La fabuleuse histoire d’une pièce de 5 euros

Une pièce de 5 euros commémorative entièrement réalisée avec des logiciels libres, cela n’arrive pas tous les jours.

Quand, de plus, son auteur prend le soin de nous expliquer en détail sa démarche technique mais surtout artistique, cela donne un article tout à fait passionnant qu’il eut été grand dommage de ne pas traduire[1].

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Comment faire de l’argent avec du logiciel libre

How to make money with free software…

Stani – 29 octobre 2008 – Creative Commons By

Le ministère des finances néerlandais a organisé un concours d’architecture pour lequel un groupe de cabinet d’architectes trié sur le volet (unstudio, nox, etc.) et des artistes étaient conviés, moi y compris. Le but de la compétition n’était pas d’ériger un bâtiment mais de réaliser le design de la nouvelle pièce de 5 euros commémorative sur le thème « Les Pays-Bas et l’architecture ». Le gagnant se verra offrir un beau prix, mais sa récompense sera surtout d’avoir l’honneur de voir son design concrétisé sur une pièce qui aura cours au sein des Pays-Bas.

J’ai abordé le sujet « Les Pays-Bas et l’architecture » sous deux aspects. J’ai voulu rendre hommage aussi bien à la riche histoire architecturale des Pays-Bas qu’à la qualité de l’architecture néerlandaise contemporaine. Voilà les idées pour chaque face de ma pièce. Traditionnellement le portrait de la reine doit apparaître sur le côté face tandis qu’on retrouve la valeur de la pièce sur le côté pile.

Côté face

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Si l’on regarde de près mon portrait de la reine (cliquez sur l’image pour un agrandissement) vous verrez clairement qu’il est constitué de noms d’architectes néerlandais majeurs. Quand on part de l’extérieur les noms sont clairement lisibles et ils deviennent plus petit au centre. Grâce à une loupe tous les noms sont lisibles, mais pas tous à l’œil nu. Je trouve cela fascinant qu’un vieux support comme une pièce de monnaie puisse devenir en quelque sorte un « disque compact » d’informations.

La tension entre ce qui est lisible et ce qui ne l’est pas est aussi une métaphore du temps qui façonne l’histoire. Quelques grands noms du passé peuvent devenir moins influents et réciproquement. Pour retranscrire cette idée j’ai décidé non pas de classer les architectes par ordre alphabétique ou chronologique mais d’utiliser Internet comme un sismographe et de les classer par nombre de références trouvées.

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Évidemment cet ordre évolue dans le temps et il constitue donc un repère temporel supplémentaire par rapport au nombre « 2008 » gravé. Je ne pouvais faire entrer que 109 noms d’architectes sur la pièce, ma sélection a donc été simple. Apparemment, la célébrité est exponentielle :

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Pour réaliser l’image j’ai développé ma propre police. La largeur des lignes au sein d’une même lettre est variable afin de pouvoir recréer l’image :

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Côté Pile

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De nos jours l’architecture néerlandaise est connue pour sa forte approche conceptuelle. Cela se traduit par le fait que non seulement il y a beaucoup de livres à propos des architectes néerlandais, mais aussi beaucoup d’ouvrages rédigés par des architectes néerlandais.

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Du côté pile j’ai imaginé le bord de la pièce comme une bibliothèque. Les livres s’élèvent comme des immeubles vers le centre de la pièce. Leur disposition n’est pas laissée au hasard puisqu’ils recréent les contours des Pays-Bas tandis que les silhouettes d’oiseaux rappellent la capitale de chaque province. Le dessin ci-dessous dévoile le cheminement de l’idée :

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Un des problèmes était alors de choisir le nombre de livres : beaucoup de livres fins ou seulement quelques gros livres ? Avec un gros livre on ne peut que faire un cercle. Pour réussir à découper la silhouette la plus précise des Pays-Bas il faudrait des livres d’une page, ce qui n’est pas idéal non plus. Il fallait donc trouver un juste milieu et vous pouvez voir le résultat sur les ébauches ci-dessous. A gauche vous trouverez l’approximation des Pays-Bas, au milieu la « skyline » (NdT : ligne de crête) dessinée par les livres et à droite la différence entre la « skyline » dessinée par les livres et la silhouette des Pays-Bas :

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Ensuite vient le croquis de l’idée avec les oiseaux. Chaque oiseau vole au dessus de la capitale d’une province néerlandaise. Sur la pièce finale ces oiseaux choisis aléatoirement sont remplacés par des oiseaux typiques de chaque province.

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Technique

Tout le travail a été accompli à 100% avec des logiciels libres. La plupart sont des logiciels en Python adaptés à mes besoins grâce à l’éditeur SPE (Stani’s Python Editor). Pour la puissance visuelle j’ai employé PIL et pyCairo. De temps à autre Gimp, Inkscape et Phatch se sont révélés utiles. Tout le développement et le traitement ont été fait sur des machines sous GNU/Linux qui exécutaient Ubuntu/Debian. A la fin j’ai du travailler en étroite collaboration avec les techniciens de la Royal Dutch Mint (là où les pièces sont frappées) dans leurs ateliers. Les derniers détails ont donc été réglés sur mon Asus Eee PC (je ne comprends toujours pas pourquoi Asus ne livre pas ses netbooks sous Ubuntu). Générer la pièce sur le Eee prenait un peu plus de temps (30 secondes à la place de 3 secondes pour générer la pièce entière) mais faisait très bien l’affaire. Pour chercher le nombres de références sur Internet j’ai redécouvert Yahoo qui propose une api bien meilleure pour les requêtes automatiques que ses concurrents. Évidemment, le jury ne jugeait que le design et pas les logiciels utilisés et d’autres ont employé Maya, Illustrator, etc.

And the winner is…

Je suis fier de vous annoncer que j’ai gagné le concours ! Et donc prochainement 350 000 néerlandais feront usage du fruit de logiciels libres. J’aurai aimé pouvoir mettre la pièce sous licence GPL, ce qui aurait peut-être résolu la crise financière. Mais pour des raisons évidentes je n’ai pas eu la permission de le faire. Des versions spéciales seront aussi produites pour les collectionneurs du monde entier : une édition en argent pur pour 30,95€ et une édition en or pur pour 194,95€. Elles seront certainement rapidement en rupture de stock car ce sont des vrais objets de collection. La pièce sera mise en vente dans tous les bureaux de la poste néerlandaise le même jour que la sortie d’Intrepid Ibex : le 30 octobre 2008.

Voilà quelques images de la vraie pièce :

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Une publicité pour cette pièce sera diffusée une vingtaine de fois aux heures de forte audience à la télévision néerlandaise, c’est une belle réalisation (elle sera disponible prochainement) et des encarts publicitaires ont déjà été achetés dans plusieurs journaux. Ci-dessous le lancement officiel de la pièce aujourd’hui avec de gauche à droite : moi-même, le secrétaire d’Etat aux finances De Jager, l’architecte gouvernemental en chef Liesbeth van der Pol et le Maître de l’Hôtel des Monnaies Maarten Brouwer…

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Notes

[1] Grand merci à Olivier pour la traduction.




Les femmes et le logiciel libre

Hommes - Femmes - Logiciels Propriétaires - Logiciels libres

Prenez 100 développeurs de logiciels, vous n’y trouverez que 28 femmes. Prenez maintenant 100 développeurs de logiciels libres, vous n’y trouverez alors plus que 2 femmes ! Telle serait la triste réalité d’une communauté qui aura toujours du mal à diffuser son message tant que ce déséquilibre perdurera. Pire encore, il se pourrait bien que les logiciels libres passent à côté de nombreux besoins et souhaits des femmes puisque presque exclusivement conçus par des hommes !

Du coup certains[1], comme ici Terry Hancock, proposent des pistes pour remédier à cette étrange situation. Difficile d’échapper parfois à la caricature mais cet article a au moins le mérite de faire exister le débat et de nous obliger, nous les mâles, à avoir cela présent à l’esprit lorsque nous nous engageons dans des projets libres.

Terry Hancock précise d’ailleurs dans une note : « Tout au long de cet article je fais beaucoup de généralisations sur comment se comportent les hommes et les femmes. De toute évidence les hommes et les femmes ne sont pas des groupes monolithiques et il y a beaucoup de différences que je simplifie énormément. Des différences importantes existent dans le monde réel, que ce soit pour des raisons naturelles ou sociales. En effet, en écrivant cet article, j’ai pris comme hypothèse que la plupart des problèmes ne sont qu’une manifestation des différences de style de vie. Et que c’est principalement à cause de ces problèmes de style de vie que j’ai le sentiment de pouvoir identifier une bonne partie des problèmes que les femmes rencontrent quand elles font face à la culture hacker en général et au logiciel libre en particulier. »

Une traduction Framalang de Yonnel pour une relecture attentive de… Daria 😉

L’occasion pour moi de saluer au passage quelques femmes que j’ai croisé ces dernières années au cours de mes pérégrinations dans le libre francophone : Anne (LéaLinux, Mandriva), Sophie Gautier (OpenOffice.org), Odile Benassy (OFSET, etc.), Chantal Bernard-Putz (RMLL), Michèle Drechsler (Education Nationale), Alix Cazenave (April), Perline (journaliste et auteur du Framabook sur Spip), Chloé Girard (La Poule ou l’Oeuf). Liste non exhaustive (si ce n’est ma mémoire…) à laquelle j’ajouterais bien celle qui a mené pendant près de deux ans l’un des plus beaux projets collectifs jamais envisagé à savoir Florence Devouard ex-présidente de la Wikimedia Foundation.

