Les licences Creative Commons expliquées aux élèves

Une invitation lancée aux enseignants pour s’inspirer de ce document en vue d’une présentation en classe.

Textes, images, multimédia… C’est bien gentil de critiquer les agissements de Microsoft qui tente de nous faire passer sa propre définition de la « propriété intellectuelle » à l’école mais c’est encore mieux d’être constructif en proposant des alternatives plus conformes à notre propre vision des choses.

Imaginons en effet que vous soyez un professeur souhaitant évoquer cette histoire de « propriété intellectuelle » à l’ère du numérique avec vos élèves. Pour la France cette éventualité est d’autant plus susceptible de se produire qu’elle figure dans le référentiel du B2i pour le domaine Adopter une attitude responsable (par exemple avec la compétence C.2.3 Lorsque j’utilise ou transmets des documents, je vérifie que j’en ai le droit).

Vous avez alors le choix de l’approche.

Vous pouvez par exemple vous appuyer sur le document (powerpoint) Droit et éducation – La propriété intellectuelle de l’association Projetice. Il n’est pas inintéressant en soi, avec par exemple son rappel de la nécessité d’élaborer ensemble une charte TICE dans chaque établissement scolaire. Mais, parcourez-le, et vous vous trouverez peut-être comme moi confronté à la désagréable impression d’évoluer dans le monde austère et intimidant des tu n’as pas le droit de faire ceci, tu n’as pas le droit de faire cela, sauf à demander constamment, au cas pas cas, de fastidieuses et parfois hypothétiques autorisations. Règles qui stipulent q’il n’y pas d‘exception pédagogique. Règles contraignantes qui s’appliquent de fait aussi à mes propres créations. Ici c’est d’abord la fermeture par défaut qui prévaut, et commes les autres mondes ne sont pas mentionnés il semble que ce soit le seul monde possible.

Mais, sans nier l’existence du monde précédent qui a toute sa raison d’être, vous pouvez cependant débuter votre intervention en adoptant une autre approche comme celle proposée par le diaporama ci-dessous au sujet des salutaires licences Creative Commons. Une approche qui ne vous condamne pas à égréner la longue liste de ce que l’on ne peut pas faire mais qui au contraire, affirme d’entrée son ouverture en favorisant le partage des créations numériques, qu’elles soient vôtres ou celles d’autrui. Les demandes d’autorisation n’ont pas disparu mais elles sont ponctuelles et ne sont là que pour ajouter de la liberté à une situation de départ qui garantie au minimum la libre circulation de l’oeuvre. Nous ne sommes plus dans le il est impossible de faire… sauf… mais dans le il est possible de faire… sous telles conditions. Et mine de rien lorsque l’on travaille dans un contexte scolaire c’est une belle bouffée d’oxygène[1].

Ce diaporama est dans le domaine public. Il a été réalisé par Alex Roberts, Rebecca Rojer et Jon Phillips en vue de l’intégrer à un autre beau projet éducatif, à savoir l’OLPC. Vous trouverez toutes les images sources sur cette page du site Creative Commons. Libres à vous de les modifier et d’en adapter les légendes comme bon vous semblera. Nous vous en proposons ci-dessous une version francisée par nos soins[2]. C’est un work in progress non finalisé qui ne demande qu’à se bonifier avec vos propres suggestions de traduction dans les commentaires[3].

Diapo 1

Sharing Creative Works 01

Creative Commons presents : Sharing Creative Works

Creative Commons présente : partager les créations

Diapo 2

Sharing Creative Works 02

Computers are powerful tools for creation. You can use a computer to write stories, draw pictures, take photographs, record music, and capture video.

Les ordinateurs sont de formidables outils pour la création. Vous pouvez utiliser un ordinateur pour écrire des histoires, faire du dessin, prendre des photos, enregistrer de la musique et des vidéos.

Diapo 3

Sharing Creative Works 03

When you draw a picture, only one copy exists. You can keep that copy, or give it to a friend, or maybe even sell it.

Quand vous faites un dessin, il n’existe qu’en un seul exemplaire. Vous pouvez conserver cet exemplaire, le donner à un ami, ou peut-être même le vendre.

Diapo 4

Sharing Creative Works 04

But when you draw a picture on your computer, it is possible to create a perfect copy of that picture. You can keep your picture and give a copy to your friend and even sell a copy, if you like.

Mais quand vous faites un dessin sur votre ordinateur, il est possible de créer une copie à l’identique de ce dessin. Vous pouvez conserver un exemplaire pour vous et en donner un à un ami et même en vendre un, si vous en avez envie.

Diapo 5

Sharing Creative Works 05

Once someone has one copy of your picture, they have the ability to make more exact copies and then share them. They also have the ability to make changes to your picture, and share that. But what if you don’t want them to?

Une fois que quelqu’un a un exemplaire de votre dessin, cette personne a les moyens d’en faire d’autres copies à l’identique et ensuite de les partager. Cette personne a aussi la possibilité d’apporter des modifications à votre dessin et de les partager. Mais que se passe-t-il si vous n’êtes pas d’accord avec ça ?

Diapo 6

Sharing Creative Works 06

This is where the law comes in. Although anyone with a computer has the ability to share or change your creation, because of copyright law, they are not allowed to do so without your permission. (*)
(*) Though, depending on where you live, there may be specific exceptions to this rule. In the United States, this is called “Fair Use.”

C’est là que la loi entre en jeu. Même si n’importe qu’elle personne disposant d’un ordinateur a techniquement la possibilité de partager ou de modifier votre création, du fait des lois sur les droits d’auteurs, elle n’a pas le droit de le faire sans votre permission, en dehors des exceptions et limitations prévues par la loi applicable dans le pays où vous vivez.

Diapo 7

Sharing Creative Works 07

The law automatically grants you full “copyright” over any creative work you make, including the stories you write, the pictures you draw, the music you record, the photos you take, and the video you capture. This means that unless you say otherwise, nobody may share your work or make changes to it.

La loi vous accorde automatiquement un droit d’auteur exclusif sur toute œuvre de votre création, comme par exemple les histoires que vous pouvez écrire, la musique que vous pouvez enregistrer, les photos que vous pouvez prendre, et les vidéos que vous pouvez filmer. Ce qui signifie que sans avis contraire de votre part, personne ne peut diffuser votre travail ou y apporter des changements.

Diapo 8

Sharing Creative Works 08

But what if you want to legally and clearly allow anyone in the world to share and experience your work?

Mais que se passe-t-il si vous souhaitez légalement et sans ambigüité autoriser toute personne dans le monde à partager et découvrir votre travail ?

Diapo 9

Sharing Creative Works 09

What if you want others to build upon your work or create something new from your original?

Que se passe-t-il si vous souhaitez que d’autres puissent se baser sur votre travail pour créer quelque chose de nouveau à partir de l’original ?

Diapo 10

Sharing Creative Works 10

While you could tell each and every person that they may use your original, there is a vastly simpler way. If you would like to allow for your work to be shared around the world, consider using a Creative Commons License.

Vous pourriez dire à chaque personne individuellement qu’elle peut utiliser votre travail original, mais il y a beaucoup plus simple. Si vous voulez permettre le partage de votre travail à travers le monde, vous devriez songer à utiliser une Licence Creative Commons.

Diapo 11

Sharing Creative Works 11

Creative Commons is an organization which provides a collection of free content licenses that you may apply to your work.

Creative Commons est une organisation qui met à votre disposition un ensemble de licences que vous pouvez appliquer à votre travail.

Diapo 12

Sharing Creative Works 12

A content license is a document that states the freedoms and limitations that you apply to your work– an explanation of what someone can and cannot do with what you make.

Une licence sur le contenu est un document qui exprime les libertés et les limitations qui s’appliquent à votre travail – une liste de ce qu’une personne peut ou ne peut pas faire avec votre travail.

Diapo 13

Sharing Creative Works 13

Creative Commons Licenses have been translated into many languages and jurisdictions (legal systems) all over the world. They are designed to work internationally, so that even someone across the globe can understand the permissions you have granted them.

Les licences Creative Commons ont été traduites dans de nombreuses langues et juridictions de part le monde. Elles sont conçues pour être applicables internationalement, de telle façon que même une personne à l’autre bout du monde peut comprendre les droits que vous lui avez concédés.

Diapo 14

Sharing Creative Works 14

Creative Commons offers 6 different licenses so that you can share your work exactly how you want to.

Creative Commons vous propose six licences différentes qui vous permettent de partager votre travail de la façon qui vous convient le mieux.

Diapo 15

Sharing Creative Works 15

All Creative Commons licenses require attribution. This means that others may share your work so long as they credit you. There are some other things to consider when you choose to share your work with the world.

Toutes les licences Creative Commons utilisent la notion de paternité. Ce qui signifie que d’autres peuvent partager votre travail tant qu’il vous en attribuent la paternité. Mais il y a d’autres aspects à prendre en compte quand vous faites le choix de partager votre travail avec le monde.

Diapo 16

Sharing Creative Works 16

Do you want to allow other people to sell or make money off of your creation without having to ask? Prohibiting people from using your work commercially may limit how widely it is spread.

Souhaitez-vous autoriser d’autres personnes à vendre ou à faire de l’argent avec votre création sans avoir à demander l’autorisation ? Interdire l’utilisation commerciale de votre travail peut réduire son champ de diffusion.

Diapo 17

Sharing Creative Works 17

This also means that no one can make any money from your work without your permission. You can work out individual arrangements for commercial use so that you can get paid when others profit from your creation.

Cela signifie aussi que personne ne peut tirer de profit financier de votre travail sans votre autorisation. Vous pouvez passer des accords individuels pour usage commercial de façon à être rétribué quand d’autres tirent profit de votre création.

Diapo 18

Sharing Creative Works 18

Do you want to allow others to make changes (derivatives) to your work without having to ask? Prohibiting derivatives might prevent others from making something really cool out of your original.

Souhaitez-vous autoriser d’autres personnes à modifier votre travail (œuvre dérivée) sans avoir à demander l’autorisation ? Interdire les œuvres dérivées peut empêcher d’autre personnes de créer une nouvelle œuvre vraiment intéressante à partir de votre original.

Diapo 19

Sharing Creative Works 19

But, this also means they may not use your work in a way you disagree with.

Mais cela signifie aussi que personne ne peut utiliser votre travail à des fins qui ne vous conviendraient pas.

Diapo 20

Sharing Creative Works 20

If you allow others to make changes to your work, you also need to think about whether or not you will require them to use the same license as you (“Share Alike”). A ShareAlike condition ensures that the terms you chose for your original creation are preserved, but also may limit how much the derivative work can be shared (and in turn, how likely it is for someone to use your original work in a derivative)

Si vous autorisez d’autres personnes à faire des modifications de votre travail, vous devez aussi réfléchir si oui ou non vous souhaitez leur demander d’utiliser la même licence que vous (conditions initiales à l’identique). La clause conditions initiales à l’identique garantie que les choix que vous avez fait pour la création originale seront préservés, mais elle peut aussi limiter la diffusion des œuvres dérivées (et par là-même les possibilités que quelqu’un soit tenté d’utiliser votre original pour une œuvre dérivée)

Diapo 21

Sharing Creative Works 21

On the other hand, Share-Alike ensures that your work is always used under the terms you want, even after many generations of copies and derivatives.

D’un autre coté, les conditions initiales à l’identique garantissent que votre œuvre sera toujours utilisée sous les mêmes conditions, même après plusieurs générations de copies et de dérivés.

Diapo 22

Sharing Creative Works 22

It’s up to you to choose what you will create, and how you will share it with the world!

C’est à vous de décider ce que vous allez créer et comment vous allez le partager avec le monde !

Edit du 25 mars : Illustrant parfaitement le remix culturel permis par les licences Creative Commons, voici une version animée du diaporama réalisée par Alexandre Lebailly à partir de notre traduction.

—> La vidéo au format webm

Notes

[1] Petite suggestion finale : En profiter pour évoquer en bout de chaîne le logiciel libre dont les licences présentent la particularité de ne pas posséder de clauses non commerciales et non dérivables.

[2] Merci à notre équipe de traducteurs Framalang, Yostral, Olivier et surtout GaeliX en tête.

[3] En particulier nous avons quelques doutes sur la fidélité de traduction des diapos 1, 6, 13 et 20.




Parce que je pense qu’il faut créer des richesses avant de les partager

Sarkozy - Guillaume Paumier - CC By-Sa

Comment se fait-il que le Framablog n’ait encore rien écrit sur Sarkozy ? Une lacune enfin comblée !

Le 15 février dernier, Nicolas Sarkozy[1] était en visite dans une école de Périgueux en compagnie de Xavier Darcos pour y présenter sa réforme de l’école primaire. Les élèves de CE2 avaient préparé avec leur instituteur un questionnaire de Proust à l’intention du chef de l’Etat français. Pourquoi êtes-vous de droite ? a ainsi candidement demandé un enfant[2].

