L’hindouisme : la plus libre des religions ?

Jean-Pierre Dalbéra - CC byL’hindouisme serait-elle la plus libre des religions au sens du… logiciel libre ?

Telle est l’hypothèse originale de Josh Schrei qui y voit des caractéristiques d’ouverture et un processus de développement que ne posséderaient pas les religions monothéistes[1].

Remarque : Cette traduction a été proposée sur Twitter/Identica et gentiment relayée par certains grands comptes a été bouclée collectivement dans la joie et la bonne humeur. Si vous souhaitez participer et être au courant des prochaines translations parties follow me 🙂

Le Projet Divin : l’Hindouisme comme croyance open source

The God Project: Hinduism as Open-Source Faith

Josh Schrei – 4 mars 2010 – Huffington Post
(Traduction Framalang/Twitter : Aa, Jeff, Petit, Greg, Goofy, Lapetite, Petit, Zdeubeu, 0gust1, Gatitac, Spartition, Albahtaar, Luc)

Tenter d’expliquer les croyances qui sont au cœur de l’hindouisme à un observateur intéressé représente, pour le moins, un vrai défi. On dit souvent que le terme hindouisme lui-même est totalement impropre, car il ne fait qu’agglomérer fondamentalement les pensées et pratiques religieuses qui ont pris place sur le sous-continent indien au cours des 5 000 dernières années. Et l’on peut dire que ces 5 000 années ont été plutôt actives.

La masse de littérature spirituelle, de doctrine, la quantité de dieux distincts qui sont adorés (plus de 30 millions, suivant certaines sources), l’éventail de philosophies et de pratiques distinctes ayant émergé, et la transformation totale au cours du temps de nombre d’enseignements et apprentissages hindous fondamentaux peuvent être déconcertants pour ceux qui ont été élevés au sein d’une culture monothéiste, dans la mesure où nous sommes habitués à ce que chaque foi comporte un jeu de croyances bien définies qui, à l’exception de certains schismes confessionnels au cours des siècles, restent assez cohérentes avec le temps. Cependant, la différence fondamentale entre l’hindouisme et les autres fois n’est pas le polythéisme/monothéisme. La différence clé est que l’hindouisme est open source alors que la plupart des autres fois ont des sources fermées (NdT : Closed Source).

« L’open source est une approche de la conception, du développement et de la distribution de logiciels offrant un accès au code source. »

Si nous considérons Dieu, le concept de dieu, les pratiques qui amènent quelqu’un à Dieu, et les idées, pensées et philosophies autour de la nature de l’humain comme étant le code source, alors l’Inde fut l’endroit où les portes ont été grandes ouvertes et où on a donné aux développeurs la liberté de s’en occuper, de les inventer, réinventer, redéfinir, imaginer et réimaginer au point que chaque variété de l’expérience spirituelle et cognitive a été précisément explorée, célébrée et documentée.

Les athées et ceux qui vénèrent des déesses, les hérétiques qui ont cherché Dieu dans l’alcool, le sexe et la consommation de viande, les ermites couverts de cendre, les dualistes et les non-dualistes, les nihilistes et les hédonistes, les poètes et les chanteurs, les étudiants et les saints, les enfants et les parias… tous ont apporté leurs lignes de code à l’ensemble de la spiritualité hindoue.

Les résultats du Projet Divin indien, c’est ainsi que j’aime qualifier l’hindouisme, ont été absolument stupéfiants. Le corpus de connaissances (scientifiques, spirituelles et empiriques) qui a été accumulé sur la nature de l’esprit, la conscience et le comportement humain, ainsi que le nombre d’applications pratiques, spécifiquement identifiées pour travailler sur l’esprit, est sans égal. La langue sanskrite, elle même, comporte un nombre important de mots, bien plus que n’importe quelle langue ancienne ou moderne, qui se rapportent spécifiquement aux états mentaux de la cognition, de la perception, de la conscience et de la psychologie du comportement.

Les Vedas sont au cœur du code source hindou, qui établit immédiatement la primauté du questionnement dans la pensée hindoue. Dans le Rig-Véda, le plus ancien de tous les textes hindous (peut-être le plus ancien de tous les textes religieux sur la planète), Dieu, ou Prajapati, se résume en une grande et mystérieuse question, nous les hommes étants invités à y répondre ;

« Qui sait vraiment ?
Qui ici le proclamera ?
D’où cela a été produit ?
D’où vient cette création ?
Les dieux sont venus après, avec la création de cet univers.
Alors qui sait d’où cela a surgi ? »

Pendant que le dieu de l’Ancien Testament dictait ses commande(ment)s, Prajapati demandait : « Qui suis-je ? »

Depuis l’ouverture des vannes sur la question divine, la pensée hindoue a suivi une glorieuse évolution depuis le chamanisme, le culte de la nature et le sacrifice jusqu’à des théories sublimes et complexes sur la cognition mentale, la nature de la conscience et la physique quantique.

En retraçant les relations du sous-continent avec les divinités des Vedas, on peut suivre le cours de la pensée hindoue à travers les siècles. Une des premières choses que l’on remarque est que non seulement la relation des gens à dieu change au cours des siècles, mais que les dieux eux-mêmes changent. Par exemple, Shiva apparaît dans les Vedas en tant que Rudra, le hurleur, dieu des tempêtes, bref une sorte de divinité mineure. Réapparaissant au fil des siècles comme Bhairava, celui qui inspire la crainte, Pashupati, seigneur des bêtes, le dieu des yogis, et le destructeur, Shiva obtient enfin, vers le IXème siècle au Cachemire, le statut de bloc de construction énergétique fondamental de l’univers entier. Astuce élégante.

