Le Guide Libre Association 2016 est arrivé ! (avec l’APRIL)
Toute association, quelle que soit sa taille, a besoin de communiquer avec ses membres, produire des documents, diffuser de l’information vers l’extérieur, bref elle a besoin d’un système d’informations structuré et adapté à ses besoins.
Pour autant, toutes les associations ne sont pas logées à la même enseigne lorsqu’il s’agit de choisir et de mettre en place des logiciels adaptés à leurs activités et à leur mode de fonctionnement. Bien souvent, l’achat de matériel informatique et de logiciels est un budget qui pèse lourd et, par manque de compétences sur le sujet, les choix se font par défaut.
Des logiciels libres pour les associations
Combien d’associations restent dépendantes d’outils privateurs ? La plupart du temps sans locaux dédiés, les associations fonctionnent avec les logiciels et les machines possédés par leurs bénévoles. Très peu d’entre eux sont prêts à investir du temps dans la recherche d’outils libres adaptés aux besoins de l’association quand « tout semble si simple » avec les logiciels imposés et vendus avec l’achat d’un ordinateur. Il peut sembler légitime de dédier le plus de temps possible à l’objet de l’association. Pourtant, pour la gestion des adhérents, la comptabilité, les tâches administratives diverses ou encore la communication, choisir des logiciels libres n’est pas qu’une question technique, c’est d’abord une question éminemment stratégique et politique à laquelle il convient de répondre pour renforcer la cohérence avec les valeurs portées par le monde associatif.
Le premier enjeu est de saisir l’importance de s’affranchir des contraintes imposées par les logiciels privateurs. On peut citer les mises à jour payantes et souvent remises à plus tard (et donc causes de dysfonctionnements dans la gestion de l’asso), les questions liés à la confidentialité des données (en particulier lorsqu’on stocke des données d’adhérents dans les nuages), les problèmes d’interopérabilité dans la diffusion de fichiers (surtout lorsqu’on cherche à rédiger un document à plusieurs mains), etc.
L’offre de logiciels libres permet non seulement d’effectuer des choix pertinents en identifiant les besoins mais elle permet aussi un très haut niveau d’appropriation des logiciels. Cela est rendu possible par l’exercice des libertés logicielles qui les rendent auditables, partageables et modifiables. Chaque logiciel libre peut se partager : l’utilisation d’un même logiciel chez chaque membre d’une association est facilité. En d’autres termes, utiliser des logiciels libres, pour une association, cela revient à augmenter son niveau de productivité. Et l’utilisation, ici, de termes habituellement adaptés à l’entreprise, est non seulement volontaire mais aussi révélatrice.
Le second enjeu réside dans la spécificité de création des logiciels libres. Ces derniers sont issus de communautés œuvrant pour le bien commun. La plupart de ces communautés sont structurées à la fois par des armées (ou un simple noyau) de contributeurs autour de formes associatives ou apparentées. Autrement dit, avec les logiciels libres, les associations parlent aux associations. On peut s’appuyer sur une communauté pour assurer un support, on peut aussi s’entraider. Le logiciel libre encourage le contact humain et se rapprocher des acteurs de la communauté est souvent un bon moyen d’avancer dans ses choix et ses usages. Dans le cas de structures associatives importantes, il sera sans doute préférable de se tourner vers des entreprises spécialisées dans l’intégration et dans la formation aux logiciels libres. Dans tous les cas, les logiques de collaboration et l’éthique propre aux logiciels libres seront vraisemblablement présentes.
Une nouvelle version du Guide Libre Association
Ce rapport entre logiciel libre et association est le principal thème de travail du groupe de travail Libre Association de l’April dont la volonté est de « créer des ponts entre le logiciel libre et le monde associatif ». Ce groupe a mené deux enquêtes (une première en 2009 et une seconde en 2015) auprès d’associations pour connaître leurs rapports à l’informatique et aux logiciels libres en particulier. Une conclusion de la comparaison de ces deux enquêtes révèle que la question principale en 2009 « que sont les logiciels libres ? » est devenue en 2015 « Comment fait-on pour les adopter ? ». En effet, avec l’extension des accès à Internet et l’évolution positives de l’accès aux logiciels libres, les associations sont devenues non seulement plus réceptives aux libertés logicielles mais sont devenues aussi très attentives aux usages des données informatiques ; en particulier dans une ère post- affaire Snowden. Cela est d’autant plus vrai, qu’un nombre conséquent d’associations attache une importance cruciale à la notion de droits fondamentaux et en particulier à la liberté d’expression.
Forte de ces connaissances, en 2012, l’April a lancé une première version du Guide Libre Association avec le soutien de la fondation du Crédit Coopératif. L’objectif était ambitieux : diffuser des milliers d’exemplaires gratuits d’un guide exposant les enjeux du Libre pour les associations, assorti d’une sélection pertinente de logiciels libres disponibles et constituant une offre mature. En 2014, devant le succès de la première diffusion, c’est au tour de la MACIF de s’associer à cette action pour distribuer à nouveau gratuitement plus de 7000 guides aux associations.
Cette fois, en 2016, l’April et Framasoft proposent une nouvelle version mise à jour de ce guide. Disponible en couleurs ou en noir et blanc, il est possible de le télécharger au format e-pub et PDF, pour une diffusion libre sur tous les supports. Deux versions PDF imprimables sont elles aussi disponibles pour les associations désirant faire imprimer autant d’exemplaires qu’elles le souhaitent.
Nota : Sur le modèle de la collection Framabook, Framasoft propose aussi la vente unitaire du Guide, ou de faire imprimer à tarif intéressant des centaines ou des milliers d’exemplaires.
Accès au code source des logiciels de l’État : pourquoi ça change tout…
Le 18 février dernier le tribunal administratif de Paris, après avis de la Commission d’Accès aux Documents Administratifs (CADA), a rendu une décision autorisant l’accès d’un citoyen au code source d’un logiciel administratif. Génial, non ?
Non, pas vraiment, puisque dit comme ça on n’y comprend rien ! Et pourtant ce jugement pourrait avoir un grand impact sur l’avenir du libre en France et plus généralement sur la vie de tous les citoyens. On va donc essayer d’y voir plus clair.
Res Publicum, la chose publique
Pour comprendre ce qui s’est passé le 18 février dernier, il faut que je vous parle un peu des documents administratifs en France. Un document administratif c’est tout ce que peut produire une administration publique : statistiques, rapports, analyses et même logiciels.
Si certains de ces documents sont publics dès les départ (les communiqués de presse par exemple), d’autres n’ont pas forcément vocation à être rendus publics. Et pourtant la République c’est notre bien à tous (Res Publicum, ça veut dire la chose publique), tout citoyen peut donc demander à une administration de lui communiquer un document qu’elle a produit et qui n’est pas classé secret-défense, bien entendu.
Depuis 1978 une administration a même été créée pour s’occuper de cela spécifiquement, la CADA. En réalité, cette administration ne peut rendre que des avis et joue plus un rôle de médiateur entre une administration et un citoyen, mais elle reste très utile.
Un étudiant tenace…
Revenons à notre affaire. Un étudiant en économie un peu curieux a demandé en 2014 au Ministère de l’économie et des finances (Bercy) de lui transmettre le code source du logiciel de calcul de l’impôt. Un code source, c’est en quelque sorte la recette de cuisine du logiciel, ce qui permet de comprendre comment il fonctionne
Bercy a refusé et notre étudiant a alors saisi la CADA qui a dit que selon elle le code source devait être transmis. Deuxième refus de Bercy.
Notre étudiant a alors saisi le tribunal administratif de Paris pour forcer Bercy à lui remettre le document demandé. À ce moment le ministère a compris que tout cela sentait mauvais pour lui et a préféré s’exécuter avant le jugement. Malgré tout le tribunal a rendu sa décision le 10 mars dernier et a dit que l’étudiant avait raison. Victoire !
Le code source, c’est la recette de cuisine du logiciel
Maintenant vous devez vous dire, tant mieux pour cet étudiant mais concrètement ça sert à quoi ? Et c’est vrai que dit comme ça ce n’est pas très utile. Ce n’est pas parce que le code du logiciel est connu qu’il est libre et donc vous n’aurez pas le droit de modifier ou partager librement ce code. Autrement dit, on peut lire, cuisiner, mais pas gribouiller sur la recette originale, même pour y ajouter de meilleures ingrédients. En revanche vous pourrez toujours le consulter et pourquoi pas trouver des erreurs, des améliorations possibles et les proposer à Bercy qui pourrait les intégrer à son logiciel.
Imaginez un peu que vous arriviez à faire baisser le montant de vos impôts en remarquant une erreur dans le code. Pas si inutile, finalement ! En partant de cet exemple on peut imaginer beaucoup de cas où les citoyens pourraient contribuer à améliorer l’État. Prenons un exemple… Mme Dupuis-Morizeau a du temps libre et décide donc de consulter les statistiques d’accidents de la route de sa ville, qu’elle demande à la mairie. Elle remarque alors un carrefour particulièrement meurtrier, elle se rend sur place et constate que le panneau stop est caché par un buisson. Elle avertit sa mairie qui fait couper le buisson. Et voilà comment l’accès à des statistiques administratives peut sauver de vies !
La philosophie du Libre appliquée à l’État
Le problème, vous l’avez vu, c’est que demander un document administratif peut s’avérer très compliqué et que Mme Dupuis-Morizeau n’a pas forcément tout ce temps à perdre. On se dit alors que ce serait génial que tous ces documents soient librement téléchargeables sur un site internet.
