Comment Isaac Asimov voyait 2014 en 1964

En 1964, le célèbre écrivain de science-fiction Isaac Asimov visitait l’Exposition Universelle de New York. Il se mit alors à imaginer, dans l’article traduit ci-dessous, ce qu’il pourrait bien advenir dans 50 ans, c’est-à-dire en 2014.

Force est de constater que bon nombre de ses hypothèses étaient prémonitoires…

Abode of Chaos - CC by

Visite de l’Exposition Universelle de New York de 2014

Visit to the World’s Fair of 2014

Isaac Asimov – 16 août 1964
(Traduction : Jeff, hilde, k, anonyme1, karec, Sky, pyro, aKa, Chloé, MalaLuna, tchevengour, simplementNat, bl0fish, pyro, @zessx, Underrated, lordgun, Beij, goofy, greygjhart, HgO, zer0chain, GregR, Asta + anonymes)

L’Exposition Universelle de New York de 1964 est consacrée à « La paix par la compréhension » (NdT : Peace Through Understanding). L’aperçu qu’elle donne du monde de demain écarte l’hypothèse d’une guerre nucléaire. Et pourquoi pas ? Si une telle guerre a lieu le futur ne mérite pas d’être évoqué. Laissons donc les missiles sommeiller éternellement dans leurs silos et observons ce qui pourrait advenir d’un monde qui ne serait pas atomisé.

Ce qui est à venir, du moins au travers de la lunette de l ‘Exposition, est merveilleux. Le futur vers lequel l’Homme se dirige est vu avec un espoir plein d’entrain, nulle part mieux montré qu’au pavillon de la General Electric. Ici les spectateurs tourbillonnent parmi quatre scènes, chacune contenant des mannequins souriants, quasiment vivants, qui bougent et parlent avec une telle aisance que, pendant près d’une minute et demie, ils vous convainquent qu’ils le sont vraiment.

Ces scènes, qui se déroulent en 1900, 1920, 1940 et 1960, montrent les progrès des appareils électriques et les changements qu’ils apportent à la vie quotidienne. J’y ai pris énormément de plaisir et je regrette seulement qu’ils n’en aient pas imaginé de semblables dans le futur. Que sera la vie, par exemple en 2014, dans 50 ans ? À quoi ressemblera l’Exposition Universelle de 2014 ?

Je ne sais pas, mais je peux essayer de deviner.

Une pensée qui me traverse l’esprit est que les hommes continueront à fuir la nature pour créer un environnement plus à leur convenance. D’ici 2014 les panneaux électroluminescents seront communément utilisés. Les murs et les plafonds brilleront doucement, dans une variété de teintes qui changera à la pression d’un bouton.

Les fenêtres seront devenues archaïques, et quand bien même présentes elles seront polarisées pour bloquer les rayons du soleil les plus durs. Le degré d’opacité du verre étant même fait pour varier automatiquement selon l’intensité de la lumière.

On trouve une maison souterraine à l’Exposition qui semble être un signe du futur. Si ses fenêtres ne sont pas polarisées, elles peuvent en revanche changer le « paysage » en modifiant l’éclairage. Les maisons en périphérie des villes, avec variateur de température, air filtré, et contrôle de la lumière, seront monnaie courante, libérées ainsi des vicissitudes de la météo. À l’Exposition Universelle de 2014, le « Futurama » de General Motors (NdT : attraction populaire réalisée par General Motors pour l’Exposition Universelle de 1939) présentera sans doute des visions de cités souterraines pleines de potagers sous lumière artificielle. La surface ainsi gagnée, expliquera General Motors, sera dédiée à l’agriculture à grande échelle, aux pâturages et parcs, avec moins d’espace gaspillé pour l’occupation humaine.

Des appareils continueront de soulager l’humanité des travaux fastidieux. Les cuisines seront conçues de manière à préparer des « auto-repas », chauffant l’eau et la transformant en café ; grillant le pain et le bacon ; cuisant, pochant ou brouillant des œufs, etc. Le petit-déjeuner sera « commandé » la veille afin d’être prêt à l’heure spécifiée le lendemain matin. Des repas et dîners entiers, avec des aliments semi-préparés, seront conservés au congélateur jusqu’au moment de leur préparation. Je soupçonne, cependant, que même en 2014, il sera bon d’avoir un petit coin dans la cuisine où des repas plus individuels pourront être préparés à la main, en particulier lorsque l’on reçoit des invités.

