#FixCopyright : de bonnes raisons de soutenir le rapport REDA.

Nous entamons ici une série d’articles autour du rapport REDA, une initiative visant à dépoussiérer et harmoniser les lois du droit d’auteur/copyright sur le territoire européen. Il s’agit d’un sujet important et d’une opportunité unique de trouver un compromis qui pourrait favoriser les auteurs, les échanges culturels sur les Internets sans écorcher l’industrie de production et diffusion culturelle.

L’idée de cette série d’articles est de donner la parole à des créateurs de contenus, au nom desquels sociétés de gestion collective de droits et industriels de la culture voudraient lancer une « guerre au partage ».

Ce premier article est signé Greg, dont le blog l’Antre du Greg est à suivre avec attention. Greg est un auteur aux créations Libres. Il a su résumer les points fondamentaux et les enjeux de cette proposition législative qui pourrait (en douceur et avec des compromis) changer la donne dans la relation auteur-audience, d’internaute à internaute.

Le contenu qui suit est donc CC-BY-SA Greg, et a été originellement publié sur l’Antre du Greg.

Pourquoi je soutiens le rapport REDA (et pourquoi vous aussi, vous devriez)

meet the new authors
CC-BY-SA le parti pirate Thèque (source : flickr)

En ce moment, au parlement européen, on prépare la réforme du droit d’auteurs, initiée par le rapport Reda (du nom de la députée Julia Reda, non pour Réforme Européenne pour le Droit d’Auteur (ne riez pas, on m’a pourtant fait cette remarque)). Ce rapport, quoiqu’en disent les grands acteurs de l’industrie culturelle, donne plus de droits aux créateurs, se basant sur les nouvelles technologies, mais aussi aux internautes. Je vous invite à lire une explication du rapport de Julia, si vous ne le connaissez pas, et si vous voulez le texte en détail, c’est par ici. Je voulais vous partager mon ressenti sur les débats qui ont lieu en ce moment, mais aussi vous expliquer pourquoi, selon moi, il est important de le soutenir. La liste n’est cependant pas exhaustive, sinon, je pense que mon plaidoyer atteindrait la taille d’un mini-livre. Voici donc déjà des points essentiels, mais n’hésitez pas à approfondir le sujet.

Les créateurs sont hors-la-loi…

Les créateurs de vidéos, principalement sur Youtube, sont considérés à l’heure actuelle comme des hors-la-loi en Europe. En effet, il existe aux USA le principe du Fair Use qui permet de mettre un petit extrait d’une œuvre pour illustrer son propos. En Europe ce n’est pas le cas. Mettre un passage d’une chanson, une citation d’un film est une violation du copyright. Oui, votre youtuber préféré, qui a remixé une œuvre, a fait un mash-up, est un criminel aux yeux des ayants droit. Mais plutôt que de vous faire une longue diatribe contre l’état actuel de la législation, je vous invite à regarder cette petite vidéo, pleine de gens bien qui vous expliqueront tout ça bien mieux que moi.

 


Vidéo « Nos créations sont hors la loi » sur Youtube

 

…Mais l’internaute aussi.

La copie a toujours existé. Les moines copistes en sont la preuve. Nous avons tous, dans le passé, pris un peu de temps avec une photocopieuse. Nous avons enregistré des disques sur cassettes audio que nous repassions à nos copains. Pareil pour les films avec les cassettes vidéo. Jamais nous n’aurions pensé que nous serions considérés comme des criminels, que l’on passerait en jugement et que nous risquerions prison ou amende. C’est pourtant ce qui est en train de se passer : la criminalisation du partage. Si vous avez le malheur de mettre la moindre œuvre artistique sur un réseau de peer-to-peer vous êtes considéré comme le pire des criminels.  Le rapport REDA propose de renforcer les droits des utilisateurs, avec entre autre, la facilitation du prêt numérique pour les bibliothèques.

Ce n’est pas le piratage qui tue un artiste ou une œuvre, mais bien l’absence d’offre concrète et suffisante. On a souvent l’impression que les grandes maisons d’édition passent plus de temps à lutter contre le piratage qu’à créer une véritable offre : les titres numériques sont très peu nombreux par rapport à leur équivalent papier, et tout un temps, les livres numériques n’étaient que de vulgaires scans. Les grandes maisons d’éditions s’érigent en spécialistes du numérique sans même en connaître tous les tenants et aboutissants : rien que dernièrement, un auteur préconise l’abandon du format epub parce que c’est devenu le standard du piratage : c’est une aberration totale. Un fichier reste un fichier, si un format disparaît, un autre prendra rapidement sa place.

Pour clore ce paragraphe, je terminerai en soulignant une idée défendue aussi par Thierry Crouzet mais aussi Ploum, et beaucoup d’auteurs libres : publier c’est rendre public, mettre à la disposition de tout un chacun et  laisser son œuvre vivre sa vie, se propager. Beaucoup d’auteurs se plaignent que le piratage tue leurs œuvres. J’ai vu dernièrement un auteur se plaindre que son livre ne s’était vendu qu’à deux cents exemplaires mais qu’il avait été téléchargé plus de sept cents fois. Je ne comprends pas la plainte : s’il a été téléchargé, c’est que des personnes se sont intéressées à son travail et l’ont propagé. Elles ont aidé à la faire connaître. Je ne trouve pas plus gratifiant de recevoir de l’argent que d’être lu par un plus grand nombre, c’est même le contraire (même s’il est vrai que comme beaucoup d’auteurs, j’aimerais vivre de ma plume, je serai nettement plus honoré de voir mon œuvre se propager sur les sites internet, cela prouve que du monde s’intéresse à ce que je fais et veut le faire découvrir à d’autres). Et si vous ne voulez pas voir votre œuvre se propager sur internet, n’écrivez et ne publiez pas.

L’aberration des hyperliens

Un hyperlien est un lien que vous faites pour illustrer votre propos vers un autre article. C’est le fondement de l’internet, faire des liens vers d’autres ressources qui approfondissent le sujet. Sans ces derniers, le net serait nettement moins vivant. Vous ne copiez pas l’information, vous dirigez vos lecteurs vers l’information, vers « le propriétaire » de son contenu (je n’aime pas cette façon de voir les choses, une idée, pour moi, n’appartient à personne, mais j’y reviendrai dans un billet ultérieur). Vous ne violez donc pas le droit d’auteur de cette personne. Julia Reda demande donc que l’hyperlien ne soit pas soumis à des droits exclusifs. Petit exemple, qui pourrait se généraliser. J’écris un article sur un sujet X et pour montrer ce que j’explique, je fais un lien vers un site d’une société de l’audio-visuel belge. Je suis bien dans l’illégalité, si on regarde les conditions d’utilisation de ce site :

RTL

Je n’ai pourtant pas copié le contenu de l’article. Je n’ai fait qu’un simple lien. En réalité, cette société devrait être reconnaissante envers quelqu’un qui fait un lien vers elle. Elle gagne en visibilité, gagne des visiteurs qui sont intéressés par le sujet. Mais non. Selon eux, une telle pratique reste une violation du droit d’auteur.

« Vendre » de la culture, c’est comme vendre des poires

Dès la présentation du rapport, une levée de bouclier a eu lieu de la part d’eurodéputés. Le député le plus virulent, Jean-Marie Cavada, s’est farouchement opposé au rapport de Julia Reda. Neil Jomunsi, auteur et propriétaire de la maison d’édition Walrus, a voulu lui expliquer ce que le rapport apportait, et en quoi il est important pour les auteurs. Mais la réaction de Cavada fut totalement consternante : premièrement, on a clairement eu l’impression qu’il n’avait pas lu la moindre ligne de la lettre, répondant des phrases préformatées, comme si elle avait été dictée par des lobbyistes. Il souligne que des jeunes « Robin des bois des temps modernes » veulent abolir le copyright, alors que ce n’est pas du tout le cas : il s’agit d’un renforcement DES droits des auteurs et des utilisateurs. On remarque bien dans sa réponse que sa préoccupation n’est pas l’auteur mais bien l’industrie. Il en vient même à comparer un bien culturel à un produit que l’on vend sur les marchés. Même si un bien culturel nourrit l’esprit, je ne suis pas sûr que le comparer à une poire ou une carotte soit très gratifiant.

Vous n’êtes considéré comme auteur que si vous êtes publié par une grande maison

J’aime écrire. J’écris des petites histoires, que je mets ici, sur mon blog, ou sur d’autres réseaux. Je mets des mini-livres numériques à disposition de tout un chacun. Pour des tas de raisons, je n’ai pas cherché à prendre un éditeur. Pour un député européen, Monsieur Cavada (oui, toujours le même), je ne suis donc rien. Je n’ai droit à aucune considération. J’aimerais cependant paraphraser Arnaud Lavalade et Manuel Darcemont, les fondateurs de Scribay :

«Un auteur le devient dès la première ligne.

N’importe qui est auteur dès qu’il se met à écrire. Personne n’a le droit de dire qui est auteur et qui ne l’est pas. C’est l’acte de création qui détermine un auteur, pas sa validation par une quelconque autorité.»

Je constate ici un mépris de chaque internaute qui se lance dans une activité créative et fait partager son art. Mais on remarque une fois de plus la volonté de protéger une industrie qui a du mal à s’adapter aux évolutions technologiques plutôt que de protéger tout acte de création, sans laquelle cette industrie ne pourrait de toute façon pas survivre.

Ce que vous avez financé, ne vous appartient pas et vous pouvez vous asseoir dessus.

Il y a des tas de créations qui n’ont pu avoir lieu qu’avec l’aide de financement public. Prenons un petit exemple : les universités, dans le cadre de leurs travaux, reçoivent de l’argent public (donc oui, votre argent, puisque vous payez des impôts). Les résultats de ces travaux, les thèses, les découvertes, devraient donc être dans le domaine public, puisque tout un chacun les a financés. Mais non, ils restent la propriété de la personne ou l’institut. On pourrait même aller plus loin, mais ici c’est une interprétation purement personnelle, avec la presse. Elle est grandement financée par l’argent public, et elle s’écroulerait si elle ne recevait plus aucun subside. Là c’est même pire, vous devez payer une seconde fois pour accéder à l’information (en plus de donner du temps de cerveau disponible pour les nombreuses publicités qui inondent les pages ou sites internet).

Le lobbying porte ses fruits, dénaturant tout le rapport.

À peine publié, directement dénaturé. Des tas d’amendements furent directement modifiés par nombre de députés, vidant pratiquement tout le rapport de sa substance. Je vous les ai cités plus haut, les hyperliens, où les députés demandent de créer «un droit d’auteur » pour ces derniers. Alors que le rapport demande l’abandon des DRMs, des députés modifient le paragraphe pour les mettre en avant ; alors que le rapport demande une harmonisation des règles pour toute l’Union Européenne, facilitant donc la vie de tous les acteurs hors industrie, on le supprime. Dans le cas où le rapport est voté avec ces modifications, on obtiendrait le statu quo, voire pire plus de droits pour l’industrie et non pour les petits auteurs et les utilisateurs. Je vous invite à lire ce billet : Reda report: the 10 worst and the 5 best amendments (en anglais).