Eh bien c’est exactement ce que s’est dit la ville de New-York qui publie tous les documents qu’elle produit (ou presque) sur le site https://nycopendata.socrata.com/. Depuis que la ville a adopté cette politique, des dizaines de citoyens se sont mis au travail pour créer des projets incroyables : dresser la carte des plages anormalement polluées, coder un GPS pour les ambulances en fonction des vitesses moyennes par rue pour optimiser les trajets, etc.
Voilà les avantages concrets de la philosophie du libre lorsqu’elle est appliquée à l’État. Nous pouvons tous contribuer à un fonctionnement meilleur de l’administration, ou du moins à signaler ses défauts. Rendre les documents administratifs libres, c’est faire du citoyen le réel propriétaire de l’administration qui le sert, comme nous sommes collectivement les propriétaires des logiciels libres. Beau projet non ?
Trois infos pour finir et approfondir le sujet si ça vous dit :
Le code source du logiciel de calcul de l’impôt sera rendu public le 1er avril et un hackaton est organisé sur le git de Framasoft pour fêter ça. Ça se passe par ici pour les infos.
La décision du tribunal administratif de Paris est à lire ici (attention c’est technique).
L’équipe du Framablog tient à remercier chaleureusement Róka, bénévole du forum des Framacolibris, pour la proposition et la rédaction de cet article !
Le numérique nous change au-delà de nos usages
Nous avons tous conscience, pour peu que nous prenions un peu de recul, que nos usages et nos mœurs ont considérablement changé dans les 20 dernières années. Nous en attribuons la cause à l’omniprésence des technologies numériques que nous avons massivement adoptées, du moins dans notre partie du monde.
Cependant ce n’est pas seulement notre manière de communiquer, vivre, travailler, aimer… qui ont complètement changé, c’est aussi notre manière d’être nous-mêmes, ou plutôt : la façon dont notre être apparaît aux yeux du monde numérique désormais.
Lorsque ce monde numérique est quasi entièrement sous la coupe des entreprises de la Silicon Valley et sous la surveillance des gouvernements, nous sommes asservis à une nouvelle féodalité, et plus vraiment dans une démocratie.
C’est ce qu’expose Aral Balkan dans le billet qui suit.
Aral Balkan est le fondateur et principal créateur de Ind.ie, il a déménagé son entreprise aux Pays-Bas l’an dernier lorsqu’il a vu que le nouveau gouvernement britannique voulait accentuer la surveillance de masse et imposer des backdoors, ces portes dérobées dans le code qui permettent les intrusions dans les données confidentielles.
Votre téléviseur intelligent, la montre à votre poignet, la nouvelle poupée Barbie de votre enfant et la voiture que vous conduisez (c’est plutôt elle qui vous conduit, non ?) ont une chose en commun : tous ces objets fonctionnent en collectant des données — vos informations personnelles — sur vous, vos amis, et votre famille.
Bien que cela puisse sembler effrayant en soi, le vrai problème n’est pas là.
La technologie moderne fonctionne en moissonnant une profusion de données (souvent personnelles). Il s’agit simplement d’une réalité de la vie. On ne la changera pas.
La question cruciale est la suivante : qui possède et contrôle les données vous concernant et les mécanismes par lesquels elles sont recueillies, analysées, et transformées en services utiles ?
Si la réponse à cette question était « c’est moi » alors notre problème serait résolu. Dans ce monde idéal, grâce aux capacités de la technologie, les individus disposant de davantage d’informations sur eux-mêmes et sur le monde qui les entoure pourraient traduire ces informations en superpouvoirs.
Malheureusement, nous ne vivons pas dans ce monde.
Aujourd’hui, la réponse à notre question, c’est que les sociétés multinationales comme Google et Facebook possèdent et contrôlent à la fois vos données personnelles, les moyens de les collecter, de les analyser et d’en faire de l’argent.
Aujourd’hui, ce sont les entreprises, et non les individus, qui possèdent et contrôlent nos données et la technologie. Nous vivons dans une entreprenocratie, pas une démocratie.
Nous voici dans un état socio-techno-économique que Shoshana Zuboff de la Harvard Business School appelle le capitalisme de surveillance (en).
Pour comprendre pourquoi le capitalisme de surveillance est si problématique, nous devons d’abord comprendre deux concepts fondamentaux : la nature du « soi » et la nature des données à l’ère numérique.
La nature du « soi » à l’ère numérique
Selon Steve Krug, l’auteur de Do not Make Me Think (en), une technologie bien conçue devrait jouer le rôle d’un majordome lors de l’interaction avec un être humain. Disons que je veux me souvenir de quelque chose pour plus tard et que j’ai mon smartphone avec moi. La conversation entre nous pourrait donner quelque chose comme ceci :
Moi : majordome, rappelez-moi ça plus tard.
Mon smartphone : bien entendu, monsieur, je viens de le mettre pour vous dans l’application Notes .
Moi : merci
En réalité, avec des technologies comme Siri, vous pouvez avoir dès aujourd’hui exactement ce type de conversation.
Telle est la façon courante de voir notre relation à la technologie : comme une conversation entre deux acteurs. Dans notre cas, entre moi et mon téléphone. Si c’est ainsi que nous voyons la technologie, la surveillance est la capture des signaux entre les deux acteurs. Ce n’est en rien différent de ce que faisait la Stasi, quand elle installait des mouchards dans votre maison et écoutait vos conversations. Ce n’est pas très sympathique, mais la surveillance est ainsi, traditionnellement.
Mais que se passerait-il si telle n’était pas notre relation à la technologie ?
Lorsque je note une idée sur mon smartphone pour m’en souvenir plus tard, est-ce qu’en réalité je ne donne pas une extension à mon esprit, et par là-même une extension à mon « moi » utilisant le smartphone ?
Aujourd’hui, nous sommes des cyborgs. Cela ne veut pas dire que nous nous greffons des implants technologiques, mais que nous étendons nos capacités biologiques avec la technologie. Nous sommes des êtres éclatés, avec des parties de nous-mêmes dispersées dans nos objets quotidiens et augmentées par eux.
Peut-être est-il temps de repousser les frontières du soi pour inclure les technologies au travers desquelles nous nous étendons nous-mêmes.
L’extension des frontières du « soi »
Si nous commençons à percevoir ainsi nos objets quotidiens, pas en tant qu’acteurs séparés, mais comme des extensions de nous-mêmes, alors plusieurs choses deviennent très claires.
Tout d’abord, la surveillance n’est plus la capture de signaux mais une violation du soi. Considérons le litige actuel entre Apple et le FBI, qui veut créer un précédent pour pouvoir accéder au téléphone de n’importe qui. J’ai entendu dire que la requête se rapprochait d’une requête légale pour accéder au contenu d’un coffre-fort (ici lien vers un article en anglais qui explique les véritables enjeux du conflit Apple contre FBI). Rien ne pourrait être aussi éloigné de la vérité. Mon iPhone n’est pas plus un coffre-fort que mon cerveau n’en est un. C’est une partie de moi. Dans ce cas, si on veut rentrer dans mon iPhone, ce qu’on veut vraiment c’est violer ma personne. C’est une attaque contre le soi. Et nous avons déjà un riche corpus de lois et de règlements qui sanctuarisent le soi et les droits des êtres humains.
La surveillance du « soi » est une agression, une violation du soi.
Ensuite, il apparaît clairement que nous n’avons pas besoin d’une nouvelle Déclaration des Droits relative à Internet ou d’une « Magna Carta » du Web ou quoi que ce soit d’aussi absurde : tout ce dont nous avons besoin, c’est d’appliquer la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme (les droits de l’homme que nous connaissons) au monde numérique. Il n’existe pas un monde numérique et un monde réel. Il n’y a pas des droits de l’homme et des « droits numériques ». Nous parlons, en fait, d’une même et unique chose.
Enfin, nous commençons à comprendre la nature véritable de ceux qui fouinent dans nos données personnelles et nous pouvons essayer de réglementer efficacement leurs pratiques néfastes.
Mais pour commencer, il nous faut comprendre ce que sont les données.
La nature des données
On entend souvent dire que les données sont des placements profitables. Selon le magazine Wired , elles seraient l’équivalent moderne du pétrole. C’est seulement parce que nous ne comprenons pas la vraie nature des données que nous ne sommes pas choqués par ce genre de comparaison.
Prenons un exemple :
Supposons que j’aie une petite figurine. Si je dispose d’assez de données sur elle, je peux avec une imprimante 3D en créer une copie conforme à l’original. Imaginez maintenant ce que je peux faire si je dispose d’assez de données sur vous-même.
Les données sur un objet, si vous en avez une quantité suffisante, deviennent cet objet.
Les données sur vous, c’est vous.
Les données personnelles ne sont pas le nouveau pétrole. Les données personnelles, ce sont les gens eux-mêmes.
Maintenant, il ne s’agit pas de dire que Google, Facebook et les innombrables start-ups de la Silicon Valley veulent faire votre copie en 3D. Non, bien sûr que non. Ces entreprises veulent simplement vous profiler. Pour vous imiter. Pour en faire du profit.
Le modèle économique du capitalisme de surveillance, celui de Google, Facebook et des innombrables start-ups de la Silicon Valley, c’est de monétiser les êtres humains. Nous savons tous que Facebook et Google font tourner d’énormes « fermes de serveurs ». Vous êtes-vous jamais demandé ce qu’ils peuvent bien cultiver dans ces fermes ? posez-vous la question et vous devriez arriver rapidement à la conclusion que c’est nous qui sommes « cultivés ». Que sont Google et Facebook si ce n’est des fermes industrielles pour cultiver des êtres humains ?
Une ferme de serveurs
Nous les appelons des fermes de serveurs… Vous êtes-vous jamais demandé ce qu’ils peuvent bien cultiver dans ces fermes ?