En 2014 les robots ne seront ni courants ni très élaborés mais ils existeront. L’exposition IBM n’a pas de robots aujourd’hui mais elle est dédiée aux ordinateurs, qui sont montrés dans toute leur incroyable complexité, notamment dans la tâche de traduction du russe vers l’anglais. Si les machines sont si intelligentes aujourd’hui, qui sait ce qu’elles feront dans 50 ans ? Ce seront des ordinateurs beaucoup plus miniaturisés qu’aujourd’hui, qui serviront de « cerveaux » aux robots. L’une des principales attractions du pavillon IBM à l’Exposition Universelle de 2014 pourrait être une femme de ménage robotique, gauche et grosse, bougeant lentement mais cependant capable de ramasser, ranger, nettoyer et manipuler divers appareils. Cela amusera sans aucun doute les visiteurs de disperser des débris sur le sol afin de voir cette ménagère robotique les enlever maladroitement et les classer entre « à jeter » et « mettre de côté ». (Des robots jardiniers auront aussi fait leur apparition.)

General Electric à l’Exposition Universelle de 2014 montrera des films en 3D de ses « Robots du Futur » élégants et profilés et ses appareils de ménage intégrés effectuant toutes les tâches promptement. (Il y aura une file d’attente de trois heures pour voir le film, il y a certaines choses qui ne changent jamais.)

Bien sûr les appareils de 2014 n’auront besoin d’aucun câble électrique. Ils seront alimentés par des batteries longue durée à énergie nucléaire (radioisotope). Le combustible ne sera pas cher car il sera le sous-produit des centrales à fission qui, en 2014, fourniront plus de la moitié des besoins énergétiques de l’humanité. Mais, une fois ces batteries à isotopes épuisées, elles ne seront éliminées que par des agents autorisés par le fabricant.

Et une ou deux centrales expérimentales à fusion nucléaire existeront déjà en 2014 (même aujourd’hui, une petite mais véritable fusion nucléaire est présentée régulièrement par la General Electric, à l’Exposition Universelle de 1964). De grandes centrales d’énergie solaire seront aussi en fonction dans plusieurs zones désertiques et semi-désertiques telles que l’Arizona, le Néguev ou le Kazakhstan. Dans les zones plus fréquentées, mais plus nuageuses et brumeuses, l’énergie solaire sera moins efficace. Une présentation à l’Exposition Universelle de 2014 montrera des modèles de centrales énergétiques dans l’espace, collectant les rayons solaires à l’aide d’immenses paraboles, renvoyant l’énergie ainsi collectée sur Terre.

Le monde d’ici 50 ans aura encore rétréci. À l’Exposition Universelle de 1964, la présentation de General Motors décrit, entre autres choses, des « usines de construction de routes » dans les tropiques et, plus près de chez nous, des autoroutes surchargées avec de long bus se déplaçant sur des voies centrales réservées. Il y a de fortes chances que l’utilisation de routes, du moins dans les régions du monde les plus avancées, aura passé son pic en 2014 ; l’intérêt se portera alors de plus en plus sur les transports réduisant au maximum le contact avec la surface terrestre. Il y aura l’aviation, bien sûr, mais les transports terrestres seront de plus en plus aériens (environ 50 cm au-dessus du sol). Les visiteurs de l’Exposition Universelle de 1964 peuvent s’y déplacer dans un « hydroptère », qui s’élève sur quatre pylônes et glisse sur l’eau avec un minimum de frictions. Ceci n’est sûrement que temporaire. En 2014, les quatre pylônes auront été remplacés par quatre jets d’air comprimé afin que le véhicule n’ait plus aucun contact avec les surfaces liquides ou même solides.

Les jets d’air comprimé serviront également à soulever les véhicules terrestres au-dessus des routes, ce qui, entre autres choses, réduira les problèmes de pavage. Une terre damée ou une pelouse tondue feront tout aussi bien l’affaire. Les ponts auront aussi une moindre importance dès lors que les voitures seront capables de traverser l’eau à l’aide de leurs jets d’air comprimé, bien que les arrêtés locaux décourageront cette pratique.