#CopyrightForFreedom, ou se battre pour l’industrie du livre et non l’auteur

Le lobbying de l’industrie continue de se mobiliser. Lors de la Foire du Livre de Paris, la Fédération des Éditeurs Européens lance la campagne « Copyright For Freedom », avec la création d’une pétition en ligne demandant justement de renforcer le copyright. Mais renforcer le droit d’auteur, le prolonger à 70 ans voire plus, n’est-ce pas à l’opposé de la liberté ? Dans le cas de cette prolongation du droit d’auteur et des droits voisins après la mort d’un auteur, ce n’est pas l’auteur qui est protégé, mais bien l’industrie. Oui, cette campagne ne sert qu’à protéger cette industrie. Je suis un auteur, et je le clame haut et fort : pas en mon nom. Et je vous le demande à tous, ne signez pas cette pétition.

Mais pour moi, le rapport aurait pu encore aller plus loin.

Je vais terminer par ce qui m’a le plus déçu dans le rapport Reda, bien que certaines nuances aient pu m’échapper. J’aurais aimé voir une reconnaissance et une harmonisation des systèmes de financement alternatifs tels que Flattr, Tipeee et autre. Rien que pour la Belgique (je pense que c’est pareil pour la France avec Flattr), il y a un flou juridique total à ce sujet, personne ne sait ce qu’il convient de faire pour travailler avec ce type de donation, si on doit les considérer comme des dons ou des revenus (et ce n’est pas faute de poser la question à droite et à gauche). Mais peut-être que cette question dépasse le cadre du rapport Reda.

Continuer à creuser…

Voici pour moi les points essentiels, ce que j’ai retenu sur ce rapport. Je vous invite cependant à prendre connaissance des avis d’autres créateurs. Ce lundi 20 avril s’est tenue la conférence Meet The New Authors, au parlement européen. Voici la vidéo des débats organisés par Julia Reda, vous aurez donc des avis différents, complémentaires aux miens, et des problèmes plus spécifiques aux autres secteurs de l’édition.


Merci de m’avoir lu. Bien sûr, ce texte est sous licence Creative Commons BY-SA. Partagez-le, modifiez-le. Propagez les informations. Pour que les auteurs, mais vous aussi, internautes, ayez plus de droits. Pour que nous ne soyons plus hors-la-loi.

Greg.




La Marmotte veut le chocolat, et l’argent du chocolat

Aryeom et Jehan se sont lancés dans un projet de film d’animation sous licence libre.
Pas un truc d’amateurs ! Tous deux munis d’un solide bagage (elle : dessinatrice et réalisatrice ; lui : acteur et développeur), ils veulent en mettre plein la vue et courir les festivals avec une belle œuvre.
Ils souhaitent aussi séduire assez de donateurs pour produire leur film en financement participatif.
Comme les premières images sont impressionnantes, nous avons voulu en savoir plus. C’est surtout Jehan qui parle parce qu’il est le plus bavard des deux, et puis Aryeom peine encore à parler français, alors nous l’avons interrogée en anglais.

 

Vous vous présentez sur le site du studio Girin, mais pouvez-vous nous parler de votre rencontre ?
Jehan, qu’est-ce qui t’a pris de traverser le monde à moto ?

Jehan : Je me suis cassé la clavicule dans une chute à moto. Pendant quelques mois, j’ai pris le métro matin et soir, dans la foule, les bruits et odeurs des transports en commun parisiens, tout ça pour se planter devant un bureau toute la journée. Cela m’a fait me demander « mais qu’est-ce que je fais là ? ». C’est là que j’ai décidé de partir. Quelques mois plus tard, je pose donc ma démission de mon boulot d’ingé, vends ma belle moto neuve et achète à la place une moto de 1991 (que j’utilise encore quotidiennement à ce jour !), rends mon appartement, me débarrasse de ce qui n’est pas utile et prends la route.

Je n’ai jamais eu de plan exact. En fait je ne savais pas pour sûr où j’allais ni par quel chemin avant d’y être. J’ai pris les visas au fur et à mesure. C’est aussi pour cela que je préfère parler de « vagabondage » plutôt que de « voyage ». Le premier terme a une connotation assez péjorative en français, mais je le trouve au contraire très sympathique et j’ai envie qu’il s’applique à moi, surtout après avoir lu Knulp de Hermann Hesse.

Au contraire « voyageur » a cette connotation méliorative. On va entendre des absurdités du genre « les voyageurs sont des gens ouverts », etc. Je peux vous dire que j’ai croisé des très grands voyageurs qui étaient de beaux salauds, tout comme j’ai connu des gens super sympas et ouverts qui n’avaient jamais quitté leur bled. En d’autres termes, ça n’a absolument rien à voir. On peut être un voyageur ouvert ou non, comme pour tout. Par contre le voyage, dans notre société, c’est beaucoup associé à du tourisme pur et dur où des gens vont aller une semaine dans un endroit, voir quelques lieux touristiques, faire quelques remarques bateau, puis revenir chez eux en étant persuadés d’avoir tout compris sur un pays et tous ses habitants. Bien que cette vision du voyage soit bien vue dans nos sociétés, je préfère me poser un peu en rupture avec cette façon d’aller sur les routes. Il n’est pas nécessaire de comprendre ou savoir quoi que ce soit quand on va quelque part ou quand on rencontre quelqu’un. On peut se contenter d’y être. Vouloir tout intellectualiser, c’est peut-être ça d’ailleurs le contraire de l’ouverture.

Je suis donc un vagabond, et je ne réfléchis pas ni ne sais d’où je viens, ni où je vais, tout comme Marmotte. 🙂

Après avoir traversé l’Asie centrale (à travers Kazakhstan, Russie, Mongolie…), je suis resté un an au Japon, puis suis allé en Corée.

C’est là que j’ai rencontré Aryeom.

Aryeom, why did you decide to come in France, while things seemed to work well for you in Asia? (Aryeom, pourquoi as-tu décidé de venir en France, alors que ça semblait marcher pour toi en Asie ?)

Aryeom : France is known as an art country. So I wanted to live in France someday, and the chance came earlier than I thought. Jehan has an association for libre art and suggested a residency artist program with his association. And the principles of the association are so nice for the world. I thought it was a very good chance for me. So I caught it.

(Le rayonnement de la France sur les arts est reconnu. Je m’étais dit que ce serait bien de venir vivre en France un de ces jours ; l’occasion s’est présentée plus tôt que prévu. Jehan fait partie d’une association d’art libre et il m’a proposé un programme d’artiste en résidence. Les principes de son association sont tellement sympathiques que j’ai pensé que sa proposition était une vraie chance pour moi, et j’ai accepté.)

Le personnage principal de votre film d’animation est une marmotte voyageuse, qui décide de partir découvrir le monde au lieu de roupiller devant son terrier. On a bien compris que c’était votre animal totem. Elle illustre votre façon de voir la vie ?

Jehan : Oui et non. Oui j’adore cet animal et c’est un peu mon totem, si on veut. Non je n’y ai pas mis tellement de réflexion (encore une fois !) ou de « théorie bullshit » sur la vie. Au final c’est surtout un animal que je trouve cool et marrant. Ça ne va pas chercher beaucoup plus loin. 🙂

J’ai toujours beaucoup aimé les marmottes et suis allé régulièrement dans les Alpes, donc j’en ai croisé pas mal. J’ai un jour acheté une peluche marmotte (lors d’un séjour au ski, si ma mémoire est bonne), et elle m’a tout bêtement suivi dans tous mes vagabondages depuis. Donc vous pouvez le voir, ça ne vole pas dans de grandes sphères philosophiques ou symboliques !

Je ne l’exhibe pas forcément beaucoup, donc les gens ne le savent pas forcément, mais si vous me rencontrez, il y a de grandes chances qu’elle épie depuis mon sac. 😉

C’était mon copilote, on lui a fait un petit casque en simili-cuir avant mon départ, et il avait sa place sur le guidon de la moto. Cette peluche a visité plusieurs dizaines de pays !

C’est donc l’idée de base du film : et si la marmotte décidait de partir en voyage seule ?

Vous voulez gérer tout le projet uniquement avec des logiciels libres. Ça ne rend pas les choses moins faciles ?

Jehan : Bien sûr. Il existe de très bons logiciels proprios et il n’y a pas eu ou très peu de projets sérieux qui ont utilisé des logiciels Libres. Donc tout ce qui existe pour l’animation n’est qu’à l’état de prototype en gros. Notre projet sera donc clairement un des pionniers.

Mais j’utilise essentiellement les systèmes GNU/Linux depuis une dizaine d’années au moins et avec Aryeom, on a pensé que c’était l’occasion de faire un film d’animation et de créer les logiciels adéquats (ou les sortir de l’état de prototype). Il faut un vrai projet pour rendre les logiciels fonctionnels. La théorie a toujours des limites qui se cognent à la réalité dans de vrais projets.

Je me considère comme un relativement capable développeur. Non pas un expert, mais par contre un touche-à-tout et surtout méticuleux (le mainteneur de GIMP me traite de « pedantic hacker » pour signifier qu’il me fait confiance pour trouver des bugs et problèmes que d’autres ne voient pas !). Donc je pense être capable d’améliorer les choses si on m’en donne les moyens. Sans compter que la base est déjà plutôt bonne. On ne part pas non plus de rien et l’état et la stabilité des logiciels Libres pour le dessin et partiellement l’animation sont très bons de nos jours, bien qu’il y ait encore pas mal de manques.

Aryeom, do you never dream to work with a good old Adobe suite? 🙂
Is it very much complicated to draw with free softwares? Or is it cool because you know a Gimp developer and you can ask directly to Jehan the fonctionnalities/features you want?

(Aryeom, tu ne rêves jamais de bosser avec une bonne vieille suite Adobe ? Est-ce que c’est beaucoup plus compliqué de dessiner avec des logiciels libres ? Ou alors c’est sympa parce que tu connais l’un des développeurs de Gimp et que tu peux demander à Jehan les options dont tu as envie ?)

The first year when I started to use GIMP, there were times I wanted to throw my tablet pen through the window. But now I got used to it.
This is just a different software and I just have had to learn the basics, as for any software.

There are still things I miss. In particular there are no programs which I can use like After effects. This is very tough for me.

And all software in Adobe suite are well connected. We don’t have this in Free Software. Working with GIMP and Blender can be a pain sometimes because of this. I hope that with more users, these connections will be implemented.

(La première année, quand j’ai commencé à travailler avec Gimp, j’ai eu des envies de balancer ma tablette graphique par la fenêtre. Mais maintenant je me suis habituée. C’est simplement un logiciel différent, il a fallu que j’apprenne les fondamentaux, comme avec n’importe quel logiciel, voilà tout.

Il me manque quand même encore des trucs. Particulièrement After Effects, qui n’a pas d’équivalent. Ça, c’est dur.