Si cela vous paraît familier, c’est normal : voilà bien longtemps que nous utilisons diverses variantes de ce modèle économique.
Nous appelons ce business très rentable et pourtant ignoble qui consiste à vendre le corps des humains : « l’esclavage ». Le modèle économique des plus grosses entreprises technologiques consiste à tout monétiser de vous à l’exception de votre corps. Comment appellerons-nous cela ?
Nous avons tout un passif historique honteux de la commercialisation des individus. Aujourd’hui, le modèle économique des industries technologiques principales consiste à vendre tout ce qui vous concerne, tout ce qui fait que vous êtes vous, à l’exception de votre corps. Comment devrions-nous appeler cela ?
Ce n’est pas un problème technologique…
La Silicon Valley est la version moderne du système colonial d’exploitation bâti par la Compagnie des Indes Orientales, mais elle n’est ni assez vulgaire, ni assez stupide pour entraver les individus avec des chaînes en fer. Elle ne veut pas être propriétaire de votre corps, elle se contente d’être propriétaire de votre avatar. Et maintenant, comme nous l’avons déjà vu, plus ces entreprises ont de données sur vous, plus votre avatar est ressemblant, plus elles sont proches d’être votre propriétaire.
Votre avatar n’est pas figé une fois pour toute, c’est quelque chose de vivant, qui respire (grâce à des algorithmes, pas avec des cellules biologiques). Il vit dans les labos de Google, Facebook et il est soumis constamment à des centaines voire des milliers de tests pour être analysé afin de mieux vous comprendre. Certaines de ces expériences, si elles étaient réalisées sur votre personne physique, conduiraient les dirigeants de ces compagnies en prison pour crime contre l’humanité.
Toutes ces informations personnelles et toute la richesse qui en découle appartiennent à des entreprises et par extension (comme Edward Snowden nous l’a montré) sont partagées avec les gouvernements.
Cela crée un très grand déséquilibre entre le pouvoir des individus et celui des entreprises et entre le pouvoir des individus et celui de leur gouvernement.
Si je me promène avec une caméra chez Google Inc., je serai en arrêté. En revanche, Google enregistre ce qui se passe dans un nombre incalculable de foyers grâce aux caméras Nest [NDT : webcam filmant en continu]. Dans le monde du capitalisme de surveillance, ceux qui ont droit au respect de leur vie privée (les individus) en sont… privés, alors que ceux qui devraient être transparents (les entreprises, les gouvernements) en bénéficient.
Quand Mark Zuckerberg déclare que « la vie privée est morte », il parle uniquement de notre vie privée, pas de la sienne. Quand il achète une maison, il achète également les deux maisons mitoyennes. Sa vie privée, celle de Facebook Inc. et la confidentialité de votre gouvernement sont toujours protégées, et même bien protégées.
Si cela ne ressemble pas à de la démocratie, c’est parce que ce n’en est pas. Le capitalisme de surveillance n’est pas compatible avec la démocratie.
Le système dans lequel nous vivons aujourd’hui pourrait être appelé : « entreprenocratie », le régime féodal des entreprises.
Nous vivons dans une époque néo-coloniale régie par des monopoles multinationaux.
Un impérialisme numérique, si vous préférez.
La montée de l’ « entreprenocratie » est la conséquence de décennies de néo-libéralisme incontrôlé et d’idéologie californienne. Elle a conduit le système à un niveau jamais atteint d’inégalités, pour preuve : 62 personnes possèdent autant de richesses que la moitié du monde la plus pauvre (soit 3,5 milliards de personnes). Elle apporte aussi la destruction à grande échelle de notre environnement à travers l’épuisement des ressources et le changement climatique. Pour le dire crûment, c’est une menace mortelle pour notre espèce.
Ce n’est pas un problème technologique.
C’est un problème du capitalisme.
Et la seule réponse possible est une démocratie meilleure et plus forte.
Des technologies alternatives, décentralisées et à divulgation nulle peuvent jouer un rôle important en nous aidant à obtenir de plus grandes libertés publiques et une meilleure démocratie. Mais la technologie n’est pas un remède miracle. Sans changement au niveau de la régulation ou des statuts, ces technologies seront jugées illégales et ceux d’entre nous qui les auront mises en œuvre deviendront les nouveaux Snowden et Manning.
Notre défi est immense : les alternatives que nous créons doivent être pratiques et accessibles. Elles doivent être conçues de manière éthique et être non-coloniales par construction. Ce n’est pas une tâche simple. Mais ce n’est pas non plus irréalisable. Je le sais car en ce moment je code moi-même ce type de solution, et d’autres aussi.
La pyramide de la création éthique : les produits doivent respecter les droits de l’homme, être utiles, fonctionnels et fiables, tenir compte de l’expérience utilisateur.
La bataille pour nos libertés publiques et pour la démocratie doit être menée avec nos nouveaux objets quotidiens. Selon le résultat nous verrons si nous resterons des serfs soumis à une féodalité numérique ou si nous pouvons être des citoyens libres, renforcés par une technologie qui nous appartiendra et que nous contrôlerons, des individus qui pourront explorer le potentiel de l’espèce humaine jusqu’à l’infini.
Je souhaite travailler à ces lendemains lointains.
Comment modifier et personnaliser sa Framacarte ? (Tutos uMap 4/4)
Juste avant Noël, nous vous présentions Framacartes, un service de création de cartes personnalisées pour vos sites web, communautés, randos, chasses au trésor… Framacartes est basé sur le logiciel Umap, qui permet d’ajouter des points, tracés et polygones sur les fonds de cartes d’OpenStreetMap.
C’est alors qu’Antoine Riche, ingénieur informatique, Contributeur et Formateur OpenStreetmap, nous a contactés pour nous présenter sa série de tutoriels (libres, eux aussi) pour apprendre à maîtriser uMap (et donc Framacartes) à toute la famille Dupuis-Morizeau.
C’est avec son autorisation (et de chaleureux remerciements) que nous reproduirons sur le framablog les quatre premiers tutos (le niveau « débutant ») afin d’en faire profiter le plus grand nombre.
Cette semaine et pour finir cette série de tutoriels, apprenons comment personnaliser ses Framacartes.
Je modifie et personnalise ma carte
Ce que nous allons apprendre
Gérer son catalogue de cartes
Choisir un fond de carte
Sélectionner les options d’interface
Procédons par étapes
1. Retrouver une carte
Vous souhaitez modifier une carte pour l’améliorer ou la mettre à jour. Si vous avez redémarré votre navigateur et à fortiori votre ordinateur, la première chose à faire est de retrouver la carte ! Si vous avez créé cette carte avec votre compte comme nous l’avons vu dans le tutoriel J’utilise un compte et crée une belle carte), afficher une de vos cartes se fait en trois opérations simples :
connectez-vous à votre compte umap
affichez votre catalogue de cartes
cliquez sur le nom de la carte, affiché sous l’aperçu de la carte
La carte s’affiche alors en mode consultation. Cliquez sur le crayon en haut à droite de la carte pour passer en mode édition : vous pouvez dès lors modifier la carte. N’oubliez pas de sauvegarder la carte une fois les modifications terminées.
Il peut être fastidieux de passer du mode édition au mode consultation et vice-versa de façon répétée. Une astuce consiste à utiliser pour la même carte deux onglets ou deux navigateurs, l’un en mode édition l’autre en mode consultation. Vous devez tout de même enregistrer la carte dans l’onglet en mode édition avant de l’actualiser (par exemple avec la touche F5) dans l’onglet en mode consultation.
Vous pouvez retourner à votre catalogue de cartes à tout moment en cliquant sur le pictogramme Retourner à l'accueil dans le menu du bouton Plus à gauche de la carte.
2. Changer le fond de carte
Nous avons vu dans le tutoriel Je consulte une carte uMap que plusieurs fonds de carte sont disponibles dans umap. Lorsque vous éditez une carte vous pouvez choisir le fond de carte qui sera utilisé à l’affichage de la carte.
Cliquez sur le pictogramme Changer le fond de carte : un panneau à droite montre une vingtaine de fonds de cartes. Il vous suffit de cliquer sur l’un d’eux : faites votre choix et n’oubliez pas d’enregistrer la modification.
Le choix du fond de carte est une affaire de goût. Le contexte de la carte peut vous aider à en choisir un plutôt qu’un autre, par exemple :
les fonds Outdoors, Landscape ou OpenTopoMap montrent le relief : judicieux pour une carte de randonnée
OpenCycleMap montre les grands itinéraires cyclistes, comme les EuroVélo (Côte Atlantique, Loire à Vélo…)
Positron, Toner et OSM-Monochrome sont en noir et blanc : vos marqueurs, lignes et polygones seront plus visibles
le style HOTOSM, créé par le groupe humanitaire d’OpenStreetMap, permet d’aller jusqu’à un niveau de zoom élevé (niveau 20) : intéressant si l’étendue de votre carte couvre un quartier ou votre jardin
Tous les fonds de carte utilisés par umap, à l’exception des images aériennes de l’IGN, sont réalisées à partir des données OpenStreetMap. Ils sont produits par des associations, des entreprises ou des bénévoles qui les mettent gracieusement à disposition.
Vous pouvez configurer les éléments de la carte mis à disposition des utilisateurs qui consulteront votre carte. Vous pouvez par exemple ajouter une mini-carte de situation ou une barre de légende.
Pour cela, ouvrez dans le menu Éditer les paramètres l’onglet Options d’interfaces. Vous pouvez activer ou désactiver une dizaine d’options dont voici la signification.
