Wikipédia et éducation : un exemple de réconciliation 2/6

Cet article fait partie du dossier Wikipédia et éducation : un exemple de réconciliation.

C’est la traduction du témoignage de l’enseignant qui est ici présentée.

Copie d'écran - Wikipédia - Jon Beasley-Murray

Introduction de Wikipédia dans les salles de classe : le loup est-il dans la bergerie ?

Was introducing Wikipedia to the classroom an act of madness leading only to mayhem if not murder?

Jon Beasley-Murray – avril 2008 – Wikipédia
(Traduction Framalang : Olivier)

Réflexions sur l’utilisation de Wikipédia dans le cadre du cours SPAN312 à l’Université de la Colombie Britannique, « Murder, Madness, and Mayhem: Latin American Literature in Translation » (NdT : « Meurtre, Folie et Chaos : la littérature latino-américaine en mouvement »), printemps 2008.

Wikipédia : mal aimée mais omniprésente dans l’éducation

Tel un membre non invité, Wikipédia s’aventure aujourd’hui très près du monde universitaire. Les objectifs de Wikipédia sont éminemment académiques : l’encyclopédie se focalise sur la collecte, le traitement, l’enregistrement et la transmission du savoir. À en juger par le nombre d’articles et de lecteurs, elle a particulièrement bien réussi à encourager une culture de curiosité intellectuelle. Elle est pourtant régulièrement sujette aux critiques formulées par les universitaires eux-mêmes.

Et pourtant tout le monde en fait usage d’une manière ou d’une autre, même si c’est difficile à admettre. Et surtout, nos étudiants l’utilisent, ouvertement ou non (puisqu’on leur impose souvent de ne pas citer les articles de Wikipédia dans leurs travaux), mais sans nécessairement en connaître véritablement le fonctionnement. On leur dit que l’usage de Wikipédia n’est pas conseillé, mais on leur dit rarement pourquoi, alors qu’eux la voient comme une ressource incroyablement utile.

La consigne : créer un « Article de Qualité »

J’ai décidé de faire de Wikipédia un axe central d’une matière que j’enseignais, en pensant que c’est seulement en y contribuant activement que les élèves découvriraient ses points faibles et ses points forts. J’avais aussi en tête l’idée qu’ils pourraient par la même occasion améliorer les articles dans un domaine qui à mes yeux manquait cruellement de contenu, en l’occurrence la littérature latino-américaine.

Wikipédia devait être un point important du cours mais sans en être pour autant l’essentiel. Ce n’était pas un cours sur Wikipédia mais, comme mes autres cours, il devait plutôt se concentrer sur l’Amérique Latine ainsi que sur la lecture d’un corpus de textes littéraires d’Amérique Latine. Dans ce cours intitulé « Murder, Madness, and Mayhem » (NdT : Meurtre, Folie et Chaos), les textes choisis comportaient une série de romans sur la dictature de la période du dix-neuvième siècle avec l’argentin Domingo Faustino Sarmiento jusqu’à l’époque contemporaine avec certains des auteurs d’Amérique Latine les plus en vue comme Gabriel García Márquez et Mario Vargas Llosa. Ces livres n’étant ni simples ni courts, les étudiants devaient passer une bonne partie de leur temps personnel à la lecture, la majeure partie du temps en classe étant consacrée aux explications et à la discussion.

Wikipédia n’était que peu abordé durant les cours. La tâche qui leur était assignée était plutôt d’éditer (ou, dans deux cas, de créer), en groupe, les articles de Wikipédia se rapportant aux œuvres et aux auteurs étudiés. Au cours de la session ils devaient réussir à faire obtenir à ces articles ce qu’on nomme dans le jargon Wikipédia le grade d’Article de Qualité.

Lorsque je leur ai assigné cette tâche je ne réalisais pas à quel point c’était ambitieux. Wikipédia définit un Article de Qualité comme un article qui « représente ce que l’on peut de trouver de mieux, et qui répond à des standards professionnels d’écriture et de présentation ». Et ces standards placent de fait la barre très haut. C’est manifestement un des paradoxes de Wikipédia : ses standards sont irréprochables alors même que la majeure partie de son contenu en est fort éloigné. Pour vous donner une idée, moins de 0,1% des articles de Wikipédia possèdent le label Article de Qualité.

En effet, alors que Wikipédia a déjà fait l’objet de nombreux projets pédagogiques au sein d’universités aussi dispersées que celles de Sydney, Hong-Kong, Minnesota et Leiden, c’était à ma connaissance la première fois qu’on demandait explicitement à des étudiants de créer des Articles de Qualité.

Considérations initiales : les avantages de Wikipédia

En plus d’enseigner (même indirectement) aux étudiants les faiblesses et les forces de Wikipédia et en même temps (peut-être incidemment) d’améliorer le contenu de l’encyclopédie concernant l’Amérique Latine, d’autres raisons plus positives venaient étayer ce choix de travail.

L’idée que les étudiants se lançaient dans un projet concret ayant des effets tangibles et publics, à défaut d’être éternels, me plaisait. Après tout, une dissertation ou un examen est un parfait exemple de travail inutile : souvent rédigé à la hâte pour un lecteur unique, le professeur, et ensuite mis de côté.

Je trouve regrettable qu’à de rares exceptions près, comme par exemple dans les ateliers d’écriture, les étudiants ne soient pas plus encouragés à relire et à réfléchir à leur propre travail, où trop souvent ils ne font que jeter un coup d’œil aux commentaires que le professeur aura laborieusement griffonné. C’est compréhensible, puisqu’ayant à ce stade très peu de chances de pouvoir retravailler leur devoir, ils ne s’intéressent alors qu’à leur note et c’est tout. Les étudiants ne découvrent que rarement l’importance des corrections dans un bon travail d’écriture. Alors qu’au contraire, sur Wikipédia, les corrections font (presque) tout : les contributeurs sont appelés « éditeurs » justement parce que leurs écrits sont en permanence au stade de la correction.

De plus ils participeraient à l’élaboration de pages qui, pour certaines (l’article sur Gabriel García Márquez par exemple), reçoivent plus de 60 000 visiteurs par mois. Même les articles les moins visités sur lesquels ils travaillaient recevaient plusieurs centaines de visites par mois. Ici ils écrivaient des articles pour un lectorat ayant la possibilité rare de répondre, de ré-écrire et de commenter le contenu qu’ils produisaient. En effet, travailler sur Wikipédia ouvre la porte au travail collaboratif : les étudiants devaient non seulement collaborer entre eux, mais aussi avec d’autres éditeurs ou des wikipédiens qu’ils ne rencontraient que sur le wiki.

Pour finir, l’idée même que l’attribution de la note soit extérieure à la classe m’attirait. L’idée que le travail soit jaugé à l’aune de son impact et non par le jugement personnel d’un professeur (aussi professionnel soit-il) me plaisait. Dès le départ, j’ai établi avec eux que les groupes qui réussiraient à faire obtenir à leur article la mention Article de Qualité seraient notés A+, c’est aussi simple que ça. Ceux qui atteignaient la mention Bon Article (la barre est placée moins haut, mais les Bons Articles ne représentent tout de même que 0,15% de tous les articles de Wikipédia en anglais) recevraient un A. La note pour ce devoir, en d’autres termes, serait déterminée par l’appréciation collective et publique des autres auteurs.

Considérations initiales : pièges potentiels

J’avoue que je n’ai pas beaucoup pris en considération les écueils de ce plan. Je reconnais que c’était un peu une expérience, mais la tenter me rendait enthousiaste. Ce n’était de toute façon pas le seul point sur lequel le cours serait noté et l’évaluation ne reposerait pas entièrement dessus : les étudiants devaient également tenir à jour un blog hebdomadaire sur leurs lectures et rendre deux devoirs, un à mi-session et un autre à la fin.

(En fin de compte le devoir de fin de session a été abandonné à la majorité des 2/3 de la classe après un vote des étudiants à bulletin secret : 85% d’entre eux ont voté pour l’annulation du devoir final et pour un plus gros coefficient du travail sur Wikipédia.)

J’avais surtout peur que les étudiants soient pris dans une guerre d’édition non constructive et potentiellement décourageante. Une guerre d’édition est un débat sans fin entre des éditeurs qui n’arrivent pas à s’accorder sur le contenu de l’article. Comme dans beaucoup d’interactions en ligne, ces désaccords deviennent rapidement désagréables et provoquent l’intervention d’un administrateur de Wikipédia qui peut décider de « bloquer » l’un des individus impolis, voire les deux. Je n’étais que trop conscient de ce problème puisque dans mes tentatives d’exploration de Wikipédia quelques mois avant de donner ce cours, je me suis retrouvé (plutôt par inadvertance) pris dans de telles guerres, et je me suis fait bloquer pendant quelque temps.

C’est toujours un peu risqué d’amener les étudiants à interagir directement avec la sphère publique. Et, d’une certaine manière, nous devons veiller sur eux. C’est peut-être la raison pour laquelle tellement de technologies de l’éducation (dont WebCT est le meilleur exemple) sont hermétiquement isolées du « monde réel ». Et ça ne serait pas très productif si l’un de mes étudiants se retrouvait bloqué et ne pouvait pas poursuivre son travail ! J’ai donc croisé les doigts en espérant que cette éventualité ne se présente pas.

Premiers pas : « notre » projet se met en route

Wikipédia ne m’était pas totalement inconnue puisque j’avais déjà à mon actif de nombreuses éditions d’articles et même quelques créations (même si ces derniers n’étaient rien d’autre que des ébauches, des versions courtes et préliminaires). Mais jusque là je n’avais pas encore travaillé de manière durable sur un article de Wikipédia. Et bien que j’avais quand même un sentiment de familiarité ainsi qu’un certain sens de la culture Wikipédia, j’avoue que j’étais malgré tout (et le suis d’ailleurs toujours) perplexe devant certains des détails les plus impénétrables des techniques et procédures de ce qui est maintenant devenu une gigantesque et labyrinthique entreprise.

D’un autre côté, cela m’a permis de comprendre l’intimidation que les élèves ne manqueraient pas de ressentir devant la tâche qui se présentaient à eux. Seuls un ou deux étudiants avaient déjà fait des modifications sur Wikipédia et ils étaient peu nombreux à montrer des signes de familiarité avec les conventions du Web. Et ne parlons même pas du code spécifique à Wikipédia (même si celui-ci est simplifié). Je crois que je peux comprendre leur étonnement quand, ayant cliqué pour la première fois sur le bouton « Modifier », ils sont tombés sur une masse confuse de gribouillis caractéristiques des logiciels de wiki.

Pour poser les bases du projet et obtenir du soutien, j’ai enregistré le projet sur une page Wikipédia dédiée à ce genre de choses, j’ai fait apparaître sur tous les articles du projet qu’ils faisaient partie d’une tâche pédagogique, et j’ai démarré une « page projet » décrivant nos objectifs. J’ai aussi laissé des messages sur d’autres projets Wikipédia jugés connexes (principalement des groupes d’éditeurs de Wikipédia qui se concentrent sur un sujet particulier comme par exemple la littérature ou l’Amérique du Sud); j’ai même laissé un mot au journal maison de l’encyclopédie, le Wikipédia Signpost (NdT : le Wikimag en français). J’ai ensuite présenté le projet à la classe, demandé aux étudiants de se créer un compte sur Wikipédia et j’ai croisé les doigts pour que ça marche.

Vous avez peut-être remarqué que je parle de « notre » projet et de « nos » objectifs. J’essaie en général d’inclure tout le monde quand je parle en classe : « nous » lisons les textes « ensemble  », « nous » essayons de comprendre comment les interpréter. Mais ici la sensation était presque palpable : dès le départ je sentais que je faisais aussi partie du projet, sentiment qui n’ira qu’en s’amplifiant dans les semaines suivantes.