Mais, au fur et à mesure que les dieux changent et que l’évolution de la pensée hindoue nous amène à une vision moderne puis post-moderne de la nature de la réalité, les vieux codes Védique restent toujours centraux et fondamentaux. Une caractéristique déterminante de l’hindouisme est que la vision ancienne de Dieu, la dévotion à la nature et le chamanisme ont perduré ; ainsi la divinité telle que vénérée actuellement existe simultanément, comme symbole ou archétype, et comme incarnation. Le fait que Shiva, par exemple, puisse simultanément être la lumière de la conscience ultime et un illuminé couvert de cendre qui fréquente les sites de crémation est un délice pour nous, anarchistes spirituels, tandis que cela ennuie profondément la plupart des théologiens occidentaux.

Les confessions monothéistes de l’Occident et du Moyen-Orient n’ont tout simplement pas permis une interprétation aussi libre de leur Dieu. Elles continuent d’exister en tant que systèmes à source fermée.

« Généralement, source fermée signifie que seuls les exécutables d’un programme d’ordinateur sont distribués et que la licence n’autorise aucun accès au code source du programme. Le code source de tels programmes peut être considéré comme un secret industriel appartenant à l’entreprise. »

Un des facteurs déterminants de l’histoire chrétienne est que l’accès à Dieu a été vu, tout comme dans la plupart des systèmes à sources fermées, comme un secret industriel. La capacité de réinterprêter la Bible, ou les enseignements du Christ, ou l’Ancien Testament, ou de contester l’autorité basique et fondamentale de l’Église a été inexistante pour la majorité de l’histoire de l’Église. Ceux qui ont osé le faire ont très souvent été tués.

Dans la pensée hindoue, il n’y a aucun secret industriel. La base du yoga est que la clé vers Dieu, ou le macrocosme, ou l’Absolu… réside dans l’individu et peut être atteinte à travers un certain nombre de pratiques. C’est un concept magnifiquement simple mais finalement profond qui a été autorisé à se développer sans contrôle depuis des millénaires. Le processus de découverte et de réinvention du divin est entre vos mains. Le Projet Divin.

Notes

[1] Crédit photo : Jean-Pierre Dalbéra (Creative Commons By)




Donner envie de lire Un monde sans Copyright

OpenSourceWay - CC by-saIl y a quelques semaines encore, évoquer la disparition de l’euro était totalement impensable. Ce serait, nous disait-on, le chaos absolu. Cela n’a rien certes rien à voir mais plutôt que d’essayer lentement, péniblement, de modifier le droit d’auteur pourquoi ne pas envisager purement et simplement sa suppression ?

C’est la thèse radicale du framabook que nous avons publié en mai dernier et dont nous vous proposons ci-dessous quelques extraits de l’introduction.

Le titre exact est Un monde sans copyright… et sans monopoles et les auteurs sont les néerlandais Joost Smiers (professeur de science politique à l’École Supérieure des Arts d’Utrecht) et Marieke van Schijndel (directrice du Musée Catharijne Couvent à Utrecht).

Il est disponible en ligne ou dans notre boutique EnVenteLibre pour 10 €[1].

À l’heure où Cory Doctorow nous parle d’une « guerre du Copyright » prémisse à une éventuelle guerre totale, il n’est peut-être pas si délirant que cela d’étudier aussi cette option.

Extrait de l’introduction

Joost Smiers et Marieke van Schijndel – Amsterdam / Utrecht, janvier 2011
Licence Creative Commons Zero

Le droit d’auteur confère aux auteurs le contrôle exclusif sur l’exploitation d’un grand nombre de créations artistiques. Souvent, ce ne sont pas les auteurs qui détiennent ces droits, mais de gigantesques entreprises à but culturel. Elles ne gèrent pas seulement la production, mais aussi la distribution et le marketing d’une vaste proportion de films, musiques, pièces de théâtre, feuilletons, créations issues des arts visuels et du design. Cela leur donne une grande marge de manœuvre pour décider de ce que l’on voit, entend ou lit, dans quel cadre, et, par-dessus tout, de ce que l’on ne peut pas voir, lire ou entendre.

Naturellement, les choses pourraient atteindre un stade où la numérisation permettra de réorganiser ce paysage hautement contrôlé et sur-financé. Cependant, on ne peut en être sûr. Partout dans le monde, la quantité d’argent investi dans les industries du divertissement est phénoménale. La culture est le nec plus ultra pour faire du profit. Il n’y a pas de raison d’espérer, pour le moment, un quelconque renoncement à la domination du marché de la part des géants culturels, que ce soit dans le vieux monde matériel ou dans le monde numérique.

Nous devons trouver le bon bouton pour sonner l’alerte. Lorsqu’un nombre limité de conglomérats contrôle la majorité de notre espace de communication culturelle, cela a de quoi ébranler la démocratie.

La liberté de communiquer pour tous et les droits de chacun à participer à la vie culturelle de sa société, comme le promeut la Déclaration universelle des droits de l’homme, peuvent se trouver dilués au seul profit de quelques dirigeants d’entreprises ou d’investisseurs et des programmes idéologiques et économiques qu’ils mettent en œuvre.

Nous sommes convaincus que ce choix n’est pas une fatalité. Néanmoins, s’il est possible de créer un terrain commun, le droit d’auteur présente selon nous un obstacle.

Corrélativement, nous avons remarqué que les bestsellers, blockbusters et stars des grosses entreprises culturelles ont un effet défavorable. Ils dominent le marché à un tel point qu’il y a peu de place pour les œuvres de nombreux autres artistes poussés à la marge, là où il est difficile pour le public de découvrir leur existence.

Dans le premier chapitre, nous analyserons les inconvénients du droit d’auteur qui rendent illusoire l’idée d’y placer davantage d’espérances.

