La nouvelle du mardi 20:42

Chaque jour de cette semaine, à 20:42, une nouvelle de 2042 concoctée avec amour par les participant⋅es des ateliers #solarpunk #UPLOAD de l’UTC.

Aujourd’hui, la vie quotidienne sur le campus, on se bouge sans voitures à l’UPLOAD… Mais d’abord  cet apéritif riche en calories : le monologue d’un poêle de masse !

Confession d’un poêle de masse

— Enchanté, je suis le poêle de masse du foyer étudiant de l’UPLOAD ! Je trône dans ce grand salon collectif où vivent les étudiant·es, afin d’apporter de la chaleur à leur corps mis à rude épreuve par l’hiver picard et les pénuries énergétiques. Toutes les salles de l’université ne peuvent être chauffées, mais vous pourrez toujours compter sur moi pour vous apporter du réconfort physique et moral. Car attention, je ne suis pas qu’un vulgaire moyen de chauffage : oh non, je suis bien plus que ça ! Voulant réchauffer leurs corps, les étudiant·es se réunissent autour de moi, créant ainsi des moments festifs et intimes qui réchauffent aussi leurs cœurs. C’est sûrement pour ça que je suis l’un des rares objets du foyer à avoir mon propre surnom : “Poelito” qu’iels me nomment ! C’est bien sûr ironique, car je pèse plusieurs tonnes. Mais moi je n’ai rien à envier aux poêles classiques tout rachitiques, au contraire, c’est mon poids qui fait ma force en tant que poêle de masse ! Laissez-moi vous expliquer…

Wood Stove par Matt Kern, licence CC-BY 2.0 Deed

 

Je me nourris de bois, une ressource locale, abordable et renouvelable. Contrairement aux poêles classiques qui le consument lentement et réchauffent directement l’air ambiant, je le brûle violemment et le stocke dans la matière qui m’entoure. Il peut s’agir de brique, de pierre, de terre crue, de faïence, bref n’importe quoi d’assez dense pour retenir la chaleur par inertie. L’avantage, c’est que je libère de la chaleur par rayonnement tel un petit soleil, et ce à faible dose jusqu’à 24h voir 36h après ma combustion, ce qui est beaucoup plus agréable et pratique. Eh oui, il suffit de me nourrir de quelques bûches, et puis vous êtes tranquille pour le restant de la journée ! C’est très pratique quand l’étudiant·e responsable de ma combustion chaque matin a oublié son tour ou veut faire la grasse mat’ après une soirée bien arrosée à l’alcool de topinambour. Bon, en pratique je ne meurs jamais de faim car les étudiant·es aiment me nourrir sans cesse – tel des grand·es parent·es avec leur petit-enfant – faut dire que je ne suis pas compliqué. Grâce à ma combustion à haute température, je brûle plus efficacement tout type de bois, en produisant moins de pollution et ce pour un meilleur rendement (jusqu’à 90 %!) par rapport aux poêles classiques. Alors vous êtes convaincu·es ? Il n’y a plus qu’à me construire ! N’ayez pas peur, même des étudiant·es peuvent le faire, alors pourquoi pas vous !

Je suis né à l’occasion d’un projet scolaire d’étudiant·es de l’UPLOAD. Iels ont commencé par identifier les différents matériaux qui me constitueraient : des pierres taillées par les apprenti⋅es tailleur·euses du coin pour la structure principale en contact avec les flammes, des briques récupérées d’un vieux muret effondré pour la structure secondaire et la cheminée, quelques faïences artisanales pour un habillage étanche et classe, de la terre crue en briques ou enduits pour recouvrir le tout et faire des bancs chauffants à mes côtés. Vous me verriez, je suis unique en mon genre, le digne reflet des matériaux et savoir-faire locaux !

Après cet inventaire, les étudiant·es ont pu imaginer mon fonctionnement et mes plans. Comme tout poêle de masse, je suis composé d’un cœur de chauffe où se déroule la combustion, de circuits de fumées sinueux pour que la chaleur ait le temps d’être capturée par ma masse, de clapets pour rediriger l’air chaud en fonction des usages et d’un conduit de cheminée pour évacuer les fumées froides. Mais tous les poêles de masse n’ont pas autant de fonctionnalités que moi, je suis le top du panier ! J’ai une multitude de circuits pour envoyer l’air chaud vers différentes choses : l’air ambiant du foyer, l’eau des douches, les plaques de cuisine et même un mini-four à pizza directement au-dessus de mon cœur de chauffe. Je suis le cœur chauffant du foyer étudiant !

Une fois les plans faits, il a bien fallu me construire. C’est pas compliqué mais ça prend du temps : heureusement il y a plein de gens à l’UPLOAD prêts à donner un coup de main. Iels y ont mis du cœur à l’ouvrage ! Chaque participant·e a tracé son prénom et des petits dessins dans mon enduit en terre, créant ainsi une œuvre d’art commune et conviviale. Ma construction s’est conclue par une grande fête pour célébrer le travail collectif accompli et la joie d’avoir enfin du chauffage. C’était si émouvant, de quoi faire pleurer même un cœur de pierre comme moi !

Bibliographie
SZUMILO David au nom de l’association Oxalis, « Poêle de masse OXA-LIBRE », wiki du low-tech lab, consulté le 18 janvier 2024 : https://wiki.lowtechlab.org/wiki/Po%C3%AAle_de_masse_OXA-LIBRE

Autrice : Morgane RIGAUD, texte sous licence CC-BY-SA

 

 

Mission dirigeable !

Auteur·rices : Anouk THOMAS, Carlotta JUGÉ, Chloé MATHIEU, Joris TRIART, Morgane RIGAUD, sous l’encadrement de Christophe MASUTTI et Jean-Bernard MARCON, Ce document est disponible sous licence CC-BY-SA.

Réveil en retard

Dissimulés entre les feuilles de la façade verdoyante de la résidence universitaire, de petits moineaux avaient fait leur nid sous la fenêtre de la chambre de Maura. Leur doux chant l’avait tirée d’un rêve captivant. Son réveil n’avait pas sonné ce matin-là, sûrement encore un faux contact. Ces vieux bidules des années 1980 n’ont jamais été réputés pour la fiabilité des circuits intégrés. Pas grave, elle irait le réparer au Fablab de l’université.

Maura se prépara pour une journée chargée à l’UPLOAD, l’Université Populaire Libre Ouverte Accessible et Décentralisée. Un détail attira son attention sur son calendrier de bureau : l’anniversaire de Théo prévu dans une semaine ! Il faudra lui trouver un cadeau. Réfléchissant à ce qui pourrait faire plaisir à son meilleur ami, elle fila vers la cuisine partagée. Pour faire le plein d’énergie, elle prit quelques graines et fruits secs en guise de petit déjeuner, ainsi qu’une infusion à l’ortie. Elle était en retard, elle le savait, mais le cours magistral sur les transports ne la réjouissait pas tellement. Ce qui lui plaisait, elle, c’était la bricole. Elle descendit de la résidence en vitesse par la tyrolienne et emprunta un vélo de la Ville pour gagner du temps.

Voyage jusqu’à l’UPLOAD

Sur la route, elle croisa le vieux Grégoire qui se déplaçait en tic-tic, sorte de tuk-tuk à la sauce compiégnoise. Elle se moquait souvent de ces véhicules – au principe tyrannique d’une personne tranquillement assise à l’arrière tandis qu’une autre s’essoufflait à tirer le tout – mais il fallait avouer que c’était bien pratique pour les personnes n’ayant pas la capacité de se déplacer à vélo par elles-mêmes.

« Alors Grégoire, tu penses arriver avant moi à l’UPLOAD ?
— On va bien voir ! Le premier arrivé garde une place à l’autre dans l’amphi.
— Ça marche ! »

Maura se mit à pédaler plus vite pour dépasser le vieil homme, mais il y avait pas mal de circulation. Elle entendit au loin des sirènes et vit une ambulance passer à vive allure. Sans doute encore un accident de vélos au croisement du Boulevard Gambetta. Les gens devraient vraiment davantage respecter les feux tricolores : c’était bien l’une des rares choses que la voiture avait apportées de bon, et l’une des rares choses que l’on avait gardées d’elle d’ailleurs.

À cause des pénuries de carburant, on avait délaissé les voitures pour finalement les interdire complètement. Vécue comme une privation au départ, la disparition de ces « bagnoles » avait montré des vertus salvatrices. L’air était plus pur et les rues plus sûres.

Le chant des oiseaux avait remplacé le grondement des moteurs. Les parkings étaient convertis en places de marché de quartier ou utilisés pour divers usages collectifs, ressourceries ou ateliers. Certaines routes avaient été décapées de leur bitume pour y replanter des arbres apportant de la fraîcheur lors des étés toujours plus chauds, et des voies routières d’autrefois revenaient désormais aux piétons et cyclistes. Les voitures uniformes avaient laissé la place une joyeuse hétérogénéité de vélos en tout genre. Certains étaient traficotés à partir des carcasses et composants d’anciennes voitures, dont le recyclage massif fournissait une source de matériel et de créativité pour de nouvelles inventions. Les ambulances à hydrogène faisaient partie des rares véhicules motorisés encore autorisés en ville, fonctionnant grâce aux quelques stations d’électrolyse installées çà et là.

Maura et Grégoire arrivèrent finalement en même temps au hall d’entrée de l’UPLOAD. C’était un lieu qui formait avant tout des ingénieur⋅es, mais aussi toute personne curieuse et désireuse de s’instruire dans les domaines techniques. L’université consistait en un regroupement de bâtiments végétalisés, rénovés ou fabriqués grâce à des ressources locales et des techniques de construction sobres. Mais le bâtiment préféré de Maura était le Fablab, un grand atelier où l’on avait tout le matériel et l’aide nécessaire pour réparer, recycler ou construire n’importe quoi. Le gardien du Fablab était Grégoire, un papy ronchon mais gentil de 64 ans. Malgré les taquineries qu’elle lui envoyait, Maura avait beaucoup d’estime pour lui. Il lui avait appris énormément sur la menuiserie et l’artisanat. Au-delà du Fablab, il y avait également de nombreuses salles pour que les élèves puissent organiser et assister à des conférences, ateliers pratiques et retours d’expériences. Et c’est justement en salle A100 que le cours sur les transports se déroulait.

Cours sur les transports

Maura et Grégoire ouvrirent la porte de l’amphi et s’assirent rapidement pour ne pas déranger l’exposé du professeur, un spécialiste des mobilités. Son cours introductif portait sur l’impact de l’effondrement sur nos modes de déplacements actuels. Maura, qui était certaine qu’elle allait passer une bonne partie du cours à somnoler, se décida à tout de même en écouter une partie :

« L’obsolescence des moyens de transports traditionnels suite à l’effondrement nous a poussés à totalement repenser l’urbanisme et la manière dont nous nous déplacions… ».

