Souffrez-vous vous aussi du syndrome Bayrou ?

Faites ce que je dis ou faites ce que je fais ?

Y aurait-il un embarras, un décalage, un paradoxe, que dis-je un paradoxe une schizophrénie, entre un discours favorable aux logiciels libres et ce qui se trouve effectivement réellement dans nos ordinateurs ?

Sommes-nous nombreux à vanter les mérites du logiciel libre sans mettre nos (belles) théories en pratique ?
Sommes-nous nombreux à faire l’éloge des alternatives libres telles qu’OpenOffice.org, the Gimp ou carrément Linux tout en continuant à utiliser au quotidien Word et Photoshop sous Windows ?

Illustration.

Monsieur Bayrou, assis tranquillement derrière son ordinateur, répond aux questions d’un (cyber)journaliste sur la loi DADVSI[1]. Il nous affirme alors (et une fois de plus, mais je ne me lasse pas de l’entendre) tout le bien qu’il pense des logiciels libres. Son discours est rôdé, c’est une homme politique, candidat à la présidentielle de surcroit. Mais tout d’un coup, le journaliste, malicieux et faussement naïf, trouve une petite faille…

Le journaliste : Je ne fais pas le tour de l’écran pour vérifier que c’est bien des logiciels libres ? Pour vérifier qu’il y a bien une cohérence entre votre discours et vos actes…

François Bayrou : Y’aura, y’aura… Pour l’instant je fais comme tout le monde. Je suis à Microsoft, je suis à Word…

Le journaliste : Donc on est sur une revue d’intention plus que sur une réalité aujourd’hui de…

François Bayrou : Non, non. Ce que vous dites n’est pas sérieux. Et il faut apprendre à être sérieux (je vous dis ça gentiment). C’est pas parce que j’utilise des logiciels que tout le monde utilise parce que je n’ai pas eu le temps de me familiariser avec des logiciels libres (j’ai les bouquins là je peux vous montrer) que pour autant je ne perçois pas les enjeux qui sont derrière tout ça.

Fin de l’épisode et Monsieur Bayrou de conclure son propos, au demeurant fort intéressant, sur la loi DADVSI.

—> La vidéo au format webm

Oui… mais non !

Oui Monsieur Bayrou. Vous semblez effectivement percevoir les enjeux qui sont derrière tout ça et nous aimerions que la classe politique dans son ensemble s’interroge et se positionne plus souvent sur le sujet.

Mais non Monsieur Bayrou, la question de joindre les actes à la parole lorsque le logiciel libre est évoqué est on ne peut plus sérieuse. Vous manquez de temps (et la présence de livres n’y changera rien). Mais surtout vous nous dites, et ça fait mal, que vous faites comme tout le monde en utilisant les logiciels que tout le monde utilise (comprendre donc des logiciels propriétaires).

Comment voulez-vous donc alors que la donne s’en trouve modifiée ? Ne voyez-vous pas que ce que vous balayez d’un revers de la main en critiquant l’attitude du journaliste sont justement les principaux freins au développement du logiciel libre ?

Un effort salutaire et exemplaire

Aujourd’hui le logiciel libre est dans l’air du temps. Il va devenir très vite, hélas, politiquement correct. Mais défendre la planète est aussi politiquement correct. Est-ce pour cela qu’elle s’en trouve en meilleure santé ? Non, parce que les belles théories ne sont globalement pas mises en pratique. Il en va bien etendu de notre propre responsabilité mais il en va aussi de la responsabilité de ceux qui nous dirigent dont nous attendons actes concrets et valeur d’exemple.

Tentez de vous dégager un peu de disponibilité Monsieur Bayrou et osez véritablement le logiciel libre. Au delà de vos livres, vous rencontrerez alors toute une communauté prête à vous aider. Et si votre emploi du temps est vraiment serré, ce que je conçois fort bien, vous pouvez y aller en douceur et par étapes en commençant par exemple par substituer votre Word (et vos .doc) tout en restant sous Windows. Non seulement vos argument en la matière y seront plus convaincants mais vous encouragerez du même coup ceux qui ne bougent pas (et qui s’en excusent exactement comme vous) à en faire de même…

Notes

[1] Ce très court extrait est issu du projet web original PoliTIC’Show : celui d’interviewer longuement et méthodiquement tous les présidentiables (à ce propos la lecture par le journaliste de la biographie de Monsieur Le Pen prise sur Wikipédia devant l’intéressé lui-même est assez caustique).