Leçon numéro 1 : « ceci pourra être effacé »

Assez rapidement, quand tout le monde fut censé s’être enregistré et avoir commencé à jouer un peu avec les modifications, j’ai apporté mon ordinateur en cours et j’ai présenté les bases aux étudiants. Raccordé à un vidéoprojecteur, je leur ai montré sur grand écran où se trouve l’onglet « Modifier », comment faire une modification mineure (en changeant un mot sur la page Wikipédia de notre université) et comment faire une modification majeure (en vaporisant un article associé à l’université qui était manifestement un plagiat d’un autre site Web).

Un élève m’a par la suite demandé de leur montrer comment créer une nouvelle page. Deux des articles sur lesquels ils travaillaient n’existaient pas alors et j’ai alors décidé de créer El Señor Presidente, dont le seul contenu initial était : « El Señor Presidente est le titre d’un roman de Miguel Ángel Asturias ». J’ai ensuite poursuivi sur d’autres pages avant de revenir à celle-ci quelques instants plus tard… et c’était tout pour la première leçon. Sauf que, à mon grand embarras (et devant la classe entière) j’ai découvert qu’en à peine une minute d’autres éditeurs de Wikipédia avaient déjà collé une énorme bannière rose sur notre tout frais nouvel article avec la mention suivante : « Cette page est susceptible de remplir les critères de Wikipédia pour suppression rapide ». « Les salauds ! » murmurai-je dans ma barbe et je me suis dépêché de modifier le contenu de l’article pour y afficher « El Señor Presidente est le titre du roman le plus important du romancier, lauréat du prix Nobel, Miguel Ángel Asturias », inquiet que notre petit projet se fasse torpiller à peine commencé.

Si j’avais voulu montrer aux étudiants que la modification de Wikipédia est un exercice de négociation avec l’entière communauté d’éditeurs et de lecteurs, je n’aurais pas pu mieux choisir mon exemple. J’ai découvert (depuis) que pour d’autres projets pédagogiques sur Wikipédia, les étudiants sont souvent encouragés à faire un brouillon de leurs articles à l’abri des regards et de les enregistrer sur les pages publiques uniquement lorsqu’ils sont prêts à affronter un examen général. Ici tout était exposé et ouvert dès le début. Mais je n’ai aucun regret. C’est en effet là que le projet a puisé certains de ses meilleurs atouts.

La FA-Team : synergies, du bon et du mauvais

Mais on a rapidement eu un gros coup de chance, alors même que les messages que j’avais envoyés aux différents projets Wikipédia pré-existants semblaient lettre morte (la plupart, d’après ce que j’ai pu voir, étant enterrés ou plus souvent simplement débordés). Il s’est en effet trouvé qu’un groupe d’éditeurs expérimentés de Wikipédia avait commencé à lancer des idées pour augmenter le nombre d’Articles de Qualité sur Wikipédia. Ils se sont baptisés la « FA-Team » (NdT : L’équipe des Articles de Qualité, FA pour Featured Articles) et cherchaient alors un projet auquel participer. Or ils « nous » ont repéré et nous ont écrit pour savoir si nous désirions un coup de main.

Est-ce que nous désirions un coup de main ? Évidemment !

La FA-Team s’est répartie les articles du projet, ils ont laissé des messages d’accueil sur la page de discussion de chaque étudiant (les pages personnelles spécifiques à chaque utilisateur enregistré de Wikipédia et qui fonctionnent comme des pages où les éditeurs peuvent entrer en contact directement avec l’utilisateur) et ils ont débuté leur mission d’encouragement, de conseil et de guide auprès de notre groupe afin de nous pousser à rédiger des articles de Wikipédia de haut niveau. Ce sont des gens très méticuleux, dévoués, et par dessus tout généreux.

Je réalise maintenant que la FA-Team nous a fait la démonstration de la plus grand force (et peut-être aussi la plus grande faiblesse) de Wikipédia : la synergie. Les éditeurs de Wikipédia sont attirés par l’activité. J’irai même plus loin : ils sont particulièrement attirés par l’activité qui aboutit à l’ajout de contenu nouveau à l’encyclopédie. Un bon exemple de cette attraction est l’avertissement que j’ai reçu après avoir créé une page : il existe un noyau de volontaires de Wikipédia qui scrute sans cesse la création de nouvelles pages, prêts à se jeter dessus si un sujet déplacé ou non-encyclopédique est proposé. N’importe qui peut créer une page Wikipédia, mais si vous en créez une sur vous, votre petit groupe de musique ou votre chat, attendez vous à la voir disparaître sans avoir le temps de dire ouf.

De même, beaucoup de personnes émettent des critiques à l’encontre de Wikipédia, la plus connue étant peut-être celle du comédien américain Stephen Colbert, justement parce que n’importe qui peut ajouter n’importe quelle bêtise à un article. Mais je crois que ces personnes ne réalisent pas que des équipes dévouées de wikipédiens surveillent les modifications récentes pour éliminer rapidement ces bêtises flagrantes.

Mais l’aspect vraiment constructif de la réactivité de Wikipédia s’est également manifesté quand, dans les deux jours suivants la création de la page El Señor Presidente, une petite armée d’éditeurs a apporté des modifications mineures qui, combinées, ont apporté des changements importants dans la mise en page. Un des étudiants a ensuite ajouté un fragment d’information qu’il avait trouvé sur un autre site Web. Un petit coup de mise en page réalisée par d’autres éditeurs et au cours suivant cet article ressemblait déjà aux autres pages Wikipédia. Un peu court peut-être, plutôt incomplet et avec quelques sources tirées un peu au hasard d’Internet, mais il apportait des informations sur le sujet aux lecteurs, au moins le minimum, et surtout il était intégré au grand vaisseau Wikipedia.

(Je devrais préciser ici que j’étais indifférent au fait que le travail final des étudiants pourrait ne pas être « entièrement leur travail ». Pour moi, réussir à persuader d’autres personnes de travailler avec eux, travailler en harmonie avec des inconnus faisait également partie du projet. On peut évidemment se dire qu’ils pouvaient tricher pour accomplir leur devoir, comme pour n’importe quel autre devoir, par exemple en payant une tierce personne pour écrire les articles à leur place. Mais en fait le logiciel wiki qui suit les contributions de chacun offre une transparence inégalée, on sait ce que les étudiants font, étape par étape, qui, quoi et quand.)

Ainsi, l’intervention de la FA-Team n’était donc pas exceptionnelle. Ce n’est qu’un exemple de ce principe de synergie porté à une échelle légèrement plus importante et développée. On peut énoncer le principe de synergie ainsi : plus vous contribuez à Wikipédia, plus votre activité résonne et est développée et multipliée par l’activité d’autres personnes. Certes, les guerres d’édition existent, mais d’après mon expérience elles n’affectent en général pas l’ajout de nouveaux contenus. Ce n’était pas juste de la chance, on était tombé sur l’un des principes de base du fonctionnement du wiki.

L’inconvénient de ce principe est que là où Wikipédia est moribond, il le demeure. Bien qu’en théorie l’activité sur Wikipédia bourdonne en continu, en pratique un coup d’œil à l’historique de quelques pages (une information à portée de clic) suffira à vous convaincre que ces pages sont en fait plutôt stables. Un mauvais article pourra le rester pendant une très longue période. Ainsi dans notre projet nous avions les exemples de deux articles plus anciens (et donc plus importants) : les entrées pour Gabriel García Márquez et Mario Vargas Llosa, restées presque inchangées pendant des années, mis à part un petit peaufinage ça ou là. Nous nous devions donc d’y remédier.

Chercher et… chercher encore

C’est alors devenu un travail de recherche. Les étudiants devaient trouver ce qui est appelé en jargon wikipédien des sources sûres. Une doctrine fondamentale de Wikipédia (même si cela peut sembler étrange voire paradoxal, particulièrement pour des universitaires) est qu’elle ne sert pas à la publication de résultats inédits. Une entrée encyclopédique n’est pas faite pour introduire un débat. C’est la différence principale entre dissertation traditionnelle et Wikipédia.

La FA-Team ayant pris en charge le travail de mise en page ainsi que les tâches routinières, les étudiants étaient libres de s’adonner entièrement à la recherche. Mais c’était sans compter un autre piège qui nous a beaucoup ralenti et que nous aurions dû pourtant anticiper puisque ses racines plongent au cœur même des règles de Wikipédia : le fait que les étudiants n’évaluent pas suffisamment leurs sources.

Il faut se rappeler que le problème à la base de ce projet est que les étudiants se fient trop à Wikipédia sans vraiment en considérer les risques et les inconvénients. Il n’était en fait guère étonnant de les voir reproduire les mêmes erreurs en cherchant des sources pour les articles qu’ils devaient rédiger. Ainsi, il n’était pas rare qu’ils ajoutent des informations non vérifiables ou mal documentées (et trop souvent plagiées) ou qu’ils usent et abusent de citations d’autres pages Web et encyclopédies en ligne.

Et pourtant c’est de là aussi qu’a été tirée l’une des meilleures leçons de ce travail. Parce que Wikipédia exige que chaque information soit étayée par une référence (ce que les membres de la FA-Team répétaient inlassablement), les étudiants se sont retrouvés forcés de citer leurs sources. Ces sources pas forcément fiables se sont donc retrouvées exposées, ce qui n’aurait pas nécessairement été le cas pour un examen de session. De plus, justement parce que la rédaction sur Wikipédia est un processus de révision permanente, il a été demandé à certains de reprendre leur travail de recherche pour ré-évaluer leurs sources, pour en trouver de plus fiables avant de reprendre la rédaction. Par la même occasion le problème des plagiats a été réglé simplement parce que plus personne ne recopiait de passages en les faisant passer pour un produit fini.

Pour résumer, ce travail a fait ressortir les faiblesses initiales des étudiants dans le domaine de la recherche, mais ces faiblesses étaient bien la raison d’être de ce devoir. Ils ont cependant appris que rechercher des informations (et les mettre en forme) est un processus, souvent long, où l’on commence avec des sources parfois douteuses (comme Wikipédia lui-même) pour progresser vers des éléments ou preuves toujours plus solides, jusqu’à découvrir de nouvelles informations occultées par les premières sources.

Autres observations : un travail professionnel

Au moment où j’écris ceci, l’accouchement sous péridurale du projet n’est toujours pas terminé. Un article, celui que j’avais ironiquement créé devant la classe, a passé sa première inspection avec succès, une inspection particulièrement rigoureuse d’ailleurs, ce qui lui vaut maintenant le grade de Bon Article. Mes étudiants sont donc à l’origine d’une partie des 0,15% de ce que Wikipédia a de meilleur à offrir et tout cela en partant de rien. De plus, parmi ces 0,15% ne figure aucun autre travail littéraire d’Amérique Latine. Ils (nous ?) ont toutes les raisons d’être fiers d’eux[1]. Pour autant que je sache, c’est le seul travail éducatif sur Wikipédia à avoir directement abouti à un Bon Article[2].

Évidemment tout ne s’est pas fait sans accroc. Deux articles n’ont pour le moment pas vraiment progressé. Le rêve de créer douze nouveaux Articles de Qualité ne restera sans doute qu’un rêve (signifiant par là-même que toute la classe aurait eu la note A+ à un devoir représentant désormais 40% de leur note finale). Mais je suis sûr qu’il en sortira encore une série de Bons Articles (deux autres sont en cours d’évaluation), et certains seront sûrement nominés pour le grade d’Article de Qualité.

Voici donc la résultante d’un travail rigoureux qui, parce qu’il avait pour cadre ce site Web tant décrié qu’est Wikipédia, était loin d’être une solution de facilité. C’était même plutôt le contraire.

Je ne suis toujours pas aveuglé par Wikipédia, loin s’en faut. Il faut bien se dire que c’est une encyclopédie dont seulement une infime fraction de ses articles sont considérés comme de « bons » articles, même par ses propres éditeurs. D’autres faiblesses de Wikipédia sont plus apparentes que jamais, on les retrouve même à un certain degré dans ce projet : un article moribond aura tendance à le rester, et certaines sources sont discutables et souvent plagiées.