Le professeur vanta l’efficacité du tramway Compiègnois, décrivit en détails le processus d’aménagement et de création d’espaces verts pour les animaux de trait, s’attarda sur la transformation des routes en pistes cyclables et équestres, puis épilogua sur la quantité de voitures prêtes au recyclage qui gisaient à la déchetterie. La deuxième partie du cours portait sur la place prépondérante des dirigeables dans le transport de marchandises et de la place essentielle qu’occupait l’aéroport de Compiègne dans celui-ci.

Assis au premier rang, Théo, qui avait une grande fascination pour les dirigeables, rejoignit le professeur et commença à discuter avec lui des différents mécanismes utilisés par les dirigeables lors de changements d’altitudes, l’un défendait la compression des gaz et l’autre la descente assistée par propulsion. Maura crut qu’elle allait s’évanouir d’ennui. Soudain, la délivrance : la fin du cours était annoncée.

Enfin, la journée allait pouvoir commencer. Maura et Grégoire retrouvèrent Théo puis se dirigèrent vers la cantine collective pour le déjeuner. Aujourd’hui au menu : concombres verdoyants à la sauce vinaigrette en entrée, œufs au plat venus tout droit du poulailler de l’UPLOAD et une généreuse part de tarte aux pommes servie en dessert. Pour les étudiants qui souhaitaient cogérer le restaurant, des cours de nutrition étaient obligatoires. Les autres pouvaient aider à la préparation des repas du matin et du soir avec les aliments récoltés dans le potager. Après s’être servis, Théo, Maura et Grégoire s’installèrent à une table et dégustèrent le délicieux repas concocté par les étudiants.

« Vous voudriez assister à quel cours maintenant ? Je sais qu’il y a le temps de partage de savoir-faire en jardinage à 14h, ça pourrait être intéressant.
— Je suis d’accord, répondit Maura, en vrai j’aimerais bien apprendre à planter des tomates !
— Va pour l’atelier de jardinage !
— Moi je vous laisse, je retourne au Fablab faire l’inventaire, dit Grégoire en se levant.
— OK, à ce soir Grégoire ! »

Atelier jardinage

Avec enthousiasme, Maura et Théo se dirigèrent vers la serre et le potager. Un petit groupe s’était déjà formé et écoutait la présentation du jardinier :

« Bonjour à tous, j’espère que les concombres vous ont plu ce midi. Aujourd’hui le cours portera sur les différentes combinaisons de plantes. Cette technique appelée compagnonnage est née de l’observation et de la pratique.

Si je prends l’exemple des légumineuses qui enrichissent le sol en azote, il peut être judicieux de les associer à des plantes qui ont besoin de cet apport comme les tomates ou les cucurbitacées. De plus, certaines plantes aromatiques, grâce à leurs odeurs particulières, peuvent éloigner voire éliminer des insectes nuisibles comme le basilic qui est un fort répulsif de mouches et moustiques. Il s’associe parfaitement avec les tomates, asperges, poivrons, piments et aubergines. Maintenant c’est à vous de jouer : choisissez une combinaison dans le manuel et plantez-la en respectant les techniques de jardinage. »

Tous les étudiants mirent la main à la pâte et s’occupèrent en binôme d’une combinaison de plantes. Maura et Théo avaient choisi l’association thym-brocoli. Le thym planté à proximité permettrait d’éloigner les mouches blanches des brocolis. Après avoir fini leur plantation, le jardinier arriva pour inspecter les travaux finis.

« Pas mal, lâcha-t-il, pour une première, vous vous en sortez bien !
— Merci, c’est pas si dur en fait le jardinage ! Il y a des petites techniques à apprendre et puis notre potager se retrouve rempli de bons fruits et légumes, répondit Maura enthousiaste.
— C’est vrai, mais il y a aussi toute la partie entretien du potager ! objecta le jardinier. Il y a dans toutes disciplines des parties moins agréables mais essentielles qui nous rendent encore plus fiers du travail accompli. »
Le jardinier se tut, il semblait méditer. Théo saisit cette opportunité pour s’introduire dans la conversation.
« Moi quand je travaille sur les dirigeables, je suis toujours fier du travail accompli !
— Oh non, pas encore tes dirigeables ! s’exaspéra Maura.
— Vous saviez que les nouveaux dirigeables à panneaux solaires émettaient seulement l’équivalent d’1 % des émissions CO2 d’un avion pour du fret, alors que…
— Théo, reste concentré sur le potager ! lui intima Maura.
— Vous ferez moins les malins quand j’aurai un poste d’ingénieur dans une des usines d’assemblage !
— Les usines fluviales ? demanda le jardinier intrigué.
— Oui ! Elles sont placées à côté des fleuves, car les dirigeables ont besoin d’hydrogène, et pour produire de l’hydrogène on a besoin de beaucoup d’hydro-électricité, d’où les barrages !
— Tu parles de l’électrolyse ?
— Exactement ! » Le jardinier se tourna vers Maura, puis s’adressa à nouveau vers Théo :
« Vous m’avez l’air plutôt débrouillards, vous suivez le cours de recyclage ?
— Évidemment ! répondit Maura.
— On se verra certainement au cours de demain dans ce cas ! Je me suis inscrit récemment, mais bon j’y connais pas grand-chose, dit-il l’air gêné.
— T’inquiète pas on sera là pour t’aider ! Au fait moi c’est Maura ! s’exclama-t-elle.
— Je m’appelle Émile, enchanté ! »

Cours de recyclage

Le jour suivant, nos amis se retrouvèrent en cours de recyclage portant sur le chapitre des étapes menant à la réutilisation des composants de la voiture.

Théo était happé par le cours, qu’il trouvait utile pour son projet de conception de dirigeables. Il apprit ce jour-là que les voitures ne pouvaient pas encore être entièrement recyclées, la réutilisation et la valorisation des composants atteignaient seulement 80 % de la masse des véhicules. Pour cela, il fallait respecter plusieurs étapes : la dépollution, le démantèlement, le broyage et enfin le recyclage des composants. Tout d’abord, il fallait dépolluer en retirant tous les liquides de la voiture puis la démonter pour mettre de côté les pièces réutilisables. La carrosserie était ensuite broyée pour créer de la ferraille, utilisée dans les nouveaux produits en acier comme les ustensiles de la cantine collective, et le reste des composants, tels que le verre ou le caoutchouc, étaient également recyclés. Beaucoup d’objets dans la ville étaient issus de ce processus de recyclage, comme l’horloge centrale, les lampadaires et les machines des usines relocalisées.

Maura, assise derrière, chuchota à Émile et Grégoire :
« L’anniversaire de Théo c’est dans une semaine ! J’aimerais beaucoup lui faire une surprise, j’ai besoin de votre aide. J’ai pensé que ce serait une bonne idée de lui offrir un dirigeable… miniature ! Il adore ça et ne fait qu’en parler, c’est le cadeau idéal ! Ça vous dirait de m’accompagner ce soir pour aller chercher les matériaux ? »
Toujours prêt à aider les autres, Émile répondit sans hésitation:
« Carrément !
— C’est une très bonne idée Maura, dit Grégoire. Je me fais un peu vieux pour ce genre d’escapade à la déchetterie, mais je pourrai vous aider à le fabriquer au Fablab une fois tous les éléments réunis ! »

Escapade nocturne à la déchetterie

Émile et Maura bouillaient d’impatience, c’était le moment d’aller chercher les matériaux pour la confection du cadeau de Théo. Ils étaient déterminés à aller les récupérer à la déchetterie de la Ville, mais savaient que cette escapade ne se serait pas de tout repos. La déchetterie était commune à tous les habitants et pour avoir accès aux matériaux, il fallait une raison valable, ça devait être utile à toute la ville. La fabrication d’un cadeau pour un ami n’était certainement pas de première nécessité, c’est pourquoi ils devaient y aller de nuit, sans être repérés. Il y avait des gardes, certes, mais ça ne les intimidait pas. Ils avaient un plan d’action.
« Si on part à 22 h, il fera encore jour. Je pense que c’est mieux de partir vers minuit.
— Je suis d’accord, mais du coup le tramway ne passera plus à cette heure-là. On y va comment ?
— On pourrait emprunter un tic-tic, c’est toi qui pédaleras à l’aller et moi au retour, ça te va ? proposa Maura en esquissant un sourire.
— Ça me va ! Faudra le garer assez loin de la déchetterie sinon ils suspecteront quelque chose. »

Émile et Maura arrivèrent à la déchetterie à bout de souffle. Ils se faufilèrent par un petit trou du grillage que des rongeurs avaient grignoté. Ils fouillèrent partout dans les tas de matériaux sans parvenir à trouver de quoi fabriquer le dirigeable. La déchetterie était pleine d’épaves de voitures en tout genre. Il y avait des centaines de volants, de jantes, de sièges amovibles, de portières mais aucune trace de ballon ni de ficelle. Au bout d’un moment, les deux copains trouvèrent un coin isolé où s’empilaient nombreuses boîtes en carton dans lesquelles ils découvrirent tout ce dont ils avaient besoin, et plus encore ! Le Graal ! Avec excitation, ils s’emparèrent de quelques vis, une petite planche en bois et du fil élastique. Il y avait aussi une multitude de débris de carrosserie et une petite hélice.

« On a presque tout ce qu’il nous faut ! Les dirigeables sont fabriqués avec des matériaux bio-composites et de la fibre de carbone, mais d’après Théo on les fabriquait avec du bois, l’aluminium et du tissu, on peut déjà construire la nacelle, les ailes et les moteurs ! »
Il ne manquait plus qu’un ballon. En cherchant les dernières pièces du puzzle, ils trouvèrent un objet très étrange. Il ressemblait aux pales d’une éolienne mais ces pales étaient arrondies et trouées, de la taille d’une main et de couleur fluorescente.
« C’est quoi ça ? C’est trop bizarre ! s’exclama Maura.
— Aucune idée, mais ça pourrait être utile de le désosser et de voir comment ça fonctionne. On dirait qu’il y a un roulement à billes à l’intérieur ! »
Les deux aventuriers s’amusèrent à faire tourner l’objet dans leur main et en oublièrent presque le but de leur expédition. La lumière d’une lampe torche au loin les fit revenir à la réalité. Ils se dépêchèrent de trouver un ballon de baudruche mais en vain. Une bouteille en plastique de forme allongée était là par terre, elle ferait très bien l’affaire. Tous les matériaux étaient maintenant dans leur sac à dos, ils pouvaient déguerpir.