Beaucoup d’efforts seront consacrés à la conception de véhicules munis de « cerveaux-robot » qui pourront être configurés pour une destination particulière et s’y rendront sans l’interférence des lents réflexes d’un conducteur humain. Je soupçonne qu’une des attractions majeures de l’exposition 2014 sera la balade sur des petites voitures robotisées qui manœuvreront dans la foule 50 cm au-dessus du sol, avec dextérité et en s’évitant automatiquement.

Pour les voyages de courte distance, des trottoirs mobiles surélevés (avec des bancs de chaque côté, des places debout au centre) feront leur apparition dans les sections du centre-ville. Le trafic continuera (sur plusieurs niveaux dans certains endroits) uniquement parce que tout les parkings seront hors voirie et qu’au moins 80 % des livraisons par camion seront effectuées dans des centres précis en périphérie de la ville Des tubes à air comprimé transporteront biens et matériaux sur des distances locales, et les aiguillages qui achemineront les cargaisons spécifiques vers les destinations correspondantes seront une des merveilles de la ville.

Les communications se feront par visioconférence et vous pourrez à la fois voir et entendre votre interlocuteur. L’écran, en plus de vous permettre de voir les gens que vous appelez, vous permettra également daccéder à des documents, de voir des photographies ou de lire des passages de livres. Une constellation de satellites rendra possible les appels directs vers n’importe quel point de la terre, même la station météorologique en Antarctique (visible dans toute sa splendeur glacée sur le stand de General Motors en 64).

D’ailleurs, vous serez en mesure de joindre quelqu’un sur les colonies sélènes (sur la Lune), pour lesquelles General Motors présente une gamme de véhicules impressionnants (sous forme de maquettes) avec de larges pneus tendres prévus pour les terrains accidentés qui peuvent exister sur notre satellite naturel.

Quantités de conversations simultanées entre la Terre et la Lune pourront être facilement traitées par des faisceaux laser modulés, lesquels seront très faciles à manipuler dans l’espace. Sur Terre, par contre, les rayons laser devront être enfermés dans des tubes en plastique pour éviter les interférences atmosphériques, problème sur lequel les ingénieurs continueront à travailler.

Converser avec la Lune sera simple mais inconfortable à cause des 2,5 secondes de délai entre les questions et les réponses (le temps nécessaire pour que la lumière fasse l’aller-retour). Le même genre de communication avec Mars prendra 3,5 minutes même lorsque Mars est au plus près de la Terre. Cependant, en 2014, seules des sondes téléguidées s’y seront posées, mais une expédition habitée sera en préparation et, dans le Futurama de 2014, on pourra trouver une maquette de colonie martienne élaborée.

Quant à la télévision, des murs-écrans auront pris la place de l’équipement habituel, mais des cubes transparents feront leur apparition, dans lesquels la vision tri-dimensionnelle sera possible. En fait, une des présentations populaires à l’Exposition Universelle de 2014 sera une télévision 3D, grandeur nature, dans laquelle on verra des spectacles de ballet. Le cube tournera lentement pour montrer la vision sous tous les angles.

Nous pouvons poursuivre indéfiniment cette joyeuse extrapolation, mais tout n’est pas aussi rose.

Dans la file d’attente pour la présentation de la General Electric à l’Exposition Universelle de 1964, je me suis retrouvé face au menaçant panneau d’Equitable Life (NdT : une compagnie d’assurance américaine), égrenant l’augmentation de la population des États-Unis (plus de 191 000 000) d’une unité toutes les 11 secondes. Pendant le temps que j’ai passé à l’intérieur du pavillon de la General Electric, la population américaine a presque gagné 300 âmes, et la population mondiale environ 6 000.

En 2014, il est fort probable que la population mondiale sera de 6,5 milliards et que les États-Unis compteront 350 millions d’habitants. La zone de Boston à Washington, la plus dense de cette taille sur Terre, sera devenue une mégalopole avec une population de plus de 40 millions d’habitants.

