qui twitte lorsque le bébé à l’intérieur du ventre d’une femme enceinte donne des coups de pied. (Rires) Ou c’est un gamin de 14 ans au Chili, qui a fabriqué un système qui détecte les tremblements de terre et les publie sur Twitter. Il a 280 000 abonnés. Il a 14 ans et il a devancé un projet gouvernemental d’un an. (Applaudissements) Ou encore, un autre projet où, en analysant le flux Twitter d’une famille, vous pouvez en gros dire où ils sont, comme dans le film « Harry Potter ». Vous pouvez trouver tout qui tweete lorsque quelqu’un pète. (Rires) Il est intéressant de voir comment, en 2009, Gizmodo a défini, a déclaré que ce projet en réalité donc beaucoup de choses ont changé depuis. (Rires)

Un projet très sérieux. Lorsque la catastrophe de Fukushima est arrivée, un tas de gens au Japon se sont rendus compte que les informations que le gouvernement donnait vraiment fiables, alors ils ont construit ce compteur Geiger, plus Arduino, plus une interface réseau. Ils en ont fait 100 et les ont donnés aux gens les données recueillies sont publiées sur ce site web appelé Cosm, un autre site web qu’ils ont construit, donc vous pouvez réellement en temps réel depuis le terrain, et vous pouvez obtenir des informations impartiales. Ou cette machine ici, fabriquée par le DIY bio movement, le mouvement des bricoleurs bio, et c’est l’une des étapes open source du début à la fin. Ou vous avez des étudiants des répliques d’instruments scientifiques qui coûtent beaucoup d’argent à fabriquer. En fait ils les construisent Arduino et de quelques pièces. Voici une sonde de pH. comme ces enfants en Espagne. Ils ont appris à programmer et à fabriquer des robots quand ils avaient sans doute 11 ans, pour faire jouer ces robots au football. Ils sont devenus les champions du monde en fabriquant un robot à partir d’Arduino. Et quand nous avons eu à faire notre propre robot éducatif, « Concevez-le, parce que vous savez exactement ce qu’il faut pour faire un robot génial qui plaise aux enfants. » Pas moi. Je suis un vieux. A qui je suis censé plaire, hein ? (Rires) Mais comme j’ai … en termes de ressources éducatives. (Rires)

Il y a aussi des sociétés comme Google qui utilisent la technologie pour créer des interfaces entre les téléphones mobiles, les tablettes Le Kit de développement d’accessoires de Google est open source et se base sur l’Arduino, par opposition à celui d’Apple qui est fermé, confidentiel, vous vous engagez pour la vie à Apple. Voilà. Il y a un labyrinthe géant, et Joey est assis là et le labyrinthe se déplace lorsque vous inclinez la tablette.

Aussi, je viens d’Italie, en Italie et pourtant très conservateur. Nous avons travaillé avec un studio de design appelé Habits, à Milan, pour faire ce miroir, qui est Il sert aussi de haut-parleur L’idée est que la conception de l’objet, dans ce projet est open source et vous pouvez le faire vous-même. Si nous voulons que les autres concepteurs fabriquer des appareils géniaux, apprennent à faire des produits interactifs en partant de quelque chose de réel.

Mais quand on a cette idée, vous savez, qu’arrive-t-il à toutes ces idées ? Il y a des milliers d’idées que je … Vous savez, il faudrait sept heures pour que je fasse toutes les présentations. Je ne vais pas prendre sept heures. Merci. Mais commençons par cet exemple : Le groupe de personnes qui ont fondé cette société appelée Pebble a fait un prototype de montre qui communique et vous pouvez afficher des informations dessus. Et ils ont fait le prototype avec un vieil écran LCD d’un téléphone mobile Nokia et un Arduino. Et puis, quand ils ont eu le projet final, ils sont allés chez Kickstarter pour en fabriquer quelques-uns à vendre. Ils ont eu 10 millions de dollars. Ils ont obtenu une société complètement entièrement financée d’impliquer des capitaux-risque, seulement d’enthousiasmer les gens

Le dernier projet que je veux vous montrer, c’est ça : Il est actuellement sur Kickstarter, donc, si vous souhaitez contribuer, C’est un satellite qui va la chose la moins libre qu’on puisse imaginer, et il contient un Arduino connecté à un tas de capteurs. Donc, si vous savez comment utiliser Arduino, vous pouvez télécharger en fait vos expériences sur ce satellite et les faire tourner. Imaginez donc, si votre lycée pouvait avoir le satellite pendant une semaine et faire des expériences spatiales sur un satellite comme ça.

Il y a donc, comme je l’ai dit, plein d’exemples, et je vais arrêter là. Et je tiens juste à remercier la communauté Arduino d’être la meilleure et de faire chaque jour beaucoup de projets. Merci. (Applaudissements)

(Applaudissements)

Et merci à la communauté.

Chris Anderson : Massimo, vous m’avez dit plus tôt aujourd’hui que vous n’aviez aucune idée, bien sûr, que ça décollerait comme ça.

MB : No.

CA : Je veux dire, comment devez-vous vous sentir quand vous lisez ça et vous voyez ce que vous avez déclenché ?

MB : Eh bien, c’est le travail de beaucoup de gens, donc nous en tant que communauté permettons aux gens de fabriquer des trucs géniaux et je suis ébloui. de décrire ça. Chaque matin, je me réveille et je regarde toutes les choses que Google Alerts m’envoie moi et c’est tout simplement incroyable. Ça entre dans tous les domaines qu’on peut imaginer.

CA : Merci beaucoup. (Applaudissements)

(Applaudissements)




Geektionnerd : Hadopium du peuple

La riposte graduée selon notre ami Gee 🙂

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Source : Hadopi : Lescure favorable au maintien de la riposte graduée (Numerama)

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)