L’histoire du Hand Spinner

— Alors les enfants, qu’est-ce que vous avez trouvé de beau ?
Émile et Maura vidèrent leur sac à dos sur le plan de travail. Grégoire était étonné de voir qu’il y avait un objet qu’il connaissait bien.
— Haha j’adore ! Vous avez trouvé un hand spinner, ça fait bien longtemps que j’en avais pas vu ! Vous savez, c’était à la mode vers 2017 ! Tout le monde en achetait pour s’amuser mais à la base c’était une aide pour les enfants autistes.
— Comment ça ?
— Eh bien, en 1997, une femme américaine avait décidé de fabriquer pour sa fille autiste un hand spinner. Il servait à la déstresser et à la calmer. Cet objet pouvait aider les enfants autistes ou ayant des troubles de l’attention à se concentrer.
— Mais c’est une trop bonne idée ! Je suis sûr que ça pourrait intéresser l’établissement de soins de la ville ! s’exclama Émile.
— Oui, dit Grégoire en regardant l’objet de près, ça me semble pas trop difficile de demander aux volontaires du Fablab d’en reproduire un certain nombre… »

De retour au campus, ils dessinèrent un croquis du futur dirigeable miniature puis commencèrent à en assembler les pièces.
« Je me demande pourquoi Théo est toujours autant à fond sur les dirigeables, s’interrogea Maura.
— Tu sais, je connaissais le père de Théo, répondit Grégoire. Je ne vous en ai jamais parlé, mais il y a dix ans, son père est mort pendant la troisième pandémie. C’était un ingénieur en aéronautique passionné de dirigeables. Et depuis ce jour, Théo s’est juré de suivre ses pas et de devenir à son tour ingénieur spécialisé en dirigeables. »

Image Public Domain via Wikimedia Commons

Anniversaire Surprise

La semaine suivante, Grégoire, Émile et Maura s’étaient cachés sous les tables de la cantine collective pour faire la surprise à Théo. Celui-ci fut plus que ravi du petit dirigeable bricolé avec amour par ses amis. Après l’avoir suspendu au plafond de la cantine où ils avaient installé leur petite fête, Théo fit un discours de remerciement où il se laissa aller à évoquer avec passion ses projets… de dirigeables !
«… jusqu’à présent, nous les avons employés depuis l’effondrement pour transporter du fret à moindre coût énergétique, mais il faudrait pouvoir passer à la vitesse supérieure en imaginant des transports à moyenne et longue distance ! Car pour les modes de déplacement intra-urbains, on est en passe de répondre aux besoins avec les tramways et vélos, mais il nous faut aussi envisager des modes de transports de ville à ville pour des passagers. Une métropole ne peut pas rester sans communications physiques avec les régions alentour ! C’est pourquoi j’ai conçu un prototype économe et spacieux, un peu plus élaboré que mon joli cadeau, ajouta-t-il en déclenchant des sourires, un modèle qui permettra de… »

Un des amis de Théo présents à la fête l’interrompit ::
« Hé Théo ! Il est joli ton discours, mais concrètement, comment tu vas réaliser ton prototype ? Ce sera quoi le gaz dans l’enveloppe ? Parce que l’hydrogène c’est dangereux non ?
— Alors, l’hydrogène c’est inflammable facilement en effet. Il y a eu pas mal d’accidents, dans les années 1920. Mais depuis l’effondrement, la recherche dans l’aéronautique s’est beaucoup penchée sur cette problématique, permettant de grandes avancées sur la sécurité des dirigeables. Et les normes de sécurité ont beaucoup évolué ! Elles sont très strictes, les matériaux utilisés sont plus judicieux, et le nombre d’accidents quasi nul. Comme pour les avions, à l’époque où on en utilisait. Tu peux avoir confiance dans les dirigeables actuels !
— Ok je vois ! Mais à quoi ils carburent les dirigeables ?
— Eh bien par exemple, mon prototype de dirigeable utilise la propulsion humaine : avec mes super muscles et mon pédalier, je m’envole ! Par contre, évidemment, ce n’est pas ce système qui est utilisé pour les dirigeables de fret. C’est surtout de la propulsion électrique grâce à des capteurs photovoltaïques. »

C’était parti, on n’allait plus pouvoir l’arrêter… Et tant mieux, car son enthousiasme était communicatif.

 

Bibliographie

« Le dirigeable à pédales de Stéphane Rousson », Velo-design, (April, 2018), URL

« Compagnonnage au potager : l’association de plantes amies », Autour du potager, URL

N. Guellier, « Association de plantes au jardin : la technique du compagnonnage », Le Monde.fr,
(2014, December 26), URL

C. Pflaum, T. Riffelmacher & A. Jocher, « Design and route optimisation for an airship with onboard solar energy harvesting », Tandfordonline
(2023 March 20), URL

Dr. Barry E. Prentice & R. Knotts, « Cargo Airships : an International Status Report », (2014), URL

S. K. Dash, S. Chakraborty & D. Elangovan, « A Brief Review of Hydrogen Production Methods and Their Challenges », Energies, (January 2023), URL

T. Terlouw, C. Bauer, R. McKenna & M ; Mazzotti, « Large-scale hydrogen production via water
electrolysis : a techno-economic and environmental assessment », Energy and Environmental Science, (2022), URL

H. Mason, « Next-generation airship design enabled by modern composites », CompositesWorld, (2023 September 20), URL

C. Chagny, « Le recyclage dans la filière automobile », Carnauto, (April, 2021), URL

Paprec, « Tout savoir sur les véhicules hors d’usage », (2020), [URL] (https://www.paprec.com/fr/comprendre-le-recyclage/tout-savoir-sur-les-matieres-recyclables/vehicules/)

 

 




La nouvelle du lundi 20:42

Chaque jour de cette semaine, à 20:42, une nouvelle de 2042 concoctée avec amour par les participant⋅es des ateliers #solarpunk #UPLOAD de l’Université Technologique de Compiègne (UTC).

Aujourd’hui, ça clashe sévère à la radio pirate…

Panique à bord de Padakor

Un texte du collectif Radio Padakor soumis à la licence CC-BY-SA 4.0

– Yo, les clodos !

Depuis qu’une députée avait utilisé ce terme pour désigner des réfu-clims, il avait essaimé dans les milieux militants, devenant un salut amical. Une façon de se rappeler pourquoi on luttait. Justement, Luciole avait besoin d’entretenir sa hargne. Elle serrait fort le micro.

– Le monde d’avant ne demande qu’à revenir. À nous de l’en empêcher. J’annonce la naissance de Radio Padakor, média d’information indépendant, local, éthique, vénère.

Elle balança London Calling.


Nouvelle journée, nouvelle émission. Un horaire, 18:30 et une fréquence, 98.6 FM : c’est tout ce dont l’équipe de Radio Padakor (AirPD) a besoin pour accomplir sa tâche informationnelle.

Aujourd’hui, autour de la petite table se trouvent deux invités : Jarvis le jardinier, un habitué des ondes qui n’est plus à présenter, et Victoire, une experte environnementale venue pour partager son point de vue sur la situation à Compiègne.

Après une brève introduction, l’émission peut enfin commencer. Le vieil homme qu’est Jarvis prend la parole le premier. Aujourd’hui, il est venu parler de tomates.

Agacé par les interférences qu’il entend dans son retour casque, il fait des signes au pauvre Mathias qui se débat avec sa console pour tenter de résoudre ces aléas techniques.

— Le bouleversement climatique nous a apporté son lot de catastrophes, mais il a fourni quelques compensations. On peut désormais envisager de cultiver des tomates en Picardie, à l’air libre, sur sol vivant. Il n’y a plus besoin de sélectionner des variétés hybrides et on peut facilement utiliser les graines issues des fruits de l’année précédente.

— Tout de même, ça doit être moins efficace » fait remarquer l’experte.

Jarvis, surpris d’avoir été interrompu, dévisage la jeune femme.

— C’est comme ça que fonctionne la nature ; c’est pour ça que les fruits produisent des graines.

— Ouais, ça va bien pour manger deux-trois salades de tomates par an, mais pas plus…

— Ça fait des décennies que je cultive des tomates, et croyez-moi, j’obtenais déjà de beaux rendements avant qu’il ne fasse aussi chaud en Picardie.

Il reprend.

— Il y a une contrainte à connaître, impérativement : c’est le principe de rotation. La tomate est gourmande en azote. Le sol qu’elle laisse derrière elle est appauvri. Il faut donc éviter de replanter des tomates au même endroit année après année, au risque de voir diminuer sa production. Idéalement, on attendra cinq ans avant de replanter des tomates dans une parcelle.

Il se tourne vers Victoire pour lui décocher cette flèche du Parthe : « C’est peut-être ça que vous ignoriez, madame. »

— Bah, de l’azote, on peut toujours en apporter, rétorque-t-elle sans s’émouvoir.

— Alors, en effet, il est indispensable d’amender sa terre. C’est bien pour ça qu’on fait du compost. Mais attention. La tomate est sensible au mildiou. Les pieds de tomates arrachés après la dernière récolte ne vont pas au compost. C’est dangereux, on risque de véhiculer la maladie. Je rappelle que le mildiou s’installe très rapidement. Il faut lutter contre lui dès les premiers signes, avec le meilleur des fongicides, le purin d’ortie. Je vous proposerai une émission sur l’ortie un de ces jours, c’est vraiment une plante fascinante, qui a de très grandes qualités.

— Une plante envahissante et urticante, merci bien ! ironise Victoire.

— Mais enfin, vous n’y connaissez rien ! L’ortie est une des clés de voûte de nos écosystèmes. Elle contient tous les acides aminés essentiels et représente un apport idéal en protéines végétales.

Pour en revenir aux tomates, vous pouvez désormais planter toutes les variétés pour lesquelles vous trouverez des graines. Toutes pousseront facilement sous nos latitudes, à condition de les protéger de l’humidité persistante qui apportera le mildiou. On arrose au pied, jamais les feuilles, et pas si souvent que ça ! Quand vous les cuisinez, conservez les graines que vous laverez et laisserez sécher afin de préparer l’année suivante.

Enfin, dernier conseil : ne laissez pas vos sols nus quand vous aurez arraché vos pieds de tomates désormais inutiles. Plantez des légumes d’automne peu exigeants, comme des légumineuses (par exemple des fèves) ou des légumes racines (carottes, navet, sans oublier notre betterave picarde) ou encore des engrais verts comme les épinards, la moutarde qui vont régénérer votre sol.

Mathias s’est laissé surprendre par cette fin abrupte. Il pensait que Jarvis, comme à son habitude, se laisserait emporter par la passion et parlerait plus longtemps.

— Merci, Jarvis, c’était très intéressant, comme toujours. Nous allons maintenant demander à Victoire de se présenter et de nous parler de son travail.

— Oui, dit Jarvis, taquin. Victoire, comment justifiez-vous votre existence ?

Ceux qui le connaissent bien doivent sourire derrière leur poste de radio ; il a coutume d’utiliser cette question d’Isaac Asimov.

