Dossier OLPC : 3 Quand Negroponte précise sa position

Dossier One Laptop Per Child (un portable par enfant)

Pour enrichir et faire écho au précédent billet, voici la traduction d’un email de Nicholas Negroponte[1], directeur du projet OLPC.

Ce message est adressé à sa communauté suite aux remous provoqués par les récentes déclarations du même Negroponte qui n’hésitait pas à critiquer Sugar et à envisager de s’appuyer désormais sur Windows pour le futur système d’exploitation de son ordinateur. Arguant à demi-mot qu’il ferait alors ainsi peut-être moins peur aux clients potentiels (principalement les organismes publiques des pays en voie de développement).

Pour une meilleure compréhension, précisons que, tel GNOME ou KDE, le très original Sugar est l’environnement graphique du XO, l’ordinateur développé et vendu actuellement par le projet. Voici ce qu’on en dit sur un blog québécois « L’interface graphique de Sugar diffère nettement des systèmes d’opérations conventionnels (Windows, Mac OS X, Ubuntu, etc.). En effet, la métaphore de bureau y est complètement écartée pour faire place à quatre vues toutes plus sublimes les unes que les autres. Les concepteurs n’ont certes pas omis que, comme le souligne si souvent Nicholas Negroponte, il s’agit là d’un projet pédagogique et non technologique. L’apprenant est donc plongé dans un environnement d’apprentissage polymorphe qui suscite inévitablement une prise en compte du caractère pluriel d’un environnement d’apprentissage. »

Précisions également que le Walter dont il est question est Walter Bender l’ancien responsable de la division logicielle du projet (dont Sugar justement) et qui vient de donner sa démission. Précisions enfin que le constructionnisme est une théorie d’apprentissage développé par Seymour Papert, créateur notamment du langage Logo, et qui a participé activement au projet OLPC.

Grand merci à Yonnel pour la traduction dont je me permets de glisser ici un extrait de notre correspondance sur ce travail, histoire d’alimenter le débat. « Eh bien, cet article était très excitant à traduire… on est vraiment au coeur de l’évolution du libre, et la mise en perspective par rapport à Stallman est saisissante. Purisme vs pragmatisme, libre vs open source, philosophe vs businessman, le libre par des chevaux de Troie ou directement, frontalement. En tout cas, les deux sont des évangélisateurs, mais je suspecte que ce n’est pas de la même évangélisation que l’on parle. L’OLPC est vraiment un enjeu crucial dans la croissance de la civilisation numérique. Et quand même, les Negroponte, quelle famille ! Les deux frangins sont tous les deux des experts en langue de bois et en "conduite du changement" (avec des gros guillemets), ils sont impressionnants. Le Nicholas, il veut gagner sur tous les tableaux : la collaboration du libre et le soutien de Microsoft. Alors, vertueux ou arnaqueur ? »

Negroponte - OLPC - World Economic Forum - CC-By-Sa

À propos de Sugar

on Sugar

Email de Nicholas Negroponte du 23 avril adressé aux listes devel, sugar et community-news du projet OLPC

On me pose sans cesse la question :

Oui, l’implication d’OLPC pour Sugar a changé. Nous sommes maintenant plus impliqués, et non l’inverse. Contrairement aux interférences engendrées par le départ de Walter, par la presse et par des sources vénérables telles que OLPC News, nous faisons évoluer Sugar, nous ne le faisons pas régresser. Laissez-moi vous expliquer.

Sugar est une très bonne idée, avec une mise en oeuvre loin de la perfection. J’attribue nos faiblesses à des objectifs de développement et à des pratiques manquant de réalisme. Notre mission n’a jamais changé. Elle est d’apporter des portables connectés pour l’éducation des enfants, dans les endroits les plus pauvres et les plus reculés du monde. Notre mission n’a jamais été de prêcher le modèle de l’enseignement parfait ou le pur Open Source. Je crois que le meilleur outil pour l’éducation est le constructionisme, et que la meilleure méthode de développement de logiciel est l’Open Source. Dans certains cas on y arrive mieux avec des chevaux de Troie, par opposition à une confrontation directe ou à une isolation par souci de perfection. Rappelez-vous l’expression : le mieux est l’ennemi du bien. Nous avons besoin d’atteindre le plus d’enfants possibles et s’en servir comme des leviers, des agents du changement. Cela ne fait aucun sens pour nous de rechercher le modèle d’apprentissage parfait.