Comme nous ne sommes pas les seuls à être conscients que cet instrument est devenu problématique, nous consacrerons le second chapitre aux mouvements qui tentent de remettre le droit d’auteur sur la bonne voie. Or, bien que nous soyons impressionnés par les arguments et les efforts de ceux qui essayent de trouver une alternative, nous sentons qu’une approche plus fondamentale, plus radicale, nous aidera plus tard, au XXIe siècle.

C’est ce que nous exposerons dans le chapitre 3. Nous nous efforcerons alors de créer un terrain commun pour les très nombreux entrepreneurs du monde culturel, y compris les artistes. En effet, d’après notre analyse, il n’y a plus aucune place sur ce terrain de jeu ni pour le droit d’auteur ni pour les entreprises qui dominent d’une manière ou d’une autre les marchés culturels.

Voici nos prévisions :

  • Sans la protection de l’investissement du droit d’auteur, il ne sera plus rentable de faire de gigantesques dépenses dans les blockbusters, les bestsellers et les vedettes. Ils ne seront alors plus en mesure de dominer les marchés.
  • Les conditions du marché qui permettent l’apport financier à destination de la production, de la distribution ou du marketing, n’existeront plus.
  • Dès lors, notre héritage passé et présent d’expression culturelle, les biens communs de la créativité artistique et de la connaissance, ne seront plus privatisés.

Le marché sera alors tellement ouvert que de très nombreux artistes, sans être dérangés par les « géants » du monde culturel, seront capables de communiquer avec le public et de vendre plus facilement leurs œuvres. Dans le même temps, ce public ne sera plus saturé de marketing et sera capable de suivre ses propres goûts, de faire des choix culturels dans une plus grande liberté.

Ainsi, par de courtes études de cas, le chapitre 4 montrera comment nos propositions peuvent atteindre leurs buts.

Nous sommes conscients de proposer là d’importants bouleversements. Parfois, cette pensée a de quoi rendre nerveux. Nous voulons diviser les flux financiers des segments majeurs de nos économies nationales et de l’économie globale — ce que sont les secteurs culturels — en portions bien plus petites.

Cela impliquera une restructuration du capital d’une portée incommensurable et quasiment sans précédent. En conséquence, les industries culturelles, dans lesquelles les chiffres d’affaires atteignent des milliards de dollars, seront totalement bouleversées.

Nous n’avons guère de prédécesseurs ayant visé aussi systématiquement à construire des conditions de marché totalement novatrices pour le champ culturel, ou du moins à poser les fondations théoriques de cette construction.

Aussi, nous fûmes agréablement surpris de lire dans le New York Times, le 6 juin 2008, les propos de Paul Krugman, Prix Nobel d’économie :

« Octet par octet, tout ce qui peut être numérisé sera numérisé, rendant la propriété intellectuelle toujours plus facile à copier et toujours plus diffcile à vendre au-delà d’un prix symbolique. Et nous devrons trouver les modèles d’entreprises et les modèles économiques qui prennent cette réalité en compte. »

Élaborer et proposer ces nouveaux modèles d’entreprise et d’économie est précisément ce que nous faisons dans ce livre.

Notes

[1] Crédit photo : OpenSourceWay (Creative Commons By-Sa)




Pas de musique classique libre ? Louons les services d’un orchestre symphonique !

Alors même que la plupart des compositeurs sont depuis longtemps dans le domaine public, il est extrêmement rare, voire impossible, de pouvoir écouter et partager librement de la musique classique de qualité, à fortiori lorsque le répertoire exige plus de quatre-vingts musiciens. Parce que l’interprétation elle est soumise au classique et restrictif droit d’auteur. Idem pour l’enregistrement qui entre dans le cadre des droits voisins.

Qu’à cela ne tienne, se dit le site Musopen. Ouvrons un projet Kickstarter et invitons le internautes à financer collectivement la location d’un orchestre symphonique jouant pour nous des morceaux qui iront eux directement dans le domaine public !

Ils souhaitaient atteindre la somme de dix mille dollars et ils en ont eu six fois plus, révélant ainsi une forte demande. Il y eut alors un compréhensible temps de latence nécessaire à trouver un orchestre symphonique[1] disponible et adhérant à cette idée saugrenue. Mais nous y sommes.

À l’ère d’Internet et de la bonne volonté, c’est aussi simple que ça 🙂

Nous attendons avec impatience le résultat sans craindre le moins du monde la foudre Hadopi.

MITO Settembre Musica - CC by

MusOpen.org va diriger l’orchestre symphonique de Prague en janvier

MusOpen.org is Commissioning the Prague Symphony Orchestra this January

Terry Hancock – 4 janvier 2012 – FreeSoftwareMagazine
(Traduction Framalang : Clochix, Goofy et Don Rico)

2012 sera semble-t-il une grande année pour la culture libre. Et la nouvelle qui m’enthousiasme le plus, c’est que les enregistrements de symphonies prévus par MusOpen vont avoir lieu au mois de janvier. En septembre 2010, cette organisation pour la culture libre a réuni plus de 68 000$ (plusieurs fois leur objectif de 11 000$) via une campagne sur le site Kickstarter, avec l’intention de diriger un « orchestre de renommée internationale » pour interpréter les symphonies de Beethoven, Brahms, Sibelius et Tchaïkovsky.

Rien de surprenant à ce que la mise en place d’un tel projet ait pris beaucoup de temps – ses initateurs ont battu la campagne pour trouver un orchestre disponible et désireux de se charger de ce contrat, recherche effectuée avec l’aide soutenue des utilisateurs du site MusOpen, et au bout du compte, ils ont obtenu la collaboration de l’orchestre symphonique de Prague pour une session de plusieurs jours en janvier 2012.

Je trouve que c’est un excellent début d’année, de très bon augure pour les projets de culture libre !