Mais, pour la défense de Wikipédia, je dois dire que je n’avais jusqu’alors pas réalisé à quel point ses propres critères sont ambitieux et avec quelle rigueur ils sont appliqués, ni même remarqué l’efficacité du processus collaboratif… si vous êtes prêt à apporter votre contribution et surtout si vous êtes prêt à faire les recherches nécessaires à l’ajout d’informations vérifiables. Là encore je dois dire que nous avons été particulièrement chanceux dans les rencontres que nous avons faites, mais je pense aussi que d’autres bénéficieront de la même bonne fortune.

En ce qui concerne le travail, qui je le répète est loin d’être achevé… j’aimerais croire qu’il enseigne aux étudiants l’art de la recherche et de l’écriture dans un environnement proche du monde réel. Il leur a été assigné au début du semestre un but à moyen terme, voire à long terme, et il leur a été demandé de travailler en collaboration au sein de leurs propres groupes mais aussi avec des inconnus dans un environnement ouvert afin d’établir comment parvenir à ce but et comment le réaliser. Ce travail devait déboucher sur un résultat professionnel, visible par des milliers de personnes, une ressource qui dans la plupart des cas serait la première escale de chercheurs futurs, qu’ils soient étudiants comme eux ou qu’ils fassent simplement partie des millions de visiteurs de Wikipédia de par le monde. La plupart de ces articles sont en effet le premier résultat affiché (ou presque) lors d’une recherche sur Internet sur le sujet traité.

En comparaison, les dissertations et les examens classiques que nous donnons à nos étudiants paraissent plutôt anecdotiques.

Inutile ? Pas d’argumentation

Ce que les étudiants n’apprennent pas par contre à travers ce projet est le développement d’un argument. L’argumentation, la construction cohérente d’une série d’idées, la défense et l’étayement d’une thèse convaincante, est évidemment au cœur de l’enseignement académique. J’attache beaucoup d’importance à cette compétence.

Mais on peut également dire que dans la plupart des emplois qu’occuperont les étudiants après la fin de leur cursus, l’argumentation ne tiendra pas une place aussi importante que dans le monde académique. À l’opposé, la recherche d’informations, la présentation, l’exactitude, l’aptitude à travailler en équipe et la capacité à négocier avec la sphère publique leur seront bien plus utiles (même si ça me fait un peu mal de l’admettre).

De plus, l’écriture sur Wikipédia leur inculque la pensée critique, peut-être pas celle qui est en général abordée à l’université… mais peut-être le devrait-elle. Les éditeurs de Wikipédia sont sans cesse encouragés à faire preuve d’esprit critique vis-à-vis des informations qu’ils trouvent et également vis-à-vis de leurs propres écrits.

J’ai un peu peur d’avoir trop enjolivé la chose. Je le ferai différemment si je suis un jour amené à le refaire. Et je dois vous avouer que j’ai souvent eu l’impression de faire un numéro d’équilibriste, que tout pouvait s’écrouler à tout moment. D’ailleurs nous ne sommes toujours pas à l’abri. Mais si quelque chose tourne mal je pourrai toujours modifier ce texte…

Oh, et si ça vous dit, n’hésitez pas à donner un coup de main sur Murder, Madness, and Mayhem !

El Senor Presidente - Accueil Wikipédia - 5 mai 2008

Les autres articles du dossier

  • 1/6 – Introduction
    Un projet pédagogique « de qualité ».
  • 2/6 – Le projet vu par l’enseignant
    Présentation, chronique et analyse du projet par le professeur Jon Beasley-Murray (à lire en premier).
  • 3/6 – Le projet vu par un éditeur de Wikipédia
    Le point de vue d’un éditeur de Wikipédia, membre de « l’équipe des Articles de Qualité », ayant accompagné et soutenu les étudiants pendant la durée de leurs travaux.
  • 6/6 – Liens connexes
    Une sélection de liens francophones autour de Wikipédia et l’éducation.

Notes

[1] Le 10 avril 2008, El Señor Presidente est devenu le 2000ème Article de Qualité de Wikipedia. Cet article apparaîtra sur la première page de Wikipédia le 5 mai. Au final, les étudiants ont porté deux autres articles au niveau d’exigence requis pour obtenir le grade d’Article de Qualité (Mario Vargas Llosa et The General in His Labyrinth) tandis que huit autres ont obtenu le grade de « Bon Article ». Les seuls autres articles portant sur la littérature Latino-américaine à ce niveau sont Mário de Andrade et Jorge Luis Borges (bien qu’aujourd’hui ils n’obtiendraient certainement plus cet honneur, il est en effet intéressant de noter que les critères de qualité de Wikipédia augmentent régulièrement avec le temps). Grâce à nous, le nombre d’Articles de Qualité sur la culture latino-américaine a donc très fortement augmenté

[2] Plus de détails ici.




Wikipédia et éducation : un exemple de réconciliation 5/6

Cet article fait partie du dossier Wikipédia et éducation : un exemple de réconciliation.

C’est la traduction d’un article qui part de notre exemple de projet pédagogique réussi pour effectuer une courte analyse des relations entre Wikipédia et l’éducation qui est ici présentée[1].

Copie d'écran - Wikipédia - Bilan et perspectives

Des écoles et des universités à l’origine de contenu de qualité

Featured content from schools and universities

Jbmurray et Tony1 – 9 mai 2008 – Wikipédia
(Traduction Framalang : Olivier et Jean)

Les relations entre Wikipédia et le système éducatif peuvent parfois être paradoxales. Les expériences récentes de deux projets universitaires aux destinées diamétralement opposées en sont le parfait exemple. Comme le relate le Signpost daté du 14 avril 2008, le projet MMM alias Murder, Madness, and Mayhem (NdT : Meurtre, Folie et Chaos) a fourni trois Articles de Qualité et huit Bons Articles au cours du semestre universitaire. Parmi ces articles se trouve le tout premier exemple de contenu de qualité créé dans le cadre d’un examen académique, un article sur le roman guatémaltèque El Señor Presidente qui a eu les honneurs de la page d’accueil du 5 mai 2008.

Dossier Wikipédia - College graduate students - CC byA l’opposé, ces derniers jours nous ont fourni un contre-exemple d’intégration de Wikipédia à un cursus universitaire. L’histoire a déjà fait couler beaucoup d’encre sur le forum des administrateurs : un professeur d’économie internationale (NdT : « Global Economics ») a demandé à ses étudiants d’envoyer leurs travaux sur Wikipédia, mais ils ont pour la plupart étaient rapidement effacés, fusionnés ou redirigés. Parmi les soixante-dix articles nouvellement créés, environ la moitié a été effacée et beaucoup ont été fusionnés ou redirigés, seuls sept ont à peu près survécu dans leur forme originale et un seul (sur le trafic d’organes) n’est pas affublé d’une étiquette demandant des changements. Reste maintenant à savoir si les projets futurs ressembleront à Murder, Madness and Mayhem et sauront éviter les écueils de la tentative de notre professeur de « Global Economics ».

Historique des projets pédagogiques sur Wikipédia

Ces deux extrêmes ne sont pas les premiers projets éducatifs dans Wikipedia. Au cours des cinq dernières années plus de soixante-dix initiatives semblables sont apparues sur la page Wikpedia:School and university projects. À leur origine, des institutions aussi diverses que l’université de Yale ou l’université de Tartu, en Estonie sur des sujets allant de l’immunologie à la Rome antique. Il est très probable que pour chaque projet déclaré, plusieurs autres ont lieu sans déclaration formelle. Il y a deux ans de cela, le Signpost titrait Nette augmentation des projets pédagogiques sur Wikipédia. En effet, de plus en plus d’universitaires et de professeurs valorisent les contributions de leurs étudiants à Wikipédia et on estime que ce mouvement est en augmentation. Les professeurs et les étudiants peuvent trouver des conseils et de l’aide sur la page WikiProject Classroom Coordination.

Tous ces projets ne visaient pas l’obtention du grade de contenu de qualité, Wikipédia peut contribuer à l’apprentissage des étudiants de bien d’autres manières. La structure et les buts des expériences d’apprentissage menées sur Wikipédia sont aussi nombreux et variés que les projets eux-mêmes, de l’écriture d’un article ou d’une série d’articles à la découverte « du chaos et de la joie de l’édition collaborative » (Université de Hong Kong) et « se familiariser avec Wikipédia en tant que communauté et comme puits de connaissances » (Université de l’Idaho).

Créer du contenu de qualité

Dossier Wikipédia - Students in computer lab - CC by-saQue peuvent apporter les écoles et les universités à Wikipédia ? L’un des objectifs de l’encyclopédie est de fournir des articles de qualité professionnelle et les Articles de Qualité sont définis comme « des exemples de ce que nous pouvons produire de mieux ». L’innovation qu’introduit Murder, Madness, and Mayhem repose sur son objectif revendiqué d’accroître le nombre d’Articles de Qualité. D’autres écoles ou d’autres universités peuvent-elle marcher dans les pas de ce projet ?

Il faudrait au moins trouver un moyen d’éviter que la débâcle des suppressions multiples se reproduise. Dans le cas du projet « Global Economics » on en est arrivé à envisager dans les discussions le blocage de pans entiers d’adresses IP appartenant aux universités. Comme le montrent de telle réactions radicales, lorsque la relation entre université et Wikipédia échoue, cela est perçu comme une perturbation dans Wikipedia, quant aux professeurs (et leurs étudiants) l’expérience doit être toute aussi frustrante. Même dans les cas plus favorables, on peut citer l’exemple de l’université de Washington-Bothell qui a eu les honneurs de CNN ainsi que d’autres média, la relation n’est pas toujours facile. Pour reprendre les mots d’un article d’ArsTechnica : Un professeur remplace les partiels par des contributions à Wikipédia, bonjour les dégâts !.

Les deux parties doivent y mettre du leur. À propos des évènements récents, l’éditeur Noble Story a déclaré : « Aucun projet pédagogique n’arrivera peut-être jamais à reproduire le succès du projet MMM, mais nous pouvons au moins les encourager à essayer ».

Les clés du succès

En tant que coordinateur de Murder, Madness, and Mayhem, je pense que la réussite du projet tient à plusieurs facteurs qui ne doivent pas être sorciers à reproduire. Il n’y a en effet aucune raison pour laquelle un projet futur ne pourrait pas imiter notre succès, et contribuer à des articles qui illustrent le meilleur de Wikipédia tout en fournissant aux étudiants une expérience d’apprentissage enrichissante. Il n’y a aucune raison pour laquelle un travail éducatif ne devrait pas conduire à la production d’un contenu de qualité. Voici quelques principes qui pourront améliorer vos chances de succès :

  • L’enseignant doit déjà avoir de l’expérience avec Wikipédia, nous parlons ici d’expérience en tant qu’éditeur, avec toutes les frustrations et récompenses qui vont avec, comme par exemple de voir vos modifications annulées ou de voir apparaître un bandeau « Cet article ou cette section doit être recyclé ».
  • L’enseignant doit être prêt à participer au travail sur Wikipédia au moins autant que ses étudiants, voire beaucoup plus. L’encyclopédie est un lieu d’interaction et de négociation permanentes, l’instigateur du projet ne peut pas simplement observer ce qui se passe et attendre que les étudiants s’adaptent.
  • Le projet doit être inscrit sur la page des projets pédagogiques et tous les Wikiprojets et bulletins communautaires concernés devraient en être informés. Nous vous recommandons fortement de démarrer un nouveau Wikiprojet pour votre propre projet afin que ses objectifs et ses méthodes soient totalement explicites et transparents.
  • Il faut donner du temps au projet, probablement un semestre entier. N’importe quel écrit sérieux est le fruit d’un processus dynamique et continu de ré-écriture. Et ceci est plus évident encore sur Wikipédia que partout ailleurs. Un Article de Qualité, voire juste un Bon Article, passera par de très nombreuses révisions, plusieurs centaines très probablement. Il faut que les étudiants soient témoins de ce processus, cela fait partie de leur apprentissage et pourrait les amener à modifier leur façon d’aborder la rédaction.
  • Les objectifs du travail universitaire à fournir doivent être bien définis et compatibles avec ceux de Wikipédia. Alors qu’on accorde une importance conséquente aux « travaux inédits » dans le milieu académique, Wikipédia fait la part belle aux capacités de recherche et de rédaction. Le projet devrait prendre en compte l’état des articles existant dans Wikipedia, et non dupliquer du contenu déjà présent.
  • Les étudiants doivent être prêts à travailler à partir de textes rédigés par d’autres, à éditer et retravailler des ébauches ou des articles incomplets plutôt que de croire que leur travail est de commencer à partir de rien.
  • Les étudiants doivent être prêts à voir leur texte modifié par d’autres personnes, à négocier avec ces mêmes personnes et à tirer profit de l’environnement collaboratif de l’encyclopédie.

