Il faut lire Internet & Création de Philippe Aigrain

Law Keven - CC by-saLa loi Création et Internet (Hadopi) est aujourd’hui devant le Sénat. Alors que, faute à la crise économique, de nombreux autres projets de loi ont été sagement repoussés, celle qui nous concerne ici suivra la procédure d’urgence : le texte ne sera ainsi débattu qu’une fois, au lieu de deux, par chaque assemblée.

L’urgence ne s’imposait pas, sauf à vouloir que nos élus ne se penchent pas trop dans le détail sur ce projet de loi. Mais quitte à se placer coûte que coûte en situation d’urgence, alors il y a bien quelque chose à faire : lire le nouveau livre de Philippe Aigrain Internet & Création dont le sous-titre annonce un ouvrage qui va justement se risquer à lever le point d’interrogation : « Comment reconnaître les échanges hors marché sur internet en finançant et rémunérant la création ? ».

Parce que n’en déplaisent aux défenseurs radicaux de cette loi qui ont la caricature d’autant plus facile qu’ils sentent que leurs monopoles se fissurent, Philippe Aigrain n’est pas un « anarchiste numérique ». Au contraire, prolongeant son travail quotidien à la Quadrature du Net, il tente ici de réconcilier partisans et détracteurs en exposant clairement la situation et ses enjeux et en avançant des propositions concrètes et argumentées[1].

Extrait (p.12) :

« Avec ce rapport, nous tentons une gageure : parler à presque tous, installer un cadre commun qui ne suppose pas de se mettre d’accord sur tout pour explorer ensemble les voies du possible. Lecteurs, il vous faut cependant consentir à de petits efforts. Si vous êtes sincèrement convaincus qu’un individu qui met un fichier numérique représentant une œuvre à disposition des usagers d’un réseau pair à pair est un pirate (celui qui s’empare par la violence des biens d’autrui) et que les œuvres saignent lorsqu’on les partage, nous ne vous demandons pas d’abandonner ces croyances. Acceptez cependant de lire la prose de ceux qui ont une autre vision de ces activités. Considérez leurs propositions et le soin qu’elles mettent à préserver ce à quoi vous tenez : la reconnaissance et la récompense de ceux qui contribuent à la création ; l’organisation des filières qui permettent à certaines formes d’œuvres d’exister ; l’accès de tous à la culture. Si au contraire vous pensez qu’à l’âge d’internet, la gestion collective ne sert plus à rien et qu’il suffit de laisser faire les échanges universels pour que les ressources nécessaires aux activités créatives se répartissent mieux qu’aujourd’hui, nous ne vous demandons pas de changer d’avis.Mais lisez avec soin ce qui suit, et demandez-vous si les solutions qui y sont esquissées ne garantissent pas ce qui est pour vous l’essentiel : le développement des activités propres à internet, leurs libertés constitutives, la coopération de tous à la production d’un objet commun. »

Le détail des propositions mentionnées ci-dessus est donc contenu dans ce livre. C’est assez technique parfois mais sortir de l’anathème pour changer de paradigme ne s’improvise pas !

Oui la situation actuelle est intenable et non démocratique et il convient d’en faire son deuil. Oui un mécanisme de financement mutualisé (une « licence globale » revue et corrigée pour ceux qui se souviennent de la tout aussi contestée loi DADVSI) est souhaitable et permettrait non seulement de libérer les échanges hors marché entre individus mais également d’avoir un impact positif sur l’économie générale de la création.

En voici le plan tel qu’il apparait dans l’introduction (p. 5-6) :

« L’introduction rappelle le contexte des débats actuels. Elle défend la nécessité d’envisager ensemble la liberté de certains types d’échanges sur internet et la mise en place d’une nouvelle source de financement et de rémunération de la création. Le deuxième chapitre discute des échanges hors marché entre individus sur internet, montre l’intérêt qu’il y aurait à les reconnaître comme légitimes et propose de les délimiter précisément. Le troisième chapitre discute de l’état des mécanismes de financement et de rémunération de la création. Il souligne la crise qu’ils traversent et défend l’intérêt de les compléter par une redevance payée par les usagers d’internet. Le quatrième chapitre compare différentes formes de financements mutualisés pouvant être envisagées. Sur la base de cette comparaison, il défend l’intérêt d’un mécanisme de licence accordant des droits d’usage aux individus. Le cinquième chapitre analyse les différents cadres juridiques applicables, des licences collectives étendues aux licences légales. Il analyse chacun des mécanismes du point de vue de leur compatibilité avec les traités internationaux et le droit européen. Le sixième chapitre discute les paramètres fondamentaux du mécanisme (œuvres incluses dans le mécanisme, droits et obligations des usagers, montant de la redevance, relation avec d’autres dispositifs). Le septième chapitre répond à certains arguments qui ont été avancés contre la libération des échanges hors marché entre individus sur internet ou contre la mise en place d’un financement mutualisé. Le huitième chapitre discute de la répartition du produit de la redevance entre médias, entre fonctions pour chaque média et entre contributeurs. Le neuvième chapitre analyse les modes d’observation des usages permettant une répartition juste des ressources collectées. Enfin, la conclusion esquisse quelques pistes pouvant conduire à l’introduction du mécanisme proposé. »

Merci à Philippe Aigrain pour ce document qui tombe à point nommé et apporte beaucoup au débat. Merci également d’avoir choisi l’éditeur InLibroVeritas et opté pour une licence Creative Commons (la by-nc-nd) permettant la mise à disposition dans son intégralité du format numérique du livre. Mais comme pour le projet Framabook nous vous invitons à acheter le livre (pour la modique somme de 10 €) pour soutenir la démarche et faire en sorte que de plus en plus de ressources de qualité suivent ce modèle original de diffusion.