Et puis tous les logiciels de la suite Adobe sont bien liés entre eux. Nous n’avons pas ça dans le Libre. Du coup, travailler avec Gimp et Blender peut devenir compliqué. J’espère que ces liens seront mis en place quand nous serons plus nombreux à les utiliser.)

L’autre particularité du projet, c’est que vous ne voulez surtout pas faire du boulot d’amateur. Vous souhaitez un résultat de qualité professionnelle et que tout les artistes soient payés. Dans votre demande de contribution, vous dites « ce n’est pas un appel à venir bosser gratos » !
Vous pensez vraiment y arriver ?
Dans le circuit « traditionnel », c’est déjà compliqué de sortir des projets !

Jehan : Nous espérons en tous cas ! Il est vraiment important pour moi de ne pas rester dans l’amateurisme. Attention ce n’est pas parce que je considère l’amateurisme comme inférieur. Bien au contraire, j’en suis un fervent défenseur et il ne faudrait surtout pas déconsidérer le travail amateur. J’ai connu des amateurs qui pourraient aisément être pros et des pros qui font vraiment un boulot de merde. On voit cela pour tout métier.

Néanmoins pour ce projet en particulier, déjà je veux prouver qu’on peut faire un vrai boulot, pour l’image du Libre, mais aussi parce que ce projet nous tient à cœur.

Ce n’est pas non plus juste une « démo technique » comme on peut le voir par ailleurs dans d’autres projets du Libre portés par des gens intéressés seulement par le software. Non c’est un vrai projet de film aussi.

En outre on veut pouvoir y bosser à temps plein. Or pour faire cela, on doit pouvoir se payer, et si on se paye, c’est aussi normal de payer les autres (je ne trouverais pas sain de se payer tout en demandant à des volontaires de bosser gratos).

Quel est le secret de ce bel optimisme ? (How can you be so optimistic?)

Jehan : si vous êtes pessimiste, vous ne pouvez rien faire. Toute personne a tout intérêt à être optimiste en toute chose pour pouvoir « faire des choses ». C’est pour moi un principe de base.

À propos de la musique, j’ai lu que vous deviez refuser les propositions des membres de la SACEM, parce qu’ils ne sont plus libres de diffuser leurs œuvres comme ils le souhaitent. Ubuesque, non ?

Jehan : Oui. Les membres transfèrent la gestion de leurs droits d’auteur à la SACEM. En gros vous n’avez plus de « droit » sur vos droits, ce qui est plutôt ironique. Un adhérent SACEM ne peut plus négocier ou signer de contrat sur ses droits d’auteur, et n’a donc pas le droit de mettre ses œuvres sous une licence de son choix (sauf accord spécifique). De même qu’un adhérent n’a même pas le droit de déposer ses morceaux sur son site perso (ou aucun site de manière générale). À vrai dire, de nombreux membres SACEM sont en violation pure et simple de leur contrat en essayant de faire la pub pour leur morceau (en le faisant écouter, en le mettant sur leur site, etc.). Si même vous faites écouter vos propres morceaux à un public, vous devez payer (pour ensuite toucher théoriquement des droits sur l’écoute, sauf que comme la SACEM prend sa part au passage, il ne reste plus grand chose). Ubuesque, oui. Ridicule même.

Maintenant qu’on sait tout ça, comment est-ce qu’on peut vous aider ? Vous prenez tout le monde ? Moi, je recadre déjà mes photos de famille avec The Gimp. Encore un ou deux tutos à lire et je viens !

Jehan : Effectivement pour ce projet en particulier, la question peut se poser puisqu’on veut faire un film de qualité. De même que la Blender Foundation fait une sélection draconienne pour les participants à ses Open Movies. Ce serait pareil pour nous. Ensuite comme je disais, je n’aurais aucun blème à engager un amateur très qualifié (de même que je n’aurais aucun remord à refuser l’aide d’un professionnel au travail bâclé).

Par contre notre assoce en elle-même prévoit des ateliers pour expliquer les logiciels Libres créatifs à monsieur Tout-le-Monde (ou à des pros habitués à des logiciels propriétaires), et aider les gens à les utiliser. Par exemple à l’Ubuntu Party ainsi qu’aux RMLL, nous aurons (normalement) un atelier de ce genre pour fabriquer tous ensemble « l’album d’autocollants des libristes » dans un contexte « d’impression pro chez un imprimeur ». Tu as peut-être entendu parler de ce projet initié par LDN.  D’ailleurs si Framasoft a des autocollants, faut les envoyer ! Clairement vous devez faire partie de l’album. 🙂

La flatterie ne te mènera nulle part.

On s’est dit que c’était vraiment un projet sympa, car pas trop complexe (le « contenu » existe déjà, c’est globalement les autocollants existants des assoces françaises), qui permettrait d’expliquer les bases de la mise en page (pour impression physique, pas web), mais aussi des questions sur les couleurs (CMYK/RGB, que sont les profils de couleur ? Sur ce sujet, on aimerait un peu décortiquer le mythe du vrai d’ailleurs car on rencontre foultitude de « graphistes pros » qui n’y pigent rien et répètent les conneries qu’on se répète probablement de graphiste senior à graphiste junior parce qu’ils ne comprennent rien à la technologie sous-jacente).

On pense qu’on devrait pouvoir créer cet album entièrement collaborativement en plusieurs ateliers. Comprendre : nous on fera absolument que dalle !

On ne sera là que pour montrer aux gens comment faire, guider, et répondre aux questions ! Alors, dans un an peut-être, la communauté pourrait lancer une impression de son album créé intégralement collectivement. Moi je trouve ça cool.

Pour ce genre d’atelier, tu pourras venir avec ton background impressionnant de retouche de photos de famille ! Pour le film, c’est moins sûr. 😉

Bon, OK, c’est peut-être mieux si je donne un peu de sous. Où ça ?

ici : https://www.indiegogo.com/projects/zemarmot-libre-movie-made-with-free-software. Il y a une bande-annonce.

Et le film, on le verra quand ? Ça doit prendre du temps à fabriquer, non ? Vous allez donner des nouvelles tout au long de la production ? Montrer des petits morceaux ? Faudrait pas non plus nous gâcher le plaisir de la découverte…

On en saura plus à la fin du financement, notamment quelle sera la durée du film, et donc la durée de la production (ou tout simplement en fonction du support reçu : pourrons-nous faire le film ?). Si on arrive à bien le financer et qu’on peut en faire un projet à temps plein, alors ce serait idéal.

En tous les cas, oui on prévoit de donner des nouvelles régulières. On montrera des images, mais je ne pense pas que l’on montrerait trop de « morceaux » du film publiquement par contre, non parce qu’on veut cacher le film, mais simplement pour le côté « spoiler ». Si on a montré l’ensemble du film par petits morceaux décousus tout au long de la production, non seulement c’est moins impressionnant (car « non fini », donc ça peut avoir un aspect décevant), mais en plus à la fin les gens auront déjà presque tout vu par bouts incohérents et pourraient être déçus de ne pas voir de nouveauté dans le film final. Donc ça gâcherait le visionnage.

Je pense qu’une meilleure stratégie est de ne pas bloquer l’accès aux fichiers (quelqu’un de passionné pourrait alors accéder aux fichiers), sans pour autant gâcher le film final pour ceux qui préfèrent attendre le film fini.

En tous cas, oui une animation prend beaucoup de temps à fabriquer. C’est simple à calculer : 24 images par seconde, ça fait 1440 (24 * 60) images pour une minute de film ! Donc pour juste une seule minute, imaginez que vous devez faire 1440 dessins, les colorier… En plus les dessins doivent être précisément calculés pour obtenir une animation réaliste et/ou drôle/intéressante, ce qui demande aussi un travail et un savoir faire considérable. Bien sûr vous ne redessinez pas tout à chaque dessin (les arrière-plans par exemple peuvent être réutilisés tout au long d’un plan statique), de même que selon la qualité d’animation désirée, il est courant de descendre à 12 images par seconde.

Mais cela reste quand même un gros boulot, et surtout une organisation très importante (avec autant de dessins, ne pas être organisé peut marcher pour une courte animation, mais à partir de quelques minutes, ce n’est plus gérable).

D’ailleurs un aspect du projet est aussi de financer du développement. J’ai plusieurs projets liés à l’animation :

  • un logiciel de gestion de projet d’animation, ce qui inclut le storyboard, les feuilles d’exposition, etc.;
  • le plugin d’animation de GIMP pour en faire plus qu’un plugin de création de GIFs animés de chatons;
  • je prévois de travailler sur l’import des fichiers dans Blender (pour l’instant travailler avec des fichiers générés par GIMP, Krita ou MyPaint et les importer dans Blender n’est absolument pas adapté et vraiment laborieux).

L’un des gros avantages d’une suite comme Adobe n’est pas seulement des logiciels bons individuellement mais aussi leur intégration les uns avec les autres.

Oui, c’est ce que dit Aryeom aussi.

Il est ainsi extrêmement simple de travailler sur des images dans Photoshop, puis charger le fichier PSD (les « images » de Photoshop) dans After Effects, ce qui permet de travailler sur les calques comme des images séparées, puis modifier l’image dans Photoshop et voir les changements dans After Effects, puis travailler dans Première, etc. Tout est lié. On n’a pas ça dans le Libre et c’est quelque chose qu’on aimerait vraiment pouvoir apporter. C’est à peu près aussi important que la qualité des logiciels eux-mêmes : comment les divers logiciels peuvent communiquer efficacement?

En conclusion : oui, c’est un travail de longue haleine. Et on avisera sur la longueur du projet en fonction du financement.

Le grain de sel de Pouhiou : ce film, vous projetez de le sortir sous licence libre… Vous n’avez pas peur qu’on vous vole votre bébé 😛 ?
Plus sérieusement, la licence libre vous semble un pendant naturel au financement collaboratif ?

Oui cela me paraît naturel de rendre à la communauté ce qu’elle a financé. C’est l’inverse qui me paraît difficilement normal. Par exemple lorsqu’un musée public vous empêche de prendre des photos d’œuvres dans le domaine public depuis des centaines d’années, alors même que c’est vous qui payez entièrement ce musée par vos taxes et impôts ! Je sais que beaucoup de gens vont pourtant financer sans problème des œuvres propriétaires. Je n’ai rien à y redire, chacun est libre de dépenser son argent comme il le souhaite. Après tout si le fait que l’œuvre sorte est suffisant pour les financeurs, pourquoi pas. Mais dans mon petit cerveau idéaliste, je rêve de plus. Je rêve d’un marché de l’art sans frontière ni limites auto-imposées et totalement artificielles.

Si on regarde le problème sous un angle plus traditionnel, un investisseur qui met de l’argent dans un film ou une société espère faire fructifier son investissement. Mais dans notre cas, tout ce que nous y gagnons serait quelques t-shirts ou autres bagatelles ? Et si l’investissement des financeurs collaboratifs existait, sauf qu’au lieu d’une forme monétaire uniquement, il a aussi une forme culturelle, artistique et communautaire ? Au lieu de plus d’argent, nous rendons du partage de connaissance et le droit pour tous de voir, partager et faire ce qu’on veut de l’œuvre qu’on a contribué à faire exister !