Le site MusOpen constitue une ressource fantastique pour la culture musicale libre, et c’est une source de référence pour les projets de logiciels libres qui ont besoin d’intégrer des airs de musique classique. Non seulement les enregistrements sont stockés et indexés, mais on trouve également sur le site toute une bibliothèque de partitions libres en PDF que l’on peut utiliser pour divers projets, par exemple pour créer des fichiers MIDI qui illustreront des jeux. Ce site fait partie de ceux que je fréquente le plus lorsque je recherche de la musique sous licence libre destinée à mes projets.

Notes

[1] Crédit photo : MITO Settembre Musica (Creative Commons By)




Stallman avait malheureusement raison depuis le début

Nur Hussein - CC by-saLe cauchemar paranoïaque et apocalyptique d’un geek psychorigide est en passe de devenir réalité.

Trente ans, trente ans que Stallman et la Free Software Foundation répètent inlassablement qu’il est fondamental que ce soit l’homme qui contrôle le logiciel, et donc la machine, et non l’inverse.

Le discours est peut-être radical sur le fond (car il ne souffre d’aucune compromission) et parfois excentrique dans la forme (le personnage Richard Stallman[1]) mais, comme Thom Holwerda ci-dessous, nous sommes de plus en plus nombreux à réaliser sa justesse et sa pertinence au fur et à mesure que le temps passe et les libertés s’amenuisent.

C’est d’ailleurs aussi voire surtout pour cela que nous avions traduit et enrichi avec lui sa biographie où figure en exergue cette citation de Lessig qui, cela dépend de nous, peut tout aussi bien être prémonitoire que tomber dans l’oubli :

« Chaque génération a son philosophe, écrivain ou artiste qui saisit et incarne l’imaginaire du moment. Il arrive que ces philosophes soient reconnus de leur vivant, mais le plus souvent il faut attendre que la patine du temps fasse son effet. Que cette reconnaissance soit immédiate ou différée, une époque est marquée par ces hommes qui expriment leurs idéaux, dans les murmures d’un poème ou dans le grondement d’un mouvement politique. Notre génération a un philosophe. Ce n’est ni un artiste ni un écrivain. C’est un informaticien. »

Remarque : On notera que l’auteur fait référence à une récente et marquante conférence de Cory Doctorow qui affirme l’importance de gagner la guerre actuelle contre le copyright, prélude, ni plus ni moins selon lui, à une future éventuelle guerre totale contre le Net et donc les citoyens. Nous aurons l’occasion d’en reparler car notre fine équipe Framalang a prévu son sous-titrage.

Richard Stallman avait raison depuis le début

Richard Stallman Was Right All Along

Thom Holwerda – 2 janvier 2012 – OSNews.com
(Traduction Framalang : Lolo le 13, Goofy, Slystone, e-Jim, Pandark et Clochix)

À la fin de l’année dernière, le président Obama a signé une loi qui permet de maintenir indéfiniment en détention des gens soupçonnés de terrorisme sans la moindre forme de procès ou de jugement en bonne et due forme. Les manifestants pacifiques des mouvements Occupy du monde entier ont été qualifiés de terroristes par les autorités. Des initiatives comme SOPA promeuvent une surveillance constante de tous les canaux de communication.

Il y a trente ans, lorsque Richard Stallman a lancé le projet GNU, et pendant les trois décennies qui ont suivi, ses vues radicales et parfois extrêmes ont été raillées et méprisées comme étant de la paranoïa — mais nous y voici, en 2012, et ses suppositions paranoïaques sont devenues réalité.

Jusqu’à récemment, il était facile d’écarter Richard Stallman en le qualifiant de fanatique paranoïaque, quelqu’un qui avait depuis longtemps perdu le contact avec la réalité. Une sorte d’éternel hippie des ordinateurs, la personnification parfaite de l’archétype du nerd vivant retiré du monde dans le garage d’une maison. Sa barbe, ses cheveux, sa tenue — dans notre monde d’apparences, il était très facile de l’écarter.

Ses positions ont toujours été extrêmes. Son unique ordinateur est un netbook Lemote Yeelong, car c’est le seul ordinateur qui n’utilise que des logiciels libres — pas de binaires dans le firmware, pas de BIOS propriétaire ; il est complètement libre. Il refuse également de posséder un téléphone portable, car ils sont trop simples à pister. En attendant qu’il existe un téléphone mobile équivalent au Yeelong, Stallman ne veut pas en posséder.

En règle générale, tous les logiciels devraient être libres. Ou, comme le dit la Free Software Foundation :

À mesure que notre société devient plus dépendantes des ordinateurs, les logiciels que nous utilisons sont d’une importance critique pour sécuriser l’avenir d’une société libre. Le logiciel libre permet d’avoir le contrôle de la technologie que nous utilisons dans nos maisons, nos écoles, nos entreprises, là où les ordinateurs travaillent à notre service et au service du bien commun, et non pour des entreprises de logiciels propriétaires ou des gouvernements qui pourraient essayer de restreindre nos libertés et de nous surveiller.

J’ai, moi aussi, ignoré Richard Stallman que je jugeais trop extrême. Le logiciel libre pour combattre les gouvernements qui contrôlent et espionnent ? Des entreprises démoniaques prêtes à prendre le contrôle du monde ? Le logiciel comme outil pour surveiller les canaux de communication privés ? Ok, je suis d’accord, le logiciel libre est important, et je le choisis à chaque fois qu’il implémente les mêmes fonctionnalités que les solutions propriétaires, mais de là à croire et adhérer aux sornettes de Stallman et de la FSF…

Or nous y voici.