Lire ce livre vous donnera peut-être comme moi l’étrange impression de faire partie de ces pionniers qui, à tâtons, avancent lentement mais sûrement dans le sens de l’Histoire. Une Histoire qui, nous le savons bien, a connu son lot de rendez-vous manqués. Ne prenons pas plus de retard et saisissons ici tout de suite l’occasion d’être à l’heure 😉

PS : Joli coup de projecteur, on pourra également lire l’article Internet : du piratage au partage que Libération consacre ce même jour à ce même livre en ne cachant pas sa sympathie pour les propositions contenues dans l’ouvrage !

Notes

[1] Crédit photo : Law Keven|http://flickr.com/photos/66164549@N00/2487291985/] (Creative Commons By-Sa)




Sur la place des grands hommes du logiciel libre

À ces quelques noms, la communauté du logiciel libre reconnaissante !

Vous ne serez pas forcément d’accord avec le choix de l’auteur[1] mais nous sommes aussi là pour en discuter dans les commentaires 😉

PS : Le titre est un peu provocateur eu égard à un récent billet sur les femmes et le logiciel libre, d’autant qu’il y a bien une femme dans le lot. On pourra également remarquer qu’il n’y a pas beaucoup de non américains.

Copie d'écran - Free Software Magazine

Les héros du logiciel libre : de Stallman à Google, les figures emblématiques grâce à qui tout est devenu possible.

Free software heroes: from Stallman to Google, a list of inspiring individuals who made everything possible

Tony Mobily – 15/06/2008 – Free Software Magazine

Dans chaque domaine, on trouve un certain nombre d’acteurs majeurs qui ont consacré beaucoup de leur temps aux idées auxquelles ils croyaient. Tous nous rappellent qu’il revient à chacun d’entre nous de changer la donne et d’écrire l’histoire. Leur travail touche un grand nombre de personnes et peut avoir une influence extraordinaire sur notre façon de voir et de percevoir le monde.

Le monde du logiciel libre compte lui aussi ses héros. Vous connaissez déjà sans doute bon nombre d’entre eux; et si ce n’est pas le cas, il est fort probable que vous utilisiez tous les jours le fruit de leur travail.

Le but de cet article est à la fois de leur rendre hommage et d’offrir un résumé à ceux qui découvrent l’univers du logiciel libre.

Quelques figures emblématiques

Richard Stallman

Richard Stallman. Pour RMS, difficile de savoir par où commencer. C’est lui qui a initié le projet GNU, composante majeure du système d’exploitation GNU/Linux, en 1983 (vous lisez bien : mille neuf cent quatre-vingt trois !), et fondé la Free Software Foundation en 1985. C’est également lui qui a écrit le compilateur C GNU, oui, l’outil permettant de transformer le langage de programmation en code exécutable. Il consacre la majeure partie de son temps à l’action politique et à la promotion du logiciel libre. Pour avoir une idée de ce que dévouement veut dire, lisez son blog et consultez son agenda de voyages plus que surchargé.

Pamela Jones. Encore un bel exemple de dévouement : Pamela Jones est l’auteure de Groklaw, le site qui a sans doute sauvé GNU/Linux et le logiciel libre en général des griffes de SCO et de Microsoft. Pamela Jones est quelqu’un d’époustouflant : ces trois dernières années, elle a signé un millier d’articles, et une grande partie d’entre eux sont des papiers très fouillés qui ont eu un écho retentissant dans toute l’industrie des nouvelles technologies.

Linus Torvalds

Linus Torvalds. C’est lui qui a codé Linux, le noyau, sans lequel les applications GNU ne pourraient fonctionner. Le noyau de Linus, qui est arrivé à point nommé, a été distribué sous licence GPL (établie par Richard Stallman) en 1991. Linux est une composante essentielle du projet GNU/Linux.

Mark Shuttleworth

Mark Shuttleworth. C’est le fondateur de Canonical, la société qui a créé la distribution Ubuntu Linux. La version abrégée de la biographie de Shuttleworth est simple : il a gagné une fortune en vendant Thawte (qui fabriquait des certificats numériques) à VeriSign. Il a ensuite suivi le programme d’entraînement des cosmonautes Russes et est allé dans l’espace. À son retour, il a fondé Canonical afin de créer Ubuntu Linux, que l’on peut considérer comme la plus populaire et la plus innovante des distributions GNU/Linux destinées aux utilisateurs finaux.

Larry Page - Sergey Brin

Larry Page et Sergey Brin. Les créateurs de Google. Indépendamment de la grosse faute d’orthographe que cache ce mot (NdT : Le terme exact est googol, qui définit le nombre 10 suivi de cent zéros), vous en avez sans doute entendu parler : on tape quelques mots sur leur page Web, et l’on obtient comme par magie une liste pertinente de pages qui s’y rapportent… jetez-y donc un coup d’œil à l’occasion ! Bien que Google ne soit pas une entreprise qui se consacre au logiciel libre, et qu’une bonne partie de leurs logiciels soient au contraire sous licence propriétaire, ils ont néanmoins produit une quantité importante de logiciels libres et (plus important encore) contribué à la création de standards ouverts facilitant l’usage des logiciels libres (par exemple OpenSocial – en opposition à Facebook, ou Android – en opposition à l’iPhone et à Windows Mobile).