La pression démographique va forcer l’urbanisation croissante des déserts et des régions polaires. Le plus surprenant, et d’une certaine manière le plus réconfortant, est que 2014 marquera le début des grands progrès dans la colonisation des plateaux continentaux. Le logement sous-marin sera prisé par les amateurs de sports nautiques, et encouragera sans aucun doute une meilleure exploitation des ressources maritimes, nutritives et minérales. La General Motors a exposé, dans sa présentation de 1964, une maquette d’hôtel sous-marin d’un luxe alléchant. L’Exposition Universelle de 2014 présentera des villes de fonds marins, avec des lignes de bathyscaphes transportant hommes et matériel dans les abysses.

L’agriculture traditionnelle aura beaucoup de difficultés à s’adapter. Des fermes se spécialiseront dans la culture de micro-organismes plus efficaces. Les produits à base de levures et d’algues transformées seront disponibles dans de multiples saveurs. L’Exposition Universelle de 2014 comportera un bar à algues, dans lequel des imitations de dinde et des pseudo-steaks seront servis. Ce ne sera pas mauvais du tout (si vous pouvez supporter ces prix élevés), mais il y aura une barrière psychologique importante à lever face à une telle innovation.

En 2014 la technologie continuera à suivre la croissance démographique au prix d’immenses efforts et avec un succès incomplet. Seule une partie de la population mondiale profitera pleinement de ce monde gadgétisé. L’autre, plus grande encore qu’aujourd’hui en sera privée et, en attendant de pouvoir accéder à ce qui se fait de mieux, matériellement parlant, sera en retard comparée aux parties du monde les plus développées. Ils auront même régressé.

La technologie ne peut plus continuer à suivre la croissance démographique si celle-ci reste incontrôlée. Pensez au Manhattan de 1964, avec une densité de population de 32 000 habitants au kilomètre carré la nuit, et de plus de 40 000 pendant la journée de travail. Si la Terre entière, y compris le Sahara, l’Himalaya, le Groenland, l’Antartique et chaque kilomètre carré des fonds marins, au plus profond des abysses, était aussi peuplée que Manhattan à midi, vous conviendrez sûrement qu’aucun moyen pour subvenir à une telle population (et encore moins pour lui apporter un certain confort) ne serait envisageable. En fait, ces moyens deviendraient insuffisants bien avant que ce Manhattan géant ne soit atteint.

Et bien, la population de la Terre approche maintenant des 3 milliards et double tous les 40 ans. Si cette croissance se confirme, le monde deviendra un Manhattan géant d’ici seulement 500 ans. Toute la Terre ne sera qu’une unique ville comme Manhattan d’ici l’année 2450 et la société s’écroulera bien avant cela !

Il n’y a que deux façon d’éviter cela: (1) élever le taux de mortalité (2) baisser le taux de natalité. Indubitablement, le monde de 2014 se sera mis d’accord sur la deuxième méthode. En effet, l’utilisation croissante des appareils mécaniques pour remplacer les cœurs et les reins défaillants, et le soin de l’arteriosclérose et de la rupture d’anévrisme auront repoussé le taux de mortalité encore plus loin et auront rehaussé l’espérance de vie dans certaines parties du monde à l’âge de 85 ans.

Il y aura, par conséquent, une propagande mondiale en faveur du contrôle de la natalité par des méthodes rationnelles et humaines et, en 2014, elles auront sans aucun doute de sérieux effets. L’inflation démographique aura sensiblement baissé, je suppose, mais pas suffisamment.

L’une des présentations les plus importantes de l’Exposition de 2014 sera donc une série de conférences, de films et de matériel documentaire au Centre de Contrôle de la Population Mondiale (pour adultes uniquement ; projections spéciales pour les adolescents).

La situation empirera du fait des progrès de l’automatisation. Seuls quelques emplois de routine persisteront pour lesquels les machines ne remplacent pas l’être humain. En 2014 l’humanité leur sera asservie. Les écoles devront être réorientées dans cette direction. Une partie de la présentation de la General Electric d’aujourd’hui est une école du futur dans laquelle les réalités actuelles comme la télé en circuit-fermé et les bandes pré-enregistrées facilitent le processus d’apprentissage. Cependant, ce ne sont pas uniquement les techniques qui évolueront dans l’enseignement, mais également les contenus. Tous les élèves de l’enseignement secondaire apprendront les fondamentaux de la programmation, deviendront des as en arithmétique binaire, et seront formés à la perfection à l’utilisation des langages informatiques qui auront été développés, comme le Fortran (NdT pour « Formula Translator », un langage utilisé en calcul scientifique).

