Les drôles de conseils du site Educnet

Zara - CC by-saNous le savons, et n’ayons pas peur de paraphraser les Beatles pour appuyer notre propos (et montrer toute l’étendue de notre culture), « logiciel libre » et « éducation » sont des mots qui vont très bien ensemble.

Voici ce qu’en disait récemment le Département de l’instruction publique du canton de Genève : « Dans sa volonté de rendre accessibles à tous les outils et les contenus, le libre poursuit un objectif de démocratisation du savoir et des compétences, de partage des connaissances et de coopération dans leur mise en œuvre, d’autonomie et de responsabilité face aux technologies, du développement du sens critique et de l’indépendance envers les pouvoirs de l’information et de la communication. »

En France pourtant cette association ne va pas de soi. Nouvelle illustration avec le site Educnet, portail TICE du Ministère de l’Éducation Nationale et du Ministère de l’Enseignement Supérieur et de la Recherche (autrement dit c’est ici que l’on traite des Technologies de l’information et de la communication pour l’éducation ou TICE).

Sur ce site donc, dans la catégorie juridique Légamédia[1], on trouve, et l’intention est louable, une page consacrée non pas aux logiciels libres mais aux logiciels « Open Source » : L’utilisation et le développement de logiciels issus de l’Open Source.

Il est difficile pour un site qui aborde tant de sujets d’être « expert en tout » mais dans la mesure où il s’agit d’un canal officiel de l’Éducation Nationale, je n’ai pu m’empêcher de réagir[2] et d’en faire ici une rapide lecture commentée.

1- Définition technique et pratique : L’Open Source est le nom donné à leur mouvement en 1998 par les acteurs du logiciel libre. Fruit de la mouvance libertaire de l’Internet, les bases de l’Open Source ont été jetées en 1984 par Richard Stallman avec son projet GNU (GNU’s not Unix). Ce projet consistait à créer un système d’exploitation aussi performant qu’Unix et complètement compatible avec lui. Est ainsi né le premier système d’exploitation dit « libre », car son utilisation, sa copie, sa redistribution voire sa modification étaient laissées au libre arbitre de l’utilisateur. Sous le nom d’Open Source, sont fédérées toutes les expériences d’accès libre au code source des logiciels.

Le site Educnet s’adresse à la communauté éducative dont en tout premier lieu aux enseignants. Expliquer rapidement ce qu’est un logiciel libre n’est pas chose aisée mais on aurait tout de même pu s’y prendre autrement, à commencer par privilégier l’expression « logiciel libre » à celle d’« Open Source ». Par exemple en empruntant la première phrase de l’article dédié de Wikipédia : « Un logiciel libre est un logiciel dont la licence dite libre donne à chacun (et sans contrepartie) le droit d’utiliser, d’étudier, de modifier, de dupliquer, et de diffuser (donner et vendre) le dit logiciel ».

Une fois ceci posé et compris, on aura bien le temps par la suite d’entrer plus avant dans le détail et d’aborder les choses plus finement en évoquant le code source ou les différences d’approche entre « logiciel libre » et « Open Source ». Quant à la « mouvance libertaire de l’Internet » je n’évalue pas l’effet produit sur le lecteur mais elle oriente assurément le propos.

1.1- Les principes de l’Open Source : En réaction au monopole d’exploitation reconnu par le droit d’auteur ou le Copyright, la finalité de l’Open Source est la promotion du savoir et sa diffusion auprès d’un public le plus large possible. Il est proposé aux internautes utilisant et développant les logiciels issus de l’Open Source de créer un fonds commun de logiciels en ligne. Concrètement, l’utilisation de logiciels issus de l’Open Source permet le libre accès au code source du logiciel, sa copie et sa libre redistribution.

Je continue à me mettre à la place d’un enseignant qui découvrirait ici le logiciel libre et cela demeure complexe à appréhender ainsi présenté. Reprendre la traditionnelle introduction de Richard Stallman (« je peux résumer le logiciel libre en trois mots : liberté, égalité, fraternité  ») aurait eu certainement plus de sens et d’impact. Retenons cependant que la finalité est « la promotion du savoir et sa diffusion auprès d’un public le plus large possible », ce qui tombe plutôt bien quand on s’intéresse à l’éducation, non ?!

1.2- Les conditions d’utilisation : Afin de développer à un moindre coût un projet informatique, des élèves et leur enseignant peuvent utiliser des logiciels « Open Source », les modifier ou les améliorer afin de les adapter à leurs besoins. En revanche, les améliorations effectuées sur le logiciel initial doivent être versées dans le fond commun mis en ligne. Il est possible de puiser gratuitement dans le fond des logiciels libres, à condition qu’à son tour on enrichisse le fond de ses améliorations en permettant à d’autres de les exploiter gratuitement…

Qu’est-ce que c’est alambiqué ! Et faux par dessus le marché : nulle obligation d’enrichir le fond des logiciels libres pour les utiliser ! On voudrait nous faire croire que les logiciels libres sont réservés aux informaticiens que l’on ne s’y prendrait pas autrement.

2- Les points de vigilance : En utilisant des logiciels issus de l’Open source, les élèves comme leurs enseignants doivent avoir conscience des conditions d’utilisation particulières de ce type de logiciel. Cela permet d’avoir des outils logiciels performants à moindre coût, mais son apport dans l’amélioration du logiciel n’est nullement protégé. Il faut au contraire le mettre en libre accès en rappelant sur le site de téléchargement du logiciel les principes de l’Open Source.

Là ce n’est plus alambiqué c’est carrément de parti pris ! La tournure et le champ lexical adopté (« vigilance », « avoir conscience », « conditions », « mais », « nullement protégé », « au contraire »…) ne peuvent que conduire à inspirer une certaine méfiance au lecteur alors même qu’on devrait se féliciter de l’existence du logiciel libre, véritable facilitateur de vie numérique en milieu scolaire !

Et pour finir en beauté, l’ultime conseil, dans un joli cadre pour en signifier toute son importance (les mises en gras sont d’origine) :

Conseils : Il est donc déconseillé d’utiliser ce type de logiciel si les élèves, leurs enseignants, voire l’établissement scolaire souhaitent garder un monopole d’utilisation des travaux de développement du logiciel libre. Les principes de l’Open Source obligent les développeurs à garantir un accès libre aux améliorations du code source du logiciel libre.

La cerise sur le gâteau, pour définitivement convaincre le lecteur que non seulement le logiciel libre c’est compliqué mais qu’il est en fait à déconseiller alors même qu’il ne viendrait jamais à l’idée des élèves, enseignants et établissements scolaires de « garder un monopole d’utilisation des travaux de développement du logiciel libre ». Sommes-nous sur Educnet ou sur un site du Medef ?

Que l’Institution souhaite conserver un positionnement neutre vis-à-vis du logiciel libre, je le déplore et le conteste mais je peux le comprendre. Personne ne lui demande en effet de sauter sur sa chaise comme un cabri en criant : logiciel libre, logiciel libre, logiciel libre ! Mais de là à présenter les choses ainsi…

Soupir… Parce qu’on avait déjà fort à faire avec Microsoft et ses amis.

Et ce n’est malheureusement pas terminé parce que, autre intention louable, il y a également une page consacrée (nouvel emprunt à l’anglais) à « l’Open Content » : L’utilisation de contenus issus de l’Open Content.

1- Définition technique et pratique : Dans le prolongement du mouvement Open Source qui concernait que les logiciels, l’Open Content reprend les mêmes principes de libre accès à la connaissance en l’appliquant cette fois à tout type de contenus en ligne (content). Sur l’Internet, des auteurs mettent en libre accès leurs créations musicales, photographiques, littéraires, etc. … Ils choisissent ainsi de contribuer à l’enrichissement d’un fonds commun de savoir mis en ligne. Lors de l’élaboration d’un site web ou de tout autre travail, les élèves ou les enseignants peuvent utilement puiser dans ce fonds et intégrer ces contenus issus de l’Open Content dans leurs propres travaux. Enfin, à leur tour, les élèves et leurs enseignants peuvent aussi verser leurs propres travaux dans le fonds commun de l’Open Content. Il faut pourtant garder à l’esprit quelques règles à respecter.

Cela commençait fort bien mais, comme précédemment, un bémol final : « il faut pourtant garder à l’esprit quelques règles à respecter ». C’est tout à fait juste au demeurant, il y a bien des règles à respecter, celles de la licence accolée à la ressource. Amusez-vous cependant à comparer par exemple la licence (« Open Content ») Creative Commons By-Sa avec les directives (non « Open Content ») concernant les usages des « œuvres protégées à l’Éducation Nationale, effet garanti !

2- Les points de vigilance : L’Open Content est un choix conscient et maîtrisé par l’auteur, comme le démontrent les licences d’utilisation de ce type de « contenus libres ». Les conditions d’utilisation sont claires.

Là encore, il faut que le lecteur soit « vigilant » en ayant la « maîtrise » des « conditions d’utilisation » et la « conscience » de ses choix. Faites mille fois attention avant d’adopter de telles licences ! Dois-je encore une fois renvoyer à cet article pour illustrer des conditions d’utilisation bien moins claires que n’importe quelle ressource sous licence libre ?

2.1- Les prérogatives morales : Tout d’abord, les licences sont l’occasion de rappeler aux futurs utilisateurs, élèves et enseignants les prérogatives morales de l’auteur : le respect de la paternité et de l’intégrité de l’œuvre. En utilisant ces contenus, le nom de l’auteur doit être mentionné et aucune modification à l’œuvre originale doit être apportée sauf si elle est mentionnée avec l’accord de l’auteur.

Avec l’accord de l’auteur… sauf dans le cas où la licence choisie confère d’office certains droits à l’utilisateur qui n’a alors rien à demander à l’auteur pour jouir de ces droits. C’est justement le positionnement adopté par les licences libres et les licences de types Creative Commons (voir ce diaporama à ce sujet), licences de la plus haute pertinence à l’ère du numérique surtout en… milieu scolaire. Imaginez-vous en effet devoir demander à chaque auteur les autorisations d’usage pour chaque œuvre que vous souhaitez utiliser et étudier en classe !

Et n’oublions pas non plus l’existence du domaine public qui n’est pas mentionné ici.