Pour compléter ce dernier point : une idée plus controversée suggère que les étudiants débutent immédiatement dans l’arène (plutôt que de commencer à travailler leurs articles dans leur espace utilisateur, hors-ligne, en dehors du site ou sur un autre wiki), afin de s’imprégner tout de suite des conventions qui ont cours sur Wikipédia en profitant immédiatement des conseils (et peut-être des critiques) des autres éditeurs.

Viser l’Article de Qualité

Créer un Article de Qualité n’est pas chose aisée, il existe cependant différentes manières de simplifier une tâche complexe. Une classe devrait garder à l’esprit les points suivants pour avoir une chance raisonnable de réussir dans cette entreprise :

  • Commencez tôt. Commencer avec une page « Le saviez-vous… ? » (le sujet a été abordé dans le « Dispatches » de la semaine dernière) n’est pas forcément une mauvaise idée pour lancer la machine.
  • Commencez avec de bonnes sources. Il est tentant de commencer avec ce qui est facilement disponible. Mais toute information qui est issue d’uns source peu fiable devra être recherchée à nouveau, doublant ainsi le temps et l’effort nécessaires.
  • Utilisez la bibliothèque. Ne négligez pas le système de prêt entre bibliothèques. Wasted Time R ne plaisante qu’à moitié quand, dans ses conseils pour écrire un article sur l’Histoire il dit : « Trouvez des sources en dehors de Google, vous serez un pionnier ! ». Et cela ne s’applique pas qu’à l’Histoire.
  • Commencez avec des références précises. Chaque fois qu’une citation est ajoutée, elle devrait contenir tous les détails bibliographiques , avec numéros de pages, et on devrait pouvoir distinguer clairement ce qui est directement cité, et ce qui ne l’est pas. Chaque imprécision ou confusion qui se glisse devra être corrigée plus tard, ce qui fera plus que doubler le temps et les efforts nécessaires.

Murder, Madness, and Mayhem a eu beaucoup de chance en attirant très tôt l’attention de la FA-Team, une équipe d’éditeurs expérimentés dont le but est d’aider les nouveaux utilisateurs à améliorer leurs articles pour obtenir le grade d’Article de Qualité. Sans leur aide nous n’aurions jamais atteint notre ambitieux objectif. Mais, sans jeter le discrédit sur les efforts et l’implication de la FA-Team, ce n’est pas non plus leur rôle de s’assurer que n’importe quel groupe organisé et préparé aux efforts nécessaires de la recherche en amont, attirera l’attention d’autres collaborateurs qui apporteront leurs conseils sur le respect des conventions de style ou du droit d’auteur.

Même les articles issus du projet récent « Global Economics » ont reçu énormément d’attention et de contributions. L’énergie dépensée pour donner des avis et des conseils a été extraordinaire, sans parler des efforts d’édition et de mise en forme des articles eux-mêmes, pour tenter de sauver quelque chose de ce qui, globalement, demeure une expérience décevante.

Autre contenu de qualité

Dossier Wikipédia - Université de la Colombie Britannique - RosegardenLes contenus de qualité de Wikipedia s’étendent bien au delà des Articles de Qualité, pour englober des domaines qui sont utiles à des niveaux et sujets particuliers d’études. Les listes de qualité comprennent moins de texte d’explications, mais doivent être soigneusement étudiées et incluses dans le contenu existant dans l’encyclopédie. Les images de qualité peuvent être un projet idéal pour les étudiants en photographie. Et les étudiants en musique ou les étudiants ingénieurs du son pourront trouver dans la rigueur du processus de vérification des sons de qualité un test stimulant de leurs capacités.

L’avis des étudiants

Le 5 mai 2008, le travail des étudiants du projet MMM, Eecono, Katekonyk, Mfreud et de la FA-Team a eu les honneurs de la page d’accueil, ce qui leur a valu ce jour-ci la visite de dizaines de milliers de visiteurs du monde entier. Une belle récompense pour leur dur labeur comme le souligne Mfreud (Monica Freudenreich) :

J’ai investi tellement d’énergie dans la rédaction et l’amélioration de cet article que je suis vraiment fière du résultat final. Quand je le relis, j’ai même du mal à croire que j’y ai contribué. Les dissertations que je rends finissent en général dans un :classeur qui restera bien rangé sous mon lit ou alors dans un coin de mon disque dur pour ne jamais être ré-ouvertes. La page sur Wikipédia sera consultée et servira certainement à quelqu’un. Je dois dire que je suis quasi-certaine que la bibliographie référence quasiment tout ce qui a été publié en anglais sur le sujet. Si quelqu’un cherche à approfondir El Señor Presidente tout est là et je trouve que c’est vraiment incroyable !

Les éditeurs les plus actifs de Mario Vargas Llosa et de The General in His Labyrinth nourrissent également l’espoir qu’à terme leur article aura les honneurs de la page d’accueil. En réponse à des commentaires sur les pages du comité de relecture et des propositions d’Articles de Qualité, un étudiant a écrit « Le fait qu’ils aient obtenu le grade d’Article de Qualité me rend vraiment jaloux… mais ça me motive ! », après que ses camarades de classe aient atteint leur but. Nous espérons que tous ces Articles de Qualité réalisés par le projet MMM grâce aux efforts des étudiants, encourageront d’autres projets d’écoles et universités à leur emboiter le pas.

El Senor Presidente - Accueil Wikipédia - 5 mai 2008

Les autres articles du dossier

  • 1/6 – Introduction
    Un projet pédagogique « de qualité ».
  • 3/6 – Le projet vu par un éditeur de Wikipédia
    Le point de vue d’un éditeur de Wikipédia, membre de « l’équipe des Articles de Qualité », ayant accompagné et soutenu les étudiants pendant la durée de leurs travaux.
  • 5/6 – Le projet vu comme un bon exemple d’usage pédagogique de Wikipédia
    Au delà de cet exemple, quelles sont les clés de la réussite d’un projet éducatif intégrant Wikipédia.
  • 6/6 – Liens connexes
    Une sélection de liens francophones autour de Wikipédia et l’éducation.



Wikipédia et éducation : un exemple de réconciliation 6/6

Cet article clôt le dossier Wikipédia et éducation : un exemple de réconciliation.

Il propose une sélections de liens pour informer, débattre et aller plus loin.

Liens francophones connexes

Revue de « presse » de ce dossier

  • Wikipédia comme support de travail universitaire ? – Adrienne Alix – Compteurdedit – 17 février 2009
    « Il va encore plus loin en se demandant s’il est plus formateur et plus utile à un étudiant de savoir argumenter sur un sujet donné (cadre d’une dissertation) ou de savoir présenter les connaissances liées à ce sujet, d’être capable de faire des recherches sur un sujet, de synthétiser des sources, de confronter son travail au regard des autres et de travailler en collaboration. C’est le genre de débat qui créerait immédiatement des hurlements dans une assemblée d’enseignants, mais je crois que c’est très intéressant si on se demande un peu ce que Wikipédia peut apporter à l’enseignement universitaire. Le volet argumentation pure, très académique, est une chose sans doute essentielle à maîtriser. Mais l’écriture collaborative, avec des exigences de qualité formelle et de sourçage, la synthétisation du savoir existant, la confrontation au regard des autres, toutes ces choses qui sont le principe même du fonctionnement de Wikipédia, je crois très sincèrement que c’est une part de pédagogie qui n’existe pas dans l’enseignement et qui serait pourtant très bonne pour l’esprit et très utile dans le monde professionnel, où on argumente rarement par dissertation. »
  • Une expérience canadienne réconcilie Wikipedia et éducation – Mathieu Grégoire-Racicot – Le Quotidien Jurassien – 20 février 2009
    « Avenir et partage de la connaissance pour les uns, royaume du plagiat et l’opinion mal formulée pour les autres, l’encyclopédie collaborative Wikipedia a une réputation controversée, sulfureuse, spécialement dans le monde de l’éducation. Or une petite histoire, rapportée par le très fouillé et très actif Framablog, tenu par un professeur de lycée français, montre à quel point des projets pédagogiques pourraient se trouver enrichis, encadrés et davantage formateurs en utilisant Wikipedia, non comme une source, mais comme aboutissement de travaux de recherche. »