C’est une œuvre de biens communs.

Quelqu’un veut utiliser notre œuvre ? Très bien !

Est-ce vraiment du « vol » (ou pour être plus précis en termes légaux, de la contrefaçon) si on a déjà été payé pour produire l’œuvre ? C’est aussi pourquoi plus haut, lorsque vous demandez pourquoi c’est important de payer les gens (nous même et autrui), c’est une autre bonne raison. Un vrai travail est produit, un travail compliqué, long (des mois et des mois à temps plein pour créer des dizaines de milliers d’images !). Donc c’est normal de le payer, et si possible pas au lance-pierre. Par contre après cela, les artistes peuvent passer à autre chose, quant à l’œuvre, elle peut continuer à vivre sa vie. Vous voulez la présenter dans un cinéma ? Génial ! Bien sûr si vous souhaitez rémunérer les artistes davantage avec un pourcentage des recettes, c’est très bien, et on acceptera avec joie (vous pourriez alors utiliser un « Creator endorsed » logo comme Nina Paley, par exemple.

Mais si vous ne souhaitez pas le faire, c’est acceptable. On aura déjà été payé après tout. Par contre dans ce cas, ce serait cool que le prix du ticket soit raisonnable (les tarifs de places de cinéma sont de plus en plus absurdes !), mais ça reste votre choix.

Revenant ainsi sur ma réponse plus haut, j’ajouterai donc que je pense qu’il est important de bien payer les gens pour un travail, surtout pour produire une œuvre qui vous plaît. Par contre, une fois l’œuvre sortie, elle pourrait appartenir au public, au monde même. C’est bien plus sain que le système actuel où les coûts sont bien plus mesquins, cachés, et en même temps plus imposants, tout en donnant l’impression d’être gratuits. Non les services web des grosses compagnies du web ne sont pas gratuits (vous le payez avec la pub que vous regardez, votre vie privée que vous échangez, la vie privée de vos proches que vous divulguez, même lorsqu’ils n’ont rien demandé…). Vous en savez quelque chose chez Framasoft (cf. votre projet Dégooglisons Internet) ! Ben pareil, vous payez sans arrêt les œuvres du divertissement de masse (redevance télé, taxes sur la copie privée sur chaque support de stockage…). Saviez-vous que les bars, cafés, restaurants et commerces qui passent de la musique payent des redevances à la SACEM, et la Spré ? Les frais sont versés par les commerçants mais bien entendu répercutés sur les tarifs des produits ou services vendus !

On paye tous constamment au nom de la sacro-sainte « copie privée » et du « droit d’auteur » pour l’industrie du divertissement. Pourtant cela ne signifie pas pour autant que les artistes touchent beaucoup. Ces systèmes sont faits de telle sorte que les intermédiaires (sociétés de gestion de droits elle mêmes, les majors…) touchent une grosse part quoi qu’il advienne (ils ont des locaux, des charges, des employés…), et puis les gros ayant-droits (ils sont un faible pourcentage, ceux qu’on nommera « stars ») récupèrent ce qui reste en laissant des miettes de droits d’auteur pour les artistes restants.

Quand je lis des affirmations aussi attristantes que cela sur sacem.fr :

Vous ne le savez peut-être pas mais les auteurs, compositeurs et éditeurs ne touchent aucun salaire lorsqu’ils créent. Ils vivent de la diffusion de leur musique et c’est la répartition qui leur permet de recevoir leurs droits d’auteur. Ce système consiste à leur reverser leurs droits selon l’utilisation réelle et précise de leurs œuvres sur la base de relevés de diffusions. Des auteurs peu diffusés sont ainsi assurés de toucher, quoi qu’il arrive, ce qui leur revient de droit. La Sacem est réputée pour assurer une redistribution parmi les plus précises au monde.

Heureusement ce n’est pas entièrement vrai (je doute que beaucoup d’auteurs accepteraient de bosser sans être payé du tout à la création), mais tout de même cela donne une idée de l’état d’esprit par lequel on peut essayer de diminuer les tarifs d’un artiste : « vous toucherez plus tard avec les droits d’auteur ».

J’imagine bien la tête des maçons si on leur baissait leurs salaires pour leur dire que plus la maison sera utilisée, plus ils toucheront (avec une société de collecte qui géreraient cela et prendrait sa confortable part au passage).

Et si plutôt que faire cela pour des artistes, on pouvait payer convenablement tout le monde pour le travail effectué puis libérer les œuvres et on passe à autre chose ?

Cela ne serait-il pas plus sain et mieux pour tout le monde ? Les artistes, le public… Bien sûr, les intermédiaires seraient mécontents par contre !

La marmotte vous remerciera

Aryeom, you are guest in France, so the last word is for you! Feel free! (Aryeom, en tant qu’invitée en France, le dernier mot est pour toi. Lâche-toi !)

Why don’t you invest in a small step for our and your good world? Donate for our project <ZeMarmot> please!

(Pourquoi ne pas investir pour que notre monde, à tous, avance d’un petit pas ? Donnez pour notre projet ZeMarmot, s’il vous plaît !)




Surveillance n’est pas synonyme de sécurité

Aux suites des attentats de janvier, le Framablog titrait « Patriot act à la française ? Pour nous, c’est NON ! ». Le projet de loi sur le renseignement de 2015, faisant suite aux lois antiterroristes de 2014 et à la loi de programmation militaire 2013 témoigne d’une volonté claire de légaliser la surveillance de masse en France.

Cory Doctorow, écrivain et activiste bien connu du monde Libre, nous rappelle encore une fois que surveillance et sécurité ne sont pas des synonymes… Son écriture est tellement riche que nous avons choisi d’éluder deux passages dont les références intensément anglo-saxonnes auraient demandé bien des explications nous détournant de son propos simple et efficace.

Pouhiou

Non, messieurs les ministres, plus de surveillance ne nous apportera pas plus de sécurité !

Traduction Framalang par : Simon, goofy, audionuma, Vinm, nilux, yog, Joe, r0u, Maéva, sc
Source : Article de Cory Doctorow sur The Guardian

 

Cory Doctorow CC-BY-SA Jonathan Worth

On se croirait dans Un jour sans fin. Cette sensation, lorsque les mêmes mauvaises idées sur Internet refont surface. On se réveille à la case départ, comme si tout ce pourquoi nous nous sommes battus avait été balayé pendant la nuit.[…]

Le fait que des tueurs déséquilibrés aient assassiné des défenseurs de la liberté d’expression ne rend pas moins stupide et ni moins irréalisable la surveillance de masse (à ne pas confondre avec, vous savez, la surveillance de djihadistes soupçonnés de préparer des actes de terrorisme, à quoi les barbouzes français ont échoué, probablement parce qu’ils étaient trop occupés à chercher des aiguilles dans les bottes de foin avec leur surveillance de masse).

La semaine dernière, lors d’un débat intitulé « l’après Snowden » à la London School of Economics and Political Science (LSE), un intervenant a rappelé que des projets de surveillance de masse avaient déjà été proposés — et débattus à la LSE — depuis des dizaines d’années, et qu’à chaque fois ils avaient été jugés dénués d’intérêt. Ils coûtent cher et ils détournent les policiers des personnes qui ont fait des choses vraiment suspectes (comme les frères Tsarnaïev auxquels les agences d’espionnage américaines ont cessé de s’intéresser car elles étaient trop occupées avec les montagnes de données issues de leurs « détecteurs de terrorisme » pour suivre effectivement des gens qui avaient annoncé leur intention de commettre des actes terroristes).

De fait, il y a eu des tentatives pour créer des bases de données de surveillance centralisées dès que les gens « normaux » ont commencé à utiliser des ordinateurs dans leur vie quotidienne. […]

Pourquoi cette idée ne cesse-t-elle de revenir, malgré les preuves connues de son inefficacité ? Un jour, j’ai posé cette question à Thomas Drake et Bill Binney, deux lanceurs d’alerte de l’ère pré-Snowden. Ils ne savaient pas vraiment pourquoi, mais l’un d’eux m’a dit qu’il pensait que c’était une conséquence de l’émergence d’une fonction publique hégémonique : avec des espions aux budgets extensibles à l’infini, toujours plus de rapports sur l’organigramme, toujours plus de pouvoir, et d’accès à des postes haut placés — et fortement rémunérés dans le secteur privé lorsqu’ils quittent le gouvernement.

Ce dernier point à propos des postes dans le secteur privé sonne particulièrement vrai. Keith Alexander, anciennement directeur de la NSA, a bien quitté son poste de fonctionnaire pour fonder une société de conseil en sécurité qui facture ses prestations 1 million de dollars par mois. L’espionnage est un business, après tout : les opérateurs BT et Vodafone reçoivent de l’argent du GCHQ contre un accès illégal à leurs installations de fibre optique. L’énorme data center de la NSA à Bluffdale dans l’Utah, construit par des entreprises privées, a couté 1,5 milliard de dollars au contribuable américain.

N’oubliez pas qu’Edward Snowden ne travaillait pas pour la NSA : il était sous-traitant de Booz Allen Hamilton, une entreprise qui s’est fait 5,4 milliards de dollars en 2014. Chaque nouveau grand projet de surveillance de la NSA est un contrat potentiel pour Booz Allen Hamilton.

Autrement dit, l’espionnage généralisé n’attrape pas les terroristes, mais il rapporte gros aux sous-traitants de l’armée et aux opérateurs telecom. Dans la surveillance de masse, politique et modèle économique vont de pair.

Nous vivons dans un monde où les mesures politiques ne s’inspirent plus des observations. […] Il y a un curieux contraste entre ce que les gouvernements disent vouloir faire et ce qu’ils font réellement. Que l’objectif stratégique soit d’attraper des terroristes, éduquer des enfants ou améliorer la santé publique, les tactiques déployées par le gouvernement n’ont pas grand-chose à voir avec ce que les observations suggéreraient de faire.

Au contraire, systématiquement et peu importe le domaine, les mesures qui l’emportent sont celles qui ont un modèle économique rentable. Des mesures qui créent de la richesse en abondance pour un petit nombre d’acteurs, suffisamment d’argent concentré dans assez peu de mains pour qu’il reste de quoi financer le lobbying qui perpétuera cette politique.

C’est un peu comme à l’épicerie : la vraie nourriture, comme les fruits, la viande, les œufs, etc. ne sont que de la nourriture. Il n’y a pas grand-chose à dire à leur sujet. Vous ne pouvez pas vanter les qualités nutritionnelles des carottes (pour la santé) : vous devez en extraire le bêta-carotène et le vendre comme une essence magique de carotte bonne pour la santé (et peu importe que la substance s’avère cancérigène une fois extraite de la carotte). C’est pourquoi Michael Pollen conseille de ne manger que la nourriture dont personne ne vante les bienfaits. Mais la majorité des choses disponibles dans votre épicerie, et pour lesquelles on vous fera de la publicité sont les choses que Michael Pollen déconseille fortement de manger, à savoir des produits avec des marges tellement juteuses qu’elles génèrent un surplus de profit qui permet d’en financer la publicité.