2.2- Les prérogatives patrimoniales : De même, la licence précise les conditions d’exercice des prérogatives patrimoniales de l’auteur : les droits de reproduction et de représentation. Sur ces points, selon le principe de libre accès, la licence permet la copie et la redistribution de l’œuvre à condition que les copies soient faites dans une finalité non commerciale. Il s’agit d’une cession à titre gratuit limitée. Les contenus issus de l’Open Content peuvent donc être utilisés sans restriction dans le cadre de l’activité scolaire à la condition de respecter les prérogatives morales des auteurs initiaux et en rappelant sur les pages où se trouvent les contenus « libres » les conditions des licences « Open Content ».

Encore du jargon juridique qui n’est pas de nature à être véritablement compris par l’enseignant, qui plus est sujet à caution puisque les licences libres autorisent généralement aussi bien la modification que l’exploitation commerciale d’une œuvre soumise à cette licence.

Et comme pour l’article précédent, un (étrange) conseil à suivre pour conclure :

Conseil : Il est par contre déconseillé au milieu scolaire d’utiliser ce type de contenus si on envisage de valoriser ses travaux en s’associant avec un partenaire privé pour une exploitation commerciale.

S’agit-il de « valoriser » ou de « monétiser » les travaux ? Et là encore, vous en connaissez beaucoup vous des enseignants qui envisagent de s’associer à un partenaire privé pour une exploitation commerciale ? De plus il n’y a aucune antinomie, on peut très bien adopter des licences libres et s’associer à un partenaire commercial pour exploiter (avec succès) ses travaux, Sésamath et ses manuels scolaires libres en vente chez l’éditeur Génération 5 nous en donne un parfait exemple.

Résumons-nous. Avec les licences libres appliquées aux logiciels et aux ressources, on tient de formidables instruments favorisant l’échange, le partage et la transmission de la connaissance en milieu scolaire (c’est ce que je tente de dire modestement au quotidien sur ce blog en tout cas). Mais de cela nous ne saurons rien si ce n’est que consciemment ou non tout est fait pour dissuader l’enseignant de les évaluer sérieusement en le noyant sous la complexité et les mises en garde avec des considérations économiques qui viennent parasiter un discours censé s’adresser à la communauté éducative.

Ces deux pages, non retouchées depuis un an, mériteraient je crois une petite mise à jour. Qu’il me soit alors permis de suggérer à leurs auteurs la lecture de ces quelques articles qui ne viennent pas d’un illégitime électron libre et « libriste » (comme moi) mais qui émanent du sérail : Les Creative Commons dans le paysage éducatif de l’édition… rêve ou réalité ? (Michele Drechsler, mars 2007), Un spectre hante le monde de l’édition (Jean-Pierre Archambault, septembre 2007) et Favoriser l’essor du libre à l’école (Jean-Pierre Archambault, juin 2008). Peut-être y trouveront-ils alors matière à quelque peu modifier le fond mais aussi la forme du contenu tel qu’il se présente actuellement.

Sur ce je souhaite une bonne rentrée à tous les collègues et à leurs élèves, ainsi qu’une bonne année à tous les lecteurs du Framablog. Il serait tout de même étonnant que l’année qui vient ne voit pas la situation évoluer favorablement pour le logiciel libre et sa culture, à l’intérieur comme à l’extérieur de l’école.

Notes

[1] On notera par ailleurs, bien mise en évidence dès l’accueil de la rubrique Légamédia, un « conseil de prudence aux agents publics souhaitant bloguer » qui doivent avoir le souci « d’éviter tout propos susceptible de porter atteinte à la fois à la dignité des fonctions qu’ils exercent et aux pouvoir publics  ». C’est bien de le rappeler mais on retrouve le même climat de méfiance voire de défiance, cette fois-ci vis-à-vis des blogs. J’espère que critiquer comme ici le contenu d’un site officiel ou s’interroger sur la pertinence des accords sur l’usage des « œuvres protégées » n’entrent pas dans ce cadre sinon je crains que ce billet soit l’un des derniers du Framablog.

[2] Crédit photo : Zara (Creative Commons By-Sa)




Espéranto et logiciel libre

L’espéranto m’a toujours fasciné et si j’avais eu sept vies comme les chats, j’en aurais certainement consacré une à son apprentissage. Et ce n’est pas cette conférence qui me fera changer d’avis. Bien au contraire, elle vous pousserait presque à modifier vos plans (et vos bonnes résolutions 2009) pour vous y mettre dès le lendemain.

Intitulée malicieusement Linux, l’espéranto des logiciels / L’espéranto, le Linux des langues elle a été donnée par Tim Morley en juillet 2005 dans le cadre des RMLL de Dijon. Voici ce qu’en disait Thomas Petazzoni sur son blog : « Cette conférence a été vraiment animée de manière excellente par Tim, un anglais maîtrisant très bien le français et l’espéranto. Il a pu présenter ce qu’est l’espéranto, et surtout les points communs entre les valeurs de l’espéranto et celles du logiciel libre. »

Tim Morley est le chef de projet de la traduction d’OpenOffice.org en espéranto. Ne vous arrêtez ni à la durée (env. 1h) ni à la piètre qualité sonore de l’enregistrement car cette vidéo est vraiment très intéressante et méritait bien qu’à la faveur de notre projet Framatube, nous lui donnions une nouvelle visibilité.

—> La vidéo au format webm




Maximum respect for the Ubuntu french team

Voici une petite interview de Christophe Sauthier, président de la french LoCo team à savoir l’association Ubuntu-fr, réalisée début décembre à Mountain View (oui, oui, chez Google) lors du récent Ubuntu Developer Summit, UDS chez les initiés.

Il a beaucoup impressionné l’assemblée, c’est-à-dire ses petits camarades ubunteros venus du monde entier pour l’occasion, avec ses 4000 visiteurs de la récente Ubuntu Party de Paris à la Villette (d’ailleurs il est désormais surnommé 4K, c’est vous dire). Il évoque également tous les avantages de devenir Masters of the Universe (MOTU) chez Ubuntu et son souci de faciliter la tâche et l’accueil des nouveaux contributeurs.

PS : C’est en anglais mais comme c’est un français qui parle anglais on comprend encore mieux que d’habitude 😉

—> La vidéo au format webm

Si jamais il vous venait l’envie d’en savoir plus sur Christophe Sauthier et son rôle au sein d’Ubuntu, vous trouverez ci-dessous un entretien paru dans la lettre hebdomadaire Ubuntu n°121 (7 au 13 décembre 2008) sous licence GNU FDL.

Entretien avec huats, leader de l’équipe d’Ubuntu-fr

Qui es-tu ? Où habites-tu ? Que fais-tu dans la vie ?

Je m’appelle Christophe Sauthier et mon pseudo IRC est huats. J’ai 31 ans, j’habite à Toulouse et je vis en couple. Je travaille pour une société de service (makina corpus) qui travaille exclusivement dans le monde de l’open-source. Je suis impliqué dans tout ce qui est formation, assistance, migration à Ubuntu, ainsi que sur certains dévelopements en PHP (Drupal) ou Python (Plone). Je suis impliqué directement dans Ubuntu en tant que président de la LoCo française. Mon autre rôle dans la communauté est de coordonner les tutorats des MOTU, dont le but est d’aider les nouveaux venus dans le monde du développement pour Ubuntu. J’essaye aussi d’être actif au niveau développement en aidant au packaging de quelques applications, essentiellement autour de l’environnement GNOME.

Comment es-tu entré dans le monde de Linux et d’Ubuntu ?

Il y a très très longtemps (quelque chose comme 1996), j’avais demandé son avis à quelqu’un au sujet d’un script Perl sur lequel je bossais (un CGI pour site web en l’occurence) et il m’avait dit : « Si tu veux coder un peu en Perl, fais-le sous Linux. Tu peux faire comme ça pour l’installer… » Ça a été mon premier contact avec Linux. À cette époque, j’utilisais surtout Suse et Debian. Et puis un beau jour, je tombe sur quelque chose basé sur Debian, mais qui n’avait pas encore de nom. C’est devenu Ubuntu. C’était en 2004, et depuis ce jour, Ubuntu est l’unique distribution que j’utilise.

Comment as-tu démarré avec la communauté française ?

Je faisais depuis un moment quelques traductions pour des logiciels (essentiellement dans GNOME) et je suis tombé un jour sur un billet du wiki de la LoCo française qui mentionnait des projets sur le point d’être lancés. L’un d’eux était l’organisation d’entretiens (puis leur traduction) avec quelques membres clés de la communauté. Ce projet a évolué plus tard en diverses choses comme BehindUbuntu.

Qu’est-ce qui t’a amené à prendre la tête de la LoCo française ?

Après cette première expérience dans la communauté française, j’ai décidé de rester dans les parages, fréquentant différents chats IRC francophones, ou passant de temps en temps sur les forums. C’est là que j’ai vu la campagne pour vendre des t-shirts pour la LoCo. Ma première pensée a été « j’en veux un ! », et ma deuxième « je suis sûr que je peux les aider à organiser ça »… après avoir commandé le mien, j’ai pris contact avec le gars qui s’occupait de ce projet, et il y avait tellement de boulot que mon coup de main a été le bienvenu… Il s’est trouvé que Yann (le gars que j’avais contacté) était le président de la communauté française, et après pas mal de discussions, il m’a dit qu’un coup de main serait bien utile aussi pour le développement du site web. Il m’a demandé de montrer que je pouvais aider en codant un module pour PunBB (le forum que nous utilisons). J’ai pris en charge de plus en plus de choses dans la LoCo, et quand le président a décidé de passer la main, on m’a demandé si je me sentais de relever le défi : monter une nouvelle équipe, avec une nouvelle organisation. C’est ainsi que je suis devenu le président d’Ubuntu-fr, et que j’ai essayé de changer l’organisation en me basant sur le concept de «travail d’équipe».

Quels sont les défis dans la gestion d’une grande LoCo? Comment votre LoCo fait-elle pour communiquer et couvrir un si grand territoire ?

Il y a de nombreux défis, mais c’est aussi un boulot passionnant. Le premier défi est, bien sûr, d’en faire le maximum tous les jours. Il y a beaucoup de sollicitations et nous ne pouvons satisfaire tout le monde, même si nous essayons. A la fin, certains peuvent croire que nous ne sommes concentrés que sur un domaine et que nous nous fichons des autres. En fait, nous manquons tout simplement de main-d’oeuvre et de temps, et pour le montrer, nous communiquons de plus en plus au travers d’un blog pour les rapports. Ce blog fait partie du Planet francophone et donc tout le monde peut y accéder. Mais nous ne voulons pas seulement nous limiter au blog, nous essayons d’être aussi transparents que possible sur les décisions prises. Environ une fois par mois, nous tenons une réunion publique sur IRC. Nous essayons de nous occuper de chaque aspect de notre communauté : nous parlons des actions passées (depuis la dernière réunion), des actions en cours, et de celles à court et moyen terme. Nous consacrons aussi du temps à répondre aux questions et tout le monde peut proposer un nouveau sujet de discussion. Je pense que cette transparence intéresse les gens, ainsi à la dernière réunion, environ 60 personnes étaient présentes.