Copie d'écran - Free Software Magazine

Dix façons d’attirer facilement la gent féminine vers votre projet libre

Ten easy ways to attract women to your free software project

Terry Hancock – 22 septembre 2008 – Free Software Magazine – CC-By-Sa

L’inégalité entre sexes chez les développeurs et les sympathisants du logiciel libre est étonnante. Moins de 2% d’entre nous sont des femmes, selon des études commandée par la Commission Européenne. Pourquoi ? Les chiffres disent que nous les faisons fuir. Or si on trouve de bons conseils pour réussir à ne pas les faire fuir, ce qui manque c’est une stratégie de mise en pratique : je présente ici dix changements relativement simples dans la manière de diriger un projet pour le rendre plus attractif aux yeux des futurs contributeurs et plus particulièrement aux yeux des futurs contributrices.

Il y a beaucoup d’études sur le sujet, et si une meilleure compréhension du problème vous intéresse, alors il vous faut aller lire certaines des liens proposés. L’étude FLOSSPOLS est particulièrement informative, et bien qu’elle soit longue, elle est bien structurée, et comporte de bons résumés. Val Henson a écrit un excellent HOWTO sur les questions comportementales, dont je vous recommande chaudement la lecture. Beaucoup de littérature existe sur l’ampleur du problème, les facteurs qui y contribuent probablement, et même certaines idées sociales et politiques d’envergure pour y remédier.

Pour le dire très brièvement, ces études concluent qu’il n’y a pas de pénurie de femmes qui s’intéressent à l’informatique, ni de femmes capables de le faire bien, et il y a d’excellentes raisons pour que les femmes soient impliquées personnellement et pour le bénéfice de la communauté. Toutefois les méthodes de la communauté sont extrêmement centrées sur les mâles, et hostiles à quiconque ne rentre pas dans ce moule, un problème confirmé par les quelques pionnières qui sont réellement engagées. Les solutions recommandées impliquent prioritairement des changements culturels qui doivent avoir lieu pour éviter cette hostilité et rendre le milieu plus accessible

Je vais présumer que vous adhérez déjà à la nécessité d’inviter plus de femmes dans notre communauté, ou du moins que vous vous engagez pour faire disparaître ce qui les fait fuir. Mais qu’allez-vous y faire ? En tant que leader ou fondateur d’un projet libre, vous prenez beaucoup de décisions fondamentales sur la façon dont vous allez conduire votre projet. Et c’est là que je pense que le changement doit commencer : rendre un projet plus convivial. Puis un autre, et ainsi de suite.

À mon avis, la clé est le problème technologique. La société connectée est le produit de ses participants, mais aussi du paysage créé artificiellement par les logiciels que nous utilisons dans notre processus de production. Cet ensemble d’outils a été façonné presque entièrement par les hommes, et inconsciemment, pour les hommes et leurs besoins sociaux. Les besoins des femmes ont été ignorés, voire même parfois carrément tournés en ridicule. Et surprise, surprise… elles ne se montrent pas.

Il est temps d’y remédier. Voici une liste de dix décisions pas-si-difficiles à prendre lors de la conception d’un nouveau projet, ou à adopter dans un projet existant. Neuf suggestions sur dix ne concernent pas directement les femmes (la dixième oui, mais seulement trivialement). Rendre votre projet plus convivial et plus ouvert aux nouveaux contributeurs attirera des hommes autant que des femmes. Mais ce sont les femmes qui bénéficieront le plus de ces changements.

1. Utilisez des forums au lieu des listes de diffusion

« Lorqu’on les questionne sur le gros déséquilibre des sexes dans le développement des logiciels libres, de nombreuses femmes relatent des histoires de harcèlement ou autres traitements déplacés lors d’un salon du libre ou dans un newsgroup. Puisque la plupart des projets libres ne sont pas affiliés à une entreprise, une université ou autre groupe responsable, un comportement civilisé n’est pas imposé. »
Michelle Levesque/Greg Wilson

« Le seul fait de savoir qu’il y a une autre personne dans le groupe qui est prête à exprimer publiquement son désaccord avec le mouton noir sera d’une immense aide, et fera que les femmes auront plus envie de rester. »
Val Henson

Les raisons

  • Les standards de la communauté sont plus faciles à conserver
  • Les avatars créent une impression proche du face-à-face, qui encourage un comportement plus humain
  • Les badges et les rangs permettent de mieux évaluer la représentativité de tout participant
  • Les signatures et les avatars offrent une forme d’expression personnelle graphique qui est plus confortable pour les femmes
  • Les communications hors posts permettent à des méta-conversations de prendre place sans déranger le forum : vous n’avez pas à poster pour contrer un message injurieux, vous lui donnez juste une mauvaise note ou le signalez au modérateur
  • Les informations comme le statut marital ou autres préférences peuvent être communiquées dans les profils, par ceux qui le désirent, et ignorées par ceux qui n’en veulent pas, ce qui évite de donner envie d’en parler dans un fil de discussion.

Le vrai problème numéro un quand les femmes rejoignent des projets libres est que, depuis le début, elles doivent composer avec les cons. Si c’est votre boulot, vous vous accommodez des cons, parce que vous y êtes contraint. Mais vous l’imposeriez-vous, juste par plaisir ? Non. La plupart des contributeurs potentiels, surtout les nouveaux, sont là pour le plaisir.

Le HOWTO Encourage Women in Linux de Val Henson traite presque exhaustivement des problèmes de comportement et de ce qui doit être changé, mais il en dit peu sur la façon de procéder à ces changements. En tant que leader, il vous faut un moyen de fixer des règles communes dans la communauté et de les faire respecter. Bien que le côté Far West des forums aient parfois un certain charme personne n’a sérieusement besoin de tolérer des bordées d’insultes. Elles ne sont pas constructives, et il est toujours possible de faire valoir les mêmes arguments dans un vocabulaire civilisé.

Par conséquent, bannissez les cons et veillez à conserver la bonne ambiance. Les logiciels de listes de diffusion sont nuls en ce qui concerne les options de modération, alors ne les utilisez pas ! Ouvrez un forum dans votre CMS, sur votre serveur, ou utilisez un service d’hébergement de forum payant ou gratuit. Et faites alors en sorte que les conversations s’y déroulent en cet endroit pour les utilisateurs mais aussi pour les développeurs.

Les forums sont très plaisant une fois que vous vous y êtes habitué, et les femmes les apprécient pour d’autres raisons que l’impression d’avoir un havre de paix. Ils mettent aussi plus en avant la camaraderie et les comportements sociaux que les listes de diffusion, ce qui contribue à une plus grande impression de loisir constructif. Les femmes collaborent souvent à des projets pour se faire des amis, c’est donc un bon moyen d’encourager les contributions.

Il va sans dire, bien entendu, que vous devez avoir des règles de comportement sur le forum, et que vous devez les faire respecter. Donnez aux modérateurs le pouvoir de prendre en charge cet aspect (et les femmes, souvent, seront volontaires pour ce genre de travail, si vous leur demandez gentiment).

2. Utilisez des conversations à plat plutôt que des fils de discussion entremêlés : « qui », pas seulement « quoi »

« Alors qu’il est possible pour un développeur de réussir convenablement tout en étant fortement anti-social, et que la programmation a tendance à attirer ceux qui sont moins à l’aise pour l’interaction humaine, l’informatique peut-être social si vous le décidez ainsi. Pour moi, il est moins agréable ou créatif de développer seule que quand j’ai des gens autour de moi pour parler de mon programme. »
Val Henson

Les raisons :

  • Les environnements où les fils de discussion sont à plat encouragent une logique de conversation plus simple, qui ressemble plus à une discussion face-à-face
  • Il est plus facile de repérer qui est en train de parler, et non pas ce dont ils parlent, et ceci est susceptible d’être plus important pour les femmes, pour qui les relations entre individus au sein de la communauté sont en général plus importantes que la seule chasse à l’info.
  • Les discussions à plat encouragent des conversations plus courtes, plus essentielles, avec des sujets plus clairs, qui sont susceptibles d’être plus faciles à suivre pour tous les nouveaux arrivants, et pas uniquement les femmes

C’est un point beaucoup plus subtil et moins évident. Confrontés à l’observation que les femmes préfèrent souvent des fils de discussion à plat plutôt que des fils emmêlés autour d’un même sujet, certains concluent un peu vite que c’est à cause d’une expérience limitée de la technologie. Je suis pourtant convaincu que cela va plus loin.

La clé est la nature de l’information et les besoins psychologiques des participants : si vous êtes là en priorité uniquement pour recueillir des informations, avant de repartir vaquer à vos occupations, alors les discussions emmêlées vous rendent service, en mettant les infos dans des catégories. Par contre, si la raison de votre présence est principalement sociale, si vous recherchez la compagnie des gens qui pensent comme vous, pour discuter d’un sujet que vous aimez, alors les fils de discussion à plat vous rendent service en vous offrant un meilleur contexte pour la conversation.