« Ne pas être constamment espionné » ne correspond à aucun modèle économique. Les avantages d’une telle politique sont diffus. D’une part, vous ne serez pas interdit de vol à cause d’un algorithme incompréhensible, vous ne serez pas arrêté pour avoir pris le mauvais virage puis pris pour cible par un devin du Big Data qui trouvera vos déplacements inhabituels, vous rendant intéressant à ses yeux. D’autre part, vous serez libre de discuter de sujets intimes avec les gens que vous avez choisis. De savoir que votre gouvernement protège votre ordinateur plutôt que d’en faire une arme au cas où il décide d’en faire un traître, un espion dans votre environnement. Combinés, ces avantages valent bien plus pour nous que l’argent sale de British Telecom vaut pour ses actionnaires, mais nos avantages sont diffus et sur le long terme, alors que ceux de BT sont concentrés et sur le court terme.

Alors on nous ressert la « Charte de l’Espionnage », encore et encore. Parce que les lobbyistes ont l’argent pour appuyer son adoption et la marteler dans la presse à chaque fois qu’elle ressurgit. La mort de défenseurs de la liberté d’expression vaut de l’or quand il s’agit de l’exploiter pour demander un renforcement de la surveillance.

L’automne dernier, à l’ORGCon, j’ai vu une représentante de Reprieve (NdT : association de lutte contre la torture et la peine de mort) qui parlait de son travail consistant à compter et mettre des noms sur les victimes des frappes de drones US, notamment au Pakistan et au Yémen. Ces frappes sont dirigées par la CIA à l’aide de métadonnées (dixit Michael Hayden, ancien directeur de la CIA : « Nous tuons les gens en nous basant sur des méta-données ») telles que les identifiants uniques transmis par la puce radio de votre téléphone portable. Si des recoupements de métadonnées permettent aux analystes de la CIA de déduire qu’ils ont trouvé un terroriste, un drone se dirige vers ce téléphone et tue quiconque se trouve à proximité; mais même la CIA est souvent incapable de dire qui était la cible et qui d’autre a pu être tué.

Jennifer Gibson, la représentante de Reprieve, a expliqué que c’était lié à une modification du mode de fonctionnement de la CIA. Historiquement, la CIA était une agence de renseignement humain (« Humint »), qui faisait son travail en envoyant sur le terrain des espions déguisés qui parlaient aux populations. Aujourd’hui, c’est devenu une deuxième NSA, une agence de renseignement électronique (« Sigint »), qui aspire des données et tente d’y trouver un sens. Pourquoi les États-Unis se retrouvent-il avec deux agences de renseignement électronique au détriment de leurs capacités de renseignement humain ? Après tout, ce serait stratégiquement intéressant pour les États-Unis de savoir qui ils ont tué.

Je pense que c’est parce que le Sigint a un modèle économique. Il existe des marchés publics pour le Sigint. Et qui dit marchés publics, dit déjeuners dans des groupes de réflexion (think tank) grassement financés et dans les bureaux des lobbyistes pour dire aux membres du comité sur le renseignement du Sénat à quel point ces marchés sont importants pour le gouvernement. Les marchés publics sont propices aux avantages en nature. Ils créent de l’emploi dans le privé. Ils reviennent dans le circuit législatif par le biais de contributions aux campagnes.

Il n’y a pas grand-chose à se mettre sous la dent au sein de l’Humint. En dehors de l’occasionnel billet d’avion et de quelques postiches pour se déguiser, l’Humint consiste principalement à embaucher des gens pour qu’ils aillent fouiner à droite à gauche. Cela peut impliquer la corruption de fonctionnaires ou d’autres informateurs, mais c’est n’est pas le genre d’investissement gouvernemental qui rameute les lobbyistes au Capitole ou à Westminster.

Je pense qu’on admet généralement ceci dans le milieu politique depuis des années : si vous pensez qu’une chose peut être bonne pour la société, vous devez trouver comment elle peut enrichir davantage quelques personnes, de façon à ce qu’elles se battent pour la défendre jour après jour. C’est comme ça que le commerce de droits d’émission de carbone est né ! Une bonne leçon pour les activistes qui souhaitent atteindre leur objectif en créant un modèle économique autour de leur proposition politique : les gens que vous rendrez riches se battront pour que soit adoptée la mesure que vous proposez si elle les rend le plus riche possible, quitte à la détourner des améliorations pour la société qu’elle est censé apporter.




La mère Zaclys : petite asso et grands services !

Notre campagne degooglisons a vocation non à se substituer aux initiatives mais à en inciter l’émergence et à mettre en avant celles qui existent. C’est pourquoi, chez Framasoft, on pourrait être un peu jaloux de la mère Zaclys, mais on est surtout admiratifs de la réussite et de l’esprit qui anime cette petite association.

Comme vous allez le lire dans l’interview que nous ont accordée ses responsables, cette association déjà ancienne et bien implantée a récemment « décollé » et gagné en visibilité jusqu’à compter aujourd’hui plus de 12 000 utilisateurs et presque 1200 adhérents.
Nous avons voulu en savoir plus et comprendre ce qu’elle propose, comment elle fonctionne et où elle veut aller. La Mère Zaclys a accepté de répondre à nos 42 questions.

 

1. Bonjour, pouvez-vous vous présenter brièvement ? C’est qui, la mère Zaclys ? Pourquoi ce nom bizarre ?

Bonjour ! Pour présenter la Mère Zaclys, je serais tenté de reprendre les termes que l’on peut trouver sur notre page d’accueil :

zaclys_accueil

Nous proposons un ensemble de services alternatifs tels que le partage de photos, l’envoi de gros fichiers, l’hébergement cloud… et même une boîte mail depuis le début de cette année.

Concernant le nom « Zaclys », nous le tenons d’une vieille dame qui vivait dans un moulin perdu au cœur des forêts de Haute-Saône, avant la guerre. La légende dit qu’elle remontait au village pour faire les veillées traditionnelles de Franche-Comté, et qu’une nuit d’hiver elle serait rentrée chez elle trop alcoolisée et qu’elle se serait endormie dans un fossé. À cette époque nous cherchions un nom international à la Yahoo, Google, Ebay et tous ces mots qui font gagner au Scrabble 🙂

2. Vous existez depuis plusieurs années, comment avez-vous évolué depuis les débuts ?

Nous avons créé en 1998 une première association, « Zacly Multimédias », dont l’objet était :

« la promotion et la sauvegarde du patrimoine culturel de nos 5 villages des bois chargés d’histoire, et le développement des nouvelles technologies ».

La mère Zacly (la vraie, celle dont je viens de conter l’histoire) symbolisait bien le patrimoine et surtout les 5 villages des bois (5 villages de Haute-Saône). C’était l’emblème parfait, une légende mythique de nos forêts au centre géographique des villages concernés. Et le nom composé « Zacly Multimédias » présentait bien les deux parties a priori contradictoires de l’objet de cette association : l’authenticité locale, les racines, et de l’autre le multimédia, Internet, etc.

Au milieu des années 2000, nous avons eu envie de créer un site internet, dont le but était le partage des savoir-faire. Du cercle des 5 villages, nous voulions passer à quelque chose de plus vaste pour toucher plus de monde, mais toujours en gardant les notions de partage et de solidarité. C’est ainsi que Zaclypedia.com est né (c’est aujourd’hui le service « Astuces » de Zaclys.com) et mis en ligne en novembre 2008. Dans les faits, chacun pouvait (et peut encore) créer des articles pratiques pour partager un savoir-faire.

zaclys-gégé
Le point déterminant pour la suite, c’est que nous avions créé une « médiathèque personnelle », une sorte de galerie où l’on pouvait stocker des images, et cela pour illustrer les articles en question. Suite à cela, nous avons constaté que les membres n’utilisaient pas leur médiathèque pour illustrer des articles, mais bien pour stocker et partager des photos. Cela nous a étonnés, sachant qu’il existait déjà un certain nombre de (gros) sites pour faire cela. Nous avons alors commencé à comprendre que beaucoup de gens cherchaient des alternatives à ce qui existait déjà, particulièrement des solutions françaises et pratiques. Nous avons donc développé Album, et ouvert de nouveaux services par la suite.

En 2013, nous nous sommes dit qu’il fallait vraiment actualiser nos statuts, ceux de 1998 étaient pour le moins obsolètes 🙂 Mais au lieu de tout modifier, nous avons préféré créer une nouvelle association, qui était une évolution de l’association initiale. Nous avons gardé le nom de la vieille dame lors du choix du nom de domaine zaclys.com, déjà parce que tous nos membres connaissaient ce nom, mais aussi et surtout pour les mêmes raisons qu’en 1998. « La Mère Zaclys » colle toujours aussi bien à l’esprit qui anime l’association actuelle : l’alternatif, la liberté et le « libre », l’authenticité, la simplicité, le partage, l’artisanal, le local, l’intemporel, etc.

17. Des adhérents et des services qui se sont multipliés, mais combien de bénévoles actifs pour s’occuper de tout ça ? qui est derrière en termes techniques ?

Notre équipe est constituée d’un nombre impressionnant de personnes : 3 😉
Le bureau de l’association est constitué des mêmes personnes qui assurent le suivi technique de cette chère mère Zaclys. Pour présenter les choses simplement, nous avons un programmeur/administrateur système, un comptable/support aux membres/référent cloud, et un graphiste/référent communication. Un grand nombre de domaines sont couverts, parfois de manière transversale, par cette équipe petite mais très motivée.
Ensuite, nous avons aussi des membres actifs. Ils nous écrivent des tutoriels, participent à l’entraide sur le forum, font partie des bêta-testeurs lors du lancement de nouveaux services…
Nous les en remercions d’ailleurs chaleureusement.

23. Vous proposez un tas de services… pourquoi vous faites tout ça, vous voulez être le Google de la Haute-Saône et bientôt maîtres du monde ?

Devenir calife à la place du calife ? Non merci. On n’aime pas les califes, ils abusent trop souvent de leur autorité 😉
Même si, dès le début, nos valeurs sont celles de la liberté et du partage, c’est dans notre cheminement que nous avons constaté que beaucoup de gens cherchaient de l’alternatif et de la confidentialité. Nous n’avons donc fait que de nous développer dans cette voie, complètement compatible avec la nôtre. D’ailleurs c’est souvent en étant à l’écoute des utilisateurs, en répondant à des besoins réels que nos évolutions se font, en douceur. Que demander de plus ?
Ah si, ce que l’on pourrait demander de plus, c’est que l’information circule davantage : oui on peut se passer des services des géants du web, qui sont, certes très performants, mais aussi très dangereux au niveau liberté et confidentialité.
Alors pour répondre à votre question, voilà notre but : proposer des services alternatifs, et puisque le choix est inutile si on ignore qu’on l’a, avoir la meilleure visibilité possible pour qu’un maximum de personnes puissent choisir. On a beau avoir de bonnes intentions, on ne peut pas faire beaucoup de choses quand on est petit. À ce propos merci de nous donner la possibilité de nous exprimer ici.
De plus nous avons eu, depuis le début, l’objectif de proposer des services faciles et simples, que même nos grand-mères doivent pouvoir utiliser. Des services accessibles : gratuits pour les fonctions de base, et moins de 10 euros par an pour toutes les fonctions, parce qu’être membre d’une association, ça change tout. Nous voulions qu’un maximum de gens puissent échanger les photos de famille, avec la grand-mère à l’autre bout de la France, qui n’a qu’un clic à faire pour voir l’album, et cela sans créer de compte.
Nous privilégions également l’éducation et la création, en offrant l’adhésion annuelle à toutes les écoles primaires et à tous les fablabs qui en feraient la demande.