La jeune femme explique qu’elle est écologue, arrivée dans la région depuis peu, sensible à la situation critique dans laquelle se trouvent les habitants de Compiègne. Radio Campus ayant refusé de lui donner la parole, dit-elle, la scientifique en quête de visibilité s’est tournée rapidement vers l’alternative plus libre qu’est AirPD.

En premier lieu, elle déclare vouloir parler de ce que l’entreprise qui l’emploie, Écorizon, apportera à la ville.

Mathias intervient.

— Oui, les habitants s’interrogent, ils craignent que l’installation de cette entreprise qui produit des semences modifiées génétiquement ne soit néfaste à Compiègne.

— De fait, la situation écologique est déjà critique, rappelle l’experte. En effet, la pollution de l’air est faible puisque l’utilisation des voitures individuelles a été divisée par dix depuis que les véhicules thermiques ont été interdits dans les Hauts-de-France, cependant la pollution des sols et des eaux reste forte.

Victoire ne manque pas d’évoquer, notamment, la situation écosystémique des eaux de l’Oise, et plus spécifiquement la prolifération des écrevisses de Louisiane, une espèce invasive qui brutalise la faune locale et détruit petit à petit les berges. Elle n’oublie pas de souligner que ces écrevisses, comme beaucoup d’autres d’espèces colonisatrices, sont apparues dans la région il y a plusieurs années, notamment à cause d’éleveurs peu scrupuleux. L’arrivée d’une nouvelle industrie en ville rappelle à tous et toutes les pénibles souvenirs du capitalisme décomplexé du siècle passé.

Cependant, l’experte soulève une question : « Peut-on réellement comparer la situation actuelle à la précédente ? ».

Mathias et Jarvis se regardent, quelque peu incrédules.

L’experte poursuit, afin d’expliciter ses propos. En effet, Écorizon serait, elle, bien plus soucieuse de l’environnement. La preuve en est : elle propose un projet de compensation écologique, de dépollution du canal.

Jarvis intervient rapidement et demande comment tout ceci est censé se dérouler, alors même que l’entreprise polluera l’eau et le sol par ses rejets organiques et chimiques.

La jeune femme ne se démonte pas ; elle a décidément réponse à tout. En réalité, les rejets seront minimes, explique-t-elle au micro.

— Pour ce qui est des déchets chimiques, ils restent rejetés en petites quantités et surtout toujours en dessous des seuils fixés par les réglementations sanitaires européennes. Dans le cas des résidus organiques, pas de souci non plus, il suffit de les laisser se décomposer et cela permettra même de revitaliser des sols. Tout a déjà été pensé, vous voyez.

Jarvis l’interrompt prestement :

— Comment des résidus organiques sont-ils censés se décomposer pour nourrir les sols, si les déchets en question sont issus de plants OGM spécifiquement conçus pour se conserver le plus longtemps possible après leur récolte ? »

Victoire ignore complètement cette intervention, probablement à cause de la difficulté de répondre face à un argument aussi pertinent, et déroule son discours comme si de rien n’était.

L’écologue monopolise l’antenne. Désormais, c’est sur les écrevisses qu’elle veut revenir. Ces crustacés sont, outre son dada manifeste – bien qu’on puisse, paradoxalement, observer une broche en forme de crabe sur la veste de la scientifique – une catastrophe pour l’écosystème local.

En effet, arrivées il y a quelques années, de toute évidence en ayant remonté l’Oise grâce aux porte-conteneurs naviguant sur le Canal Seine-Nord, ces dernières sont une des préoccupations écologiques de la ville, si ce n’est la plus grande. Les écrevisses de Louisiane étaient déjà un problème bien avant leur débarquement à Compiègne.

Elle enchaîne sur un véritable exposé.

— Il y a vingt ans, les écrevisses de Louisiane avaient colonisé près de 80 % du sol français. L’Oise restait pourtant épargnée de leur présence. Dès 2035, une fois le canal achevé, des doutes furent émis sur la possibilité qu’elles puissent, via les péniches, arriver jusqu’ici. Aujourd’hui, elles sont installées depuis près de cinq ans, et tout le monde en connaît les conséquences n’est ce pas ?

« Tout un chacun sait ce que font ces animaux invasifs, à savoir propager des maladies décimant la faune locale, en plus d’occuper des niches écologiques autochtones. Leur nidification pose un autre problème sérieux : l’érosion des berges. On parle ici en effet de galeries creusées à même la terre ou l’argile, fragilisant petit à petit les berges de l’Oise, ce qui provoque, au fil du temps, la destruction des zones de pêche et des zones portuaires locales.

« À ce problème de taille, Écorizon apporte pourtant une solution plus qu’inespérée : l’éradication des écrevisses de Louisiane serait comprise au sein du programme de compensation écologique proposé par la firme. Pour ce faire, nous proposons de relâcher, de manière ciblée, sur une zone limitée et temporairement, une toxine issue des de l’usine de traitement des eaux de l’Oise. Cette dernière ne viserait que les écrevisses, évidemment.

Jarvis est stupéfait : cela n’a aucun sens, il doit encore intervenir. Le vieil homme ne manque donc pas de couper la parole de l’écologue, une nouvelle fois, par un violent « *Shut up !* » tout droit sorti de son cœur d’Écossais.

Il confronte la soi-disant écologue à ses propos, il la questionne : comment une toxine, prétendument aussi efficace, pourrait-elle ne cibler que les écrevisses ?

Victoire, de nouveau, ne se démonte pas : la toxine, prétend-elle, passe uniquement par les branchies des crustacés. Jarvis s’énerve : les poissons aussi ont des branchies, cette toxine leur serait également inoculée.

— Faire mourir les quelques espèces locales encore présentes pour éradiquer une espèce envahissante, ce serait de la folie. Ce serait signer l’arrêt de mort de tout un écosystème qui, s’il est aujourd’hui fragilisé, serait demain complètement vide de vie. En plus, faire passer un de vos déchets comme un remède miracle, c’est vraiment du *bullshit !* »

Jarvis se tourne alors vers Mathias qui anime l’émission :

— Comment avez-vous pu inviter une pareille fantaisiste, qui ne sait pas de quoi elle parle et qui balance des contre-vérités depuis tout à l’heure ? »

La gêne de Mathias est palpable. Il essaie de répondre, mais sa voix se perd dans un bafouillis incompréhensible. Plutôt problématique pour un animateur radio ! D’autant que c’est le moment que choisissent les interférences pour revenir brouiller l’émission du signal. Il est encore plus désemparé quand son téléphone affiche un SMS de Luciole : « MAIS QU’EST-CE QUE TU FOUS ? STOPPE TOUT DE SUITE LA DIFFUSION !!! ».

en gros plan un micro de studio
Photo pxhere.com licence CC0

Jarvis enfonce le clou.

— Je pensais que l’équipe de Radio Padakor était plus rigoureuse que celle de Radio Campus, avec un véritable esprit journalistique. Je me rends compte que ce n’est pas le cas. Franchement, je regrette d’être venu et je ne reviendrai pas. »

Il pose violemment son casque sur la table, se lève et quitte le studio d’enregistrement.

La jubilation de Victoire se lit sur son visage : elle va pouvoir dérouler ses arguments sans être interrompue.

Mathias se secoue et récupère la main en coupant le micro de son invitée avant qu’elle ait eu le temps de reprendre la parole.

« Le temps qui nous était imparti arrive à son terme. Je remercie chaleureusement nos deux invité⋅es, je vous prie d’excuser les petits problèmes techniques que nous avons rencontrés. Vous retrouverez Luciole demain à la même heure. »

Dans sa précipitation, il lance What a Wonderful World, le morceau originellement proposé par Victoire pour clôturer l’émission, mais qui désormais résonne tout à fait différemment.

 

 

Bibliographie

 

 




Mickey dans le domaine public

Vous en avez sans doute entendu parler : Mickey entre enfin dans le domaine public. Enfin… c’est un peu plus compliqué que ça… Notre dessinateur Gee vous explique tout ça.

Note : cette BD reprend partiellement la chronique que Gee a donnée mardi dernier dans l’émission de radio de l’April, Libre à vous ! (dont le podcast sera disponible prochainement). Si la chronique et la BD partagent une trame commune, elles ne sont pas identiques mais complémentaires.

Mickey dans le domaine public

Le copyright étatsunien est un drôle d’animal qui, pendant des décennies, a grandi avec un autre animal : une petite souris.

1976. Un cadre de chez Disney dit : « Dites, avec ce copyright qui expire au bout de 50 ans, notre Mickey Mouse de 1928 va entrer dans le domaine public dans 3 ans… Ça va pas du tout. » Un politicien indépendant et intègre répond : « Oula, en effet ! Passons la durée du copyright à 75 ans après la publication de l'œuvre ! »

1998. Même image, le mec de chez Disney dit : « Dites, avec ce copyright qui expire au bout de 75 ans, notre Mickey Mouse de 1928 va entrer dans le domaine public dans 5 ans… Ça va pas du tout. » Un politicien indépendant et intègre répond : « Oula, en effet ! Passons la durée du copyright à 95 ans après la publication de l'œuvre ! »

2020. Même image, le mec de chez Disney dit : « Dites, avec ce copyright qui expire au bout de 95 ans, notre Mickey Mouse… » Le politicien le coupe en criant : « ÇA VA BIEN, MAINTENANT ! »

Bon, je ne suis pas sûr que ce soit un vrai sursaut de décence qui soit à l’origine de cet arrêt de l’augmentation de la durée du copyright

Quoi qu’il en soit, après bien des années d’attente, cette fois c’est fait :

Mickey Mouse entre dans le domaine public.

Mais alors attention, pas n’importe lequel : juste celui de Steamboat Willie, le fameux film d’animation de 1928.

Une image montre le Mickey de 1928, en noir et blanc, avec des gros yeux, pas de gants blancs, etc. Lui, c'est bon. Une autre image indique « Mickey de Fantasia (1940) », mais montre un autre personnage, « Marcel Morbac », une alternative libre, vu qu'on n'a pas le droit de réprésenter l'officiel… Marcel : « Salut ma couille, ça biche ? »

Ajoutons à ça la tripotée de marques que Disney a pris soin de déposer autour de sa mascotte…

Gee et la Geekette regardent une image de Mickey au gouvernail d'un bateau. La Geekette demande : « Devinette : cette image est-elle extraite du dessin animé de 1928 dans le domaine public ? Ou bien de la séquence d'intro de TOUS les films d'animation de Disney depuis 2007, marque déposée ? » Gee, dubitatif : « Euuuh … » La Geekette : « Questions subsidiaires : quel droit s'applique donc à cette séquence ?  Disney peut-il te poursuivre si tu l'utilises ? » Gee : « Euuuuuuh… » Le smiley, blasé : « Dans le doute, on va s'abstenir. C'est bien le but. »

Ajoutons aussi le nouveau design rétro de Mickey, très ressemblant à celui de 1928, que Disney a balancé en 2013, entre le fromage et le dessert. Histoire qu’il y ait toujours un petit doute sur lequel vous utilisez…

Gee, ironiquement, devant un comparatif : « Comme on dit, le confort du nouveau dans le charme de l'ancien… Le copyright du nouveau sur le design de l'ancien… » Le comparatif montre le Mickey de 1928, et le Mickey de 2013, remplacé à nouveau par Marcel Morbak qui dit : « Me revoilà, les aminches. On s'fait un p'tit morpion pour passer le temps ? »

Après, ne rigolons pas trop fort sur les délires du copyright étatsunien… de notre côté de l’Atlantique, c’est pas beaucoup plus reluisant.