Réponse du président :

« Parce que je pense qu’il faut créer des richesses avant de les partager »

J’image qu’il a ainsi voulu pointer une différence avec la gauche qui d’après lui se soucierait d’abord du partage quitte à ce qu’il n’y ait plus rien à se partager. Mais amusons-nous à sortir la citation de son contexte pour la plonger dans le logiciel libre.

La réponse de Sarkozy est-elle soluble dans le logiciel libre ? Telle est la drôle de question du jour.

C’est sûr, la notion de partage implique d’avoir quelque chose à partager. Mais si l’on se place dans un référentiel logiciel libre alors il y a je crois au moins deux éléments à préciser.

Le premier concerne la chronologie des évènements. Notre président semble dessiner là un processus en deux temps bien distincts : d’abord la création (qui aboutit à un produit fini), ensuite le partage (direct ou indirect via la taxation). Pour un logiciel il faut une idée de départ bien sûr, mais à partir du moment où vous décidez de lui accoler une licence libre pour en faire un logiciel libre alors le partage pointe tout de suite le bout de son nez.

Le second concerne la notion même de richesses. Ce n’est certainement pas un hasard si ce mot possède plusieurs acceptions comme l’illustre la longue page dédiée du Wiktionnaire de Wikipédia. On peut se focaliser sur la richesse financière ou tout du moins matérielle mais on également extrapoler sur la richesse comme étant ce qui est précieux à moi, à autrui et à toute une communauté. Pour un logiciel, à partir du moment où vous décidez de lui accoler une licence libre pour en faire un logiciel libre alors le partage est non seulement présent mais peut également grandement participer à sa bonification. GNU/Linux sans le partage aurait tout simplement perdu toute sa richesse.

Et si, parfois, la richesse d’une création venait avant tout de son partage ?

Notes

[1] Photographie de Guillaume Paumier sous licence Creative Commons By-Sa.

[2] Source LeMonde.fr : Le président, la fondue et le questionnaire de Proust.




Mission E-educ – Forte mobilisation en faveur du logiciel libre à l’école

Copie d'écran - Mission E-educ - - Forum - Gouv.fr

Dont acte ? Nous verrons bien…

Il y a une semaine était publiée la synthèse finale du forum Ecole et internet : vers quels usages ? mis en place par le gouvernement dans le cadre de la mission « E-educ » sur les technologies de l’information et de la communication pour l’Enseignement.

Ce forum était présenté de la manière suivante par le ministre Xavier Darcos lors du communiqué de presse :

« Dès janvier, un forum Internet consacré aux TICE sera ouvert pour un mois sur le site education.gouv.fr ; il permettra à l’ensemble des acteurs et interlocuteurs de la communauté éducative d’exprimer leurs attentes en matière d’utilisation des TIC dans l’enseignement, mais aussi de partager des expériences innovantes. Ce forum contribuera à alimenter utilement la réflexion de la mission « e-educ » par l’identification des freins, des opportunités et des vecteurs du développement des usages répondant aux attentes de ces utilisateurs. »

Et c’est ainsi que 200 fils et plus de 500 réponses ont été postés sur ce forum. La problématique étant plurielle, de très nombreux sujets ont été abordés. Ce qui m’a frappé (jusqu’à la déprime parfois) ce que dès qu’il s’agissait de faire le moindre bilan TICE du passé, les interventions convergaient vers la critique. Par contre dès qu’il s’agissait d’évoquer le logiciel alors presque tous les regards se portaient sur le logiciel libre pour constater qu’il n’était pas à sa juste place à l’école.

Je sais bien que c’est plus complexe que cela mais, quitte à passer pour un librocentriste naïf et obtus, j’oserais même un rapprochement entre le bilan négatif et le logiciel libre pour émettre l’hypothèse suivante : si l’école avait adopté plus tôt la culture et l’écosystème du logiciel libre alors nous n’en serions peut-être pas là.

Bref, passons. Toujours est-il que dans la section Logiciels de la synthèse finale, voici ce qu’on peut y lire :

« On observe une très forte mobilisation des internautes en faveur des logiciels libres. L’information (promotion) apparaît indispensable pour que chacun prenne connaissance de l’existence de ces solutions et de leur diversité. Les contributeurs considèrent que ce chantier est sous la responsabilité de l’Education Nationale. Ils lui reprochent de dépenser l’argent du contribuable inutilement et de favoriser certaines entreprises privées en faisant un choix contraire. Selon eux, enseignants et élèves doivent maîtriser des activités, des méthodes et non des produits commerciaux particuliers (le traitement de texte en général et non un logiciel spécifique).

Ils craignent en outre que les documents produits au moyen de solutions propriétaires finissent par ne plus être accessibles (formats abandonnés du jour au lendemain par choix du fournisseur ou simple disparition de ce dernier). Priorité ne veut pas dire utilisation exclusive du libre : le logiciel propriétaire est parfois la seule solution.

Plusieurs messages suggèrent que l’Education nationale soutienne financièrement le développement des logiciels libres. »

Conclusion : Espérons que l’omniprésent Thierry de Vulpillières, ses deux collègues de Microsoft ainsi que tous les autres membres de la mission « E-educ » tiendront compte de ces remarques, Histoire aussi de faire taire les doutes émis par certains, comme Jean Peyratout, sur la composition pas forcément représentative de cette mission…

Copie d'écran - Mission E-educ - Gouv.fr

Annexe

En ordre antéchronologique, voici quelques messages issus de ce forum jugés significatifs par votre serviteur.

Message écrit le 27/02/2008 par gilles beraud ayant pour titre Liberté chérie :

Bonjour,

Le choix des membres de la mission E-educ, la façon de présenter la mission sur le site de syntec ("La mission « E-educ » confiée à Syntec informatique"), les problématiques choisies (par ex : offre logicielle adaptée aux préoccupations de la communauté éducative, modèle économique innovant… par la mise en oeuvre de partenariats publics-privés) m’alarment au plus haut point : dans cette mission se joue probablement la liberté d’accès aux contenus éducatifs.

Le choix de l’outil conditionne de façon binaire l’accès au savoir : je peux ou je ne peux pas lire tel texte, visionner tel film, écouter telle ou telle musique. L’Éducation Nationale ne peut pas se contenter des pistes de réflexion que déclineront des professionnels dont les revenus à venir dépendent pour l’essentiel de ce que sera l’informatique grand-public. C’est à dire des enfants et ado d’aujourd’hui, consommateurs de demain. L’Éducation Nationale, par ses enseignants et leur formation, par son administration et tous ses personnels, doit réaliser à quel point ses choix et stratégies sont au coeur de la société. L’Éducation nationale doit faire le choix de la liberté, car il n’y a pas d’autre choix citoyen.

Le savoir n’est pas une marchandise et l’école n’a pas pour mission de former des consommateurs mais des citoyens.

La liberté, c’est : un système d’exploitation libre *et* des logiciels libres *et* des formats de données ouverts »

Réponse de On/Off :

Je suis assez d’accord, sauf pour la conclusion.

En fait l’EN devrait réfléchir en terme de viabilité/fiabilité/interopérabilité de l’information au fil du temps. Donc pour les formats ouverts, je suis à 100 % d’accord.

Pour ce qui est des logiciels, le ’libre’ devrait être l’option par défaut, sans pour autant interdire les logiciels propriétaires. Montrer qu’ils existent, quels sont leurs avantages/inconvénients me paraît tout aussi indispensable. C’est le seul moyen d’améliorer l’esprit critique des usagers.

Message écrit le 26/02/2008 par Laurent ayant pour titre Ordinateurs et logiciels libres :

Pourquoi le Ministère de l’éducation Nationale ne soutient t il pas ouvertement le logiciel libre alors que son Ministre , M DARCOS , assiste à des séminaires organisés par Microsoft (projectice ?)

Le logiciel libre est le seul à pouvoir faire la transition entre l’utilisation et l’apprentissage "professionnel" de l’informatique.

Des centaines de métiers se ferment aux seuls utilisateurs de logiciels Microsoft que l’on réduit à de simples consommateurs de logiciels alors que le logiciel libre est mille fois plus riche car l’élève intéressé par les métiers du numérique pourra poursuivre vers la conception des logiciels (ce qu’il ne peut pas faire avec des produits Microsoft sauf à travailler chez Microsoft)

L’école utilise beaucoup les logiciels libres mais ce n’est certes pas grâce à son Ministère ou les différents Ministres qui se sont succédés : "Aucune politique en la matière et ces derniers préférent confier cette tâche à des sociétés privées "

Heureusement que les conseils généraux sont un peu plus efficaces dans ce domaine.

Réponse de hibiscus :

J’ai des enfants au collège et au lycée, et je constate que leurs professeurs ignorent jusqu’à l’existence des logiciels libres.

Mes enfants ont été formés à la bureautique (c’est au programme), mais uniquement à Word et Excel, car pour les profs les termes "traitement de texte" et "word" sont synonymes, idem pour "tableur" et "excel"

Pendant la préparation du B2I, les élèves ne sont formés qu’à Internet Explorer, car pour le prof c’est le seul navigateur qui existe

Un de mes enfants a reçu une framakey, c’est-à-dire une clé USB contenant tout un ensemble de logiciels libres, dont OpenOffice, Firefox, etc. Mais les professeurs qui ont fait la distribution n’ont pas expliqué ce que c’était. Résultat : les élèves étaient contents d’avoir reçu une clé USB mais ils trouvaient dommage que la moitié de la place soit perdue (sic !)

Nous avons OpenOffice à la maison, mais chaque fois qu’un de mes enfants a fourni à un professeur un fichier au format OpenOffice ou PDF, le professeur l’a grondé et a réclamé un fichier "word"

Pour les TPE (des travaux pratiques à faire en 1ère), les consignes données par les professeurs mentionnaient sans cesse les logiciels Microsoft, du genre "réaliser votre dossier avec word", "préparer un powerpoint pour la soutenance", etc.

Pour que la connaissance arrive aux élèves, il faut qu’elle passe par les professeurs, notamment ceux qui sont chargés de l’enseignement de la bureautique, de la technologie, du B2I, etc. Il faut diffuser aux professeurs l’information et la formation aux logiciels libres.

Réponse de Florentin R :

Je suis actuellement en BTS informatique et je constate :

– Que aucun poste n’est sous linux/BSD/et autre derivé.

– Que les logiciels libre installé sur nos postes ne peuvent être mis à jour (problème de politique de droits ).

– Qu’aucun de nos cours ne sont sous licence libre et/ou copy left.

– Que l’ensemble de notre plus value est et sera créé grâce au logiciel de MS, présentation a base de powerpoint ( personne ne connait s5 dans mon lycée), programmation en VisualBasic.NET et C#, planification et gestion de projets avec ms projects. Heuresement que nous n’utilisons pas Access pour faire des base de données !

Ce constat est assez alarmant.

Le premier point soulève le manque de polyvalence indue et donc l’incapacité de répondre au besoin d’une majorité des postes serveurs et une part toujours plus importante des postes personnels (en terme de marché).

Le deuxième point montre que même quand des logiciels libre sont installés, leurs potentiels est mal exploitable.On ne peut même pas installer de plugin(ajouter une fonctionnalité) a firefox (toujours ce système de droit).

Nos systèmes ne sont donc pas adapté a nos besoins, les systèmes de MS ne sont pas assez souples.

Le troisième point montre que la mutualisation des compétences n’est toujours pas à l’ordre du jour. La question des licences n’est donc jamais abordée ni par les créations des professeurs (supports de cours), ni lors de la création de logiciel/site par les éléves etc. (le code reste fermé -> copyright).

Le dernier point de mon constats est assez accablant car tout ces programmes ont un (et plus ) équivalent libre, équivalent connu, aussi performant, mais que l’on continue de payer les créations de Microsft avec les deniers public.

Pour conclure, les logiciels libres sont l’émanation de l’ Internet.

Ne pas prendre en compte ce modèle c’est avancer a reculons.

L’assemblé, wall-street, la gendarmerie, sont déjà utilisateurs des logiciels libres… c’est incompréhensible que l’éducation national ne se soit pas saisie de cette exemple de partage du savoir vieux de 35 ans.

Réponse de On/Off à ce message :

"Pourquoi le Ministère de l’éducation Nationale ne soutient t il pas ouvertement le logiciel libre alors que son Ministre , M DARCOS , assiste à des séminaires organisés par Microsoft (projectice ?)"

Vous oubliez que vous parlez de libéraux au sens économique (je m’en mets plein les fouilles et quelque soit mes actes, je n’ai rien à redouter…) et non au sens libertaire. Si notre élite politique voulait bien oeuvrer pour l’intérêt général, ce qui est tout de même sa première mission au nom du peuple, ces débats ne devraient même pas avoir lieu.

Le bon sens (en voie de disparition chez l’homo-sapiens) dirait que sur tout ordinateur (à l’école comme sur ceux vendus en magasins Cf. pb de vente liée), les logiciels libres sont disponibles et l’utilisateur, s’il le souhaite peut remplacer/installer tout logiciel propriétaire qu’il acquière, selon ses besoins/envies. Ainsi l’utilisateur reste maître et responsable de ses choix et tout lui est possible.

