Prédation de nos données de santé : SantéNathon ne lâche pas l’affaire

Les conséquences des stratégies économiques et technologiques d’un État peuvent parfois prendre des tournures très concrètes. En matière de données de santé des citoyens, beaucoup pouvaient penser que l’humanisme des professionnels de santé pouvait suffire pour protéger les données de santé des citoyens, dans le respect du secret médical. Mais la pression concurrentielle et l’éthique font rarement bon ménage.

En novembre 2019, nous avions confié les colonnes de ce blog au collectif Interhop qui promeut l’usage des logiciels libres et de l’open source en santé. Il fait partie du collectif SantéNathon qui a lancé une démarche de recours à l’encontre du projet très discuté du Health Data Hub, une plateforme nationale de données de santé dont l’opérateur choisi par les autorités est l’entreprise Microsoft. À l’heure où le Privacy Shield est tombé, à l’heure du RGPD, à l’heure où la « souveraineté numérique » n’est plus seulement un sujet stratégique mais aussi sécuritaire, nous confions de nouveau ces colonnes pour un point d’étape sur les enjeux et les actions en cours.


Plateforme Nationale des Données de Santé

À l’occasion d’une audience prévue au Conseil d’État ce 08 octobre 2020, cette petite vidéo a été tournée devant les locaux d’une entreprise bien connue.

Le Health Data Hub Centralise les données de santé chez Microsoft. Le collectif SantéNathon, issu du monde informatique et de la santé, s’oppose à la centralisation chez Microsoft Azure des données de santé de plus de 67 millions de personnes. Un recours déposé au Conseil d’État demande l’application de la décision de la plus haute juridiction européenne qui s’alarmait de l’accès sans limitation des services de renseignement américains aux données hébergées par les GAFAM.

La genèse du projet Health Data Hub

Tout commence en janvier 2016 avec la loi de modernisation du système de santé. Le Système national des données de santé (SNDS) est créé. Initialement il est limité aux données médico-administratives et met à disposition des données individuelles de santé issues de 3 bases de données :

  • Les données de la carte vitale,
  • Les données de la tarification des établissements de santé,
  • Les données statistiques relatives aux causes médicales de décès.

En juillet 2019, la loi élargit considérablement le SNDS et crée le Health Data Hub ou Plateforme des Données de Santé — PDS. La CNIL s’alarme du changement de paradigme engendré : « Au-delà d’un simple élargissement, cette évolution change la dimension même du SNDS, qui vise à contenir ainsi l’ensemble des données médicales donnant lieu à remboursement ».

En plus du SNDS historique voici à titre d’exemples les bases qui doivent être hébergées au sein de la PDS :

  • la base OSCOUR : base de données relative aux passages aux urgences en France. Pour chaque patient admis aux urgences, elle recueille les éléments suivants : code postal de résidence, date de naissance, sexe, date et heure d’entrée et de sortie, durée de passage, mode d’entrée, provenance, mode de transport, classification de gravité, diagnostic principal et associés, mode de sortie, destination pour les patients mutés ou transférés.
  • le Registre France Greffe de Moelle : données permettant d’étudier le parcours de soin entre l’annonce du don et le don de Moëlle.
  • Base des 500 000 angioplasties : données permettant d’étudier l’impact des stents dans la vie réelle.
  • la cohorte I-Share : données permettant d’analyser la santé des étudiants.
  • SIVIC : données nationales de suivi de la prise en charge de patients hospitalisés COVID19 (depuis mars 2020).
  • STOIC : bases de données de scanners thoraciques issus de plusieurs centres ainsi que des données cliniques.
  • COVID TELE : formulaires d’orientation concernant la COVID19 issues d’application en santé et outils de télémédecine.

Cette liste est loin d’être exhaustive ; les données de cabinets de médecins généralistes, des hôpitaux, des laboratoires, d’imagerie doivent aussi remplir cette plateforme. Toutes ces bases seront centralisées et liées (on parle d’appariement) pour former le catalogue de données de la PDS.

Vives inquiétudes quant au choix de Microsoft Azure

Le 10 décembre 2019, l’alerte est lancée. Dans une tribune parue dans Le Monde, un collectif initié par des professionnels du secteur de santé et de l’informatique médicale s’inquiète. En effet, la PDS qui regroupe l’ensemble des données de santé de plus de 67 millions de personnes sera hébergée chez Microsoft Azure, le cloud du géant américain. Ces données constituent la part la plus sensible des données à caractère personnel car elles sont protégées par le secret médical.

Progressivement, ce collectif évolue. Il s’appelle maintenant SanteNathon.org. C’est une rencontre inédite de 18 personnes physiques et morales issues :

  • de l’industrie du logiciel libre :
    • Conseil National du Logiciel Libre (CNLL)
    • Ploss Auvergne-Rhône-Alpes
    • SoLibre
    • NEXEDI
  • des associations de patients et de volontaires :
    • Association Constances
    • Association les “Actupiennes”
    • Association Française des Hémophiles
    • Mme Marie Citrini, représentante des Usages des Hôpitaux de Paris
  • des associations de professionnels de santé :
    • Syndicat National des Jeunes Médecins Généralistes (SNJMG)
    • Syndicat de la Médecine Générale (SMG)
    • Union Française pour une Médecine Libre (UFML)
    • M. Didier Sicard, médecin et professeur de médecine à l’Université Paris Descartes).
  • d’ingénieurs :
    • l’Union Fédérale Médecins, Ingénieurs, Cadres, Techniciens (UFMICT-CGT)
    • l’Union Générale des Ingénieurs, Cadres et Techniciens (UGICT-CGT)
    • l’Association interHop
    • Monsieur Bernard Fallery, professeur émérite en systèmes d’information
  • d’organisations de la société civile :
    • L’Observatoire de la transparence dans les politiques du médicament
    • Le Syndicat National des Journalistes (SNJ)

Ce collectif dénonce le choix de Microsoft essentiellement à cause de l’absence d’appel d’offre et des effets de l’extraterritorialité du droit américain. En effet Microsoft est soumis au CLOUD Act qui permet aux autorités américaines de mettre la main sur des données détenues par des entreprises américaines même si les données sont hébergées dans l’Union Européenne.

Pire encore la Cour de Justice de l’Union Européenne a récemment révélé que les renseignements américains n’ont aucune limitation quant à l’utilisation des données des Européen⋅ne⋅s. En ce sens, elle a invalidé l’accord facilitant le transfert des données entre les USA et l’Union Européenne, le “Privacy Shield” ou « Bouclier de Protection des Données ».

Menacée directement par les conséquences de cette décision qui rend illicites tous les transferts de données en dehors des frontières de l’Union, Facebook fait pression sur l’Union Européenne. Elle menace de stopper ses services d’ici la fin de l’année.

Le bras de fer entre les États-Unis et l’Union Européenne est engagé. Nos données de santé ne doivent pas être prises en otage. Le collectif SantéNathon se bat pour une recherche garante du secret médical et protectrice de nos données.

Les actions initiées par le collectif SantéNathon

Un premier recours a été déposé le 28 mai 2020 devant le Conseil d’Etat. La juge concluait à plusieurs irrégularités dans le traitement des données sur la plateforme et des risques majeurs pour les droits et libertés fondamentales. Cependant, le Conseil d’État considérait, qu’au moment du jugement, la société Microsoft intégrait la liste des organisations ayant adhéré au « Bouclier de protection des données ». Le transfert des données était donc licite. Ce n’est plus le cas aujourd’hui !

Les parties requérantes ont donc déposé un nouveau référé liberté. Elles demandent par conséquent au Conseil d’État de prendre la mesure de l’invalidation du “Privacy Shield” et des risques en matière de respect de la vie privée. En ce sens, elles sollicitent la suspension du traitement et la centralisation des données au sein du Health Data Hub.

Elles font également valoir que les engagements contractuels conclus entre la société Microsoft et le Health Data Hub sont insuffisants.

Une audience au Conseil d’État est donc prévue le 8 octobre 2020…

— Collectif SantéNathon

 


Image d’en-tête : Luis Jiménez Aranda — La sala del hospital en la visita del médico en jefe (1889). Wikipédia.

 

 




Appel à participer aux États généraux du numérique libre et des communs pédagogiques

Lors de l’annonce du confinement, Framasoft se faisait le relai d’un collectif citoyen dont l’objectif était d’accompagner et soutenir les enseignant⋅es dans leur pratiques numériques. Ce collectif, quelques mois plus tard, donnait naissance à l’association collégiale Faire École Ensemble (FÉE). Aujourd’hui, bien que la position de Framasoft vis-à-vis du Ministère de l’Éducation Nationale soit sensiblement la même qu’en 2016, nous relayons leur appel dans les colonnes du Framablog afin que les publics intéressés par la démarche d’« États Généraux du Numérique libre et des communs pédagogiques » puissent y participer.