La Geekette explique d'un air blasé : « Chez nous, c'est 70 ans après LA MORT de l'auteur ou autrice que ça entre dans le domaine public… » Gee, souriant : « Et donc, comme Antoine de Saint-Exupéry est mort en 1944, le Petit Prince n'est entré dans le domaine public qu'en 2015. »

La Geekette s'exclame soudain : « NON ! En tout cas, pas en France ! » Gee fait un bond en arrière en criant : « Hein ?! » La Geekette explique : « Saint-Ex étant mort pour la France, il profite d'une extension de droits d'auteur de 18 ans et n'entrera dans le domaine public qu'en 2033 ! » Gee : « What ze feuk ?! »

Je sais, là, vous allez me dire…

Mais POURQUOI cette extension ?

La justification est très simple :

Un connard cravaté explique, souriant mais transpirant, devant la Geekette et le Geek, pas convaincus. Il dit : « Ben comment vous dire… comme il est mort pour la France, il est mort jeune… et du coup il a pas pu écrire tous les bouquins qu'il aurait dû écrire… À cause de la France… Donc c'est logique que ses livres publiés soient protégés plus longtemps, comme ça il peut… enfin, ses descendants… lointains…  en 2030 quoi… ses descendants pourront continuer à gagner de la thune dessus, et c'est…  j'sais pas, c'est juste ? C'est équitable ? »

Bon, vous en pensez c’que vous voulez, mais moi je trouve qu’on nous prend un peu pour des moutons dans une boîte, avec cette histoire.

Gee : « Notez que le livre est dans le domaine public ailleurs : en Belgique, par exemple*. Le lien est en note de bas de page, mais évidemment, si vous résidez en France, NE CLIQUEZ PAS DESSUS, parce que ce serait quand même pas très gentil. » Marcel Morbak est là et commente : « Faudrait être sévèrement burné pour cliquer là-dessus. » Le smiley le regarde d'un air mauvais en disant : « Tu veux pas foutre le camp, toi ? »

Vous pouvez télécharger le livre dans le domaine public belge depuis saintexupery-domainepublic.be. Sauf si vous êtes en France, bien sûr, je le répète, mais déconnez pas, hein.

De toute façon, chez nous aussi on sait faire joujou avec le droit des marques, donc les héritiers de Saint-Exupéry ont déposé le Petit Prince comme marque de commerce, et c’est plié.

Gee commente : « Je propose donc qu'on réédite cette jolie histoire sous un autre nom. En Belgique, bien sûr. Je suggère “Le Petit Prolo”, vu que j'ai jamais pu encadrer les nobles. » Le Petit Prolo est représenté à côté : « S'il vous plaît, dessine-moi un patron. En prison. »

Bref, je suis personnellement d’avis que l’art est libre par essence, parce qu’il forme notre imaginaire collectif et qu’il est donc démocratiquement juste de se l’approprier, de le transformer et de le partager.

Gee lit : « Une jolie citation, pour conclure : “Avant la publication, l’auteur a un droit incontestable et illimité. (...) Mais dès que l’œuvre est publiée l’auteur n’en est plus le maître. C’est alors l’autre personnage qui s’en empare, appelez-le du nom que vous voudrez : esprit humain, domaine public, société. C’est ce personnage-là qui dit : Je suis là, je prends cette œuvre, j’en fais ce que je crois devoir en faire, moi esprit humain ; je la possède, elle est à moi désormais.*” » Un politicien s'énerve : « Quelle est la crème d'intégriste islamo-gauchistes qui a pondu cette ânerie ? » Gee : « Victor Hugo. » Le politicien : « Ah. »

Citation extraite du Discours d’ouverture du Congrès Littéraire International du 17 juin 1878 (à retrouver sur Wikisource).

Note : BD sous licence CC BY SA (grisebouille.net), dessinée le 19 janvier 2024 par Gee.

Sources :

Bon, et bien sûr, ce serait dommage de terminer cette BD sans vous proposer une affiche officielle pour le personnage de Marcel Morbak :

Parodie de l'affiche Steamboat Willie : « L'alternative libre à Mickey, Marcel Morbak, dans Steamboat Zizi ». On voit Marcel dans la même position que Mickey, tenant le gouvernail à deux mains, et avec également un gros joint allumé dans une autre main (vu qu'il en a quatre). Le sol semble être fait de peau humaine très poilue. Note : dessin sous licence CC BY SA (grisebouille.net), dessiné le 19 janvier 2024 par Gee.

Crédit : Gee (Creative Commons By-Sa)




Pourquoi se syndiquer dans l’informatique ?

On le sait, le syndicalisme ne se porte pas formidablement bien dans notre pays. Et dans certains métiers, il ne va pas forcément de soi. C’est pourquoi l’article de Cécile et Thomas, publié initialement sur 24joursdeweb nous a semblé essentiel, et nous sommes ravi⋅es de le partager ici.


Quand on parle de syndicalisme, on a souvent l’image de « Jojo-le-syndiqué-de-la-cégété », qui brûle des pneus devant l’usine en mangeant des merguez en manif. Ou encore de la mafia qui ne travaille que pour ses propres intérêts particuliers.

Dans l’informatique, milieu de cadres, le syndicalisme est tantôt mal vu, tantôt inexistant, souvent considéré comme inutile. Après tout, nous sommes des privilégié·es !

Pourtant quelques bribes commencent à émerger dans notre secteur. Il y a eu le mouvement, plutôt associatif, « On est la tech »  d’informaticien·nes, qui se sont mobilisé·es lors des premières manifestations contre le système de la retraite à points.

Dans le milieu du développement de jeux vidéo, bon nombre de syndicats ont agi contre les violences sexistes et sexuelles (on peut penser aux — trop nombreux — scandales chez Ubisoft et Quantic Dream).

Alors pourquoi des gens se syndiquent dans l’informatique ?

Être majoritairement cadres et avoir un salaire à plus de 40 K ne fait pas de nous des patrons. On reste des employé·es qui doivent arriver à l’heure au bureau et qui subissent de gros coups de pression dans les moments de rush.

D’un point de vue marxiste, nous sommes et nous restons du côté des « exploités » et pas des « propriétaires » ! (On vous rassure, on ne va pas vous faire un cours sur le marxisme… quoique !).

Vous allez me dire qu’il y a pire comme exploitation. Et vous avez raison… jusqu’à un certain point (!).

D’abord sur le côté temporaire. S’il est vrai qu’actuellement la conjoncture est plutôt bonne dans notre industrie, nous ne sommes pas à l’abri d’un retournement économique, qui est d’ailleurs dans l’actualité. Celleux qui ont vécu la crise des années 2000 de l’informatique peuvent en témoigner.

Par ailleurs, l’informatique est un métier où l’on vieillit avec ses technologies et ses modes : que vaudra votre expertise Node.js, votre certification Scrum Master ou votre expertise Window Server 2023 dans vingt ans ? Dans quarante ans ?

Parce que oui, au cas où vous ne l’auriez pas vu, vous risquez fortement de bosser jusqu’à soixante-sept ans ! Tout le monde n’aura pas la chance d’être un papy Cobol !

À quoi servent les syndicats ?

L’idée d’un syndicat est de regrouper des personnes qui partagent le même intérêt.

On trouve comme cela des syndicats de patron·es (MEDEF, CGPME…) et des syndicats de travailleuses et travailleurs. (Pour les plus connues : CGT, CFDT, SUD/Solidaires, FO…)

Les « intérêts » des salarié·es sont souvent les mêmes un peu partout et depuis toujours ; ça peut se résumer à : gagner plein d’argent, avoir une bonne ambiance au boulot (de préférence, sans harcèlement) et beaucoup de temps libre !

Les syndicats sont donc des personnes qui cherchent à se battre pour cela. Ils vont avoir quatre outils pour le faire :

  • les instances de négociation dans l’entreprise (on reviendra plus bas sur le CSE);
  • la loi ;
  • les pressions diverses ;
  • la grève.

Le comité social et économique (CSE) et les délégués syndicaux

Dans les entreprises de plus de onze salarié·es, il doit y avoir un CSE. Un lieu où les représentant·es des salarié·es, qui sont élue·es par les salarié·es, discutent avec la direction (qui elle n’est pas élue, mais qui a eu la bonne idée d’être riche au bon moment !) de sujets variés. Toutes les questions peuvent être posées à la direction, qui a pour obligation d’y répondre… avec plus ou moins de bonne foi !

Chaque syndicat ou liste qui a reçu plus de 10 % des voix aux élections va avoir des délégué·es syndicaux (DS). Ces fameux DS vont signer (ou ne pas signer) des accords d’entreprise avec la direction de l’entreprise.

Typiquement, il y a sûrement un accord d’entreprise sur le télétravail, sur l’accueil spécifique des personnes en situation de handicap ou sur les congés menstruels/hormonaux… Grâce à notre bon président (humour noir), les accords d’entreprise peuvent être moins bons que ce que propose le code du travail.

Les délégués syndicaux sont aussi ceux qui négocient les augmentations en fin d’année.

Enfin, c’est le CSE qui gère les activités sociales et culturelles (ASC), c’est-à-dire l’argent qui est donné pour les salarié·es pour les œuvres socioculturelles (les places de ciné, les réductions pour la salle de sport, la colonie de vacances de l’entreprise…).

Warning : dans notre milieu de cadres, il n’est pas rare de trouver des syndicats « jaunes », c’est à dire des syndicats pro-direction qui sont prêts a signer les pires accords d’entreprise pour les salarié·es en échange d’avancement de carrière ou de planques diverses dans la boîte…

Autre point, le CSE a aussi la responsabilité de veiller à la sécurité physique et psychologique des salarié·es. Cela se fait dans le sous-groupe du CSE appelé CSSCT : commission santé, sécurité et conditions de travail.

Bon, habituellement, les métiers de l’informatique ne présentent que peu de risques physiques, si ce n’est des problèmes de dos et aux yeux à rester trop longtemps devant un écran. Cela reste très soft par rapport à des gens travaillant dans d’autres secteurs, comme en usine ou dans le bâtiment.