Pour cette raison, Sugar a besoin d’une base plus large, d’être installé sur plus de plate-formes Linux et d’être installé sous Windows. Nous sommes en discussion avec Microsoft depuis plusieurs mois, pour explorer une version dual boot du XO. Certains d’entre vous ont vu ce que Microsoft a développé de son côté pour XO. Cela fonctionne bien, et maintenant il faut mettre Sugar par-dessus (façon de parler).

En tant qu’organisation à but humanitaire et non lucratif, OLPC est dans une position unique en son genre, depuis laquelle elle peut changer le monde pour les enfants et l’éducation. La ruée des fabricants de portables sur le marché du bas de gamme est un exemple parfait d’une sorte de réussite. Une autre réussite sera ce que les gamins feront après l’école, et avec les autres gamins dans le monde. Une troisième est ce que nous faisons.

Nous ne sommes pas une entreprise, mais nous avons besoin de ressembler plus à une entreprise : respecter les échéances, gérer les attentes et tenir les promesses. Pour ce faire, nous devons engager plus de développeurs, travailler plus ensemble et passer moins de temps à nous disputer. A cause de notre exposition au public, tout ce que nous dirons sera cité hors contexte. Nous ne pouvons nous exprimer qu’à travers nos actions, et celles-ci se résument à : un Sugar fiable et omniprésent. Cela inclut d’être nous-mêmes des ingénieurs plus collaboratifs, et de mieux engager la communauté. Nos limitations ne sont pas financières, mais elles sont d’identifier les ressources humaines nécessaires et de s’y tenir.

Ce qui nous attend est une opportunité pour un grand changement. Sugar est au coeur de ce processus. Prétendre qu’il n’en est pas ainsi serait risible. Ceci dit, nous devons démêler Sugar. J’utilise toujours l’analogie de l’omelette, qui veut que l’oeuf soit frit, avec un jaune et un blanc distincts, plutôt que d’avoir l’interface, les outils collaboratifs, la gestion de l’alimentation et les radios amalgamés dans un seul ensemble flou et amorphe. Sinon, Sugar est impossible à débugger, et sera limité au petit monde de la plate-forme matérielle XO, même si celui-ci grandit.

Alors que nous allons vers l’engagement d’une communauté plus large, un certain purisme doit se transformer en pragmatisme. Il est absurde de suggérer que cela est un abandon de l’Open Source ou une nouvelle direction dans notre mission. Les enfants seront les agents du changement, et notre travail est d’en atteindre le plus grand nombre. Ce n’est pas seulement vendre des portables, mais rendre Sugar aussi solide et largement répandu que possible.

Nicholas

Notes

[1] Illustration : World Economic Forum Annual Meeting Davos 2006 sur Flickr.com et sous licence Creative Commons By-Sa.




Dossier OLPC : 5 Quand Stallman migre vers un OLPC qui risque de migrer vers Windows

Dossier One Laptop Per Child (un portable par enfant)

Le projet OLPC avec son ordinateur XO, était sur le papier un projet passionnant. Et il doit le demeurer.

Or le projet est aujourd’hui en pleine tourmente. Difficultés économiques, démissions, déclarations contradictoires… pour aboutir à la confusion actuelle qui voit la remise en cause de l’option full logiciel libre jusqu’à évoquer très sérieusement la piste Windows XP comme futur nouveau système d’exploitation du XO.

Vous imaginez la consternation dans la communauté. Il n’en fallait pas plus pour que Mister Stallman en personne prenne la plume pour défendre un OLPC qui, sous Windows, perdrait tout ou partie de sa substance.

Merci à Yonnel pour la traduction.

Copie d'écran FSF.org

Peut-on délivrer l’OLPC de Windows ?

Can we rescue OLPC from Windows?

Richard Stallman – 29 avril 2008 – FSF.org

J’ai lu la déclaration de Negroponte présentant l’OLPC XO comme une plate-forme pour Windows dans les circonstances les plus ironiques qui soient, en plein milieu d’une semaine où je me préparais à une échéance : ma migration personnelle vers un XO.

J’ai pris cette décision pour une raison précise : la liberté. Les IBM T23 que j’utilisais depuis de nombreuses années sont convenables dans la pratique, et les systèmes et applications qui y étaient installés sont des logiciels entièrement libres, mais pas le BIOS. Je veux utiliser un portable avec un BIOS libre, et le XO est le seul dans ce cas.

Les logiciels habituellement installés sur l’XO ne sont pas libres à 100% ; le firmware de la carte wifi ne l’est pas. Cela implique que je ne peux pas faire complètement la promotion de l’XO tel quel, mais il m’a été aisé de résoudre ce problème pour ma propre machine : j’ai tout simplement supprimé ce fichier, ce qui a rendu la carte wifi interne inopérante, mais je peux m’en passer.