Les femmes se sentent plus engagées à contribuer quand elles se sentent entourées par des gens qu’elles considèrent comme des amis et réciproquement. Donc ironiquement, ces comportements, qui peuvent ne pas sembler très favorables à la productivité, auront comme résultat une meilleure productivité.

De la même manière, je recommande de faire de très courts sessions IRC, avec des équipes ciblées sur des problèmes particuliers. Arrangez-vous pour que ce soient des sprints en ligne, de telle sorte que les gens ayant une vraie vie (ce qui est en fait le cas de beaucoup de femmes) puissent faire rentrer ces projets dans leur emploi du temps. Mais n’essayez pas de gérer des sessions IRC longues, qui trainent en longueur, et auxquelles il vous faudrait consacrer toute votre vie si vous voulez les suivre.

3. Autant que possible, utilisez les wikis plutôt que des logiciels de gestion de versions

On considère que pour être un bon informaticien, il faut pendant presque toutes les heures d’éveil soit utiliser un ordinateur soit apprendre à s’en servir. Bien que ce soit encore une idée reçue, les femmes sont en général moins sujettes à l’obsession sur une seule activité, et préfèrent mener une vie plus équilibrée. Les femmes croient souvent que si elles commencent l’informatique, elles perdront inexorablement cet équilibre, ce qui fait que certaines préféreront carrément éviter ce domaine.

Les raisons :

  • Les femmes aiment le travail coopératif, elles ne font pas que le tolérer
  • Le jeu de la réputation est beaucoup moins important pour les femmes que le sentiment d‘appartenance au groupe
  • Tout le monde a un navigateur, mais les femmes ont souvent moins de contrôle sur l’équipement et les logiciels qu’elles utilisent, surtout quand elles débutent
  • Même si les femmes ont le contrôle nécessaire pour installer des environnements de développement, en général elles ne veulent pas perdre autant de temps à jouer avec les outils, et veulent moins d’obstacles pour pouvoir simplement travailler
  • Les femmes veulent plus souvent discuter ou chercher l’approbation pour leurs changements, ce qui est surtout dû à des problèmes de confiance

Wikipédia a un groupe de contributeurs beaucoup plus représentatif que le logiciel libre. Une raison en est que le coût d’entrée de la participation n’est pas très élevé. Vous voyez quelque chose de faux dans un article, alors vous cliquez sur modifier et vous réparez l’erreur. Il n’y a pas de grosse barrière, vous ne devez donc pas être extrêmement motivé pour la passer.

Il est dommage qu’il n’y ait pas encore de bon outil pour implémenter la gestion de versions du code source via un environnement de style wiki (comment faire pour tester les changements ?), mais c’est absolument possible pour tout le reste du projet : la documentation, les ressources textuelles et graphiques, etc.

4. Utilisez des langages de très haut niveau (Perl, Python, Ruby, etc.)

« Un autre point important est que le développement de logiciels libres est souvent un hobby, juste pour le plaisir, pris sur le temps libre. Où est le temps libre pour une femme ? Après leur journée de travail, la plupart ont encore la seconde journée de travail, chez elles, pour prendre soin de la maison, des enfants et du mari. Si les hommes peuvent avoir le privilège de faire du logiciel libre pour leur loisir, assis devant leur ordinateur à s’amuser à coder ce qui leur plait, en général les femmes n’ont pas ce privilège. »
Fernanda Weiden

« Avoir des enfants fait une différence, une vraie différence. »
Mitchell Baker

« J’ai donc entrepris la conception d’un langage qui rendrait les programmeurs plus productifs, et si cela impliquait que les programmes seraient un peu plus lents, eh bien, c’était un contrecoup acceptable. De par mon travail sur l’implémentation du langage ABC, j’ai eu beaucoup de bonnes idées sur la façon de faire. »
Guido van Rossum (à propos de ce qui l’a motivé à créer le langage de progammation Python)

Les raisons

  • Les femmes ont moins de temps pour s’adapter à une technologie
  • Leur temps est plus morcelé, il doit tenir compte de responsabilités comme de soutenir ou de prendre soin d’une famille
  • Les interruptions imprévues et l’incertitude qui en résulte quant aux moments disponibles pour la programmation est un problème encore plus important : vous ne savez jamais si vous allez pouvoir assembler de nouveau ce que vous venez juste de désassembler
  • Si elles n’ont pas confiance et ont commencé la programmation tardivement, beaucoup de femmes d’aujourd’hui n’auront simplement pas la croyance qu’elle peuvent venir à bout d’un problème complexe dans un langage qui ne rend pas les choses faciles
  • Les langages modernes de très haut niveau (VHL Very High Level) comme Python, Perl et Ruby peuvent souvent condenser le travail de fourmi des programmeurs, et permettent de mieux utiliser le temps disponible
  • Un langage qui met l’accent sur la lisibilité, comme Python, peut faciliter la récupération après une interruption, par conséquent moins de temps est perdu

Ce fut une révélation personnelle. Pendant des années au lycée et à la fac, j’ai programmé en BASIC, puis en FORTRAN, et ensuite en C et C++. Je trouvais cela plutôt pas mal convenable, et comme la plupart des hackers, je passais de longues heures nocturnes à programmer.

C’est alors que, quelque temps après la fac, nous avons eu notre premier enfant. Après, je me suis rendu compte que je ne pouvais plus programmer. Sérieusement. il y avait juste trop d’interruptions. Dès que je revenais dans la course avec le logiciel sur lequel je travaillais et que j’étais assez loin pour entamer l’étape logique suivante, j’étais de nouveau interrompu, et le programme retournait en veilleuse. Plus tard, je me retrouvais à devoir résoudre le puzzle de ce que j’avais écrit le jour, la semaine, voire les mois précédents.

Quand j’ai fini par me remettre à la programmation, c’était pour faire du logiciel libre, et quelqu’un sur mon premier projet m’a recommandé d’essayer Python. C’était incroyable. Je pouvais enfin y arriver comme avant. C’est à la fois parce que le code de Python est plus compact et qu’il est plus lisible.

Maintenant les enfants ont l’âge d’aller à l’école, et j’ai plus de temps, Mais je suis désormais trop accro à la productivité de Python pour en changer !

5. Suivez les idées de l’extreme programming

« Comme toute discipline, l’informatique est plus facile à apprendre quand vous avez des amis et des mentors à qui vous pouvez poser des questions et avec qui vous pouvez former une communauté. Pourtant, pour diverses raisons, les hommes ont habituellement tendance à être le mentor et l’ami d’autres hommes. Quand le déséquilibre entre sexes est aussi grand qu’il l’est dans l’informatique, les femmes trouvent peu ou pas d’autres femmes avec qui échanger. »
Val Henson

Les raisons :

  • Le développement par les tests transforme une gratification très tardive en de nombreuses petites satisfaction, les femmes qui manquent souvent de confiance en leurs capacités techniques ont parfois besoin de voir pour prendre confiance
  • La programmation en binômes est une méthode de travail très féminine, avec ces équipes rapprochées qui scrutent le code ensemble. Deux paires d’yeux trouvent plus de bugs, et il n’y a pas de meilleur moment pour trouver un bug que juste après (ou même avant) le moment où l’erreur est commise
  • La disparition du monde masculin centré sur le pouvoir, avec des équipes de développeurs hiérarchisées, est une vraie victoire pour les femmes, qui préfèrent les structures plus horizontales, entre pairs.

Une magnifique tendance, largement motivée par le développement des logiciels libres, est celle appelée Extreme Programming ou XP (NdT : voir Wikipédia). À mon avis, c’est en fait une méthode de travail très féminine, et en tout cas, elle s’oppose directement à certains des obstacles auxquelles les femmes sont confrontées. Il y a plein d’autres raisons d’utiliser les méthodes XP, mais le fait d’attirer les développeuses en est une de poids.

Un sujet qui pourrait poser problème est que les femmes pourraient avoir du mal à trouver des partenaires pour des sessions de programmation en binôme. Il pourrait être alors pertinent d’essayer de faire l’expérience avec des petits (tout petits) chats IRC et certains moyens de voir le code en même temps qu’on le modifie.