Autour de l’éducation

  • Projets pédagogiques – Wikipédia
    « Si vous êtes un enseignant dans une école ou dans une université, nous vous encourageons à utiliser Wikipédia dans votre classe non seulement comme source d’information mais comme espace de rédaction et de construction de connaissances. »
  • Wikipédia : la rejeter ou la domestiquer ? – Eric Bruillard – Médialog 61 – mars 2007
    « Le phénomène Wikipédia interpelle le monde enseignant. Quelle confiance peut-on accorder à une encyclopédie rédigée par ses lecteurs et dont les articles sont modifiés en permanence ? Quelle place l’École peut-elle lui faire ? »
  • D’un Club Histoire à un Club Wikipédia – Sylvain Négrier – septembre 2008
    « Quels usages vos élèves font-ils de Wikipédia ? Wikipédia est visiblement une source d’information importante pour eux. Sa valorisation par les moteurs de ucation-a-education-exemple-projet-pedagogique-6exemple-projet-pedagogique-6recherche (dont Google) en fait un point de départ quasi obligé. C’est particulièrement net pour les TPE et l’ECJS. Le problème majeur, mais ce n’est pas une découverte, c’est le manque de recul (voire de compréhension) de certains élèves. Cela leur joue parfois des tours : lors d’une composition à faire à la maison (…) Ceci dit les élèves ne sont pas totalement naïfs, et je les invite à exercer leur esprit critique, y compris envers ce que je leur enseigne : je ne me considère pas comme infaillible. »
  • Wikipédia et le cours d’histoire – Les Clionautes – septembre 2008
    « L’encyclopédie en ligne est devenue un des pôles majeurs sur le web, et une référence de choix pour beaucoup d’élèves et enseignants. Elle fait néanmoins l’objet de réticences et a suscité des débats très vifs ces dernières années. Ce premier article, qui prolonge la page Wikipédia en débats, a pour objectif de revisiter les étapes et les enjeux d’un débat très médiatisé, sur fond de divergences quant à la vision de la société et de l’éducation. Une réflexion sur la place de Wikipedia à l’école invite à interroger nos pratiques, et à proposer des pistes pragmatiques, à court et à moyen terme. »
  • L’histoire peut-elle être Open Source ? Les historiens et Wikipedia – Roy Rosenzweig (traduction Clioweb) – juin 2006
    « L’histoire est un art (un métier ?) éminemment individualiste. Les travaux signés d’une seule personne sont la règle dans la profession (…) Cet individualisme qui caractérise la recherche en histoire est aussi très possessif. Afin de travailler honnêtement, et éviter les accusations de plagiat, nous autres historiens devons attribuer idées et expressions à ceux qui les ont émises (…) Il est donc presque impossible d’envisager dans notre culture professionnelle des travaux historiques dénués de propriétaire, effectués par une multitude d’auteurs anonymes. C’est pourtant la définition exacte de Wikipedia. »
  • Wikipédia tente de pénétrer le milieu éducatif – François Jarraud – Café Pédagogique – décembre 2005
    « Le problème c’est que Wikipédia n’est malheureusement plus un outil recommandable pour les enseignants. Le projet, fort sympathique au départ, sert des intérêts qui suscitent des interrogations (…) Tant que la clarté ne sera pas faite sur le fonctionnement de Wikipédia et le ménage dans ses articles, nous déconseillons aux enseignants de l’utiliser avec les élèves. »
  • Wikipédia, une encyclopédie sans auteurs ? – Serge Pouts-Lajus – Les dossiers de l’Ingénierie Educative n°58 – juin 2007
    « Wikipédia est un projet apparemment sympathique. Il possède des qualités qui ne peuvent lui être contestées et auxquelles je suis, comme tout le monde, sensible : l’encyclopédie libre est utile, gratuite et d’accès facile. Mais justement, lorsqu’il s’agit de savoirs, d’œuvres de l’esprit et de culture, les considérations utilitaristes ne suffisent pas. Tant que l’on reste attaché au principe de responsabilité des individus et des collectifs particuliers relativement aux œuvres qu’ils produisent, il n’est pas possible d’adhérer à un tel projet. »
  • De sévères critiques de Wikipédia – Alithia – Blog : Wikipédia ou le mythe de la neutralité – janvier 2007
    « Cet article et le suivant qui le complète, cite un très grand nombre de critiques faites à wikipedia, par des professionnels de l’enseignement, de la recherche et de l’éducation. »
  • L’édition de référence libre et collaborative : le cas de Wikipédia – INRP – mars 2006 (le dossier complet en pdf)
    « Selon Cormac Lawler, Wikipedia n’est pas simplement une encyclopédie, ni même un nouveau modèle éditorial : le projet présente en effet les caractéristiques d’une organisation apprenante tant dans sa structure que dans son fonctionnement. A la lumière des recherches sur les communautés virtuelles ou les communautés de pratique, il identifie les éléments de convergence suivants : Wikipedia est auto-gérée, auto-sélective et auto-évolutive. Le potentiel de la communauté réside selon lui dans la promotion d’une pédagogie de la découverte et dans le développement de l’esprit critique nécessaire à son fonctionnement. Le conflit est perçu comme un ingrédient nécessaire à la négociation car il requiert une mise en perspective des différents points de vue et une prise en compte des différences culturelles (…) La confrontation des partis-pris culturels est un signe d’action critique manifeste dans un contexte où l’adhésion à la règle de neutralité est partagée et où la convivialité est assumée comme essentielle. »
  • Le phénomène Wikipédia : une utopie en marche – Christian Vandendorpe – Le Débat, no 148 – janvier 2008
    « Au lieu d’élever un pare-feu autour de Wikipédia, l’École aurait donc tout intérêt à s’en servir comme d’un outil pédagogique. Outil d’éducation pour apprendre à respecter le bien public et à ne pas vandaliser des articles ; outil de formation à la lecture critique, surtout, afin d’apprendre à ne pas prendre pour argent comptant tout ce qui s’écrit : en vérifiant la présence de sources crédibles, en comparant divers états d’un article, en comparant la version française avec des versions rédigées dans d’autres langues, en faisant des recherches complémentaires dans d’autres sources, numériques ou imprimées. Une telle attitude critique est plus nécessaire que jamais, alors que le mensonge et la dissimulation s’épanouissent dans la culture anonyme du web et que les plus hautes sphères de l’administration de pays qui se présentent comme des modèles de démocratie pratiquent la désinformation à grande échelle, comme on l’a vu lors de la campagne qui a conduit les États-Unis à envahir l’Iraq. »
  • Wikipédia, un objet problème en information-documentation – Pascal Duplessis et Laure Endrizzi – mai 2008
    « En premier lieu, certainement, Wikipédia s’affiche en tant qu’objet documentaire, support de ressources informationnelles, et dont l’usage doit pouvoir être garanti : l’information offerte, même si elle est gratuite et facilement accessible, est-elle pour autant « consommable », c’est-à-dire sans risque de préjudice pour la santé intellectuelle ? Si de nombreux collègues de discipline ne s’offusquent pas de cette incertitude, sans doute par insuffisance d’expertise, le garant de l’information documentaire en circulation dans l’établissement, lui, s’en inquiète. Quel statut accorder à cet apport d’information au regard des autres ressources disponibles dans ou à partir du CDI ? Quelles précautions prendre ? Quel type d’accompagnement proposer aux élèves ? Quel discours tenir au sujet de Wikipédia ? »
  • Wikipédia – Une encyclopédie libre, gratuite et écrite coopérativement – Alain Caraco – BBF – août 2004
    « Wikipédia est-elle l’encyclopédie qu’attendaient les bibliothèques publiques françaises ? J’aurais tendance à répondre oui et non à la fois. Non dans son état actuel : trop de domaines sont insuffisamment couverts, trop d’articles sont encore à l’état d’une ébauche rédigée hâtivement. Mais, très certainement, oui dans un état futur (…) La Wikipédia en ligne ne peut être qu’en travaux permanents. C’est une sorte de chaudron bouillonnant, où l’on produit la matière première, toujours instable. Des éditions stabilisées, monolingues ou multilingues, sur cédérom, sur papier ou en ligne pourraient en être dérivées. Elles pourraient même être vendues par des éditeurs commerciaux, avec de la valeur ajoutée, notamment en matière de présentation ou d’illustration. Ce modèle économique existe déjà pour les logiciels libres : on peut télécharger Linux auprès de la communauté des développeurs, ou bien acheter une version commerciale, avec un mode d’emploi et une assistance téléphonique. »
  • C’est rien qu’à cause de Wikipédia si nos enfants échouent ! – Framablog – octobre 2008
    « Hier on apprenait en Écosse que c’est Internet qu’il faut blâmer pour le taux d’échec aux examens (…) Wikipédia, parmi d’autres sources, était cité comme étant la raison pour laquelle les étudiants échouent. Est-ce que Internet les rend stupides ? Ou bien est-ce que les étudiants ont seulement besoin d’apprendre à utiliser les nouveaux outils de recherche du Web de façon plus appropriée ? »
  • Ceux qui disent non… à Wikipédia – Astrid Girardeau – Les Écrans – janvier 2008
    « Diaboliser et interdire des sites Internet sous prétexte que les étudiants n’utilisent pas assez leurs propres cerveaux et les contenus académiques, on a vu plus constructif et efficace. Quand on observe l’ergonomie ou la disponibilité des outils d’information académiques accessibles à l’université pour les étudiants, fait remarquer Ertzcheid, on comprend hélas très facilement pourquoi ils préfèrent utiliser Wikipédia ou Google. S’en désoler ne servira à rien. »
  • Wikipédia est un projet encyclopédique et un bien commun de l’humanité – Astrid Girardeau – Les Écrans – janvier 2008
    « Pour 1 enseignant ou 1 université interdisant d’utiliser Wikipédia, 100 autres forment les étudiants à son usage, les aident à décrypter ses contenus. Ce faux-procès en incompétence qui est de plus en plus souvent fait à Wikipédia est d’autant plus horripilant que Wikipédia affiche clairement sur sa page d’accueil le fait qu’elle ne doit pas être utilisée comme une source primaire d’information. »

Plus général

  • Wikipédia – Wikipédia
    « Comme l’indique la première ligne de sa page d’accueil, Wikipédia a pour slogan : Le projet d’encyclopédie librement distribuable que chacun peut améliorer. Ce projet est décrit par son cofondateur Jimmy Wales comme un effort pour créer et distribuer une encyclopédie libre de la meilleure qualité possible à chaque personne sur la terre dans sa langue maternelle (…) En revanche, Wikipédia n’a pas pour but de présenter des informations inédites. Comme pour les encyclopédies classiques, son ambition se limite à exposer des connaissances déjà établies et reconnues. Les travaux personnels ou originaux n’ont pas leur place dans Wikipédia. »
  • Critiques de Wikipédia – Wikipédia
    « Sébastien Blondeel, dans un livre sur Wikipédia, a écrit en 2006 : Wikipédia est un projet avec lequel il faudra compter. Et si les critiques commencent à se faire entendre, c’est paradoxalement plutôt bon signe : justifiées, elles permettent de prendre conscience des problèmes ; gratuites ou exagérées, elles confirment l’influence et le succès du projet. »
  • Wikipédia : constats et propositions – Nat Makarevitch – avril 2006
    « Ce document expose des problèmes et incohérences de Wikipedia, projet d’encyclopédie libre publiée sur le Web, dans le but de l’améliorer, non de dénigrer. Nous y montrons le caractère abusif de certaines actions menées par certains contributeurs. »
  • WikiGrill – Les articles de Wikipédia passés sur le gril de Books
    « Pour remarquable qu’elle soit, et globalement salutaire, l’entreprise Wikipédia invite à la critique. Si beaucoup d’articles de cette encyclopédie d’inspiration démocratique sont de grande qualité, d’autres ne résistent pas à un examen attentif. Soit parce que leur contenu est léger ou inconsistant, soit parce qu’il est manipulé, parfois avec une grande habileté, par des internautes ou des lobbies qui défendent un intérêt. Or, Wikipédia est devenu le premier mode d’accès au savoir pour les jeunes et les moins jeunes qui, sans avoir reçu de formation universitaire poussée, naviguent quotidiennement sur le web. Avec sa rubrique WikiGrill, Books souhaite attirer l’attention sur l’existence de biais qui influencent de manière plus ou moins cryptée la qualité ou l’objectivité de certains articles de Wikipédia. »
  • La réponse de Sylvain Négrier à l’initiative WikiGrill (décembre 2008) : Une lecture critique de Wikigrill
    « Les wikipédiens s’interrogent depuis longtemps sur ce qu’est un bon article. Ils ont défini progressivement deux labels, attribués après un vote des contributeurs, représentant chacun un palier dans le niveau des articles. Il s’agit du label Article de Qualité, le plus prestigieux, pour le moment décerné à un peu plus de 500 articles, et du label Bon Article, qui concerne près de 500 articles et qui récompense ceux qui sont satisfaisants mais qui paraissent encore améliorables. Les conditions d’attribution de ces labels se sont considérablement durcies ces derniers mois, au grand dam de certains wikipédiens, essentiellement pour que ces articles, proposés comme vitrine de Wikipédia (notamment en page d’accueil), puissent échapper aux critiques les plus évidentes. Cela ne constitue toutefois pas une garantie totale : ces articles ne sont que très rarement relus par d’authentiques spécialistes, et les discussions lors des votes se portent assez volontiers sur les aspects formels. Il aurait donc été particulièrement intéressant que les auteurs de Wikigrill™ s’attachent prioritairement à ces articles labellisés. Sont-ils réellement d’un bon niveau ? La procédure d’attribution des labels telle qu’elle existe est-elle à même de repérer les meilleurs articles ? Ne faudrait-il pas la remplacer par une relecture par un/des spécialiste(s) ? »
  • La réponse de Jean-Claude Guédon à l’initiative WikiGrill (janvier 2009) : Wikipedia ? Moi, j’aime plutôt bien
    « Wikipedia n’est pas un produit textuel fixe offert à la consommation; il s’agit d’un processus incessant qui nous convie à la table du plus grand banquet intellectuel jamais construit dans l’histoire de l’humanité. Déjà étonnamment utile, essayons d’imaginer ce que ce sera dans dix ou vingt ans. »
  • L’encyclopédie de non-référence – Denis Berger – février 2005
    « On sait que l’idée de Wikipedia, comme sa licence LGPL, viennent de l’univers du logiciel libre, tendance Stallman, et visent à reproduire dans le domaine de la connaissance ce qui a si bien réussi dans celui de l’informatique : l’élaboration d’un bien commun par la participation de tous, en fonction des moyens de chacun, puisque tout un chacun est présupposé dépositaire d’une parcelle de connaissance qui, si menue soit-elle, est susceptible d’intéresser l’ensemble. Mais la ressemblance entre un programme et une encyclopédie se limite au fait que, dans un cas comme dans l’autre, il faut commencer par les écrire ; le programme, lui, ensuite, s’exécute, et dispose donc de son propre système de correction d’erreurs, brutal mais efficace : s’il est mal écrit, il plante. Il offre donc, paradoxalement pour un logiciel libre par définition livré sans, une garantie quant à son fonctionnement, la disponibilité des sources comme des programmeurs permettant, de plus, en l’espèce, de résoudre rapidement les problèmes. Autrement dit, l’exportation de ce concept, tel qu’il est présenté, vers un projet encyclopédique se révèle privé de pertinence puisque, là, rien, en dehors d’une éventuelle relecture d’un participant qui pourra peut-être se trouver contredite un peu plus tard par un autre, ne garantit la qualité de l’information publiée ; ici, le mécanisme cumulatif et automatique qui permet l’amélioration continue du logiciel libre ne joue pas.  »
  • Inside Wikipédia – Camille Gévaudan – Les Écrans – juillet 2008
    « Ecrans.fr s’invite à l’intérieur de Wikipédia et vous propose d’aller voir comment un projet aussi pharaonique peut fonctionner au quotidien. »
  • Wikifeuilleton – Le Tigre
    « Les coulisses de l’encyclopédie collaborative Wikipedia. »
  • À propos de Wikipédia – Rui Nibau – Framasoft – mars 2006
    « Ici, je n’ai fait que voir un verre à moitié vide en n’abordant qu’un unique aspect des critiques formulées à l’encontre de Wikipédia. D’autres internautes peuvent – à juste titre – le voir à moitié plein. A un moment de son histoire où l’encyclopédie acquiert une visibilité croissante dans d’autres médias, et attire donc l’attention d’acteurs aux intérêts divergents, l’avenir proche nous dira si ce verre finira par se remplir ou par se briser. » (et la réponse de Nojhan : Wikipédia, l’encylopédie asymptotique)
  • Wikipédia : le refus du pouvoir – Mémoire de fin d’étude de Sylvain Firer-Blaess – Institut d’Etudes Politiques de Lyon – 2006/2007
    « Wikipédia refuse le pouvoir : elle refuse la possession de l’information aux plus fortuné, en rendant l’information libre. Elle refuse aussi la production du savoir par quelque uns, en donnant ce pouvoir à tous. Elle refuse dans son organisation les statuts spéciaux, elle refuse la centralisation de la surveillance et de la décision. Ainsi elle dissout le pouvoir et en donne une parcelle à chacun : le pouvoir de décider, le pouvoir de créer le savoir, le pouvoir de s’informer. Elle empêche ainsi fortement les processus de domination dans son organisation interne. Elle a aussi un impact sur le monde réel, impact certes minime, mais donner la possibilité aux personnes qui disposent d’une connexion internet de disposer d’un savoir libre et gratuit, c’est déjà quelque chose. »
  • D’Amour & de Neutralité : Ce(ux) qui résiste(nt) – Martin Erpicum – Mémoire universitaire – juillet 2005
    « L’objet empirique de ce mémoire est l’encyclopédie libre Wikipédia. De tout temps, les encyclopédies ont été un support à l’apprentissage d’un intérêt certain. L’apparition d’un type d’encyclopédie rédigée coopérativement par des pairs sur le réseau Internet a entraîné bon nombre de questionnements : critères de validation de la connaissance, contrôle des actes de vandalisme, régulation des contributeurs, etc. Afin d’éclairer en partie ces questionnements, le présent travail va tenter de décrire les pratiques de régulations inhérentes à la tâche de rédacteur encyclopédique, et de rendre compte des contraintes et normes émergentes qui encadrent l’activité des pairs. »