Comme toujours, des problèmes sont apparus, ce qui a repoussé la migration jusqu’à la semaine dernière. Vendredi dernier, quand j’ai discuté de problèmes techniques avec l’équipe de l’OLPC, nous avons aussi évoqué la manière de garantir le futur du projet.

Certains férus du système GNU/Linux sont extrêmement déçus par la perspective de voir l’XO, en cas de succès, ne pas devenir une plate-forme pour le système qu’ils aiment. Ceux qui ont contribué au projet OLPC par leurs efforts ou leur argent pourront très bien se sentir trahis. Toutefois, ces soucis ne sont rien par rapport à ce qui est en jeu : que l’influence de l’XO soit un vecteur de liberté ou un instrument de soumission.

Depuis l’annonce du lancement de l’OLPC, nous l’avons vu comme un moyen de mener des millions d’enfants dans le monde entier vers une pratique de l’informatique en liberté. Le projet a annoncé son intention de donner aux enfants une manière d’apprendre l’informatique en leur permettant de manipuler les logiciels et d’en étudier le fonctionnement. Cela peut encore être le cas, mais il y a un danger que ce ne le soit pas. Si la plupart des XO réellement utilisés sont sous Windows, le résultat final aboutira à son contraire.

Les logiciels propriétaires laissent les utilisateurs divisés et impotents. Leur fonctionnement est secret, il est donc incompatible avec l’esprit de l’enseignement. Apprendre aux enfants à utiliser un système propriétaire (non-libre) comme Windows ne rend pas le monde meilleur, parce qu’il les met sous le pouvoir du développeur du système – peut-être pour toujours. Ce serait comme initier les enfants à une drogue qui les rendrait dépendants. Si l’XO se révèle être une plate-forme qui répand l’usage de logiciels propriétaires, il aura au final un effet négatif sur le monde.

C’est également superflu. L’OLPC a déjà inspiré d’autres ordinateurs bon marché ; si le but n’est que de mettre à disposition des ordinateurs peu chers, le projet OLPC est une réussite, que d’autres XO soient construits ou pas. Donc pourquoi continuer à en construire davantage ? Apporter la liberté serait une bonne raison.

La décision du projet n’est pas arrêtée ; la communauté des logiciels libres doit faire tout son possible pour convaincre l’OLPC de rester (mis à part un paquet de firmware) une force de liberté.

Ce que nous pouvons faire, par exemple, c’est proposer notre aide aux logiciels développés pour ce projet. OLPC espérait avoir la contribution de la communauté pour son interface, Sugar, mais cela n’a pas vraiment été le cas. En partie, cela est dû au fait que OLPC n’a pas structuré son développement pour faciliter l’aide de la communauté – ce qui signifie, pour être constructif, que OLPC peut obtenir plus de contributions en ayant cette démarche.

Sugar est un logiciel libre, et y contribuer est une bonne chose. Mais n’oubliez pas l’objectif : les contributions utiles sont celles qui rendent Sugar meilleur sur les systèmes d’exploitation libres. Le portage sur Windows est autorisé par la licence, mais ce n’est pas une bonne chose.

Je tape ces mots sur un XO. Lors de mes voyages et de mes discours des prochaines semaines, j’y ferai référence, pour évoquer ce problème.

Copyright 2008 Richard Stallman
Verbatim copying and distribution of this entire article are permitted worldwide without royalty in any medium provided this notice is preserved.




And the winner is…

Coup sur coup, Red Hat et Novell viennent de faire des déclarations qui, entre les lignes, laisse à penser que leur version desktop communautaire de GNU/Linux, Fedora pour le premier et OpenSuse pour le second, n’est pas (ou plus) stratégique et donc prioritaire dans leur développement. Les deux sociétés préfèrent se concentrer sur les serveurs et le service aux entreprises dont la rentabilité est assurée.

Extrait de l’article What’s Going On With Red Hat Desktop Systems? An Update chez RedHatNews : An explanation: as a public, for-profit company, Red Hat must create products and technologies with an eye on the bottom line, and with desktops this is much harder to do than with servers. The desktop market suffers from having one dominant vendor, and some people still perceive that today’s Linux desktops simply don’t provide a practical alternative. Of course, a growing number of technically savvy users and companies have discovered that today’s Linux desktop is indeed a practical alternative. Nevertheless, building a sustainable business around the Linux desktop is tough, and history is littered with example efforts that have either failed outright, are stalled or are run as charities.

Extrait de Novell: The Stand-alone OS is Dead sur InternetNews : The basic concept here is that the standalone operating system is dead, The days in which people buy operating systems on their own and then build a stack from there… will look like home-built automobiles in the future, people aren’t going to do this anymore.