6. Remplacez les classements hiérarchiques par des processus valorisants

« Il est intéressant de constater que des réponses grossières sont souvent données par des gens qui sont en train de se faire une réputation. Souvent, c’est comme si les participants moins bien notés essaient de se construire une réputation soit en répondant grossièrement et ainsi montrer leur impatience vis-à-vis des ignorants, soit en se pavanant avec toute l’étendue de leurs connaissances, au lieu de fournir une réponse simple. »
FLOSSPOLS

« Souvent, la seule récompense (ou la plus grande récompense) quand on écrit du code est le statut et l’approbation des pairs. Beaucoup plus souvent, la récompense est une flamme cinglante (NdT : voir Wikipédia), ou encore pire, pas du tout de réaction. »
Val Henson

Les raisons :

  • Le culte de la personnalité ne tourne qu’autour de la gloire et de l’honneur, choses souvent très importantes pour les hommes, mais qui sont habituellement d’un intérêt secondaire pour les femmes
  • Les femmes trouvent généralement ennuyants les concours de supériorité macho, et voyons les choses en face, ils sont idiots
  • Les femmes n’aiment pas se la raconter, mais elles adorent être valorisées et participeront davantage si c’est le cas
  • La réputation (subjective) est souvent carrément fausse et très, très biaisée. Des mesures (objectives) sont souvent nécessaires pour voir ce qu’il en est vraiment, surtout quand les participants ne sont pas pareillement francs
  • Les rituels d’acceptation explicite encouragent un sentiment d’appartenance qui est plus important pour les femmes que pour les hommes, et plus important qu’un désir de compétition pour mener la meute
  • Cela donne confiance et encourage à contribuer quand on a un retour tangible et une reconnaissance pour ce que l’on fait

Il est important de se rendre compte que les messages injurieux sur les forums et autres concours de domination masculine servent bien une fonction sociale. C’est une façon très primitive d’évaluer l’importance et la valeur des individus dans le groupe. Le fait de savoir qui est le chef est quelque chose qui rend la coopération plus aisée (surtout pour les hommes). Les hommes, par instinct ou depuis l’enfance, savent comment jouer à ce jeu, et ils le font inconsciemment.

Les méthodes des femmes pour atteindre les mêmes buts sont très différentes. Ils tournent autour de niveaux de coopération plus élevés, de moins de compétition, et d’une attention beaucoup plus pointue à l’affirmation de soi et des autres dans le groupe. Les femmes sont beaucoup plus sensibles à l’appartenance qu’à la victoire. Elles accordent beaucoup moins d’importance à la gloire qu’au fait d’être reconnues et appréciées.

Concentrez-vous donc sur un renforcement positif des bons comportements et des bonnes contributions. Quand quelqu’un fait quelque chose d’utile pour le projet, donnez-lui en crédit. Donnez-lui alors plus de responsabilités. Et, sur le forum, donnez-lui quelque symbole (un label ou un avatar) en reconnaissance de ce qu’ils ont fait. De cette façon, il n’y a pas de nécessité d’en faire des tonnes. Tous pourront voir en un instant qui est à l’origine de contributions réelles.

Les femmes, à cause de la timidité, du manque de confiance, ou des pressions sociales contre le fait de se mettre en avant, ne s’attribueront généralement pas seules ces titres. Ils doivent leur être donnés par les autres. Être "valorisées" ou "utiles" constitue la motivation première de leur contribution.

Bien trop souvent, cela n’arrive tout simplement pas dans le fonctionnement des logiciels libres. Les contributeurs passent des centaines d’heures à écrire et/ou à améliorer du code, et qu’est-ce qu’ils ont en retour de leur sueur ? Souvent, pas grand-chose.

Passez un peu de temps à roder sur un forum ou une liste de diffusion dominés par les femmes si vous voulez voir de quoi je parle. Les femmes font vraiment cette chose incroyable de s’encourager et se complimenter les unes les autres. Surtout, elles n’oublient pas de dire merci quand quelqu’un fait quelque chose de bien pour leur communauté.

7. Accordez de l’importance à ce que les femmes font

« Le fait d’ouvrir notre définition du hacking pour y inclure de tels concepts traditionnellement féminins comme l’interface utilisateur et la psychologie, les communications écrites et verbales, l’interaction entre groupes, etc., peut être une alternative valide à l’obligation faite aux femmes de rentrer dans le moule existant du hacker. De surcroît, cela peut avoir pour résultat des communautés et des processus qui soient plus performants que nos modèles actuels. »
Kirrily Skud Robert

Les raisons :

  • Les bons logiciels sont beaucoup plus que juste du code
  • La documentation n’est pas plus facile à écrire que le code (à moins de le faire très mal)
  • Le marketing, le visuel, les logos, les icônes, ou tout simplement le fait d’aider les gens est aussi important
  • Dans un environnement sûr et qui leur permet de s’affirmer, les femmes feront une bonne partie de ce que les hommes ne veulent pas faire sur un projet, et qui est absolument essentiel pour le succès du projet
  • Les distinctions artificielles comme celle du Turing-complet (NdT : voir Wikipédia) sont une division du monde idiote : le HTML, SVG, XML et SQL ne sont pas plus faciles à écrire que du C, Java ou Python, et avec exactement la même importance pour beaucoup de projets
  • La sous-évaluation systématique du travail des femmes est un reliquat de politiques archaïques et sexistes, c’est juste une façon de les perpétuer

Il y a une constante (dans l’ensemble de la société, pas seulement en informatique) tentative de dévaluation de tout ce qui est fait par des femmes qui serait moins important ou moins difficile que quoi que ce soit qui ait été fait par des hommes. C’est peut-être parce que les hommes ressentent un besoin d’être important et que les femmes ressentent surtout qu’elles ont besoin d’être utiles.

Mais la réalité est que les tâches traditionnellement assurées par les femmes sont souvent tout autant difficiles et tout autant cruciales pour la réussite du projet que n’importe laquelle des tâches traditionnellement assurées par les hommes.

Assez souvent, la documentation, les pages web et autres produits non-langage de programmation sont des domaines auxquels les femmes participent aisément (ce sont en effet des domaines que le logiciel libre, milieu dominé par les hommes, a fortement tendance à ignorer). Valorisez-le pour ce qu’il est, et ne faites pas de distinctions artificielles. Une contribution est une contribution. Et ceux qui aujourd’hui écrivent de la documentation pourraient écrire du code demain, si vous ne les faites pas fuir dans l’intervalle.

8. Mettez l’accent sur le processus communautaire plutôt que sur les produits finis

« Les ordinateurs sont encore perçus comme des jouets de garçons, même avant d’aller à l’université de nombreux garçons sont en effet prêts à travailler avec la technologie et à développer des carrières dans des domaines techniques. Les femmes quant à elles ont souvent besoin de consacrer plus de temps à l’étude et à l’amélioration de leurs compétences. Dans la communauté du libre, il est plus important d’échanger le savoir, par le code, la documentation, le débat et les idées. C’est comme une bibliothèque, une énorme encyclopédie disponible en direct. C’est très important pour les femmes et peut être très utile à leur développement. »
Sulamita Garcia

Les raisons :

  • La fabrication d’un logiciel en tant que produit est artificielle et à l’opposé de la nature du logiciel libre
  • Les domaines du service et du support sont les centres de profit du logiciel libre, ils méritent donc plus de respect

Le modèle du logiciel comme un produit défini à manufacturer avant une certaine date de sortie et à vendre est un modèle hautement artificiel, créé avant tout pour rendre viables les entreprises qui développent du logiciel propriétaire. La réalité est que le processus de création d’un logiciel est beaucoup plus original et créatif.

Ce devrait être un choix évident. Dans le monde des logiciels propriétaires, on crée un logiciel pour le profit (on vend des copies du code), alors que le service et le support se font à perte (parce que typiquement vous avez inclus une sorte de support dans le prix de vente des copies que vous avez vendues, et vous ne le rattraperez pas régulièrement). Dans le monde des logiciels libres, les choses sont habituellement exactement à l’opposé : vous ne gagnez rien en livrant le code, parce que les gens peuvent l’avoir gratuitement et le copier autant qu’ils le souhaitent, mais vous pouvez gagner de l’argent en vendant du service et des contrats de support divers et variés.

Les femmes, bien sûr, ont tendance à graviter beaucoup plus autour des rôles de support que les hommes. Et pourtant elles reçoivent très peu de reconnaissance en retour. N’y a-t-il pas quelque chose de bizarre ? Oui, c’est ça, les femmes assurent les gros sous. Alors pourquoi est-ce que ce fait est si peu mis en avant ?

9. Créez un système formel de parrainage et des processus d’initiation

« LinuxChix était à l’origine un espace de rencontre et de support pour les femmes qui travaillaient dans l’informatique. En général lorsque ces femmes nous rejoignaient elles étaient heureuses et agréablement surprises qu’il y ait un groupe de femmes qui discutaient de technologie, se rendant ainsi compte qu’elles n’étaient pas seules. »
Sulamita Garcia

Les raisons :

  • Les femmes ont moins d’opportunités d’apprentissage
  • L’apprentissage informel avec les hommes peut être gênant (est-elle votre apprentie ou votre petite amie ?)
  • Les femmes ont peut-être manqué des opportunités d’apprendre précocement à cause du sexisme rencontré très tôt dans leur vie

Au bout du compte, apprendre à programmer a tendance à être un processus d’apprentissage. Vous pouvez pas mal apprendre dans des cours formels ou par la lecture. Vous pouvez même apprendre en passant un temps fou à vous cogner la tête contre les murs en essayant de faire fonctionner quelque chose tout seul. Mais la meilleure manière est de pouvoir demander de l’aide, même au début où vous avez besoin de poser les questions très, très bêtes.