Appel à participation
État généraux du numérique libre dans l’éducation
— Auteur : Faire École Ensemble (FÉE)

 

Des États généraux du numérique libre et des communs pédagogiques sont proposés par Internet le 3 novembre 2020 sur l’impulsion initiale de l’association collégiale Faire École Ensemble (FÉE) qui facilite les collaborations entre les citoyens et la communauté éducative.

Ces rencontres sont une contribution originale aux États Généraux du Numérique organisée par le Ministère de l’Éducation Nationale et s’adressent à un public large et diversifié : enseignants, parents, libristes, designers, acteurs de l’éducation populaire, médiateurs numériques, bricoleurs, agents des collectivités, élus, syndicalistes, amateurs et curieux…

S’inscrire

Le confinement et la fermeture brutale des établissements scolaires ont conduit à une situation sans précédent d’enseignement « à distance » généralisé. Face à l’urgence de la situation, de nombreux enseignants, parents et acteurs associatifs ont fait preuve d’une créativité renouvelée et ont repensé leur manière d’agir avec le numérique. Quotidiennement nombre d’entre-eux se tournaient – par nécessité – vers les GAFAM et autres plateformes internationales, que ce soit pour trouver une vidéo (YouTube), pour concevoir des exercices (Google Edu), pour partager des références (Padlet), pour faire une visioconférence (Zoom) ou pour écrire un document à plusieurs mains (Google Docs).

Le manque de débat sur la place prise par les GAFAM dans l’éducation pendant cette crise ne doit pas restreindre celui sur les solutions alternatives et les autres modèles de collaboration et d’apprentissage tournés vers la culture du libre et la pratique des communs. En effet, des milliers d’enseignants, de parents et d’acteurs associatifs se sont tournés vers la production et l’utilisation de ressources libres (contenus, logiciels, données) pour coopérer, mutualiser des connaissances, élaborer des scénarios d’apprentissage et s’organiser tout au long de la crise provoquée par le confinement. Si ces pratiques ont fait preuve de leur efficience, elles méritent d’être connues et partagées au plus grand nombre.

Afin que la mise en débat public ait lieu, Faire École Ensemble propose de se réunir par Internet le 3 novembre, pour les États généraux du numérique libre et des communs pédagogiques. Cette initiative, s’inscrit comme une forme originale de contribution aux États généraux du numérique éducatif organisés par le Ministère de l’Éducation Nationale, les 4 et 5 novembre à Poitiers.

Les EGN libre et des communs pédagogiques proposeront des temps d’inspiration, d’écoute des besoins, de mise en discussion (enjeux et propositions) et de mise en pratique. Ils participeront par cela à révéler l’existant, à faciliter le lien entre communautés qui agissent pour la production, l’usage ou la pérennisation de ressources libres et de communs pédagogiques. La programmation se destine à être entièrement co-construite avec les différents participants d’ici le 20 octobre.

Appel à participation

Enseignants, parents, développeurs, designers, acteurs de l’éducation, populaire et du numérique, communautés organisées, bricoleurs, agents des collectivités, élus, syndicats, etc. il nous est donné une occasion de se rencontrer, de révéler des pratiques et de promouvoir la culture du libre et des communs dans l’éducation. Nous vous invitons  à vous joindre aux #EGN_Libre pour témoigner de votre expérience, vous informer et échanger 🙂

Comment participer ?

  • S’inscrireici
  • Alimenter la programmation et proposer un événement : ici
  • Partager votre expérience et témoigner de votre pratique du libre et des commun dans l’éducation sous la forme de récit audio : suivre ce lien
  • Soutenir les propositions déposées sur la plateforme officielle des EGN  et regroupées ici et relayées quotidiennement sur ce compte twitter et ce compte mastodon
  • Pour toute suggestion : logiciel.libre@faire-ecole.org



Liiibre, une solution complète pour vos projets collaboratifs

Hier, mardi 15 septembre, les copains et copines de Indie Hosters (structure membre du Collectif des Hébergeurs Alternatifs Transparents Ouverts Neutres et Solidaires) ont officiellement mis en ligne leur nouvelle solution : Liiibre. Iels nous avaient parlé de ce projet pendant la période de confinement et au sein de Framasoft, on les avait encouragé⋅es dans cette voie. En effet, chez Framasoft, nous  accompagnons depuis plusieurs années les organisations qui prennent conscience de la nécessité de mettre en cohérence leurs outils numériques et leurs valeurs. Avec cette solution, c’est dorénavant bien plus simple pour elles de migrer sur des outils libres et émancipateurs. Nous vous proposons donc une petite présentation de cette solution en mode interview.

 


Alors, c’est quoi exactement Liiibre ?
Liiibre, c’est un espace sécurisé avec un compte pour chaque usager·e donnant accès aux meilleurs outils libres pour collaborer en ligne dans une seule interface unifiée : stockage de données, agendas partagés (Nextcloud), édition de documents (OnlyOffice), messagerie instantanée (RocketChat) et visioconférence (Jitsi). Avec un seul mot de passe, chaque usager·e accède facilement à l’ensemble des outils.

Illustrations originales de Thibault Daumain sous licence CC BY-NC-SA 4.0

Nous sommes partis du constat que sensibiliser à l’usage des outils libres sur de petites infrastructures locales (comme le font les CHATONS) c’est très important, mais qu’il devient indispensable, encore plus depuis la crise de la COVID19 où les besoins de collaborer en ligne se sont multipliés massivement, de proposer un service professionnel robuste et à plus grande échelle. C’est pourquoi nous avons choisi de déployer Liiibre avec Kubernetes, une infrastructure technique qui permet ce passage à l’échelle.

Qui est à l’origine de ce projet ?
C’est l’association IndieHosters. Nous sommes un collectif de personnes provenant d’horizons divers, dotées de compétences/réseaux spécifiques, qui développent un regard transversal sensible aux enjeux humains, écologiques, techniques, économiques, pédagogiques, artistiques, juridiques et politiques et mues par le désir d’inscrire l’association dans l’avenir des communs numériques. Depuis 2016, IndieHosters s’est spécialisé dans la mise à disposition d’outils en ligne répondant à toute une variété d’usages allant du blog au forum, en passant par le réseau social Mastodon ou encore la collaboration en ligne.

Conscients de la nécessité de s’émanciper collectivement des GAFAM, retrouver la maîtrise de nos données et raviver l’utopie concrète que porte en ses gènes l’idée même d’Internet, nous nous sommes donné pour mission de faciliter la transition vers un numérique éthique. Pour tenter d’avancer plus loin dans cette voie, nous nous sommes dernièrement constitué·es en association à but non lucratif et avons choisi de concentrer nos efforts à répondre au besoin le plus pressant aujourd’hui pour les organisations : la collaboration en ligne. Car travailler ensemble à fabriquer l’avenir, nécessite aussi d’utiliser des outils cohérents avec ses idées et valeurs.

Cette aventure a aussi été l’occasion d’étoffer le collectif : de deux personnes, nous sommes passés à six membres dans le collège de l’association. De nombreux contributeur⋅ices nous ont également rejoints, notamment pour mettre en place une équipe dédiée à l’accompagnement, en lien avec un réseau national de formateur⋅ices et de facilitateur⋅ices. Nous pensons en effet que dans un cadre collectif, ce qui va amener chacun·e à tirer les fruits des outils collaboratifs est lié à la qualité de l’animation qui relie l’équipe.

C’est pour qui ?
En mars dernier, alors que toute la France s’est retrouvée confinée, nous nous sommes demandé comment nous pouvions être utiles dans ce contexte inédit, conscients que les tissus coopératifs et associatifs allaient être touchés de plein fouet par la crise.

Durant cette période, les particuliers comme les entreprises se sont mis massivement à recourir à des solutions leur permettant de travailler en ligne. Pour certain⋅es, ce fut l’occasion de découvrir de nouveaux outils, et surtout de nouvelles manières de collaborer. Seulement ces outils nécessitent d’être hébergés quelque part. S’il est possible de faire appel à des hébergeurs éthiques comme les CHATONS pour quelques utilisateur⋅ices, il nous a semblé qu’il était temps de proposer une solution professionnelle et fiable aux entreprises et associations afin qu’elles puissent s’organiser avec des outils respectueux de leurs données et de leur autonomie.

Illustrations originales de Thibault Daumain sous licence CC BY-NC-SA 4.0

Liiibre est donc destiné aux organisations allant d’une trentaine à plusieurs centaines de personnes qui ne souhaitent pas héberger elles-mêmes leurs outils sans pour autant lâcher leur souveraineté sur les données. Si un groupe démarre dans la collaboration en ligne, nous les accompagnons dans la prise en main des outils et surtout dans la découverte des méthodologies de travail à distance en groupe. Et si ce sont des usager·es exigeant·es habitué·es à Google Drive, Slack, et consorts, mais souhaitant reprendre le contrôle sur leurs données, Liiibre s’adresse aussi à elleux.