Comment la LoCo française est-elle organisée? Est-elle centralisée ou décentralisée ?

C’est un mélange. Il y a bien sûr un groupe de personnes qui forme le noyau de la LoCo, mais avec la nouvelle organisation de l’équipe, ce groupe s’est quelque peu agrandi. Le but est que chaque personne ait une vue d’ensemble de tout ce qui se passe dans la LoCo, ou du moins qu’elle en sache autant que possible. De cette manière, si quelqu’un se désiste, il est plus facile de le remplacer. Autour du noyau, il y a un plus grand cercle d’individus qui sont plus particulièrement investis dans un ou deux domaines. Ce deuxième groupe peut être considéré comme plusieurs équipes vouées à un domaine en particulier. Donc, pour résumer : un noyau de moins de 10 personnes, qui mène des activités de groupe indépendantes les unes des autres. Chaque équipe a une grande liberté d’action, même si nous aimons être tenu au courant des décisions importantes.

Parfois, les communautés connaissent des périodes creuses, pendant lesquelles la motivation ou la participation peuvent retomber. Comment fait la communauté française pour remédier à cela ?

Je pense que nous avons également eu un tel épisode, mais son effet a été amoindri par les changements d’organisation que j’ai mentionné plus tôt. C’était perceptible lorsque les principaux protagonistes de la communauté ont ralenti un peu, mais il n’y a pas eu de gros ralentissement de nos activités. C’est le signe distinctif des communautés les plus importantes, qui peuvent s’autogérer sans dommage majeur… Tant que cela ne dure pas trop longtemps bien sûr… Depuis, la communauté est revenue sur les rails, et elle très active. Les séances que nous avons eu dans tout le pays pour Intrepid, ainsi que l’évènement de Paris avec plus de 4000 visiteurs dans le week-end en sont de bons exemples. Puisque nous ne voulons plus ralentir, nous avons lancé quelques petits projets qui devraient nous aider à aborder des sujets qui nous intéressent. Cela devrait nous aider à maintenir la croissance de notre communauté. Il y a quelques projets qui m’ont donné envie de m’investir dans la communauté, donc vous pouvez imaginer que j’y suis très attaché. Nous avons le sentiment que, de cette façon, nous pourrons compenser une décroissance, ou un ralentissement de la participation en ajoutant de nouveaux centres d’intérêts dans lesquels s’impliquer.

Quels sont les projets de la LoCo à court et long terme ?

Je dirais continuer le travail actuel que nous avons juste initié : compléter les diverses équipes (certaines sont encore un peu floues, ou commençent seulement à prendre forme). Par exemple, il n’y avait pas vraiment d’équipe de développement web, puisque nous nous contentions de réunir les ressources au besoin. Aujourd’hui, un groupe de personnes très talentueuses travaille sur divers aspects de l’utilisation à long terme, pas seulement à la demande. C’est nécessaire si nous voulons pouvoir continuer à innover. Donc pour le court terme, cela signifie trouver une nouvelle apparence pour l’ensemble des sites ubuntu-fr (site web, documentation, forum et planet), utiliser au mieux notre nouveau site web (drupal), et donner à nos éditeurs les droits pour plusieurs équipes (celles de kubuntu ou d’edubuntu). Nous espérons être capables de faire ceci dans les prochains mois. Pour le long terme, nous voulons vraiment continuer nos efforts de diffusion d’Ubuntu en France, ce qui demande l’organisation de sessions supplémentaires dans tout le pays (en continuant sur notre lancée après tous les évènements accompagnant la sortie d’Intrepid). Nous souhaitons aussi organiser des colloques réguliers, où les gens pourront se rencontrer physiquement plutôt qu’à travers IRC. Cela permettrait d’aider les novices à ressentir une appartenance à la communauté. Cela pourrait aussi se traduire par des ateliers de débuggage, des ateliers de documentation (comme un atelier de débuggage mais pour vérifier la documentation disponible), ou même quelques ateliers de traduction. Enfin, nous essaierons de définir une réelle politique pour la participation aux évènements pour permettre aux gens de rencontrer l’équipe personnellement pour poser des questions et obtenir des réponses.

Une des idées que vous avez évoquées avec le conseil de la communauté est le jumelage. Qu’est-ce que c’est? L’avez-vous déjà mis en pratique?

Le jumelage des LoCo peut prendre plusieurs significations. Celle qui me tient à coeur est l’aide qu’une communauté importante, comme la communauté française, peut apporter aux plus modestes. Cette aide pourrait être de l’expérience, ou l’organisation de campagnes à grande échelle, ou même des dons pour les aider à lancer leurs évènements. C’est quelques chose à laquelle notre équipe a du faire face à ses débuts, et sans l’implication financière de quelques membres, nous n’aurions jamais pu faire autant de choses. Comme la communauté française est plus puissante maintenant, cela pourrait être une bonne chose d’aider les autres équipes à se lancer. En fait, c’est plutôt proche des concepts clés qui menèrent à la création de Ubuntu-eu il y a quelques années. Ubuntu-eu est un effort commun pour partager l’hébergement de leur site web. Depuis, plusieurs communautés ont trouvé un hébergement à cet endroit, ce qui est clairement une aide fort utile pour les équipes les plus récentes. Pour revenir au processus de jumelage, nous avons commencé à travailler un peu sur le sujet, avec la communauté tunisienne, mais nous n’avons pas avancé beaucoup dans le processus par manque de temps. Je suis sûr que nous travaillerons bientôt à nouveau là-dessus.

L’équipe française Ubuntu a organisé une Ubuntu Party à laquelle ont participé 4000 personnes. Pouvez-vous la décrire ? Comment l’avez-vous préparé ? Combien de temps cela a-t-il pris?

Cet évènement, qui a eu lieu à Paris, était un mélange de tous les différents types d’atelier qu’on peut avoir : installation, nouvelle version, conférence… C’est pourquoi on peut simplement l’appeler un “atelier Ubuntu”. On prépare cet évènement tous les 6 mois, pendant le week-end, un mois à peu près après la sortie d’une nouvelle version. Pendant l’atelier, les gens viennent pour avoir une installation d’Intrepid ou parce qu’ils ont des problèmes avec leur installation. On a aussi présenté plus de 14h de conférences, et un atelier débuggage…une station de radio a même émis depuis l’Ubuntu Party pendant tout le week-end. L’équipe préparait cet évènement depuis la fin du précédent (c’est-à-dire début juin), donc on a assisté au résultat de 6 mois de travail par l’équipe toute entière. Certains travaillaient sur la communication (les médias et le public visé), d’autres sur les besoins matériels de l’évènement, et d’autres sur les conférences. Maintenant, on fait l’analyse de cet évènement, ce qui nous aidera à préparer le suivant en mai 2009.

Que fais-tu dans ton temps libre ?

À part mes activités LoCo, je fais aussi du développement pour Ubuntu. Même si je sais que cela est lié a notre communauté, je considére cela clairement comme une activité à part. Cependant, je fais aussi pas mal de sport : du basketball et de la randonnée dans les Pyrénées (les montagnes près de chez moi). À part cela, j’aime cuisiner pour mes amis. D’ailleurs, je pense qu’il y a clairement un point commun entre cuisiner pour les autres et participer à des activités liées aux logiciels libres…




Les bonnes résolutions du logiciel libre pour 2009 ?

Foxypar4 - CC byNous pouvons nous réjouir du succès croissant que connaît le logiciel libre depuis quelques années, emmené par quelques projets phares tels que Firefox, Wikipédia, OpenOffice.org et Ubuntu pour les plus connus d’entre eux.

Les solutions Open Source sont de plus en plus utilisées sur les ordinateurs personnels et plus seulement dans le monde des serveurs, et entre le fiasco Vista et la crise, on se prend à rêver de jours radieux pour le libre…

Sauf que… Tout n’est pas rose au royaume du code ouvert ! Ces belles réussites cachent parfois des problèmes plus ou moins inquiétants : Firefox, fort de son record de téléchargements pour sa version 3.0, pourrait voir sa juteuse alliance avec Google menacée par les ambitions du géant de la recherche dans le domaine des navigateurs. Wikipédia mène en ce moment même une campagne d’appel aux dons massive pour lui permettre de poursuivre son développement. OpenOffice.org, adoptée par de plus en plus d’administrations et de particuliers, connaît quant à elle quelques couacs en coulisses, où des tensions se créent entre Sun et la communauté (nous traiterons de ce sujet dans un prochain billet).

Alors même si l’heure n’est pas à l’alarmisme[1], il convient de ne pas se laisser griser par le succès et de garder à l’esprit qu’il y a encore du boulot…

L’excellent Bruce Byfield, dont nous avons déjà traduit plusieurs articles dans les colonnes du Framablog, a publié un billet où il dresse avec une grande pertinence une liste de neuf problèmes de comportement qu’il a relevés chez les partisans du libre (et chez lui…) qui nuisent au développement des projets Open Source et à la communauté. Il y parle entre autres de l’acharnement aveugle contre Microsoft, de l’hostilité envers les nouveaux venus, et de la tentation d’accepter des compromis qui au bout du compte, pour quelques parts de marché en plus, risquent de nuire à long terme au mouvement du libre.

Bien sûr, en homme raisonnable, il propose à chaque fois une solution pour y remédier et faire en sorte que le libre poursuive sa marche vers "la domination du monde", comme il l’évoque en plaisantant dans les lignes que vous allez lire.

Neufs bonnes résolutions pour bien commencer l’année 2009, donc… (J’en profite au passage pour adresser mes meilleurs vœux aux lecteurs du Framablog).

Neuf problèmes de comportement qui font du tort au logiciel libre

Nine Attitude Problems in Free and Open Source Software

Bruce Byfield – 15 octobre 2008 – Datamation
(Traduction Framalang : Don Rico et Goofy)

Le logiciel libre et Open Source (NdT : Free and Open Source Software ou FOSS), j’adore ça. C’est une cause, une extension de la liberté d’expression, que je peux défendre en tant qu’auteur, et les membres de la communauté, en plus d’être brillants, sont à la fois passionnés et pragmatiques. C’est un domaine stimulant, et celui dans lequel j’ai choisi de travailler.