Quand aux autres administrations qui sont/vont passer sous logiciels libres c’est surtout pour des raisons de sécurité/viabilité dans le temps.

Vu la gestion des TICE à l’EN, on est très loin des réflexions menées par les autres ministères, d’autant que la gestion matériels/logiciels a été décentralisée aux régions (lycées), départements (collèges) et communes (écoles). D’où un renvoi de balle permanent, personne n’étant responsable de quoi que ce soit.

On peu critiquer la centralisation à outrance, mais il en est de même de la décentralisation sauvage, non coordonnée et surtout sans aucune prise de recul afin de rétablir un minimum d’efficacité et de cohérence.

Heureusement que hors des ministères de bonnes volontées oeuvrent pour faire avancer les choses un peu plus efficacement.

Réponse de Catherine :

Bonjour

Le logiciel libre est souvent gratuit mais il est souvent créé par et pour les utilisateurs en fonction de leurs besoins. La présence (ou l’absence) des logiciels libres n’est que le reflet de la société. Quelle société voulons-nous pour demain, pour nos enfants ? …

De nombreuses solutions ont été développées, il serait bien que l’état soutienne également ces créateurs riches de talents et d’ingéniosité qui ont su développer des produits simples pour que l’enseignant dans sa classe utilise l’ordinateur réellement comme un outil pédagogique sans avoir à s’occuper de l’aspect technique.

Je citerai en exemple ABULEDU, qui offre aux enseignants, une solution entièrement adaptée à leurs besoins :

– un serveur, des terminaux -> une seule machine à mettre à jour, (et oui la gestion de x machines dans une salle nécessite un entretien courant, MAJ…) Qui assure celui-ci dans les écoles ? Il n’y a pas que des grandes villes en France disposant de personnels de mairie, et assurant la maintenance, les petites communes ne peuvent assurer la maintenance, l’enseignant a suffisamment de travail et pas toujours les connaissances nécessaires pour le faire.

– serveur sous Linux -> pas de virus, pas d’antivirus à mettre à jour, d’analyses…

– un cartable électronique pour chacun -> gestion du réseau facilité, l’ élève peut se connecter indifféremment sur n’importe quel poste, il retrouve ses documents. Un dossier classe pour tous.

– une protection Internet assurée par SquidGuard…

Un soutien à des productions de ce type, afin qu’elles puissent continuer à se développer et à innover serait le bienvenu et ferait grandement avancer l’utilisation des TICE en classe.

Réponse de Anonyme :

Bien sûr ! Je suis lycéen, et je dois dire que les logiciels libre sont super ! Le problème que vu qu’ils sont libre, il n’y a donc pas de pub ! Donc les élèves ne connaissent pas… J’ai fait découvrir Firefox à un pote ne connaissant qu’Internet Explorer. Il m’a dit : "C’est super ! ça plante jamais ! Et ça marche super bien !". En réalité, les logiciels libres plantent, comme tout logiciels, mais moins souvent (point perso). Toutefois, tout n’est pas fait pour favoriser leur expansion. Exemple dans notre bahut : Plusieurs ordinateurs possèdent OpenOffice (Très bon pack pour la bureautique, en lieu et place de Word, inabordable en terme de prix), en version 1.1, donc très ancienne ! Alors que nous sommes actuellement à la 2.3 il me semble… Problème plus gênant, certains PC ne possèdent justement pas Openoffice… Donc les élèves enregistrent leurs fichiers en .doc, ne sachant s’ils pourront utiliser un PC avec OpenOffice… Pareil avec Firefox, qui est en version 1.0… Les logiciels libres sont donc très utiles, mais il faut d’abord que quelqu’un "gère" les PC dans les établissements, ce qui n’est pas le cas pour ma part.

Réponse de Denis Raffin :

Le sujet des logiciels libres est capital ! A l’heure où le pouvoir d’achat ne cesse de baisser, il apparaît indécent d’initier nos élèves à des logiciels (windows, word, etc.) qu’ils devront payer très chers s’ils veulent l’utiliser chez eux. Avez-vous remarqué, on ne dit pas "fais-le avec un traitement de texte" mais "fais-le avec Word"… On se bat pour ne pas voir la pub entrer dans les établissements scolaires mais on continue à rendre nos élèves dépendants de Microsoft ! ! Sans compter que l’argent public serait mieux utilisé s’il ne servait pas à payer les licences Windows/BCDI/Microsoft Office/etc. alors que des solutions libres et de qualité équivalente existe (Linux/Openoffice/Gimp/PMB/etc.) D’un point de vue pédagogique, les logiciels libres ont le mérite (de part la disponibilité du code source) de ne pas se comporter comme des boites noires : tout un chacun peut savoir "comment ça marche" et apporter sa touche personnelle. Et pour le futur citoyen qu’est l’élève, le logiciel montre qu’il existe une alternative à la concurrence sauvage : le développement fulgurant de certains logiciels libres (Inkscape, KDE, firefox, thunderbird, etc.) donne à méditer…

Message écrit le 25/02/2008 par thomas ayant pour titre Les logiciels libres respectent les principes républicains :

Bonjour,

Je crois qu’il faut développer l’utilisation des logiciels libres au sein des écoles et collèges, pourquoi pas lycées.

Les logiciels libres sont des logiciels souvent gratuits (mais pas toujours), ce qui représente un atout non négligeable pour les finances de l’Education Nationale.

Un logiciel libre est un logiciel que l’on peut modifier, étudier, à souhait, comme une recette de cuisine. On a donc accès à la recette (le code source) du gâteau (le logiciel). Ces logiciels sont donc codés à plusieurs, dans un esprit de collaboration. Les logiciels libres respectent donc les 3 principes suivants :

– La liberté : liberté de modifier, d’améliorer, de traduire, de documenter un logiciel

– L’égalité : On a tous accès aux sources du logiciel. Les logiciels libres étant souvent gratuits, tous les enfants, quelque soit les revenus de leurs parents, peuvent se le procurer. (A condition bien entendu d’avoir un ordinateur)

– La fraternité : les logiciels libres étant créés à plusieurs, la notion d’entraide et de partage est très présente.

De plus, des logiciels libres tels que OpenOffice, Firefox, Thunderbird sont utilisés dans les administrations telles que la Gendarmerie, et Ubuntu Linux à l’Assemblée Nationale.

Il serait donc bon de développer leur utilisation.

Merci beaucoup, Amicalement, Thomas

Réponse de saian :

Les fondements du logiciel libre s’inscrivent dans une philosophie dont vous évoquez des principes. Ils sont le fruit d’un travail partagé, ils évoluent avec les besoin des utilisateurs qui contribuent à leur amélioration.

Wikipédia, avec les restrictions d’usage que l’ont doit y apporter, est un modèle de la capacité créatrice des hommes au service un projet commun (et ambitieux !). Un avant goût de la Société de la Connaissance que les génération futures peuvent construire.

L’école peut – doit – contribuer à développer cet esprit au coeur des élèves. Avec des professeurs formés, travaillant en réseaux avec la contribution d’intervenants extérieurs ( appartenant au monde du logiciel libre, aux métiers de l’information documentation). Nous sommes dans une phase transitoire, nos choix sont déterminants.

Message écrit le 25/02/2008 par ComputerHotline ayant pour titre Utilisation des ressources sous licence de libre diffusion :

Bonjour. Je me posai une question : pourquoi l’E.N. ne démocratise-t-elle pas l’usage de contenus sous licences de libres diffusion (licences Creative Commons, licence Art libre) ?

Message écrit le 11/02/2008 par H2G2.0 ayant pour titre Quel modèle économique pour l’école 2.0 ? :

Le premier point de la réflexion confiée à la mission E-educ porte sur le développement d’une offre logicielle adaptée à la communauté éducative.

Le basculement vers les Espace Numérique de Travail (E.N.T.) est un enjeu très couteux pour les collectivités locales. Au coût du matériel peut venir s’ajouter le coût exorbitant des logiciels. C’est aussi un enjeu humain d’encadrer cette transition pour les collègues les moins en pointe dans ce domaine.

Il existe aujourd’hui une offre fiable et performante en logiciels libres. Au-delà d’une philosophie plus compatible avec les valeurs de l’éducation car axée sur la coopération et le partage du savoir plutôt que sur la concurrence et l’exploitation d’une rente, cette offre permettrait d’alléger considérablement le coût de ce passage aux E.N.T.

Il existe aussi parmi les enseignants une communauté très active dans ce domaine, prête à encadrer et à faciliter le passage vers cette offre libre, plutôt que de dépendre de l’assistance incertaine d’un fournisseur privé. Les utilisateurs des couteuses hotlines des F.A.I. en savent quelque chose.

Et pourtant, il suffit de se pencher sur le deuxième point de la mission pour s’apercevoir qu’on s’oriente d’office vers un modèle économique, le Partenariat Public-Privé…

Ce que confirme la composition de la mission : IBM, Microsoft, Syntec, HP…

Manifestement, la réponse est déjà dans la question.

Alors quel est le réel objectif de ce forum ?

Message écrit le 30/01/2008 par Jean-Pierre Archambault ayant pour titre Les logiciels libres dans l’éducation :

Les logiciels libres dans l’éducation représentent des enjeux importants. Depuis plusieurs années, ils connaissent un développement significatif dans le système éducatif.

Le contexte institutionnel a été défini, en octobre 1998, dans un accord-cadre signé entre le Ministère de l’Education nationale et l’AFUL (Association francophone des utilisateurs de Linux et des logiciels libres). Cet accord a été régulièrement reconduit depuis lors. En substance, il indique qu’il y a pour les établissements scolaires, du côté des logiciels libres, des solutions alternatives de qualité, et à très moindres coûts, dans une perspective de pluralisme technologique.

Effectivement, il y a des enjeux financiers, la question n’étant pas tant celle de la gratuité que celle du caractère « raisonnable » des coûts informatiques. Les collectivités locales sont de plus en plus sensibles à cet aspect des choses, notamment pour le poste de travail et la suite bureautique OpenOffice.org. La licence GPL permet aux élèves, et aux enseignants, de retrouver à leur domicile leurs outils informatiques, sans frais supplémentaires et en toute légalité.

L’enseignement requiert la diversité des environnements scientifiques et techniques. La compréhension des systèmes suppose l’accès à leur « secret de fabrication ». Il y a de ce point de vue une convergence entre les principes du libre et les missions du système éducatif, la culture enseignante de libre accès à la connaissance et de sa diffusion à tous, de formation aux notions et non à des recettes.

Des formes de travail en commun des enseignants, de travail et d’usages coopératifs supposent des modalités de droit d’auteur facilitant l’échange et la mutualisation des documents qu’ils produisent. Du côté des usages éducatifs des TIC, on retrouve l’approche du libre.

Il existe une transférabilité du libre dans le domaine de la réalisation des ressources pédagogiques. Les productions de l’association Sésamath en sont l’illustration, notamment ses manuels scolaires libres de mathématiques pour les classes de 5ème et de 4ème.

Cette transférabilité de l’approche du libre vaut pour la réalisation des biens informationnels en général. Ainsi John Sulston, prix Nobel de médecine, évoquant les risques de privatisation du génome humain, indiquait-il que « les données de base doivent être accessibles à tous, pour que chacun puisse les interpréter, les modifier et les transmettre, à l’instar du modèle de l’open source pour les logiciels » (Le Monde Diplomatique décembre 2002). Le propos de J. Sulston illustre lui la question de savoir si le modèle du libre préfigure des évolutions en termes de modèles économiques et de propriété intellectuelle (droit d’auteur, brevets). En effet, il y a relativement de plus en plus de biens immatériels. Et de plus en plus d’immatériel et de connaissance dans les biens matériels et les processus de création de la richesse. Ces problématiques concernent l’Ecole, qui contribue à former le citoyen.

Les logiciels et les ressources libres ont donc une place incontournable dans les débats en cours sur le forum E-educ.