10. Rendez visibles les femmes actuellement présentes dans votre projet

« J’encourage toutes les femmes dans l’informatique à être aussi visibles que possible – acceptez toutes les interviews, soyez valorisées publiquement – même quand vous n’en avez pas envie. Cela peut vous embarrasser, mais en vous autorisant à être promue ou rendue publique, vous pourriez changer quelque part la vie d’une petite fille en devenir. »
Val Henson

Les raisons :

  • Il y a des pionnières[2] dans le logiciel libre qui peuvent agir comme des modèles pour les jeunes femmes qui cherchent une carrière ou une vocation, mais elles sont perdues dans la masse de tous les hommes dans ce domaine
  • Les modèles peuvent incarner de très bonnes motivations pour tous, mais surtout pour les plus jeunes qui peuvent ne pas être totalement certaine de pouvoir vraiment suivre le chemin d’une telle vocation
  • Souvent, nous agissons comme si les forums du libre étaient à 100% réservés aux hommes, alors que la réalité se situe plutôt à 90%-95%. Rendre la minorité de femmes visible permet tout autant aux hommes qu’aux femmes de s’ajuster à la réalité de la situation et laisse de la place pour que les minorités s’épanouissent
  • Beaucoup de femmes regardent plus qu’elles ne participent aux forums, pour beaucoup des raisons décrites ci-dessus. Voir les femmes acceptées par la communauté encouragera toujours plus d’entre elles à participer

Alors que le chemin de pionnière est difficile, la présence des femmes en encouragera d’autres à les rejoindre. Cela fera également comprendre aux hommes de votre projet qu’ils sont en galante compagnie et qu’ils ne peuvent plus se permettre certains comportements.

Bien entendu, il faut que les pionnières qui travaillent sur des projets de logiciels libres acceptent d’être un peu plus mise sous la lumière. Vous ne devriez certainement pas leur imposer la reconnaissance, mais vous devriez leur demander si elles veulent bien se lever et affirmer plus encore leur présence.

C’est la diversité qui fait la force

« Les gens écrivent des logiciels pour combler leurs besoins, pour que les logiciels fassent ce qu’ils veulent qu’ils fassent. Si les femmes ne participent pas dans l’écriture du code et l’écriture de la documentation, elles n’auront jamais les résultats et la réponse à leurs besoins. C’est ainsi. Celles qui ne font que regarder n’ont aucune influence sur le développement, et la conséquence est de ne pas avoir de logiciel qui réalise précisément ce que vous voulez qu’il fasse. »
Fernanda Weiden

J’espère avoir convaincu que les bénéfices d’avoir de plus en plus de participantes dans le logiciel libre sont évidents. Nous écrivons des logiciels pour répondre aux besoins des gens, mais nous ne pouvons voir clairement que nos propres besoins. Une plus grande diversité de ceux impliqués signifie plus de perspectives sur tous les problèmes, une meilleure compréhension des problèmes qui doivent être résolus, et de meilleures solutions à ces problèmes.

Beaucoup des contributions stéréotypiquement féminines : le design de l’interface, la documentation, et même le marketing sont des domaines dans lesquels le logiciel libre est tristement déficient. Il devrait être assez évident que si c’est ainsi que les femmes souhaitent contribuer, nous devrions foutrement leur rendre la vie facile.

Il y a beaucoup à gagner en amenant les femmes dans le logiciel libre, et la meilleure façon pour vous d’aider à ce que ça soit possible est de commencer par votre projet et les projets auxquels vous contribuez.

Notes

[1] Quelques ressources francophones sur le sujet glanées sur le net : Femmes et logiciels libres : un enjeu de société de Laurence Rassel, Hacker ou macho alternatif ? de Lize De Clercq, Les femmes et les logiciels libres : Situation, Analyse, Propositions d’Aurelie Chaumat et Les Femmes dans le Logiciel Libre de Anne Østergaard.

[2] Parmi les pionnières citons par exemple Ada Lovelace, Grace Hopper, Frances Allen, Rosalind Picard, Mitchell Baker et Mary Lou Jepsen.




Randy Pausch et nos rêves d’enfance…

De Randy Pausch Wikipédia nous dit :

Randy Pausch (né le 23 octobre 1960, mort le 25 juillet 2008) est un professeur d’informatique américain, spécialiste de l’interface homme-machine et des mondes virtuels qui a enseigné à la Carnegie Mellon University de Pittsburgh, en Pennsylvanie. Également auteur de plusieurs livres, il s’est fait mondialement connaître pour sa « dernière conférence » (the last lecture) donnée le 18 septembre 2007 à Carnegie Mellon.

En août 2006, Randy Pausch apprend qu’il est atteint d’un cancer du pancréas. Malgré des traitements particulièrement agressifs dont une chimiothérapie expérimentale, le stade terminal de la maladie est diagnostiqué en août 2007. Il entame alors des soins palliatifs destinés à le maintenir en vie le plus longtemps possible. Un mois plus tard, il se présente devant 400 étudiants et collègues dans un amphithéâtre de Carnegie Mellon pour donner une conférence intitulée « Vraiment réaliser vos rêves d’enfance ».

L’intervention de Randy Pausch s’inscrit dans le cadre d’un cycle qui invite des universitaires de haut niveau à venir partager leur savoir, leur expérience et leur sagesse comme si c’était la dernière fois qu’ils avaient l’occasion de le faire…

J’ai découvert Randy Pausch… aujourd’hui, suite à un billet (le 1700ème) de mon ami Thierry Stoehr qui, comme à son habitude, agrémente son propos avec de nombreux liens et références. Il suggère au passage de trouver des traducteurs pour sous-titrer en français cette exceptionnelle « dernière conférence ».

Il se trouve qu’un tel travail a déjà été fait (merci à Thomas Roux). Ce témoignage est effectivement d’une grande force et je tenais à mon tour à vous le faire partager.

Cliquer sur le petit rectangle noir pour avoir les sous-titres.




Framakey LaTeX Edition

Framakey LaTeX Edition

Le réseau Framasoft met les bouchées doubles en ce moment pour vous accompagner dans votre découverte et utilisation de LaTeX.

Après la sortie du Framabook n°5 « Tout ce que vous avez toujours voulu savoir sur LaTeX sans jamais oser le demander », c’est au tour de la Framakey de proposer un pack dédié à la Rolls de l’édition de documents.

Nous pensons que c’est d’autant plus pertinent que l’installation de LaTeX a longtemps été un frein à son déploiement sous Windows. En effet, quand bien même de gros progrès ont été réalisés ces derniers temps, LaTeX ne s’installe comme un vulgaire exécutable qu’il suffirait de cliquer, puis suivant, suivant, suivant et tout est en place dans le bon répertoire accompagné de son icône sur le bureau et dans le menu.

Cela vient du fait que LaTeX est un tout composé de plusieurs parties qui ont chacune une fonction particulière dans le processus d’édition. Ce qui d’ailleurs aide à mieux comprendre ce processus d’édition… Mais je ne m’étalerai pas sur le sujet et je vous renvoie au livre de Vincent Lozano pour de plus amples explications 😉

Toujours est-il qu’avec la Framakey LaTeX Edition (à prononcer avec l’accent américain des bande-annonces d’un blockbuster hollywoodien), on vous épargne cette étape[1] mais surtout on vous permet de faire du LaTeX en nomade. Elle n’est pas belle la vie !

Vous trouverez la liste de ce tout ce que contient cette Framakey sur sa page de présentation. Je dis tout parce qu’on ne s’est pas contenté de juste y coller LaTeX mais qu’on y a adjoint un bon paquet d’autres logiciels portables connexes qui pourront vous être utile (Gimp, Scribus, Inkscape, Filezilla, 7-zip…). Ainsi bien sûr que la version numérique de notre framabook tant qu’à faire.

Et avant de nous quitter, je vous suggère de repasser par ici une fois que vous aurez maitrisé LaTeX parce qu’il se produit alors souvent un phénomène plus qu’étrange que les spécialistes ne s’expliquent toujours pas : LaTeX, c’est tellement bô que ça donne envie d’écrire mais quand on n’a rien de spécial à écrire ! Or nous, nous avons plein de choses à écrire ensemble comme par exemple un nouveau framabook sur le thème de votre choix 😉

Remerciements à Pierre-Yves Gosset the master chief executor du projet Framakey, à nos artistes Harrypopof et Odysseus, ainsi qu’à Nicolas Poulain, créateur de USBTeX sans qui ce travail n’aurait pu voir le jour.

Notes

[1] Un forum est à votre disposition pour la détection de bugs.




Quand le Becta aide Microsoft à devenir un meilleur élève

Riot Jane - CC byQuand on se donne les moyens d’avoir une politique publique sérieuse, cohérente et indépendante en matière de technologies de l’information et de la communication pour l’éducation (TICE) alors on obtient des résultats.

La preuve par l’exemple en Angleterre avec le très crédible interlocuteur Becta (organe principal de conseil et stratégie TICE du gouvernement britannique) qui vient d’obtenir quelques avancées significatives de la part de Microsoft en particulier du côté de l’interopérabilité et des licences spécifiques à l’éducation.