Succincte bibliographie

  • « Wikipédia, Découvrir, utiliser, contribuer » – Florence Devouard et Guillaume Paumier – Presses universitaires de Grenoble – janvier 2009
    « Ce livre vous guide à la découverte de cette gigantesque fourmilière et vous explique comment utiliser efficacement son contenu. Il vous incite ensuite à devenir acteur et à participer à la rédaction de l’encyclopédie, quels que soient votre âge et vos domaines de compétences. »
  • Wikipédia, Média de la connaissance démocratique ? Quand le citoyen lambda devient encyclopédiste – Marc Foglia – FYP Éditions – novembre 2007
    « Cherchez n’importe quel mot sur Google… Les deux premières pages de résultat, celles qui comptent, renvoient presque invariablement à un article de Wikipédia. Comment cette encyclopédie d’un nouveau genre s’est-elle installée comme une source universelle de connaissance, et désormais comme un réflexe intellectuel ? L’origine de ce phénomène, son fonctionnement et son évolution fulgurante sont autant d’appels à la réflexion.Wikipédia c’est la dématérialisation de la connaissance et la progression de son accessibilité : peut-on parler d’un nouveau média ? d’une Toile dans la Toile ? Que devient la propriété intellectuelle dans ce partage gratuit de la connaissance ? Pourra-t-on parler d’une « génération Wikipedia » ? Quels sont les risques que fait courir l’encyclopédie libre à la connaissance, au jugement et à l’esprit critique ? Ces interrogations nous permettent d’éclairer d’autres phénomènes contemporains comme le travail collaboratif en réseau, la frontière entre biens marchands et biens non-marchands, la frontière entre travail et bénévolat, la démocratie à l’ère du numérique, etc. Par une approche critique, philosophique et sociologique, l’ouvrage analyse en profondeur cette « l’encyclopédie collaborative » comme un phénomène émergent, comme expression de tendances de fond de la modernité au XXIe siècle, et une innovation remarquable susceptible d’éclairer d’autres évolutions de la société contemporaine. »
  • Wikipédia – Comprendre et participer – Sébastien Blondeel – Eyrolles – avril 2006
    « Qui n’a entendu parler de Wikipédia, l’encyclopédie collaborative de l’Internet la plus vaste et la plus consultée ? Qui ne connaît ce projet international auquel des experts de tous domaines contribuent ? Née en 2001, Wikipédia compte plus de trois millions d’articles début 2006, 120 langues actives, un million d’articles en anglais, 250 000 en français. Ce livre explique comment l’explorer et y participer, dans quelles limites réutiliser son contenu et quels sont ses secrets de fonctionnement (financement, contexte politique). »

El Senor Presidente - Accueil Wikipédia - 5 mai 2008

Les autres articles du dossier

  • 1/6 – Introduction
    Un projet pédagogique « de qualité ».
  • 3/6 – Le projet vu par un éditeur de Wikipédia
    Le point de vue d’un éditeur de Wikipédia, membre de « l’équipe des Articles de Qualité », ayant accompagné et soutenu les étudiants pendant la durée de leurs travaux.
  • 6/6 – Liens connexes
    Une sélection de liens francophones autour de Wikipédia et l’éducation.



La migration OpenOffice.org vue par un proviseur de lycée

Snow Kisses Sky - CC byD’ordinaire ce sont les enseignants qui viennent à la barre témoigner de l’intérêt de substituer la suite propriétaire MS Office de Microsoft par la suite bureautique libre OpenOffice.org (sachant que tout est fait par la partie adverse pour ralentir le mouvement).

D’où l’intérêt d’avoir ici la chronique objective d’un proviseur de lycée[1], qui nous explique ses motivations et dresse un premier bilan de l’opération. Travaillant dans un établissement scolaire qui a effectué il y a deux ans la même migration, je me suis reconnu sans peine dans son récit.

Quant à la conclusion, elle est à graver dans le marbre : « Le poids des habitudes et du nombre pèse alors fortement, incitant par souci d’efficacité, dans un monde et dans un domaine où le temps l’emporte sur les principes, à une comparaison technique en défaveur des logiciels libres. Dans notre métier, le temps et la récurrence sont facteurs de réussite ; il convient, me semble-t-il, au regard de l’importance et de la légitimité des enjeux, d’attendre et de persévérer… »

Logiciels libres au Lycée Français International de Pékin

URL d’origine du document (EPI)

Stéphane Sachet – Pékin, le 14 janvier 2009

Paradoxe et pléonasme en deux mots, déjà toute la complexité de la relation à l’informatique s’impose à nous.

Mais restons plus pragmatique, pourquoi et comment avons-nous basculé, au Lycée Français International de Pékin, vers les logiciels libres.

Pour fixer rapidement le contexte, l’établissement en gestion directe de l’AEFE, scolarise environ 1 000 élèves, de la petite section à la terminale, répartis sur trois sites.

Préparant un plan de mise à niveau de l’équipement informatique sur 3 ans, nous avons réalisé en janvier 2008 une enquête auprès des personnels pour identifier et préciser leurs besoins et leurs attentes relatives à l’outil informatique. À cette occasion nous les avons interrogés sur leur capacité à utiliser, dans le cadre professionnel, des logiciels libres et si oui, avec quel accompagnement.

Ce questionnement pose à la fois la question de l’utilisation d’outils commerciaux au sein d’un établissement scolaire mais aussi celles de la compétence technique et de l’engagement des personnels par rapport au TICE.

Pour l’équipe de direction, trois objectifs étaient clairement identifiés : éthique, juridique et financier.

  • Éthique, il va de soi que notre mission et les valeurs de l’école française nous engagent à former des élèves, mais des élèves libres de choisir, on peut même aller jusqu’à espérer, que s’il y a choix il y a réflexion… prémisse de la pensée.
  • Juridique, car tout personnel de direction sait qu’à l’épreuve de la réalité, nos moyens limités et le développement rapide de l’informatique peuvent aboutir à des solutions pirates et par conséquent à un risque juridique bien réel.
  • Financier, le coût d’achat des licences pèse bien sûr et de manière significative sur notre budget.

75 % des personnels se déclaraient être prêts à utiliser des logiciels libres, sous réserve pour une partie d’entre eux de pouvoir bénéficier, en interne de formations à ces logiciels.

La décision fut donc prise au printemps 2008 de basculer vers les logiciels libres sur les trois sites et pour tous les personnels, enseignants, administratifs, en installant durant l’été et à l’occasion du remplacement et de l’extension de nos réseaux la suite open office comprenant entre autres, OpenOffice.org Writer, OpenOffice.org Cal et OpenOffice.org Base.

Six mois après cette mise en oeuvre, que peut-on en dire ? Quels sont les écueils et les contraintes ?

En premier lieu, de façon prévisible, une période d’adaptation technique s’impose. Celle-ci permettant d’appréhender et de maîtriser les différences fonctionnelles d’utilisation entre les logiciels Microsoft et OpenOffice, temps proportionnel à la fréquence d’utilisation et au degré d’autonomie des utilisateurs.

En second lieu, vient la nécessité de mettre à jour pour les enseignants leurs bases de documents et de supports informatiques en relation avec la découverte et la maîtrise progressive des compétences informatiques, compétences clairement définies à cet égard par le B2i.

Enfin, se posent les problèmes d’une part, de communication entre utilisateurs, les logiciels libres n’étant pas majoritairement partagés entre partenaires institutionnels et d’autre part, les problèmes de continuité de pratique, les personnels et les élèves utilisant bien souvent à la maison des logiciels Microsoft, logiciels qu’ils ont découverts et appris à utiliser… à l’école !

Sur le plan technique la conversion des fichiers est assez simple à résoudre, en modifiant quelques habitudes à l’enregistrement.

S’agissant de la comparaison, il me semble que du moins pour la suite OpenOffice.org l’ergonomie et les fonctions avancées souffrent d’une fonctionnalité un peu moins grande. J’en veux pour exemple le publipostage ou le suivi de corrections sous Open office.org Writer ou encore les formules et les renvois sur OpenOffice.org Cal encore peu opérationnels pour les utilisateurs souvent autodidactes que nous sommes dans l’éducation.

Le poids des habitudes et du nombre pèse alors fortement, incitant par souci d’efficacité, dans un monde et dans un domaine où le temps l’emporte sur les principes, à une comparaison technique en défaveur des logiciels libres.

Dans notre métier, le temps et la récurrence sont facteurs de réussite ; il convient, me semble-t-il, au regard de l’importance et de la légitimité des enjeux, d’attendre et de persévérer…

Stéphane Sachet
Proviseur au Lycée Français International de Pékin

Notes

[1] Crédit Photo : Snow Kisses Sky (Creative Commons By)




Largage de liens en vrac #11

Linda Yvonne - CC byLes soldes sont passées mais cela n’empêche pas ce nouveau largage de logiciels libres de bénéficier de 100% de baisse sur 100% de la sélection.