Même ainsi l’humanité souffrira sévèrement d’ennui, un mal se propageant chaque année davantage et gagnant en intensité. Cela aura de sérieuses conséquences aux niveaux mental, émotionnel et social. La psychiatrie sera de loin la spécialité médicale la plus importante en 2014. Les rares chanceux qui auront un travail créatif seront la vraie élite de l’humanité, car eux seuls feront plus que servir une machine.

L’hypothèse la plus sombre que je puisse faire pour 2014 est que dans une société de loisirs forcés, le mot travail sera le plus valorisé du vocabulaire !

Crédit photo : Abode of Chaos (Creative Commons By)




Apprendre à déléguer (Libres conseils 19/42)

Chaque jeudi à 21h, rendez-vous sur le framapad de traduction, le travail collaboratif sera ensuite publié ici même.

Traduction Framalang : Nyx, lamessen, Sphinx, peupleLà, lerouge, Sky, Julius22, Astalaseven, Alpha, HgO, michel, Sputnik, goofy, HanX, KoS

Ne vous inquiétez pas, faites confiance

Shaun McCance

Shaun McCance est impliqué dans la documentation de GNOME depuis 2003 en tant que rédacteur, chef de la communauté et développeur d’outils. Il a passé la plupart de ce temps à se demander comment inciter davantage de personnes à écrire une documentation de meilleure qualité, avec un certain succès à long terme. Il propose son expérience de la documentation communautaire à travers sa société de conseil, Syllogist.

Alors que je m’apprêtais à écrire cet article, il s’est passé quelque chose d’énorme : GNOME 3 est sorti. C’était la première version majeure de GNOME depuis neuf ans. Tout était différent et toute la documentation existante devait être réécrite. Au même moment, nous changions notre façon de l’écrire. Nous avions jeté nos vieux manuels et étions repartis sur une nouvelle base, avec un système d’aide dynamique par sujet, en utilisant Mallard.

Quelques semaines avant la sortie, une partie d’entre nous s’est réunie pour élaborer la documentation. Nous passions nos journées à travailler, à planifier, à écrire et à réviser. Nous avons écrit des centaines de pages malgré les changements incessants liés aux ultimes modifications du logiciel. Nous avions des contributeurs en ligne qui proposaient de nouvelles pages et corrigeaient ce qui existait déjà. Je n’avais jamais vu notre équipe de documentation aussi productive.

À quoi avons-nous finalement abouti ? Beaucoup de facteurs sont entrés en jeu, et je pourrais écrire un livre entier sur les nuances de la documentation open source. Mais ce que j’ai fait de plus important a été de m’effacer et de laisser les autres faire le travail. J’ai appris à déléguer ; et à déléguer dans les règles de l’art.

Revenons huit ans en arrière. J’ai commencé à m’impliquer dans la documentation de GNOME en 2003. Je n’avais pas vraiment d’expérience en tant que rédacteur technique à cette époque. Mon emploi m’amenait à travailler sur des outils de publication et j’ai commencé à travailler sur les outils et sur le visualiseur d’aide utilisés par la documentation de GNOME. Peu de temps après, je me suis retrouvé à la rédaction de la documentation.

En ce temps-là, la majeure partie de notre documentation était entre les mains de rédacteurs techniques professionnels de chez Sun. Ils s’occupaient d’un manuel, l’écrivaient, le relisaient et l’envoyaient sur notre dépôt CVS. Après quoi nous pouvions tous le regarder, y apprendre quelque chose et lui apporter des corrections. Mais il n’existait pas d’efforts concertés pour impliquer les gens dans le processus d’écriture.

Ce n’est pas que les rédacteurs de Sun essayaient de protéger ou de cacher quoi que ce soit. Ils étaient avant tout rédacteurs techniques. Ils connaissaient leur travail et le faisaient bien. D’autres personnes auraient pu les remplacer pour d’autres manuels mais ils auraient écrit leurs travaux d’une manière habituelle. Utiliser un groupe de collaborateurs novices, aussi enthousiastes soient-ils, pour chaque page, revient à perdre un temps inimaginable sur des détails. C’est tout simplement contre-productif.