Ces problèmes d’interopérabilité et de licences des logiciels Microsoft sont une évidence en milieu scolaire. Encore fallait-il le dire. Ce qui fut fait et bien fait l’année dernière par le Becta d’abord en déposant plainte auprès de conseil de la concurrence locale et ensuite en publiant son fameux rapport Microsoft Vista and Office 2007, actions qui ont justement poussé Microsoft à venir s’assoir aujourd’hui autour de la table.

Précisons que ce fameux rapport a été récemment traduit par nos soins mais le moins que l’on puisse dire c’est qu’il n’a pas eu l’écho qu’il méritait chez nous. D’abord parce que Framasoft n’a clairement pas les épaules assez larges pour monter seul au créneau. Mais ensuite parce qu’en l’absence d’un Becta, ce n’est malheureusement pas l’école qui pousse Microsoft à s’adapter à ses besoins mais bien Microsoft qui continue à contraindre l’école française à s’adapter à ses produits et ses logiques économiques.

Précisons également que nous n’en sommes qu’au stade des déclarations d’intention et qu’en attendant les changements effectivement promis par Microsoft, le Becta préconise d’en rester aux édifiantes conclusions de son rapport, à savoir tout simplement de ne pas passer à Windows Vista et Microsoft Office 2007 en l’état actuel des choses.

Précisons enfin qu’il sera être d’autant plus facile de ne pas passer à MS Office 2007 que la suite bureautique libre OpenOffice.org est sur le point de sortir sa fort attendue version 3.

Vous trouverez ci-dessous une traduction du communiqué que le Becta a mis en ligne pour l’occasion[1].

Becta se réjouit de l’avancée importante des discussions avec Microsoft

Becta welcomes substantial progress in discussions with Microsoft

Communiqué du Becta – 16 septembre 2008 – becta.org
(Traduction Framalang : Yostral et Don Rico)

Becta s’est aujourd’hui réjoui de l’avancée importante des discussions avec Microsoft au sujet de la plainte de Becta auprès de Office of Fair Trading (OFT) (NdT : équivalent du Conseil de la concurrence) concernant l’interopérabilité et les accords d’exploitation de ses licences en milieu scolaire.

Becta travaille de concert avec Microsoft pour trouver des solutions aux différents problèmes concernant l’interopérabilité au sein de son produit Office 2007. Becta estime qu’une interopérabilité efficace est une composante importante de l’infrastructure technologique nécessaire à l’amélioration de l’éducation, qu’elle facilite les liens entre l’école et la maison, et répond au problème de la fracture numérique.

Microsoft a annoncé récemment son intention de fournir un support natif au format OpenDocument (ODF) dans Office 2007. Écoles et universités seront ainsi plus libres d’utiliser une gamme élargie de logiciels. Becta travaillera en collaboration avec Microsoft afin d’évaluer les améliorations apportées, et, en tant qu’acteur de ces recherches, fournira au secteur de l’éducation des conseils toujours d’actualité quant à leur développement.

Microsoft revoit également ses accords d’exploitation scolaire à la lumière de la nouvelle Stratégie d’Exploitation Technologique que Becta a publié récemment. Microsoft introduira un nouveau programme de licence pour les écoles, initialement comme pilote pour tous les établissements scolaires, dans à peu près six mois, parallèlement aux accords d’exploitation actuels. Becta continuera sa collaboration avec Microsoft pour garantir les bénéfices du nouveau programme et assurer sa mise en application effective.

Becta estime que l’engagement clair de Microsoft pour une réelle interopérabilité et l’introduction d’un programme pilote de licence est une excellente nouvelle pour les établissements scolaires.

Michel Van der Bel, vice président du département Secteur Public International de Microsoft, a déclaré :

« Nous comprenons que le problème de l’interopérabilité était un des facteurs clés à la base de la plainte déposée par Becta en octobre 2007 auprès de l’OFT. Il me tarde de poursuivre notre collaboration avec Becta pour garantir qu’avec la mise en place du support natif d’ODF dans Microsoft Office 2007 nous répondons aux exigences du secteur de l’éducation.

Nous revoyons nos accords d’exploitation scolaire à la lumière des développements dans la politique de l’éducation et des problèmes qu’a soulevé Becta. Nous présenterons de nouveaux accords d’exploitation conçus pour apporter la flexibilité exigée par la nouvelle Stratégie d’Exploitation Technologique. »

Stephen Crowne, Directeur Général de Becta, a commenté :

« Je salue l’annonce récente de Microsoft concernant le support natif de l’ODF dans Office 2007, et me réjouis des échanges très positifs que nous avons eu avec eux au sujet de leur engagement quant à sa mise en œuvre effective. Écoles et universités seront ainsi plus libres d’utiliser une gamme élargie de logiciels. Nous continuerons à travailler de concert avec Microsoft et le reste de l’industrie afin de maximiser les bénéfices de l’ICT (NdT : TIC) pour nos institutions scolaires.

Je me réjouis également de l’intention qu’a Microsoft d’introduire de nouveaux accords d’exploitation conçus pour donner plus de choix et de flexibilité aux établissements scolaires afin de répondre aux besoins de leurs élèves.

Ce sont des avancées très positives, qui répondent à nos préoccupations concernant les accords actuels.

La politique que Microsoft est en train d’adopter va dans le sens des grands objectifs que nous nous sommes fixés au travers de la nouvelle Stratégie d’Exploitation Technologique. »

La nouvelle direction prise par Microsoft concernant les licences : pourquoi est-ce important ?

Le Royaume-Uni va introduire un nouveau système de licences mis en place par Microsoft, qui abroge l’obligation pour les établissements scolaires ayant signé des accords de souscription de payer Microsoft afin d’acquérir des licences pour des systèmes utilisant des technologies concurrentes. Pour la première fois, les établissements ayant souscrit des accords de souscription de licence Microsoft pourront donc décider pour quelle part de leur parc informatique ils veulent acquérir des licences.

Quels bénéfices les établissements vont-ils en tirer ?

Les écoles ayant choisi le programme de licences pilote pourront décider de ne plus payer de frais de licences Microsoft pour leurs Macs ou leurs ordinateurs sous Linux sur lesquels ne tourne aucun logiciel Microsoft. Les ordinateurs fonctionnant avec des produits Open Source, tel que OpenOffice.org, ne seront également plus soumis aux frais de licences Microsoft. Point important, ces écoles pourront aussi refuser de payer une licence pour des produits tels que Vista sur des machines incapables de les faire fonctionner. Les établissements auront également désormais la possibilité d’acquérir des licences en fonction du nombre d’utilisateurs plutôt que sur le nombre de PC, ou bien une combinaison des deux.

Pourquoi un programme pilote ?

Le but de ce programme pilote est de mettre en place des dispositions qui donneront davantage de choix et de souplesse aux établissements scolaires pour répondre aux besoins de leurs étudiants. Le programme pilote donnera à Becta la possibilité de voir dans quelle mesure ces nouvelles dispositions apportent des solutions concrètes aux préoccupations que nous avons préalablement identifiées.

Quelles sont les répercussions pour les établissements, et que doivent-ils faire à présent ?

Dans l’immédiat, en attendant les modifications des accords d’exploitation de licences de Microsoft et la sortie de la nouvelle version d’Office 2007, nous conseillons aux établissements scolaires de s’assurer qu’ils possèdent les licences requises et renouvèlent leurs accords lorsque nécessaire. Ils devraient ensuite attendre les recommandations détaillées que leur fournira Becta lorsque le programme pilote de convention de Microsoft sera mis en place et que la sortie du Service Pack 2 d’Office 2007 sera imminente. Ces recommandations devraient être disponibles à la fin 2008.

Suite à ces changements d’accords de licence, les établissements paieront-ils moins cher leurs logiciels ?

Si Becta a pointé du doigt des problèmes liés aux licences, ce n’était pas dans le but d’obtenir une réduction des coûts, mais pour que les établissements ayant signé un accord de souscription puissent choisir pour quelle part de leur parc informatique ils souhaitent acquérir des licences. Cette démarche gagnant en souplesse grâce au programme pilote, les établissements devraient pouvoir optimiser le rapport entre services obtenus et budget investi. Les remises sur les achats en gros que Microsoft applique aux produits destinés au marché des établissements du Royaume-Uni sont régies par un Memorandum of Understanding (MoU) (NdT : Protocole d’accord) que Becta négocie à part.

Comment les établissements ayant signé des accords de souscription peuvent-ils réduire leurs frais ?

L’accord de souscription de Microsoft en vigueur à l’heure actuelle (Convention pour l’Education) n’est ni plus ni moins qu’une convention « tout ou rien », aussi les établissements se retrouvent-ils souvent à payer des produits Microsoft dont ils n’ont pas l’utilité. Grâce à la nouvelle convention, les établissements seront libres de choisir les systèmes sur lesquels tourneront des produits Microsoft, les produits pour lesquels ils souhaiteront acquérir une licence, et pourront ainsi éventuellement réduire leurs coûts.

Pourquoi « éventuellement » réduire leurs coûts – en toute logique, si j’achète moins, cela me coûte moins ?