24. Selon vous, qu’est-ce qui vous a récemment propulsés ?

Même si c’est dans des proportions encore bien modestes, nous avons en effet bien progressé ces deux dernières années. La satisfaction de nos membres est selon toute vraisemblance la première cause à cela. Nous n’avons jamais fait de publicité pour nos services, mais nos membres parlent de nous autour d’eux, écrivent à notre sujet sur des forums. Ils trouvent nos services utiles, et ont un contact « humain » avec l’équipe. Ils sont donc satisfaits, et c’est cela notre meilleure publicité.
De plus, notre gamme de services commence à devenir bien étoffée. Cela convient à ceux qui veulent se passer complètement des services des géants, mais également à ceux qui ont juste besoin d’un cloud, ou d’une adresse mail, ou d’un hébergement pour les photos.

8. Et ces services, ils sont libres ? open source ? On peut les installer sur un serveur perso ?

Nous avons commencé avec les services Astuces, Album et Envoi, qui sont des services « maison ». Puis nous avons étoffé notre offre de services en utilisant des projets open source reconnus, comme ownCloud (pour le service «Cloud ») ou Roundcube (pour le service « Mail »). L’important pour nous est que nos services puissent être utilisés sur la plupart des plateformes, et avec la plupart des outils libres, depuis n’importe quel navigateur, depuis n’importe où. Par ailleurs, ce sont des outils dont le développement est très suivi. Ils évoluent donc rapidement et n’ont rien à envier aux solutions propriétaires. Enfin, on peut avoir un contact avec les développeurs et se faire entendre lorsqu’il y a un point à améliorer. On peut même contribuer à leur développement. Chacun peut choisir de s’installer son cloud ou son mail sur son propre serveur. En revanche ça demande du temps et des compétences. C’est pourquoi beaucoup préfèrent se tourner vers notre solution intermédiaire : les serveurs ownCloud dédiés. Ils ont alors leur propre serveur, on leur prépare tout et on les aide en cas de besoin pour l’administration de leur Cloud.

33. Bon si j’adhère je peux profiter de vos services, mais qu’est-ce qui me garantit que mes données personnelles seront protégées des intrus de tous poils ? Bénédicte Dupuis-Morizeau se tient au courant et elle va vous demander si ses données seront chiffrées sur vos serveurs etc. Quelles précautions prenez-vous ?

Quand on parle de protection, il faut déjà penser aux intrusions « internes ». Vous voyez ce que je veux dire. Une entreprise privée américaine attirera plus de sollicitations en tout genre ou même de malveillance qu’une association à but non lucratif française, on n’a pas les mêmes acteurs en présence, les risques de ce côté-là ne sont pas du tout les mêmes. Pas de revente de nos données à des partenaires commerciaux par exemple. Pour se faire une idée, il suffit de comparer nos conditions d’utilisation avec celles des géants, et vous aurez tout de suite compris.
Quant au niveau de la sécurité vis-à-vis de « l’extérieur », eh bien on peut se vanter d’avoir un administrateur système, très compétent en la matière, qui fait tout ce qu’il faut pour sécuriser au maximum toute l’infrastructure.

Nous avons le souci extrême de la confidentialité des données de nos membres. Par exemple, chaque accès aux photos, et même aux vignettes ou pochettes d’album, est vérifié systématiquement. À l’instant où l’auteur modifie les règles de partage de son album ou les listes des invités, chaque accès à chaque fichier est immédiatement bloqué.
Nous améliorons en permanence les règles de sécurité, en fonction de l’actualité, des technologies et des retours utilisateurs. Des sondes et des alertes automatiques surveillent en permanence l’activité des serveurs, et nous réactualisons régulièrement nos firewalls et plusieurs technos de défense que je ne citerai pas.
Tous les échanges avec nos services sont chiffrés sous ssl/tls. Depuis ce début d’année 2015 où nous avons investi dans des serveurs plus récents et plus performants, tous nos services sont mêmes passés au dessus de 80% au test Calomel SSL, certains à 90, d’autres à 100, et nous allons encore améliorer ça dans les mois à venir .

Concernant le chiffrement, non, les données ne sont pas chiffrées sur les serveurs. C’est à l’étude et vous pouvez déjà le faire sur l’offre cloud dédié. Cela dit, les données sont tout de même anonymisées (aucun nom de fichier sur le service Album par exemple) et mises sur des espaces de stockage avec des liens sécurisés. Les disques durs sont triplés depuis 2015 en RAID 1, ce qui est rare aussi, et nous doublons avec des sauvegardes déportées quotidiennes sous trois technos différentes.

Pour terminer au sujet de la sécurité, il faut savoir que le risque majeur, c’est d’abord la boite mail de l’internaute. Si vous utilisez un mot de passe trop simpliste, ou si vous le tapez sur un ordinateur infecté par un virus, un pirate peut d’une manière ou d’une autre gagner l’accès de votre boite mail. Ça lui donne l’accès à tous vos services en ligne : dans votre boite traînent des mails avec vos identifiants. Et même sans cela, il peut utiliser votre boite mail pour demander en ligne un rappel ou un changement de mot de passe, et cela sur la plupart des sites internet que vous utilisez. Alors il ne faut pas non plus tomber dans la paranoïa, sinon on ne fait plus rien. Mais il faut faire attention à ce qu’on fait, c’est vrai pour nous comme pour les utilisateurs.

41. C’est le moment d’aborder la question critique pour toutes les associations, celle du financement. Comment fonctionnez-vous matériellement ? Parce que des serveurs de plus en plus costauds, ça n’est pas gratuit…

Oh non ce n’est pas gratuit ! Ça l’est d’autant moins que nous avons, en février, fait largement évoluer notre infrastructure qui commençait à devenir insuffisante. Et nous avons aussi multiplié nos frais d’hébergement.
Pour supporter les frais, nos revenus dépendent en très grande partie des cotisations de nos adhérents. Sans ça, nous ne pourrions tout simplement pas fonctionner.
Nous avons également les revenus tirés de la location/infogérance de serveurs cloud dédiés. Ce service, assez jeune mais prometteur, a pour cible les associations et les petites structures ayant besoin d’un serveur Cloud administrable.
Nous avons, dans une moindre mesure, un partenariat avec Photobox pour des tirages photos qui peuvent être commandés directement depuis le service Album, mais ça reste marginal.

musicienJaloux du succès de son épouse, le père Zaclys lance un service de musique live on demand

(photo Will Langenberg https://stocksnap.io, licence CC0)

Enfin, nous avons des revenus d’affiliation d’Amazon, ainsi que la publicité Adsense (pour les non-membres). Les revenus sont insignifiants, et nous abandonnerons ces deux partenariats dès que des annonceurs locaux se manifesteront à nous. Avis aux amateurs : bandeaux à 30€/mois pour les premiers à contribuer ! Quoi qu’il arrive, nous allons nous couper de ces sociétés qui ont une philosophie à l’opposé de la nôtre. À la place nous étudions actuellement la possibilité de demander certaines subventions pour booster le développement de nos services. Chose que nous n’avons jamais faite jusqu’à présent, pour avoir une totale liberté à la création de l’association.

42. Et demain, si tout va bien ? Vous envisagez comment la suite de la mère Zaclys ? Vous resterez associatif ou bien vous allez créer une entreprise ? Vous cherchez des recrues ? c’est le moment de lancer un appel à contributions…

Notre objectif premier est de pouvoir nous salarier au sein de l’association. Nous travaillons actuellement sur notre temps libre, et nous en manquons cruellement ! Pouvoir se salarier, cela voudrait dire pouvoir passer tout notre temps à gérer et développer les services proposés. Nous pourrions alors concrétiser tous nos projets, et améliorer de manière significative tout ce que nous proposons actuellement.
Et si tout va très très bien, pourquoi pas nous tourner dans le futur vers une SCOP (société coopérative et participative) par exemple. Nous garderions notre même philosophie, tout en élargissant nos possibilités de développement.
Mais nous n’en sommes pas encore là 🙂

Concernant des recrues, nos avons des besoins oui, et ils sont multiples. Je dirais que nous avons besoin de tout ce que font nos membres actifs en ce moment, mais de manière plus soutenue : compléter nos documentations en créant des tutoriels, des vidéos, participer à notre forum, et surtout parler des services de la Mère Zaclys autour de soi et dans les forums. Nous sommes présents sur Diaspora* depuis peu grâce aux recommandations de nos membres et sur les autres réseaux. C’est peut-être le meilleur vecteur pour faire connaître nos services.
Et bien sûr, adhérer à l’association. Les adhésions font vivre le site et ses services, et nous remercions encore une fois nos membres de nous soutenir dans cette belle aventure !
Puisse-t-elle se prolonger longtemps, et que mille mères Zaclys fleurissent !

 




Journée de Libération des Documents

La Journée de Libération des DocumentsDocument Freedom Day » en anglais) est une journée internationale se déroulant chaque année le dernier mercredi de mars (c’est donc aujourd’hui !). C’est un moment pour se rassembler afin d’attirer l’attention sur l’importance croissante de l’utilisation de standards ouverts dans l’accès à l’information et dans toutes nos communications numériques.

La journée est dédiée à la promotion / défense des standards ouverts, ce qui comprend à la fois les protocoles ouverts et les formats ouverts. Dans le cadre de cette journée, de nombreux groupes locaux du monde entier vont mener des actions et des événements pour promouvoir ces standards ouverts.

DFD Flyer

 

Coordonnée par la FSF Europe, la Journée de Libération des Documents vise aujourd’hui une dimension non plus locale mais bien internationale.

Notamment :

Bref, vous l’aurez compris, nous vous encourageons à visiter et à faire connaître le site http://documentfreedom.org/index.fr.html afin de sensibiliser le public à la question des standards ouverts et de l’interopérabilité.

Document Freedom Day Cartoon.




Créateurs du net, Creative Commons et réforme du droit d’auteur : #SupportREDA

Ce serait peut-être l’une des plus grandes opportunités manquées de notre époque si le logiciel libre ne libérait rien d’autre que du code.

Voilà une devise forte clamée en haut de notre Framablog. C’est en y croyant que nombre de créateurs de contenus ont appliqué les méthodes, réussites et modèles du Logiciel Libre à d’autres domaines.