Matthew Szulik - Bob Young

Bob Young et Matthew Szulik. Bob Young est le fondateur de Red Hat, une des entreprises de logiciel libre connaissant le plus de succès. Sous la direction de Young, Red Hat s’est imposée comme la distribution GNU/Linux la plus implantée dans le domaine des serveurs. Les contributions de Red Hat au noyau Linux et au logiciel libre en général sont innombrables. Matthew Szulik a pris la succession de Young à la tête de Red Hat et a accru le succès de l’entreprise. Plus important encore, Szulik aurait eu un dîner célèbre (mais qui n’a jamais été avéré) avec Steve Ballmer, le PDG de Microsoft, qui aurait tenté de le convaincre de signer avec Microsoft un accord compromettant concernant les brevets. Szulik a refusé, même si un tel accord se serait révélé fort lucratif pour Red Hat. Le signer aurait causé un tort immense au monde du logiciel libre.

Jimmy Wales

Jimmy Wales. C’est le créateur d’un autre site dont vous avez dû entendre parler : Wikipédia. Inutile que je vous fournisse un lien : tapez ce qui vous passe par la tête dans Google (voir ci-dessus : c’est le moteur de recherche sympa dont je vous parlais un peu plus tôt), et il y a de fortes chances qu’une ou plusieurs pages de Wikipédia apparaissent dans les résultats… La technologie sur laquelle est basée Wikipédia est disponible sous une licence libre (GPL). C’est bien ça – la licence créée par Richard Stallman (voir plus haut). Même si Wikipédia en soi n’est pas un logiciel libre, c’était une des premières fois (voire la toute première) qu’on appliquait la philosophie du libre à un domaine ne relevant pas de la technique. Et depuis, son succès est énorme.

Lawrence Lessig

Lawrence Lessig. Il est à l’origine des licences Creative Commons, grâce auxquelles les artistes peuvent distribuer leurs œuvres sous des licences fonctionnant selon les principes du Libre.

Tim Berners Lee

Sir Tim Berners-Lee. L’inventeur du Wold Wide Web (NdT : L’Internet comme on le connaît aujourd’hui) Il a préféré mettre gratuitement ses spécifications (HTTP et HTML) à la disposition de tous plutôt que de demander à des entreprises et à des développeurs de se conformer à des accords inacceptables afin de respecter des termes soi-disant non-discriminatoires. Sans lui, l’Internet pourrait être aujourd’hui la chasse gardée de protocoles propriétaires de l’acabit de MSN ou AOL, et en proie au chaos. Et quand je dis chaos, je pèse mes mots.

Blake Ross

Blake Ross. C’est celui qui, alors qu’il était encore adolescent (en 2003), s’est rendu compte que le mouvement du Libre disparaissait du paysage des navigateurs parce qu’aucun navigateur libre et léger n’était disponible. Il a donc initié un fork de Mozilla et créé un autre logiciel dont vous avez sans doute entendu parler : Firefox. La suite, vous la connaissez. En fait, c’est une suite qui totalise 25% de parts de marché, résultat impressionnant sachant qu’il faut télécharger et installer volontairement sa copie de Firefox, contrairement à ce qui est livré directement avec Windows.

Dries Buytaert

Dries Buytaert. L’inventeur de Drupal, l’un des meilleurs CMS (Système de gestion de contenu) disponibles à l’heure actuelle. (Oui je sais, je ne suis pas objectif, puisque je suis un des développeurs de Drupal.) La plupart des internautes n’utilisent pas Drupal, mais nombreux sont ceux qui fréquentent des sites construits avec cet outil.

Keith Packard

Keith Packard. C’est l’instigateur du projet XOrg, un fork de XFree86. Grâce à lui, GNU/Linux possède aujourd’hui un sous-système graphique d’une qualité extraordinaire. Dans un entretien, qui date de 2003, Keith Packard explique en partie comment cet épisode s’est déroulé. À noter qu’au moment de l’entretien, rien n’était encore acquis, et XOrg n’était encore plus ou moins qu’une « idée ». À présent, c’est une réalité solide dans le monde du Libre.

Bram Cohen

Bram Cohen. Le petit génie de la mathématique qui a créé BitTorrent. À contre courant de la tendance générale, il a mis à disposition gratuitement les spécifications de son protocole. BitTorrent est depuis un outil crucial pour le logiciel libre, car il rend possible le téléchargement de distributions qui ne cessent de se développer. D’autres (cf : la RIAA) ne voient pas du même œil le potentiel de ce protocole.

Michael Tiemann

Michael Tiemann. Il a fondé Cygnus en 1989. Cygnus Solutions fut une des premières tentatives de « monétiser » le logiciel libre. Tiemann a aussi codé le compilateur C++ GNU et travaillé sur le compilateur et débogueur C GNU, deux logiciels d’une importance cruciale sans lequel le monde des nouvelles technologies ne serait pas le même.

Le monde s’ils n’avaient pas été là

À quoi ressemblerait le monde si ces personnages clé avaient préféré embrasser une carrière de plombier ? On pourrait avancer que si ça n’avait pas été eux, d’autres s’en seraient peut-être chargé. Mais dans le cas qui nous intéresse, c’est bien ce « peut-être » qui interpelle (soulevant la question plus théorique de la liste des « ça s’est joué à pas grand chose »).