Parfois, néanmoins, le pire ennemi de la communauté, c’est la communauté elle-même. Certains comportements, souvent enracinés, nuisent à son unité et à ses objectifs communs, tels que fournir une alternative au logiciel propriétaire ou prêcher la bonne parole du FOSS. Au sein de la communauté, presque tout le monde s’est un jour rendu coupable d’un de ces comportements fâcheux, moi y compris, mais nous en discutons rarement. C’est pour cette raison que ces comportements perdurent et gênent les efforts de la communauté.

Admettre l’existence de ces comportements me semble être un bon début pour y remédier, alors voici neuf de ceux que j’ai le plus souvent constatés chez moi comme chez d’autres.

1) Se tromper d’ennemi

Chaque fois qu’une communauté se construit sur un certain idéalisme ou des convictions, les luttes intestines semblent être la norme. Cela s’applique aux groupes religieux et politiques, et il n’y a donc rien de surprenant à ce que ce soit aussi la norme au sein du FOSS, où les opinions de beaucoup sont souvent très tranchées.

Trop souvent, hélas, les conflits internes semblent l’emporter sur les objectifs communs. Plusieurs grands pontes professionnels ou semi-professionnels se forgent un nom en s’en prenant à d’autres membres de la communauté (peu importe leur nom, si vous vous intéressez à la question, vous savez de qui il s’agit, et je me refuse à les encourager dans leur démarche en leur faisant de la publicité gratuite).

Parfois, comme le mentionne Jeremy Allison, ces pontifes osent émettre des critiques que nul autre n’oserait exprimer. Mais la plupart du temps, leur motivation semble n’être que d’attirer l’attention sur eux, sans se soucier des divisions qu’ils créent au sein de la communauté, et en lisant les propos de ces pontes, nous encourageons ces divisions.

Pis encore, les dissensions entre les défenseurs du logiciel libre et ceux du logiciel Open Source. Certes, ce sont deux philosophies différentes : le logiciel libre (free software) s’attache à la liberté de l’utilisateur, alors que l’Open Source se soucie surtout de la qualité du logiciel. Pourtant, malgré ces distinctions fondamentales, les membres des deux camps travaillent sur les mêmes projets, avec les mêmes licences, et ont beaucoup plus de points qui les unissent que de points qui les opposent.

Alors pourquoi s’attarder sur les différences ? À l’évidence, les partisans du logiciel libre et ceux de l’Open Source ne trouveront personne d’autre avec qui ils ont plus en commun.

2) Ennuyer le monde avec des histoires de logiciels

Le logiciel étant l’un des éléments centraux de la communauté du FOSS, ses membres passent logiquement beaucoup de temps à en discuter. Pourtant, si vous essayez d’intéresser quelqu’un au FOSS, parler de logiciel ne fonctionne que si vous vous adressez à un auditoire de développeurs. Pour les autres, même la gratuité du FOSS n’a pas grand intérêt, sinon les partagiciels ou shareware seraient beaucoup plus utilisés.

Pour la plupart des gens, le logiciel en soi n’a pas grand intérêt, même s’ils passent de dix à douze heures par jour devant leur ordinateur.

Comme l’a signalé Peter Brown, le président de la Free Software Foundation, il y a quelques années, le FOSS doit s’inspirer des méthodes des partisans du recyclage. Ces partisans du recyclage ne défendent pas leur cause en expliquant où sont amenés les matériaux recyclables pour leur donner une seconde vie, ni en expliquant comment on fait fondre le verre pour le réutiliser plus tard… non, ils présentent les bénéfices du recyclage dans le quotidien de tout un chacun.

De la même façon, au lieu de parler du logiciel ou de ses licences, la communauté du FOSS doit davantage évoquer les problèmes tels que les droits, la protection de la vie privée et de la liberté d’expression des utilisateurs, des questions qui vont bien au-delà du clavier et de l’écran.

3) Se contenter d’imiter d’autres systèmes d’exploitation

Pendant des années, le FOSS a dû s’efforcer de rattraper le développement de Windows et d’OS X. C’était une nécessité incontournable, parce que le FOSS a commencé plus tard, et pendant longtemps, a disposé de moins de ressources que ses rivaux du monde propriétaire.

En outre, les utilisateurs changent d’autant plus facilement de système d’exploitation pour passer au libre que ce dernier ressemble à ce qu’ils connaissent. Et les développeurs ne vont pas non plus perdre leur temps à réinventer l’ordre des entrées de menu dans une fenêtre ou les raccourcis clavier pour copier ou coller.

Cependant l’imitation pose aussi des problèmes. Elle peut mener à copier à l’aveugle, par exemple à placer le menu principal en bas à gauche alors que c’est en haut à gauche qu’on le trouve le plus vite. Cela signifie aussi qu’on a toujours un train de retard, ce qui n’attire guère de nouvelles recrues – après tout, qui voudrait s’embarrasser d’un système d’exploitation qui n’est pas à jour ?

La vérité, c’est que dans un nombre croissant de domaines, y compris celui du bureau d’ordinateur et de la suite bureautique, le FOSS a déjà rattrapé les systèmes propriétaires, ou est en passe de le faire. Dans certains cas, tels que KDE4, le FOSS a pris la tête en ce qui concerne l’expérimentation. Mais la majeure partie de la communauté n’est pas encore passée de l’idée d’imitation à celle d’innovation, et cette absence de prise de conscience risque d’entraver les progrès du FOSS.

Comme l’indiquait justement Mark Shuttleworth de Canonical l’été dernier, il ne suffit pas d’égaler Apple. Le but devrait être de le dépasser.

4) Se méfier des nouveaux venus

Toute communauté tend à se replier sur elle-même. Du fait qu’elle est constituée de réseaux d’associations qui existent depuis des années, et que le statut de chacun y dépend de ses contributions, la communauté FOSS est probablement plus insulaire que la plupart. Un nouveau venu au FOSS doit à la fois maîtriser un certain volume d’expertise technique mais aussi tout un répertoire de connaissances et de principes implicites, avant de pouvoir espérer intégrer la communauté.

Tout cela est compréhensible, mais ne peut justifier l’impatience affichée ni le dédain que beaucoup de membres de la communauté infligent aux nouveaux venus. Trop souvent, j’ai vu des débutants animés de bonnes intentions, même s’ils étaient trop peu informés, perdre tout intérêt pour le FOSS parce que leurs questions basiques déclenchaient des répliques cinglantes dans lesquelles le commentaire dominant était : « RTFM » (NdT : Read The Fucking Manual, soit « Lisez Le Putain De Mode d’Emploi »).

Apparemment, beaucoup de membres de la communauté doivent encore prendre conscience que la plupart des gens ont pour premier réflexe de demander l’aide de quelqu’un avant de se documenter, ou que poser une question au lieu de se renseigner par soi-même est souvent autant une tentative d’établir le contact qu’un appel à l’aide.

Certes, tout le monde n’a pas la capacité d’assurer une aide technique. Mais si l’on créait un code de bonne conduite traitant spécifiquement de l’accueil des nouveaux venus, la communauté pourrait accueillir quelques recrues supplémentaires au lieu de les faire fuir. Ce serait aussi davantage en accord avec les quatre libertés du mouvement du logiciel libre, et avec la définition de l’Open Source, comme le soulignait récemment un blog sur GNUMedia.

5) Accorder aux développeurs un statut privilégié

Le mouvement du FOSS a pris naissance chez les développeurs, et leur travail reste un élément central du mouvement. Mais ce qui semble échapper à beaucoup, c’est que la communauté s’est étendue bien au-delà de son cercle d’origine. En ce qui concerne les projets d’envergure, en particulier, responsables de la documentation, testeurs, artistes, responsables du marketing et chefs de projet – sans parler des utilisateurs finaux – sont devenus des rouages essentiels. De plus en plus, la conception d’un logiciel libre prend la forme d’une collaboration entre personnes issues de divers domaines de compétence.

Malgré ce changement, néanmoins, on traite dans de nombreux projets les non-développeurs comme des collaborateurs de second ordre. Souvent, ils ne peuvent devenir membres à part entière du projet et n’ont pas voix au chapitre. Si un non-développeur émet une suggestion susceptible d’améliorer le projet, trop souvent la réponse qu’il obtiendra d’un développeur sera "Nous attendons ton code avec impatience", le développeur sachant très bien qu’il ne s’adresse pas à un codeur.

En de telles circonstances, difficile de reprocher aux non-développeurs de perdre leur enthousiasme pour un projet. Et sans eux, la plus grosse partie du travail nécessaire à un logiciel moderne ne sera simplement pas effectuée.

6) Passer son temps à cracher sur Microsoft

La communauté tout entière se méfie de Microsoft, et ce à juste titre, nulle autre entreprise de logiciel propriétaire n’a fait preuve d’autant d’hostilité à l’égard du FOSS, et ses tentatives récentes pour un réchauffement diplomatique sont trop hésitantes pour convaincre qui que ce soit. Toutefois, certains au sein de la communauté semblent plus motivés par l’envie exprimer bruyamment leur hostilité inébranlable à l’encontre de Microsoft que par le souci de défendre la liberté informatique.

Il serait bon de s’élever contre cette hostilité, et ce pour plusieurs raisons. Tout d’abord, elle se révèle contre-productive et ne contribue en rien à promouvoir les objectifs du FOSS. Comme le fait remarquer Joe Brockmeier, chef de file de la communauté openSUSE, et qui fut aussi mon collègue chez Linux.com, il semblerait que ceux qui passent leur temps à cracher sur Microsoft ne contribuent jamais à aucun projet.

Plus grave encore, ces râleurs patentés criant plus fort que tout le monde, on les prend souvent à tort, vu de l’extérieur, pour la majorité de la communauté, et l’on s’imagine que tout le monde dans l’univers du FOSS est gueulard et parano. Une telle perception ne risque pas d’encourager grand monde à s’impliquer. Et de nos jours, s’en prendre à Microsoft est tellement à la mode que les gueulards, et donc le FOSS tout entier, risquent d’être noyés dans la masse.