Salut et merci pour les outils

Creative-Commons-collageLa naissance des Creative Commons ou de la Licence Art Libre, le contrat de cession non-exclusive de droits développé par les juristes de la maison d’édition Framabook, la médiathèque Wikimédia Commons (ou la bibliothèque du Domaine Public Wikisource), et toutes ces œuvres Libres ou de libre diffusion que l’on peut trouver en un clic… la mouvance du logiciel libre ne cesse d’inspirer de nouveaux outils à celles et ceux qui ne créent pas du code informatique.

Bien sûr, les créateurs culturels n’ont pas attendu la venue du logiciel libre pour considérer le libre partage de leurs œuvres. Mais, personnellement, lorsque je me suis rendu compte que mes écrits sont fondamentalement libres, qu’ils sont libres dans la manière dont ils se créent, dont ils se reçoivent, dont ils se financent… Lorsque j’ai réalisé que mettre des barrières ou des péages serait aussi bien un déni de leur nature profonde qu’un déni de la réalité économique digne d’un bisounours (doit-on rappeler que l’économie de l’attention régit le net, et que les barrières empêchent de capter cette attention ?)…

Bref, lorsque j’ai pris conscience de tout cela, j’ai trouvé vos outils à ma disposition. J’ai rencontré vos communautés pour prêter à mes œuvres un peu d’attention. J’ai reçu vos conseils, vos expériences, votre travail et même votre argent pour nourrir mes expérimentations. Mais surtout, surtout… j’ai fait la connaissances d’autres créateurs imprégnés de la culture du net. Des créateurs qui, à l’heure de la création/diffusion numérique, voient tout comme moi l’opportunité formidable que représente le Libre.

Les Auteurs Énervés parlent des Creative Commons

Thierry Crouzet et Neil Jomunsi m’ont invité sur le deuxième numéro de leur podcast engageant et engagé. Une émission sans langue de bois ni politiquement correct, où l’on parle droit devant soi, où l’on se défoule à balancer ce qu’on réfléchit à deux fois à dire lorsqu’on écrit un article de blog. Cette émission foutraque nos a permis d’échanger sur les pratiques du Libre, l’avantage de l’écriture diffusée sous Creative Commons, le rapport REDA… et même la montre d’Apple !

Thierry Crouzet et Neil Jomunsi, les auteurs énervés.
Thierry Crouzet et Neil Jomunsi, les auteurs énervés.

Il faut dire que ces comparses n’en sont pas à leur coup d’essai libriste. Thierry Crouzet a développé le principe d’économie de la paix, qu’il a expérimenté avec son récit Le geste qui sauve (traduit en plus de 12 langues grâce à sa licence libre). Il continue, aujourd’hui, de jongler entre l’édition traditionnelle et la libre diffusion de ses écrits… Notamment son projet-roman 1 Minute, où il écrit-publie quotidiennement, et ce pour un an, la même minute (vue par autant de personnages différents) cette minute où l’on apprend que nous sommes pas seuls dans l’univers.

Après avoir passé un an à écrire une nouvelle par semaine pour son Projet Bradbury, Neil Jomunsi a enchaîné les expériences d’écriture. Que ce soit inviter des amis auteurs à écrire 24h dans un train de Berlin… ou à concevoir le livre-web Radius (où six auteurs incarnent chacune un personnage), ses envies débordent. Il a aussi récemment été en première ligne des auteurs soutenant le rapport REDA.

Les vidéastes Français soutiennent le rapport REDA

J’ai rongé mon frein sur ce rapport REDA. J’ai vu les copains, comme Neil, aller au charbon. Écrire des articles blogs et des lettres ouvertes, et recevoir en retour le dédain méprisant de l’euro-député Jean Marie Cavada. Les créateurs du net sont (selon lui), à l’image de son petit-fils : pas des Goethe ni des Victor Hugo. Soit. Je ne comprends toujours pas en quoi cela ne nous donne pas voix au chapitre sur cette réforme essentielle et nécessaire du droit d’auteur.

J’ai rongé mon frein et me suis tu. Je devais la fermer, pour ne pas dire ce qui se préparait. Lorsque j’ai lu le rapport REDA, je l’ai trouvé formidable parce que modéré. Il replace les auteurs et créateurs au centre des préoccupations de l’industrie culturelle. Il renforce leur position face aux éditeurs et producteurs, tout en reconnaissant l’importance de ces intermédiaires. Il autorise et encadre les pratiques créatives du remix, du mash-up et de la citation. Il renforce le domaine public et le domaine public volontaire.

 

Vidéo « Nos créations sont hors la loi » sur Youtube

 Ceci est une vidéo YouTube. Clique dessus pour la voir 😉

J’ai rongé mon frein parce que je savais ce qui se préparait. Avec des copains vidéastes, des « YouTubeurs » comme on aime nous estampiller, nous nous sommes rassemblés. Nous avons écrit, produit et réalisé une vidéo collective dans le plus grand secret. Nous avons contacté La Quadrature du Net pour travailler ensemble à soutenir cette réforme. Je suis très fier de démontrer ainsi que des « gamins qui se filment dans leur chambre » (comme on ne manquera pas de nous appeler) sont en fait des créateurs dotés d’une conscience politique, des citoyens qui savent lire et soutenir des projets de loi.

La Culture Libre ne dépend que de nous.

Soutenez le rapport REDA
Soutenez le rapport REDA

On a envie d’y croire. De croire qu’un autre rapport entre créateurs et public est possible. Que plutôt que d’être un vendeur de livres (ou d’espaces pubs avant les vidéos), on peut simplement être des auteurs qui vous proposent ce que l’on fait… que ce soit directement ou aidés par des intermédiaires.

Mais cela ne tient qu’à vous. Intéressez-vous aux personnes qui proposent un autre rapport que celui de simple commerçant opposé aux pirates-voleurs. Diffusez et partagez des œuvres Libres. Donnez-leur du temps, de l’attention, des apports ou de l’argent.

Créez, surtout. Créez en vous inspirant de qui bon vous semble, en utilisant les outils, licences, savoir-faire, moyens de diffusion et de production qui peuplent nos Internets.

Et s’il vous plaît, prenez le temps de vous renseigner sur le rapport REDA et de le soutenir en contactant vos euro-députés.

Le droit d’auteur peut enfin se mettre à autoriser et encourager la culture que vous aimez. Ça se passe maintenant… et il n’en tient qu’à nous.




Huit.re, Framapic, Framabin : Framasoft met les bouchées triples.

Après un mois de janvier si mouvementé qu’il nous a donné du travail jusqu’en février, nous avons pu reprendre le cap fixé par notre (modeste) Plan de Libération du Monde : Dégoogliser Internet.

À notre sens, il faut reconquérir les Internets service après service, afin de proposer au plus grand nombre des applications Libres, Ethiques, Décentralisées et Solidaires. C’est ce que nous avons fait vendredi en ouvrant notre GitLab alors que Google code ferme ses portes. C’est ce que nous poursuivons aujourd’hui en vous proposant trois services simples, efficaces, mais qui (nous l’espérons) faciliteront la vie d’un grand nombre d’internautes dans le plus grand respect de leurs libertés.

Huit.re, la perle des raccourcisseurs d’URL

huitreEnfin un service qui ne s’appelle pas frama-machin !! (bon, OK, on y accède aussi sur frama.link :p ). Huit.re vous permettra de raccourcir vos URLs en huit petits caractères… et sera donc le mollusque qui cache la forêt de caractères qui forme souvent une troooop loooooongue adreeeeessse weeeeb.

À l’instar de bit.ly ou de goo.gl, vous pourrez l’utiliser pour gazouiller sans craindre de perdre trop des précieux 140 caractères auxquels vous avez droit. Vous pourrez enfin transmettre une adresse web par sms ou téléphone sans y passer trois heures…

Mais à la différence de ces géants du web centralisé, huit.re est basé sur LSTU (Let’s Shorten That URL), un logiciel libre que les barbu-e-s de tout poil peuvent s’empresser d’étudier, améliorer, bidouiller… Donc non seulement on sait ce qui se trouve derrière, mais en plus il est placé sur les serveurs de Framasoft. Et l’on vous rappelle qu’on s’est engagés sur une Charte respectueuse de vos libertés et vos données, ainsi que sur des conditions générales d’utilisations claires et précises.

Bref : on a enfin de quoi faire taire Pouhiou quand il clame à qui veut l’entendre que : « Les huîtres, c’est le mal » ! [1]

Framapic, le lutin qui héberge vos images les yeux fermés

Basé sur le logiciel libre LUTIm (Let’s Upload This Image), un projet perso du bouillant framasoftien Luc Didry, Framapic est un moyen simple et sécurisé de partager et publier vos images en ligne. Attention, il ne s’agit pas d’un gestionnaire de collection de photos à la Picasa… Simplement d’un hébergement d’images comme Imgur ou hostingpic, qui supporte tous les formats (même le GIF !)

gif jif gege

Sauf qu’en plus d’être un logiciel libre, LUTIm est un logiciel qui offre bien des avantages :

  • Possibilité d’autodestruction de l’image après la première vue (avec le petit lien « corbeille ») ;
  • Possibilité d’effacer l’image de nos serveurs au bout d’un jour, une semaine, un mois, un an… (au choix) ;
  • Intégration facilitée (et jolie) à Twitter, Facebook, etc. pour vos images (et même vos GIFs !) ;
  • Téléchargement facilité (par une URL spécifique) ;
  • Code ouvert et disponible sur notre GitLab pour tous ceux qui veulent y contribuer voire se l’installer sur leur serveur. ;
  • Chiffrement des images sur nos serveurs.

Et le chiffrement, ça change tout. Cela signifie que nous n’avons pas la possibilité de voir vos images (pas sans la clé que vous détenez dans votre URL, et pour la récupérer il faudrait qu’on active les journaux (logs) du reverse proxy qui est devant Framapic, et ça c’est pas dans notre charte…)

Cela signifie que vos images vous appartiennent, et qu’on n’a pas à mettre nos nez dedans. Attention ! Notez bien les URL des images envoyées sur Framapic : sans elles et la clé de chiffrement qui y est, vous ne pourrez plus y accéder.

Framabin, pour partager vos secrets en mode mission impossible

Nous avons pimpé le très célèbre (et très libre) Zérobin de SebSauvage afin de le rendre assez beau pour que votre grand-père vous partage en toute sérénité le secret si bien gardé de son coin à champignons.

framabin papy

Framabin est un rêve de gosse nourri aux Missions Impossibles, Alias et autres James Bond : partagez un message qui s’autodétruira dès le premier accès. Ou au bout de 5, 10 minutes. Ou d’un jour, une semaine, un mois, un an…

Bien entendu, le message est chiffré, ce qui fait que nous ne pouvons pas (à aucun moment) consulter le code de la carte bleue de votre maman quand elle le partagera avec vous sur Framabin pour que vous lui achetiez un superbe T-Shirt sur EnVenteLibre

Et le top, c’est que vous pouvez carrément utiliser Framabin comme un lieu de conversations secrètes, où chaque personne possédant le lien peut commenter ce qu’a écrit l’autre. Cela sert bien entendu pour ce bout de code qui va révolutionner les Interwebs (même qu’il y a de la coloration syntaxique), mais aussi pour bien comprendre et discuter le secret du tajine aux olives que votre cousin garde jalousement.