Sans Pamela Jones, nombreux sont ceux (et j’en fais partie) qui pensent que le procès de SCO contre Linux aurait pu beaucoup plus mal se finir. Sans Stallman, le mouvement du Libre serait loin d’être aussi solide et organisé. Sans Shuttleworth, une distribution GNU/Linux propriétaire aurait pu prédominer sur le marché (ce qui était en train de se profiler, petit à petit, avec Linspire). Sans Larry Page et Sergey Brin, pas de Google. Pas de Summer of Code. Pas d’Android. Pas d’OpenSocial, la liste est longue comme le bras. Sans Bob Young et Matthew Szulik, pas de chef de file bien défini sur le marché des serveurs GNU/Linux, ou, pis encore, Red Hat aurait pu céder à la pression de Microsoft et signer un accord désastreux sur les brevets. Sans Jimmy Wales, pas de Wikipédia. Sans Lawrence Lessig, des milliers d’œuvres d’art ne seraient pas disponibles sur le World Wide Web. Et d’ailleurs, sans Sir Tim Berners-Lee, il n’y aurait même pas de World Wide Web. Sans Blake Ross, vous n’auriez sans doute pas d’autre choix que d’utiliser Internet Explorer pour aller sur Internet. Sans Dries Buytaert, Drupal n’existerait pas. Sans Keith Packard, nous serions coincés avec le XFree86 monolithique que nous connaissions avant, plus ou moins libre mais pas vraiment.

Sans eux, en gros, le monde serait aujourd’hui bien plus gris.

Faire partie du club, ça vous tente ?

À la lecture de cet article, vous voyez sans doute où je veux en venir : tous ces acteurs du Libre sont des gens brillants, dévoués et prêts à consacrer une grande part de leur vie à l’amélioration du monde dans lequel nous vivons.

Un des aspects formidables des logiciels libres, c’est qu’il s’agit d’un monde sans barrières. Peut y entrer qui veut. Votre nom pourrait bien figurer un jour dans cette liste. Pour y parvenir, il suffit de fournir une somme de travail phénoménale et de nourrir une immense passion pour le domaine, quel qu’il soit, auquel vous la consacrez.

Quant à moi, je ne figure pas dans cette liste, même si je crois en rêver depuis toujours. Je fais de mon mieux au sein de Free Software Magazine, et chaque fois que la lassitude ou le manque d’inspiration me saisissent, je pense à ceux qui ont rendu possible l’existence de cet univers, et m’efforce d’en faire autant, et aussi bien.

À notre niveau, nous n’apporterons pas forcément à l’édifice des pièces aussi majeures que celles de Sir Tim Berners-Lee, Richard Stallman ou Pamela Jones, mais rien ne nous empêche d’essayer.

Notes

[1] Traduction Don Rico sous l’œil avisé de Burbumpa et Olivier.




Building the world we want, not the one we have

4 EveR YounG - CC by-saJ’aimais bien le titre en anglais de la traduction du jour alors je l’ai conservé pour le titre du mon billet, nonobstant le fait qu’il occulte complètement son sujet à savoir Firefox et ses efforts pour nous proposer des formats multimédias audios et vidéos libres et ouverts[1].

Je partage l’enthousiasme de l’auteur et je remercie Mozilla qui, comme il est dit plus bas, améliore tout autant Firefox qu’il améliore le web tout entier.

PS1 : Cet article a été rédigé cet été, Firefox 3.1 n’est pas encore sorti à ce jour mais cela ne saurait tarder.

PS2 : J’en profite pour saluer ici le projet iTheora qui est « un script PHP permettant de diffuser des vidéos (et des fichiers audios) mais uniquement au format ogg/theora/vorbis. Il est simple à installer et à utiliser. Il conviendra aussi bien au blogger qu’au webmaster averti. »

Construire le monde que nous voulons, pas celui que nous avons

Building the world we want, not the one we have

Schrep’s Blog – 8 août 2008
(Traduction Framalang : Penguin et Olivier)

Grâce au dur labeur de Chris Double, Robert O’Callahan, Johnny Stenback et de beaucoup d’autres, les balises <video> et <audio> avec support natif de Theora video et Vorbis audio sont actuellement disponibles dans les nightly builds de Firefox. Ils seront inclus dans Firefox 3.1 Beta 1 qui sortira plus tard cette année.

Ce n’est pas nouveau mais je voulais vous expliquer pourquoi je trouve cela important.

Si vous lisez attentivement la spécification HTML1.0 de 1993 vous remarquerez qu’aucun format d’image n’était spécifié alors qu’il en existait des douzaines. GIF est excellent pour les logos, le dessin de lignes, etc… mais limité à 256 couleurs il n’est pas idéal pour les photos. JPEG compresse avec perte et donc est très bien pour les photos mais est moins adapté pour le dessin. PNG est arrivé plus tard pour résoudre certains problèmes de GIF et n’était pas totalement ni correctement supporté dans Internet Explorer jusqu’à la version 7. Avant que PNG ne soit supporté nativement par tous les navigateurs il existait de nombreux plug-ins pour combler ce manque.

Une technologie entravée par les brevets (GIF), primordiale pour la toile, a été remplacée par un format réellement libre et ouvert (PNG), d’abord à travers des plug-ins, puis, rapidement après, nativement dans les navigateurs. Les spécifications HTML ne spécifiait pas un format d’image spécifique, mais quelques uns devinrent incontournables dans l’usage courant.