De manière inévitable, le vent a tourné chez Sun et leurs rédacteurs techniques ont été affectés à d’autres projets. Cela nous a laissés sans nos rédacteurs les plus prolifiques, ceux qui disposaient des meilleures connaissances. Pire que cela, nous étions laissés sans communauté et personne n’était là pour ramasser les morceaux.

Il y a des idées et des processus standards dans le monde de l’entreprise. J’ai travaillé dans le monde de l’entreprise. Je ne crois pas que quiconque remette ces idées en cause. Les gens font leur travail. Ils choisissent des missions et les terminent. Ils demandent aux autres de faire une relecture, mais ils n’ouvrent pas leur travail aux nouveaux venus et aux rédacteurs moins expérimentés. Les meilleurs rédacteurs écriront sans doute le plus.

Ces idées sont d’une plate évidence, mais elles échouent lamentablement dans un projet communautaire. Vous ne développerez jamais une communauté de contributeurs si vous faites tout vous-même. Dans un projet de logiciel, vous pouvez avoir des contributeurs compétents et suffisamment impliqués pour contribuer régulièrement. Dans la documentation, cela n’arrive presque jamais.

La plupart des gens qui s’essayent à la documentation ne le font pas parce qu’ils veulent être rédacteur technique ni même parce qu’ils aiment écrire. Ils le font parce qu’ils veulent contribuer. Et la documentation est la seule manière qu’ils trouvent accessible. Ils ne savent pas coder. Ils ne sont artistiquement pas doués. Ils ne maîtrisent pas assez une autre langue pour faire de la traduction. Mais ils savent écrire.

C’est là que les rédacteurs professionnels lèvent les yeux au ciel. Le fait que vous soyez instruit ne signifie pas que vous puissiez écrire une bonne documentation pour l’utilisateur. Il ne s’agit pas simplement de poser des mots sur le papier. Vous devez comprendre vos utilisateurs, ce qu’ils savent, ce qu’ils veulent, les endroits où ils cherchent. Vous avez besoin de savoir comment présenter l’information de façon compréhensible et savoir où la mettre pour qu’ils puissent la trouver.

Les rédacteurs techniques vous diront que la rédaction technique n’est pas à la portée de tous. Ils ont raison. Et c’est exactement pourquoi la chose la plus importante que les rédacteurs professionnels puissent faire pour la communauté est de ne pas écrire.

La clé pour construire une communauté efficace autour de la documentation, c’est de laisser les autres prendre les décisions, faire le travail et en récolter eux-mêmes les fruits. Il ne suffit pas de leur donner du travail en continu. La seule solution pour qu’ils s’intéressent suffisamment et s’accrochent au projet, c’est qu’ils se sentent investis personnellement. Le sentiment de faire partie intégrante d’un projet est une source puissante de motivation.

Mais si vous ne travaillez qu’avec des rédacteurs débutants et que vous leur donnez tout le travail à faire, comment pouvez-vous avoir l’assurance que la documentation ainsi créée sera de qualité ? Une participation massive mais incontrôlée n’aboutit pas à de bons résultats. Le rôle d’un rédacteur expérimenté au sein de la communauté est d’être un professeur et un mentor. Vous devez leur apprendre comment rédiger.

Commencez par impliquer les gens tôt dans le planning. Planifiez toujours du bas vers le haut. La planification du haut vers le bas n’incite pas à la collaboration. Il est difficile d’impliquer les gens dans la réalisation d’une vue d’ensemble de haut niveau si tous n’ont pas la même perception de cette vue d’ensemble. Mais les gens sont capables de travailler sur des segments. Ils peuvent réfléchir à des sujets particuliers d’écriture, à des tâches que les gens réalisent, à des questions que les gens peuvent se poser. Ils peuvent regarder les forums de discussion et les listes de diffusion afin de voir ce que les utilisateurs demandent.

Écrivez vous-même quelques pages. Cela donne un exemple à imiter. Il faut ensuite répartir tout le reste du travail. Laissez à d’autres la responsabilité de rubriques ou de chapitres entiers. Précisez-leur clairement quelles informations ils doivent fournir, mais laissez-les écrire. C’est en forgeant qu’on devient forgeron.