Pas besoin de se préoccuper de l’hébergement des outils et des données, nous nous en chargeons, en garantissant que nous n’exploiterons jamais les données, ni les métadonnées. Nos outils étant sous licence libre et open source, les usager·es restent également libre de migrer Liiibre chez un autre hébergeur ou sur leurs propres serveurs à tout moment.

Quel est le modèle économique ?
Chez IndieHosters, il n’y a pas de client·e⋅s et nous ne sommes pas prestataires. Ensemble, nous permettons la mise à disposition d’une ressource dont la gestion suit un code social précis qui organise sa pérennité et son statut de commun à long terme sans que cela n’entrave jamais nos libertés, ni la maîtrise de nos données en tant que contributeur·ices.

Illustrations originales de Thibault Daumain sous licence CC BY-NC-SA 4.0

En utilisant Liiibre, non seulement un⋅e usager·e a l’assurance que ses données seront respectées, mais en devenant contributeur⋅ice, iel participe aussi à prouver qu’un modèle économique à échelle locale et humaine où l’on se fait confiance en bonne intelligence est possible sur Internet. Plutôt que de consommer un produit, vous devenez partie prenante d’une ressource commune et de la communauté qui en prend soin.

C’est donc sur ces principes que nous avons calculé le montant de base (8€ par mois pour chaque usager·ère au sein d’une organisation), de manière à ce qu’il permette une viabilité économique tout en étant juste pour les usager·ères. Ce montant est directement lié au coût en infrastructure technique et temps de travail de notre côté, et ne vise pas à faire du profit, seulement à pérenniser les services rendus.

Et parce que chez IndieHosters, c’est l’humain qui passe avant tout, ce montant peut-être réévalué sur la base d’un contrat de réciprocité dans lequel les usager·ères s’engagent à contribuer à la ressource par des moyens différents de la monnaie, ce qui permet à des collectifs d’accéder aux outils sans se ruiner financièrement. De même, si une organisation a les moyens de contribuer en versant le tarif plein, elle soutient en même temps d’autres groupes en leur facilitant l’accès aux outils libres. Elle n’est ainsi pas “cliente” mais bien contributrice de la communauté elle aussi.

En bref, nous gérons la complexité liée à l’hébergement d’outils libres, et nous structurons un modèle économique basé sur les communs qui privilégie le partage et la pérennité des ressources que nous mettons à disposition.




L’Atelier du Chat Perché et les outils libres

Il y a quelques mois, avant que la covid19 ne vienne chambouler notre quotidien, Angie faisait le constat que nous n’avions finalement que très peu documenté sur ce blog les démarches de passage à des outils libres réalisées au sein des organisations. Celles-ci sont pourtant nombreuses à s’être questionnées et à avoir entamé une « degooglisation ». Il nous a semblé pertinent de les interviewer pour comprendre pourquoi et comment elles se sont lancées dans cette aventure. Ce retour d’expérience est, pour Framasoft, l’occasion de prouver que c’est possible, sans ignorer les difficultés et les freins rencontrés, les écueils et erreurs à ne pas reproduire, etc. Peut-être ces quelques témoignages parviendront-ils à vous convaincre de passer au libre au sein de votre structure et à la libérer des outils des géants du Web ?

N’hésitez pas à consulter les autres articles de cette série consacrée à l’autonomisation numérique des organisations.

L’Atelier du Chat Perché est un atelier vélo participatif qui propose des permanences conviviales de mécanique vélo à ses adhérent⋅e⋅s. Lors des permanences, les adhérent⋅e⋅s peuvent venir entretenir et apprendre à réparer leurs bicyclettes. L’atelier vend aussi des vélos d’occasion qui ont été entièrement révisés. L’association participe à de nombreux événements dans Lyon et aux alentours, avec ses vélos bizarres, et propose des ateliers mobiles d’initiation et de formation à la mécanique vélo pour tous publics et toutes structures (écoles, centres sociaux, MJC, collectivités, entreprises).

Nous avons demandé à l’un de ses membres de nous parler de sa démarche de passage à des outils libres.

Bonjour, peux-tu te présenter ? Qui es-tu ? Quel est ton parcours ?
Bonjour, je suis Quentin. Dans le civil, je suis professeur des écoles. Je suis adhérent et bénévole à l’Atelier du Chat Perché depuis 2015. Entre 2016 et 2019, j’ai été membre de la collégiale qui administre l’association et j’ai pris en charge et coordonné la démarche d’autonomisation numérique de l’association. Je n’ai aucune formation en informatique. Je suis un simple sympathisant libriste, sans compétence particulière. Je me considère plutôt comme un utilisateur averti.

Tu nous parles de ton association ?
« Mécanique vélo et Autogestion » sont les mots inscrits sur le logo de l’association. L’Atelier du Chat Perché est donc un atelier de mécanique vélo où l’on vient pour entretenir soi-même sa bicyclette. En mettant des outils à disposition et en proposant une aide bénévole, l’association vise l’autonomie des cyclistes dans l’entretien de leur moyen de transport.

L’association compte 3 salariées et une grosse vingtaine de bénévoles y tient les permanences de mécanique. L’Atelier est géré en collégiale et vise une organisation autogérée. C’est donc un collectif de gestion qui gère l’association en se réunissant une fois par mois pour prendre toutes les décisions. Des commissions et des groupes de travail gèrent des missions particulières et/ou ponctuelles. Une équipe bénévole accueille et organise les permanences de mécanique vélo. Les membres de l’organisation (salarié⋅es et bénévoles) sont plutôt à l’aise avec le numérique, bien qu’il y ait des différences d’un individu à l’autre.

Avant de vous lancer dans cette démarche de dégooglisation, vous utilisiez quels outils / services numériques ?
L’Atelier du Chat Perché proposait un site web hébergé chez Free comme principal moyen de communication externe et utilisait des listes de diffusion (hébergées elles aussi chez Free) pour les échanges entre les membres du collectif de gestion, entre les bénévoles et pour communiquer des informations aux adhérent·es. Nous utilisions aussi quelques Framapad, Framadate et Framacalc pour nous organiser. Pour ce qui est de sa présence sur les réseaux sociaux, l’atelier du Chat Perché n’a jamais utilisé Facebook. Son utilisation a parfois été proposée puis discutée mais toujours rejetée. Les valeurs portées par l’association et celles de Facebook semblent ne pas être compatibles. En revanche, en plus de son infolettre, l’asso utilise les réseaux sociaux diaspora et mastodon pour diffuser automatiquement les publications de son blog.

A l’époque, nous n’avions pas de connexion Internet dans l’atelier. Les services tournaient plutôt bien mais posaient deux problèmes principaux. Tout d’abord, nous étions face à une incohérence : les valeurs de l’association prônent l’autogestion et on avait confié l’hébergement de nos services à un acteur privé. Et puis la gestion de ces outils était totalement centralisée : une seule personne en avait la charge.

Vous avez entamé  une démarche en interne pour migrer vers des outils numériques plus éthiques. Qu’est-ce qui est à l’origine de cette démarche ?
La première motivation était d’être davantage en cohérence avec les valeurs de l’association. Il était évident qu’il nous fallait migrer notre site web et nos listes de diffusion pour ne pas dépendre d’un acteur tel que Free. A titre personnel, j’étais aussi très motivé par cette démarche parce qu’elle allait me permettre d’apprendre à mettre de nouveaux outils en place. J’allais donc enrichir mon expérience et mes compétences, ce qui est totalement en accord avec les valeurs de l’association.

Nous avons donc lancé plusieurs chantiers :

  • mettre en place un nouveau site web afin qu’il soit plus facile à prendre en main par les bénévoles ;
  • réorganiser les contenus d’information qui y étaient publiés pour que ce soit plus clair ;
  • utiliser un service d’auto-hébergement dans la mesure du possible ;
  • transférer certains services (listes de diffusion) ;
  • mettre en place d’autres services (mail, partage de fichiers, infolettres).

Quels sont les moyens humains qui ont été mobilisés sur la démarche ?
Une personne bénévole, en l’occurrence moi-même, ayant peu de compétences techniques mais une expérience d’utilisateur averti, a été chargée de la coordination et de l’administration des services. J’ai fait appel au support bicloud de l’Heureux Cyclage (une sorte de chatons pour le réseau des ateliers vélos) lorsque nous avons eu besoin de compétences techniques. Migrer tous nos outils sur des services libres nous a pris entre deux et trois mois.

logo et contact de l’asso L’heureux cyclage

Peux-tu expliciter les différentes étapes de cette démarche ?
Tout a commencé par une présentation du projet à l’association. La collégiale m’a ensuite chargé de coordonner le projet et m’a transmis toutes les informations nécessaires pour cela (accès aux outils). Conscient de la limite de mes compétences techniques, je me suis rapidement rapproché du bicloud pour me renseigner sur les services proposés. C’est en échangeant avec eux que j’ai pu choisir les outils les plus adaptés aux services numériques dont nous avions besoin. Par exemple, il a fallu choisir quel CMS nous souhaitions utiliser pour notre site web. En revanche, pour les listes de diffusion, le bicloud proposait uniquement le logiciel Sympa et pour le stockage/partage de fichiers, uniquement le logiciel Sparkleshare. Les instances de ces logiciels ont été installées par l’équipe du bicloud. Je n’ai alors plus eu qu’à les configurer.