Si on fait le compte des distributions GNU/Linux pour le grand public, il ne reste plus guère que Mandriva et Ubuntu (voire peut-être d’autres, à vous de me dire, comme PCLinuxOS, Mint ou encore Freespire).

Mandriva vient de sortir sa version de printemps. Souhaitons-lui bonne chance… Il n’empêche que c’est clairement Ubuntu qui a le vent en poupe alors même que sa prochaine version, Hardy Heron, va éclore dans quelques jours et en rajouter une couche.

Classements des distributions sur DistroWatch pour les trois derniers mois :

DistroWatch

Comparatif de fréquence de recherches sur Google Trends (cliquer ici pour mieux voir) :

Google Trends - Ubuntu Fedora Suse Mandriva

Vous en tirerez vos propres conclusions. Et tant qu’à rester sur Google Trends voici un autre comparatif donnant un argument de plus à mon billet Le vocable Ubuntu va-t-il se substituer à Linux auprès du grand public ? :

Google Trends - Linux Ubuntu

Ce qui m’amène à poser les quelques questions suivantes aux lecteurs qui passent :

  • Une société peut-elle gagner de l’argent avec une distribution GNU/Linux grand public ?[1]
  • Ubuntu a-t-il définitivement gagné la bataille des distributions GNU/Linux grand public ?[2]
  • Si oui, n’est-ce pas paradoxal que, quand bien même les communautés du libre soient parées de toutes les vertus, ce soit un un milliardaire (aussi sympathique et philantropique soit-il) qui ait raflé la mise ?
  • Si oui, est-ce que cette grande clarification est un facteur favorable pour la migration grand public de Windows vers Linux ?

Notes

[1] D’autant que Mark Shuttleworth lui-même (fondateur d’Ubuntu) ne le pense pas non plus : I don’t think there is money to be made in selling desktop Linux.

[2] Question subsidiaire : Et que devient Debian dans tout ça ?




En avril je découvre le libre et adhère à l’APRIL

« …En résumé adhérer à l’APRIL c’est soutenir le logiciel libre, se reconnaître dans les valeurs du logiciel libre et de l’APRIL, et simplement mutualiser les moyens à travers un acteur incontournable qui va promouvoir et défendre le logiciel libre. » Frédéric Couchet

Le clip au format Theora




VidToMP3.com ou la grande hypocrisie collective

Copie d'écran - YouTube - Tryad

Dans la série « je donne des leçons en criant dans le désert »…

Un nouveau site outil de type MFA[1] vient de sortir VidToMP3.com. Il propose tout simplement de ripper, c’est-à-dire récupérer, les pistes sons de n’importe quelle vidéo des plate-formes YouTube, Dailymotion, MySpace, etc.

J’ai fait le test avec le morceau Bluetooth des sympathiques bobos de la Chanson du Dimanche. Il vous suffit d’aller sur YouTube, de copier l’URL de la vidéo recherchée et d’y coller le tout dans VidToMP3.com. Il ne vous reste alors plus qu’à cueillir sur le site, après un court laps de temps, un mp3 de qualité tout à fait correcte prêt à s’ajouter à la playlist de votre baladeur musical préféré.

C’est… cool n’est-ce pas ?!

Et comme il est désormais quasi impossible qu’une chanson un tant soit peu connue ne se retrouve pas d’une manière ou d’une autre sur ces plate-formes vidéos, ben vous tenez là un système parfait pour alimenter votre baladeur avec la musique de votre choix.

Vraiment super top cool !!!

Un système d’autant plus parfait qu’il est… sans risque. Parce que le hic c’est que ce que j’ai fait pour la Chanson du Dimanche est tout à fait illégal. Bien qu’il s’agisse d’un groupe un peu particulier puisque né sur internet grâce à la mise en ligne de leurs vidéos, il est formellement interdit de faire ce que j’ai fait, puisqu’en l’absence de licence associée à leurs vidéos c’est le copyright classique qui s’applique.

Et il en va bien entendu de même pour les autres chansons (en pire même lorsqu’il s’agit de groupes sous contrat avec les Majors).

Du coup cela me fait dire péremptoirement qu’on nage dans l’hypocrisie collective. Une hypocrisie qui, comme la valse, se décline en trois temps.