Soyez constamment disponible pour les aider ou répondre aux questions. Au moins la moitié de mon temps consacré à la documentation est passée à répondre à des questions afin que les autres puissent effectuer leur travail. Quand des brouillons sont soumis, relisez-les et discutez des critiques et des corrections avec leurs auteurs. Ne vous contentez pas de corriger vous-même.

Cela vous laisse tout de même le gros du travail à faire. Les gens complètent les pièces du puzzle, mais c’est toujours vous qui les assemblez. Au fur et à mesure qu’ils acquièrent de l’expérience, les gens s’occuperont de pièces de plus en plus grandes. Encouragez-les à s’impliquer davantage. Donnez-leur davantage de travail. Faites en sorte qu’ils vous aident à aider plus de rédacteurs. La communauté fonctionnera toute seule.

Huit ans plus tard, GNOME a réussi à créer une équipe de documentation qui se gère elle-même, résout les problèmes, prend des décisions, produit une bonne documentation et accueille constamment de nouveaux contributeurs. N’importe qui peut la rejoindre et y jouer un rôle. Telle est la clé du succès pour une communauté open source.




Le Manifeste du hacker (1986) #pdftribute Aaron Swartz

Un certain nombre de textes tournent actuellement sur le Net suite au décès d’Aaron Swartz. Parmi eux on trouve « La Conscience d’un hacker » (ou « Le Manifeste du hacker ») datant de… 1986 et que d’aucuns trouvent particulièrement adapté aux circonstances. Et pour cause…

Nous vous le proposons traduit ci-dessous[1]. Il a été rédigé par Loyd Blankenship, (alias The Mentor) juste après son arrestation.

« Oui, je suis un criminel. Mon crime est celui de la curiosité. »

Remarque : Nous sommes en 1986 et c’est par le téléphone que passe le réseau. Un téléphone qui se retrouve alors bloqué par ces « sales gosses » pour la communication classique.

Elizabeth Brossa - CC by-nc-sa

La conscience d’un hacker

The Conscience of a Hacker

The Mentor – 8 janvier 1986 – Phrack.org
(Traduction : NeurAlien, Moosh, ga3lig, goofy, zozio nocture (aka brandelune), Slystone, KoS, aKa, Martin, lamessen, Sky)

Ce qui suit a été écrit peu de temps après mon arrestation…

Un autre s’est fait prendre aujourd’hui, c’est partout dans les journaux.
« Scandale : Un adolescent arrêté pour crime informatique », « Arrestation d’un hacker après le piratage d’une banque »…
Satanés gosses, tous les mêmes.

Mais vous, dans votre psychologie de costume trois pièces et votre conscience technologique des années 50, avez-vous un jour pensé à regarder le monde avec les yeux d’un hacker ?
Ne vous êtes-vous jamais demandé ce qui l’avait fait agir et quelles forces l’avaient animé ?
Je suis un hacker, entrez dans mon monde…
Mon monde, il commence avec l’école… Je suis plus éveillé que la plupart des autres enfants et les nullités qu’on nous enseigne m’ennuient…
Satanés gamins, ce sont tous les mêmes.

Je suis au collège ou au lycée. J’ai écouté les professeurs expliquer pour la quinzième fois comment réduire une fraction.
J’ai bien compris. « Non Mme Dubois, je n’ai pas montré mon travail. Je l’ai fait dans ma tête ».
Satané gosse. Il a certainement copié. Ce sont tous les mêmes.

J’ai fait une découverte aujourd’hui. J’ai trouvé un ordinateur.
Attends une minute, c’est cool. Ça fait ce que je veux. Si ça fait une erreur, c’est parce que je me suis planté.
Pas parce qu’il ne m’aime pas…
Ni parce qu’il se sent menacé par moi…
Ni parce qu’il pense que je suis un petit malin…
Ni parce qu’il n’aime pas enseigner et qu’il ne devrait pas être là…
Satané gosse. Tout ce qu’il fait c’est jouer. Ce sont tous les mêmes.