Avez-vous organisé un accompagnement des utilisateur⋅ices pour la prise en main de ces nouveaux outils ?
Oui, une fois les outils installés et configurés, il a été nécessaire de former les membres du collectif de gestion afin qu’iels puissent publier en autonomie des contenus sur le site web et rédiger l’infolettre. Pour cela, on a proposé des rendez-vous individuels à celleux qui le souhaitaient afin de leur faire la démonstration des nouveaux outils. Et on a aussi programmé un temps de présentation avec questions-réponses pour 4/5 personnes intéressées. Mais je fais le constat que globalement les personnes ne viennent pas bénévoler dans un atelier de mécanique vélo pour gérer des outils informatiques. Il est donc difficile de recruter des bénévoles pour ces tâches qui peuvent paraître loin du cœur de l’activité. D’ailleurs, certaines personnes ont fait un pas de côté et ne se sont pas investies dans les outils informatiques. Mais d’autres se sont remonté les manches et ont pris la mission informatique en main lorsque j’ai quitté le collectif de gestion. Ces personnes ont même déployé d’autre services par la suite (remplacement du Sparkleshare par un Nextcloud).

Quelles difficultés / freins avez-vous rencontrées ?
On a rencontré pas mal de freins : des Cantilever, des V-Brake, des freins à disques, à tambour, à rétropédalage ^^. Plus sérieusement, le frein le plus important, ça a été de maintenir la continuité de ces services. Il est en effet essentiel de penser l’après afin que la personne qui a lancé le processus d’installation des services puisse rapidement transmettre ses compétences à d’autres personnes. Le risque, c’est qu’une fois que les services sont installés, le collectif (qui a d’autres chats à fouetter) s’appuie complètement sur une seule personne pour les faire tourner au quotidien. Et cela peut devenir usant pour ce bénévole qui devient alors indispensable à l’utilisation de ces nouveaux outils.

Et l’avenir ? L’association envisage-t-elle de continuer cette démarche pour l’appliquer à d’autres aspects de son organisation ?
L’association envisage de se doter d’un outil pour communiquer en interne (pour le moment on utilise le mail). On a utilisé le logiciel loomio via le service Framavox pendant un temps, mais peut-être faudrait-il qu’on teste le logiciel Mattermost (Framateam). On verra aussi en fonction de ce que propose le bicloud.

Quels conseils donneriez-vous à d’autres organisations qui se lanceraient dans la même démarche ?
Le premier conseil, ce serait de prendre son temps et d’accepter que ça prenne du temps. Il vaut mieux y aller au fur et à mesure, un ou deux services à la fois. Il est essentiel de réaliser un diagnostic des outils et de leurs usages à un temps T et de s’interroger sur ce qui est réellement utile ou inutile afin de pouvoir définir ensemble ce que l’on veut. Il convient aussi de planifier et prévoir la transmission des connaissances en terme d’utilisation et d’administration des services. Et puis, ça peut être bien de ne pas laisser une seule personne être en charge de la sélection et de l’installation des outils, mais de travailler à plusieurs.

Le mot de la fin, pour donner envie de migrer vers les outils libres ?
Il me semble nécessaire que les associations militantes prennent le temps de mettre en cohérence leurs valeurs et leurs pratiques numériques. Si les associations militantes ne font pas le saut dans le libre, qui va le faire ? Choisir le numérique libre et quitter les GAFAM, c’est comme choisir la bicyclette et se débarrasser de sa bagnole : c’est faire le choix de la résilience, de la convivialité et de l’émancipation.

graf’ sur un mur avec un vélo : la cris epassera, le plaisir restera

Si vous aussi, vous faites partie d’une organisation qui s’est lancée dans une démarche similaire et que vous souhaitez être interviewé, n’hésitez pas à nous envoyer un message pour nous le faire savoir. On sera ravi d’en parler ici !




Quand les tribunaux nourrissent les trolls

Les Patent Trolls ou « chasseurs de brevets » sont des sociétés parasites qui tirent profit d’un portefeuille de brevets dont elles ont fait le plus souvent des dépôts abusifs. Elles sont particulièrement néfastes aux USA où elles multiplient les menaces de procédures judiciaires pour extorquer de l’argent aux entreprises.

Quand des sociétés ne vivent que de failles du système et qu’elles utilisent les tribunaux pour museler leurs victimes ça donne ce que vous allez lire… Avec L’Electronic Frontier Foundation, rediffusons largement sur nos réseaux les tracas subis par Mycroft puisqu’on veut les empêcher d’en parler, justement !

Les commentaires, comme toujours sur ce blog, sont ouverts et modérés.

Page originale sur le site de l’EFF : Courts Shouldn’t Stifle Patent Troll Victims’ Speech

Traduction Framalang : Cyrille Préaux, goofy, lumibd, tykayn, mo, Delaforest, Bromind, Pierre-Emmanuel Largeron, serici

Les tribunaux ne devraient pas réprimer la parole des victimes de trolls de brevets

Aux États-Unis, nous n’attendons pas des fonctionnaires – y compris les juges – qu’ils régulent la parole, et nous ne leur en accordons pas l’autorisation. Les tribunaux ne sont autorisés à restreindre la liberté d’expression que dans les circonstances les plus rares, sous réserve de limitations strictes. Nous avons donc été troublés d’apprendre qu’un juge du Missouri a rendu une ordonnance bâillonnant la parole d’une petite entreprise qui a choisi de s’exprimer au sujet d’un procès intenté contre elle par un troll de brevets.

Mycroft AI, une entreprise de neuf employés qui développe des technologies vocales open source, a publié le 5 février, un article de blog pour décrire comment la compagnie a été traitée par un troll de brevet qui s’appelle Voice Tech Corporation. Comme tous les trolls de brevet, Voice Tech n’offre ni services ni produits. L’entreprise détient simplement les brevets qu’elle a acquis grâce à plus d’une décennie d’argumentation sans contradicteur avec l’Office américain des brevets.

Les deux brevets de Voice Tech ne décrivent rien d’autre que l’usage des commandes vocales, avec un appareil mobile, pour exécuter des commandes par un ordinateur. Rien de plus. C’est le simple énoncé d’une idée, sans aucun détail sur sa mise en œuvre. Cette idée est présente dans la science-fiction depuis plus de 50 ans : l’entreprise s’appelle en fait Mycroft d’après le superordinateur du roman de Robert Heinlein «Révolte sur la lune» . Lorsque Voice Tech a utilisé ces brevets pour, d’une part, menacer puis, d’autre part, poursuivre en justice Mycroft AI, les dirigeants de la société ont refusé de payer les 30 000$ réclamés par ces brevets ridicules. Tout au contraire, ils se sont battus – et ont demandé l’aide de leur communauté.

« Les mathématiques ne sont pas brevetables et les logiciels ne devraient pas l’être non plus », écrit Joshua Montgomery, directeur de Mycroft, sur le blog. « Je n’ai pas l’habitude de demander ça, mais j’aimerais que toutes les personnes qui pensent que les trolls de brevets sont néfastes à l’open source, repostent, mettent en lien, tweetent et/ou partagent cet article. »

Montgomery a également déclaré qu’il a « toujours voulu être un chasseur de trolls » et qu’à son avis, face à de telles situations, « il vaut mieux être agressif et les « poignarder, fusiller et les pendre », puis les dissoudre dans de l’acide ». Il a inclus un lien vers une loi de l’État à laquelle il s’est opposé l’année dernière, où il avait utilisé la même citation.
Ce langage cru a attiré l’attention et l’histoire est devenue virale sur des forums comme reddit et Hacker News. Le procès et l’article ont également été couverts par des publications techniques telles que The Register et Techdirt. Selon Mycroft, cela a conduit à un afflux de soutien bien nécessaire.

Et sinon, vous pouvez faire la chasse aux trolls grâce à Framatroll

Le tribunal intervient

Cependant, selon Voice Tech, cela a conduit à du harcèlement. La société a réagi en demandant au juge qui supervise l’affaire, le juge de district américain Roseann Ketchmark du district ouest du Missouri, d’intervenir. Voice Tech a laissé entendre que l’article avait conduit à la fois à un harcèlement de son avocat et à une tentative de piratage. Mycroft a vigoureusement nié tout harcèlement ou piratage et a déclaré qu’il «admonesterait et nierait» toute attaque personnelle.