Nous sommes au début de 2012 et Obama a signé le NDAA, qui autorise la rétention indéfinie de citoyens américains sans aucune forme de jugement ou de procès, simplement parce qu’ils sont suspectés de terrorisme. Au même moment, nous avons la loi SOPA, qui, si elle passe, mettrait en place un système dans lequel les sites peuvent être débranchés du Web, une fois encore sans la moindre forme de jugement ou de procès, tout en autorisant également la surveillance du trafic Internet. Combinez cela avec la façon dont les autorités ont qualifié de terroristes les mouvements Occupy et vous pouvez voir où cela nous amène.

Au cas où ça vous rappelle la Chine et des régimes totalitaires similaires, vous n’êtes pas le seul. Même l’Association du Cinéma d’Amérique, la MPAA, clame fièrement que ce qui fonctionne en Chine, Syrie, Iran et dans d’autres pays devrait fonctionner aux États-Unis. La Grande Muraille pare-feu de Chine et les systèmes de filtrage similaires sont glorifiés et cités en exemple dans ce qui est supposé être le monde libre.

Le nœud du problème ici est qu’à la différence de jadis, à l’époque où les régimes répressifs avaient besoin de réseaux compliqués de police secrète et d’informateurs pour surveiller les communications, tout ce dont ils ont besoin à présent est de contrôle sur le logiciel et le matériel que nous utilisons. Nos ordinateurs de bureau, nos portables, nos tablettes, nos smartphones, et toutes sortes de terminaux jouent un rôle dans pratiquement toutes nos communications. Vous pensez être à l’abri lorsque vous communiquez en face-à-face ? Réfléchissez-y à deux fois. Comment avez-vous préparé la rencontre ? Au téléphone ? Via le Web ? Et qu’est-ce que vous avez dans votre poche ou votre sac, toujours connecté au réseau ?

C’est contre cela que Stallman nous a mis en garde pendant toutes ces années — et la plupart d’entre nous, moi compris, ne l’ont jamais réellement pris au sérieux. Cependant, à mesure que le monde change, l’importance de la possibilité de vérifier ce que fait le code dans vos terminaux — ou de le faire faire par quelqu’un d’autre si vous n’en avez pas les compétences — devient de plus en plus évidente. Si nous perdons la possibilité de vérifier ce que font nos ordinateurs, nous sommes foutus.

C’est au cœur de ce que croient la Free Software Foundation et Stallman : que le logiciel propriétaire enlève à l’utilisateur le contrôle sur la machine, ce qui peut avoir des conséquences désastreuses, en particulier à présent que nous dépendons des ordinateurs pour à peu près tout ce que nous faisons. Le fait que Stallman l’ait prévu il y a près de trois décennies est remarquable, et donne raison à son activisme.

Et en 2012, nous allons avoir plus que jamais besoin de logiciels libres. Au récent Chaos Computer Congress de Berlin, Cory Doctorow a donné une conférence intitulée La guerre à venir sur l’informatique généraliste (NdT : The Coming War on General Purpose Computation). À cette occasion, Doctorow nous informa que l’ordinateur dont le contrôle complet est accessible à l’utilisateur est perçu comme une menace pour l’ordre établi actuel. La guerre du copyright ? Rien de plus qu’un prélude à la vraie guerre.

« En tant que membre de la génération Walkman, j’ai accepté le fait que j’aurai sûrement bientôt besoin d’implants auditifs, et, bien sûr, il ne s’agira pas de prothèses au sens classique, mais bien d’un ordinateur implanté dans mon corps », explique Doctorow. « Donc, lorsque je rentre dans ma voiture (un ordinateur dans lequel j’insère mon corps) avec mes audioprothèses (un ordinateur que j’insère dans mon corps), je veux être certain que ces technologies n’ont pas été conçues de manière à me cacher des choses, ni à m’empêcher de mettre fin à des processus qu’elles exécutent et qui nuiraient à mes intérêts ».

Et ceci est vraiment le coeur de la problématique. À partir du moment où les ordinateurs s’occupent de choses comme l’audition, la conduite automobile, et bien d’autres choses encore, nous ne pouvons plus nous permettre d’être privés d’accès à leur code. Nous devons avoir un droit de regard sur leur fonctionnement interne et pouvoir comprendre ce qu’ils font, afin de nous assurer que nous ne sommes pas surveillés, filtrés ou manipulés. Il y a peu, j’aurais encore affirmé que tout ceci n’est que pure paranoïa, mais avec tout ce qui se passe ces derniers temps, ce n’est plus de la paranoïa. C’est la réalité.

« À l’avenir, la liberté exigera de nous que nous ayons la capacité de surveiller nos appareils, de leur imposer ce que nous voulons qu’ils fassent, de définir une politique éthique et sensée pour leur utilisation, d’examiner et de pouvoir choisir et mettre fin aux processus qu’ils exécutent, afin qu’ils restent nos fidèles serviteurs, et non des traîtres et des espions à la solde de criminels, de voyous et d’obsédés du contrôle, qu’ils soient individus, États ou multinationales », nous avertit Doctorow, « Nous n’avons pas encore perdu, mais il nous faut gagner la guerre du Copyright afin de garder Internet et nos ordinateurs libres et ouverts. Parce que ces derniers sont les armes des guerres à venir, nous serons incapables de nous battre sans eux. »

Voilà pourquoi vous devriez soutenir Android (pas Google, mais Android), même si vous préférez l’iPhone. Voilà pourquoi vous devriez soutenir Linux, même si vous utilisez Windows. Voilà pourquoi vous devriez soutenir le serveur Web Apache, même si vous utilisez Microsoft IIS. Il va arriver un moment où être libre et ouvert ne sera plus seulement un avantage amusant, mais une nécessité.

Et ce moment approche beaucoup plus rapidement que vous ne le pensez.