Est-ce que YouTube nous entube ?

Blip.tv screenshot

Quand YouTube pose problème

Tout le monde parle de YouTube en ce moment.

D’abord pour évoquer le très spectaculaire rachat de la société par Google (ce qui semble d’ailleurs beaucoup amuser leurs fondateurs mais pour 1.600.000.000 dollars on les comprend !). Ensuite pour s’interroger sur les droits des vidéos mises en ligne.

Ainsi tout récemment YouTube a été contraint d’effacer pas moins de trente mille vidéos d’extraits télés et clips musicaux sous la pression d’une société de gestion des droits d’auteurs japonais. Google va bien être obligé de faire le ménage et/ou s’entendre avec les majors et les broadcasts parce qu’effectivement c’est un joyeux bordel.

C’est un joyeux bordel mais, comme le souligne Larry Lessig sur son blog, c’est surtout un faux service web 2.0. Pourquoi ? Principalement à cause d’une question de licences et d’une question de formats (ce qui nous ramène à la problématique des logiciels libres).

La question des licences

Absolument rien n’a été mis en place sur YouTube pour prendre connaissance de la licence d’une vidéo. Il est ainsi impossible pour l’utilisateur de savoir ce qu’il peut faire ou ne pas faire avec une vidéo présente sur le site. Difficile de ne pas penser que YouTube n’y avait pas pensé !

Parce qu’imaginez que vous demandiez à l’internaute qui importe une vidéo sur YouTube de spécifier la licence de la vidéo alors on peut émettre l’hypothèse que cela n’aurait pas permis au site d’héberger autant d’extraits cinématographiques et télévisuels (dont les clips musicaux) de manière totalement illégale.

Toujours est-il qu’en l’absence explicite de licence les vidéos se retrouvent en fait toutes par défaut avec du "copyright classique" et donc vous ne pouvez strictement rien en faire a priori. Et là où le bât blesse c’est que cette forte restriction n’est pas écrite noir sur blanc sur le site (qui en effet va lire l’indigeste Terms of Use qui ressemble fort à une licence EULA de logiciel propriétaire !)

La question des formats, du téléchargement et du partage

Pour le format et le partage ce n’est guère mieux. En fait YouTube ne vous propose rien sauf l’unique possibilité de mettre en ligne sur votre propre site non pas les vidéos mais un lecteur qui joue les vidéos directement depuis le site YouTube.

Ce lecteur est en Flash et donc le format de la vidéo également. Loin de moi l’idée de faire le procès du format propriétaire Flash sur un blog qui en use voire en abuse allégrement. Mais ce qui est fâcheux c’est que c’est le seul format proposé. Impossible de télécharger le format source et d’ailleurs impossible de télécharger tout court sur YouTube (sauf à utiliser des moyens détournés comme ici mais alors vous ne récupérez que le format Flash).

Autrement dit vous ne pouvez que voir et voir uniquement comme YouTube l’a décidé.

Blip.tv un exemple d’alternative

Regardons maintenant un site de vidéos partagés comme Blip.tv.

On retrouve les grands classiques : catégories, tags, commentaires sous les vidéos… Mais par contre chaque vidéo se voit affubler d’une licence délibérément choisie par celui qui importe la vidéo.

Blip.tv license 1

Et puis si l’auteur n’a rien spécifié, la vidéo possède alors explicitement la licence No license (All rights reserved). C’est tout de même plus transparent pour ne pas dire plus "réglo".

Blip.tv license 2

Du coup, exactement comme sur Flickr et contrairement à YouTube, on peut effectuer une recherche à partir du champ des licences. Sur la copie d’écran ci-dessous, j’ai demandé les vidéos en français, au format MPEG et sous n’importe laquelle des licences Creative Commons (mais on peut affiner en demandant uniquement l’autorisation de modification et/ou d’utilisation commerciale).