Malheureusement, le juge Ketchmark a non seulement accepté l’argument de Voice Tech concernant le harcèlement, mais il a également ordonné à Mycroft de supprimer des parties du billet de blog. Pire encore, il a ordonné à Mycroft de cesser de solliciter le soutien de sa propre communauté open source. Mycroft a reçu l’ordre spécifique de supprimer la demande que «toute personne de notre communauté qui pense que les trolls de brevets sont mauvais pour l’open source» poste à nouveau et rediffuse la nouvelle.

Pour être clair, si les allégations sont vraies, l’avocat de Voice Tech a le droit de répondre à ceux qui le harcèlent réellement. Cette décision est toutefois profondément troublante. Il ne semble pas qu’il y ait eu suffisamment de preuves pour que le tribunal estime que l’article cru de Mycroft ait conduit directement au harcèlement — une exigence essentielle (bien que non suffisante) avant d’interdire à une partie de partager ses opinions sur une affaire.

Cependant le public a le droit de savoir ce qui se passe dans cette affaire et Mycroft a le droit de partager cette information, même si elle est formulée dans un langage un peu cru. Le fait que certains membres du public aient pu réagir négativement au message, ou même tenter de pirater Voice Tech, ne justifie pas de passer outre à ce droit sans preuves solides montrant un lien direct entre le message de Mycroft et le harcèlement de l’avocat de Voice Tech.

Patent troll
« Troll under the Bridge » – Fremont Troll à Seattle

Les chasseurs de brevets et la censure

Mais il y a pire. Renforcée par son succès initial, Voice Tech continue à faire pression pour davantage de censure. En juin, Mycroft a publié une mise à jour de son produit MARK II. Alors qu’elle comptait sur sa sortie en 2021, Montgomery a écrit que «L’avancement dépendait du recrutement et des distractions telles que les trolls de brevets» et a fait référence à un article de Techdirt. Voice Tech a rapidement réagi et demande au travers d’une note à MyCroft de supprimer le lien et d’amender l’article :

«Voice Tech demande que Mycroft supprime le lien vers l’article TECHDIRT et mette à jour l’article original sur le forum de la communauté Mycroft au plus tard avant la fermeture des bureaux le 22 juillet 2020. Si Mycroft n’obtempère pas, Voice Tech n’aura d’autre choix que de porter plainte auprès du tribunal pour diffamation.»

Mycroft a supprimé le lien. VoiceTech a également cherché à censurer les journalistes indépendants sur l’affaire, tels que ceux qui ont publié sur Techdirt.

C’est déjà choquant que de petites entreprises telles que Mycroft AI soient sujettes à des menaces et des litiges concernant des brevets, qui dépassent à peine de la science-fiction, fournis par une bureaucratie défaillante. Mais il est encore plus inadmissible qu’elles ne puissent pas en parler librement. Aucune entreprise ne devrait avoir à souffrir en silence des dommages causés par les chasseurs de brevets à son activité, à sa communauté, et au public au sens large. Nous espérons que le juge Ketchmark reconsidérera clairement et rapidement sa censure et l’annulera. Nous sommes heureux de la démarche de Mycroft AI d’enclencher une action en justice pour combattre ces brevets clairement invalides.

 

 




Un coup de pouce de Sourcehut pour financer vos débuts sur PeerTube ?

Pour la culture libre, le problème du financement est souvent crucial. Voici la proposition d’une sorte de petite bourse de « débutant sur PeerTube » qui nous fait plaisir et que nous vous invitons à considérer.

Sourcehut qui fait cette offre est une communauté qui propose à prix raisonnable une suite d’outils libres et open source et une plateforme de développement avec des dépôts Git et Mercurial, des listes de diffusion, du suivi de bug, l’intégration continue etc. Le tout sans traqueurs ni publicité (oui en revanche, nous leur faisons un peu de promo ici, donc).

Séduits par PeerTube, Sourcehut souhaite en augmenter les contenus disponibles en vous aidant à en réaliser…

Article original : The PeerTube content bootstrap fund

Traduction Framalang : FranBAG, draenog, goofy, mo, Ellébore

Un fonds de démarrage pour le contenu sur PeerTube

par Drew DeVault

Peertube est un excellent projet qui vise à créer un « tube » vidéo ouvert et décentralisé pour héberger des contenus vidéo dont la gouvernance est distribuée et le développement piloté par la communauté. Chocobozzz, avec l’aide de dizaines de contributeurs, a fait le difficile travail d’ingénierie pour construire une belle plateforme, et maintenant nous nous voulons y voir du contenu !

Fédération, CC-By SA LILA

 

Pour contribuer à cette opération, SourceHut offre 5000$ à titre d’amorçage pour fournir du contenu sur le réseau PeerTube. Cet argent sera utilisé pour aider de nouveaux créateurs de contenus à faire des vidéos pour PeerTube. Nous financerons de l’équipement pour vous aider à vous lancer : caméras, microphones, cartes de capture vidéo et ainsi de suite, quoi que ce soit d’approprié au genre de vidéos que vous voulez faire, avec un budget supplémentaire de 200$ à dépenser à votre guise pour les premières vidéos. Besoin d’une caméra sympa ? De quelques micros adaptés pour mener une interview ? D’un drone pour faire des prises de vues ? On y va ! Un compte sera aussi configuré pour vous sur Liberapay pour que votre public puisse vous aider à vivre de façon convenable.

Si vous avez un loisir intéressant à partager, un sujet à enseigner que vous connaissez sur le bout des doigts, un talent que vous aimeriez montrer, ou tout autre super idée à laquelle nous n’avons pas pensé, envoyez-nous un courriel à sir@cmpwn.com avec le sujet : “PeerTube bootstrap application: [votre nom ici] « . [NOTE DE FRAMASOFT : Écrivez votre message en anglais, évidemment ! 🙂 ]. Ajoutez quelques lignes pour vous présenter, dire pourquoi vous postulez, et préciser quel genre de vidéos vous voudriez réaliser. Indiquez-nous aussi pourquoi la culture libre est importante pour vous !

Sepia, la mascotte de PeerTube, par David Revoy (CC-By)

Voici les conditions à remplir :

  • Vous ne devez pas déjà être un habitué de la diffusion vidéo sur d’autres plateformes. Nous cherchons à financer de nouveaux créateurs de contenu. Pas ceux qui le sont déjà1.
  • Vous ne pouvez publier des vidéos que sur PeerTube — pas sur YouTube ni où que ce soit d’autre.
  • Vos vidéos doivent être sous licence Creative Commons, par exemple CC-BY-NC-SA.
  • Nous attendons de vous que vous fassiez au moins 5 vidéos. Si vous décidez par la suite que la création vidéo, ce n’est pas pour vous, nous reprendrons l’équipement et vous serez libéré⋅e (de votre engagement).
  • À partir du moment où vous gagnerez 20$ / mois via Liberapay, nous partagerons les coûts d’hébergement à parts égales entre tous les créateurs : ils se montent à 45$ / mois pour le moment. Vous ne nous serez jamais redevable d’un montant supérieur à 25 % de vos rentrées Liberapay ; SourceHut prendra le reste en charge.

Notre instance est sur spacepub.space. Nous nous chargerons de l’administration technique du serveur et nous vous fournirons l’aide nécessaire pour démarrer. Ensemble, nous bâtirons une communauté de créateurs de culture libre qui s’entraident pour un bien commun enthousiasmant. Faisons de PeerTube une plateforme grandiose !

 




Nos plans pour PeerTube v3 : collecte perlée, du live pour cet automne

Nous dévoilons aujourd’hui la feuille de route des six prochains mois de développement de PeerTube. Avec votre soutien, nous voulons poursuivre les améliorations sur ce logiciel qui permet aux particuliers, structures et collectifs de s’émanciper de YouTube et de reprendre le pouvoir sur l’hébergement de leurs vidéos.

Comme toutes les informations concernant PeerTube, cet article est directement publié en français et en anglais, afin que vous puissiez le partager au-delà de la barrière de la langue, et que ce ne soit pas uniquement la francophonie qui promeuve, soutienne et finance un logiciel traduit en 16 langues et utilisé dans le monde entier.
À noter : cet article bénéficie désormais d’une version audio.
Merci à Sualtam, auteur de lectureaudio.fr pour cette contribution active.

Faire le monde d’après avec PeerTube

Des chaînes YouTube aux live Facebook en passant par Amazon-Twitch, les vidéos Insta, Snap ou Tiktok, les outils des géants du Web sont conçus dans la même idéologie politique : le capitalisme de surveillance. L’objectif est simple : capter votre attention pour étudier vos comportements, les ficher et mieux cibler la pub. Leur méthode est efficace : offrir un maximum de confort logiciel et de gratification immédiate pour que vous abandonniez votre contrôle sur l’outil afin de mieux envahir et meubler votre temps de cerveau disponible.

Ces outils sont donc tout à fait adaptés aux personnes qui n’ont aucun problème avec la société d’hyper consommation, et qui font confiance à des entreprises multi-milliardaires (donc au « marché ») pour décider de ce qui se verra ou pas sur nos écrans (comme TikTok, qui modère les vidéos et les comptes des membres jugés trop moches, gros ou pauvres).