Quelques remarques :
si vous cachez le bouton Plus, les utilisateurs de la carte ne pourrant ni la partager ni changer le fond de carte
si vous cachez les boutons de zoom et désactivez le zoom avec la molette de la souris, les utilisateurs ne pourront ni zoomer ni dézoomer … sauf à découvrir le menu accessible avec un clic droit sur la carte.
les boutons de navigation en bas des popups permettent de faire défiler les éléments de la carte
Lorsque la mini-carte de situation est affichée, l’opération Changer le fond de carte modifie le fond de celle-ci. Vous devez désactiver la mini-carte pour changer le fond de la carte principale.
Notez que ces options – et quelques autres – sont également disponibles en Options d’export de l’iframe du menu Exporter et partager carte, où elles permettent de contrôler les mêmes options d’interface lorsque la carte est intégrée dans une page Web.
4. Copier ou supprimer une carte
Tout en bas des Propriétés de la cartes, l’onglet Options avancées propose deux opérations peu utilisées mais qu’il est bon de connaître :
Supprimer supprime la carte du serveur umap, ainsi que les données qui y sont associées !
Cloner cette carte effectue une copie de la carte et de ses données. La nouvelle carte est ajoutée à votre catalogue.
Dans les deux cas un message vous demande de confirmer l’opération.
Faisons le point
Ce tutoriel nous mène à la fin du niveau débutant. Vous savez créer, modifier et personnaliser une carte. Vous savez styliser vos marqueurs, lignes et polygones. Enfin vous savez gérer votre catalogue de cartes.
Une fois ces opérations maîtrisées, les tutoriels de niveau intermédiaire vous apprendront à structurer vos cartes avec des calques et enrichir le contenu de vos popups. Vous découvrirez également comment coproduire une carte et créer un diaporama géolocalisé.
Ces tutoriels, en cours de rédaction par Antoine Riche, ne seront pas reproduits sur le Framablog, mais il seront disponibles sur le wiki de Cartocité.
L’équipe du Framablog tient encore à chaleureusement remercier Antoine pour son travail sur ces tutos et sa sympathie 😉
Comment créer une belle Framacarte avec un compte ? (Tutos uMap 3/4)
Juste avant Noël, nous vous présentions Framacartes, un service de création de cartes personnalisées pour vos sites web, communautés, randos, chasses au trésor… Framacartes est basé sur le logiciel Umap, qui permet d’ajouter des points, tracés et polygones sur les fonds de cartes d’OpenStreetMap.
C’est alors qu’Antoine Riche, ingénieur informatique, Contributeur et Formateur OpenStreetmap, nous a contactés pour nous présenter sa série de tutoriels (libres, eux aussi) pour apprendre à maîtriser uMap (et donc Framacartes) à toute la famille Dupuis-Morizeau.
C’est avec son autorisation (et de chaleureux remerciements) que nous reproduirons sur le framablog les quatre premiers tutos (le niveau « débutant ») afin d’en faire profiter le plus grand nombre.
Cette semaine, créons un compte afin de faire de bien jolies cartes et de ne pas les perdre !
J’utilise un compte et crée une belle carte
Ce que nous allons apprendre
Utiliser un compte pour retrouver ses cartes
Changer la forme, la couleur et le pictogramme d’un marqueur
Créer et modifier une ligne ou un polygone
Procédons par étapes
Nous avons appris dans le tutoriel précédent comment créer une carte anonyme contenant un marqueur. Nous allons à présent créer une carte plus complète : la carte de nos vacances au Camping de la plage Goulien sur la Presqu’île de Crozon en Bretagne.
Au lieu de créer une carte anonyme, nous allons utiliser un compte pour créer cette carte.
1. Utiliser un compte
uMap permet d’associer ses cartes à un compte. Cela présente deux avantages importants par rapport à la création de cartes anonymes :
les cartes créées avec un compte constituent un catalogue permettant d’accéder facilement à ses cartes
on peut modifier chaque carte du catalogue sans avoir besoin de conserver un lien d’édition
Le logiciel umap ne gère pas directement de comptes utilisateurs : la gestion des comptes dépend de la configuration du logiciel. Sur https://framacarte.org, nous vous proposons d’utiliser un compte OpenStreetMap. Si vous n’avez pas de compte, c’est le moment de vous inscrire sur le site www.openstreetmap.org : cliquez Créer un compte dans le coin supérieur droit et suivez les instructions – une adresse mail vous sera demandée (plus d’infos).
Cliquez sur Connexion / Créer un compte puis sur le pictogramme correspondant au compte que vous souhaitez utiliser. Apparaît alors la page de connexion du site : saisissez le nom d’utilisateur et le mot de passe. La page suivante vous demande d’autoriser l’application uMap à utiliser ce compte : accordez cet accès. Vous retrouvez alors la page d’accueil de uMap, sur laquelle le lien de connexion a laissé la place à un lien Mes cartes vous permettant d’accéder à l’ensemble des cartes créées avec ce compte.
Notez l’URL de la barre d’adresse quand vous consultez votre catalogue de cartes : celle-ci contient le nom de votre compte – par exemple https://framacarte.org/fr/user/PouhiouNoenaute/. Vous pouvez l’utiliser pour accéder à votre catalogue de cartes, même sans être connecté à votre compte : vous pouvez diffuser cette URL, les récipiendaires ne pourront pas modifier vos cartes.
Toutes les cartes que vous créez en étant connecté à votre compte sont ajoutées à votre catalogue.
2. Créer un joli marqueur
Commençons par créer une carte : donnons-lui un nom, définissons une emprise et ajoutons un marqueur à l’emplacement du camping. Nous avons vu dans le tutoriel précédent comment effectuer ces opérations.
Ce gros marqueur bleu n’est pas très explicite pour figurer un camping. Remédions à cela. Dans le panneau latéral visible lorsqu’un marqueur est sélectionné, le menu Propriétés avancées permet de modifier l’apparence du marqueur :
Couleur : cliquer sur Hériter permet de choisir une couleur.
Forme de l’icône : le choix Par défaut correspond au marqueur actuel, les autres choix sont Cercle, Goutte et Épingle.
Symbole pour le marqueur : cliquer sur Ajouter un symbole pour choisir parmi une centaine de pictogrammes. Notez que le symbole n’est affiché que pour les formes d’icônes Par défaut et Goutte.
Étiquette : choisir Oui permet d’afficher en permanence le nom associé au marqueur
Voici le marqueur obtenu avec les propriétés ci-contre :
Modifier un marqueur
Pour modifier un marqueur de la carte, deux possibilités s’offrent à vous :
un clic sur le marqueur affiche le panneau qui vous permet de modifier son nom et sa description
un glisser-déposer vous permet de déplacer le marqueur sur la carte
3. Créer une ligne
Le premier jour de vacances nous allons en kayak de mer jusqu’à la Pointe de Dinan à l’ouest de la plage de Goulien. Traçons l’itinéraire suivi.
Le bouton Dessiner une ligne permet de tracer, point par point, une ligne constiutée de plusieurs segments. Cliquez à nouveau sur le dernier point tracé pour terminer la ligne : apparaît alors à droite un panneau permettant de donner un nom et une description à la ligne, comme pour les marqueurs.
Modifier une ligne
A tout moment vous pouvez sélectionner une ligne en double-cliquant dessus. Vous pouvez alors éditer ses propriétés dans le panneau latéral, ou modifier son tracé sur la carte :
supprimer un point de la ligne, matérialisé par un carré blanc, en cliquant dessus
déplacer un point par un glisser-déposer
insérer un point en cliquant sur un carré gris se trouvant au milieu de chaque segment
allonger la ligne avec un Ctrl-Clic lorsque le curseur est placé sur le premier ou dernier point
couper la ligne en deux : Clic droit sur un point puis choisir l’option Scinder la ligne
Propriétés d’une ligne
Les propriétés avancées d’une ligne permettent de définir sa couleur et d’autres paramètres définissant son style :
l’épaisseur est définie en nombre de pixels, sa valeur par défaut est 3 : saisir une valeur plus grande pour un trait plus large (qui sera plus facile à sélectionner).
l’opacité est un nombre entre 0 (transparent) et 1 (opaque), sa valeur par défaut est 0.5. Plus le trait est épais plus il peut être transparent.
la simplification du tracé définit la précision du tracé en nombre de pixels : le tracé s’adaptera au niveau de zoom. Il est en général inutile de modifier cette valeur pour un tracé réalisé à la main.
les pointillés sont définis par une série de chiffres séparés par des virgules : nombre de pixels affichés, nombre de pixels cachés, etc. L’épaisseur du trait doit être prise en compte : plus les traits sont épais plus les intervalles doivent être grands.
Voici le style de trait obtenu avec les propriétés ci-contre :
4. Créer un polygone
Le second jour de vacances nous louons un dériveur et naviguons dans la zone définie par le club nautique. Ajoutons cette zone à la carte.
Le bouton Dessiner un polygone permet de tracer le périmètre d’un polygone point par point, et de le terminer en cliquant à nouveau sur le dernier point comme pour le tracé d’une ligne. Une différence toutefois : dès le troisième point l’intérieur du polygone est coloré.
Propriétés d’un polygone
La liste des propriétés d’un polygone est assez longue. On y retrouve les mêmes propriétés que pour les lignes (couleur, opacité, etc.) : celles-ci s’appliquent au périmètre du polygone. Plus bas nous trouvons des propriétés spécifiques aux polygones :
les options trait et remplissage permettent de ne pas afficher le périmètre ou l’intérieur du polygone : si aucun de ces deux éléments est affiché le polygone est invisible.
la couleur du remplissage est par défaut celle du trait, mais peut être modifiée.
l’opacité du remplissage varie de 0 à 1, elle peut être très légère pour un polygone.
Deux autres options propres aux polygones sont disponibles :
lien externe : spécifier une URL aura pour effet d’ouvrir le page Web correspondante lorsque l’utilisateur clique sur le polygone.