Je pense que le même sort attend les balise <video> et <audio>. A l’heure actuelle, des centaines de millions d’utilisateurs peuvent visualiser des vidéos dans leur navigateur Web, mais cela nécessite pour les lire un des nombreux plug-ins propriétaires qui supportent des formats propriétaires. Cela veut dire que si vous réalisez une site Web avec vidéos flash/silverlight/WMV il ne fonctionnera pas sur des millions d’iPhone et d’autres navigateurs pour mobile. Et sur Linux il se peut qu’il marche comme il se peut qu’il ne marche pas. Le faire fonctionner nécessite des avocats, de l’argent et des accords commerciaux entre plusieurs parties.

En rendant disponible dans Firefox les balises HTML5 <video> et <audio> avec des formats ouverts, libres de droit, nous espérons rendre ces formats omniprésents grâce à un usage quotidien. Des formats ouverts et libres de droit vont permettre à tous les fabricants de navigateurs d’implanter nativement la lecture audio et vidéo sur toutes les plateformes, appareils et environnements, sans aucune restriction. Ils vont permettre à tous produits dont les sources sont ouvertes d’embarquer sans crainte de façon native la lecture audio et vidéo. Ils vont permettre aux réalisateurs de site Web d’utiliser gratuitement du son et de la vidéo dans leurs sites, sans se soucier de la présence ou l’absence sur une plateforme précise d’une version précise d’un plug-in précis. En tant qu’utilisateur final, nous n’aurons bientôt plus à nous demander si nous pourrons visionner le contenu vidéo d’un site donné sur notre nouveau téléphone, tablet PC ou PC parce que tous les systèmes sont capables de supporter un standard vidéo ouvert. Peut-être que je serai capable de voir les Jeux Olympiques de 2010 sur mon téléphone portable.

Un véritable accès universel au contenu. Voici le monde que nous voulons.

Il existe peu de contenu encodé en Theora/Vorbis à l’heure actuelle. Oui, et alors ?

Il y a 10 ans, il n’existait aucun contenu en H.264 alors que c’est un format plutôt répandu aujourd’hui. Jusqu’à ce que les vidéos en Flash ne deviennent courantes il n’existait pas beaucoup de contenu vidéo encodé en VP6. De nouveaux contenus sont créés sans arrêt et les transcoder en Theora/Vorbis est vraiment simple. Peu de temps après la sortie de Firefox 3.1 il y aura près de 200 millions d’ordinateurs de bureau capables de lire ce genre de vidéo. Le contenu suivra rapidement.

Je peux déjà regarder les vidéos qui Flash, Quicktime, Silverligt, etc… quel est l’intérêt de ce nouveau format ?

Avoir un support audio/video natif au sein de HTML5, avec des formats ouverts libres de droit, cela veut dire que n’importe quel fabricant de navigateur, appareil, etc.. peut supporter ce format. S’il est adopté largement, cela voudra dire que les créateurs de sites Web pourront bientôt utiliser un seul format pour toucher tous les appareils. En tant que technologie Web native, la vidéo peut donc être intégrée et mélangée avec toutes les autres avancées que le Web a connu jusqu’ici.

Est-ce que Theora ne fait pas baisser l’autonomie de ma batterie et/ou utilise mon processeur ?

Beaucoup de systèmes à l’heure actuelle sont vendus avec un forme quelconque d’accélération pour les formats H.264, MPEG-2 ou autres, ce qui réduit l’utilisation du processeur et donc l’utilisation de la batterie. Avec l’adoption du format nous nous attendons à ce que Theora bénéficie des mêmes accélérations matérielles dans un futur proche. Dans le même temps, la vidéo HD à 5-6 Mo/s se jouera de façon fluide sur des systèmes modernes sans aucune assistance matérielle.

La qualité video de Theora est-elle vraiment au rendez-vous ?

C’est tout à fait regardable et cela s’améliore tous les jours avec un travail comme celui-ci.

Existe-t-il des problèmes légaux ?

Nous avons réalisé une étude minutieuse de tous les problèmes connus et pour ce que nous en savons, Theora et Vorbis ne posent aucun risque concernant les brevets. Ils existent depuis un certain temps sans aucun problème; cependant, il existe toujours le risque que des gens sortent de leur chapeau des brevets cachés, mais ce risque existe pour tous les développeurs logiciels et pour n’importe quel type de logiciel. On ne peut pas exclure le risque que quelqu’un réclame quelque chose, ce qui ne veut pas dire que cette revendication a un fondement. Nous pensons qu’il n’y a pas de problème, mais si l’on y est contraint, nous pouvons : i) évaluer la réclamation et déterminer si elle est fondée; ii) utiliser la puissance du Web pour rassembler des preuves d’antériorité pour invalider la plainte; et iii) retirer ou desactiver la fonctionnalité si besoin est en dernier recourt.

Qu’en est-il de la Haute Définition (HD) ?

Theora peut lire et encoder du contenu HD. Avec les implémentations actuelles la qualité de la vidéo n’est pas aussi bonne qu’en H.264 mais des améliorations sont encore à venir. De plus, nous avons discuté avec les types géniaux à l’origine de Dirac et j’ai quelques vidéos 720p très impressionnantes encodées en Dirac. La bonne nouvelle, c’est qu’une fois que vous avez l’infrastructure video/audio de base dans Firefox, ajouter de nouveaux codecs/formats est assez simple. C’est un point de départ pour fournir à tout le monde un dénominateur commun pour la lecture de vidéos.