Chez Framasoft, nous faisons partie des autres personnes, celles qui veulent voir exister une société de contribution.

PeerTube permet de créer du lien même lorsqu’on doit s’isoler.
Illustration CC-By-SA l’association LILA

La pandémie que nous vivons actuellement a été l’occasion d’une grande remise en question de ce que nous faisons et voulons faire : nous avons réfléchi à notre rôle dans ce fameux « monde d’après ». Plus que jamais, nous croyons que notre place est auprès de ces personnes qui font l’effort de contribuer à une société plus humaine, plus résiliente, plus respectueuse. Et nous pensons que PeerTube est un outil qui peut servir les personnes qui défendent cette vision de la société.

Parce qu’il est libre et fédéré et donc qu’il demande l’effort de se partager le pouvoir et les responsabilités, parce qu’il démocratise l’hébergement de vidéos en ligne, parce qu’il autonomise des académies et permet à des communautés invisibilisées de s’afficher et d’exister… nous avons la conviction que PeerTube est un outil que nous devons renforcer, pour qu’il serve encore mieux celles et ceux qui font la société de contribution.

Page d’accueil du collectif QueerMotion, qui héberge une instance PeerTube réservée aux vidéastes Queer.

La « Roadmap » s’affiche sur JoinPeertube.org

Nous venons de publier une feuille de route décrivant nos intentions pour les six prochains mois du développement de PeerTube, menant à une troisième version du logiciel, ou une « v3 ». Ces six mois seront découpés en 4 étapes, et chaque étape se concentrera sur un domaine spécifique de PeerTube. L’idée de cette v3, c’est vraiment de renforcer l’existant, en se basant sur les retours que nous avons reçus des hébergeuses d’instance, vidéastes et spectateurs.

Etape 1 - recherche globale - Peertube

Nous savons que la recherche de vidéos sur une instance PeerTube peut être frustrante pour les spectateurs qui veulent juste accéder simplement à un contenu sans devoir se demander qui est fédéré avec qui. Pour la première étape de cette feuille de route, nous allons créer un index globalisé des vidéos, pour faciliter la recherche de contenus au travers de toute la fédération. Cet index sera conçu de façon à être facilement reproductible et paramétrable pour que quiconque puisse proposer son propre index, avec ses propres règles d’admissibilité. Nous espérons voir fleurir par exemple des index sans contenu pour adultes, d’autres avec uniquement les contenus d’instances dédiées aux jeux vidéo, etc.

Etape 2 - moderation - Peertube

Si chaque version de PeerTube a apporté son lot d’outils de modération, nous savons que ces fonctionnalités sont essentielles pour les équipes qui administrent des instances, gèrent leur bulle de fédération et modèrent les contenus qui y sont hébergés. Durant la 2e étape de développement, nous allons donc consacrer un mois à développer et améliorer les outils de modération. Du suivi des signalements à la lutte contre les spams en passant par les historiques de modération : notre liste est déjà bien remplie et nous la prioriserons en fonction des retours que nous avons reçus.

Etape 3 - plugin playlists - Peertube

Au cours de la troisième étape de la roadmap, nous voulons améliorer l’ergonomie et l’affichage des listes de lecture de vidéos dans PeerTube. L’objectif est de permettre aux vidéastes d’intégrer des playlists directement dans leurs sites web ainsi que dans leurs fils de médias sociaux.

Par ailleurs, nous souhaitons faciliter les contributions au code de PeerTube. Pour cela, nous allons améliorer le système de plugins qui permet d’ajouter une nouvelle fonctionnalité à PeerTube sans toucher au cœur du code. Nous souhaitons réaliser nous-même un outil d’annotation de vidéos, ce qui nous permettra de mieux comprendre comment faciliter et mettre en valeur le travail des personnes qui contribuent à PeerTube en créant des plugins.

PeerTube v3 : ça part en live !

La 4e et dernière étape de cette feuille de route sera consacrée au développement d’une nouvelle fonctionnalité très attendue : la diffusion de vidéos en direct et en pair-à-pair. Nous avons fait des tests, nous savons qu’il s’agit là d’un gros morceau, comme on dit, mais nous sommes confiant·es sur le fait d’y arriver.

Alors attention, avec un seul développeur à plein temps sur le projet, nous n’allons pas coder en deux mois le twitch-killer avec tout le fun des insta lives. Si vous vous attendez à des modules de tchat en direct, à des gifs rigolos qui s’animent lorsque Karen42 fait un don ou encore à des cœurs et des pouces qui poppent autour de l’écran, vous allez être très déçu·es !

Etape 4 - live - Peertube

Il s’agit là de poser les fondations techniques de la diffusion en live et en pair-à-pair. En utilisant le lecteur vidéo « HLS » mis en place depuis la version 1.3 de PeerTube, nous pensons pouvoir réaliser un direct avec un décalage d’une minute (voire 30 secondes dans les situations optimales) entre les vidéastes et les spectatrices. En contrepartie de ce léger délai, la charge du flux pourra être partagée entre tous les appareils qui afficheront le direct.

Cette première implémentation du live dans PeerTube sera donc minimaliste, et demandera probablement certains efforts (comme celui de passer par le logiciel libre OBS pour capter vos flux audios et vidéos). Néanmoins, ce serait le début d’un outil révolutionnaire : plus besoin d’avoir la grosse ferme de serveurs d’Amazon-Twitch pour diffuser des vidéos en direct à un grand nombre de personnes, le pair-à-pair permettra de démocratiser l’hébergement des lives !

Marie-Cécile Godwin Paccard, designer

En plus des 4 étapes de développement, tout au long de ces six mois, nous comptons entreprendre un travail de fond sur l’expérience d’utilisation de PeerTube. Nous choisissons de ne rien annoncer de spécifique à ce sujet, pour laisser aux personnes qui vont travailler sur ces points toute la liberté d’améliorer PeerTube de la manière qui leur semblera la plus pertinente.

Une collecte perlée pour un développement sans condition

Avant la pandémie, nous envisagions d’animer un crowdfunding pour récolter les 60 000 € que vont coûter ces 6 mois de travail consacrés à la v3 de PeerTube. Aujourd’hui, alors que la France sort d’une période de confinement et que l’on peine à cerner les conséquences humaines et matérielles terribles que cette crise aura pour de nombreuses personnes, cela ne nous semble pas décent.

Néanmoins, cette v3 de PeerTube nous semble d’autant plus importante lorsque nous imaginons un monde où l’on doit parfois rester chez soi, diffuser des cours et conférences en live et à distance, ou filmer en direct une manifestation. Nous avons la conviction que nous devons la développer. Imposer la condition « si nous ne récoltons pas 60 000 €, alors il n’y aura pas de v3 » serait -dans ce cas précis- un mensonge, une manipulation marketing : ce n’est pas la relation que nous voulons avoir avec vous.

Sepia, regardant un débat « un outil technologique est-il politiquement neutre ? » (allégorie)
Illustration de David Revoy recadrée par nos soins – Licence : CC-By 4.0

Pour autant, ces 60 000 €, il va bien falloir les trouver. À Framasoft, nous nous engageons à développer cette v3 de PeerTube, quitte à devoir puiser dans les dons qui sont faits à notre association pour soutenir l’ensemble des projets que nous menons de front, donc dans notre budget 2020.

Dans le même temps, nous avons placé un bouton de don dédié au projet PeerTube sur la page de la roadmap, ainsi qu’une barre indiquant où nous en sommes de la récolte de financements fléchés pour ce projet. C’est beaucoup moins palpitant que les paliers et le compte à rebours d’un crowdfunding traditionnel, où l’on est incité à donner avant une date limite, pour ne pas oublier et passer à autre chose…

Mais c’est aussi beaucoup plus proche de notre réalité : nous allons faire ces améliorations, car nous croyons en la nécessité de cet outil. Nous prenons donc le risque de sérieusement grever notre budget 2020. Nous savons que nous pouvons vous faire confiance pour contribuer au financement de PeerTube si vous partagez notre enthousiasme et en avez les moyens.

Étude de David Revoy, CC-By, que nous remercions chaudement pour les illustrations de cette roadmap.
Cliquez sur l’image pour retrouver les dessins finaux (et leurs sources).

S’éloigner du marketing, se rapprocher de vous

Nous voilà parti·e⋅s pour six mois de développement. Nous ferons, sur le Framablog, le bilan sur la réalisation des étapes de développement ainsi que sur les finances lorsque nous publierons la v3 de PeerTube, prévue pour novembre 2020.

D’ici là, si vous désirez en suivre chaque étape, vous pouvez vous inscrire à la newsletter de PeerTube (envoyée en français et en anglais), dont les informations sont archivées sur la page actus de JoinPeertube.org et relayées par les comptes Mastodon et Twitter de PeerTube.

Un « autre » monde ne pourra pas se construire avec les outils du capitalisme de surveillance.