Cliquable : choisir la valeur non ne permettra pas à l’utilisateur de sélectionner le polygone, donc de voir son nom et sa description dans une popup. Cela peut être utile pour définir la zone d’intérêt de la carte, qui ne porte pas elle-même d’information utile.
Un polygone non-cliquable ne peut plus être sélectionné sur la carte même en mode édition. Il faut pour cela passer par l’opération Visualiser les données disponible dans le sélecteur de calque, puis éditer l’élément correspondant dans la liste des données.
Faisons le point
Notre deuxième carte est déjà plus intéressante que la première, et en plus nous savons comment la retrouver facilement. Nous verrons dans le prochain et dernier tuto comment personnaliser notre carte.
Comment créer sa première Framacarte ? (Tutos uMap 2/4)
Juste avant Noël, nous vous présentions Framacartes, un service de création de cartes personnalisées pour vos sites web, communautés, randos, chasses au trésor… Framacartes est basé sur le logiciel Umap, qui permet d’ajouter des points, tracés et polygones sur les fonds de cartes d’OpenStreetMap.
C’est alors qu’Antoine Riche, ingénieur informatique, Contributeur et Formateur OpenStreetmap, nous a contactés pour nous présenter sa série de tutoriels (libres, eux aussi) pour apprendre à maîtriser uMap (et donc Framacartes) à toute la famille Dupuis-Morizeau.
C’est avec son autorisation (et de chaleureux remerciements) que nous reproduirons sur le framablog les quatre premiers tutos (le niveau « débutant ») afin d’en faire profiter le plus grand nombre.
Cette semaine, voyons comment créer sa première Framacarte 😉
Je crée ma première carte uMap
Ce que nous allons apprendre
distinguer le mode édition du mode consultation
identifier les étapes nécessaires pour créer une carte
produire une première carte et la diffuser !
Procédons par étapes
L’objet de notre première carte est simple : positionner un ou plusieurs lieux (domicile, vacances, travail, etc.). Procédons par étapes.
1. Le mode édition
Rendez-vous sur le site https://framacarte.org et cliquez sur le bouton Créer une carte. Apparaît alors sur votre navigateur une carte qui se présente ainsi :
Nous retrouvons à gauche les boutons disponibles lors de la consultation d’une carte. Plusieurs éléments visibles au-dessus et à droite de la carte sont visibles uniquement lorsque l’on crée ou modifie une carte, c’est-à-dire dans le mode édition :
le nom de la carte en haut à gauche
les boutons Annuler et Enregistrer en haut à droite
à droite une série de 3 boutons permettant d’ajouter des éléments à la carte : marqueurs, lignes et polygones
en-dessous une série de 5 boutons permettant de configurer la carte
2. Nommer la carte
Une carte doit porter un nom qui renseigne sur ce que représente la carte. Pour définir le nom de la carte, cliquez sur le bouton Éditer les paramètres.
Un panneau apparaît sur la droite de la carte, il contient en haut un champ de saisie pour le nom de la carte, qui contient le texte Carte sans nom : placez le curseur dans ce champ, supprimez le texte existant et saisissez le nom de votre carte, par exemple Mon domicile.
Notez que le nom en haut à gauche de la carte est immédiatement modifié. Vous pouvez également saisir un texte plus long dans le champ description, qui apparaîtra dans le panneau de légende – nous y reviendrons.
Maintenant sauvegardez la carte avec le bouton Enregistrer : un texte en anglais est affiché en haut de la carte, comme celui ci-dessous.
Ce texte explique que vous venez de créer une carte anonyme et vous donne un lien (une URL) pour pouvoir modifier la carte. En effet la carte que vous avez créée n’est associée à aucun compte, et uMap considère que seules les personnes ayant ce lien secret peuvent la modifier. Vous devez donc conserver ce lien si vous souhaitez pouvoir modifier la carte. Nous verrons dans le prochain tutoriel comment créer son catalogue de cartes en utilisant un compte, il n’est alors pas nécessaire de conserver de lien secret.
3. Ajouter un marqueur
Commencez par déplacer et zoomer la carte pour visualiser l’endroit précis de votre domicile, lieu de vacances ou de travail.
Cliquez ensuite sur le bouton Ajouter un marqueur. Le curseur prend la forme d’un signe + et est accompagné d’un marqueur de couleur bleue. Déplacez le curseur sur le lieu que vous voulez marquer et cliquez avec le bouton gauche de la souris : le marqueur est déposé à cet endroit et un panneau apparaît à droite.
Ce panneau vous permet d’associer un nom et une description au marqueur :
le nom sera affiché au survol du marqueur par la souris
le nom et la description seront visibles dans une fenêtre dite popup qui apparaîtra lors d’un clic sur le marqueur.
Nous verrons plus loin l’utilité des calques, et comment modifier les propriétés du marqueur : forme, couleur, pictogramme, etc.
Répétez l’opération pour ajouter les marqueurs que vous jugez utiles à votre carte.
4. Définir l’emprise de la carte
Il est important de définir l’emprise initiale de la carte, c’est-à-dire la partie du planisphère qui sera affichée lors de la consultation de la carte.
Cette emprise doit inclure votre marqueur et permettre de situer la carte. Il convient de trouver un compromis entre un zoom trop éloigné et un zoom trop rapproché. Le bon compromis dépend essentiellement du contenu de la carte : la majorité des marqueurs, lignes et polygones doivent être visibles et utiliser au mieux l’étendue de la carte.
Vous pouvez aussi considérer le public de la carte : une carte expédiée à votre voisin peut être très zoomée, une carte envoyée un correspondant étranger doit permettre de reconnaître le pays où se trouve votre carte.
Pour définir l’emprise, déplacez et zoomez la carte afin d’afficher l’emprise souhaitée puis cliquez sur le bouton Enregistrer le zoom et le centre actuels.
uMap enregistre en réalité le centre et le niveau de zoom. Selon la taille de la fenêtre où est affichée la carte, la partie visible pourra varier. Il est utile de prévoir une marge autour du contenu de la carte.
5. Enregistrer la carte
Toute modification de la carte doit être sauvegardée sur le serveur uMap en cliquant sur le bouton Enregistrer en haut à droite. Cette opération enregistre toutes les modifications depuis la dernière sauvegarde : vous pouvez donc réaliser plusieurs modifications à la suite puis les enregistrer. A l’inverse le bouton Annuler permet de supprimer toutes les modifications depuis la dernière sauvegarde.
Après avoir enregistré les modifications, le bouton Annuler est remplacé par Désactiver l’édition. Cela vous permet de quitter le mode édition pour voir la carte en mode consultation. Vous pouvez alors tester votre carte : cliquez sur le marqueur pour afficher la popup et vérifier son nom et sa description.
Félicitations ! Vous avez créé votre première carte uMap. Vous pouvez la diffuser à votre entourage en copiant son URL dans la barre d’adresse du navigateur, ou en copiant son URL courte disponible dans le menu Partager vu dans le tutoriel Je consulte une carte uMap.
Faisons le point
Votre première carte est créée, en quelques étapes. L’opération est assez simple, mais le résultat est somme toute assez sommaire. Le tutoriel de la semaine prochaine nous permettra de créer une jolie carte.
Suite à la mise en place de la campagne Dégooglisons Internet, Framasoft souhaite impulser la création d’un Collectif d’Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires (C.H.A.T.O.N.S. ! 😛 ).
Ce collectif rassemblerait les organisations souhaitant proposer des services alternatifs à ceux de GAFAM (Google, Apple, Facebook, Amazon, Microsoft), respectueux de la vie privée des utilisateurs.
Le projet n’en est qu’à ses débuts et ne sera pas ouvert au public avant plusieurs mois, mais ce billet permet d’informer les actuels hébergeurs de services libres de l’initiative.
Rappelons que ce projet, qui s’étale sur plusieurs années, vise à résister à la colonisation du web par Google, Apple, Facebook, Amazon ou Microsoft (GAFAM pour les intimes, et la totalité des internautes sont, justement, très intimes avec eux).
Pour cela, nous nous étions fixés trois objectifs :
1 – Sensibiliser le grand public aux dangers (avérés, mais surtout à venir) d’une trop grande centralisation des services web :
dépendance à des outils contrôlés à distance par d’autres ;
marchandisation de nos données personnelles ;
surveillance généralisée facilitée pour les états (telle que révélée entre autre par Edward Snowden) ;
frein à l’innovation du fait de la puissance financière de ces sociétés. Pour information, Alphabet, la maison mère de Google, est la première capitalisation boursière mondiale (la seconde étant… Apple). Jamais notre monde n’a connu d’entreprises aussi riches ;
un « débordement » du cadre web qui devrait nous interroger (voiture sans chauffeur, investissement dans les biotechnologies, la robotique, des projets pas du tout farfelus pour connecter toute la planète, des objets connectés surveillant nos faits et gestes, des incursions dans le domaine politique, etc.).
2 – Démontrer que le logiciel libre était une alternative (probablement la seule, d’ailleurs) aux services de GAFAM.
Pour cela, nous avons mis en place plus d’une quinzaine de services en ligne respectueux de vos données. Et une quinzaine d’autres devraient suivre dans les 18 prochains mois.
3 – Essaimer notre démarche, afin de ne pas nous-mêmes devenir un « espace centralisé »
Un bilan positif
Sur le premier point (sensibilisation), nous sommes satisfaits du résultat :
le nombre de tickets sur notre support (241 en janvier) est aussi un bon indicateur 😛
Sur le troisième point (essaimage), il semblerait que la rencontre ait eu lieu : nous avons appris (parfois par hasard !) que de nombreux « clones » de nos services avaient été mis en place (Diaspora Nouvelle Donne, Framadate ici ou là, MyPads, etc.)