Blip.tv search

Quant aux formats, bien entendu il y a le format Flash mais on retrouve également le format source et d’autres formats que l’on peut télécharger directement d’un simple Right-click and Save.

Blip.tv download

Un exemple pour finir

Voici une vidéo "chients et chat" prise sur Blip.tv qui vaut ce qu’elle vaut (allez, j’avoue, j’ai trouvé ça drôle surtout vue du côté subjectif du chat spectateur).

Ce qu’il y a donc d’intéressant c’est la mention explicite de la licence Creative Commons BY-NC-SA qui l’accompagne. Ainsi je sais qu’avec cette vidéo je peux la télécharger (facile à faire avec Blip.tv et ici au format .wmv ou .flv), la distribuer et la modifier pourve que je respecte les termes de la licence (paternité, pas d’utilisation commerciale, partage des conditions initiales à l’identique).

Nous ne sommes plus du tout dans le même modèle (ou écosystème) que YouTube. Ici la Free Culture peut véritablement s’épanouir et ce n’est pas rien.

Bon, je résume. Dans le monde de la vidéo on line il y en a qui sont assurément plus libres que d’autres. Et dès demain je ferme mon compte YouTube pour en ouvrir un chez Blip.tv 😉




Du marketing et de la vente liée

Dis papa, pourquoi il ne se diffuse pas plus rapidement le logiciel libre ?
Euh… tu m’en poses de ces questions toi, tu ne vois pas que je suis occupé ! Va écouter Frédéric Couchet sur le Framablog et on en reparle d’accord ?!
Pfff… d’accord.

Cette vidéo est un extrait du Temps du Libre n°1 réalisé par Lionel Allorge.
Elle est sous licence Verbatim, elle peut-être reproduite par n’importe quel moyen que ce soit, pourvu qu’aucune modification ne soit effectuée et que cette notice soit préservée.
Frédérice Couchet est Délégué Général de l’APRIL, Association pour la Promotion et la Recherche en Informatique Libre.




VLVC : Faire de la vidéo-conférence avec VLC

VLVC Logo

Doit-on encore vous présenter l’un des logiciels phares du monde du libre, le lecteur multimédia VLC (VideoLAN Client) ?

Je signale cependant deux petites choses.
Le site a fait peau neuve suite à un concours de design (je me demande si je ne vais pas essayer la même chose pour le blog) et c’est vrai que c’est bien plus zoli qu’avant.
Il existe dans notre Tribune Libre un document universitaire fort intéressant qui prend appui sur VLC pour étudier comment que ça fonctionne de l’intérieur un logicie libre Monographie d’un logiciel libre : VideoLAN.

Par contre vous n’étiez peut-être pas au courant, car c’est tout frais, du projet VLVC (Video Lan VideoConference) dont l’objectif est d’incorporer une solution de vidéo conférence au sein de l’application VideoLan Client.

VLVC Screenshot

VLVC supportera trois types différents de vidéoconférence, permettant ainsi de couvrir une grande partie des différentes utilisations possible de ce service.

Il sera ainsi possible d’utiliser la vidéoconférence en mode une personne parle, et les autres écoutent. Il y aura donc un administrateur qui lancera la vidéoconférence, et qui sera le seul à avoir la possibilité de parler. Les autres personnes se connectant pourront alors voir et entendre ce qu’il dit, sans avoir la possibilité d’interragir.

Un mode de vidéoconférence avec prise de la parole sera également mis en place. Ainsi, la personne lançant la vidéoconférence deviendra l’administrateur de cette conference, et aura alors la possibilité de décider qui peut parler. Les utilisateurs auront eux la possibilité, via l’interface, de demander à avoir la parole, et l’administrateur choisira alors de les laisser parler ou non.

Enfin, VLVC pourra etre utilisé en mode vidéoconférence où chacun sera libre de parler au moment ou il le désire. Cependant, cela fera comme dans une véritable conversation à plusieurs, et si tout le monde parle en meme temps, la conversation deviendra rapidement incompréhensible.

Je n’ai pas testé mais cela semble prometteur avec une version 0.4 déjà opérationnelle, un petit site et une petite doc dédiés, et tout, et tout.

Affaire à suivre assurément…

PS : On écrit "vidéo-conférence", "vidéo conférence" ou "vidéoconférence" ?