Jean-Pierre Archambault coordonnateur du pôle de compétences logiciels libres du SCEREN

Réponse de Jérôme FERRÉ :

Notre ministère souffre d’une certaine schizophrénie. Alors que l’accord cadre entre le MEN et l’AFULLL est renouvelé, celui avec les sociétés éditrices de logiciels propriétaires et payants est toujours d’actualité. L’arrivée de nouvelles versions de système d’exploitation et de suite bureautique est l’opportunité pour migrer vers les logiciels libres. En effet dans le cadre de la LOLF, les logiciels libres devraient être déclarés d’intérêt public. L’argument économique est aujourd’hui le plus parlant aux yeux des décideurs (inspecteurs, proviseurs, principaux …), alors que les libertés fondamentales : utiliser, étudier, modifier et redistribuer, passent au second plan. Restons donc sur l’économie… Le choix est possible, acheter des logiciels ou acheter plus de matériel (2 suites bureautiques achetés = 1 appareil photo numérique). Je n’évoque pas la possibilité d’utiliser des logiciels pirates avec les élèves, tout comme nous ne les faisons pas s’assoir à des tables acquises de manière illégale dans les salles de classe… Néanmoins, dans notre société mercantile, les conceptions de gratuité et de qualité ne sont pas souvent rassemblées. Une éducation concernant les logiciels libres, qui, que, quoi, quand où et comment reste à faire. Encore aujourd’hui, des responsables de l’éducation Nationale ont le luxe d’acheter des suites bureautiques utilisant des formats dont la pérennité n’est même pas garantie. Le format odf (open document format) garantie cette pérennité. Alors, qu’attendons nous ? Mesdames et messieurs les responsables,la communauté du libre attend votre positionnement. Les usages dépendent des instructions données par le sommet de la pyramide hiérarchique. Contrairement au passé, ne soyons pas les derniers en Europe à faire le bon choix…

Réponse de alexis lucas :

enseignant en lettres-histoire et formateur Tice, j’interviens pour prolonger de ma conviction l’excellente introduction d’Alexandre archambault.

Avec l’entrée progressive de l’informatique dans les foyers, la question du libre prend une tout autre ampleur : c’est l’intérêt, l’éthique, la déontologie qui nous conduisent à préconiser que l’outil de travail soit commun, collectif, partagé donc secondaire : nous nous devons de créer une base de ressource commune et fédératrice qui garde sa place d’outil au service du contenu. Ainsi, parler de la nécessité du libre, c’est d’abord mettre en avant le fait qu’un logiciel sert le projet pédagogique, le contenu sans isoler, séparer ceux qui peuvent ou ne peuvent pas y accéder, pour des motifs financiers.

Prôner le libre c’est donc supprimer la question du droit d’accès pour ne plus se consacrer à terme qu’à la question du contenu.

Mieux encore, si l’école lève enfin son vieux complexe de mise en concurence des éditeurs privés au nom d’un droit à la concurrence, elle ne fera pas que gagner de l’argent, elle permettra de porter au niveau des Tice la valeur collective et démocratique du droit de chacun à disposer des outils pour mieux réussir dans la vie.

Enfin, et ce n’est pas peu, un élève qui saura faire un diaporama avec open office n’entrera plus dans la logique illicite de télécharger un logiciel cracké, piraté, vérolé parce qu’il aura pris comme habitude d’utiliser un bien public et non privé, parce qu’il aura pris l’habitude de de considérer que ce qui est gratuit et public vaut mieux que ce qui est payant et cher.

Cercle vertueux qu’il convient de prôner si l’on veut porter une devise républicaine.

Réponse de pichel :

Je constate avec plaisir que la question du libre a enfin été initié sur ce forum, et je complète les interventions précédentes par les points suivants en faveur de l’utilisation des Logiciels Libres à l’école.

– Les Logiciels Libres sont les seuls à être disponibles sur autant de plate-formes et de systèmes d’exploitation (Windows, Mac OS, et d’autres…) ce qui fait que quelque soit les ressources disponibles pour l’élève, chez lui, à la bibliothèque, etc., il pourra retrouver le même environnement que celui sur lequel il a travaillé. De ce fait, on peut imposer un logiciel de travail, ou un format de fichier à l’école, car l’élève aura la possibilité de rentrer chez lui avec de quoi installer le logiciels par exemple, ou pourra (allez, on rêve) retrouver à la bibliothèque un logiciel permettant l’enregistrement dans le format demandé (open document par exemple). En utilisant du libre à l’école, on permet à l’élève disposant d’un ordinateur Windows chez lui de l’utiliser pour son travail, alors que l’inverse n’est absolument pas vrai, en travaillant par exemple sur le tandem Windows-Microsoft Office à l’école, on interdit pratiquement à l’élève de pouvoir travailler chez lui avec un système libre comme GNU/Linux. ==> Le Libre est ouvert par essence et n’enferme pas dans un système donné.

– L’école, en apprenant à utiliser tel ou tel logiciel, est forcément prescriptrice, sinon d’achat direct, au moins de réflexes pour plus tard. L’école, en tant qu’elle est encore un peu républicaine et laïque ne devrait donc pas faire la promotion d’un système d’exploitation en particulier ou de logiciels en particulier. L’alternative est donc de faire travailler les élèves sur tout ce qui existe pour les rendre agiles (mais c’est beaucoup de boulot…), ou au moins de leur faire utiliser des Logiciels Libres dès que cela est possible. ==> Le Libre comme alternative au marketage déguisé des licences propriétaires "pas chères, spéciales éducation".

– Le Libre se prête bien à la récupération des vieilles machines, et les nouvelles versions des systèmes d’exploitations propriétaires sont nos amies en ce qu’elles innondent le marché de l’occasion de machines relativement récentes et tout à fait capables de faire tourner des versions de GNU/Linux avec bureau graphique, éventuellement 3D pour faire joli, et toutes les applications dont on a couramment besoin. Et on peut même faire des ordinateurs tout à fait corrects pour la bureautique et la navigation internet avec des Pentium II et 128 Mo de RAM ! Des machines qui ont plus de dix ans quoi et dont plus personne ne veut. Eh bien elles peuvent tout à fait faire l’affaire dans l’éducation : nul besoin d’investir dans de nouvelles machines à tout va ! ==> Le Libre comme méthode de recyclage des machines

– Enfin, le Libre est incomplet, certains domaines résistent encore, soit. Pour la plupart, si on lançait le programme à l’échelle nationale, il serait tout à fait envisageable de faire développer les bouts qui manquent, comme cela a été évoqué sur ce forum), un peu à la manière de la Gendarmerie. Mais cela fera du remous, c’est sûr car certains ne sont pas prêts. A titre d’exemple, l’académie de l’Isère utilise un logiciel nommé TP Works pour fabriquer des TP et les servir en ligne aux élèves. Ce logiciels a été développé par quelques uns et repose extensivement sur des technologies libres : Web, php, mysql. Ils ont réussi à en faire un truc commplètement fermé, inexportable, inutilisable à la maison pour préparer… et maintenant que c’est vendu, n’ont absolument pas continué à travailler sur l’interface de création des TP, qui avec les techos d’aujourd’hui pourrait être beaucoup plus agréable (Ajax, etc.) Quel gâchis, lorsqu’on imagine un instant ce que pourraît être aujourd’hui un TP Works qui aurait été lancé sous licence GPL (après avoir rémunéré les auteurs originaux pour leur gros boulot initial par exemple) ? Il reste également des secteurs où on ne voit pas d’issue immédiate comme la CAO où la formation des élèves impose de leur fournir de l’expérience sur des logiciels effectivement utilisés en entreprise. Bon, ben quand il ne restera plus que ceux là …

Michel Roche Informaticien et parent d’élève.

Réponse de Georges Khaznadar :

Bonjour Jean-Pierre, je rebondis sur ton analyse.

L’enseignement requiert la diversité des environnements scientifiques et techniques. La compréhension des systèmes suppose l’accès à leur « secret de fabrication ».

J’enseigne les sciences physiques, et à ce titre j’utilise des appareils spécifiques, classés dans la catégorie ’EXAO’, expérimentation assistée par ordinateurs. Mes collègues et moi avons à plusieurs reprises souffert des efforts de nos fournisseurs pour emprisonner leurs clients de façon déloyale.

« Autrefois », on prenait une pile, une lampe, un voltmètre, des fils électriques avec des fiches de diamètre 4mm. Eh bien, quel que soit le constructeur de la pile, de la lampe ou du voltmètre, nous pouvions faire de la physique.

Aux débuts de l’EXAO, notre prévoyante hiérarchie a pris soin d’équiper les laboratoires en achetant auprès de plusieurs constructeurs, (nommons-les ’P’, ’J’, ’L&I’, ’M’ 😉

Chacun de ces constructeurs a créé du matériel incompatible avec ceux des concurrents et distribué du logiciel encore moins compatible. Aujourd’hui on assiste à un regroupement : moins de concurrents (il ne reste pratiquement plus que ’P’ et ’J’). On achète couramment en France des appareil deux à trois fois plus chers que ce qui se trouve en Allemagne, aux Pays-Bas, en Angleterre, pays où les fabricants ne savent pas très bien répondre à des appels d’offres français.

Il est grand temps de restaurer la concurrence. Comment faire sans aller contre la liberté du commerce ? Il est possible de réaliser *un seul* logiciel libre (en fait il existe déjà), puis les appels d’offres peuvent demander aux constructeurs de faire en sorte que leur produit soit compatible avec ce logiciel, conformément à un standard ouvert.

Ce mode de fonctionnement a été et est encore celui du W3C, qui régule le développement d’Internet : les membres du W3C se mettent d’accord et écrivent la spécification des nouveaux standards. Le W3C diffuse deux outils : des validateurs, permettant de vérifier automatiquement la conformité au standard, et le logiciel Amaya : un navigateur Internet libre contenant à chaque nouveau standard une façon évidente de l’implémenter, sous licence libre. Aujourd’hui une entreprise qui n’a pas partie liée avec les plus puissantes peut gagner de l’argent en développant des produits pour Internet.

Que pouvons-nous faire ? Il existe un standard ouvert des interfaces d’acquisition de données physiques : il se nomme COMEDI. Comme tout dénominateur commun, il est plus petit que certains termes. Il supporte déjà plus de 200 matériels différents. Pourquoi aucun d’entre eux n’est-il français ?




MyBytes ou comment Microsoft éduque nos enfants à respecter (sa définition de) la propriété intellectuelle

Dans la série j’aimerais bien arrêter mes billets sur Microsoft mais…

D’aucuns me reprochent de me focaliser sur Microsoft en ce moment. Mais comment voulez-vous rester de marbre face à la nouvelle initiative « éducative » de Microsoft autour de la « propriété intellectuelle » ?!

Microsoft vient en effet de lancer une vaste campagne de sensibilisation en direction des enfants sur la notion de « propriété intellectuelle ». Ils s’en expliquent ici. Et un site dédié a été créé pour l’occasion en direction des djeunz jeunes : MyBytes.com.

Copie d'écran - MyBytes.com

Le pitch, du moins m’a-t-il semblé, c’est que les enfants sont dans la confusion (avec témoignages à l’appui) et qu’on va les aider à mieux comprendre tout ça (avec témoignages d’artistes à l’appui) si possible avec le concours des professeurs (avec documents pédagogiques à l’appui).

Moi qui croyais que Microsoft n’était qu’une société éditrice de logiciels. Pas du tout, ce sont aussi des experts juridiques qui connaissent les bonnes pratiques à transmettre à nos enfants notamment, comme on le voit ici, dans le domaine musical.

On va mettre nos juristes (et nos traducteurs) sur le coup et on vous en dira plus très bientôt.

Ce qui est certain c’est qu’il y a effectivement un problème autour de l’expression « propriété intellectuelle » et pas uniquement dans la tête de nos enfants. C’est une expression à géométrie variable pour le moins confuse dont on peut justement choisir l’angle qui nous arrange. Le problème principal venant du mot propriété que, consciemment ou non, on assimile encore trop souvent à la propriété des objets physiques[1].

Pour en savoir plus, je vous invite vivement à parcourir les ressources suivantes :

Mais ce qui est d’ores et déjà tout aussi certain c’est que l’on a affaire au même processus d’omission (et donc de propagande ?) que mon billet sur Projetice où je m’étonnais de l’absence de mention du logiciel libre.

Ici vous aurez beau chercher vous ne trouverez d’abord pas trace de la notion de Fair use mais surtout vous ne trouverez pas trace de l’existence des licences Creative Commons[2] qui ont justement été créées pour permettre aux internautes de diffuser et partager leurs créations en toute légalité. C’est bien simple la Culture libre n’existe pas !

Pour être honnête, on propose aussi aux enfants un module de création et de partage de sonneries de téléphone portable (les jeunes adorent personnaliser leur sonnerie !) qui nécessite une inscription (sans email mais impossible à faire avec mon Firefox). Ce module n’est pas inintéressant puisqu’il est demandé aux enfants de choisir les droits qu’ils accorderont à leurs sonneries. Par exemple je peux choisir Rights : Unrestricted ou Rights : For sale, can be used in other mixes. Mais là encore il eut été beaucoup plus simple et pédagogique de proposer directement une licence Creative Commons.

Il n’empêche que la vigilance est de mise face à cette nouvelle offensive non exempte d’arrière-pensées…

Notes

[1] « Les éditeurs et les juristes aiment assimiler le copyright à la « propriété intellectuelle », un terme qui inclut aussi les brevets, les marques déposées et d’autres zones plus obscures de la loi. Ces lois ont si peu de choses en commun, et diffèrent tant, qu’il serait mal-avisé de faire des généralisations. Il est beaucoup mieux de parler spécifiquement de « copyright », de « brevets » ou de « marques déposées ». Le terme « propriété intellectuelle » contient un postulat caché : que la façon naturelle de penser à ces divers problèmes est basée sur une analogie avec les objets physiques, et la façon dont nous les envisageons comme étant notre propriété. Quand il s’agit de copie, cette analogie néglige la différence cruciale entre des objets matériels et l’information : l’information peut être copiée et partagée presque sans effort, alors que ce n’est pas possible avec les objets matériels. » Richard Stallman sur gnu.org.