  • Les plate-formes vidéos d’abord. YouTube, MySpace, Dailymotion… aucun de ces sites n’associent de licence claire et individuelle aux vidéos proposées. Du coup c’est le Term of Use (indigeste voire incompréhensible) qui s’applique par défaut et si on le suit à la lettre alors on ne peut télécharger sur le site que des vidéos qui nous appartiennent en propre. Oui pour votre bébé au rire communicatif ou vos vacances en Asie en compagnie d’éléphants savants (et encore faut s’assurer de l’autorisation de l’éléphant, quoiqu’ici c’est plus facile puisque sachant dessiner il doit bien savoir parapher). Mais non pour le dernier clip-vidéo à la mode ou l’extrait d’une récente émission de télé dont ces sites sont pourtant truffés.[2]. J’avais déjà évoqué ce problème dans un billet au titre délicat Est-ce que YouTube nous entube ? où je préconisais plutôt l’utilisation de Blip.tv (qui, vous avez dit bizarre, n’est d’ailleurs pas encore dans la liste de VidToMP3.com). Depuis force est de constater que rien n’a bougé du côté de YouTube. Et ceci oblige des groupes libres comme Tryad à faire mention de la licence à même le descriptif de la vidéo qu’il faut dérouler qui plus est (voir illustration ci-dessus qui ouvre le billet). Ce n’est tout simplement pas sérieux messieurs de chez YouTube donc de chez Google.
  • Le site VidToMP3.com ensuite. Voilà un site qui colle de la pub partout avec son modèle économique qui est clairement l’affluence (voir ma note ci-dessous) et qui vient nous dire en petit et en bas de page : Only rip the sound from none-copyrighted sources. C’est ç’là oui, on va t’écouter mon grand et du coup plus personne ne viendra sur ton site !
  • La blogosphère ensuite. Vite, vite, faisons un billet avec VidToMP3.com dans le titre pour être bien référencé, extasions-nous sur l’utilité du service et taisons les problèmes liés aux absences de licences (si tant est que les blogueurs en question aient la moindre culture des licences). Que ne ferions-nous pas pour chouchouter nos fidèles lecteurs…

Je ne nie pas que le service puisse être parfois utile (au format audio ouvert ogg ce serait encore mieux) mais si, comme tente modestement de le faire ce blog, on se place dans une problématique de sensibilisation à la culture libre alors on n’est pas à Houston mais on a visiblement un problème.

Un problème de licences ou plutôt d‘éducation aux licences qui, si il était plus médiatisé, obligerait tout ce petit monde (visiteurs inclus) à mieux se positionner. Quitte, si entêtement et bornitude[3] il y a, à faire découvrir les douces mélopées de la musique en libre diffusion que l’on trouve sur des Dogmazik et autres Jamendo.

Quitte aussi à rencontrer les logiciels libres. Parce que dès que vous commencez à vous préoccuper des questions de licences à l’ère du numérique ils ne sont pas bien loin…

Notes

[1] MFA est l’acronyme de Made For Adsense. Un site MFA signifie qu’il a été conçu avec l’objectif non dissimulé de faire des sous avec la régie publicitaire de Google. Pour le site qui nous concerne il y a d’autres bannières mais le modèle est bien présent : proposer un service qui amènera beaucoup de visiteurs qui engendreront beaucoup de revenus publicitaires. Et, si j’ose dire, tout le monde s’y retrouve puisque cela permet au service de rester tranquillement gratuit.

[2] Pour les clip-vidéos ou passages télés c’est à nuancer parce que les ayants droits négocient au cas par cas avec les plates-formes vidéos, ce qui vient passablement compliquer la situation. Mais ce qui est sûr c’est que vous, visiteur YouTube, vous n’avez pas le droit de les récupérer.

[3] La bornitude caractérise l’attitude bornée d’une personne ou d’un groupe d’individus. Exemple : Ségolène Royal a fait preuve de bornitude en tentant de justifier sa bravitude.




La Quadrature du net ou comment empêcher les rond-de-cuirs à pieds carrés de tourner en rond

La quadrature du net - Logo

« Surveillance du net généralisée, y compris par des sociétés privées, filtrage et coupure d’accès internet sans procès, extension des pouvoirs du CSA à Internet, labellisation administrative des sites web… La Quadrature du net a été lancée par des citoyens inquiets afin d’alerter sur des projets du gouvernement menaçant les libertés publiques et le développement économique et social, et faire des propositions alternatives. Rejoignez nous ! ».

Nous n’allons pas nous faire prier ! Surtout lorsque ces premiers citoyens inquiets s’appellent Christophe Espern, Philippe Aigrain et Jérémie Zimmermann. Qu’il est rassurant de se savoir ainsi si bien représentés d’autant qu’ils sont capables d’apparaitre de suite dans de grands médias (voir tout de suite ci-dessous).