Faciliter l’accès aux contenus, partager les pouvoirs et responsabilités, s’ouvrir aux contributions, démocratiser le direct grâce au pair-à-pair… La v3 de PeerTube vise à consolider cet outil comme une alternative de plus en plus conviviale aux Google-YouTube et autres Facebook-Lives.

Un cas de force majeure nous a incités à nous éloigner encore plus des techniques de marketing traditionnelles pour la récolte de fonds : concrètement, nous mettons notre budget 2020 entre vos mains. Plus que jamais, nous allons avoir besoin de votre aide pour suivre et partager activement cette feuille de route, la faire connaître autour de vous et hors de la francophonie.

Nous avons, en fait, décidé de croire en PeerTube et de croire en vous.

Alors… vous embarquez ?
Illustration de David Revoy – Licence : CC-By 4.0

 

 

Pour aller plus loin




Framaconfinement semaine 8 – Voilà, c’est fini…

Eh oui, c’est la dernière semaine de confinement et ce sera donc le dernier article de ce journal de bord. Mes acolytes Pouhiou et Pyg ayant des tas d’autres choses à faire, c’est à nouveau moi, Angie, qui m’attelle à la rédaction de nos aventures framasoftiennes pour la semaine du 4 au 10 mai. Bon, ne croyez pas non plus que c’est ma seule activité au sein de l’association ! D’ailleurs, vu la date à laquelle est publié cet article, c’est que j’ai bien dû faire autre chose entre-temps !

L’accès à l’ensemble de nos articles « framaconfinement » : https://framablog.org/category/framasoft/framaconfinement/

Une dernière semaine de confinement bien remplie

Au sein de l’équipe salariée, lors de notre réunion hebdomadaire du lundi, j’ai pu ressentir un réel soulagement chez mes collègues à voir l’échéance de cette période de confinement approcher. Même si l’on craint un peu qu’il y ait du changement d’ici la fin de la semaine. Ce serait ballot qu’on nous annonce qu’on reste finalement confiné le 11 mai. On s’est d’ailleurs demandé si les salarié⋅e⋅s qui ne télétravaillent pas habituellement vont retourner au bureau dès lundi prochain. À vrai dire, à part AnMarie qui en a vraiment besoin car tous les dossiers qu’elle utilise au quotidien y sont, ça ne semble pas nécessaire. Pyg, Lise, Théo et moi-même allons donc continuer à télétravailler comme nos autres collègues. On a aussi décidé de revenir à nos horaires de travail habituels dès cette semaine (du moins pour celles et ceux qui les avaient adaptés). L’idée d’un retour à la normale commence à se faire sentir.

Cette semaine, Luc a préparé la migration de plusieurs de nos serveurs. En effet, le crash d’un de nos serveurs historiques le lundi 6 avril lui a donné l’envie d’encore mieux anticiper les crashes à venir ! Le service Framadrive a été migré le 6 mai vers un nouveau serveur, l’actuel commençant à montrer des signes de faiblesse. Le service Framaforms a été migré le 11 mai vers un nouveau serveur. L’utilisation de ce service va croissant et les performances s’en ressentent. La migration vers un serveur dédié doté de disques SSD devrait grandement améliorer cela. Luc prépare aussi l’installation d’une instance du logiciel Big Blue Button qui nous servira pour le Framacamp en ligne.

Lundi, JosephK s’est occupé de la mise à jour de Loomio, le logiciel derrière notre service Framavox. C’est une grosse mise à jour car on vient de passer de la version 1.8 à la version 2.1.9. Cette dernière version corrige un certain nombre de bugs et refonde plusieurs fonctionnalités.

JosephK travaille toujours sur une nouvelle mise en forme de notre page de contact afin de limiter les tickets de support dont les réponses peuvent se passer d’une intervention manuelle. Nous recevons en effet de nombreuses questions via ce formulaire alors qu’elles ont leur réponse dans la FAQ , la documentation ou sur https://status.framasoft.org/.

Tcit et Chocobozzz continuent à travailler sur le développement de leurs logiciels respectifs. Mais je n’en sais pas beaucoup plus… A priori, ça avance plutôt bien !

Cette semaine, Pouhiou n’a pas trop le moral, mais il a terminé la rédaction de la lettre d’informations et a préparé son envoi. En parallèle, il a terminé la rédaction de l’article Ce que Framasoft va faire en 2020, post confinement où il vous explique comment nous envisageons notre activité pour les mois à venir. Et il se lance dans la foulée dans la préparation des contenus pour la nouvelle page web de la collecte Peertube V3. C’est un long travail que de penser à tout ce qui doit y apparaître et surtout de comment articuler tout cela. Et surtout ça demande un certain nombre d’échanges avec Chocobozzz pour s’assurer qu’il a bien compris les différentes pistes de développement envisagées. C’est aussi beaucoup d’échanges avec JosephK qui va s’occuper de créer la nouvelle page web sur https://www.joinpeertube.org/.

La petite anecdote du service support vous est présentée cette semaine par spf qui a reçu un message d’une personne nous indiquant qu’elle avait été hackée et doxxée et que son harceleur avait utilisé notre service Framabin pour cela. Un individu mal-intentionné a divulgué des informations sur l’identité et la vie privée de cette personne dans le dessein de lui nuire en utilisant l’un de nos services. La victime nous demandait de retirer le contenu, ce que nous avons immédiatement fait, et de lui fournir l’identité de l’utilisateur⋅ice du service afin qu’elle puisse porter plainte. Nous ne lui avons pas transmis d’informations sur l’identité de la personne ayant utilisé notre service car, comme indiqué dans notre FAQ, nous ne communiquons pas des informations de ce type sur simple demande, mais uniquement dans le cadre d’une requête judiciaire par les autorités compétentes. En revanche, il est tout à fait possible que cette personne porte plainte contre X.

Pyg a eu une semaine remplie de réunions, d’échanges téléphoniques et de mails. Il a fait un point avec le tuteur universitaire de Théo sur son stage et a répondu à plusieurs de nos partenaires sur des projets en cours. Et puis il a aussi terminé la rédaction de l’article Framaconfinement semaine 6 – Faire un pas de côté qu’il a publié sur le blog le samedi 9 mai.

#TypoMadness

Mercredi, la #TeamMemes se lance dans la création de mèmes en pagaille suite à la publication par l’AFP d’une photo du Président Macron avec un masque lors d’une visite d’école. Les aficionados de Twitter n’auront pas pu louper cet appel d’Alexis Poulain à la légender. Mais la #TeamMèmes va plus loin et réalise plusieurs mèmes à partir de cette photo. Et bien sûr Luc ne boude pas son plaisir d’en diffuser sur son compte Mastodon.

Allez savoir comment, sur notre canal Mattermost dédié aux gifs et mèmes, on est passé de cette petite récréation à une discussion sur comment réaliser différents caractères spéciaux en fonction de son clavier. Vous connaissez la différence entre les guillemets français et les guillemets anglais ? Et dans quel cas d’usage on doit utiliser les uns plutôt que les autres ? Moi, je n’en savais rien du tout !

La discussion a ensuite dérivé sur les raccourcis claviers pour faire plein de caractères spéciaux… des points médians aux accentuations des lettres nordiques… Est-ce parce que la libération est dans moins d’une semaine que mes acolytes sont tous devenus fous ???

Une semaine bien intense pour bibi

Pour ma part, ça a été une semaine bien remplie. Ça a commencé par la lecture du dossier Transition éthique et TIC : essaimer des pratiques numériques coopératives, solidaires et émancipatrices. Ce projet porté par Colibris-Outils libres auquel nous nous sommes associés avec Ritimo et Outils-réseaux se propose de produire, animer et commercialiser des formations hybrides à destination des citoyen·n⋅es et des professionnel·les sur des sujets liés à la transition écologique et sociale. Nous venons de répondre à l’appel à projet de l’AFNIC AAP1 « Un projet numérique au service d’une société plus équitable » afin d’obtenir des financements.

Ce projet répond à l’enjeu de diffuser la culture « outils libres » dans une démarche éthique et citoyenne à travers deux axes principaux. Le premier est la mise en place d’une bibliothèque de ressources sur un nano-serveur web permettant la co-conception d’une « salle de formation itinérante ». Cela part du constat que de nombreu.ses formateur⋅ices et médiateur⋅ices numériques rencontrent parfois des difficultés de connexion lors de leurs interventions (wifi inopérant ou droits d’accès trop stricts). Pour résoudre ce problème, disposer d’un mini-serveur web faisant office de portail captif et de ses outils pour la formation installés sur cette machine, permettra aux apprenant·es de se connecter directement à la machine locale. C’est aussi l’occasion d’expliquer comment fonctionne internet à petite échelle et d’avoir une sélection de documents à partager avec les apprenant·es. Ce nano-serveur web s’inspirera fortement de projets tels que Yunohost, La Brique Internet, les PirateBox ou les BiblioBox.

framabox

Le second axe relève de la production de formations hybrides tutorées et de la diffusion des contenus pédagogiques en marque blanche. Nous envisageons donc la réalisation d’une formation hybride qui permettra aux apprenant⋅e⋅s de découvrir l’usage des principaux outils inclus sur ce nano-serveur. L’objectif de cette formation est de contribuer à l’essor des usages des outils libres en proposant un parcours de formation accessible à tou·tes et sécurisant pour les collectifs ou organisations souhaitant s’engager dans une telle transition. Parallèlement à cela, les supports de cours seront mis à disposition en marque blanche sous licence CC-BY-SA 4.0, via des plateformes telles que Contributopia.