Mais la principale raison pour laquelle il faut rejeter ces violents préjugés anti-Microsoft, c’est qu’à cause d’eux la communauté risque de ne se montrer assez vigilante à l’égard d’autres adversaires aussi dangereux. Personne, par exemple, ne semble s’inquiéter des actes liberticides d’Apple, même si à bien des égards cette entreprise est en train de devenir le principal ennemi du logiciel libre.

En bref, quel que soit l’angle sous lequel on le considère, cet acharnement contre Microsoft est un frein dont la communauté doit se débarrasser, ou qu’elle doit reléguer au second plan.

7) Prendre comme modèle de croissance le mode de développement des entreprises commerciales

Avec le succès viennent les problèmes d’échelle. Lorsqu’on les identifie, il faut rapidement s’atteler à les résoudre, aussi est-il peut-être naturel aux projets FOSS de s’inspirer des procédés de développement des entreprises commerciales pour gérer leur croissance.

Quelles qu’en soient les raisons, les gros projets FOSS agissent de plus en plus comme des entreprises commerciales de logiciels. Les dates de publication fixes, par exemple, sont devenues la norme pour de nombreux projets, tels que GNOME, Ubuntu et Fedora, qu’il y ait ou non nécessité de publier une nouvelle mouture. Depuis peu, Mark Shuttleworth propose en outre une publication synchronisée pour les projets les plus importants, de sorte qu’il soit plus facile aux distributions de prévoir leur dates de publication, même si jusqu’à présent cette idée n’a pas trouvé un écho très favorable.

Dans certains cas, emprunter des idées aux entreprises commerciales peut se révéler utile. Il faut néanmoins garder à l’esprit que, même si le FOSS peut s’accorder avec un mode de fonctionnement commercial, ses objectifs sont différents. Qu’advient-il, par exemple, de la politique propre à l’Open Source (ne publier un logiciel que lorsqu’il est prêt) si un projet s’engage à des dates de sortie régulières ? Tôt ou tard, on ne pourra échapper à des problèmes de contrôle de qualité.

Plus important encore, le développement du FOSS reste dans la plupart des cas fondamentalement différent du développement d’un logiciel commercial. Dans de nombreux cas, les développeurs du FOSS comptent parmi eux une forte proportion de bénévoles, et sont souvent dispersés en davantage de lieux que les membres d’une équipe de développement d’un projet commercial. Étant donné ces circonstances, le FOSS doit, comme depuis ses origines, organiser le déroulement de ses travaux au fur et à mesure. Par exemple, comment mener à bien des phases de test lorsque les testeurs sont tous bénévoles ? En ce domaine, comme dans bien d’autres, le FOSS doit innover plutôt qu’emprunter ses idées ailleurs.

8) Placer les parts de marché en tête des priorités

Une blague bien connue dans l’univers du libre dit que l’objectif du FOSS est de devenir le maître du monde. Et qui, au sein de la communauté, ne ressent pas une certaine fierté quand un gouvernement ou une entreprise choisit de passer au libre, ou qu’une application comme Firefox gagne quelques points de parts de marché ?

Toutefois, comme je l’ai déjà écrit, attirer de nouveaux utilisateurs n’a aucun intérêt si on le fait au détriment des idéaux du libre, ou si ces nouveaux utilisateurs ne les défendent pas. Même s’il est grisant d’obtenir enfin la reconnaissance qui lui est due, la communauté ne doit pas oublier que le but du jeu n’est pas seulement de fournir des logiciels alternatifs, mais aussi une philosophie et un rapport à l’informatique alternatifs.

Si l’on emploie seulement ses efforts à gagner des parts de marché, ce qui semble être le cas d’un nombre croissant d’acteurs de la communauté, alors le libre assure sa défaite au moment même où il semble connaître le plus de succès.

9) Se contenter d’un système d’exploitation qui ne soit pas complètement libre

Maintenant que la communauté touche au but et qu’elle est à deux doigts de pouvoir proposer un système d’exploitation complètement libre, on pourrait croire que tout le monde voudrait donner un dernier coup de collier pour transformer l’essai. Pourtant, comme le montrent les réactions à la liste de priorités principales que la Free Software Foundation a récemment réactualisée, un nombre étonnant de membres de la communauté ne ressentent pas le besoin d’atteindre cet objectif final. Peu importe, disent-ils, s’ils doivent utiliser des pilotes propriétaires pour leur carte vidéo ou le Flash Player d’Adobe sur YouTube. D’après eux, nous sommes arrivés assez près du poste de travail libre pour ne pas chercher à combler les derniers trous, et au moins on peut télécharger gratuitement les éléments qui manquent.

Penser que la situation actuelle est assez satisfaisante n’est pas cohérent avec le souci d’excellence qui est la clé de voûte de l’Open Source. Plus important encore, cela signifie qu’on accepte l’échec, et qu’on abandonne le projet de fournir des systèmes d’exploitation alternatifs 100% libres. Pourquoi jeter l’éponge alors qu’on est si près du but ?

Débattre de ces problèmes

Ces comportements qui entravent le mouvement du logiciel libre sont bien sûr bien sûr une question de point de vue. J’imagine sans mal un défenseur de l’Open Source me rétorquer que se focaliser sur la liberté de l’utilisateur nuit à la diffusion en masse, ou le chef d’une entreprise dont l’activité est fondée sur le logiciel libre me répondre que considérer le libre comme un projet d’abord non commercial constitue un frein à la réussite.

Mais mon propos va au-delà de ces points précis. Le message que je veux vraiment faire passer, c’est que le libre a tellement gagné en importance, et si vite, qu’il n’a pas eu le temps de se demander si les comportements des débuts étaient encore pertinents ou si les nouvelles approches s’accordaient avec ses valeurs essentielles. Avant de croître davantage, la communauté doit se pencher sur ses modes de fonctionnement et les évaluer. Si elle ne le fait pas, elle risque, sinon de s’effondrer sous le poids des contradictions, du moins de se créer sans nécessité de lourds handicaps.

Notes

[1] Crédit photo : Foxypar4 (Creative Commons By)




Linux est-il menacé par les anciens de chez Windows ?

Zach Klein - CC byC’est indéniable, le système d’exploitation GNU/Linux est en forte croissance et attire chaque jour de nouveaux utilisateurs. Parmi ces derniers, on compte une large part d’anciens utilisateurs Windows qui pour x raisons, à commencer par « la déception Vista », ne souhaitent plus continuer avec Microsoft.

Nous ne pouvons que nous en réjouir et vive la démocratisation Linux ! Sauf que cette nouvelle vague de migration n’est pas sans poser questions voire problèmes à la communauté Linux existante. En effet elle s’accompagne souvent d’un désir plus ou moins inavoué de voir Linux s’uniformiser et s’approcher le plus possible de Windows[1], quitte à le singer et prendre alors le risque de perdre sa propre identité.

Quand les utilisateurs de Windows veulent changer Linux… Comment réagir ?

How Windows Users are Changing Linux and What We Should Do About It

Linux Canuck’s Weblog – 3 décembre 2008
(Traduction Framalang : Goofy et Olivier)

Pas de doute, de nombreux utilisateurs ont décidé de quitter Windows pour s’en aller vers le Mac mais également vers Linux. Pour une part c’est parce qu’ils ne sont pas satisfaits de Vista. Mais ce n’est pas la raison qui importe ici, c’est ce qui en découle pour la communauté Linux.

Je suis actif sur plusieurs forums d’aide et je vois passer beaucoup de demandes. Un grand nombre d’entre elles viennent d’utilisateurs de Windows complètement perdus. Leur nombre et leur façon d’appréhender Linux ont une certaine influence. Personne n’a de statistiques précises, mais nous savons que la migration vers Linux va s’accroissant. Comme la plupart des nouveaux utilisateurs viennent de l’univers Windows, ils apportent avec eux leurs habitudes et leur expérience de Windows. Le passage n’est pas aussi aisé que la migration d’une version de Windows à l’autre, comme, disons, de passer de XP à Vista. Passer de XP à Linux est un choc pour beaucoup d’entre eux.

Heureusement, la communauté Linux est accueillante et a l’esprit large. Beaucoup d’entre nous étions dans la même situation qu’eux. Pas tous, cependant. Ce qui peut créer quelques problèmes : par exemple quand un gourou d’Unix demande à un débutant venu de Windows d’ouvrir un terminal et d’éditer GConf en ligne de commande avec Nano. Il est certain qu’un échange entre ces deux-là est fort intéressant. Mais pour une raison étrange c’est souvent la frustration qui prédomine pour chacun d’eux au final. Il faut s’attendre à de telles choses quand deux univers différents entrent en collision frontale…

Or nous découvrons que les utilisateurs de Windows ont sur la communauté Linux une influence que nous n’avions par prévue. Les utilisateurs de Windows n’ont pas l’habitude de choisir. À leurs yeux l’éventail des choix proposés sous Linux est déstabilisant.

Parlons d’abord du nombre de distributions. Par quel bout commencer pour faire son choix ? Chacun a son opinion, mais on ne sait pas qui croire. Si bien que les utilisateurs se fient à la réputation et à la popularité. Ils se peut qu’ils choisissent Fedora parce qu’ils savent que c’est un produit de Red Hat et qu’ils ont entendu dire que Red Hat est un poids lourd de Linux (pour les serveurs, mais ils ne font pas la différence). Ils n’ont pas conscience que Fedora n’est pas une distribution pour débutants et aucun argument ne les en fera démordre. Pire encore, ceux qui ont une ancienne version de Red Hat, qui veulent l’utiliser sur un vieil ordinateur de bureau et qui espèrent la voir fonctionner comme on leur a décrit Linux, de façon moderne et ergonomique. Et puis il y a Ubuntu. Ils l’utilisent parce que c’est la distribution que la plupart des gens utilisent. Il n’est donc pas surprenant que nos forums débordent de confusion et souvent même de frustration.

Voici donc où selon moi se trouve le problème. Cette frustration et cette confusion incitent les utilisateurs de Windows à déclarer que Linux devrait ressembler davantage à Windows. Ils veulent supprimer les choix et ils veulent que les choses soient standardisées. Pire encore, un petit nombre d’entre eux veulent changer Linux pour qu’il s’approche le plus possible de Windows. Nous devons donc être prêts à faire face à de telles déclarations et à préserver ce qui fait la spécificité de Linux.

Le problème survient souvent ingénument. Certains vont se trouver devant un problème d’installation de paquetage qui va leur faire dire quelque chose comme « c’est bien plus facile d’installer sous Windows ». Ce n’est pas le cas et nous devons leur expliquer pourquoi c’est faux et ce assez gentiment pour qu’ils ne soient pas rebutés. Ou encore ils peuvent demander quel est le meilleur programme antivirus à installer, ou bien comment défragmenter un disque, des choses classiques dans un environnement Windows mais qui n’ont pas d’équivalent sous Linux.