[2] « Les licences Creative Commons ont été créées en partant du principe que la propriété intellectuelle était fondamentalement différente de la propriété physique, et du constat selon lequel les lois actuelles sur le copyright étaient un frein à la diffusion de la culture. Leur but est de fournir un outil juridique qui garantit à la fois la protection des droits de l’auteur d’une œuvre artistique et la libre circulation du contenu culturel de cette œuvre, ceci afin de permettre aux auteurs de contribuer à un patrimoine d’œuvres accessibles dans le « domaine public » (notion prise au sens large). » Source : Wikipédia.




De la politique migratoire contradictoire des polices européennes

Un titre un peu obscur pour évoquer en vidéo une sorte de chassé-croisé entre une police française (la gendarmerie nationale) et une police belge (de la zone de Bruxelles-Midi). En effet quand l’une fait le choix de passer de la suite bureautique propriétaire Microsoft Office à la suite bureautique libre OpenOffice.org[1] l’autre inverse le mouvement en faisant machine arrière.

Ces flux migratoires opposés sont décrits dans les deux reportages que nous avons reproduit ci-dessous. Même format (ne dépassant pas les deux minutes), même structure (voix off descriptive ponctuée par des entretiens d’un responsable des opérations) mais pas la même conclusion !

Nous les avons accompagnés de leur retranscription écrite histoire de mieux évaluer à froid les arguments et éventuellement d’ouvrir un petit débat dans les commentaires…

De Microsoft Office à OpenOffice.org

—> La vidéo au format webm

Un reportage réalisé par Sia Conseil et glané sur YouTube. Date : novembre 2006 (me semble-t-il).

Retranscription :

« Marie de Paris, ministère des finances, gendarmerie nationale, de plus en plus de services de l’État travaille sous logiciel libre. Un logiciel libre c’est l’inverse d’un logiciel propriétaire, quiconque en possède une copie a en effet le droit de l’utiliser, le modifier, l’améliorer et le redistribuer. La suite bureautique de la gendarmerie nationale a ainsi entièrement migré sous Open Office. Un changement qui a mis fin au problème de communication entre les services informatiques des différentes agences de la sécurité intérieure.
Les logiciels libres portent aujourd’hui les standards, c’est-à-dire des normes qui sont libres, ouvertes et que tout le monde peut utiliser. Ces normes là n’appartiennent pas à un industriel ou à un éditeur.
Autre avantage le libre permet de faire d’importantes économies, ce qui est loin d’être négligeable.
Pour qu’un gendarme bénéficie de toutes les possibilités, on est obligé d’avoir un certain nombre de fonctionnalités. Si pour chaque fonctionnalité on fait appel à un logiciel particulier et qu’on paie la licence, au bout du compte ce sont des centaines de milliers de licences qu’on va être obligé d’acheter. Puisqu’aujourd’hui notre intranet, fin de l’année, est ouvert aux cent mille gendarmes. Donc si demain vous me vendez un logiciel même si il est génial et si vous me dites c’est cent euros par utilisateur ou cent euros par poste on a soixante-dix mille postes, ça veut dire que c’est déjà une facture de sept millions d’euros.
Un argument de poids qui n’a pas fini de séduire et dans le public et dans le privé. La fin du monopole des logiciels propriétaires est donc plus qu’annoncée. »

De OpenOffice.org à Microsoft Office

Un reportage glané sur Microsoft Get the facts Belgique et Luxembourg. Date : non trouvée.

Retranscription :

« En fin d’année dernière, pour des raisons d’économie, la zone de police Midi choisissait Open Office pour ses traitements de textes et tableurs. Très rapidement, les agents de police firent toutefois état de leur insatisfaction au sujet de ces nouvelles applications bureautiques. Ils se plaignaient par exemple de l’interface graphique du progiciel ou du fait qu’ils n’y retrouvaient pas toutes les fonctions qu’ils utilisaient dans Microsoft Office.
Les choses se sont passées en douceur mais pas pour les utilisateurs qui n’étaient pas familiarisés avec l’interface graphique. Ils étaient incapables de trouver les applications ou les fonctions comme c’était le cas avec Microsoft Office.
Les agents de police de ne sont pas des informaticiens et la plupart d’entre eux étaient plutôt désorientés dans le nouvel environnement de travail. Cela provoquait des perte de temps du fait que tout le monde faisait sans cesse appel au helpdesk pour des explications.
Nous recevions beaucoup plus d’appels parce que les utilisateurs n’appréciaient pas les fonctions, ne savaient où procéder à une copie, ce qu’il fallait faire dans telle ou telle circonstance. Nous savions vraiment beaucoup d’appels.
Aujourd’hui la zone de police Midi a installé Microsoft Office 2003, retrouvant, sur ses écrans, les applications bureautiques qui lui sont familères. Bien entendu, le coût total de propriété ne dépend pas uniquement du nombre de licences mais aussi des coûts de formation, de helpdesk et de développements sur la plate-forme de base. La convivialité et l’intégration aident les policiers à passer moins de temps en tâches administratives afin de pouvoir mieux servir les citoyens.
On peut travailler plus rapidement du fait que tout le monde connaît l’application. Plus besoin d’appeler le helpdesk. On perd moins de temps. Les utilisateurs devraient travailler plus vite et plus indépendamment. Par ailleurs, le travail gagnera en qualité. »

Remarques (toutes) personnelles

Premier reportage sur la gendarmerie nationale :

  • Microsoft n’est jamais citée
  • Le réalisateur, Sia Conseil, n’est pas rattaché à une structure d’OpenOffice.org
  • Il est dit : « Un logiciel libre c’est l’inverse d’un logiciel propriétaire » !
  • Ce sont les arguments des standards et du prix qui sont avancés
  • Aujourd’hui la gendarmerie nationale va encore plus loin en planifiant la migration du système d’exploitation Windows vers GNU/Linux (Ubuntu)
  • L’école serait bien inspirée de prendre exemple sur la gendarmerie nationale

Second reportage sur la police de Bruxelles-Midi :

  • Microsoft himself semble avoir réalisée le reportage
  • L’argument des économies réalisées avec OpenOffice.org est repris en ouverture (par contre la question des standards est passée sous silence)
  • Il n’est pas meilleur cadeau fait à Microsoft que de migrer brutalement sans formation et accompagnement
  • Il est possible que les policiers rencontrent des difficultés similaires si ils décident de passer de Microsoft Office 2003 sous Windows XP à Microsoft Office 2007 sous Windows Vista
  • Il est assez étonnant de voir des fonctionnaires de police (« qui ne sont pas des informaticiens ») participer à un publi-reportage
  • À partir du moment où, étant revenu à Microsoft Office, tout se remet en ordre, on voit une voiture de police démarrer à toute allure puisqu’on a ainsi « gagné du temps pour mieux servir les citoyens ».
  • Bruxelles vient tout récemment d’amender Microsoft à hauteur d’un milliard d’euros pour abus de position dominante (ce que l’on peut traduire par la tentative de tenir le plus longtemps possible l’utilisateur sous sa dépendance)

Notes

[1] J’en profite pour rappeler que le nom exact de la suite bureautique libre est bien OpenOffice.org et non Open Office ou OpenOffice.




Il est plus facile de convaincre avec une valise de 235 millions de dollars

Dans la série « j’aimerais beaucoup arrêter les billets sur Microsoft mais… »

C’est en souhaitant introduire la courte traduction[1] ci-dessous que j’ai découvert le site de Projetice et par là-même retardé cette mise en ligne.

À l’école, le logiciel libre vs Microsoft, ce n’est pas vraiment arguments contre arguments. C’est plutôt arguments contre arguments + 235,5 millions de dollars.

Ce qui, associé au fait que Bill Gates avec sa fondation est le plus grand bienfaiteur vivant de l’humanité, complique passablement les choses…

Copie d'écran - Matt Jansen - Blorge.com

Comment Windows XP éloigne Linux des enfants

Windows XP takes Linux away from our children

Matt Jansen – 22 janvier 2008 – Blorge.com

Microsoft vient d’annoncer qu’elle allait consacrer des millions de dollars dans le monde entier à former écoliers et enseignants à l’utilisation de ses logiciels. Cela aura pour conséquence de rendre Linux moins visible à nos enfants et de perpétuer la dépendance à Windows XP et Vista.

Là où Microsoft se montre très habile, c’est que cette initiative va lui valoir une image de grand philanthrope parmi le corps enseignant des pays concernés. Mais surtout, d’après le New York Times « Au cours des cinq prochaines années, Microsoft va investir 235,5 millions de dollars dans des établissements scolaires du monde entier, et ce dans le cadre d’une initiative visant à tripler le nombre d’étudiants et de professeurs formés sur ses logiciels, qui devra atteindre les 270 millions d’ici à 2013 ».

Bien évidemment, avant de recevoir la moindre subvention, l’école devra être équipée de Windows XP ou de Vista. Microsoft a déjà employé ces méthodes par le passé pour écraser la concurrence, par exemple lorsqu’elle a décidé de fournir Internet Explorer gratuitement pour étouffer Netscape et l’exclure du marché.

Ce sont les projets open-source tels que les distributions GNU/Linux qui offrent aujourd’hui la parade la plus crédible à la suprématie de Microsoft dans le domaine des systèmes d’exploitation. Même les systèmes d’exploitation pour plateformes mobiles concurrents tels qu’Android de Google sont basés sur une technologie et un modèle commercial issus du logiciel libre.

Pourtant, même un projet tel que GNU/Linux peut être vaincu s’il ne bénéficie pas d’une visibilité suffisante. Microsoft le sait et tente de verrouiller un marché qui compte des candidats de choix pour l’apprentissage des nouvelles technologies : les enfants.

Si Microsoft peut continuer à exposer les enfants à Windows XP ou Vista dès leur plus jeune âge, il leur semblera plus naturel de conserver le même système d’exploitation tout au long de leur scolarité, et ils s’attendront à utiliser Windows à leur entrée dans le monde du travail.

La stratégie classique de Microsoft diffère fondamentalement de celle des projets open-source tels que GNU/Linux. Tout d’abord, Microsoft vend ses logiciels puis cherche à engranger des revenus supplémentaires en vendant des services pour ces mêmes logiciels, tout en utilisant une partie de ces rentrées d’argent pour financer des coups marketing comme sa donation de 235,5 millions de dollars.

Les projets GNU/Linux, quant à eux, offrent leurs logiciels et leur code à qui les veut, ce qui crée un marché pour des entreprises de service et de formation. Il en résulte une pléthore de variantes de GNU/Linux, qui toutes disposent de budgets marketing moins conséquents, et une cohésion moindre.

Toutefois, des organisations telles qu’OLPC œuvrent dans le même domaine, et Microsoft reconnaît que « Dans les pays en voie de développement, Microsoft doit faire face à la compétition farouche de sociétés promouvant le système d’exploitation open-source Linux et les logiciels qui y sont associés. » « En tant qu’entreprise, » a déclaré Orlando Ayala (du département éducation de Microsoft), nous considérons la variété d’offre comme bénéfique. Nous estimons que la concurrence est une bonne chose. »

Notes

[1] Traduction : DonRico – Relecture : Daria – Validation – Yostral




Un peu de libre chez les grands médias

Le Framablog est un peu plus visité que d’habitude actuellement. C’est certainement la conséquence des derniers articles sur Microsoft et sa stratégie de partenariats en directions des associations d’enseignants.

Je profite donc de cette audience élargie et pas forcément initiée au libre pour relayer deux récentes émissions grand public dignes d’attention.

Un peu de libre à la télé

LCI – High-Tech : Plein Ecran du 3 février 2008
Le salon Solutions Linux à Paris

« Cette semaine, Plein Ecran court les allées de Solutions Linux, le salon qui rassemble à Paris la communauté et les professionnels du logiciel libre, un mouvement en passe de devenir un vrai secteur économique, pas comme les autres… »

Lien direct au format mp4 pour téléchargement.

Un peu de libre à la radio

France Inter – Service public du 14 février 2008
Peut-on vraiment se passer de Microsoft ?

Invités : Alix Cazenave (chargée de mission à l’APRIL) et Edouard Barreiro (chargé de mission pour les nouvelles technologies à l’UFC Que choisir).