Mais aussi des faiblesses
Pourtant, nous savons que nous allons dans le mur !
Pour l’instant, nous n’avons pas de problème pour fournir le service. Grâce à vos dons, nous avons pu embaucher un administrateur système à temps plein, ce qui va nous permettre de stabiliser l’infrastructure technique (une quarantaine de machines virtuelles, tout de même).
Cependant, cette croissance permanente n’est pas tenable à long terme.
Certes, nous pourrions demander plus de dons, pour embaucher plus, maintenir plus de machines. Mais cela ne nous parait pas être une bonne solution : nous n’avons pas envie de courir derrière l’argent, et surtout cela ferait de Framasoft, à terme, un service centralisateur du même type que celui contre lequel nous essayons de résister !
Et, non, pour répondre à une demande récurrente, il n’est pas question pour nous de proposer des services payants, car nous n’avons pas envie de gérer des clients. Ça, c’est le travail d’entreprises du libre (et elles ne manquent pourtant pas). Framasoft est une petite association et ce statut nous convient tout à fait.
Framasoft : une AMAP du libre ?
Vous pouvez voir Framasoft comme une AMAP du logiciel libre, en quelque sorte. Ce type d’organisation ne fait sens que si la taille en reste raisonnable, que s’il y a proximité entre le producteur (Framasoft) et les utilisateurs (vous !).
Dit plus clairement : nous ne cherchons pas de solution technique ou financière à une crise de croissance. Même si cela peut paraître paradoxal, nous souhaitons d’ores et déjà anticiper le ralentissement de cette croissance ! 🙂
Une forme de sobriété volontaire qui pourra sans doute en étonner certains, mais qui parait relativement logique si on ne souhaite pas « industrialiser » les processus car cette industrialisation, justement, génère des effets de bords négatifs pour la vie privée de nos utilisateurs. Nous sommes fiers de notre indépendance (grâce à vos dons), et de notre côté « artisan du web » qui peut encore prendre le temps de discuter/débattre avec ses utilisateurs.
Des chatons (et de la bière ?) pour libérer le monde !
Pour les raisons évoquées ci-dessus, Framasoft souhaite aujourd’hui renforcer son objectif d’essaimage.
Nous nous proposons aujourd’hui d’impulser la création d’un collectif nommé C.H.A.T.O.N.S. pour : Collectif d’Hébergeurs Alternatifs, Transparents, Ouverts, Neutres et Solidaires.
Pour faire court, CHATONS serait un peu aux services libres ce que la Fédération FDN est aux fournisseurs d’accès internet libres : un moyen de rassembler, de mutualiser, de décentraliser, de donner de la visibilité, de fédérer autour de valeurs communes, de faciliter l’essaimage, mais sans pour autant centraliser, rigidifier, contrôler ces structures.
Pour faire plus long, reprenons les objectifs possibles d’un tel collectif, dont nous souhaitons faciliter l’émergence :
1 – Rassembler
Il existe en fait déjà de nombreux hébergeurs de services en ligne libres et alternatifs, dont certains existent depuis bien, bien plus longtemps que Framasoft.
Etc. (cette liste est très loin d’être exhaustive)
L’un des objectifs serait de proposer à ces différentes structures, si elles le souhaitent, de rejoindre le collectif.
2 – Mutualiser
Les libristes aiment leur indépendance, elle est parfois une force qui nous permet de faire preuve d’innovation, de résilience, de créativité, de réactivité. Et elle est parfois un faiblesse, qui nous fait réinventer la roue, non pas par plaisir, mais juste par ignorance que d’autres ont déjà trouvé une solution à notre problème.
L’un des objectifs serait de partager l’information et les bonnes pratiques, sans pour autant imposer ces dernières.
3 – Décentraliser
Framapad est en rade ? Vous cherchez un service de sondages plus poussé que Framadate ? Vous voulez quitter Gmail, sans savoir chez quel fournisseur prendre votre email ?
Framasoft ne couvre pas l’ensemble des besoins, et ne propose aucune garantie de disponibilités dans ses Conditions Générales d’Utilisation. Il serait donc utile de répartir la charge et les services sur différentes organisations, non seulement pour éviter les silos de données, mais aussi pour s’assurer de ne laisser aucun utilisateur dans l’impasse.
L’un des objectifs serait de mettre en réseau les différentes organisations volontaires, afin qu’elles puissent proposer des services complémentaires (voir redondants) aux utilisateurs.
4 – Donner de la visibilité
Parmi les soucis que Framasoft rencontre, il y a le fait que nous sommes loin de connaître toutes les hébergeurs libres et alternatifs en France ou à l’étranger.
Pour prendre un exemple parmi beaucoup d’autres, nous avons découvert presque par hasard l’association Nanterasso (qui dépend du GUL Nanterrux). Il y a sans doute de nombreuses autres associations de ce type en France.
D’autres structures existantes, comme ouvaton.coop, mériteraient sans doute un coup de projecteur.
L’un des objectifs serait de rendre visible, sur un site web, les différentes structures membres du collectif, ainsi que leurs offres.
5 – Fédérer
Évidemment pour qu’un collectif fonctionne, il faut que ses membres se retrouvent autour de valeurs communes. Sans elles, on finit par ne plus savoir ce qu’on fait là, ce qu’on partage avec l’autre, ni ce qui nous rassemble.
Nous proposons que le collectif rédige :
un manifeste, pour poser noir sur blanc les valeurs défendues ;
une charte, permettant à chacun de connaître les règles de gestion du collectif.
L’un des objectifs serait donc de fixer ensemble les règles communes permettant aux membres du collectif de pouvoir promouvoir et défendre efficacement les valeurs qui les rassemble.
6 – Essaimer
Le collectif CHATONS est un collectif « sans compétition » : le but ne doit pas être d’avoir le plus grand nombre d’utilisateurs, puisque les membres souhaitent décentraliser les services. Par conséquent, le collectif veillera à faciliter la création et l’accueil de nouveaux membres.
L’un des objectifs serait d’abaisser « la barrière à l’entrée » pour les nouveaux entrants. Plus il y aura de chatons actifs respectant la charte et le manifeste, mieux cela vaudra pour le collectif.
7 – Partager
Trouver des tutoriels expliquant comment mettre en place tel ou tel service, c’est bien. Mais cela ne permet de réduire efficacement l’écart entre « ceux qui utilisent » et « ceux qui savent comment ça marche ». Nous devons faire de l’éducation populaire, en partageant avec les utilisateurs de nos services. Nous devons être à leur écoute, y compris devant des questions qui nous paraissent parfois naïves : « Au fait, par où passe mon email quand je clique sur « Envoyer », et que l’ordinateur de mon destinataire est éteint ? », « Mais un logiciel propriétaire, ça ne veut pas dire que je suis propriétaire de mes données, justement ? », « Quel problème y a-t-il à utiliser GMail ? C’est gratuit et ça marche bien, non ? »
Ces questions, on nous les pose souvent, mais notre expérience a montré que nous y répondions moins bien par email que quand nous étions face aux personnes, une bière (ou autre breuvage) à la main. L’explication passe mieux, non pas parce que nous serions plus clairs après avoir bu une pinte, mais parce que nous échangeons sur un pied d’égalité avec nos interlocuteurs, qui nous apprennent aussi de leurs usages, de leurs pratiques. Si nous voulons informer objectivement le public pour qu’il puisse faire des choix éclairés, il nous faut le rencontrer, lui parler, échanger, partager. Et sortir de notre tour d’ivoire.
L’un des objectifs serait donc de consacrer du temps à des temps de partages (et non comme souvent des temps d’informations distanciés, parfois professoraux ou dogmatiques), cela n’étant possible que si le collectif dispose d’un réseau suffisamment étendu géographiquement.
Et maintenant ?
Voilà pour l’idée dans les grandes lignes.
Mais, même si nous savons que le diable se cache dans les détails, nous ne souhaitons – volontairement – pas aller beaucoup plus loin pour le moment, afin de faciliter la participation et le débat.
Ce qui a été fait :
Nous avons déjà contacté en amont quelques structures (notamment celles citées plus haut), ce qui ne veut évidemment pas dire que la participation est close ! (cf « Vous souhaitez devenir un chaton ? » ci-dessous)
Nous avons déjà commencé la rédaction d’un Manifeste et d’une Charte (en version 0.1, il ne s’agit que d’un brouillon de proposition, les versions finales n’auront probablement rien à voir)
Nous avons réservé le nom de domaine http://chatons.org, mais le site ne sera pas rendu public avant l’été.
Nous avons proposé un planning :
Janvier à juin 2016 – discussions sur la Charte et le Manifeste
26/01 – annonce “officielle” du projet CHATONS à Brest
Précisons tout de suite qu’il ne s’agit pas d’un projet interne à Framasoft, même si c’est Framasoft qui l’impulse. Nous serons à terme un chaton parmi les autres. Cependant, pour pouvoir avancer relativement efficacement, nous avons préféré proposer une base de travail (Charte et Manifeste), ainsi qu’un planning indicatif, afin de ne pas nous perdre dans les discussions trollesques que nous, libristes, apprécions tant 😉
Vous souhaitez devenir un chaton ?
Pour l’instant, nous allons débuter la phase de discussion, donc il est encore un peu tôt pour “postuler”, car nous ne saurions vous accueillir, puisque le collectif n’existe pas 🙂
Cependant, si vous pensez pouvoir apporter quelque chose de concret et tangible aux discussions (et non du “yakafokon”), vous pouvez laisser un message en commentaire du billet (en laissant bien votre adresse courriel dans le champ approprié, qui ne sera pas diffusée, au cas où nous souhaiterions vous recontacter).