Pas forcément. Dans sa convention pilote, Microsoft stipule que les tarifs pour une acquisition de licences à l’unité destinées à une partie du parc informatique d’un établissement seraient plus élevés d’environ 10% que ceux appliqués en cas d’acquisition de licences pour la totalité du parc. Si vous parvenez à moduler vos besoins en licences Microsoft de façon à les réduire de plus de 10%, vous économiserez de l’argent. Au-delà de ce pourcentage, plus vous les réduirez, plus vous économiserez chaque année.

Cette nouvelle licence de souscription « flexible » est-elle approuvée par Becta ?

Non. Becta n’approuve aucun produit vendu sous licence logicielle par un fournisseur. De notre point de vue cependant, ces nouveaux accords constituent une avancée positive en comparaison des modalités d’acquisition de licences ayant motivé la plainte que nous avons déposée en octobre 2007 auprès de l’Office of Fair Trading (OFT). L’OFT, en tant qu’autorité chargée de la réglementation de la concurrence, a été averti des modifications proposées, et livrera ses propres conclusions concernant ces questions. Pour l’heure, l’OFT n’a pris aucune décision concernant la plainte déposée par Becta.

Becta fournit-elle assistance et conseil aux établissements ne souhaitant pas utiliser de logiciels Microsoft ou refusant de « faire un mix des deux » ?

Oui, Becta indique la marche à suivre aux établissements, qui peuvent obtenir une large gamme de logiciels grâce à notre Software Licensing Framework (NdT. : Accord-cadre pour les licences logicielles). Un nouvel accord-cadre prévu spécialement pour l’éducation, établi en collaboration avec OGCbuying.solutions, remplacera notre accord-cadre actuel en octobre 2008. Nous fournissons aussi des conseils basés sur des recherches publiées au sujet des logiciels Open Source à l’école. Il est prévu que nous développions ce rôle de conseil, dans le cadre de notre participation au Schools Open Source Project (NdT : Projet pour les logiciels Open Source à l’école), qui vise à soutenir la communauté d’établissements utilisant ou envisageant d’utiliser des logiciels Open Source.

Au regard de ces changements, Becta déconseille-t-elle toujours aux établissements de passer à Vista et Office 2007 ?

Dans un rapport publié en janvier 2008, nous déconseillions le passage à Vista et Office 2007. Une des raison majeures à cela était l’absence de support natif du format de fichiers ODF dans Office 2007. Lorsque que le support natif de l’ODF sera disponible dans la suite bureautique de Microsoft, nous mettrons à jour nos recommandations concernant l’interopérabilité. En attendant, nos recommandations à ce sujet demeurent inchangées.

Avez-vous retiré votre plainte déposée auprès de l’OFT concernant les termes et les conditions d’acquisition de licences de la Convention pour l’éducation ?

Ces nouveaux accords sont à nos yeux une avancée très positive, et nous en avons fait part à l’OFT. Nous n’avons néanmoins pas retiré notre plainte. Nous estimons que sur le long terme, les intérêts des établissements scolaires et du marché des technologies de l’information et de la communication au sens large seront mieux servis par une régulation de l’OFT concernant les problèmes de licences importants que nous lui avons soumis. L’OFT nous a confirmé que l’étude de la plainte déposée par Becta en octobre 2007 était toujours en cours.

Qu’en est-il du traitement de la plainte par la Commission européenne ?

Suite à la plainte déposée par Becta auprès de l’OFT au sujet de l’interopérabilité, la Commission européenne (CE) a annoncé son intention de se pencher davantage sue les problèmes d’interopérabilité des produits Microsoft. Pour l’heure, l’OFT a reporté son examen des éléments de notre plainte relatifs à l’interopérabilité, et Becta a fourni ses éléments à charge à la CE, afin que celle-ci intègre au dosseir les problèmes d’interopérabilité que nous avons dénoncé. Nous avons informé la CE des récentes annonces de Microsoft concernant leur intention de remédier à ces problèmes d’interopérabilité avec les documents ODF dans MS Office 2007, mais c’est à la CE de décider de la marche à suivre.

Dans quelle mesure cette annonce affecte la Convention d’accord signée avec Microsoft en avril et qui doit courir jusqu’en décembre 2010 ?

Le Protocole d’accord concerne les remises sur les prix en gros pour les établissements scolaires et ne sera soumis à aucune modification.

La nouvelle convention porte exclusivement sur les établissements scolaires. Certains de ces changements auront-ils des répercussions sur les universités et d’autres institutions de l’enseignement supérieur ?

Les universités et les autres institutions d’enseignement supérieur bénéficient d’un accord de souscription de licences de Microsoft à part (portant le nom de « Convention Campus »), basé sur le nombre d’enseignants travaillant à temps plein dans l’institution. Microsoft continuera à proposer cette convention à cette catégorie d’utilisateurs. Concernant l’interopérabilité, universités et institutions d’enseignement supérieur devraient elles aussi bénéficier de l’amélioration de l’interopérabilité pour les documents que Microsoft s’est engagé à fournir dans Office 2007.

Notes

[1] Crédit photo : Riot Jane (Creative Commons By)




Largage de liens en vrac #8

Arkangel - CC by-saLe nouveau Gimp vient de sortir (version 2.6) et OpenOffice.org est dans les starting-blocks (version 3.0). Quant à moi je continue de remplir mes marque-pages de news logicielles susceptibles d’intéresser de près ou de loin le framalecteur. Comme d’habitude il ne s’agit que d’un survol rapide et subjectif de l’actualité[1].

  • Podcast Generator : Vous souhaitez offrir du podcast à vos visiteurs ? Alors Podcast Generator a de bonnes chances de répondre à votre besoin. Parmi les fonctionnalités on notera le streaming flash mais surtout la sortie XML/RSS compatible avec Juice and iTunes.
  • Capture Fox : Une extension ambitieuse Firefox qui permet de réaliser des screencast avec la voix qui plus est. La sortie est en AVI et n’est pour le moment disponible que sous Windows XP et Vista. Petite explication et démo en français ici (ps : j’ai pas compris si l’extension était libre et si l’on pouvait filmer l’écran de son ordinateur pour monter autre chose que sa fenêtre FIrefox).
  • niftyPlayer : Pour votre site web, sûrement le plus léger de tous les lecteurs flash audio (avec ou sans Javascript).
  • Phatch : Contraction de Photo et Batch. Permet d’automatiser certaines tâches sur une série de photographies. On peut renommer, redimensionner mais aussi faire pas mal de choses originales comme arrondir les coins, ajouter un effet ombré, etc.
  • Zarafa : L’alternative professionnelle à Microsoft Exchange passe en open source une bonne partie de son offre logicielle (c’est plus stratégique que philanthropique mais c’est toujours bon à prendre !).
  • Evolution : Restons dans la messagerie groupware avec l’annonce du portage Windows d’Evolution, célèbre alternative Unix à Outlook (à ne pas confondre avec le grand public Outlook Express).
  • Habari : Dans la grande famille des moteurs de blogs (WordPress, Dotclear) je demande le petit dernier que même que les premiers avis disent qu’il est très prometteur.
  • Hyperwords : Encore une très pratique extension Firefox (libre ou pas ?) qui rend certains internautes plus qu’enthousiaste. Il n’y a pas à dire mais ces extensions participent de beaucoup à la valeur ajoutée de Firefox (n’est-ce pas Google Chrome ou Chromium ?).
  • MiniG : Gmail est pour vous la meilleure des webmails ? MiniG c’est comme Gmail mais pour les entreprises puisque, détail ô combien important, les données sont conservées sur les serveurs de votre propre boite (développé pour OBM par Linagora).
  • xVideoServiceThief : Objectif simple mais parfaitement réussi : récupérer les vidéos des sites comme YouTube ou Dailymotion que l’on peut ensuite convertir à la volée (dommage il n’y a pas encore le format OGG).
  • Project Kenai : Une nouvelle forge (hébergement de projets de développement) qui, pour la résumer sur le papier, serait un peu une forge 2.0 avec un fort accent donné aux structures de type réseaux sociaux.
  • CodeLite : Comme on s’adresse ici à des développeurs on présuppose qu’ils maitrisent l’anglais : CodeLite is a powerful open-source, cross platform IDE for the C/C++ programming languages.
  • Panda : Panda, est un projet OpenSource qui permettra à n’importe quel propriétaire de site; prêt à mettre un peu les mains dans le code, d’offrir le chargement et la lecture de vidéos à ses utilisateurs. Imaginez un YouTube en kit (source TechCrunch).
  • Plumi : Même objectif que Panda mais sous Plone. Aucune idée de l’état d’avancement de ces solutions libres de streaming vidéo mais c’est bien d’avoir potentiellement la possibilité de se libérer des YouTube-like.
  • Omeka : Une plateforme web orientée présentation et archivage de fonds iconographiques (devrait intéresser certaines institutions culturelles comme les musées par exemple).

Notes

[1] Crédit photo : Arkangel (Creative Commons By-Sa)




Partenariat Free Framasoft autour des logiciels libres

Copie d'écran - Portail Free - Logiciels Libres - Logo

Framasoft a pour principal objectif de « faire connaître et diffuser le logiciel libre au plus large public ». C’est pourquoi lorsque le fournisseur d’accès à Internet Free nous a contacté en juin dernier pour nous inviter à nous occuper gracieusement de la partie logicielle de leur nouveau portail en train d’être mis en place, nous avons étudié la proposition avec beaucoup d’attention.