De R. Stallman (GNU) et de L. Torvalds (Linux)

Dis papa, doit-on dire Linux ou GNU/Linux ?
Euh… tu m’en poses de ces questions toi, tu ne vois pas que je suis occupé ! Va écouter Frédéric Couchet sur le Framablog et on en reparle d’accord ?!
Pfff… d’accord.

Cette vidéo est un extrait du Temps du Libre n°1 réalisé par Lionel Allorge.
Elle est sous licence Verbatim, elle peut-être reproduite par n’importe quel moyen que ce soit, pourvu qu’aucune modification ne soit effectuée et que cette notice soit préservée.
Frédérice Couchet est Délégué Général de l’APRIL, Association pour la Promotion et la Recherche en Informatique Libre.




J’entends le loup, le renard et la belette…

IceWeasel logo 1 draft

Je n’ai pas grand chose à dire. C’est juste que ça m’amusait de faire un tel titre.

Bon, y’a quand même un rapport. C’est que Debian a son "GNU Firefox" pour les prochaines versions de ses distributions Linux. Il s’appelle IceWeasel, qu’on peut traduire approximativement par "la belette givrée" (Ice pour Fire et Weasel pour Fox, you see what I mean ?) avec pour logo actuel rien d’officiel mais quelques propositions (voir illustrations ci-dessus et ci-dessous).

Je vous renvois sur ce billet pour de plus amples explications auquel j’ajoute trois nouveaux liens anglophones :

Qui a tort et qui a raison ? J’en sais trop rien, ça m’échappe un peu pour tout vous avouer. D’un côté Debian l’icône (pour ne pas dire le myhte) des distributions Linux. De l’autre Mozilla, peut-être le meilleur vecteur actuel de démocratisation du logicie libre.

Moi ce que je vois surtout c’est que ça ne va pas faciliter les choses pour, par exemple, les migrations Windows/Ubuntu (si Ubuntu adopte la belette, ce qui est assez probable).

Dialogue avec ma belle mère, fraîchement débarquée dans le monde Linux, et qui venait à peine de comprendre enfin ce qu’était un logiciel libre (merci Couchet) :

Mais il est où mon Firefox ?
Ben il est là mais il s’appelle IceWeasel !
Ah… Et pourquoi c’est pareil mais il s’appelle pas pareil ?
Euh…

IceWeasel logo 2 draft

< edit du 13 octobre >

3 nouveaux liens :




Laissez les recettes de cuisine tranquille !

Pasta multietnica - oloap20032002 - CC-BY

Je ne sais pas si Framasoft est "politique" mais ce qui est sûr c’est qu’on se retrouve de plus en plus souvent sur la défensive face à ceux qui tentent de proposer toujours plus de contrôle et de protection à des fins avant tout mercantiles.

Dans la vision des deux mondes d’un Philippe Aigrain, d’un Christian Paul ou d’un François Bayrou, il n’est pas très difficile de nous situer 😉

Dernière tentative d’infiltration de Captain Copyright : les recettes de cuisine. Cet article au titre évocateur Keep recipes free suggère en effet que certains chefs seraient prêts à envisager de recourir aux brevets.

C’est contrariant tout ça. D’autant que les recettes de cuisine c’est justement la métaphore préférée de ceux qui tentent d’expliquer le logiciel libre aux non initiés.

Illustration : Pasta multietnica par oloap20032002 sous licence Creative Commons BY (Flickr).




De la politique et du logiciel libre

Dis papa, est-ce que le logiciel libre c’est politique ?
Euh… tu m’en poses de ces questions toi, tu ne vois pas que je suis occupé ! Va écouter Frédéric Couchet sur le Framablog et on en reparle d’accord ?!
Pfff… d’accord.

Cette vidéo est un extrait du Temps du Libre n°1 réalisé par Lionel Allorge.
Elle est sous licence Verbatim, elle peut-être reproduite par n’importe quel moyen que ce soit, pourvu qu’aucune modification ne soit effectuée et que cette notice soit préservée.
Frédérice Couchet est Délégué Général de l’APRIL, Association pour la Promotion et la Recherche en Informatique Libre.