Vous pouvez entendre proclamer qu’il ne devrait pas y avoir autant de choix. Que ça submerge les débutants et que ce serait mieux s’il n’y avait qu’une seule distribution. J’ai lu hier encore un billet d’humeur à ce sujet. En fait, c’est assez fréquent. Ils disent quelque chose comme ça : « Linux a un problème et, s’il veut réussir, il faut qu’il concurrence Windows, par conséquent, Linux doit changer ». L’auteur de l’article poursuit en disant à quel point Linux ne peut se comparer favorablement avec Windows. La gestion des fichiers de configuration est « chaotique » et le besoin d’une base de registre centralisée se fait sentir. Il existe trop de gestionnaires de paquetages et donc les développeurs commerciaux ne peuvent pas tous les supporter, voilà ce qu’ils disent. Et puis le noyau change tout le temps à cause de sa gestion séparée…

Les critiques viennent de deux groupes, celui des débutants de base et celui des utilisateurs bien informés qui ont des besoins particuliers. Je suis certain que vous avez déjà entendu de telles récriminations, ainsi que l’idée que Linux est trop diversifié pour réussir un jour à s’imposer.

Le problème est que personne n’a jamais franchi le pas qu’ils voudraient voir franchir. Linux n’a nul besoin d’entrer en compétition avec quoi que ce soit. Il suit sa propre voie et se développe avec l’assentiment de tous. Par conséquent les seuls changements qui lui sont nécessaires relèvent de son évolution naturelle.

Linux est déjà un succès. Il n’a pas besoin de devenir ce qu’il n’est pas. Si, comme certains le souhaitent, Linux devait essayer de rivaliser avec Windows, il y perdrait son identité. Il deviendrait le modèle dominant et ne serait plus ce qu’il est, une alternative au modèle dominant.

Alors comment devons-nous répliquer face à de telles réclamations ? D’abord il nous faut être vigilants pour mieux les détecter. Ensuite, nous devons les identifier pour ce qu’elles sont, des tentatives de détournement de Linux. Nous devons tenir bon et être fiers de ce que nous avons, sans rêver à ce que cela pourrait devenir si par hasard nous leur emboitions le pas. Linux est ce qu’il est et Windows est ce qu’il est. Les utilisateurs ont le choix. Un point c’est tout.

D’un point de vue pratique, nous devons répondre de façon circonstanciée. Il faut éduquer les débutants, leur montrer comment se servir de Linux. Ils ont besoin de savoir pourquoi nous faisons les choses à notre manière et il faut leur rappeler que la force de Linux vient de sa diversité.

Ceux contre qui il est plus difficile de rétorquer, ce sont ceux qui publient des commentaires et qui bloguent, ceux qui connaissent Linux et ses particularités. Ils présentent ces dernières comme des erreurs et exposent leurs arguments. Dans ce cas de figure nous devons comprendre et nous former avant de leur répliquer. Nous devons leur exposer des arguments de poids pour expliquer que nous ne pouvons les suivre sur ce terrain. Pour cela nous devons savoir d’où ils viennent, vers quoi ils nous engagent et peut-être même quel est le motif secret qui les anime. Chacun a son petit secret.

Pour espérer défendre les couleurs de notre champion Linux, il nous faut être préparés à rester fermes sur nos positions. Nous devons tout d’abord accepter Linux tel qu’il est. Si nous-mêmes sommes d’accord avec ces détracteurs, nous devons apprendre pourquoi les choses sont ce qu’elles sont. Linux a une histoire. Il existe de bonnes raisons qui ont fait qu’il nous arrive ainsi aujourd’hui.

À chaque fois que les gens essaient de modifier radicalement le cours des choses, c’est un échec. Le changement révolutionnaire déclenche des forces incontrôlables. Au contraire, les évolutions construisent et améliorent les fondements. C’est plus lent mais c’est plus sûr. Linux change, mais change à sa manière. C’est sain et naturel.

Linux est Open Source, donc les gens sont libres d’en faire ce qu’ils veulent. Chacun, Microsoft compris, peut créer sa propre distribution qui fait précisément ce qu’on lui demande. Le problème c’est que cela ne produit pas le résultat escompté. Cela ne fait qu’accroître le nombre de distributions. En fait, c’est une révolution que certains veulent faire. Ils voudraient que Linux cesse d’être ce qu’il est pour que leur vision devienne une réalité. Ils ont besoin que les autres projets s’interrompent tout autant que de faire réussir les leurs. Voilà pourquoi de telles discussions sont intrinsèquement dangereuses, et pourquoi nous devons hausser le ton.

La plupart des utilisateurs de Linux sont bien informés et experts. Beaucoup sont également silencieux. Puisque Linux n’a pas de porte-parole, il ne peut compter que sur nous, ses utilisateurs et développeurs qui partageons la même idée. Nous devons proclamer ce que Linux représente et ne pas rester silencieux lorsqu’il est nécessaire de nous exprimer.

Parfois certains feraient mieux de s’abstenir de répondre. Les commentaires du genre « tu as tort », « tu es un crétin » ne sont pas constructifs. Ils montrent qu’on est passionné, mais pas grand-chose d’autre. Ceux qui émettent des critiques méritent qu’on leur explique pourquoi les choses sont telles qu’elles sont. Nous devons dire pourquoi nous ne partageons pas leur désir de changer ce qui est déjà bon.

Personnellement je me fiche de savoir où en est Microsoft. Je n’utilise pas Windows et ne l’utiliserai pas. Que Microsoft triomphe ou s’effondre n’est pas une question qui m’intéresse. Linux n’a nul besoin que Windows s’effondre pour réussir. Il n’y a pas de compétition dans mon esprit. Dès que les gens commencent à parler comme si elle existait, je me méfie de leurs motivations et de leurs intentions. Les gens qui écrivent que Windows 7 va tuer Linux ne comprennent manifestement ni Linux ni ses utilisateurs.

Nous n’allons pas partir à l’abordage dès que Microsoft lance quelque chose. Nous utilisons Linux parce qu’il correspond à nos besoins et traduit notre désir de liberté, de contrôle et de maitrise de notre ordinateur, ce que Microsoft ne poura jamais offrir. Chez Microsoft comme chez Apple, les objectifs sont diamétralement opposés. Ils conçoivent l’ordinateur comme quelque chose qu’ils devraient contrôler et par extension, ils aimeraient bien vous contrôler vous et vos habitudes. Les gens qui ont ça en tête ne choisissent pas Linux et ne le feront jamais. Voilà précisément le problème selon moi.

Microsoft déteste ce que représente Linux. Cela n’a rien à voir avec les problèmes pratiques tels que les expriment les gens qui veulent changer Linux pour qu’il ressemble à Windows. Cela a tout à voir avec la façon radicalement différente dont nous voyons les choses et le fait que pour la première fois ils entrent en compétition avec une idéologie qu’ils ne peuvent pas acheter comme une entreprise, si bien que leur solution est de changer l’idéologie, en lançant à ses trousses des gens qui soulèvent des problèmes pratiques. Tout cela fait partie d’une campagne d’intox à laquelle il se peut que certains s’activent délibérément, tandis que d’autres en sont les instruments inconscients, depuis longtemps avalés par la Machine.

Au bout du compte, il n’importe guère de savoir s’ils sont délibérément actifs ou passivement impliqués. Le fait est qu’ils sont en campagne. J’ai lu des rapports ces dernières semaines mentionnant que Microsoft offre des portables gratuits à des blogueurs et verse de l’argent à des entreprises pour que tous recommandent Windows. De là à envisager qu’ils paient des personnes et des entreprises de la même façon pour d’autres buts, il n’y a qu’un pas. Non seulement il est nécessaire pour Microsoft de s’attaquer à l’idéologie, mais la firme veut aussi réduire le fossé entre les deux systèmes d’exploitation de telle sorte que peu de choses les différencient. Ils veulent nous affadir pour nous détruire plus facilement.

Nous avons beaucoup à faire pour éviter ce résultat. Nous avons besoin de maintenir Linux sur sa lancée, pour que nous puissions être une alternative. Si nous ne sommes plus une alternative, nous n’avons plus rien à offrir, sinon un prix, et le prix à payer est une chose avec laquelle Microsoft sait très bien s’arranger.

Je conseille de parler haut et fort en faveur de Linux et de promouvoir l’unité de la communauté Linux. C’est normal d’avoir des rivalités amicales entre distributions, mais nous devons être sur nos gardes vis-à-vis d’attaques bien plus insidieuses venant de l’extérieur, et protéger ce que nous avons en commun. Si Linux doit changer, que cela demeure de l’intérieur.

Notes

[1] Crédit Photo : Zach Klein (Creative Commons By)




Au secours, mon livre est sous licence Microsoft !

Gwilmore - CC byDans son livre Rapture for the Geeks: When AI Outsmarts IQ, que l’on pourrait traduire par Au bonheur des geeks : Quand l’IA l’emporte sur le QI, Richard Dooling s’est amusé à imaginer son ouvrage sous un contrat de licence type de logiciels Microsoft en suivant presque mot à mot les termes de son contenu.

Le résultat est à la limite du surréalisme, jusqu’à se demander si ces licences Microsoft ne sont pas intrinsèquement surréalistes, quand bien même uniquement appliquées aux logiciels ! L’occasion du reste pour certains lecteurs[1] de ce blog sous Windows d’enfin lire « le contrat qu’on ne lit jamais » qu’ils ont passé à l’achat avec Microsoft.

Et si le CLUF de Microsoft s’appliquait aux livres

If Microsoft’s EULA Applied To Books

Richard Dooling – 7 octobre 2008
(Traduction Framalang : Don Rico et Yonnel)

RAPTURE FOR THE GEEKS : (VENTE AU DÉTAIL)

CONTRAT DE LICENCE POUR L’UTILISATEUR FINAL (CLUF)

Date de publication : 7 octobre 2008

1. CONCESSION DE LICENCE. Richard Dooling vous concède les droits suivants, sous réserve que vous respectiez les termes du présent CLUF :

2. INSTALLATION ET UTILISATION. Vous êtes autorisé à installer, utiliser, accéder à, afficher ou exécuter UN (1) EXEMPLAIRE DE CE LIVRE sur UNE SEULE PERSONNE, telle qu’un adulte, un homme, une femme, un adolescent ou tout autre être humain. Ce livre NE PEUT être lu par plus d’une personne.