Pourquoi n’avez-vous pas juste acheté une license H.264, VC-1, MPEG-2, ou (insérer votre codec préféré ici) ?

Nous avons étudié attentivement cette option et nous aurions très bien pu le faire, à un coût élevé pour nous, pour le version binaire “officielle” de Firefox. Mais cela posait certains problèmes :

  • Cela aurait nécessité l’inclusion de code fermé dans Firefox.
  • Tout travail dérivé du code de Firefox ou Mozilla n’aurait *pas* pu le rendre disponible.
  • Aucun autre projet open source n’aurait pu l’utiliser.

Cela aurait simplement résolu le problème pour les utilisateurs de Firefox. Notre priorité est de résoudre le problème pour le Web dans son ensemble.

Pourquoi ne pas utiliser uniquement nativement DirectShow/Quicktime/Gstreamer sur chaque plateforme ?

Nous travaillons également sur cela comme vous pouvez le voir ici, ici et ici. Toutefois, cette approche a deux limitations importantes : a) le support des codecs varie énormément d’une plateforme à l’autre et b) cela ne résoud rien pour les téléphones et autres systèmes. Nous voulons un format de référence sur lequel tous les créateurs de sites Web pourront compter et qui fonctionne sur tous les environnements.

C’est fabuleux, comment est-ce que je peux aider ?

Téléchargez la version de développement de Firefox (“nightly build”) ici et essayez-là ici ou sur Wikimedia Commons. Créez du contenu natif en Theroa/Vorbis. Aidez à transcoder d’autres formats en Theora. Parlez-en à vos amis.

Notes

[1] Crédit photo : 4 EveR YounG (Creative Commons By-Sa)




Randy Pausch et nos rêves d’enfance…

De Randy Pausch Wikipédia nous dit :

Randy Pausch (né le 23 octobre 1960, mort le 25 juillet 2008) est un professeur d’informatique américain, spécialiste de l’interface homme-machine et des mondes virtuels qui a enseigné à la Carnegie Mellon University de Pittsburgh, en Pennsylvanie. Également auteur de plusieurs livres, il s’est fait mondialement connaître pour sa « dernière conférence » (the last lecture) donnée le 18 septembre 2007 à Carnegie Mellon.

En août 2006, Randy Pausch apprend qu’il est atteint d’un cancer du pancréas. Malgré des traitements particulièrement agressifs dont une chimiothérapie expérimentale, le stade terminal de la maladie est diagnostiqué en août 2007. Il entame alors des soins palliatifs destinés à le maintenir en vie le plus longtemps possible. Un mois plus tard, il se présente devant 400 étudiants et collègues dans un amphithéâtre de Carnegie Mellon pour donner une conférence intitulée « Vraiment réaliser vos rêves d’enfance ».

L’intervention de Randy Pausch s’inscrit dans le cadre d’un cycle qui invite des universitaires de haut niveau à venir partager leur savoir, leur expérience et leur sagesse comme si c’était la dernière fois qu’ils avaient l’occasion de le faire…

J’ai découvert Randy Pausch… aujourd’hui, suite à un billet (le 1700ème) de mon ami Thierry Stoehr qui, comme à son habitude, agrémente son propos avec de nombreux liens et références. Il suggère au passage de trouver des traducteurs pour sous-titrer en français cette exceptionnelle « dernière conférence ».

Il se trouve qu’un tel travail a déjà été fait (merci à Thomas Roux). Ce témoignage est effectivement d’une grande force et je tenais à mon tour à vous le faire partager.

Cliquer sur le petit rectangle noir pour avoir les sous-titres.




Largage de liens en vrac #8

Arkangel - CC by-saLe nouveau Gimp vient de sortir (version 2.6) et OpenOffice.org est dans les starting-blocks (version 3.0). Quant à moi je continue de remplir mes marque-pages de news logicielles susceptibles d’intéresser de près ou de loin le framalecteur. Comme d’habitude il ne s’agit que d’un survol rapide et subjectif de l’actualité[1].