En revanche, pour les questions psychologiques, c’est autre chose. Les syndicats ont un vrai rôle pour faire remonter les questions de harcèlement, de stress divers et de burnout. Même si la loi n’est pas très précise ni claire sur ces questions, faire remonter que le petit chef X est un harceleur ou qu’il y a eu quatre burnouts dans le service de M. Bidule auprès du PDG de la boîte fait toujours son petit effet.

La loi

Salarié·es comme RH ne connaissent pas toujours le droit du travail ni la loi. Le rôle des syndicats dans l’entreprise est là pour rappeler le droit du travail aux salarié·es, mais aussi à la direction quand elle se trompe ou oublie d’appliquer la loi (oups !). Et le droit du travail en France est assez lourd, mouvant et complexe.

D’ailleurs, il y a aussi une certaine superposition du droit qu’il faut avoir en tête : le Bureau International du Travail (BIT), les directives européennes, la loi française, le droit du travail, les conventions de branche et les accords d’entreprise.

Pour nous, cadres de l’informatique, on dépend très souvent de l’accord de branche qui regroupe les bureaux d’études techniques, les cabinets d’ingénieurs-conseils et les sociétés de conseils. L’accord s’appelle « SYNTEC » et a été mis à jour en mai dernier.

Connaître tout le droit est quasiment impossible. C’est pour cela que les élu·es au CSE ont des jours de délégation pour se former aux bases du droit du travail. Il y a aussi toutes les connaissances légales que les syndiqué·es apprennent et comprennent en discutant avec d’autres syndiqué·es.

Mais le gros du travail est souvent assuré par un avocat spécialiste en droit du travail.
En effet toutes les centrales syndicales ont des partenariats avec des avocats qu’ils peuvent mobiliser quand ils ont des demandes juridiques.

D’ailleurs saviez-vous que le statut de cadre (convention SYNTEC) oblige l’employeur à payer le train en première classe lors des voyages professionnels ?

Les pressions diverses

La loi, c’est bien, mais ça ne fait pas tout. Et surtout les procédures légales sont parfois longues, pour à la fin ne pas obtenir grand chose.

On aimerait vivre dans monde de bisounours où en demandant gentiment à la direction, elle nous donnerait des augmentations, des primes de télétravail et des jours de congés payés pour les enfants malades. Dans la réalité, il faut parfois savoir montrer les dents pour négocier.

Soyons francs, il y a des moments où mettre un petit coup de pression à la direction est bien plus efficace que des années de batailles juridiques.

Pour ça, les syndicats ont deux grands types de techniques : la communication interne et la communication externe.

La communication interne

En interne, on a vu que le CSE pouvait faire passer des messages à la direction.

Ces messages et ces questions sont écrites et portées à la connaissance des salarié·es. Cela permet souvent de mettre la direction face à ses contradictions.

Madame la RH, comment expliquez vous l’augmentation des dividendes aux actionnaires de 30 % quand les salarié·es ont une augmentation de 0,5 % en moyenne ?

Mais la communication interne, c’est aussi des mails possibles aux salarié·es :  dans une grosse boîte de jeux vidéos très connue, il était de notoriété publique que certains services et certains managers pratiquaient du harcèlement sexuel. Problème : aucune femme ne voulait porter plainte.

Il a suffi d’un mail à l’ensemble de la boîte (plusieurs milliers de personnes) appelant à dénoncer les violences sexistes et sexuelles qu’elles auraient subies et ce, notamment dans le service bidule de M. X ou machin de M. Z, pour que des femmes aient l’immense courage de porter plainte.

Effet corollaire, au minimum, les managers des services en question ont regardé leurs pompes pendant quelques mois après, ont raté leur augmentation et — après quelques mois — ont enfin fini par se faire virer !

La communication externe, plus compliquée mais aussi très redoutable

Aujourd’hui beaucoup de sections syndicales ont un compte X/Instagram/Mastodon ou un blog plus ou moins actif où ils dénoncent les problèmes de leur boîte. Quand sur le hashtag du nom de la boîte tu trouves diffusés au grand jour tous les problèmes de l’entreprise, tu écorches l’image de la boîte et la « marque employeur ».

Ça fait réfléchir à deux fois les directions avant de faire des saloperies…

Si on va plus loin ou que l’entreprise est connue, on peut aussi avoir des articles dans la presse spécialisée.

La grève

Le dernier outil qui reste aux syndicalistes, c’est la grève. L’arrêt de travail pur et simple. On est sur du classique et du médiatique mais ça reste un outil important pour pouvoir apporter du rapport de forces dans les négociations.

Même lorsque que c’est symbolique, la grève permet de désorganiser, fait prendre du retard sur des projets et, au final, peut faire perdre de l’argent à un actionnaire.

On ne va pas se mentir, jusqu’ici dans l’informatique en France, on n’a pas souvent eu des grèves massives qui ont eu un impact significatif sur le cours de la bourse de nos boîtes.

Mais on constate que, depuis les manifestations sur les retraites, on a des rangs qui grossissent à chaque nouvelle manifestation.

Une image d'ouvrières demandant de meilleures salaires
Image CC BY : Kheel Center sur Flickr

Faut-il avoir un poster de Lénine au-dessus de son lit pour être syndiqué ?

Alors oui et non. Vous le savez sans doute, certains syndicats sont plus « politiques » que d’autres. C’est-à-dire qu’ils vont s’intéresser à des sujets plus ou moins éloignés du monde du travail et de l’entreprise : les OGM, le conflit israélo-palestinien, la lutte contre l’extrême droite…

D’autres, au contraire, vont préférer se « mettre des œillères » et ne s’intéresser qu’à ce qu’il se passe dans l’open-space.

Une autre grille d’analyse est la dichotomie « syndicalisme de service » versus « syndicalisme de lutte ».
Les premiers sont souvent dans le « dialogue » avec la direction, les seconds vont plus volontiers aller au conflit.
Les premiers sont souvent qualifiés de « syndicalisme mou » voire de « traîtres » et les seconds sont souvent qualifiés « d’excités », de « brailleurs ».

À vous de voir ce qui vous intéresserait comme style de syndicalisme et pour cela, le meilleur moyen c’est d’aller parler avec les gens. Si les grandes organisations syndicales s’inscrivent dans ces axes (plus ou moins politique ; syndicalisme de service ou de lutte), sur le terrain, dans les entreprises, on peut avoir par les personnes des choses totalement différentes.

Oui, un militant Solidaires-Informatique peut être un vendu mou du genou et oui, il est possible qu’une section CFTC organise une grève dans une boîte en solidarité avec le peuple palestinien !

(Bon, c’est rare, mais justement, allez voir par vous-mêmes, sur le terrain, ce qu’il en est !)

Mais au final, pourquoi se syndiquer, qu’est-ce que j’y gagne ?

On peut y voir un intérêt personnel. Se syndiquer, c’est souvent profiter d’un réseau et d’un service juridique. Toutes les organisations syndicales ont des partenariats avec des avocats spécialisés en droit du travail et en cas de coup de dur, ça peut s’avérer très utile.

Se syndiquer, c’est aussi payer une cotisation : tous les mois, on alimente une grande caisse commune, qui permet de compenser les pertes de salaires pendant les grèves.

Et comme les syndicats de l’informatique ne font pas souvent grève, on a souvent des caisses bien garnies, qui permettent de donner à des associations chouettes, à des logiciels libres ou simplement d’autres syndicats qui ont des besoins plus urgents de solidarité.

Certain·es se syndiquent pour faire de la politique sur le terrain, avec des résultats directs et loin des partis politiques. Histoire d’appliquer ses idéaux sur quelque chose de visible : ses collègues de bureau.

D’autres se syndiquent par amitié, parce que c’est les copains de la machine à café, est-ce scandaleux ?
D’autres aussi — souvent en fin de carrière — se syndiquent pour changer de travail : parce que les liens humains finissent par intéresser davantage que les lignes de code… À moins que ce ne soit parce que l’expertise technique qu’ils avaient en début de carrière ne vaut plus rien aujourd’hui.
En se syndiquant, on trouve une place utile dans la société. On en a connu qui se syndiquent pour des raisons familiales : une tradition de CGTistes qui ont résisté pendant la Seconde Guerre mondiale et qui prennent leur carte de père en fille. Certain·es payent juste leur cotisation et ne s’engagent pas plus. D’autres sont ultra actifs sur le terrain mais refusent de payer leur carte par principe.

Bon, disons le tout net on ne fait pas du syndicalisme « pour gagner quelque chose ». C’est beaucoup d’énergie, beaucoup de temps, des risques sur sa carrière pour de maigres victoires.

Personnellement, j’ai connu quelqu’un qui s’est syndiqué parce qu’un jour je lui ai juste dit que le chef Bidule était un connard notoire. C’était le genre de petit chef qui pousse tout son service à bout en pinaillant sur des détails inutiles qui se transformaient en « manque de professionnalisme » dans ses mots. Ses équipes finissaient par bosser le soir et le week-end, le gars en question avait fini par entrer dans une sorte de dépression. Il m’a dit que mes mots l’avaient rassuré sur ses capacités et son professionnalisme. Je n’aurais jamais pensé que mes bêtes petits mots, assez banals, iraient jusqu’à ce qu’il adhère à un syndicat. Mais ça m’a rendue un peu fière.

Je crois qu’il y a parfois un côté « psychanalyste de comptoir d’entreprise » dans le syndicalisme. Et peut-être que c’est cela ma raison de me syndiquer.

Qu’importe votre motivation, qu’importe vos raisons profondes et vos besoins.

Se syndiquer, dans l’informatique ou ailleurs, c’est engager un contre-pouvoir, c’est créer de l’espoir pour soi, pour le bureau, et pour un monde meilleur.

Cet article est un appel à se syndiquer.

Image à la une en CC BY SA :  sur Flickr




Des ateliers solarpunk pour imaginer un avenir low-tech

Cette semaine, à l’Université de Technologie de Compiègne, des ateliers originaux vont mobiliser une quarantaine de participant⋅es (dont plusieurs membres de Framasoft) pour imaginer un monde low-tech en 2042 !

Dans cette université qui forme des ingénieurs existe une unité de valeur « lowtechisation et numérique » animée par Stéphane Crozat, qui par ailleurs est membre de Framasoft et l’initiateur de l’atelier pédagogique UPLOAD/solarpunk. De quoi s’agit-il exactement ?

 

Solarpunk ?

personnage qui se demande ce que peut bien vouloir dire solarpunk, engrenages en action au-dessus de sa tête. À sa droite, comme si c'était l aréponse, un punk à crête colorée comme un demi-soleil

Dérèglement climatique, pollution, inégalités sociales, extinction des énergies fossiles… dans un monde menacé, à quoi peut ressembler une civilisation durable et comment y parvenir ? Le solarpunk est un genre de la science-fiction qui envisage des réponses à cette question dans une perspective utopique ou simplement optimiste, sans jamais être dystopique.