On s’est d’abord demandé si un tel partenariat était effectivement susceptible d’élargir l’audience potentielle du logiciel libre francophone. Quand bien même ses trois millions d’abonnés et des brouettes (autrement appelés « freenautes », les abonnés pas les brouettes) ne visitent pas forcément le portail, la réponse était évidente. On s’est ensuite posé la question de « l’image » de Free, cette fameuse image qui peut faire ou défaire la réputation des sociétés (partenaires inclus !). Là réponse était toujours affirmative mais moins unanime. FDN mis à part, nous savons que certains abonnés entretiennent parfois des relations conflictuelles avec leur FAI et Free n’échappe pas à la règle, de plus l’épisode de la freebox a joué en sa défaveur au sein de ladite « communauté du libre ». Il n’en demeure pas moins qu’il nous a semblé que Free, indissociable de l’avènement d’internet en France et qui a maintes fois affirmé son attachement aux logiciels libres, conservait globalement l’estime des internautes, à commencer par la nôtre.

Mais ce qui nous a surtout convaincu de nous engager avec Free, ce sont les conditions mêmes de ce partenariat (non, non, aucune espèce sonnante et trébuchante dans la transaction, voir ci-après). Ils nous ont dit qu’ils souhaitaient, via leur nouveau portail en construction, offrir un réel « service logiciel » aux « freenautes » et qu’ils avaient pensé à nous pour ce faire. Flattés nous fûmes mais pragmatiques et, espérons-le, cohérents nous sommes. C’est ainsi que contrairement à la proposition initiale, nous avons insisté pour que ce service porte le doux et évocateur titre de « logiciels libres » avec toutes les conséquences que cela implique (parti-pris assumé conjointement par Free, absence d’informations sur les logiciels propriétaires, etc.). D’accord, nous ont-ils rétorqué, et c’est même pour cela que l’on a fait appel à vous. A partir de là, banco, le partenariat s’annonçait sous les meilleures auspices parce que je ne sais pas vous mais nous ça nous fait quelque chose de voir apparaitre par deux fois « logiciels libres » dès la page d’accueil du nouveau portail de Free fraichement mis en ligne il y a deux jours de cela.

Copie d'écran - Portail Free

Plus concrètement, il est donc proposé aux « freenautes » une entrée « logiciels libres » qui pointe sur une rubrique dédiée déjà bien étoffée dont nous avons la responsabilité éditoriale (et que nous gérons techniquement avec Free à l’aide de flux XML issus de notre propre réseau ou bien spécialement créés pour l’occasion). Nous vous demandons patience et indulgence pour ce premier jet car cela s’est fait un peu à l’aveugle en plein été et nous sommes conscients qu’il reste un bon paquet de petites choses à améliorer dans tous les coins (comme par exemple la mention explicite des licences libres des contenus, là encore avalisée par Free).

Nous en profitons d’ailleurs pour lancer un fébrile mais vibrant appel à venir nous rejoindre sur ce projet car nous manquons de ressources humaines. Le but sera justement de commencer par améliorer l’existant dans son ensemble et nous organiser pour assurer régulièrement une mise à jour pertinente du portail. Ajoutons que ce faisant c’est le contenu même du réseau Framasoft que nous serons amené à bonifier puisque l’un est souvent lié à l’autre. Ajoutons enfin que c’est potentiellement un véritable et passionnant petit travail de veille francophone sur le libre qui est ici proposé. Si vous adhérez à ce projet et souhaitez en être, merci d’écrire à projet-free AT framasoft.net et… merci tout court !

Quant à la question financière évoquée plus haut, elle est vite réglée puisqu’il n’y en a pas. C’est ainsi que la chose nous a été présentée et c’est ainsi que nous l’avons acceptée en toute connaissance de cause. Doit-on néanmoins crier « haro sur le baudet » puisque nous offrons ainsi à Free l’occasion de (re)dorer son blason avec du contenu obtenu à moindre frais (qui plus est souvent encadré par des bannières publicitaires) ? Nous avons conscience de cette éventuelle interprétation. Tout partenariat est une convergence mais aussi un compromis. Mais dans la balance il y a le fait que derrière Free il y a tout plein de « freenautes ». Il y a la certitude de sensibiliser aux logiciels libres une audience différente et d’une autre amplitude que celle de notre propre réseau, tout en contribuant au passage, et ce qui ne gâte rien, à nous faire mieux connaître. Il y a enfin la très concrète prise de position de Free en faveur de la promotion des logiciels libres (qui nous fait dire en interne et « en potache » que Free porte ainsi mieux encore son nom). Parce qu’accepter d’accoler en toutes lettres l’adjectif « libre » aux logiciels, ça n’est pas rien. Parce que nous faire confiance et nous laisser a priori entière latitude éditoriale au sein même de leur propre site ça n’est pas rien non plus. Vous en connaissez beaucoup vous des gros portails qui hébergent des articles comme Lorsque vous démarrez votre ordinateur vous vous engagez politiquement ?

Doit-on cependant en conclure, ouvrons rapidement la parenthèse pour mieux la refermer, que Framasoft n’a pas besoin de sous ? Malheureusement non (et nous aurons l’occasion d’y revenir très prochainement). Mais ce n’est tout simplement pas avec ce partenariat que nous comptons remplir les caisses d’un projet dont la présence de permanents est désormais devenue indispensable de part la dimension prise par notre réseau.

Toujours est-il que nous remercions déjà sincèrement Free pour leur confiance, leur écoute et leur flexibilité. Et nous souhaitons longue vie à ce portail Free des « logiciels libres » qui, espérons-le, apportera une réelle et originale valeur ajoutée aux visiteurs en général et à la communauté des « freenautes » en particulier. Communauté que nous saluons par la présente et avec qui nous sommes ravis de collaborer.

Copie d'écran - Portail Free - Logiciels Libres




Quand Curiosphere.tv adopte une attitude plus responsable (ou presque)

Suite à mon billet d’hier Curiosphere.tv et Microsoft : merci le service public ! Curiosphere.tv a sensiblement modifié sa fameuse page d’accueil dédiée au B2i. Il est fort possible que ce billet, relayé par LinuxFr et par certains lecteurs qui ont directement écrit à Curiosphère (merci pour eux), ait influé sur ces récents et pertinents changements.

Avant :

« Pour accompagner l’initiation de vos élèves ou de vos enfants au B2I, Curiosphere.tv, en partenariat avec Microsoft, met à votre disposition un ensemble de tutoriels vidéo réalisés par des enseignants. Reprenant des exemples concrets dans différentes disciplines, ces tutoriels vidéo décryptent dans le cadre des compétences B2I, un grand nombre de fonctionnalités et de modules de Word, Excel, Publisher, Power Point, Outlook ou encore Internet Explorer (…) Enfin, de nouvelles vidéos viendront enrichir, tout au long de l’été, l’ensemble des tutoriels existants. Bonne navigation ! »

Copie d'écran - Curiosphère TV

Après :

« Pour se former au B2i, ce site met à votre disposition un ensemble d’exercices en vidéo (…) Vos productions vidéo nous intéressent ! Pour compléter cette sélection gracieusement initiée par notre partenaire, nous vous invitons à nous contacter à l’adresse suivante : education AT france5.fr »

Copie d'écran - Curiosphère TV

On notera par ailleurs que l’image de la suite Microsoft Office a disparu et qu’il n’est plus question de « préparez vos élèves au B2i » mais plus modestement d’un simple « B2i : cours et exercices en vidéo ». Enfin, dernier petit détail savoureux : en haut à droite vous n’avez plus « avec Microsoft » en blanc aveuglant mais un bien plus discret « en partenariat avec Microsoft » dont la nouvelle couleur vient se fondre à merveille avec le décor.

Toujours est-il que nous voici donc nous aussi invités à participer en proposant nos propres productions vidéos. Que ne diriez-vous d’apporter un peu de pluralité avec la suite bureautique libre OpenOffice.org (le plus simple étant alors de prendre contact avec projet OpenOffice.org Education) ?

Et comme ils m’ont l’air dans d’excellentes dispositions chez Curiosphère en ce moment, je me permets bien humblement de leur suggérer également de modifier certains liens de leur menu interactif de gauche. Ce menu liste en effet les cinq grands domaines de compétences du B2i :

  • S’approprier un environnement informatique de travail
  • Adopter une attitude responsable
  • Créer, produire, traiter, exploiter des données
  • S’informer, se documenter
  • Communiquer, échanger

Or, si à partir de cette page d’accueil B2i, vous cliquez par exemple sur Adopter une attitude responsable pour le niveau collège, vous tombez à ce jour sur ceci :

Copie d'écran - Curiosphère TV

C’est-à-dire les trois et uniques vidéos suivantes :

Rappelons que l’un des objectifs du domaine « Adopter une attitude responsable » du B2i est texto de « Prendre conscience des enjeux citoyens de l’usage de l’informatique et de l’internet ».

Sans vouloir être outrecuidant il ne me semble pas évident que l’on atteigne ainsi l’objectif fixé.