Notes

[1] Crédit photo : Nur Hussein (Creative commons By-Sa)




Geektionnerd : Dépêches Melba 1

Notre ami Gee nous informe que : « Suite à une situation dans laquelle je me retrouve souvent (beaucoup de petites actualités potentielles pour l’article du vendredi Framablog/Geektionnerd) j’ai décidé de lancer cette petite rubrique au nom délicieusement fruité qui reviendra à intervalles non réguliers quand le contexte d’actualités s’y prêtera. L’idée est, comme vous pouvez le voir, de proposer une petite série de brèves d’actu avec des dessins sans lien entre eux (contrairement aux articles habituels qui proposent une seule news sur plusieurs dessins). »

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Liens connexes :

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Avec Mozilla Popcorn la vidéo sur le Web prend une autre dimension

Il y a quelques temps de cela, Tristan Nitot nous présentait ce qu’il appelait de « l’hyper-vidéo », c’est-à-dire de la vidéo boostée par du JavaScript et du HTML5, avec une impressionnante démonstration à la clé.

Le projet a évolué depuis pour devenir le très prometteur Mozilla Popcorn. Les démonstrations également, comme celle, lumineuse, qui sert de fil conducteur à cet article.

Au départ il ne s’agit que d’un extrait vidéo d’une représentation du Macbeth de Shakespeare. Sauf que nous ne sommes pas sur YouTube mais avec Mozilla Popcorn ce qui enrichit considérablement le potentiel de l’expérience utilisateur.

Le plus simple est de s’y rendre tout de suite pour comprendre de quoi il en retourne.

Le projet évolue vers une prise en main de plus en plus aisé autorisant enseignants, étudiants, et tout un chacun à se l’approprier.

À Mozilla, l’éducation reconnaissante (il va sans dire que tout ceci est libre), il n’y a plus qu’à se retrousser les manches désormais pour proposer des ressources pédagogiques pertinentes et innovantes réalisées avec Popcorn.

PS : Et au passage on fait la nique au déclinant format Flash, si j’ose m’exprimer ainsi 🙂

Mozilla Popcorn Demo

Shakespeare devient social ou Mozilla Popcorn dans les salles de classe

Shakespeare goes social: Mozilla Popcorn in the classroom

OpenMatt – 8 décembre 2011 – Blog personnel
(Traduction Framalang : Clochix)

Que peut faire la vidéo sociale pour l’éducation ?

La très talentueuse Kate Hudson (co-fondatrice du site openjournalism.ca et auteure du manuel data journalism présenté lors du dernier festival Mozilla de Londres) a créé une exceptionnelle démonstration, « Popcorn Shakespeare », qui met en lumière tout le potentiel éducatif du projet Popcorn de Mozilla.

Je pense que nous assistons là à la naissance d’un nouveau genre de films interactifs — appelons-le « hyper-vidéo », « vidéo sociale » ou « vidéo aux hormones » — qui peut révolutionner la place du multimédia dans les salles de classe, et peut-être même devenir la lingua fanca de l’éducation. Le tout entièrement créé avec des technologies open source.

Utiliser le Web pour, dans le contexte, interagir avec des images animées

« Popcorn Shakespeare » propose une expérience utilisateur astucieusement simple : regarder une vidéo d’une représentation d’une pièce de Shakespeare, déplacer la souris à n’importe quel moment pour arrêter la vidéo et obtenir de l’aide et des informations sur des mots ou des passages que vous ne comprenez pas. Vous pouvez également approfondir le contexte ou parcourir les notes de votre enseignant ou de vos camarades de classe.

Mais cet outil est bien plus qu’un glossaire. Vous pouvez également parcourir la vidéo en cliquant directement sur les passages du texte (Mark Boas a présenté un projet similaire, hyperaudio à Londres). Certains mots et extraits ont leur propre lien, ce qui vous dirige alors directement vers une scène donnée pour l’étudier — permettant ainsi de citer et de pointer vers la vidéo aussi facilement que s’il s’agissait de texte.

Afficher le contexte et les métadonnées à la demande

Lors d’une récente conférence téléphonique (ces conférences consacrées aux créateurs du Web sont ouvertes à tous, n’hésitez pas à nous rejoindre), Kate a expliqué que ce qui avait inspiré sa démonstration était de voir certains étudiants lutter avec la langue des pièces de Shakespeare, et la difficulté à chercher de nombreux mots dans un dictionnaire au cours d’une représentation.

Ce qui rend sa démo si pertinente est la façon dont elle a résolu ce problème avec une interface utilisateur simple et ergonomique : lorsque la souris sort de la vidéo, celle-ci s’arrête, lorsque la souris y revient elle reprend de façon transparente. On évite alors l’effet de surenchère de données constatée lors des premières démonstrations de Popcorn. Au lieu de noyer les utilisateurs dans trop d’information, cette démo n’affiche les metadonnées que lorsque vous le souhaitez.

Passer de la position assise « vautré sur le canapé » à la position active debout et « prêt à interagir avec la culture »

Pour moi, la démo de Kate dévoile tout le potentiel de la vidéo sociale pour apprendre : elle transforme une activité auparavant passive (regarder une vidéo) en une expérience sociale et interactive. Cela peut permettre à des professeurs de parler la langue multimédia que pratiquent la plupart des étudiants, tout en en faisant une expérience qui incite d’avantage à s’investir que lorsque l’on est assis dans une pièce sombre à regarder un film sans possibilité d’interagir.

Cela va bien plus loin que les vidéos éducatives de notre enfance, ça transforme la vidéo en une toile sur laquelle on peut créer, apprendre et jouer avec la lumière et les images animées.

Créer vos propres vidéos sociales

Naturellement, le but est de permettre aux apprenants de réaliser simplement leur propres vidéos sociales, pas de juste consommer le travail fait par d’autres.