Libérez vous ! (même de Framasoft :p )

Tous ces services sont là pour vous (et aussi pour les Dupuis-Morizeau notre fameuse famille-témoin résidant en Normandie). Mais ils sont aussi et surtout là pour démontrer que lorsqu’on veut faire un Web et des applications respectueuses de… de nous, en fait : ben c’est possible. Le chiffrement, le logiciel libre et la confiance en l’hébergeur du service sont des piliers indispensables à ce respect.

Mais plus que tout, nous ne voulons pas devenir le « Google du libre ». C’est bien pour cela que vous retrouverez, sur notre blog Framacloud, tous les tutoriels nécessaires pour « cultiver votre jardin », c’est-à-dire pour installer vous-même ces applications sur votre propre serveur (ou celui de votre famille, votre asso, votre collectivité, votre entreprise…)

C’est en se rendant indépendants, en s’apportant nos expériences les uns aux autres et en disséminant du Libre un peu partout que nous arriverons ensemble à vraiment Dégoogliser Internet.

À vous de partager, désormais.

[1] cf. #Smartarded, p. 172.




Avant de dormir, un roman fantastique et sombre chez Framabook

Télécharger et/ou acheter le roman de Lilly sur Framabook.org

Le groupe d’édition Framabook est particulièrement fier de vous annoncer la sortie d’un nouveau roman dans la collection. Ce choix éditorial peut étonner quand on voit le reste de la collection, mais pour nous il s’est imposé comme une évidence.

Avant de dormir est un premier roman dont l’auteure, Lilly Bouriot, passera son bac Français d’ici quelques mois. Notre comité de lecture a de suite été séduit par la franchise et la qualité de sa plume, ainsi que par son univers aux fumets de tourbe, d’écorce mouillée et de sang caillé.

Il s’agit là d’un conte fantastique et sombre, qui met en scène Andreï, un jeune homme de 13 ans contemplatif et solitaire. L’histoire commence au moment où il emménage avec ses parents (pour le moins distants) dans une demeure étouffante, au cœur d’une ville dont les habitants meurent dans des circonstances mystérieuses. Tout bascule lorsque, sous son lit, il découvre un portail vers une forêt sombre emplie de monstres lugubres qui parlent avec frissons de… la Vouivre.

Lilly, l’auteure de cet opus, a décidé de placer ce premier bébé sous Licence Art Libre, par amour des valeurs du Libre et dans l’espoir de partager son histoire avec le plus grand nombre…

Une telle démarche pour sa première création ne peut que susciter la curiosité… et nous n’avons pas résisté à l’envie de l’interviewer pour le Framablog… Une interview qui retranscrit bien la franchise désarmante et la profondeur espiègle de cette créatrice avec qui nous avons travaillé sur cette édition.

Entretien avec Lilly Bouriot, auteure de Avant de dormir

Bonjour Lilly… Lorsqu’on écrit sur toi, on a envie de te présenter comme « La lycéenne qui publie son premier roman avant même que d’avoir passé son bac de français ». Est-ce que tu trouves cela réducteur ? Comment te présenterais-tu aux lecteurs du framablog ?

En fait, c’est un résumé plutôt complet ! Ma vie est assez banale, je fais des devoirs, je sors (rarement) avec des amis, je regarde des dessins animés… À seize ans, on n’est pas vraiment grand-chose. Mais ça va, je le vis bien, je sais que d’ici quelques années, j’aurai de quoi étoffer ma présentation ! Et puis, ça a un petit air enfant prodige, « la lycéenne qui publie son roman avant son bac », ça plaît à mon côté mégalomane.

Pourrais-tu nous dire comment et depuis quand tu en es venue à l’écriture de fiction : parce qu’après un premier prix au collège au concours sur la Résistance, tu passes à un concours de nouvelles « une terrible beauté est née » où tu fais naître une Lilith déjà assez proche de tes personnages d’Avant de dormir, non ?

Je dois l’avouer, cette rédaction pour le concours de la Résistance, je l’ai faite en une demi-heure parce que j’étais obligée de rendre quelque chose, alors que le travail en duo qu’on devait rendre, j’y ai passé une semaine, et j’en ai jamais entendu parler. Une grande déception.

En fait, j’écris depuis que je suis toute petite ! J’ai achevé ma première histoire lorsque j’avais sept ans (une histoire de pirates appelée Les Piratos… Parce qu’à sept ans j’avais beaucoup d’originalité…). J’ai toujours écrit sur des personnages qui se retrouvaient dans un autre monde un peu fantastique où ils vivaient de grandes aventures. Avant de dormir est un livre qui parle de beaucoup de thèmes qui me sont très chers et qui reviennent régulièrement dans mes histoires, et le fantastique en fait partie.

Avant de dormir est un roman à l’ambiance sombre, lourde, qui sent la tourbe, l’écorce humide et le sang séché… Pourquoi cette envie de créer une telle atmosphère dans ton roman ? Pourquoi autant de blessures, de cicatrices douloureuses, d’épreuves physiques ?

L’atmosphère étouffante du roman vient en fait des jeux auxquels j’ai pu jouer et des films que j’ai pu voir un peu avant de commencer à écrire. Il y a quelque chose dans le vert et l’humide qui me plaît beaucoup, quelque chose de plus sombre, de plus ancien, comme si on revenait à un stade primal où tout est encore possible, comme si le temps s’y était arrêté. Si les monstres existent, ils vivent soit au fond de l’océan, soit au cœur de vieilles forêts. Des endroits où ils grandissent sans se faire voir…

Quant aux blessures, la question me taraude, car j’ai une peur bleue du sang ! Ce n’est même pas un reflet de mes « cicatrices intérieures » ou quelque chose dans le genre… C’est peut-être un moyen de me convaincre qu’on peut survivre à une petite coupure et qu’on n’a pas besoin de s’évanouir lorsqu’on s’entaille le doigt avec un rasoir.

Andrei, le héros, est un jeune homme de treize ans délaissé, assez peu écouté ou même considéré par ses parents, qui vit son adolescence dans une certaine solitude face au monde des adultes… C’est une vision de l’adolescence ni très joyeuse ni très répandue…

Je pense que c’est un problème de génération. Je crois que je fais partie d’une jeunesse très blasée, à laquelle on annonce un futur apocalyptique (réchauffement climatique, manque de ressources, manque d’emplois, surpopulation) et qui est malgré tout poussée par les gens plus âgés à changer le monde. Il y a une pression énorme et peu d’exemples sur lesquels se reposer. De ce fait, je pense qu’il y a une coupure, un gouffre entre les adultes et les jeunes adolescents de maintenant, une certaine solitude. Ou peut-être que c’est normal de se sentir seul et perdu à l’adolescence ?

En tous cas, c’est drôle que vous me demandiez ça, car j’ai une famille très aimante avec laquelle je m’entends très bien. Je crois qu’au final j’aime juste les personnages solitaires ! C’est plus marrant, après on peut leur faire découvrir ce que c’est de ne pas être seul, c’est un moment formidable.

En lisant ton roman, on songe au film Le Labyrinthe de Pan de Guillermo Del Torro, mais aussi à Coraline ou L’Étrange Vie de Nobody Owens de Neil Gaiman… Ce sont des références qui te parlent ? Quelles sont tes sources d’inspiration pour ce roman ? Et la Vouivre, c’est à cause de légendes locales ou bien en hommage à Marcel Aymé ?

Vous avez bien trouvé ! J’ai regardé Le Labyrinthe de Pan lorsque j’avais huit ans… J’en suis sortie marquée à vie. L’Homme Pâle est terrifiant ! J’en fais encore des cauchemars !

Coraline et l’œuvre de Neil Gaiman en général sont aussi de grandes références pour moi. « J’ai été surpris de voir que Coraline était un livre destiné aux enfants, qui terrorisait les adultes », a dit Gaiman, et j’ai beaucoup apprécié cette citation. C’est un excellent livre.

Quant à la Vouivre, dans le village dans lequel j’ai passé mon enfance, j’allais souvent au lavoir déposer des fleurs dans l’eau pour la vouivre du coin (c’était une femme très gentille dans ma tête). Je suppose que c’est resté !

Lilly, une auteure au naturel renversant.

Tu as fait la démarche de placer ton premier roman sous licence libre et de le proposer à Framabook… Comment connais-tu le Libre ? Pourquoi un tel choix ?

C’est un ami informaticien qui m’a parlé pour la première fois de Framasoft et de sa démarche. Cette idée de partage avec le plus grand nombre possible d’utilisateurs m’a enthousiasmée. Il m’a expliqué plus en détail comment le Libre fonctionnait, et les valeurs qu’il véhiculait. Il était très impliqué et j’ai décidé de l’écouter en allant demander conseil au groupe Framabook.

Il parait qu’il y a un poème qui est pour toi très lié à Avant de dormir… Tu nous en parles ?

C’est le poème dont est tiré le titre ! Il s’appelle « Stopping by Woods on a Snowy Evening » de Robert Frost. Si toute l’imagerie du poème s’accorde parfaitement avec l’histoire, c’est la dernière strophe qui m’a vraiment touchée. Elle va comme suit :

The woods are lovely, dark and deep,

But I have promises to keep

And miles to go before I sleep,

And miles to go before I sleep.

(ce qui signifie : « les bois sont beaux, sombres et profonds / mais j’ai des promesses à tenir / et des miles à faire avant de dormir / et des miles à faire avant de dormir. »)

Bien sûr, en anglais, « before I sleep » a vachement plus la classe. C’est tout le problème d’écrire en français. C’est moins joli.

Tes prochains écrits (si tu en as en projet) continueront-ils de flirter avec le fantastique ?

J’écris effectivement mon second roman, que je prévois d’être un peu plus long qu’Avant de dormir. C’est un roman que j’essaie d’écrire depuis que je suis petite et qui ne me satisfait jamais. Mais cette fois, l’histoire me paraît tenir debout ! Et le fantastique y joue une grande part. C’est dans ce genre que je pense continuer à l’avenir, c’est celui qui me plaît le plus. Et puis, les monstres, c’est cool.

Sur le Framablog, on aime bien laisser à l’interviewé-e le mot de la fin… Tu en fais quoi ?

Je n’ai pas vraiment d’idée mais il y a une de mes amies à côté qui me demande de faire une blague alors je vais faire celle qu’elle dit le plus souvent :

– Pourquoi les Japonais croient-ils en la réincarnation en cheval ?

– …… Parce qu’ils sont déjà poneys.

(des japonais)

(badum-tssh)

(sinon y’a celle de Jésus en photo mais je la garde pour une potentielle future interview.)

En tous cas, merci beaucoup d’avoir proposé cette interview ! Passez une bonne journée !

 

C’est à vous, désormais, de découvrir, partager et diffuser le premier roman de Lilly Bouriot, Avant de dormir.

Et pour les papier-vores, il est déjà disponible sur EnVenteLibre !