Interview radio de Christophe Espern

Le 2 avril 2008, dans le cadre de la chronique du Nouveau Monde de Jérôme Colombain (France-Info) titrée La Loi Olivennes en préparation (lien direct vers le mp3).

La Quadrature du Net, tribune libre, diffusion encouragée

URL d’origine du document

Par Christophe Espern, fondateur de l’initiative La Quadrature du Net, membre du Conseil d’Orientation du Forum des Droits sur l’Internet.

Le Parlement débattra bientôt d’un projet de loi « relatif à la Haute Autorité pour la diffusion des œuvres et la protection des droits sur internet ». Ce projet reprend les recommandations formulées par Denis Olivennes, alors PDG de la FNAC. L’une des mesures phares consiste à sanctionner une violation répétée du droit d’auteur en coupant l’accès à Internet du foyer.

Cette sanction serait prononcée par une autorité administrative dite « indépendante ». Signalés par des acteurs privés balayant internet, les délits supposés seraient ensuite constatés, à distance, par des agents administratifs ayant accès aux données personnelles de connexion. Le tout sans contrôle de l’autorité judiciaire. À ce jour, seules les forces de l’ordre luttant contre le terrorisme disposent de ce pouvoir d’exception, à titre temporaire, jusqu’à fin 2008.

Ce projet de loi sidérant, élaboré dans des conditions qui le sont tout autant – a-t-on jamais confié une mission sur les OGM à Monsanto ? – est révélateur d’une fuite en avant dangereuse pour la démocratie, la société et l’économie.

En France, nombre de lois et règlements sur le numérique ont été adoptés ces dernières années, sans concertation préalable ni bilan de l’existant, sous la pression de lobbies. Ainsi, le rapport d’application prévu pour février 2008 de la très décriée loi sur le droit d’auteur de 2006, adoptée en urgence, n’est même pas entamé que le projet Olivennes est déjà rédigé.

Or ces textes sont en décalage avec la réalité des usages et des techniques. À peine votés, ils sont obsolètes, inapplicables, inopérants. Les juristes en perdent leur latin. C’est la quadrature du Net : le diable ne veut pas rentrer dans la boîte !

Et si le diable était la boîte ?

Poser la question est hérétique en soi. Quand la légalisation des échanges de musique et films contre rémunération des artistes a été votée par des députés de tous bords fin 2005, le gouvernement pressé par les éditeurs l’a fait retirer immédiatement par une majorité remise au pas. Denis Olivennes a lui annoncé dès sa nomination qu’il n’était pas question de l’étudier. La ministre la Culture l’a aussi péremptoirement écartée quand la commission Attali pour la libération de la croissance l’a préconisée.

Le projet Olivennes inscrit donc le gouvernement dans une dérive dogmatique, quasi-obscurantiste, et autoritaire. Il écoute des oracles usés, considérant le progrès comme une menace plutôt qu’une opportunité. L’étape proposée constituerait cependant une régression sans précédent si elle était franchie.

Les ministres de la culture et de la justice suédois, qui ont rejeté récemment un projet similaire, ne s’y sont pas trompés, déclarant que « la coupure d’un abonnement à Internet est une sanction aux effets puissants qui pourrait avoir des répercussions graves dans une société où l’accès à internet est un droit impératif pour l’inclusion sociale ». D’autant plus qu’en cas d’offre triple play, le téléphone et la télévision pourraient être coupés aussi. La mort sociale électronique de familles entières au nom du droit d’auteur ? Beaumarchais, Victor Hugo, Jean Zay seraient scandalisés.

Et que dire de l’extension de mesures d’exception prévues pour lutter contre le terrorisme, afin que des acteurs privés puissent chasser l’internaute et contourner l’autorité judiciaire ? Qui peut croire qu’un internaute sanctionné de la sorte ira dépenser son argent à la FNAC ? Surtout que même suspendu, son abonnement sera toujours à sa charge !

Quant au coût pour le contribuable et l’économie, il est à ce jour inconnu. Aucune étude d’impact n’a été réalisée. Tracer, menacer, réprimer des millions de personnes via une justice parallèle aura pourtant un prix. Déconnecter des foyers, des entreprises, aussi. Les finances publiques et tous les usagers devront le supporter.

Il est impossible de contrôler efficacement la circulation de l’information à l’ère du numérique par le droit et la technique sans porter gravement atteinte aux libertés publiques et entraver le développement économique et social. Mais il existe d’autres solutions : sécuriser juridiquement les usages démocratiques et créatifs de la Toile, permettre aux entrepreneurs du web d’innover sans risque, revoir les mécanismes de répartition de la richesse existante, admettre enfin que l’approche répressive et la concertation réduite à quelques lobbies mènent à l’autoritarisme de marché.