  • Podcast Generator : Vous souhaitez offrir du podcast à vos visiteurs ? Alors Podcast Generator a de bonnes chances de répondre à votre besoin. Parmi les fonctionnalités on notera le streaming flash mais surtout la sortie XML/RSS compatible avec Juice and iTunes.
  • Capture Fox : Une extension ambitieuse Firefox qui permet de réaliser des screencast avec la voix qui plus est. La sortie est en AVI et n’est pour le moment disponible que sous Windows XP et Vista. Petite explication et démo en français ici (ps : j’ai pas compris si l’extension était libre et si l’on pouvait filmer l’écran de son ordinateur pour monter autre chose que sa fenêtre FIrefox).
  • niftyPlayer : Pour votre site web, sûrement le plus léger de tous les lecteurs flash audio (avec ou sans Javascript).
  • Phatch : Contraction de Photo et Batch. Permet d’automatiser certaines tâches sur une série de photographies. On peut renommer, redimensionner mais aussi faire pas mal de choses originales comme arrondir les coins, ajouter un effet ombré, etc.
  • Zarafa : L’alternative professionnelle à Microsoft Exchange passe en open source une bonne partie de son offre logicielle (c’est plus stratégique que philanthropique mais c’est toujours bon à prendre !).
  • Evolution : Restons dans la messagerie groupware avec l’annonce du portage Windows d’Evolution, célèbre alternative Unix à Outlook (à ne pas confondre avec le grand public Outlook Express).
  • Habari : Dans la grande famille des moteurs de blogs (WordPress, Dotclear) je demande le petit dernier que même que les premiers avis disent qu’il est très prometteur.
  • Hyperwords : Encore une très pratique extension Firefox (libre ou pas ?) qui rend certains internautes plus qu’enthousiaste. Il n’y a pas à dire mais ces extensions participent de beaucoup à la valeur ajoutée de Firefox (n’est-ce pas Google Chrome ou Chromium ?).
  • MiniG : Gmail est pour vous la meilleure des webmails ? MiniG c’est comme Gmail mais pour les entreprises puisque, détail ô combien important, les données sont conservées sur les serveurs de votre propre boite (développé pour OBM par Linagora).
  • xVideoServiceThief : Objectif simple mais parfaitement réussi : récupérer les vidéos des sites comme YouTube ou Dailymotion que l’on peut ensuite convertir à la volée (dommage il n’y a pas encore le format OGG).
  • Project Kenai : Une nouvelle forge (hébergement de projets de développement) qui, pour la résumer sur le papier, serait un peu une forge 2.0 avec un fort accent donné aux structures de type réseaux sociaux.
  • CodeLite : Comme on s’adresse ici à des développeurs on présuppose qu’ils maitrisent l’anglais : CodeLite is a powerful open-source, cross platform IDE for the C/C++ programming languages.
  • Panda : Panda, est un projet OpenSource qui permettra à n’importe quel propriétaire de site; prêt à mettre un peu les mains dans le code, d’offrir le chargement et la lecture de vidéos à ses utilisateurs. Imaginez un YouTube en kit (source TechCrunch).
  • Plumi : Même objectif que Panda mais sous Plone. Aucune idée de l’état d’avancement de ces solutions libres de streaming vidéo mais c’est bien d’avoir potentiellement la possibilité de se libérer des YouTube-like.
  • Omeka : Une plateforme web orientée présentation et archivage de fonds iconographiques (devrait intéresser certaines institutions culturelles comme les musées par exemple).

Notes

[1] Crédit photo : Arkangel (Creative Commons By-Sa)




Quand Curiosphere.tv adopte une attitude plus responsable (ou presque)

Suite à mon billet d’hier Curiosphere.tv et Microsoft : merci le service public ! Curiosphere.tv a sensiblement modifié sa fameuse page d’accueil dédiée au B2i. Il est fort possible que ce billet, relayé par LinuxFr et par certains lecteurs qui ont directement écrit à Curiosphère (merci pour eux), ait influé sur ces récents et pertinents changements.

Avant :

« Pour accompagner l’initiation de vos élèves ou de vos enfants au B2I, Curiosphere.tv, en partenariat avec Microsoft, met à votre disposition un ensemble de tutoriels vidéo réalisés par des enseignants. Reprenant des exemples concrets dans différentes disciplines, ces tutoriels vidéo décryptent dans le cadre des compétences B2I, un grand nombre de fonctionnalités et de modules de Word, Excel, Publisher, Power Point, Outlook ou encore Internet Explorer (…) Enfin, de nouvelles vidéos viendront enrichir, tout au long de l’été, l’ensemble des tutoriels existants. Bonne navigation ! »

Copie d'écran - Curiosphère TV

Après :

« Pour se former au B2i, ce site met à votre disposition un ensemble d’exercices en vidéo (…) Vos productions vidéo nous intéressent ! Pour compléter cette sélection gracieusement initiée par notre partenaire, nous vous invitons à nous contacter à l’adresse suivante : education AT france5.fr »

Copie d'écran - Curiosphère TV

On notera par ailleurs que l’image de la suite Microsoft Office a disparu et qu’il n’est plus question de « préparez vos élèves au B2i » mais plus modestement d’un simple « B2i : cours et exercices en vidéo ». Enfin, dernier petit détail savoureux : en haut à droite vous n’avez plus « avec Microsoft » en blanc aveuglant mais un bien plus discret « en partenariat avec Microsoft » dont la nouvelle couleur vient se fondre à merveille avec le décor.

Toujours est-il que nous voici donc nous aussi invités à participer en proposant nos propres productions vidéos. Que ne diriez-vous d’apporter un peu de pluralité avec la suite bureautique libre OpenOffice.org (le plus simple étant alors de prendre contact avec projet OpenOffice.org Education) ?

Et comme ils m’ont l’air dans d’excellentes dispositions chez Curiosphère en ce moment, je me permets bien humblement de leur suggérer également de modifier certains liens de leur menu interactif de gauche. Ce menu liste en effet les cinq grands domaines de compétences du B2i :

  • S’approprier un environnement informatique de travail
  • Adopter une attitude responsable
  • Créer, produire, traiter, exploiter des données
  • S’informer, se documenter
  • Communiquer, échanger

Or, si à partir de cette page d’accueil B2i, vous cliquez par exemple sur Adopter une attitude responsable pour le niveau collège, vous tombez à ce jour sur ceci :

Copie d'écran - Curiosphère TV

C’est-à-dire les trois et uniques vidéos suivantes :

Rappelons que l’un des objectifs du domaine « Adopter une attitude responsable » du B2i est texto de « Prendre conscience des enjeux citoyens de l’usage de l’informatique et de l’internet ».

Sans vouloir être outrecuidant il ne me semble pas évident que l’on atteigne ainsi l’objectif fixé.