3. ACTIVATION OBLIGATOIRE. Les droits de licence qui vous sont concédés au titre du présent CLUF sont limités aux trente (30) premières minutes à compter de votre installation initiale du LIVRE, à savoir son ouverture, à moins que vous ne fournissiez les informations requises pour activer votre exemplaire sous licence, de la manière décrite dans cette page. Il est possible que vous deviez également réactiver le livre si vous vous modifiez ou changez de personnalité. Par exemple, si vous vieillissez et gagnez en maturité, développez une maladie mentale, changez de régime alimentaire, ou recevez des membres ou des articulations artificiels, un pacemaker, des implants, ou bénéficiez d’une greffe d’organe, vous devrez alors réactiver votre licence avant d’être autorisé à pouvoir de nouveau consulter le livre.

4. UTILISATION FRAUDULEUSE. Ce livre contient des technologies conçues pour empêcher toute utilisation frauduleuse ou illégale du livre. Un puce intégrée permet à l’éditeur de scanner vos rétines de temps à autre afin de s’assurer que c’est bien VOUS et VOUS SEULEMENT qui lisez ce livre, et non quelque pirate voleur de livres. Au cours de ce processus, Richard Dooling ne collectera sur vous aucune information permettant de vous identifier personnellement, mais seulement des échantillons de sang, de tissus organiques et de moelle épinière (de force si nécessaire) afin de déterminer votre séquence d’ADN. Si vous ne disposez pas d’un exemplaire sous licence valable du livre, vous n’êtes pas autorisé à lire le livre ni ses mises à jour ultérieures.

5. TRANSFERT DU LIVRE. Vous êtes autorisé à effectuer un transfert permanent du livre à un autre utilisateur final, mais après ledit transfert vous devrez procéder à la suppression de tout souvenir du livre présent dans le cerveau du lecteur précédent. Si le livre était mémorable au point que les souvenirs ne peuvent être totalement retirés du lecteur précédent, exécutez ce dernier avec le moins de cruauté possible (liste des méthodes à employer fournie en Appendice A) et adressez sous pli la preuve de l’exécution et l’acte de décès (avec cachet du notaire) à Richard Dooling, à l’adresse indiquée ci-dessous.

6. RÉSILIATION. Sans préjudice de tous autres droits, Richard Dooling pourra résilier le présent CLUF si vous n’en respectez pas les termes. Dans ce cas, vous devrez détruire tous les exemplaires de ce livre et tous ses composants, détruire toute note que vous auriez prise concernant ce livre, et oublier tout passage du livre que vous seriez tenté de vous remémorer. Si vous trouvez ce livre absolument inoubliable, décapitez-vous et envoyez votre tête par colis postal à Richard Dooling, afin d’obtenir un remboursement de 50$. Veillez bien à joindre l’original de votre facture (pas de photocopie !), le code-barre préalablement découpé sur la couverture du livre, et le formulaire de remboursement fourni dans votre exemplaire, que vous prendrez soin de remplir avant de détacher et poster votre tête.

7. PROTÉGEZ-VOUS ! Ne lisez que des livres authentiques achetés chez un revendeur autorisé. Ne téléchargez pas de livres piratés ! Chaque fois que vous lisez un livre contrefait, vous encourez de graves dangers. Dans une enquête récente, un institut mandaté par Richard Dooling a montré que 25% des sites Web proposant des exemplaires piratés de livres tentaient également d’installer des espiogiciels et des troyens susceptibles d’endommager votre système d’exploitation et de vous empêcher de consulter des sites porno sur votre ordinateur dans de bonnes conditions.

Assurez-vous que votre exemplaire de Rapture for the Geeks est AUTHENTIQUE ! Vous bénéficierez alors d’un accès facile aux mises à jour, suites, deuxième et troisième éditions du livre, téléchargements, support technique et offres spéciales. Validez SANS TARDER votre exemplaire de Rapture for the Geeks grâce au Richard Dooling’s Genuine Advantage !

À présent, si vous êtes sûr d’être en possession d’un exemplaire AUTHENTIQUE de Rapture for the Geeks, il est sans doute sans danger de poursuivre.

Extrait de Rapture for the Geeks: When AI Outsmarts IQ, par Richard Dooling.

Notes

[1] Crédit photo : Gwilmore (Creative Commons By)




Songbird ou l’alternative libre à iTunes

RossinaBossioB - CC bySongbird (fiche Framasoft) est aussi bien un logiciel multiplate-forme de gestion de bibliothèque musicale, un lecteur audio et un navigateur web basé sur Firefox. Prometteur dès son origine, il vient enfin de passer en version 1.0 et représente désormais une réelle et crédible alternative à iTunes d’Apple (qui, aussi cool soit-il, a fortement tendance à verrouiller le marché et les technologies associées).

Pour marquer l’évènement mais aussi vous inciter à l’essayer nous avons choisi de traduire un article qui met en avant ce que sait faire Songbird[1] mais que ne sait pas faire iTunes. Car nombreuses sont les fonctionnalités originales qui sont susceptibles de vous apporter une expérience musicale nouvelle[2] sur internet.

Songbird : dix fonctions qu’on ne trouve pas dans iTunes

10 Things Songbird Does That iTunes Can’t

Adrian – 6 décembre 2008 – AudioJungle.net
(Traduction Framalang : Don Rico et Daria)

Songbird est récemment passé en version 1.0, avec pour mission d’être à iTunes ce que Firefox est à Internet Explorer. La recette consiste à s’inspirer du concept de base d’un programme fermé et privatif, et d’en faire quelque chose d’ouvert, d’extensible et de plaisant à utiliser. Songbird a pour objectif de « rendre le pouvoir au peuple ».

Apparu en février 2006, Songbird est de cinq ans le cadet de l’iTunes d’Apple, et ne propose pas encore d’équivalent pour chacune de ses fonctionnalités. La prise en charge des iPod, des podcasts et des pochettes d’album, ainsi que la stabilité sont ainsi considérées comme en version bêta et nécessitent encore quelques améliorations. L’encodage de CD, la surveillance des dossiers et la prise en charge de la vidéo manquent encore à l’appel.

Les atouts propres à Songbird en font néanmoins un excellent lecteur multimédia dans l’univers du Web 2.0. C’est un outil flexible que se doit de posséder tout mélomane qui se sert du Web pour l’exploration des nouveautés musicales. Sa façon de fonctionner avec les sites et les blogs consacrés à la musique me semble particulièrement digne d’intérêt. Songbird a bouleversé la façon dont j’envisage la découverte et l’écoute de musique en ligne.

Voici quelques-uns des atouts de Songbird.

1. La navigation par onglets.

À l’instar de la plupart des navigateurs modernes, Songbird propose la navigation par onglets. Si l’on ne peut écouter qu’un seul morceau à la fois, on est en droit de s’interroger sur l’intérêt de s’essayer au multitâche dans un lecteur audio. Eh bien figurez-vous que j’ai trouvé ce système d’onglets bien plus utile que je ne m’y attendais.

Avec ma bibliothèque ouverte dans un onglet, j’ai pu en même temps, dans d’autres onglets, modifier mes préférences, installer des modules complémentaires, parcourir les différents « plumes » (NdT : les thèmes de Songbird) disponibles, et surfer sur Internet. Ce système se révèle aussi fort utile pour afficher des photos Flickr et des vidéos YouTube de l’artiste que l’on est en train d’écouter.

2. Les Plumes (thèmes ou skins)

Basé sur Firefox, Songbird partage nombre de ses points forts, et parmi eux les thèmes, qui dans Songbird s’appellent des « plumes » (NdT : on pourrait aussi dire «  plumages »). Diverses plumes sont déjà disponibles, y compris quelques sympathiques thèmes sombres, un thème de style iTunes, et un autre inspiré par Vista Aero.

À mesure que Songbird gagnera en popularité, nul doute que la communauté en créera des centaines d’autres. Cette fonctionnalité à elle seule attirera ceux qui accordent de l’importance à la créativité et à l’originalité.

3. Les modules complémentaires (extensions ou plugins)

Si vous ne trouvez pas dans Songbird la fonction qui vous intéresse, vous pouvez toujours installer ou créer un module complémentaire. Parmi les extensions déjà disponibles, on trouve :

  • LyricMaster, qui affiche les paroles d’une chanson afin que vous puissiez chanter en même temps. J’attends avec impatience que quelqu’un concocte une extension permettant de faire défiler la grille d’accords.
  • MediaFlow, qui est semblable au CoverFlow d’Apple.
  • La prise en charge des iPod, qui m’a paru fonctionner à merveille lorsque je l’ai essayée avec l’iPod d’un copain.
  • Livetwitter, qui ajoute la prise en charge de Twitter, de MSN/Windows Live Messenger, de Pidgin et de Mercury.
  • Last.fm Album Art, qui vous évitera peut-être de perdre des heures à traficoter sur le Web pour compléter votre collection.

4. Transformez une page Web en liste de lecture (playlist)

Songbird inclut un navigateur basé sur Firefox, possédant des fonctions telles que les marque-pages et la navigation par onglets. Une des fonctions inédites du navigateur consiste à faire apparaître tous les fichiers musicaux de la page dans une liste de lecture en bas de l’écran. Voilà qui fait de Songbird un excellent outil pour découvrir de la musique en ligne, surtout lorsqu’on associe cette fonction à celle d’abonnement que nous allons évoquer ci-après. La liste de lecture rend également facile le téléchargement de morceaux.

5. Abonnez-vous à des blogs MP3 et faites-en des listes de lecture

Si vous faites un clic droit sur la page d’un blog consacré à la musique, vous trouverez « S’abonner à cette page » dans la liste des options. Cliquez dessus, et l’on vous demandera dans quel dossier sauvegarder la musique de ce blog, et à quelle fréquence vous souhaitez que Songbird vérifie les mises à jour du site. Une fois que vous serez abonné, la page s’affichera comme une liste de lecture, et les nouveaux morceaux seront automatiquement téléchargés vers le dossier que vous aurez indiqué.

6. Affichez du contenu multimédia associé à l’artiste écouté

Grâce à la fonction Mashtape de Songbird, découvrez des photos présentes sur Flickr, des vidéos YouTube, des biographies issues de Last.fm, des infos provenant de Google News (et d’autres sources) ou Wikipédia en rapport à l’artiste que vous êtes en train d’écouter. Le panneau Mashtape s’affiche sous votre liste de lecture. Vous y trouverez les onglets suivants : Infos sur l’artiste, nouvelles, Photos, et Vidéos.