Bref, pour l’instant, il ne s’agit que d’une idée, donc il va nous falloir un peu de temps pour la structurer avant de la présenter au public. Mais nous souhaitions la présenter ici, car il ne fait aucun doute que Framasoft consacrera une partie de son énergie à ce projet.
Internet est-il cassé ?
Pas encore, mais il est certain qu’Internet, tel que nous le connaissons, est en train de changer. Et pas forcément dans le bon sens.
Face à ce mouvement de concentration, qui pourrait bien transformer Internet en Googleternet ou Facebookternet, nous ne voyons qu’une seule voie (si vous en avez d’autres à proposer, on prend !) : décentraliser internet en faisant en sorte qu’il demeure tel qu’il a été conçu. Neutre. Ouvert. Interopérable. Libre.
Si nous voulons une économie qui soit aussi sociale et solidaire, il va nous falloir un internet qui soit aussi social et solidaire. Et cela passera entre autre par une diversité d’acteurs indépendants proposant des services web libres, éthiques et respectueux de vos données, décentralisés et solidaires.
La Blockchain, au-delà du Bitcoin
Il existe déjà sur le Bitcoin et la nombreuse famille des monnaies virtuelles une abondante littérature qui évoque les espoirs et les fantasmes que génèrent les crypto-monnaies. Mais pour qui n’est encore ni utilisateur dans ses paiements ni prosélyte convaincu, il n’est pas si facile de comprendre le principe de fonctionnement qui sous-tend le succès grandissant de cet argent dématérialisé sans intermédiaire.
Pour savoir ce qui se passe en coulisses, il est nécessaire d’appréhender correctement ce qu’est la blockchain. C’est bien délicat, et rares sont les explications limpides qui nous permettent de saisir l’essentiel. L’article « Chaîne de blocs » de Wikipédia utilise très vite des prérequis dont ne disposent probablement pas les Dupuis-Morizeau : « système cryptographique », « base de données distribuée », « nœud de stockage », etc.
Heureusement, il arrive que nous rencontrions un article qui présente des qualités de clarté telles que nous nous faisons un devoir de le partager. Qui plus est, nous y découvrons que le bitcoin n’est qu’un exemple aujourd’hui notoire des très nombreuses possibilités d’application de la blockchain dans des domaines très variés, ce qui pourrait à moyen terme changer beaucoup de choses dans notre vie quotidienne…
L’auteur, Jean-Paul Delahaye est un universitaire, mathématicien et informaticien, chercheur à l’Université de Lille 1. Nous le remercions d’avoir accepté que nous reprenions ici, mis à jour pour les données numériques, son texte déjà publié en 2014 sur le blog de Scilogs.
La puissance de la blockchain
Imaginez qu’au centre de la place de la Concorde à Paris, à côté de l’Obélisque on installe un très grand cahier, que librement et gratuitement, tout le monde puisse lire, sur lequel tout le monde puisse écrire, mais qui soit impossible à effacer et indestructible. Cela serait-il utile ?
Il semble que oui.
– On pourrait y consigner des engagements : « je promets que je donnerai ma maison à celui qui démontrera la conjecture de Riemann : signé Jacques Dupont, 11 rue Martin à Paris ».
– On pourrait y déposer la description de ses découvertes rendant impossible qu’on en soit dépossédé : « Voici la démonstration en une page que j’ai trouvée du Grand théorème de Fermat …».
– On pourrait y laisser des reconnaissances de dettes qui seraient considérées valides tant que celui à qui l’on doit l’argent n’a pas été remboursé et n’est pas venu l’indiquer sur le cahier.
– On pourrait y donner son adresse qui resterait valide jusqu’à ce qu’une autre adresse associée au même nom soit ajoutée, annulant la précédente.
– On pourrait y déposer des messages adressés à des personnes qu’on a perdues de vue en espérant qu’elles viennent les lire et reprennent contact.
– On pourrait y consigner des faits qu’on voudrait rendre publics définitivement, pour que l’histoire les connaisse, pour aider une personne dont on souhaite défendre la réputation, pour se venger, etc.
Pour que cela soit commode et pour empêcher les tricheurs d’écrire en se faisant passer pour vous, il faudrait qu’il soit possible de signer ce qu’on écrit. Il serait utile aussi que l’instant précis où est écrit un message soit précisé avec chaque texte déposé sur le grand cahier (horodatage).
Imaginons que tout cela soit possible et qu’un tel cahier soit mis en place, auquel seraient ajoutées autant de pages nouvelles que nécessaire au fur et à mesure des besoins. Testaments, contrats, certificats de propriétés, récits divers, messages adressés à une personne particulière ou à tous, attestations de priorité pour une découverte, etc., tout cela deviendrait facile sans avoir à payer un notaire, ou un huissier. Si un tel cahier public était vraiment permanent, infalsifiable, indestructible, et qu’on puisse y écrire librement et gratuitement tout ce qu’on veut, une multitude d’usages en seraient imaginés bien au-delà de ce que je viens de mentionner.
Un tel objet serait plus qu’un cahier de doléances ou un livre d’or, qui ne sont pas indestructibles. Ce serait plus qu’un tableau d’affichage offert à tous sur les murs d’une entreprise, d’une école ou d’une ville, eux aussi temporaires. Ce serait plus que des enveloppes déposées chez un huissier, coûteuses et dont la lecture n’est pas autorisée à tous. Ce serait plus qu’un registre de brevets, robuste mais sur lesquels il est coûteux et difficile d’écrire. Ce serait plus que les pages d’un quotidien qui sont réellement indestructibles car multipliées en milliers d’exemplaires, mais sur lesquelles peu de gens ont la possibilité d’écrire et dont le contenu est très contraint.
Place de la Concorde ?
Bien sûr, ce cahier localisé en un point géographique unique ne serait pas très commode pour ceux qui habitent loin de Paris. Bien sûr, ceux qui y rechercheraient des informations en tournant les pages se gêneraient les uns les autres, et gêneraient ceux venus y inscrire de nouveaux messages. Bien sûr encore, faire des recherches pour savoir ce qui est écrit dans le cahier (telle dette a-t-elle été soldée ? Telle adresse est-elle la dernière ? etc.) deviendrait vite impossible en pratique quand le cahier serait devenu trop gros et que ses utilisateurs se seraient multipliés.
Ces trois inconvénients majeurs :
a) localisation unique rendant l’accès malcommode et coûteux ;
b) impossibilité de travailler en nombre au même instant pour y lire ou y écrire ;
c) difficulté de manipuler un grand cahier…
… peuvent être contournés. L’informatique moderne avec la puissance de ses machines (y compris les smartphones) et ses réseaux de communication est en mesure de les surmonter.
D’ailleurs cette idée d’un grand cahier informatique, partagé infalsifiable et indestructible du fait même de sa conception est au cœur d’une révolution qui débute. Nous la baptiserons la «révolution de la blockchain »(nous allons expliquer pourquoi) ou plus explicitement et en français : « la révolution de la programmation par un fichier partagé et infalsifiable ».
L’idée de Nakamoto
Le nom proposé vient de la blockchain du bitcoin, la monnaie cryptographique créée en janvier 2009, et qui a depuis connu un développement considérable et un succès réel très concrètement mesurable : la valeur d’échange des devises émises en bitcoins dépasse aujourd’hui 5 milliards d’euros. Au cœur de cette monnaie, il y a effectivement un fichier informatique infalsifiable et ouvert. C’est celui de toutes les transactions, baptisé par Satoshi Nakamoto son inventeur : la blockchain. C’est un fichier partagé, tout le monde peut le lire et chacun y écrit les transactions de bitcoins qui le concerne, ce qui les valide. La blockchain existe grâce à un réseau pair à pair, c’est-à-dire géré sans autorité centrale par les utilisateurs eux-mêmes. Certains de ces utilisateurs détiennent des copies de la blockchain, partout dans le monde. Ces centaines de copies sont sans cesse mises à jour simultanément, ce qui rend la blockchain totalement indestructible, à moins d’une catastrophe qui toucherait en même temps toute la terre. Ce fichier a été rendu infalsifiable par l’utilisation de procédés cryptographiques qui depuis sa création en 2009 se sont révélés résister à toutes les attaques : personne jamais n’a pu effacer ou modifier le moindre message de transaction auparavant inscrit dans la blockchain du bitcoin.
C’est possible, cela existe !
Le rêve du grand cahier de la place de la Concorde est donc devenu possible, et en réalité ce que l’informatique moderne, les réseaux et la cryptographie ont su créer dans le monde numérique est bien supérieur à tout ce qu’on aurait pu tenter de faire avec du papier, du métal ou tout dispositif composé d’objets physiques. En particulier :
a) l’accès à la blockchain, grâce aux réseaux, se fait instantanément de n’importe où dans le monde, pourvu qu’on dispose d’un ordinateur ou simplement d’un smartphone ;
b) des milliers d’utilisateurs peuvent y lire simultanément sans se gêner ;
c) chacun peut gratuitement et sans limitation ajouter de nouveaux messages de transactions selon un procédé qui assure la cohérence et la robustesse du fichier blockchain.
La taille de la blockchain du bitcoin s’accroît progressivement, mais reste manipulable par les formidables machines dont nous disposons tous aujourd’hui. Elle comporte aujourd’hui 54 giga-octets (5,4 10^10 caractères), ce qui est l’équivalent d’environ 54 000 ouvrages de 200 pages. Cela semble énorme, mais nos ordinateurs sont maintenant assez puissants pour cela.