Voici les trois premiers articles du manifeste solarpunk :

  1. Nous sommes solarpunk parce que l’optimisme nous a été volé et que nous cherchons à le récupérer.
  2. Nous sommes solarpunk parce que les seules autres options sont le déni et le désespoir.
  3. L’essence du Solarpunk est une vision de l’avenir qui incarne le meilleur de ce que l’humanité peut accomplir : un monde post-pénurie, post-hiérarchie, post-capitalisme où l’humanité se considère comme une partie de la nature et où les énergies propres remplacent les combustibles fossiles.

Si vous souhaitez en savoir plus, le manifeste est à votre disposition.

Low-tech ?

On comprend mieux pourquoi proposer d’imaginer des fictions low-tech à de futurs ingénieurs, qui seront plus enclins à agir en génération frugale (suivant ce scénario pour 2050 de l’ADEME) qu’en technosolutionnistes.

Le principe de lowtechisation est résumé en une formule dans le cours de Stéphane :

Lowtechisation = convivialité + soutenabilité + responsabilité

Vaste programme, bigrement idéaliste, direz-vous, mais pourquoi ne pas envisager collectivement et concrètement des scénarios possibles qui répondent à ces idéaux ? Voici la proposition-cadre qui est faite aux participant⋅es (et à vous si vous souhaitez y ajouter votre contribution) :

Nous sommes en 2042. La mauvaise nouvelle c’est que l’effondrement est vécu au quotidien (pénurie, épidémies, énergie et matières premières raréfiées, réchauffement climatique…). La bonne nouvelle c’est que notre société n’investit plus majoritairement sur le techno-solutionnisme et la croissance […] mais que peuvent émerger de nouveaux projets désirables : réappropriation de savoir-faire technologiques, réaffectation des ressources, création de communs, décentralisation, autonomisation, débats publics…

Parmi ces initiatives qui émergent, il y a la création de l’UPLOAD (Université Populaire Libre Ouverte Autonome Décentralisée, à Compiègne). On imaginera et publiera des récits courts qui mettront en scène une activité pédagogique (un cours sur la post-croissance ? des ateliers d’imagination de nouveaux métiers ?), un projet low-tech (un éco-bâtiment passif à réaliser soi-même ?) ou high-tech (une IA pour parler avec des animaux ?).

Une semaine de réflexions, échanges, créations

Du lundi au vendredi un programme diversifié et appétissant est proposé sur place… il sera question bien sûr de low-tech, de décroissance, de décentralisation d’internet, de lectures partagées, de divers scénarios pour demain, souhaitables ou non, et d’élaborer par étapes et ensemble des récits grands ou petits qui seront résumés sur Mastodon et publiés une fois élaborés… ici même sur le Framablog !

–> Voyez tout le détail du programme

À suivre : dès mardi, les groupes auront choisi un thème et le publieront sur Mastodon…

Il y a déjà des suggestions qu’on peut utiliser, dépasser ou ignorer…

 

une série de maisons en restauration ou construction sur fond jaune vif, des échafaudages montent comme une tour au-dessus du corps du bâtiment. Des silhouettes de personnages s'affairent au sol, sur les toits et échafaudages. Un panneau en haut du pignon dit : UPLOAD
Crédits de l’illustration : CC BY-NC-SA 4.0 · par Cix · Bâtir aussi, Ateliers de l’Antémonde · https://antemonde.org/ (adaptée par stph)

et vous, le clavier vous démange ?

Bien sûr, vous n’êtes pas à Compiègne, mais l’idée de proposer un avenir qui ne soit pas post-apocalyptique vous plaît… vous pouvez apporter une contribution à ce projet avec une fiction solarpunk en élaborant :

  • un format 500 caractères pour Mastodon avec les hashtag #solarPunk  et #UPLOAD
  • une nouvelle plus longue sur votre blog ou sur un pad comme celui-ci
  • un atelier collaboratif informel ou non au sein de votre université ou toute autre structure

Selon le volume des textes recueillis, ils seront publiés progressivement ici (sous licence libre CC-BY-SA bien sûr) et peut-être réunis en recueil…

À vos plumes d’oie, stylets, crayons et claviers low-tech 😉

 




To end the year in style !

Once again this year, we asked David Revoy to illustrate our year-end campaign. And on this last day of 2023, it’s time to give a little nod to this important work!

🦆 VS 😈: Let’s take back some ground from the tech giants!

Thanks to your donations to our not-for-profit, Framasoft is taking action to advance the ethical, user-friendly web. Find a summary of our progress in 2023 on our Support Framasoft page.

➡️ Read the series of articles from this campaign (Nov. – Dec. 2023)

Dessin de l'ensemble des mascottes de Framasoft dans leurs positions d'attaque.
Cliquez sur l’image pour soutenir l’ensemble des mascottes de Framasoft – Illustration CC-By David Revoy

An animated donation bar

Did you notice? The monsters started the campaign very serenely, enjoying grilled data skewers. But as you donated more and more, they became more than a little concerned…

Our cheerful mascots face off against some rather repulsive Datavöres

Each Framasoft mascot, representing one of our projects, stood up to a monstrous, unattractive GAFAM. But did you notice that our mascots were showing signs of life?

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A little souvenir to download

After 7 weeks of presenting our projects to you via our mascots, we’d like to present them as wallpaper, available in three formats: HD landscape, 4K landscape, and portrait (mobile).

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Once again, we’d like to extend our warmest thanks to David Revoy, who has been working with us since 2017 to illustrate our work and hopes with talent, heart and intelligence.

Find, under a CC-By free license, all the works Framasoft has commissioned from David on the site of his free webcomic Pepper & Carrot!

 

Thank you for contributing to our success!

Speaking of success, last night, we’ve reached our fundraising goal to meet our 2024 budget!

We’d like to take this last day of our review to thank all those who have worked, discussed, shared, supported, encouraged, criticized… and contributed to our actions. The Internet isn’t big enough to mention all of you at least as much as you deserve, but you know who you are and from the depths of our little hearts we modestly say: thank you.

Capture d'écran de la barre de dons Framasoft 2023 à 100% - 200 000 €
Thanks ! – Clock to visit the « Support Framasoft » website

 

Thanks to you, we’ll have the means to continue our work over the coming year (well, if some of you want to give us a bit more means, we won’t say no… but that’s not the point!). Above all, thanks to you, we feel supported.

 

We hope you have a wonderful end to the year, and we send you ou best wishes of emancipation, joy and freedom in 2024,

The members of the Framasoft association




Pour finir l’année en toute beauté !

Cette année encore, nous avons fait appel à David Revoy pour illustrer notre campagne de fin d’année. Et en ce dernier jour de 2023, c’est le moment de faire un petit clin d’œil à cet important travail !

🦆 VS 😈 : Reprenons du terrain aux géants du web !

Grâce à vos dons (défiscalisables à 66 %), l’association Framasoft agit pour faire avancer le web éthique et convivial. Retrouvez un résumé de nos avancées en 2023 sur le site Soutenir Framasoft.

➡️ Lire la série d’articles de cette campagne (nov. – déc. 2023)

 

Dessin de l'ensemble des mascottes de Framasoft dans leurs positions d'attaque.
Cliquez sur l’image pour soutenir l’ensemble des mascottes de Framasoft – Illustration CC-By David Revoy

Une barre de don animée

L’aviez-vous remarqué ? Les monstres ont commencé très sereinement la campagne en dégustant des brochettes de données grillées. Mais, au fur et à mesure de vos dons, ils se sont plus qu’inquiétés de la situation…

Nos joyeuses mascottes face à des Datavöres plutôt repoussants

Chaque mascotte de Framasoft, représentant un de nos projets, a pris tête face à un monstrueux GAFAM peu attirant. Mais avez-vous remarqué que nos mascottes montraient signes de vie ?

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Un petit souvenir à télécharger

Après 7 semaines à vous présenter nos projets via nos mascottes, nous vous proposons de les retrouver sous forme de fonds d’écran, disponibles en trois formats : paysage HD, paysage 4K, et portrait (mobile).

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Une fois encore, nous tenons à remercier chaleureusement David Revoy, qui travaille avec nous depuis 2017 pour illustrer avec talent, cœur et intelligence notre travail et nos espoirs.

Retrouvez, sous licence libre CC-By, l’ensemble des œuvres que Framasoft a commandées à David sur le site de son webcomic libre Pepper & Carrot !

Merci de contribuer à ce succès !

En parlant de succès, hier soir, nous avons atteint l’objectif de récolte de cette campagne qui nous permettra de boucler le budget 2024 !

Nous profitons de ce dernier jour de bilan pour remercier toutes les personnes qui ont travaillé, discuté, partagé, soutenu, encouragé, critiqué… et contribué à nos actions. Internet n’est pas assez grand pour vous citer toustes au moins autant que vous le méritez, mais vous savez qui vous êtes et du plus profond de nos petits cœurs on vous dit pudiquement : merci.

Capture d'écran de la barre de dons Framasoft 2023 à 100% - 200 000 €
Merci ! – Cliquez aller voir le site « Soutenir Framasoft »

Grâce à vous, nous aurons les moyens de poursuivre notre travail l’année à venir (bon alors si certain·es d’entre vous veulent nous attribuer un peu plus de moyens, on ne dit pas non, hein… mais là n’est pas le propos !). Et surtout, grâce à vous, nous nous sentons soutenues.

 

Nous espérons que vous vivrez une très belle fin d’année, et nous vous souhaitons tous nos vœux d’émancipation, de joie et de libertés pour 2024,

Les membres de l’association Framasoft




Framasoft in cifre, edizione 2023

Qual è l’impatto concreto delle azioni della nostra associazione? È questa la domanda a cui ci piace rispondere alla fine dell’anno (vedi dati 2022): prendersi il tempo per quantificare le nostre azioni è essenziale per rendersi conto del servizio che possiamo fornire agli altri. Iniziamo con le Framastatistiche 2023!

🦆 VS 😈 : Riprendiamo terreno ai giganti del web!

Grazie alle vostre donazioni (66% deducibili dalle tasse), l’associazione Framasoft lavora per far progredire il web etico e conviviale. Una sintesi dei nostri progressi nel 2023 è disponibile sul sito web Support Framasoft..

➡️ Leggete la serie di articoli di questa campagna (novembre-dicembre 2023).

 

Illustration de Hydroffice, un monstre serpentin à cinq têtes avec des crocs, ornées des logos des outils de la Google Suite
Clicca per sostenerci e contribuire a respingere Hydrooffice – Illustrazione CC-By David Revoy

Grazie a Nilocram per la traduzione!