Extrait du blog d’Isabelle Giordano :

« Ah que c’est bon d’entendre les auditeurs rappeler que le pouvoir du consommateur est dans son charriot; au supermarché chaque geste est un acte politique et l’appel au boycott de Microsoft ce matin d’un auditeur fut un bol d’oxygène ! Vous êtes tellement nombreux à réagir sur le sujet du monopole de Microsoft que nous allons lancer un sondage : êtes-vous pour ou contre la suppression du monopole de Microsoft sur les ordinateurs ? Ce qui m’inquiète le plus est le fait que l’on puisse vivre, en France, pays démocratique, une situation parfaitement illégale (oui, illégale) sans que les pouvoirs publics ne bougent. Que fait la DGCCRF ? Que fait le gouvernement ? A quand les class actions en France pour résoudre ce type de problème et répondre au mécontentement de milliers de consommateurs ? Il existe des lois en France qui ne sont pas appliqueés m’a dit en off l’une de mes invitées. À suivre donc… »




Projetice ou le cas exemplaire d’un partenariat très privilégié entre Microsoft et une association d’enseignants

Copie d'écran du site Projetice.fr

C’est entendu, ce n’est pas tant l’outil que l’usage que l’on en fait qui est important, et il se fait chaque jour des choses formidables en informatique scolaire indépendamment des caractéristiques de l’outil adopté. Mais tout de même, comment peut-on encore aujourd’hui, en 2008, se déclarer « association d’enseignants cherchant à promouvoir les utilisations pédagogiques des technologies de l’information et de la communication » (TICE) et ignorer superbement le logiciel libre ?

Je n’ai pas de réponse à cette question mais j’ai une hypothèse : avoir Microsoft comme partenaire. Et, comme vous allez vous en rendre compte ci-dessous, avec l’association Projetice ce partenariat est plus que privilégié.

Pour faire illico connaissance avec Projetice, rien de tel que ce petit reportage LCI. Et c’est bien parce que Projetice bénéficie de telles tribunes que j’ai décidé d’en faire mon billet blog du jour.

Entendons-nous bien. Je n’ai rien contre Microsoft en tant que tel. Je pense simplement que favoriser ses produits et sa culture marchande à l’école retarde d’autant l’adoption non seulement des logiciels libres mais aussi et surtout de cette salutaire culture non marchande des biens communs qui leur est associée. C’est mon parti-pris assumé et assené depuis des années avec Framasoft et que je puis caricaturer ainsi : en matière de TICE, tout ce qui retarde, oublie ou disqualifie le logiciel libre à l’école n’est pas bon pour l’école.

Je n’ai strictement rien non plus contre l’existence d’une association d’enseignants qui s’appuieraient massivement sur des logiciels Microsoft pour développer l’usage des nouvelles technlogies en milieu éducatif. C’est une question de… liberté ! Libre à eux de les mettre en avant et libre à moi (à nous ?) d’essayer de démontrer qu’ils font fausse route en freinant par là-même ce qu’ils essayent pourtant de faire avancer. Mais encore faudrait-il que ce choix, car c’est bien d’un choix qu’il s’agit, soit clairement énoncé. Or ce n’est pas vraiment le cas ici.

Parce qu’en se promenant ne serait-ce que dix minutes sur leur site (et ses hyperliens), il est difficile de ne pas se poser quelques questions quant à la transparence, la légitimité, la crédibilité, l’influence et l’indépendance de cette association. Jusqu’à me poser le plus sérieusement du monde la question suivante. Est-ce l’association une fois créée qui a sollicité Microsoft ou bien est-ce Microsoft qui a suggéré à quelques enseignants volontaires de créer l’association ?

Visite guidée du site de Projetice pour étayer mon propos. Je précise que cette visite a été effectuée le 10 février 2008 parce qu’il est possible, sait-on jamais, que cet article arrive un jour jusqu’à Projetice et il est alors probable et souhaitable qu’à la lumière (et la mise en lumière) de ce qui va suivre ils décident de faire quelques petites retouches au site. Ce qui explique la présence de nombreuses copies d’écran issues du site de l’association pour que l’article demeure compréhensible dans le temps.

Copie d'écran du site Projetice.fr

Avant même de nous pencher sur le détail on remarque globalement quelque chose devenue très rare pour des sites éducatifs : l’absence du quatuor magique libre LAMP (Linux Apache MySQL PHP) pour le serveur web. C’est la technologie web de Microsoft qui est utilisée comme le révèle la terminaison en .aspx des pages du site. Il n’y a guère que le célèbre et incontournable Café Pédagogique qui ait décidé d’en faire autant. Il faut dire qu’il est lui-même en partenariat avec Microsoft.

Pour ce qui concerne l’accueil, on se retrouve en haut de page avec un sympathique message : « Bienvenue sur Projetice. Des enseignants se forment à l’usage des TIC. Devenez membre de Projetice et rejoignez une jeune association composée d’enseignants passionnés par leur métier, désireux de dialoguer, d’apprendre et de partager. » Et puis à gauche : « Projetice est une association qui cherche à promouvoir les utilisations pédagogiques des TIC. »

Si vous souhaitez aller plus loin il y a le livre blanc des objectifs de l’association. Ouvrez-le et on vous vous retrouverez avec de belles généralités sur les TICE à grands coups de « ne pas séparer la dimension technique et la dimension pédagogique de l’usage éducatif des TIC » ou encore « s’appuyer sur la mutualisation des pratiques par les enseignants et des questions techniques et pédagogiques qu’elles soulèvent ». Pour finir par une analyse de la situation qui ne fâche personne et qui justifie l’existence et l’action de l’association. Aucune marque n’est citée, le logiciel libre non plus (mais comme je l’ai dit en amont il ne le sera jamais).

Toujours est-il que le cadre est posé. Il se veut neutre, consensuel et rassurant. Ici nous sommes entre profs, je dirais même plus nous sommes entreprofs.fr

Copie d'écran du site Projetice.fr

À y regarder de plus près on notera tout de même sur la droite l’icône caractéristique des documents Word. Ceci fait craindre la subsitution des termes génériques (et préconisés par les administrations) traitement de texte, tableur ou encore logiciel de présentation par Word, Excel et Powerpoint. Ces craintes seront malheureusement confirmées par la suite.

Plus bas on trouve cet encart dont je vous laisse juge de l’opportunité directement en accueil du site : « Microsoft, qui propose d’équiper gratuitement, depuis un certain temps déjà, les étudiants de certains logiciels via le service de Téléchargement Gratuit Etudiants disponible sur le portail Etudiants, indique que ces licences peuvent être utilisées par les enseignants dans un cadre pédagogique et à but non lucratif. »

Copie d'écran du site Projetice.fr

Mise à jour du 16 février : Cet encart a aujourd’hui disparu de l’accueil du site.

Mais allons plus avant dans le site via son menu horizontal que l’on prendra dans l’ordre, de gauche à droite. Dans la rubrique Manifestations je constate que Projetice est bien présente et active sur le terrain.

Comment une association aussi jeune (née en 2006 me semble-t-il), aussi peu googlelisée, et dont je n’avais jamais entendu parler autrement que par des annonces du… Café Pédagogique, a-t-elle pu si rapidement se retrouver à Helsinki, à Dakar ou encore à Philadelphie ? La réponse est à la portée d’un clic.

Voilà en tout cas un partenariat qui fait faire de beaux voyages et de belles rencontres. Au retour on ne peut qu’être comblé et le dire publiquement par exemple sur le site du Café Pédagique, ses 160.000 abonnés et ses 800.000 visiteurs par mois. Parmi les témoignages celui du membre de Projetice commence ainsi : « C’est dans une atmosphère très douce et remarquable pour la saison que s’est tenue la conférence mondiale des enseignants innovants organisée par Microsoft… » (retenons l’expression enseignants innovants).

Mais on retrouve bien entendu également la jeune association chez nous en France, que ce soit dans le cadre prestigieux de l’Unesco ou dans le cadre affluent (et donc influent) du Salon de l’Education (Educatice). J’ai eu moi-même par le passé l’occasion de me pencher un peu sur le coût d’une location d’un stand à ce même salon pour finalement y renoncer car je puis vous dire que cela représente plusieurs milliers d’euros. Microsoft était en tout cas très fier de les annoncer dans son communiqué de presse relatant l’évènement (dont on ne s’étonnera pas soit dit en passant d’y retrouver également mention du Café Pédagogique).

Et puis il y a les interventions pour présenter l’association et éventuellement y engager des projets. Il est tout à fait normal que les portes des établissements s’ouvrent à « une association composée d’enseignants passionnés par leur métier, désireux de dialoguer, d’apprendre et de partager. ». Qui plus est lorsqu’elle propose du matériel haut de gamme en prêt gratuit comme nous le verrons plus bas. Ainsi les collègues du lycée professionnel Don Bosco (Lyon) semblaient très attentifs le 7 janvier dernier.

Copie d'écran du site Forum-rennes2008.fr

Quelle est la prochaine date sur l’agenda de l’association ? Il s’agit du premier Forum des Enseignants Innovants (www.forum-rennes2008.fr) qui se déroulera en mars à Rennes. Outre Projetice, du beau monde côté associations d’enseignants : Clionautes, Weblettres, Cyber-langues, Assetec, Afef, Apbg, Udppc, AFT-RN… et bien sûr le Café Pédagogique dont l’annonce donne vraiment envie d’y participer. Il y a un concours qui nécessite de s’inscire sur le site. Et puis en plus, comme il est dit dans la plaquette (Weblettres), le Forum recevra la visite de Xavier Darcos, notre Ministre en personne !

Lors de ma première visite j’ai eu l’impression d’être sur un site de l’Institution. En effet il y a à droite la présence rassurante du logo caractéristique de Ministère et puis on est un peu dans le même habillage graphique que le site de la Maison Mère. Mais juste après des indices qui ne trompent pas : les pages web au format .aspx, l’enfant qui écrit Imagine au tableau noir (souvenez-vous de la campagne publicitaire On imagine), et puis surtout notre expression rencontrée plus haut Enseignants Innovants ce qui en anglais donne Innovative Teachers. On trouve une carte du monde de ces Innovative Teachers. Regardez un peu ce que cela donne pour la France mais aussi graphiquement pour la Grèce, la Jordanie ou encore Hong-Kong…

Vous l’aurez deviné, Microsoft est partenaire de l’opération. Une présence discrète en bas de page d’accueil, bon dernier parmi tous les autres partenaires (dont cinq sont publics). Une discrétion qui contaste avec le fait que… Microsoft est propriétaire du nom de domaine du site !!! Il suffit en effet de faire une courte recherche depuis n’importe quel whois du net (par exemple ici) pour avoir les informations suivantes :

Copie d'écran Who Is forum-rennes2008.fr

Le Café Pédagogique peut toujours mettre son copyright Tous droits réservés en bas de toutes les pages du site (et Projetice son email pour le contact), il n’empêche que le propriétaire légal du nom de domaine www.forum-rennes2008.fr c’est Microsoft et uniquement Microsoft. Sans vouloir refroidir l’ambiance voici donc une manifestation dont l’un des partenaires est propriétaire du nom de domaine qui héberge la manifestation ! J’avoue avoir rarement vu ça. Et je ne suis pas certain que tous les participants, membres des associations ou inscrits au concours (qui doivent, j’imagine, mettre leurs documents sur le site), soient au courant de ce que j’appellerai une légère incongruité.

Je comprends mieux en tout cas l’absence de la plus libre de toutes les associations d’enseignants, l’association de professeurs de mathématiques Sésamath. Et pourtant, pour utiliser tous les jours la suite d’exercices libre Mathenpoche avec mes élèves, je puis témoigner que ce sont de formidables et authentiques innovative teachers. Vous en connaissez beaucoup vous des associations d’enseignants qui aient réussi à lancer avec succès une véritable petite bombe dans le milieu : des manuels scolaires libres et collaboratifs ?

Mais oublions ce Forum made in Microsoft et revenons à nos moutons en poursuivant la visite Projetice.

Pour ce qui concerne la rubriques Projets deux fiches pdf sont à disposition : Besoin de matériels ? et Accompagnement de projets. Sur la base d’un projet personnel TICE de l’enseignant on peut vous donc vous accompagner et vous prêter du matériel. Et pour le matériel on ne lésine pas : « chariot mobile (structure + 11 PC portables + dispositif wifi + vidéoprojecteur + appareil photo numérique + imprimante/scanner/copieur) – Tablet PC – Tableau Numérique Interactif – PDA »… Rien que ça ! Le tout en prêt… gratuit ! C’est alléchant non ?! Allez hop je signe tout de suite ! Je vois d’ici la mine réjouie de mon chef d’établissement annonçant fièrement aux parents d’élèves et à la collectivité que notre école est à la pointe des expérimentations TICE ! Quelles en sont les conditions ? « Il est simplement demandé à l’un des membres (au moins) de l’équipe pédagogique concernée d’adhérer à l’association. Un compte-rendu des actions menées doit être communiqué à l’association à intervalles réguliers et en fin de prêt. » Mais oui bien sûr, c’est la moindre des choses, où dois-je signer ?

Petite parenthèse. Pour le matériel ne pas s’étonner si, autre partenaire, c’est du HP qui débarque, à en croire les termes de ce document .doc (qui très étrangement traîne sur internet, mais à mon avis plus pour très longtemps). Quant au système d’exploitation présent dans tous ces petits bijoux technologiques, mieux vaut ne même plus se poser la question.