Et ce n’est pas la peine de vous bousculer car il y en aura pour tout le monde selon le bon vieil adage rappelé récemment par Serge Soudoplatoff : « quand on partage un bien matériel il se divise, quand on partage un bien immatériel il se multiplie »[1].

  • PDFreaders.org : Une très intéressante initiative de la Free Software Foundation Europe listant tous les lecteurs PDF libres à disposition (histoire de mieux encore se passer du très lourd, au sens propre et figuré, lecteur d’Adobe)
  • SUSE Studio : Puissant utilitaire pour se créer sa distribution OpenSuse à la carte qui générerera automatiquement une image disque à graver sur CD/DVD ou à mettre sur sa clé USB. On s’en prend à rêver d’une telle application francisée et pas uniquement réservée à cette distribution. Voir aussi cette vidéo YouTube de présentation.
  • Geek.menu : Un fork du menu de la suite d’application portables PortableApps. Devrait intéresser toute l’équipe de notre Framakey.
  • Portable Ubuntu for Windows : Comme son nom l’indique il s’agit d’une version portable d’Ubuntu qui tourne sous Windows (si un visiteurs voulait bien tester pour nous en faire un petit retour…)
  • Impressive : Permet de faire de jolies présentations du moment que vous lui fournissez un PDF. Powerpoint en tremble déjà (j’exagère un peu quand même). J’aime bien le slogan qui en dit long : « the Chuck Norris of presentation software ! ».
  • SpeedCrunch  : Ambitionne ni plus ni moins d’être la calculatrice de base pour tous les OS (et pourrait bien y arriver tant sont déjà nombreuses les fonctionnalités).
  • The Guide : Pour Windows, permet d’organiser ses notes dans une organisation arborescente avec export en RTF, existe en version portable (peut-être un remplaçant de KeyNote ?)
  • PianoBooster : Un truc pédagogique autour de l’apprentissage du piano. Le plus simple est encore de voir la vidéo du site officiel.
  • Taekwindow : C’est tout simple mais c’est bien pratique si vous avez pris certaines (bonnes) habitudes Linux que vous ne retrouvez pas sous Windows. Permet en effet de manipuler et redimensionner les fenêtres de vos applications avec le même confort que dans X11.
  • Musicy : Permet d’enregistrer la musique des webradios (nécessite Windows + .NET + penser très fort au droit à la copie privée). Mieux expliqué ici que sur le pas du tout joli site officiel.
  • OpenOfficeMax : Un site 100 % dédié à OpenOffice Writer, imprimez et faites passer le dépliant ! (sans oublier l’affiche réalisée par l’APRIL et tous ses petits amis).
  • jQuery par Jarodxxx : Enfin un site portail consacré à jQuery en français ! (tiens, tant qu’on est dans le JavaScript, voici $fx() une toute légère bibliothèque pour mettre un peu d’animation dans vos pages web)
  • Sophie : Plate-forme permettant de créer des sorte de « livres en ligne » intégrant de nombreux médias. Le plus simple c’est encore d’aller voir tout de suite le demo books pour s’en faire une idée plus précise.
  • Google Blog Converters : Pour passer bien plus facilement qu’avec d’un moteur de blog à un autre moteur de blog (moteurs pour le moment supportés : WordPress, Blogger, LiveJournal, MovableType et grand absent : Dotclear)
  • Sonar : Pour les développeurs, une application puissante de contrôle de qualité de code (parce que sinon personne ne pourra améliorer votre logiciel). Voir cette présentation en français.
  • AVS : Un logiciel de gestion de configuration logicielle (+ rapport de bugs) passé récemment en libre à ce que j’ai compris.
  • Tree Visualization : En Java, permet de graphiquement visualiser vos données de plein de manières différentes (pourra intéresser le monde universitaire par exemple).
  • Dooble : Un navigateur Internet qui met l’accent sur la sécurisation de notre vie privée en ne laissant strictement aucune trace. S’appuie sur l’original moteur de recherche YaCy dont il faudrait peut-être parler plus souvent (uniquement Windows pour le moment).
  • Jolicloud : L’OS Linux spécial Netbook de Tariq Krim (ex-Netvibes) va bientôt voir le jour. Grosse concurrence en perspective puisque HP vient de sortir sa très prometteuse version customisée d’Ubuntu pour ses HP Mini Mi Edition.
  • Google Sitemap Generator : Nouveauté Google pour webmasters, permet de dire aux moteurs de recherche quelles sont les pages et les mises à jour disponibles pour l’indexation d’un site Web (c’est du Google donc attention à ce que vous souhaitez lui faire faire de vos données).
  • Bonkey : Efficace logiciel de sauvegarde pour Windows ou Mac (qui est passé en libre parce que l’auteur n’a plus le temps de s’en occuper !)
  • Moonlight : Implémentation Linux du plugin Microsoft Silverlight pour FIrefox (réalisé par Novell pour que les internautes linuxiens puissent tout de même suivre en direct l’investiture d’Obama).
  • GNOME Do : Lance vos applications et recherche intelligemment vos fichiers dans une très esthétique interface (c’est pour GNOME mais était-ce la peine de le préciser ?).
  • LÖVE : Un moteur de jeu en 2D qui devrait intéresser les gamerZ en herbe.
  • COQOS d’OpenSynergy : Le système d’exploitation universel pour la voiture de demain, d’après leurs dires et c’est du Linux embarqué of course. Un article en anglais pour en savoir plus.
  • Mirrors.163.com : Gros site miroir de distributions GNU/Linux à garder dans ses marque-pages.

Notes

[1] Crédit photo : Linda Yvonne (Creative Commons By)




Quand Serge Soudoplatoff nous parle d’Internet

Quand Serge Soudoplatoff nous parle d’Internet (et des mutations organisationnelles qu’il engendre) c’est non seulement accessible au grand public mais c’est surtout tout à fait passionnant.

Très à l’aise devant son auditoire, Serge Soudoplatoff réussit la gageure de partir un peu dans tous les sens (avec exemples, citations et anecdotes à l’appui) tout en restant cohérent avec sa ligne directrice.

Une intervention de 45 minutes donnée le 4 juillet 2008 au CEDAP et intitulée : « Comment Internet change nos organisations »

—> La vidéo au format webm

Pour en savoir plus sur l’auteur, rendez-vous sur son blog et en attendant voici une courte et caustique présentation telle qu’elle apparait sur AgoraVox.

Serge Soudoplatoff est vraiment né le 27 décembre 1954 par une longue nuit d’hiver. Les loups hurlaient dans la steppe. Sa mère, bretonne, lui apporta le goût du beurre et son père, russe, celui de la vodka. Cela perdure.

Après des études très primaires, qui devinrent vite secondaires, c’est en passant à Paris dans la rue de la Montagne Ste Geneviève en septembre 1973 que, la porte étant ouverte, il entra par hasard dans une prestigieuse école française. A sa sortie, trois ans plus tard, il se dirigea vers la cartographie, confondant dessiner le monde et le changer. Après 5 ans de recherches et de voyages à l’Institut Géographique National, il décida de quitter le traitement de l’image pour s’intéresser à celui de la parole dans un centre de recherche français, et américain, d’un grand constructeur d’ordinateurs. Après 5 ans de voyages et de recherches à IBM, il décida que la parole à une dimension ne valait pas mieux que l’image à deux, et se résigna à ne plus traiter que des problèmes ponctuels, en devenant directeur d’un centre de recherche en informatique dans une grande SSII. Après 5 ans à Cap Gemini Innovation, il alla mettre en réseau le monde de la recherche et celui des entreprises dans une association, le Cercle pour les projets Innovants en Informatique. C’est là qu’il comprit le passage de l’information à l’innovation, l’articulation entre l’informatique et la sociologie et la psychologie.

Ceci le fit bizarrement atterrir à la direction de l’innovation de France Telecom, où il s’est employé pendant trois ans à rendre concrètes les profondes mutations qu’engendre le monde Internet.

Il a finalement décidé de se muter lui-même en devenant fondateur d’une entreprise en essaimage de France Telecom, Highdeal, puis en créant Almatropie, dédiée à convaincre de l’importance d’Internet.




Écoquille et Grand Ménage : un peu d’écologie sous Creative Commons

Seier - CC byAu hasard de mes fils RSS, je suis tombé sur les « Écoquilles », un concept original de maisons écologiques, dont je vous invite à parcourir le site du projet pour en savoir plus et éventuellement vous faire une idée de sa viabilité. En gros il s’agit d’une sorte de coquille de bateau en bois renversé (à comparer avec les containers étudiants par exemple). Parmi les problèmes rencontrés, il y a la législation qui n’aime pas trop les toits arrondis à ce que j’ai compris. Nous leur souhaitons bonne chance en tout cas[1].

On peut lire ici que le concept de l’Écoquille est mis à disposition de tous selon les termes de la licence Creative Commons By-Nc-Sa. Quand il y aura des plans plus détaillés sur leur site (j’imagine que cela ne saurait tarder) on pourra donc potentiellement construire sa propre Écoquille si cela nous chante (et si cela chante aussi aux pouvoirs publics !).

J’ai également noté le guide Le Grand Ménage – Recettes écologiques et économiques pour l’entretien de la maison dont voici un extrait de la présentation.

Le but de ce livret est de nous faire partager une expérience. Partager. Voilà un bien joli mot.

Au mois de juin 2005, Raffa, écologiste convaincue, eut une merveilleuse idée : créer son propre « blog », pour transmettre ce qu’elle avait appris et nous donner envie, à nous aussi, de nous occuper de notre planète au quotidien.

Nous nous sommes penchés sur l’état de nos placards encombrés de produits chimiques, pour la plupart dangereux : un pour le lavage des sols, un pour le lavage des vitres, un pour les plaques de cuisson, un pour les WC, un pour la salle de bain, un pour… Ce douloureux inventaire à la Prévert sonnait comme un appel au secours, une urgence de premier plan. Il n’était plus possible de continuer ainsi.

Ce livret est disponible en téléchargement sur le site des auteurs mais également en livre. Il est placé sous licence Creative Commons By-Nc-Nd. Un peu dommage pour le coup cette clause de non modification qui interdit de s’emparer du guide pour le modifier, alors que c’est typiquement un sujet qui appelle amélioration au cours du temps. On notera également que seules les versions PDF sont disponibles et non les fichiers sources.

Il n’empêche que voilà deux exemples intéressants d’usage des Creative Commons dans le champ écologique. En connaissez-vous d’autres ?

Notes

[1] Crédit photo : Seier (Creative Commons By)




J’avais vingt ans, je voulais écrire un opéra et changer le monde

Takacsi75 - CC byJ’aurais pu intituler ce billet « Affaire étrangère, l’opéra très libre de Valentin Villenave » mais j’ai préféré garder la première phrase issue de l’article du blog de son auteur présentant le projet, article qui m’a tant séduit que je me suis permis de le reproduire en intégralité ci-dessous.

Pour ce qui est de changer le monde, nous attendrons encore un peu (mais nous acceptons d’ores et déjà bien volontiers de l’accompagner). Par contre il ne lui aura pas fallu plus de quatre ans pour voir le rêve se concrétiser puisque la ville de Montpellier vient tout récemment d’accueillir les premières représentations de son opéra (dont vous trouverez tous les détails dans ce document).

Pourquoi évoquer cette œuvre sur le Framablog ? D’abord parce qu’il y a des outils et des licences libres dans les coulisses. En effet c’est sous l’éditeur musical LilyPond qu’ont été conçues les partitions de l’opéra[1]. Et puis surtout l’ensemble de l’opéra est placée sous une licence originale, créée m’a-t-il semblé pour l’occasion, la Libre Opera License v.0.2, savant mélange de GNU GPL et de Creative Commons By-Nc-Sa (on se retrouve avec cette double licence parce que, à ce que j’ai compris, LilyPond fonctionnant un peu comme LaTeX, les sources sont sous GPL mais les compilations sont sous CC By-Nc-Sa).