  • Les infos sur l’artiste contiennent une courte biographie, une discographie, une liste de marqueurs (tags) associés et des liens fournis par Last.fm. Lorsqu’on clique sur un lien de cette section, la page Last.fm concernée s’ouvre dans un nouvel onglet.
  • Les actualités (nouvelles) sont issues d’un certain nombre de sources et récoltées via RSS ; parmi ces sources, on trouve Google News, Hype Machine et Digg.
  • L’article Wikipédia du groupe en train d’être écouté vous est également proposé.
  • Les photos Flickr défilent avec fluidité à l’écran. Lorsque vous cliquez sur l’une d’elles, sa page Flickr s’ouvre dans un nouvel onglet.
  • Les vidéos sont associées à l’artiste que vous écoutez, mais pas à la chanson précise qui passe dans Songbird. En cliquant sur un lien de vidéo YouTube, vous ouvrez un nouvel onglet où vous pourrez visionner la vidéo.

7. Lisez une vaste gamme de formats audio

Songbird lit les fichiers au format MP3, FLAC et Ogg Vorbis sur toutes les plateformes. Il lit le WMA et le WMA DRM sous Windows, le AAC et le Fairplay sous Windows et Mac. Je n’apprécie guère les DRM, mais le fait que Songbird soit capable de lire des fichiers protégés rendra son utilisation plus facile à certains. Des modules complémentaires permettent de lire les formats DirectShow et Audible.

8. Une meilleure intégration de Last.fm

Si vous ne connaissez pas Last.fm, foncez vous créer un compte. Last.fm dresse une liste de tous les morceaux que vous écoutez (un plug-in est disponible pour la plupart des lecteurs audio), vous recommande des morceaux susceptibles de vous plaire, et vous présente d’autre membres qui partagent vos goûts musicaux. Last.fm permet d’écouter en streaming des milliers de morceaux. Outre soumettre les chansons que vous écoutez à la base de données de Last.fm, Songbird vous permet de « scrobbler » vos morceaux, d’indiquer lesquels vous adorez et lesquels vous souhaitez bannir directement depuis le programme.

9. Achetez vos places de concert

Si vous achetez vos places de concert en ligne (qui s’y prend autrement, de nos jours ?), vous trouverez sans doute la fonction Songkick fort pratique. Depuis Songbird même, vous pourrez chercher les concerts prévus près de chez vous et acheter directement vos places. La fonction Songkick n’est (NdT : pour l’instant ?) fournie que pour les USA, le Royaume-Uni, l’Australie, le Canada et la Nouvelle-Zélande.

10. Songbird tourne sous Linux

Enfin, Songbird fonctionne sous les systèmes d’exploitation Linux et OpenSolaris. Eh oui, je l’admets, je suis un geek. Comme iTunes, Songbird existe aussi pour Mac et Windows, comme ça, pas de jaloux.

Artistes : quelques conseils pour que Songbird donne une bonne image de vous

Pensez à la façon dont vous percevront ceux qui utilisent Songbird pour écouter votre musique. Vous pouvez exploiter la richesse de l’expérience multimédia qu’offre Songbird pour améliorer l’image de votre musique et de votre groupe.

  • Utilisez des liens directs, non cachés pour renvoyer aux fichiers MP3 sur votre site de sorte que la mini liste de lecture s’affiche au bas de l’écran quand on visite votre page via Songbird.
  • Ajoutez votre groupe à Last.fm, avec une description et des photos de bonne qualité, et envisagez d’uploader quelques-uns de vos morceaux sur leur base de données. Ainsi, quand il lira votre musique, Songbird aura quelque chose à afficher, et vous ne passerez pas pour un groupe totalement inconnu. Près du bas de la page d’accueil de Last.fm, vous trouverez le lien « Vous faites de la musique ? Uploadez-la ! » qui vous expliquera comment procéder.
  • Si votre groupe donne des concerts, assurez-vous que vos dates figurent dans la base de données de Songkick. Ainsi, quand vous donnerez un concert quelque part, ceux qui vous écoutent bénéficieront d’un moyen supplémentaire de le savoir. Difficile de louper le lien « Ajouter un nouveau concert » sur leur page d’accueil.

Et vous, avez-vous essayé Songbird ? Faites-nous partager vos impressions.

Notes

[1] Ce que l’article ne fait pas, mais que nous pourrions faire dans les commentaires, c’est ajouter Amarok dans la comparaison.

[2] Crédit photo : RossinaBossioB (Creative Commons By)




Le logiciel libre profitera-t-il de la crise ?

Powderruns - CC byLe logiciel libre : on y vient pour le prix, on y reste pour la qualité, ironise Nat Torkington dans cette traduction issue de site d’O’Reilly. Sachant que nous traversons actuellement une période difficile où les investissement se font plus rares (et donc plus tâtillons), n’y a-t-il pas là comme une opportunité pour le logiciel libre ? Et d’ailleurs il faudrait peut-être aussi se mettre d’accord car il s’agit bien plus d’économie ici que de liberté. Donc je reformule la question : n’y a-t-il pas là comme une opportunité pour l’Open Source ?

C’est le sujet du jour. L’article est certes américano-centrée mais la crise l’était également au départ, ce qui ne nous a pas empêché d’être nous aussi touchés[1].

Conséquences de la crise sur les technologies

Effect of the Depression on Technology

Nat Torkington – 7 octobre 2008 – O’Reilly Radar
(Traduction Framalang : Olivier, Daria, Don Rico)

Voici comment je vois les choses : emprunter de l’argent devient coûteux et difficile, et ce n’est pas près de changer puisque la dette des États-Unis progresse au lieu de diminuer, entraînée par la guerre en Irak et par notre dépendance aux produits chinois qui n’est pas réciproque. Et tout ceci s’accumule dans une période qui est déjà difficile pour les affaires aux États-Unis depuis au moins trois ans, voire plus. En partant de ce constat, il est possible de faire une tentative de prévision de ce que nous réserve l’avenir (en gardant à l’esprit que chaque jour apporte son lot de nouvelles révélations concernant l’état inquiétant de la finance mondiale, notre boule de cristal est donc, au mieux, trouble).

En premier lieu, l’innovation profitera de la récession, parce que c’est ce qui se produit en général. Durant les périodes de forte croissance, les entreprises limitent la recherche et développement et gâchent de grands talents à n’apporter que des améliorations minimales aux produits dernier cri. Les entreprises sont douées pour s’équiper en nouveautés, mais elles sont souvent médiocres dès qu’il s’agit d’en concevoir. En temps de crise, les technologues ne sont plus payés des mille et des cents pour répliquer le travail réalisé par d’autres. L’explosion de la bulle Internet en 2001 a donné naissance à 37Signals, Flickr, del.icio.us, et l’on peut avancer sans crainte de se tromper que de nombreuses entreprises ont depuis passé six ans à suivre le mouvement.

En deuxième lieu, la crise profitera au libre et à l’Open Source à cause du manque de liquidités. La dernière crise a fait entrer les systèmes d’exploitation Open Source dans les mœurs (petite note pour les plus jeunes d’entre vous : il fut un temps où il n’était pas forcément bien vu d’utiliser Linux dans un service informatique) car ils offraient le meilleur rapport qualité/prix, et de loin. J’aime utiliser l’expression « Venez pour le prix, restez pour la qualité ». Cette crise affectera peut-être le même des logiciels (CRM, finance, etc.) hauts placés dans la chaîne. (En revanche, je ne m’avancerai pas à prédire que 2009 sera l’année du bureau Linux).

Troisièmement, les services Open Source et le cloud computing profiteront de la conjoncture économique actuelle, laquelle favorisera les dépenses de fonctionnement sur les dépenses d’investissement. Il sera presque impossible d’emprunter de l’argent pour acheter du matériel ou une licence logicielle importante. Adopter un logiciel Open Source est gratuit, et les services qui y sont associés font partie des dépenses de fonctionnement et non des dépenses d’investissement. De même, le cloud computing permet à une entreprise de payer peu pour se servir des investissements énormes effectués par quelqu’un d’autre. À en croire les rumeurs, il semblerait que Microsoft soit prêt à sortir Windows Cloud juste à temps. Ce n’est pas demain la veille que d’autres entreprises installeront de nouveaux centres de données, car les temps où des investisseurs aux fonds inépuisables couvraient ce genre de frais énormes sont révolus et ne reviendront pas avant un certain temps.

La plupart des logiciels clients auront du mal à se vendre tant que le dollar sera aussi bas et que le pays continuera de déverser tout son argent à l’étranger. Ce n’est pas une bonne chose, mais cela ne signifie pas qu’il sera impossible d’engranger des bénéfices, il suffira de proposer quelque chose qui réponde à un réel besoin des consommateurs. Des logiciels comme Wesabe trouveront un nouveau public en temps de crise (NdT : O’Reilly est un investisseur de Wesabe). L’heure n’est pas aux acquisitions spéculatives, attendez-vous à voir un retour aux sources comme on y a assisté (brièvement) après l’éclatement de la bulle Internet en 2001. Désolé, mais vos rêves de trouver acquéreur pour votre réseau social de collectionneurs de cure-dents devront patienter jusqu’en 2013 et un éventuel retour de l’argent employé à tort et à travers.

Comme le dit Phil Torrone, on aura plus de temps que d’argent, ce qui est profitable aux logiciels Open Source, mais cela favorisera aussi un nouvel intérêt pour les objets et le matériel informatique qui nous entourent, inspiré par le magazine Make. Les rencontres que nous avons créées (Ignite, hacker meetups, coworking spaces, foo/bar camps), qui ne coûtent pas grand chose mais qui ont une portée importante, vont se multiplier, alors que les grosses conférences pâtiront de cette période de vache maigre. La killer app du futur proviendra peut-être de l’un de ces bidouilleurs qui emploiera son temps libre à combler un manque.

Telle est ma vision du monde et des conséquences de la crise. Quel est votre point de vue ? Qu’est-ce qui m’échappe ? Faites-moi part de votre opinion dans les commentaires – le commentaire le plus perspicace vaudra à son auteur un aimant « Head first SQL » qu’il pourra coller sur son frigo.

Notes

[1] Crédit photo : Powderruns (Creative Commons By)