Petite anecdote photographique. L’accueil Éducation de Microsoft :

Copie d'écran du site Microsoft.fr

La rubrique Projets : Tablet PC de Projetice :

Copie d'écran du site Projetice.fr

Il y a également d’autres photographies issues du site de Microsoft dans le livre blanc de Projetice (ainsi la gentille dame de la couverture on la retrouve ici, peu de chance qu’il s’agisse donc d’une vraie enseignante Projetice). Elles sont toutes non créditées (ou alors je suis passé à côté). Mais on a bien le droit de puiser dans le stock iconographique du partenaire. Pour votre gouverne on en trouve de toutes aussi jolies (et moins "formatées") sur le site Flickr.com restreint aux licences de libre diffusion Creative Commons, par exemple avec le tag education.

Vient ensuite le volet Actions, peu fourni pour le moment. Une page est consacrée au B2i et l’aide que l’association peut vous y apporter. Il n’y a qu’un seul lien sur cette page : un lien vers l’éditeur Nathan. Huit ans que le B2i existe mais aucune autre ressource n’est proposée (comme par exemple le logiciel libre GiBii que quasiment toutes les académies sont en train de déployer). Je suggère fortement à Projetice d’aller faire un tour chez leurs amis du Café Pédagogique pour pallier à cela.

Lorsque vous cliquez sur le site de Nathan vous arrivez sur un espace dédié pour « tester et évaluer le niveau de vos élèves dans le cadre du Brevet informatique et internet ». Ce genre de test en ligne n’est pas conforme à l’esprit du B2i qui doit être évalué dans les classes tout au long de l’année. Et ce genre d’annonce « Attention le site B2i est consultable uniquement sur PC et utlisant le navigateur Explorer » n’est pas conforme à l’esprit d’interopérabilité qui doit animer tout acteur des TICE.

Copie d'écran du site Nathan.fr

Du coup impossible de vous en dire plus avec mon navigateur libre Firefox sous système d’exploitation libre GNU/Linux Ubuntu. Sur la droite de l’accueil du site dédié de Nathan, on peut lire « Réalisé avec l’aide du programme Partenaire pour l’éducation de Microsoft Education ». Je commence à comprendre…

Continuons (courageuseument) notre petite investigation avec la rubrique Ressources. Dans la catégorie Fiches découvertes on vous propose de nombreux documents « permettant de découvrir des outils, des matériels, des logiciels ».

Microsoft Word, Microsoft Powerpoint, Microsoft Frontpage, Microsoft Encarta, Microsoft Windows Movie Maker, Microsoft Photorécit… Voilà un éditeur de logiciels propriétaires qui a la cote sur Projetice ! En cherchant bien on trouve néanmoins la présence de deux logiciels libres mais jamais cités en tant que tels (Audacity et Camstudio). Gageons qu’ils doivent se sentir bien seuls !

Exemple 1 :

Copie d'écran du site Projetice.fr

Exemple 2 :

Copie d'écran du site Projetice.fr

Créer un site avec Word ! C’est le parent d’élèves Tristan Nitot qui va être content ! Quant à Dreamweaver, il fait écho au tutoriel sur Flash MX. Ajoutez-y tous les logiciels cités plus haut et ça commence sérieusement à plomber le budget TICE d’un établissement scolaire (de quelles poches provient-il déjà ce budget ?). Parce que, petit rappel, dans un établissement scolaire il faut payer autant de licences de logiciels propriétaires qu’il y a de postes (assorti d’une interdiction faite à l’élève d’installer ces logiciels chez lui). Il en va tout autrement avec les logiciels libres.

Dans la catégorie Téléchargement, cinq logiciels propriétaires (dont deux sharewares et deux Microsoft) et, vous en doutiez ?, aucun logiciel libre. On y trouve ainsi l’anglophone Fun With Construction permettant de faire de la géométrie dynamique. Mais, feignons l’indignation, pourquoi diable ne pas citer Geogebra, Geonext ou, encore un projet Sésamath, Tracepoche ?

Regardons désormais un peu la rubrique Formation et commençons par la rubrique Se former. Je passe outre les formats de fichiers, nous ne sommes plus à ça près. Par contre je ne risque pas de passer outre la ressource suivante : « Aspects juridiques : droit et éducation – La lutte contre la copie illégale de logiciels ». Allez-y, cliquez dessus, C’est du format .ppt (Powerpoint) mais nous on a la suite bureautique libre OpenOffice.org pour l’ouvrir et la lire correctement, suite bureautique libre dont la renommée et la pertinence scolaire doivent être confidentielles puisque jamais citée par Projetice.

Je vous laisse un petit temps pour lire le document (et éventuellement pour encaisser le coup) en exposant ci-dessous trois copies d’écran du diaporama.

Diapo n°18

Projetice - Logiciels - Extrait

Diapo n°13

Projetice - Logiciels - Extrait

Diapo n°23

Projetice - Logiciels - Extrait

« Comment lutter contre ce problème ? En établissant une stratégie d’acquisition de logiciels afin de fournir les outils nécessaires aux besoins fonctionnels des utilisateurs, notamment ceux qui utilisent des postes fixes… » Mais d’où sort-il ce document ? Du sein de Projetice, de Microsoft, de la BSA ou des trois réunis ? Oh bien sûr, on y trouve aucune contre-vérité. Ils ont leurs experts. Tout est certainement juridiquement sans faille. Exemple (diapo n°10) : « Les logiciels sont ainsi considérés comme des œuvres de l’esprit : ils sont protégés par les droits d’auteur, ce qui indique clairement qu’ils ne peuvent être ni copiés, ni utilisés en dehors des conditions autorisées par leur auteur. Par conséquent, un logiciel sans licence d’utilisation est une contrefaçon. » Irréfutable en effet si l’on est en dehors des conditions autorisées et/ou sans licence. Le problème c’est qu’il donne la très désagréable impression que n’existent que les logiciels propriétaires (et leur réthorique de contrôle/coercition) dans le monde pourtant pluriel des logiciels.

Ce n’est pourtant pas compliqué de lutter contre ce problème sans la moindre stratégie d’acquisition parce que sans acquisition tout court (ce qui n’empêche pas le don et la facturation de services) en faisant fi de cette sombre histoire de postes fixes. Ce n’est d’ailleurs pas un problème mais c’est une solution. Et, désolé d’être un peu emphatique, cette solution porte un nom : le logiciel libre.

Nous pouvons en témoigner, le logiciel libre recouvre aujourd’hui tout le spectre des besoins applicatifs d’une école, d’un collège ou d’un lycée (si vous n’en avez jamais entendu parler, vous pouvez sous Windows tester les plus populaires d’entre eux en les installant sans risques sur votre clé USB). Et ce spectre va jusqu’au système d’exploitation lui-même. GNU/Linux (pour exemple la distribution Ubuntu) ou Windows Vista ? Telle est désormais la question et elle mérite sérieuse évaluation.

Je reconnais cependant que si vous envisagez de n’utiliser que des Tablet PC, Tableaux Numériques Interactifs et autres PDA, alors le logiciel libre et GNU/Linux ont un temps de retard (ce n’est d’ailleurs pas tant leur faute que celle des constructeurs). Mais, franchement, est-ce la priorité numérique de l’école que d’utiliser de tels outils aussi puissants soient-ils ?

Bon. Sachant cela, voici ce que pourrait donner la diapo n°13 dans un autre monde possible des logiciels. Quelques pratiques courantes dans les établissements scolaires utilisant des logiciels libres. Le logiciel libre se télécharge tout ce qu’il y a de plus légalement sur internet. On peut l’installer partout (sur les postes de l’école, sur les ordinateurs personnels des enseignants, des élèves…). Il peut-être copié autant de fois qu’on le souhaite. La diffusion d’un logiciel libre est non seulement autorisé mais même encouragé. Et on peut même le modifier pour l’adapter à ses besoins.

C’est tentant non ? Tellement tentant que j’ai envie d’adhérer de ce pas à l’APRIL pour soutenir le mouvement dans son ensemble et le suivre au quotidien sur LinuxFr.org !

Au lieu de cela Projetice nous propose d’aplomb ce document. Imaginez une seconde l’effet qu’il peut produire sur un enfant dans l’hypothèse où un professeur zélé membre de l’association aura eu la bonne idée de le projeter en classe !

Ce qu’un costard-cravate de Microsoft ne peut pas faire justement, vous me suivez ?

J’encours peut-être un risque à écrire ce qui va suivre mais tant pis. Dans un contexte éducatif proposer ce document en réussissant l’exploit de ne pas évoquer ne serait-ce qu’une seule fois les logiciels libres ce n’est plus une omission c’est de la propagande !

Mais calmons-nous et finissons tant bien que mal la visite. Dans la catégorie Vidéos Projets, un document a également retenu mon attention.

Copie d'écran du site Projetice.fr

Il a fallu que je retourne sous Windows (XP) pour lire la vidéo parce que mon GNU/Linux Ubuntu apprécie peu le format multimédia non libre de Microsoft, le format .wmv. Je vous invite à la regarder à votre tour parce que c’est très intéressant. Publicité Microsoft ou documentaire de pratiques pédagogiques ? À vous de juger. En tout cas tous les logiciels de la suite bureautique propriétaire MS Office de Microsoft sont bien cités. Je ne nie pas le fait que par rapport au référentiel du BTS en question cette suite soit peut-être le meilleur choix mais je me demande tout de même pourquoi le CRDP Orléans-Tours a éprouvé le besoin d’apposer le sceau de l’Institution à ce publi-reportage.

Dans la catégorie Tutoriels vidéos 26 ressources au format .wmv (à ce propos jetez un coup d’oeil à l’URL de la page avec ses "training et ses "webcasts", tout le reste du site est à l’avenant). 15 ressources concernent Excel et 5 Word. Et par n’importe quelle version de ces deux logiciels, la toute dernière, la 2007. N’oubliez pas de vous mettre à jour et donc de repasser à la caisse !

Copie d'écran du site Projetice.fr

Sinon il y a également une page Questions fréquentes : Comment devenir membre de Projetice ? Pourquoi devenir membre de Projetice ? etc. Et puis plus bas… cette question : « Mon ordinateur est un peu ancien et je ne dispose pas des dernières versions des logiciels que j’utilise. Cela pose-t-il problème pour tirer profit du site Projetice ? »

Réponse Projetice : « Le site Projetice ne nécessite pas de disposer des configurations et logiciels les plus récents. Le programme est compatible avec Microsoft Windows® 98, Windows Millennium ou Windows XP, et avec Microsoft Office 97 ou version ultérieure. Une connexion Internet haut débit facilite le téléchargement des ressources. »

Copie d'écran du site Projetice.fr

Je reconnais avoir été d’emblée un peu choqué par la réponse fournie. Mais à la réflexion, c’est du bon sens. Mieux vaut en effet posséder Windows XXX et MS Office pour tirer pleinement parti des ressources du site !

Mise à jour du 16 février : Projetice a depuis ainsi modifié sa réponse : « Le site Projetice ne nécessite pas de disposer des configurations et logiciels les plus récents. Une connexion Internet haut débit facilite le téléchargement des ressources. » Plus aucune mention de Microsoft et de son système d’exploitation Windows.

Pour comparer : La page Questions fréquentes photographiée par Internet Archive le 29 décembre 2006.

Toujours est-il que je la trouve un peu légère cette Foire Aux Questions. On pourrait y ajouter d’autres questions. Non pas : Faut-il être un partisan de l’informatique propriétaire en général et de Microsoft en particulier pour adhérer à l’association ? Ce ne serait pas sérieux. Mais par exemple : Mon établissement scolaire envisage de renouveler une partie de son parc informatique. Il hésite à passer à Windows Vista qui serait dit-on très gourmand en ressources et nécessiterait par conséquent l’achat d’un matériel fort coûteux. Qu’en pensez-vous ? Ou encore, corollaire de la question précédente : J’ai entendu parler de nouveaux ordinateurs nomades vraiment pas chers qui reposent sur GNU/Linux et des logiciels libres comme l’Eee PC ou l’ OLPC. Me conseillez-vous de les acheter pour mon école ?

Mais j’ai gardé le meilleur, si j’ose dire, pour la fin : le pied de page du site.

Dans l’onglet La presse en parle des articles du Dauphiné Libéré, de La Provence et même du Monde de l’Éducation. Ils pourront désormais y ajouter le Framablog.

Et puis arrivent les deux pages Confidentialité et Conditions. Vous savez, les trucs qu’on ne lit jamais (sauf peut-être justement ceux qui sont familiarisés avec le logiciel libre sachant qu’un tel logiciel n’existe que parce qu’une licence libre l’accompagne).