Pour créer sa démo, Kate a utilisé directement la bibliothèque popcorn.js, qui est plutôt destinée aux développeurs. Mais une version 0.1 de Popcorn Maker vient juste de sortir. C’est un outil pour faciliter la création de vidéos sociales pour tous ceux qui ne maîtrisent pas le développement, les réalisateurs ou les jeunes par exemple. Il va permettre à tout un chacun de devenir un créateur de vidéos Web.

Comme disait ce bon vieux Bill dans La tempête « O brave new world, / That has such people in’t! ».




La menace SOPA plane aussi sur le monde éducatif 3/3

On le constate partout dans le monde. Quand les lobbyistes du copyright font pression sur les gouvernements pour qu’ils mettent en place un arsenal répressif sur internet afin de « lutter contre le piratage », cela impacte négativement aussi bien la liberté individuelle du citoyen que la liberté collective de l’univers éducatif dont la caractéristique non marchande n’est jamais prise en considération.

Ainsi en va-t-il donc malheureusement ainsi pour le projet de loi américain SOPA qui fait l’objet d’un dossier sur le Framablog.

Sopa Doll

PS : On notera que le projet de loi a été ajourné mais ne nous réjouissons pas trop vite…

Comment SOPA affecte les étudiants, les éducateurs et les bibliothèques

Electronic Frontier Foundation – Décembre 2011
(Traduction Framalang/Twitter : Kamui57, Skhaen, Gordon, Stephanie, Toto, Martin, Quota)

How SOPA Affects Students, Educators, and Libraries

Les grands groupes de médias et leurs représentants comme la MPAA et la RIAA ont historiquement ciblé les campus universitaires avec des mesures « anti-piratage », et le Stop Online Piracy Act (SOPA) — le projet de loi de censure qu’ils tentent de faire passer au Congrès — n’est pas une exception. Les partisans du projet insistent sur le fait qu’il cible uniquement les sites « pillards » étrangers dédiés au piratage, mais c’est un terme vague et flou, et ses méthodes d’application trop larges n’assurent en rien qu’elles ne seront pas utilisées pour étouffer la liberté d’expression des élèves et professeurs.

Ressources éducatives libres

Les communautés internationales dédiées aux « Ressources Éducatives Libres » (REL), qui sont conçues pour être partagées, améliorées, et utilisées dans l’éducation, ont particulièrement de quoi s’inquiéter. Des sites comme le Japan Opencourseware Consortium ou Universia, qui offre des ressources à plus de 1 000 universités et représente 10 millions d’étudiants, pourraient être concernés. Dans la décennie passée, ces ressources sont devenues grandement populaires, facilitées par le coût réduit de la distribution numérique et la disponibilité de technologies pour héberger et partager. SOPA pourrait inverser ces tendances en plaçant d’écrasantes responsabilités prohibitives sur les sites qui fournissent ces ressources.

Les éducateurs travaillant dans la communauté des REL ont tiré la sonnette d’alarme à propos de ce projet de loi : Curriki, un site principalement dédié à l’école primaire, a expliqué pourquoi en quoi il craignait SOPA ; les Creative Commons se sont également exprimées au sujet de ce projet, et un groupe d’éducateurs influents a soumis une lettre à la Chambre des Représentants expliquant pourquoi ce projet gèlerait la création de contenus éducatifs.

Bibliothèques et bibliothécaires

Ils ne sont pas seuls. Les bibliothèques représentent un autre groupe éducatif potentiellement impacté par SOPA. La Library Copyright Alliance, un groupe dont les membres incluent l’Association Américaine des Bibliothèques, a également envoyé un courrier à la Chambre des Représentants relevant les problèmes principaux du projet de loi.

De façon alarmante, les bibliothécaires rappellent et indiquent « trois procès en cours pour infractions au copyright contre des universités et leurs bibliothèques, liés à leur usage de technologies numériques », reflet « d’une tension croissante entre les bibliothèques et les détenteurs de droits de plus en plus enclin à brandir la menace de la poursuite judiciaire, jusqu’à aller à exécution ». Cette état d’esprit et cette judiciarisation se poursuivront immanquablement avec SOPA qui pourra mener des poursuites y compris pour des activités relevant du simple fair use et menées sans intention commerciale.

Sopa Watched Computer

Le fair use pour les étudiants et éducateurs

Lorsqu’ils feront face à ce genre de situations, les administrateurs mettront vraisemblablement en place des règles pour protéger leurs universités de toute responsabilité encourue, même si ces règles ne tiennent pas compte de l’exception au copyright du fair use permise aux éducateurs. Malgré la protection actuelle explicite de la loi pour « les copies multiples pour l’usage en salles de cours », de nombreuses universités payent des frais de licences forfaitaires à la Copyright Clearance Center afin de s’épargner d’éventuelles poursuites.

Et il est logique qu’elles le fassent lorsque l’on se souvient des poursuites judiciaires engagées en 2008 par un éditeur universitaire contre l’Université d’Etat de Géorgie, soutenu alors financièrement par le Centre pour une simple histoire de droits sur des photocopies d’articles et extraits de livres. l’Université a modifié en la restreignant sa politique légale concernant le copyright après le procès,

Comment agir ?

D’autres acteurs de la communauté éducative ont des problèmes avec la loi, et avec son pendant tout aussi désastreux de Sénat, PROTECT IP Act ou PIPA. L’Association des Etudiants des Etats Unis, qui représente quatre millions et demi d’étudiants dans plus de quatre cents campus sur tout le pays, s’est insurgée contre ces deux lois, et un groupe de plus de cent professeurs de droits a envoyé une lettre vindicative au Congrès.

Les étudiants, bibliothécaires, professeurs, et autres membres de la communauté éducative, conscients des conséquences problématiques que SOPA entraînerait, élèvent leur voix. Et avec le Congrès mettant SOPA à l’ordre du jour cette semaine, nous avons besoin que des étudiants, des enseignants, et des bibliothécaires se mobilisent.