Curiosphere.tv et Microsoft : merci le service public !

Dans la série « ça ne servait à rien de traduire le Rapport Becta »

Copie d'écran - Curiosphère TV

Curiosphere.tv vous connaissiez ? C’est la webTV de France 5 (du groupe France Télévision) dont on peut lire sur le site la description suivante :

Curiosphere.tv a une vocation éducative généraliste. Cette webTV s’est donnée pour mission d’« offrir aux médiateurs éducatifs – profs, parents, éducateurs – les meilleurs contenus audiovisuels afin de favoriser l’éducation citoyenne des enfants et leur accès à la culture ».

Ce sont ainsi plus de six cents vidéos qui sont proposées dont on précise qu’elles sont « accessibles gratuitement pour une utilisation dans un cadre scolaire ou à domicile » (les licences de type Creative Commons attendront encore un peu, mais là n’est pas mon propos).

Parmi ces vidéos, il y a une nouvelle rubrique dédiée au B2i, le fameux Brevet informatique et internet ainsi introduit par l’institution sur son site officiel Educnet :

Pour assurer l’égalité des chances, l’Éducation nationale doit dispenser à chaque futur citoyen la formation aux utilisations des technologies de l’information et de la communication qui lui permettra : d’en faire une utilisation raisonnée, de percevoir les possibilités et les limites des traitements informatisés, de faire preuve d’esprit critique face aux résultats de ces traitements, d’identifier les contraintes juridiques et sociales dans lesquelles s’inscrivent ces utilisations.

Le décor est donc planté, les louables intentions et objectifs de l’un comme de l’autre clairement affichés.

Là ou le bât blesse c’est que Curiosphère s’est associé à Microsoft pour produire les tutoriels vidéos de cette rubrique B2i. Et comme les intentions et objectifs de ce troisième larron sont quelque peu différents de ceux mentionnés ci-dessus, on se retrouve avec la présentation suivante :

Pour accompagner l’initiation de vos élèves ou de vos enfants au B2I, Curiosphere.tv, en partenariat avec Microsoft, met à votre disposition un ensemble de tutoriels vidéo réalisés par des enseignants. Reprenant des exemples concrets dans différentes disciplines, ces tutoriels vidéo décryptent dans le cadre des compétences B2I, un grand nombre de fonctionnalités et de modules de Word, Excel, Publisher, Power Point, Outlook ou encore Internet Explorer.

Illustration par l’exemple avec des titres qui ne se cachent pas derrière des termes génériques comme Traitement de texte ou Tableur :

Copie d'écran - Curiosphère TV

Et il y en a des dizaines d’autres du même acabit ! Tenez, voici comment débute texto celui-là :

Les élèves vont donc utiliser Internet Explorer pour faire des recherches afin de réaliser un exposé multimédia. Par exemple « la respiration des êtres vivants ». Live Search propose 47.000 résultats…

No comment (si ce n’est que comme par hasard il s’agit de la version 2007 de la suite MS Office qui est montrée dans ces vidéos). Toujours est-il qu’ils sont modernes web 2.0 à Curiosphere.tv puisqu’ils proposent plein de fils RSS par catégorie :

Copie d'écran - Curiosphère TV

Si Microsoft est une discipline alors je comprends mieux maintenant : Apprenons tous le Microsoft à l’école avec les deniers du contribuable !

Edit : la suite ici




Soutenir le logiciel libre au Parlement européen

Lu sur LinuxFr.

Pour être adoptée, la déclaration ci-dessous doit recueillir 393 signatures d’ici le 25 septembre 2008. Toutes les personnes qui soutiennent le Logiciel Libre en France et en Europe sont appelées à contacter leurs eurodéputés pour leur demander de signer cette déclaration lors de la session plénière de la semaine prochaine.

Copie d'écran - LinuxFr

Déclaration écrite sur l’utilisation des "logiciels libres"

19.5.2008 – 0046/2008
Échéance : 25.9.2008

déposée conformément à l’article 116 du règlement par Jean Louis Cottigny, Pierre Pribetich, Michel Rocard, Bronislaw Geremek et Daniel Cohn-Bendit sur l’utilisation des "logiciels libres"

Le Parlement européen,

– vu l’article 116 de son règlement,

A. considérant les disparités croissantes d’accès aux nouvelles technologies de l’information et de la communication au sein de l’Union européenne, reflétées par l’établissement d’une fracture numérique, nouvelle cause de la disparité sociale contribuant à exclure une population déjà fragilisée,

B. considérant que ces nouvelles technologies sont devenues un outil essentiel dans des domaines aussi variés que l’emploi, la formation, l’information, etc…,

C. considérant aussi que les citoyens européens ont le droit inaliénable d’accéder sans contrainte aux documents et informations émanant des institutions les représentant,

D. considérant enfin que l’utilisation des "logiciels libres" apparaît comme un des moyens efficaces de réduction de cette fracture numérique et que cette solution mise en place par certains États membres au sein de leurs administrations apporte des résultats probants,

1. demande que l’Union européenne prenne les mesures nécessaires afin d’aider au financement de la recherche publique en matière de logiciels libres;

2. demande au Parlement de faire migrer l’ensemble de son réseau informatique vers ce type de logiciels;

3. charge son Président de transmettre la présente déclaration, accompagnée du nom des signataires, aux Parlements des États membres, au Conseil et à la Commission, afin qu’ils s’associent à cette démarche.