Mise à jour du 16 février : Deux ans que le site existe. Deux ans que ces Confidentialité et Conditions étaient en ligne. Et il aura fallu qu’un simple internaute ait la curiosité de voir un peu dans le détail de quoi il en retourne pour qu’elles disparaissent illico. Le lien Confidentialités pointe désormais sur un très court message : « Le site public de Projetice ne contient aucune donnée à caractère personnel. Le site privé est hébergé par Itop qui assure lui-même la confidentialité des données personnelles dans le cadre de son Environnement Numérique de Travail NetLycée sur lequel est hébergé le site www.projeticiens.org ». Quant au lien Conditions son contenu a disparu. Bien entendu je m’en réjouis. Mais je ne puis m’empêcher de penser à tous les professeurs qui dans l’intervalle ont adhéré à Projetice et placé des documents sur le site sans avoir lu les termes de ce contrat.

Pour comparer : Les pages Confidentialité et Conditions photographiées par Internet Archive le 29 décembre 2006.

Copie d'écran du site Projetice.fr

La page Confidentialité expose les conditions de collecte de vos données personnelles.

Extrait 1 : « Le Site peut également collecter des informations anonymes sur votre visite, dont le nom de votre fournisseur d’accès Internet et l’adresse IP utilisés pour accéder à Internet, la date et l’heure d’accès au site, les pages auxquelles vous accédez sur le Site et l’adresse Internet du site Web à partir duquel vous êtes arrivé sur notre site. Ces informations sont destinées à l’analyse des tendances et à l’administration et l’amélioration du Site. »

Soit.

Extrait 2 : « Les informations personnelles collectées sur le Site peuvent être stockées et utilisées aux États-Unis ou dans tout autre pays où Projetice, ses filiales, ses partenaires ou ses agents sont présents. En utilisant le Site, vous consentez à de tels transferts de vos informations personnelles en dehors de votre pays. Projetice respecte et se conforme au cadre du Safe Harbor comme mis en avant par le Département du Commerce des États-Unis en ce qui concerne la collecte, l’utilisation et la rétention de données en provenance de l’Union Européenne. »

Yes Sir, I Will ! (but what is a Projetice agent exactly ?)

Extrait 3 : « Projetice utilise parfois d’autres entreprises pour fournir certains services de sa part. Il peut s’agir par exemple de l’hébergement de sites Web, de l’empaquetage, de l’expédition et de la livraison de prix, de réponses à des questions posées par un client sur les produits et services. Nous ne transmettrons à ces entreprises que les informations personnelles nécessaires à leur service. En acceptant les conditions d’utilisation du site Projetice.fr et la présente déclaration de confidentialité vous consentez à ce que vos données fassent l’objet d’un tel transfert aux dites entreprises. Ces entreprises sont tenues de respecter la confidentialité de ces informations et ne peuvent en aucun cas les utiliser dans un autre but, notamment à des fins de prospection commerciale. »

Pourquoi donc me parler à moi, enseignant membre d’une association d’enseignants : d‘autres entreprises, de prix et de transfert de mes données à ces entreprises ?

Surtout que, extrait 4 : « Il arrive que cette déclaration de confidentialité soit mise à jour. Dans ce cas, nous corrigeons la date de « dernière mise à jour » en haut de la déclaration de confidentialité. En cas de modifications substantielles de cette déclaration, nous vous le signalerons en plaçant une notice visible sur la page d’accueil du site Web ou en vous envoyant directement une notification. Nous vous encourageons à consulter régulièrement cette déclaration de confidentialité afin de rester informé de comment nous vous aidons à protéger les informations personnelles que nous collectons. L’utilisation continue de ce service constitue votre accord quant à cette déclaration de confidentialité et à ses mises à jour. »

Elle est potentiellement bien volatile c’est déclaration de confidentialité !

Penchons-nous pour finir (en beauté) sur les Conditions d’utilisation du site.

Extrait 1 (dit Les Services) : « A travers son réseau Internet, Projetice vous fournit l’accès à une grande variété de ressources, y compris des outils de développement, des espaces de téléchargement, des forums de discussion et l’information sur les produits (appelés "Services "). Les Services, y compris toutes les mises à jour, les perfectionnements, les nouveaux dispositifs, et/ou l’ajout de n’importe quelles nouvelles propriétés, sont soumis aux conditions d’utilisation. (…) Sauf spécification contraire, les Services sont destinés à un usage personnel et non-commercial. Sont interdits : toute modification, création de travaux dérivés, utilisation sur un autre site, reproduction, publication, diffusion, commercialisation des informations, logiciels produits ou services obtenus sur ce site. »

Euh… Sommes-nous vraiment sur un site d’enseignants censé « s’appuyer sur la mutualisation des pratiques par les enseignants et des questions techniques et pédagogiques qu’elles soulèvent ». À moins que l’intégralité du site soit sous spécification contraire, j’y vois une certaine incohérence avec la dernière des Questions Fréquentes : Est-il possible de partager les ressources téléchargées sur le site Projetice avec d’autres collègues ? Réponse (sibylline) de Projetice : Vous pouvez profiter de toutes ces ressources de notre site avec vos collègues.

Mise à jour du 16 février : La réponse (sibylline) de Projetice a été modifiée depuis ainsi : « Les ressources proposées sur le site sont libres et disponibles sans aucune restriction. ». Toutes les restictions mentionnées plus haut se sont donc envolées ! Il n’est pas encore précisé sous quelle licence ces ressources sont libres. J’imagine que cela ne saurait tarder.

Extrait 2 (dit Les logiciels) : « Tout logiciel disponible pour téléchargement à partir de ce Site (le « Logiciel ») est protégé par les droits d’auteur de Projetice et/ou de ses fournisseurs. L’utilisation du Logiciel est régie par les termes du contrat de licence utilisateur final, s’il existe, qui est inclus dans le Logiciel ou qui l’accompagne (le « Contrat de licence »). L’utilisateur final doit accepter les termes du Contrat de licence pour pouvoir installer le Logiciel… »

STOOOP ! Pas la peine de poursuivre. Je vous livre le secret.

Vous prenez la page Mentions Légales du site de Microsoft et dans le corps du texte, à chaque fois que vous voyez le mot Microsoft vous le remplacez par Projetice. Simple non ?! Un trivial rechercher/remplacer ! (pour la confidentialité c’est moins grossier mais cela se passe sur cette page)

Du coup ça donne des petites choses assez cocasses :

Copie d'écran du site Projetice.fr

Et :

Copie d'écran du site Projetice.fr

« Le fabricant est Projetice Corporation, One Projetice Way, Redmond, WA 98052-6399. » Et voilà notre association d’enseignants français qui se transforme en un fabricant d’une corporation domiciliée à Redmond USA, c’est-à-dire exactement à la même adresse postale que Microsoft !!!

Il est grand temps de conclure je crois.

Une dernière chose.

Vous vous souvenez ? L’enseignant alléché par le prêt gratuit de somptueux matériels dernier cri. On ne lui demandait rien d’autre qu’une adhésion et des compte-rendus à intervalles réguliers. Bon ben nous y sommes avec le paragraphe Documents fournis à Projetice ou postés sur le Site.

Copie d'écran du site Projetice.fr

Extrait 3 (dit Mes documents) : « Projetice ne réclame pas la propriété des documents que vous lui fournissez (y compris les suggestions et commentaires), que vous envoyez, téléchargez ou enregistrez sur n’importe quel Service et services associés pour la visualisation par le grand public, ou par les membres de toute communauté privée ou publique. Cependant, en postant, en téléchargeant, en entrant, en fournissant ou en soumettant ("postant") votre contribution, vous accordez à Projetice, à ses sociétés apparentées et associées la permission d’employer votre contribution en liaison avec ses activités Internet (comprenant, sans limitation, tous les services de Projetice), y compris, sans limitation, les droits de : copier, distribuer, transmettre, montrer publiquement, exécuter publiquement, reproduire, éditer, traduire et restructurer votre contribution ; pour publier votre nom en liaison avec votre contribution ; et le droit de céder de tels droits à tout fournisseur des services et ce pour la durée de validité des droits d’auteur et pour le monde entier. Aucune compensation ne sera payée en ce qui concerne l’utilisation de votre contribution, de la manière prévue ci-dessus. Projetice n’a aucune obligation de poster ou d’employer n’importe quelle contribution que vous pouvez fournir et peut enlever n’importe quelle contribution à tout moment, à sa seule discrétion. »

Voici donc très exactement ce que Projetice peut faire avec votre compte-rendu ou tout autre document que vous aurez placé sur son site. Et elle peut en faire des choses ! Éditer, traduire et restructurer sans limitation votre contribution pour le monde entier, vous appelez cela comment vous ? Vous d’ailleurs qui n’êtes pas tout à fait à la même enseigne (rappel de l’extrait 1 ci-dessus) : Sauf spécification contraire, les Services sont destinés à un usage personnel et non-commercial. Sont interdits : toute modification, création de travaux dérivés, utilisation sur un autre site, reproduction, publication, diffusion, commercialisation des informations, logiciels produits ou services obtenus sur ce site. En plus il n’y a pas que Projetice qui peut faire des choses avec votre contribution, il y a toutes les sociétés apparentées et associées (et jamais nommées).

Admettons, ça n’est qu’un cas d’école, que Microsoft fasse partie de ces sociétés apparentées ou associées. Alors elle peut en toute légalité restructurer votre contribution (par exemple avec un joli et fort visible logo). Puis la présenter sous votre nom dans le monde entier pour montrer comment les enseignants français font tout plein de belles choses avec les TICE et… avec Microsoft ! Bien entendu rien ne dit qu’elle le fera. Et si tel était le cas il est fort possible que cela vous convienne. Il est fort possible que vous en soyez même flatté. Mais dans le cas contraire cette petite explicitation n’était peut-être pas inutile.

Toujours est-il que baignant dans la culture libre depuis des années, ce n’est pas le genre de contrat que je suis habitué à rencontrer. Jamais je n’aurais pu imaginer un site d’enseignants proposer de telles conditions aux collègues. Surtout, je me répète une dernière fois, quand on en appelle dans son livre blanc à la mise en commun et la mutualisation des ressources. À comparer avec les licences de documents les plus adaptées à l’école à l’heure actuelle, les licences Creative Commons.

Ouf ! Voilà. Fin de la visite. Désolé d’avoir été aussi long mais je dois dire qu’au cours de ma petite enquête j’ai été de découverte en découverte. La dernière étant l’étrange impression que personne ne semble voir là un problème ou tout du moins l’écrire publiquement. Sauf à penser que je suis le seul à y voir un problème…

Il n’en demeure pas moins que, comme cela a été dit en préambule, j’ai eu beau chercher, pas une mention du logiciel libre (ni a fortiori de GNU/Linux) sur le site. Un assourdissant silence mais un silence me semble-t-il compréhensible à la lumière de cet exposé.

Un exposé qui malgré tout ne doit pas nous exonérer de la question de l’espace libre (sic !) occupé actuellement par Projetice et affiliés (je pense en particulier aux interventions dans les classes qui répondent à un réel besoin et à une réelle demande). Un exposé non exempt de commentaires péremptoires et sarcastiques (à la limite de l’arrogance parfois) qui ne s’imposaient peut-être pas. Un exposé, j’en conviens fort bien, sélectif et orienté. Mais un exposé néanmoins factuel puisque je me suis borné aux informations que j’ai pu lire sur le web tout comme pourrait le faire n’importe quel internaute.

Un exposé enfin que j’ai souhaité, j’ose le mot, pédagogique et que j’ai tenté dans la mesure de mon possible de rendre accessible (d’où la présence de nombreux liens connexes). Car, pourquoi le nier, j’espère dépasser ici la sphère des initiés et toucher un maximum d’enseignants, parents d’élèves et plus généralement tous ceux qui se sentent concernés par les questions éducatives dans la société de l’information.

Ce ne sera pas facile parce nous ne disposons clairement pas des mêmes moyens (marketing, etc.) et des mêmes leviers (lobbying, etc.) que Projetice et son partenaire. Un partenaire dont je signale ou rappelle au passage qu’il est également engagé globalement depuis des années avec l’Éducation Nationale via des accords de coopération qui ne nous facilitent pas la tâche. Du coup je peux aussi objectivement mettre une croix sur l’espoir d’un quelconque relai institutionnel (et je ne vous parle même pas du Café Pédagogique dont ce billet signe certainement l’arrêt de mort des annonces du réseau Framasoft sur son site).

Je compte donc sur internet, c’est-à-dire sur vous si vous le jugez opportun, pour réussir malgré tout à diffuser le présent article et atteindre le plus large public possible. Un peu pour mettre en garde les collègues enseignants des choix implicites de l’association Projetice. Beaucoup pour évoquer une discrète mais habile stratégie d’entrisme de Microsoft à l’école française. Passionnément parce que je crois à l’alternative du logiciel libre non seulement pour l’école mais pour l’ensemble de la société.

Running with the seagulls - Eschipul - CC BySa

PS : Il va sans dire que les colonnes de ce blog sont ouvertes à un droit de réponse qu’il provienne de Projetice, de Microsoft France Éducation, des deux ensemble ou des deux réunis.

L’illustration finale est une photographie de Eschipul intitulée Running with the seagulls disponible sur le site Flickr.com sous licence Creative Commons By-Sa.