L’exploration par son ordinateur de ce qui est inscrit donne librement accès à tout le contenu de cette blockchain quasi-instantanément de n’importe quel endroit du monde. C’est d’ailleurs, dans le cas du bitcoin, ce qui permet de calculer le solde des comptes. Les systèmes de signatures cryptographiques garantissent que les messages de transaction que vous inscrivez sur la blockchain concernant vos comptes ont été écrits par vous. L’ordre des inscriptions fournit aussi une datation (horodatage) des transactions et donc les ordonne. Tout cela est fait, sans qu’aucune autorité centrale ne s’en occupe, puisque ce sont certains des utilisateurs (appelé « mineurs » dans le cas du bitcoin) qui en opèrent la surveillance, et qui se contrôlent mutuellement, assurant l’honnêteté des sauvegardes et leur cohérence.
L’exemple d’une monnaie est la plus spectaculaire et la plus visible aujourd’hui des merveilles que réalise une blockchain. Qu’on ait pu ainsi créer une monnaie, grâce à un fichier partagé, semble incroyable. Cela d’autant plus qu’il s’agit d’une monnaie d’un nouveau type : elle ne repose sur aucune autorité émettrice, autorise des transactions quasi-instantanées gratuitement d’un point à l’autre du globe.
De nombreuses variantes
Au-delà du miracle que constitue cette monnaie (nous ne reviendrons pas sur le détail de son fonctionnement), c’est l’ensemble de tout ce que rend possible ce type d’objet qu’est une blockchain que nous voulons évoquer, car il semble bien qu’un nouveau monde économique, social, législatif, politique et monétaire en résulte. Aujourd’hui, nous n’en avons pas pris la mesure.
Le bitcoin utilise une blockchain qui lui est propre et ne sert a priori qu’à inscrire des transactions, mais l’idée de cette blockchain peut se décliner d’une multitude de façons donnant naissance à autant d’applications nouvelles. Nous avons sans doute pour l’instant entrevu que quelques aspects de ce que de tels dispositifs autorisent. Il s’agit rien moins que de l’apparition d’un nouveau type d’objets réels, aussi durs que le métal, contenant des informations d’une complexité sans limites. Nos ordinateurs aux extraordinaires capacités de calcul y accèdent instantanément grâce aux réseaux, explorant rapidement ce qui s’y trouve, y déposant de nouveaux messages éventuellement cryptés, et les extrayant aussi rapidement. Ces nouveaux objets du fait de leur nature numérique et de leurs propriétés de robustesse et d’ubiquité — ils existent partout dans le monde à la fois — ont des propriétés qu’aucun objet du monde n’a jamais possédées.
Il existe aujourd’hui des centaines de variantes du modèle bitcoin. Ce sont essentiellement d’autres monnaies — on parle de crypto-monnaies — qui chacune s’appuie sur une blockchain particulière. Cependant depuis qu’on a compris que l’idée de Nakamoto était beaucoup plus générale, d’autres systèmes avec blockchain sont apparus ou sont en cours de développement.
Une révolution en marche
Certaines des idées évoquées au départ peuvent se mettre en place soit grâce à une nouvelle blockchain, soit en essayant d’utiliser la blockchain du bitcoin qu’on détournera de sa fonction première pour lui faire réaliser des opérations non prévues par Nakamoto. Dom Steil un entrepreneur s’occupant du bitcoin et auteur de nombreux articles sur les nouvelles technologies a exprimé assez clairement l’idée de cette révolution :
« La blockchain est intrinsèquement puissante du fait que c’est la colonne vertébrale d’un nouveau type de mécanisme de transfert et de stockage distribué et open source. Elle est le tiers nécessaire pour le fonctionnement de nombreux systèmes à base de confiance. Elle est la feuille universelle d’équilibrage utilisée pour savoir et vérifier qui détient divers droits numériques. De même qu’Internet a été la base de bien d’autres applications que le courrier électronique, la blockchain sera la base de bien d’autres applications qu’un réseau de paiement. Nous en sommes aux premiers instants d’un nouvel âge pour tout ce qui est possible au travers d’un réseau décentralisé de communications et de calculs. ». Voir ici.
Jon Evans un ingénieur informaticien et journaliste spécialisé dans les nouvelles technologies partage cet enthousiasme :
« La technologie blockchain au cœur du bitcoin est une avancée technique majeure qui, à terme, pourrait révolutionner l’Internet et l’industrie de la finance comme nous les connaissons ; les premiers pas de cette révolution en attente ont maintenant été franchis. »
« La « blockchain » —le moteur qui sert de base au bitcoin— est un système distribué de consensus qui autorise des transactions, et d’autres opérations à être exécutées de manière sécurisée et contrôlée sans qu’il y ait une autorité centrale de supervision, cela simplement (en simplifiant grossièrement) parce que les transactions et toutes les opérations sont validées par le réseau entier. Les opérations effectuées ne sont pas nécessairement financières, et les données ne sont pas nécessairement de l’argent. Le moteur qui donne sa puissance au bitcoin est susceptible d’un large éventail d’autres applications. » ( ici et ici )
La machine qui inspire confiance
comment la technologie derrière le Bitcoin pourrait changer le monde
Namecoin, Twister, Ethereum
Parmi les blockchain autres que celle du bitcoin et ayant pour objets des applications non liées à la monnaie, il faut citer le Namecoin un système décentralisé d’enregistrement de noms : on écrit sur la blockchain du Namecoin des paires (nom, message). Un des buts de Namecoin est la mise en place d’un système d’adresses pour les ordinateurs connectés au réseau internet qui pourrait se substituer au système actuel DNS (Domaine name system) en partie aux mains d’organisations américaines. Les créateurs de cette blockchain affichent les objectifs suivants : protéger la libre parole en ligne en rendant le web plus résistant à la censure ; créer un nom de domaine «.bit» dont le contrôle serait totalement décentralisé ; mémoriser des informations d’identité comme des adresses email, des clefs cryptographiques publiques. Ils évoquent aussi la possibilité avec cette blockchain d’organiser des votes ou des services notariés. Malheureusement cette blockchain est peu commode car les dépôts d’informations y sont payants (en namecoin), et même si les coûts sont très faibles, ils compliquent beaucoup son utilisation. Voir ici.
Plus récemment a été créé Twister, un système concurrent de Twitter (le système de micro-blogging bien connu) mais totalement décentralisé et donc libre de toute censure ou contrôle. La blockchain de Twister ne sert dans ce cas pas à stocker toute l’information de la plateforme de micro-bloging (qui est distribuée sur un réseau pair à pair évitant que les nœuds du réseau aient à gérer de trop gros volumes de données) mais seulement les informations d’enregistrement et d’authentification. Voir ici.
Un projet plus ambitieux car se voulant le support possible d’applications complexes basé sur une notion de contrat (smartcontract) est en cours de développement : il se nomme Ethereum. La blockchain associée à Ethereum émettra une monnaie (l’éther) sur le modèle de bitcoin, mais ce ne sera qu’une des fonctions de cette blockchain. Voir ici.
Une autre avancée toute récente a été proposée par Adam Back, inventeur déjà d’une monnaie électronique précurseur du bitcoin. Back a constaté que le bitcoin ne peut évoluer que très lentement car les décisions pour ces évolutions se font selon un processus qui exige un accord difficile à obtenir de la part de ceux qui travaillent à le surveiller et qui ne sont pas organisés en structure hiérarchique —c’est un problème avec les applications totalement décentralisées dont le contrôle n’est aux mains de personne. Il a aussi noté que beaucoup d’idées innovantes proposées par des blockchain nouvelles n’ont qu’un succès limité. En valeur, le bitcoin reste très dominant parmi les monnaies cryptographiques. Avec une équipe de chercheurs, il a mis au point une méthode liant les blockchains les unes aux autres. Ce système de « sidechain » permettra de faire passer des unités monétaires d’une chaîne A vers une autre B. Elles disparaîtront de la chaîne A pour réapparaître sur la chaîne B et pourront éventuellement revenir dans A. Chaque blockchain est un petit univers où il est utile de disposer d’une monnaie (par exemple sur Namecoin, il y a une monnaie). Cependant faire accepter une nouvelle monnaie et stabiliser son cours est difficile et incertain. De plus chaque blockchain est une expérience comportant des risques qui sont d’autant plus grands qu’elle est récente et innovante. Le système des sidechain une fois mis en place (ce n’est pas si simple et aujourd’hui aucune sidechain ne fonctionne) permettra de tester rapidement de nouvelles idées. Chacune pourra « importer » la monnaie d’une autre blockchain, sans doute la monnaie bitcoin qui est la mieux installée et celle pour laquelle la confiance est la plus forte. Le système est conçu pour que la chaîne qui « prête » de l’argent à une autre ne risque pas plus que ce qu’elle prête et donc ne prenne qu’un risque limité.
« Une forme d’anarchie à base numérique va poursuivre son développement »
On le voit, la complexité (de nos puces, de nos machines, de nos applications, de nos réseaux informatiques) a créé un univers où les nouveaux objets indestructibles que sont les blockchains changent les règles du jeu : moins de centralisation, moins d’autorité, plus de partages sont possibles. Une forme d’anarchie à base numérique va poursuivre son développement. Le monde qui en sortira est difficile à imaginer, mais il se forme et même si on peut le craindre autant que certains l’appellent de leurs vœux, il sera là bientôt.
The trust machine, un article (en anglais) du très sérieux magazine The Economist, qui consacre à la blockchain la couverture de son numéro d’octobre 2015.
Crédits Images
« Bitcoin accepted here », Francis Storr (CC BY-SA 2.0)
Schéma des blocs par Matthäus Wander (CC BY-SA 3.0) via Wikimedia Commons
The trust machine, image de couverture du magazine The Economist du 30 octobre 2015,