Nous avons préparé une boîte à outils anti-SOPA pour ceux qui veulent agir contre les lois pour la censure. De nombreuses actions proposées impliquent directement les étudiants.

Qui que vous soyez, appellez vos députés au Congrès dès aujourd’hui et prenez connaissance de notre alerte SOPA. Et n’oubliez pas que vous pouvez devenir membre de l’EFF pour un tarif spécial étudiant.

Sopa Locked Computer

-> Lire d’autres articles consacrés à SOPA sur ce blog




12 actions pour combattre et stopper SOPA 2/3

Voir le premier article de notre dossier SOPA et son introduction : Pourquoi le projet de loi américain SOPA nous menace-t-il tous.

I'm no criminal

Combattez la censure : la trousse à outils de l’activiste anti-SOPA

Electronic Frontier Foundation – Décembre 2011
(Traduction Framalang/Twitter : Kamui57, Skhaen, Gordon, Stephanie, Toto, Martin, Quota)

Fight the Blacklist: A Toolkit for Anti-SOPA Activism

Le congrès américain débat d’une dangereuse loi qui donnerait au Département de la Justice le pouvoir sans précédent de « blacklister » des sites web sans décision de justice et donner aux détenteurs de copyrights d’Hollywood un moyen direct et rapide de couper les moyens financiers d’un site web sur l’allégation de violation de copyright, mettant en danger des sites comme Vimeo ou Etsy. Ce n’est rien de moins qu’un projet de loi créant un régime de censure aux Etats-Unis, et il avance rapidement.

Nous avons besoin de votre aide pour stopper cette loi avant qu’elle n’entame la sécurité sur Internet et qu’elle ne censure le Web. Êtes-vous prêt à vous joindre dans cette bataille à l’EFF, Demand Progress, Fight for the Future, Free Software Foundation, Creative  Commons, CDT, the Participatory Politics Foundation, et à Public Knowledge ? Voici 12 actions que vous pouvez mettre en oeuvre dès maintenant pour nous aider à stopper le projet de loi censeur.

Vous avez d’autres suggestions de moyens de lutter contre SOPA et Protect-IP ? Dites-le nous via identi.ca, Twitter, Facebook, par e-mail à rainey@eff.org, ou ajoutez-le en commentaire sur Reddit.

Blackout

1. Appelez vos sénateurs et députés et dites-leur de s’opposer respectivement à Protect-IP et SOPA. Cliquez ici pour quelques suggestions de points d’accroche. Ensuite, parlez à vos amis de cet appel sur les réseaux sociaux.

2. Contactez le Congrès via le centre d’action de l’Electronic Frontier Fondation. Personnalisez votre  courrier afin d’expliquer qui vous êtes et pourquoi vous êtes préoccupés par ce projet de loi. Si vous êtes hors des Etats-Unis, essayez cette pétition de Fight for the future.

3. Si vous travaillez pour une entreprise qui touche aux nouvelles technologies, contactez les dirigeants de votre entreprise et expliquez leur vos inquiétudes. Demandez-leur de se joindre à vous et de s’exprimer. Ces entreprises (PDF) ont déjà pris position.

4. Bloguez à propos des projets de lois de censure. Peu importe qu’il s’agisse d’une explication candide de la raison pour laquelle vous vous opposez à cette législation, une discussion sur ses effets sur les droits de l’Homme ou un appel à des réalisateurs de films pour protester contre les listes noires, il y a de nombreux moyens de communiquer au sujet de cette inquiétante législation. Aidez-nous à faire passer le mot en écrivant des articles sur votre propre blog, le blog de votre établissement, ou sur des blogs ouverts aux contributeurs.

5. Vous êtes un artiste ? Présentez les dangers de la censure au travers de l’art et de la musique, et utilisez-le pour atteindre des gens qui autrement n’auraient jamais entendu parler de ce problème. Vous pouvez concevoir des stickers, posters, patches, créer une vidéo sur Youtube, ou tenir un débat ouvert autour de la censure.

6. Vous administrez un site web ? Mettez une bannière sur votre site pour protester contre la censure ou faites un lien vers l’EFF.

7. Coordonnez une intervention ou un débat dans l’université ou le centre communautaire local. Invitez les experts locaux en ce qui concerne le copyright et la liberté d’expression à venir débattre de ce problème.

8. Si vous êtes au lycée, parlez à vos professeurs d’éducation civique et de médias, demandez-leur de débattre, en cours, des implications de cette loi. Présentez-leur nos supports de cours libres gratuits sur le copyright.

9. Si vous êtes étudiant(e), exprimez-vous par le biais d’organisations similaires travaillant sur les libertés numériques, comme Students for Free Culture ou Electronic Frontier on Campus. S’il n’y en a pas une branche dans votre établissement, créez-en une. puis déployez une plateforme pour vous coordonner avec d’autres étudiants pour parler de ce projet de loi.

10. Si vous êtes étudiant(e), organisez une rencontre entre la rédaction du journal de votre université ou école, et expliquez-leur la loi, en leur montrant pourquoi ils devraient en parler. Travaillez avec eux pour écrire des articles sur ces sujets. Prenez pour exemple le travail des universités de Buffalo, du Massachusetts, du Minesotta. Plus d’exemples sont disponibles sur la page « Chorus of Opposition » du Centre pour la Démocratie et la Technologie.

11. Écrivez une lettre au rédacteur de votre journal local. Souvenez-vous, ils ont souvent des prérequis. Trouvez les et suivez les à la lettre.

12. Devenez membre de l’EFF. Nous menons le combat pour la défense des libertés civiles en ligne, afin que les générations futures profite d’un Internet libre de toute censure. En nous mobilisant de façon unie, nous pouvons y arriver.

Stop Censorship

-> Lire d’autres articles consacrés à SOPA sur ce blog