Un axe complémentaire du projet vise à contribuer à un essaimage de la démarche. Un module de la formation sera dédié au fait d’accompagner l’essaimage du projet en donnant les ressources et outils aux personnes le souhaitant pour former à leur tour d’autres personnes. Nous espérons ainsi contribuer à la dynamique des usages du libre en francophonie. S’appuyant sur les méthodes issues de l’éducation populaire pour encourager une réappropriation collective et solidaire des outils numériques, ce projet permettra à chacun·e d’être en capacité d’envisager ces technologies comme un enjeu de société et de contribuer au débat.

Ayant moi-même été formatrice plusieurs années et ayant rencontré à de multiples reprises des difficultés à pouvoir transmettre dans de bonnes conditions mes contenus pédagogiques, je me félicite que Framasoft soit partenaire de ce projet. Et il m’apparaît primordial que nous puissions y faire notre part.

J’ai par la suite enchaîné sur le traitement des sélections de contenus sur PeerTube réalisées lors du Confin’atelier du 25 avril. Ces sélections alimentent la partie « Découvrez notre sélection de contenus » de la page d’accueil de https://joinpeertube.org/ (en français et en anglais). L’objectif de ce bloc est de montrer des contenus (vidéos, chaînes et instances) diversifiés et de qualité aux internautes découvrant PeerTube. Car les différentes instances PeerTube hébergent de nombreux contenus qui méritent d’être découverts. Et plutôt que d’utiliser un algorithme de recommandation comme le font les autres plateformes de diffusion vidéo, nos recommandations sont réalisées par de vrais humains ! D’ailleurs si vous êtes vidéaste et que vous diffusez des vidéos que vous souhaitez voir mises en valeur, n’hésitez pas à nous le faire savoir sur notre forum.

A chaque fois que vous allez sur https://joinpeertube.org, vous pourrez découvrir de nouveaux contenus sélectionnés.

Cette semaine, c’était aussi pour moi l’occasion d’une grande victoire car j’ai (enfin) réussi à réaliser ma première Merge Request. Bon, pour celleux qui ne s’intéressent pas forcément au code, ça ne va pas leur parler. Mais je vous assure, que pour moi, c’est une sacrée victoire car toutes mes tentatives précédentes n’avaient jamais abouti (mes collègues avaient toujours dû repasser derrière moi pour corriger mes erreurs). Quand je pense qu’il y a un an, je ne savais même pas de quoi il s’agissait ! En l’occurrence, ce n’était pas un truc très compliqué à réaliser : vous vous doutez bien que moi qui baragouine à peine en markdown, j’allais pas me mettre à écrire des lignes de code !

D’ailleurs tout cela n’aurait pas été possible si, en amont, les textes de cette nouvelle actualité Du retard pour Mobilizon n’avaient été rédigés par Pouhiou et traduit en anglais par Arthur. J’ai donc juste eu à réaliser une merge request pour mettre en ligne une nouvelle actu (en français et en anglais) sur https://joinmobilizon.org.

Contrairement à ce dont j’ai l’habitude, ce site étant un site statique, on n’utilise pas un CMS pour y ajouter des contenus. Voici quelques explications pour les moldus. Sans CMS, il faut aller directement modifier les fichiers du site. Pour cela, je me suis rendue sur la forge logicielle où sont déposés les fichiers du site en question. J’ai créé une divergence de ce projet (celleux qui savent disent une branche) : pour le dire simplement, j’ai fait une copie de tout le dépôt sur mon propre compte afin de ne pas toucher aux fichiers originaux. Et c’est sur cette branche du projet que j’ai travaillé. Ce que j’avais à y faire n’était pas hyper compliqué : j’ai ajouté un fichier image dans un dossier afin d’illustrer mon article et ajouté le texte dans les deux fichiers .yml correspondant aux pages web que je voulais modifier.

Bon, pas très compliqué, mais quand même ! Je ne maîtrise absolument pas le code et j’ai donc dû m’inspirer que ce qui avait été fait par d’autres pour que mon texte se présente exactement pareil, jouer avec les balises html et heureusement que Pouhiou n’était (virtuellement) pas loin car sur le fichier .yml des actus en anglais, et bien j’ai rencontré un souci. J’avais pourtant l’impression d’avoir fait exactement la même chose que pour l’ajout des contenus en français, mais une petite espace s’était glissée sur une ligne et avait tout bloqué. J’aurais pu chercher longtemps ! C’est que c’est capricieux le code, à une espace près, rien ne fonctionne ! Au final, j’ai enfin atteint le résultat que je souhaitais et j’ai donc pu réaliser cette fameuse merge request (ou en français, demande de fusion de branche).

Enfin, en tant que référente « entretien » pour le Tiers-Lieux où nous avons nos bureaux, je me suis aussi occupée cette semaine de contacter notre prestataire de nettoyage pour faire le point sur les interventions de cette entreprise à la réouverture du lieu la semaine prochaine. Je me suis fadée la lecture des documents officiels pour m’assurer que toutes les précautions sanitaires seront prises.

C’était donc une semaine bien intense, où j’ai réalisé plein d’activités différentes. Des semaines comme je les aime, où je ne vois pas le temps passer, où je ne bloque pas sur un dossier, et qui me donne le sentiment du travail bien fait.

Penser progressivement la reprise

Je ne sais pas pour vous, mais moi, il m’angoisse un peu ce déconfinement. Je crains de reprendre les transports en commun, et même de reprendre mon vélo, de faire face aux automobilistes angoissés, voire agressifs, au brouhaha de la circulation. Car, mine de rien, j’ai pris l’habitude de rester tranquille chez moi, au calme. Je crains aussi un peu de ne pas réussir à me re-sociabiliser. Vais-je supporter, au plan émotionnel, de revoir plein de gens (enfin, dans la limite de 10 personnes) d’un coup ? Comment faire pour ménager nos émotions, pour être moins inquiet, angoissé et stressé en reprenant le cours de notre vie ? Comment faire pour limiter le risque que nos inquiétudes et que nos peurs ne deviennent pathologiques ? Comment limiter ce contre-coup émotionnel ? Comment se projeter de manière efficace et sereine dans un avenir incertain et pour lequel on n’est pas véritablement prêt ?

Je n’ai pas de réponses à ces questions. Mais je pense qu’il va être nécessaire d’y aller progressivement, de ne pas tout reprendre d’un coup, comme s’il ne s’était rien passé. C’est d’ailleurs la raison pour laquelle j’ai souhaité continuer à télétravailler plutôt que de retourner au bureau. Même si la situation de confinement m’a amenée à mieux réguler mes émotions, elle aura profondément modifié mon organisation personnelle et professionnelle. Et je ne crois pas souhaitable de tout remettre en route immédiatement.

D’ailleurs, à l’heure où je termine la rédaction de cet article, j’ai pu constater que ma première semaine de déconfinement était assez similaire aux précédentes. Je me suis juste accordé une petite randonnée à la campagne avec un ami, histoire de pouvoir sentir à nouveau les odeurs des fleurs et des arbres, redécouvrir les collines du Beaujolais et cueillir quelques plantes pour renouveler mon stock de tisanes. Cette reconnexion à la nature m’a été très bénéfique. En entrant en résonance avec les champs, la forêt, les arbres, les ruisseaux et la rocaille, je me suis aussi reconnectée à une partie de moi que j’avais totalement occultée pendant cette période de confinement. Cela me fait dire que je suis entrée dans une phase de reviviscence : comme certaines formes vivantes (rotifères, tardigrades, anguillules, ciliés, amibes, mousses, graines, spores) qui étaient entrées en anhydrobiose (vie latente) sous l’effet de la dessiccation, je reviens progressivement à la vie.

Je vous souhaite donc à toutes et tous de pouvoir vous aussi entrer progressivement en reviviscence dans les jours, semaines et mois à venir. Nous savons toutes et tous que nos vies seront encore perturbées pour quelques temps : nos libertés d’actions vont rester limitées et l’impact de la pandémie se fera sentir sur de nombreux plans. Nous ne reviendrons sûrement pas exactement à notre vie d’avant. Ce qui est, selon moi, plutôt souhaitable. Inventons nous une nouvelle vie, car, comme le dit Pyg depuis le début du confinement « le monde a changé »©. Et essayons de ne pas revenir à l’immonde d’avant…