Il a fallu plus de 3500 ans pour démontrer qu’il était impossible de faire rentrer sans perte des ronds dans des carrés avec une règle et un compas, à cause de la transcendance de Pi. Comme la quadrature du cercle en son temps, la quadrature du net ne sera dépassée qu’en changeant d’outils et de perspectives. Faudra-t-il 3500 ans pour que le législateur le comprenne ?

Diffusion de ce texte dans son ensemble encouragée tant que la présente mention est préservée.




Largage de liens en vrac #3

Zara - CC byVoici le nouvel opus de mes liens en vrac[1]. J’entends d’ici les exclamations médusées de la foule en délire qui peuvent se résumer ainsi : mais comment fait-il pour aller chercher tout ça !

  • wikiCalc : Un tableur en ligne plutôt sexy (en ajax, javascript…) avec formules et import/export en CSV. Désormais partie intégrante d’un projet pour l’odinateur XO de l’OLPC sous le noml de SocialCalc. Intéressant pour son côté wiki, son côté données disponibles de partout depuis internet et son côté éducation et formation au tableur.
  • Simple Spreadsheet : Toujours un tableur en ligne sexy (mais plus complexe car par exemple avec présence de graphiques) adossé à Simple Groupware un projet de groupware sur internet qui semble prometteur.
  • BuddyPress : Le buzz du moment dans la blogosphère. Comment transformer son WordPress en véritable réseau social grâce à plein de plugins savamment intégrés et à la fonction multi-blogs du moteur (pour la fonction multi-utilisateurs voir plutôt du côté de Lyceum).
  • MediaBlinkk : Encore du buzz et pas qu’un peu, jugez plutôt l’accroche : MediaBlinkk is a cross between, Digg, YouTube, iTunes, Facebook, Newsvine and more. If Digg, YouTube, iTunes, Facebook, Newsvine, MySpace, Mambo, Joomla, Google and WordPress had a baby it would be MediaBlinkk. Super projet n’est-il pas ? L’avenir nous dira si c’est du lard ou du bling-bling.
  • The Ur-Quan Masters : Le portage libre de Star Control II, jeu fameux de son époque (enfin d’après ce que j’en ai lu) qui se déroule dans un univers futuriste où la Terre est impliquée dans une guerre spatiale de grande envergure.
  • WebKit : Comme le dit Wikipédia WebKit est une bibliothèque de fonctions permettant aux développeurs d’intégrer facilement un moteur de rendu de pages web dans leurs logiciels. Ce que l’on peut traduire par Webkit permet de créer des navigateurs web. Safari en est l’exemple emblématique mais c’est assez logique puisque WebKit nous vient d’Apple.
  • Spicebird : Réalise une sorte de fusion entre Thunderbird (messagerie), Sunbird (agenda) et Jabber (messagerie instantanée) pour proposer un tout cohérent et fonctionnel (enfin c’est l’objectif). Le plus simple est encore d’aller lire ce blog pour plus d’info.
  • Gnash : Gros progrès pour la nouvelle version du player libre Flash (fonctionne pour la version 7 et devrait bientôt supporter la 9). On est de tout cœur avec les développeurs.
  • Lecteur MP3 : Un nom on-ne-peut-plus modeste pour ce lecteur audio (format mp3) en flash d’origine francophone (neolao), libre, zoli, et fortement paramètrable.
  • Lecteur FLV : Un nom on-ne-peut-plus modeste pour ce lecteur vidéo (format flv) en flash d’origine francophone (neolao), libre, zoli, et fortement paramètrable.
  • LiVES : Je signale en passant cet éditeur vidéo sous Linux. Je ne sais absolument ce qu’il vaut par rapport à Kino, Cinelerra ou Kdenlive.
  • Freespire 2.0 : Une lecture rapide de la distribution GNU/Linux Freespire vous ferait dire que c’est une Ubuntu sans les inconvénients d’une Ubuntu (parce que bon nombres de programmes, codes et pilotes propriétaires sont installés nativement). Le problème c’est que je ne brade pas ma liberté sur l’autel de mon petit confort personnel môa !
  • UbuntuPoint : Ce n’est pas un logiciel mais un digg-like dédié à Ubuntu (aussitôt lancé aussitôt actif). Je suggère à Ubuntu-fr d’en faire de même pour la francophonie en parallèle du Planet.
  • Salasaga : Salasaga ambitionne ni plus ni moins que de devenir une sorte d’Adobe Captivate du libre (et de GNU/Linux, ce qui comblerait un trou). Il s’agit de capturer dynamiquement et continument l’écran de votre ordinateur en ponctuant le tout par des questions, des clics interactifs, etc. (avec sortie en Flash par exemple). C’est encore du buzz (décidemment !) parce qu’on en est qu’à la version alpha donc patience. En tout cas souhaitons longue vie au projet parce que ce serait vraiment un outil utile aux formateurs.