Mais au delà du choix des logiciels et des licences libres (ou ouvertes), c’est surtout l’état d’esprit de Valentin qui m’a impressionné. Je n’en ferai pas un quelconque porte-drapeau mais à 24 ans il témoigne je crois de cette nouvelle génération qui souhaite profiter des nouvelles technologies bien plus pour partager que pour consommer, n’en déplaise à ceux qui aujourd’hui se cramponnent aux rênes de toute l’industrie culturelle et musicale.

PS : Je crois savoir que Valentin Villenave est un lecteur assidu du Framablog. Autrement dit n’hésitez pas à l’encourager et/ou lui poser quelques questions dans les commentaires (par exemple sur son choix de la clause non commerciale), je suis certain qu’il se fera la gentillesse de venir y répondre.

Chronique d’une étrange affaire

URL d’origine de l’article

Alors, voilà.

J’avais vingt ans; je voulais écrire un opéra. Et changer le monde.

De l’influence déplorable du cinéma de René Clair sur une jeune âme trop imaginative.

Dans un de mes films préférés (Les Belles de nuit, René Clair, 1952), Gérard Philipe incarne un jeune professeur de piano, en décalage avec une société contemporaine bureaucratique, conformiste, inhumaine ; tout change subitement le jour où l’on apprend qu’il a écrit… un opéra. Comme par magie, le monde s’illumine alors, les regards se font respectueux, et le héros trouve enfin sa place parmi les personnages, unis dans une même allégresse.

Tel est pour moi l’opéra : un mot magique. Une légitimité, des lettres de noblesse : devenir quelqu’un.

À l’âge de vingt ans (c’était il y a quatre ans), j’avais écrit quelques pièces instrumentales d’envergure très modeste, et qui n’avaient pour ainsi dire jamais été jouées. Je gagnais ma vie – c’est encore le cas – en donnant des cours de piano dans une obscure banlieue parisienne, et j’écrivais chaque année, littéralement, des centaines de petits morceaux dans les cahiers de mes élèves, qui partaient ensuite à tous les vents.

Depuis des années, j’avais été pour ainsi dire adopté par une petite compagnie d’opéra, dont j’avais été le tourneur de pages puis l’accompagnateur en titre, et qui montait chaque année des pièces du grand répertoire, le plus souvent en partenariat avec les écoles du voisinage (où les écoliers, après avoir assisté à une répétition lyrique, posaient souvent des questions judicieuses telles que « pourquoi le monsieur crie comme ça ? »).

Sans vraiment y croire, je caressais l’envie de leur écrire un opéra, en signe de gratitude. Je m’étais mis à la recherche d’un livret qui soit percutant et rythmé – pas évident à trouver dans le théâtre contemporain.

Entrée en scène de Lewis Trondheim, et ce qui s’ensuivit.

Je connaissais l’œuvre de Lewis Trondheim depuis l’âge de dix ans, où j’écumais chaque semaine les rayons bande dessinée de la bibliothèque municipale. Des formidables aventures de Lapinot, qui revisitaient la bande dessinée animalière enfantine avec un humour absurde et satirique, j’étais passé à ses œuvres les plus avant-gardistes –- car Lewis n’était pas que drôle et accessible à tous, mais également en perpétuelle quête de renouveau et d’expérimentation formelle, toujours dans un esprit ludique.

Cet auteur complexe et attachant avait une propension à susciter chez ses fans un véritable culte, auquel je n’ai pas échappé. À vingt ans, j’avais méticuleusement lu la totalité de son œuvre, au besoin en téléchargeant ses albums illégalement sur Internet. Je poursuivais à l’époque, à tout hasard, une maîtrise de Lettres modernes consacrée à son œuvre ; un jour il m’apparut comme une évidence que je ne souhaitais pas tant travailler sur Lewis Trondheim que travailler avec lui.

Peu d’auteurs confirmés et reconnus répondraient à un jeune inconnu qui leur propose de participer à l’écriture d’un opéra ; c’est pourtant ce qui se produisit. Lewis Trondheim accepta immédiatement et avec enthousiasme, et me proposa de partir de l’album Politique étrangère qu’il avait réalisé en 2001 avec Jochen Gerner. Dans son œuvre, toujours influencée par la bande dessinée animalière, c’était une exception : les personnages étaient des êtres humains. De plus, cette histoire de château me renvoyait à toute une tradition opératique (La Clémence de Titus de Mozart, par exemple), entrecroisée en l’occurrence avec Jarry, Ionesco… et un tantinet des Marx Brothers.

Bref, nous nous retrouvions à pied d’œuvre, sans aucune certitude quant à une hypothétique concrétisation du projet, faute de moyens, et en tentant de limiter le nombre de décors et de personnages.

Le livret faisait l’objet d’un véritable ping-pong de courriers électroniques entre Lewis et moi-même (nous ne nous étions jamais rencontrés ni téléphoné). Ouvert à mes suggestions mais sans complaisance, il avait très vite compris la problématique bien particulière de l’opéra, genre tout aussi hybride que la bande dessinée : le texte et la musique participent de façon complémentaire à la construction du sens, et il faut constamment veiller à ce que l’un n’affaiblisse pas l’autre (soit parce que trop insignifiant, soit au contraire parce que trop chargé de sens).

En peu de temps, deux événements vinrent changer complètement la tournure du projet. Le premier fut le décès tragique, à l’été 2005, du metteur en scène de la compagnie, Michel Blin, à qui je dois tout ce que je sais sur l’opéra, et à qui cette œuvre est dédiée. Le second, plus insignifiant, fut que Lewis Trondheim se vit récompenser, début 2006, par le Grand Prix du festival de bande dessinée d’Angoulême.

Les chanteurs de la compagnie eux-mêmes me pressèrent de profiter de cette occasion pour présenter mon projet à une structure plus officielle, et lui donner ainsi une nouvelle envergure. Un dimanche de février, j’envoyai sans trop y croire un mail à l’opéra de Montpellier (simplement parce que c’était la ville de mon librettiste) ; deux heures plus tard, M. René Koering me répondait que l’Opéra se ferait une joie de créer ce projet…

Éléments (en vrac) d’une esthétique (en chantier).

Je ne m’acquitterais pas du minimum syndical sans insérer ici quelques mots sur mon écriture, quitte à enfoncer pas mal de portes ouvertes. Suivant les (rares) personnes à qui j’ai pu la montrer, ma musique suscite les réactions les plus diverses, tantôt qualifiée de dissonante et inaudible, tantôt à l’inverse, de facile, insipide et réactionnaire. J’imagine que mon esthétique (s’il y en a une) se situe quelque part entre les deux – sans espoir de savoir où.

Les répertoires que j’ai joués et lus, certainement, transparaissent, à commencer par les opéras du XVIIIe siècle (Mozart), dont je me sens plus proche que ceux du XIXe siècle. En particulier, la rigueur formelle est pour moi une obsession ; toutes les structures de la pièce, du nombre de tableaux, de mesures, de temps, aux dispositions vocales et instrumentales, ont donné lieu à des contraintes et des jeux mathématiques.

La mise en valeur du texte est un travail avant tout rythmique : dégager de la prosodie les accents, les structures rythmiques, les gestes de tension et de détente (c’est la base de toutes les musiques parlées, de la mélopée antique au rap) ; je les ordonne ensuite suivant des principes très formels, puis les renforce par des motifs mélodiques et harmoniques, toujours suivant des contraintes arbitraires : modes, rapports d’intervalles, etc.

Un autre de mes soucis est de tout faire pour faciliter la vie des interprètes. À commencer par la notation : une partition doit faire sens au premier coup d’œil, sans nécessiter de mode d’emploi. Une certaine musique « contemporaine » arbore sa propre complexité avec fierté, et fait appel à des notations extrêmement complexes (en particulier d’un point de vue rythmique) ; même si je ne suis pas indifférent à la beauté étrange de tels objets, et que je ne nie aucunement leur apport au renouveau des langages musicaux, je crois qu’il est important que la musique « savante » n’en vienne point à se réduire à de telles écritures : faute de quoi elle cessera inéluctablement d’être pratiquée et appréciée par les « simples » citoyens, pour ne demeurer que l’apanage d’une poignée de spécialistes. L’idée d’« être compliqué pour être moderne » n’est ni sage, ni courageuse.

Où l’auteur se hasarde à quelques considérations coupablement politiques.

Je ne sais si je peux me prétendre compositeur ou même musicien ; mais je veux vivre et agir en citoyen.

Puisque j’en suis à accumuler les clichés, je veux mentionner qu’il m’a été donné d’avoir vingt ans à Paris en étant payé deux fois moins que le seuil de pauvreté ; il m’a été donné de chercher un logement des mois durant, en expliquant que j’étais prof de piano, ou bien étudiant, à tout hasard et sans plus de succès ; il m’a été donné de connaître de près notre beau pays où se fait chaque jour plus palpable la peur et la haine des uns à l’égard des autres : riches et pauvres, vieux et jeunes, et ainsi de suite.

De tous ces écartèlements, celui de la culture et de la création m’interpelle le plus. Les dichotomies arbitraires n’y manquent pas : culture du passé contre culture dite actuelle, pratique amateur contre prétendu professionnalisme, art contemporain contre art soi-disant populaire, j’en passe et des meilleures.

J’aimerais croire que de tels morcellements ne profitent à personne. Ce serait hélas ignorer les nombreux enjeux politiques, économiques et médiatiques ; la culture est un champ de bataille où toute initiative doit être défendue pied à pied contre les clichés, les entreprises de ringardisation ou de récupération.

En faisant appel à un auteur de bande dessinée, j’étais bien sûr mû par l’espoir mal dissimulé, sinon de faire sauter quelques barrières, d’amener à l’opéra (et à la musique contemporaine) des publics « non-initiés ». Mais cela ne suffisait pas.

Pour un renouveau des modèles de création.

Nous nous trouvons aujourd’hui face à une situation inédite et merveilleuse : les données immatérielles sont potentiellement accessibles à tous et en tous lieux. Cet immense progrès pourrait être pour les citoyens du monde la promesse de se réapproprier la culture et la connaissance ; au lieu de quoi une poignée d’intérêts privés font de la technologie un outil d’asservissement et de propagation des inégalités. En particulier, l’escroquerie baptisée Propriété Intellectuelle consiste à nous vendre des idées comme l’on vendrait des saucisses.

Hélas ; sans-doute suis-je d’une génération qui ne peut plus se satisfaire d’impostures, à commencer par le terrifiant processus qui conduit aujourd’hui les citoyens à se voir privés de leurs libertés fondamentales, au nom d’une prétendue « protection » des auteurs. Il importe d’agir, non seulement pour que la culture puisse continuer à vivre et à se diffuser, mais également pour préserver notre démocratie même.

Pour ces raisons, Lewis Trondheim et moi-même avons voulu faire un geste symbolique en publiant notre ouvrage sous une licence alternative, qui autorise tout un chacun non seulement à le reproduire, mais également à le diffuser et à le modifier à volonté. La partition est entièrement conçue au moyen du logiciel libre GNU LilyPond, développé depuis treize ans par une communauté de bénévoles enthousiastes, qui constitue pour les musiciens du monde entier l’espoir immense d’accéder librement à toutes les musiques écrites ; plus simplement, c’est pour moi la garantie que les partitions que j’écris sont et demeureront libres et adaptables par tous les interprètes, enseignants, élèves, qui y trouveront le moindre intérêt.

Une œuvre n’appartient à personne, pas plus qu’un enfant n’appartient à ses parents. On peut l’élever du mieux que l’on peut, puis vient un jour où il faut lui souhaiter une longue vie, et le regarder s’éloigner. Je crois que ce moment est venu pour moi.

À Lewis comme à moi-même, restera le souvenir d’une expérience grandiose, et la fierté d’être parvenus à réaliser un projet irréaliste.

Et puis, faut quand même dire qu’on s’est bien marrés.

Valentin Villenave, janvier 2009

Notes

[1] Crédit photo : Takacsi75 (Creative COmmons By)