Per quanto riguarda i nostri servizi online…

Più di 1,8 milioni di persone visitano i nostri siti web ogni mese: è il doppio delle visite che Disneyland Paris riceve ogni mese! Questa cifra è aumentata del 16% rispetto all’anno scorso, quindi è pazzesco (e molto motivante) pensare che ciò che facciamo sia utile a così tante persone. E cosa significa questo, per ogni singolo servizio?

Dessin d'un piaf sur la tête d'un éléphant, tous deux en position de kung fu.
Clicca per sostenerci e aiutare Espéhef e Ahèmvé – Illustrazione CC-By David Revoy

Framadate

Framadate consente di creare dei mini-sondaggi, in particolare per trovare la fascia oraria giusta per gli appuntamenti. E in cifre, Framadate significa:

  • 33.785.780 visite nel 2023
  • 1,2 milioni di sondaggi ospitati nel 2023
  • 80.000 sondaggi creati in più rispetto al 2022

Grafico che mostra il numero di visite a Framadate

Framapad

Framapad consente a più persone di scrivere sullo stesso documento. Framapad è senza dubbio uno dei più grandi servizi Etherpad al mondo, con:

  • 510.900 pad ospitati attualmente
  • Diversi milioni di pad ospitati dal lancio del servizio
  • 309.000 account su MyPads (+ 60.000 rispetto al 2022)
  • Oltre 5 milioni di visite nel 2023

Grafico che mostra la distribuzione dei pad in base alle nostre istanze Framapad (pad annuali, bimestrali, settimanali, semestrali, mensili e account Mypads)

 

Framalistes e Framagroupes

Framalistes e Framagroupes consentono di creare liste di discussione via e-mail. Poiché il server di Framalistes ha raggiunto la sua capacità massima, nel giugno 2023 abbiamo aperto Framagroupes per continuare a offrire questo servizio, che riteniamo indispensabile. Framalistes e Framagroupes sono senza dubbio i più grandi server di liste di discussione (esclusi i giganti del Web) esistenti, con:

  • Più di 1,1 milioni di utenti
  • 63.900 liste aperte
  • Circa 280.000 e-mail inviate in media ogni giorno lavorativo

Framaforms

Framaforms semplifica la creazione di questionari online. Framaforms in cifre:

  • 867.000 visite al mese
  • 418.628 moduli attualmente ospitati
  • 172.289 moduli creati quest’anno

Grafico che mostra il numero di visite a Framaforms (in aumento!)

Framacalc

Framacalc consente di creare fogli di calcolo collaborativi. È forse il più grande istanza Ethercalc del mondo, con:

  • 4.235.879 visite nel 2023
  • 218.000 calcoli ospitati

Grafico che mostra il numero di visite a Framacalc

Framateam

Framateam è un servizio di chat che consente di organizzare dei team suddivisi per canale. È probabilmente una delle più grandi istanze pubbliche di Mattermost al mondo, con:

  • 148.870 utenti del servizio (di cui 5.582 si collegano ogni giorno)
  • 29.665 team
  • 168.102 canali di discussione
  • Più di 43 milioni di messaggi scambiati dal lancio del servizio

Grafico che mostra la distribuzione dei messaggi inviati a Framateam nell’arco di un mese (notare l’utilizzo molto elevato durante la settimana!)

Framagit

Framagit è una fucina di software dove gli sviluppatori possono pubblicare il proprio codice e contribuire a quello degli altri. Framagit è probabilmente uno dei più grandi server Gitlab pubblici in Francia, con:

  • 70 679 progetti ospitati
  • 49 642 utenti
  • 8 966 fork
  • 149 789 issues
  • 91 623 Merge requests
  • 1 764 909 note

Screenshot della home page di Framagit

Framacarte

Framacarte consente di creare mappe online. E in cifre, è:

  • 2 770 510 visite nel 2023
  • 6 690 utenti (+ 1 246 in un anno)
  • 170 845 mappe ospitate (+ 33.476 in un anno)

Grafico del numero di visite a Framacarte

Framatalk

Framatalk consente di creare o di unirsi a una sala di videoconferenza. E in cifre, questo è:

  • 656 765 visite nel 2023 (+ 45 % rispetto all’anno scorso)
  • Una media di 75 conferenze attive per 200 partecipanti per giorno lavorativo

Grafico che mostra l’evoluzione delle visite a Framatalk (si noti l’enorme picco durante l’anno di confinamento!)

Framindmap

Framindmap consente di creare mappe mentali. In cifre, Framindmap è:

  • 295 379 visite nel 2023
  • 1,13  milioni di mappe mentali ospitate
  • 489 690 utenti

Grafico che mostra il numero di visite a Framindmap

 

Framavox

Framavox consente a un gruppo di persone di incontrarsi, discutere e prendere decisioni in un unico luogo. Framavox è probabilmente una delle più grandi istanze esistenti dell’eccellente software Loomio, con:

  • 119 633 utenti
  • 124 566 visite nel 2023
  • 12 265 comunità

Framavox – Illustrazione di David Revoy

Framagenda

Framagenda consente di creare calendari online. In cifre, si tratta di:

  • 260 000 calendari
  • 122 919 utenti

Framaspace

Framaspace è un ambiente di lavoro collaborativo per piccole associazioni e gruppi. In cifre, si tratta di:

  • 850 associazioni e piccoli gruppi non organizzati da Google
  • 750 nuovi spazi aperti entro il 2023
  • 16 server (dedicati e macchine virtuali) per 640 TB di spazio su disco
  • Più di 800.000 file ospitati su Framaspace

Une licorne déguisée en cosmonaute (avec une passoire sur la tête) marche sur les nuages et souffle des bulles. Dans ces bulles, on retrouve des cubes symbolisant le travail en commun (dossiers, boite à outils, livres, machine à écrire, boulier, etc.).
Framaspace – Illustrazione di David Revoy

PeerTube

PeerTube è un’alternativa alle piattaforme video. E in cifre è:

  • 300 000 utenti
  • 893 000 video
  • 1 151 istanze pubbliche
  • 287 000 commenti ai video
  • 231 milioni di visualizzazioni (una visualizzazione viene conteggiata a partire da 30 secondi)
  • 434 To di file
  • 413 issues risolti nel 2023 (su un totale di 4.360 issues trattate)
  • 363 591 visite a JoinPeerTube.org
  • 2 sviluppatori stipendiati (il secondo si è unito al team a settembre!)

Statistiche di PeerTube per gli ultimi 3 mesi del 2023: istanze, utenti, commenti, video, visualizzazioni e peso dei video

Mobilizon

Mobilizon è la nostra alternativa ai gruppi e agli eventi di Facebook. In cifre, è:

  • 313 554 eventi
  • 29 789 utenti
  • 86 istanze
  • 3 438 gruppi
  • 1 sviluppatore (nemmeno a tempo pieno!)

Mobilizon – Illustrazione di David Revoy

Framadrive

Framadrive, il servizio di archiviazione di documenti, non è più aperto alle iscrizioni, ma funziona ancora! In cifre, si tratta di:

  • 10,8 milioni di file
  • 4 794 utenti
  • 2,6 TB di spazio su disco utilizzato

Framapiaf

Framapiaf, un’istanza del software di micro-blogging Mastodon, non è più aperta a nuove registrazioni ma rimane molto attiva. In cifre, si tratta di:

  • 1 500 utenti che si sono collegati negli ultimi 30 giorni
  • 850 utenti che hanno postato almeno un messaggio negli ultimi 30 giorni

Dorlotons Dégooglisons – Illustrazione di David Revoy

Infrastruttura tecnica

Per quanto ne sappiamo, Framasoft è il più grande fornitore associativo di servizi online al mondo. E a priori, questo modello di funzionamento associativo non esiste da nessun’altra parte! In cifre:

  • 58 server e 60 macchine virtuali che ospitano i nostri servizi online
  • 0,6 tonnellate di CO2 equivalenti per il consumo annuale di elettricità della nostra infrastruttura tecnica (il nostro host, Hetzner, utilizza energia idroelettrica ed eolica rinnovabile)
  • 1 amministratore di sistema a tempo pieno e 2 addetti al supporto tecnico
  • 1 persona di supporto a tempo pieno

Partecipo a finanziare i (Frama-)servizi

 

L’associazione e i comuni culturali

I servizi online che forniamo al pubblico non sono le uniche cose che ci tengono occupati. Ecco qualche dato su alcune delle altre attività che abbiamo svolto quest’anno.

Dessin dans le style d'un jeu vidéo de combat, où s'affronte l'éléphant et le piaf de Dégooglisonse et le monstre de Google Suite.
È grazie alle vostre donazioni che Espéhef e Ahèmvé sono in grado di tenere testa a Hydrooffice! Illustrazione di David Revoy

Attività interna

  • Framasoft conta 28 membri volontari e 11 dipendenti.
  • 45 presentazioni nel 2023, in presenza e/o online, sulle tecnologie digitali, i beni culturali comuni e le questioni in gioco.
  • Più di 130 articoli pubblicati sul Framablog nel 2023
  • 2 autori⋅ices accompagnati⋅ dalla nostra casa editrice Des Livres en Communs

I progetti in comune

  • 1 097 voci nell’annuario Framalibre
  • Un corso di formazione e un MOOC creato per chi ospita servizi etici
  • 21 operatori in grado di supportare le associazioni nella loro emancipazione digitale elencati sul sito emancipasso.org
  • 5 visite di studio in 5 Paesi europei per il progetto ECHO Network
  • 8 anni di coordinamento del collettivo CHATONS, che attualmente comprende 91 fornitori di hosting alternativi

Abbiamo bisogno del vostro aiuto!

È grazie alle vostre donazioni che possiamo garantire la totale indipendenza finanziaria dell’associazione: la libertà di sperimentare, di continuare, di fallire, di fermarci, di portare avanti i nostri progetti, dai più seri ai più strampalati, sempre in linea con il nostro progetto associativo di educazione popolare ai temi del digitale e dei beni culturali comuni. E in cifre:

  • Il 93% del nostro bilancio è finanziato dalle donazioni
  • 5 463 donatori finanziano iniziative di cui beneficiano più di 1,8 milioni di persone ogni mese
  • Il70 % del bilancio è destinato al pagamento degli stipendi.

Ripartizione del bilancio di Framasoft

 

Framasoft è un’associazione di interesse generale: tutte le donazioni fatte a noi sono deducibili fino al 66% per i contribuenti francesi. Quindi una donazione di 100 euro vi costerà in realtà solo 34 euro dopo gli sgravi fiscali.

Barre de dons Framasoft le 28 décembre 2023, à 76% - 151079 €

Se vogliamo raggiungere il nostro budget per il 2024, abbiamo solo 3 giorni per raccogliere 48 000 € : non possiamo farlo senza il vostro aiuto!

 

Fai una donazione