  • Ringside Social Application Server : Un ambitieux projet de réseau social orienté entreprise avec intégration d’API existantes comme Facebook. Typiquement un projet américain Open Source et non Free Software. L’idée c’est aussi pour une société de ne pas devoir tout refaire pour mettre du web 2.0 dans ses applications web.
  • SkyBlue Canvas : Vous pensiez que nous n’avions pas assez de CMS libres ? Alors SkyBlue Canvas satisfera votre curiosité. Interface publique et privée jolie comme tout avec de l’ajax à tous les étages. D’après son auteur l’idée est de faire quelque chose de moins usine à gaz que Drupal ou Joomla.
  • FFilmation : Un moteur de 3D isométrique qui semble intéressant pour les jeux ou les démos en ligne (ça sort en Flash a priori). Le plus simple est encore de visionner les exemples pour s’en faire de suite une idée.
  • CHDK firmware : Un firmware libre pour appareil photo compact Canon (connais pas j’en ai pas). Ce qu’il y a d’intéressant ici c’est qu’il améliore le firmware propriétaire avec des nouvelles fonctionnalités comme une vitesse d’obturation supérieure par exemple. N’écrase pas l’existant donc c’est sans risque (exactement comme Rockbox pour les lecteurs mp3). Voir cet article de Wired pour plus de détails.
  • DVD Play : Uniquement Windows. Couplé avec DVD Rip, se présente comme une interface graphique pour jouer tous les DVD que vous avez rippé sur votre disque dur (ce qui vu l’espace proposé actuellement par les constructeurs peut faire beaucoup de DVD rippés). Et tant qu’on y est je signale aussi Subdownloader petit utilitaire spécialisé dans la récupération des sous-titres dans les DVD.
  • NoseRub : NoseRub est au profil de réseaux sociaux (Facebook, MySPace…) ce que l’OpenID est à l’authentification. Parce qu’il est important de décentraliser nos données sur nos propres serveurs ou sur des serveurs de confiance.
  • Shadowbox.js : Pour un site web à la sauce ajax, permet d’ouvrir des éléments multimédias dans une jolie fenêtre (photo, son, vidéo… que cela provienne de vous ou de sites comme Flickr ou YouTube).
  • Open-Source Mesh : C’est pas du logiciel mais du matériel sous firmware libre. Un petit routeur wi-fi domestique simplissime (a priori) à configurer et qui mériterait un billet blog à lui tout seul pour les perspectives ouvertes qu’il ouvre ! (j’en veux déjà pour mon école)
  • Office 2.0 : C’est juste un article qui compile les meilleures applications en ligne pour faire de la communication, de la bureautique, du traitement d’images, etc. Ce n’est généralement pas libre (mais c’est… gratuit !), ce n’est généralement pas en français et il y a beaucoup de Google là-dedans mais c’était pour montrer les progrès atteints par ces applications accessibles depuis son navigateur. Le tout internet c’est pour quand ?
  • Tiny USB Office : Une entorse à la libr’attitude de cette liste mais le projet est original : proposer tout un ensemble de logiciels (traitement de texte, tableur, mail, ftp, msn, pdf, zip, cryptage…) en exécutables sur une clé USB pour une taille globale ne dépassant pas… 2,5 Mo ! Peu de logiciels libres dans le package mais un peu quand même.
  • GNU FreeFont : Et pour finir une nouvelle version de la police multi-OS libre GNU FreeFont (autrement appelée Free UCS Outline) avec ajout de caractères scientifiques notamment et toujours plus de supports unicodes. Voici ce que cela donne ci-dessous :

GNU FreeFont

Notes

[1] Crédit photo : Zara (Creative Commons By)




La meilleure publicité pour Linux ?

Un site anglophone vient tout récemment de recenser ce qu’il considère comme les dix meilleures publicités audiovisuelles pour GNU/Linux. C’était avant le premier avril et l’excellent poisson de la BBC sur les pingouins volants obligés de s’adapter pour cause de réchauffement climatique.

L’occasion était trop belle pour un sympathique détournement youtubesque donc voici le résultat :

Voilà qui fait merveilleusement écho à notre petite mascotte, le pingouin volant que nous devons à LL de Mars 😉

Mascotte Framasoft - LL de Mars - Art Libre