Et c’est alors que ça arrive. Une porte s’ouvre…
Les impulsions électroniques déferlent sur la ligne téléphonique comme l’héroïne dans les veines d’un drogué.
Pour trouver dans un Forum le refuge contre la stupidité quotidienne.
« C’est ça… C’est ici que je dois être…»
Ici, je connais tout le monde… Même si je n’ai jamais rencontré personne. Je ne leur ai jamais parlé, et je n’entendrai peut-être plus parler d’eux un jour… Je vous connais tous.
Satané gosse. Encore pendu au téléphone. Ce sont tous les mêmes.

A l’école, on nous a donné des pots de bébé alors qu’on avait les crocs pour un steak…
Les morceaux de viande que vous avez bien voulu nous tendre étaient pré-mâchés et sans goût.
On a été dominé par des sadiques ou ignoré par des apathiques.
Les seuls qui avaient des choses à nous apprendre trouvèrent en nous des élèves de bonne volonté, mais ceux-ci étaient comme des gouttes d’eau dans le désert.

C’est notre monde maintenant… Le monde de l’électron et des commutateurs, la beauté du baud. Nous utilisons un service déjà existant, sans payer ce qui pourrait être bon marché si ce n’était pas géré par des profiteurs avides, et c’est nous que vous appelez criminels.
Nous explorons… et vous nous appelez criminels.
Nous recherchons la connaissance… et vous nous appelez criminels.
Nous existons sans couleur de peau, sans nationalité, sans dogme religieux… et vous nous appelez criminels.
Vous construisez des bombes atomiques, vous financez les guerres, vous assassinez et trichez, vous manipulez et vous nous mentez en essayant de nous faire croire que c’est pour notre propre bien… et pourtant c’est nous qui sommes les criminels.

Oui, je suis un criminel. Mon crime est celui de la curiosité.
Mon crime est celui de juger les gens selon ce qu’ils pensent et disent, pas selon leur apparence.
Mon crime est d’être plus malin que vous, quelque chose que vous ne me pardonnerez jamais.

Je suis un hacker, et ceci est mon manifeste.
Vous pouvez arrêter un individu, mais vous ne pouvez pas tous nous arrêter…
Après tout, nous sommes tous les mêmes.

The Mentor

Crédit photo : Elizabeth Brossa (Creative Commons By-Nc-Sa)

Notes

[1] Il en existait une première traduction mais elle était « perfectible ».




L’envie du pénal – Philippe Muray – 1992

Il y a vingt ans Philippe Muray détournait ironiquement l’expression freudienne « envie du pénis » pour nous pondre un article sur une société qui voit du « vide juridique » partout à combler au plus vite. quitte à nous ôter toujours plus de liberté et de responsabilité[1]. Lecture non politiquement correcte garantie !

Aujourd’hui non seulement rien n’a changé mais à bien des égards cela s’est amplifié. Les lois DADVSI, HADOPI, SOPA, ACTA… peuvent-elles aussi s’inscrire et s’expliquer dans ce constat et cette dynamique ?

Un extrait des Exorcismes Spirituels parus aux éditions des Belles Lettres en 1997.

Henry Spencer - CC by

L’envie du pénal

Philippe Muray – 1992

De cette légifération galopante, de cette peste justicière qui investit à toute allure l’époque, comment se fait-il que personne ne s’effare ?

Comment se fait-il que nul ne s’inquiète de ce désir de loi qui monte sans cesse ? Ah ! la Loi ! La marche implacable de nos sociétés au pas de Loi !

Nul vivant de cette fin du siècle n’est plus censé l’ignorer. Rien de ce qui est législatif ne doit nous être étranger.

« Il y a un vide juridique ! »

Ce n’est qu’un cri sur les plateaux. De la bouillie de tous les débats n’émerge qu’une voix, qu’une clameur « Il faut combler le vide juridique ! » Soixante millions d’hypnotisés tombent tous les soirs en extase. La nature humaine contemporaine a horreur du vide juridique, c’est-à-dire des zones de flou où risquerait de s’infiltrer encore un peu de vie, donc d’inorganisation. Un tour d’écrou de plus chaque jour ! Projets ! Commissions ! Mises à l’étude ! Propositions ! Décisions ! Élaboration de décrets dans les cabinets ! Il faut combler le vide juridique ! Tout ce que la France compte d’associations de familles applaudit de ses pinces de crabe. Comblons ! Comblons ! Comblons encore ! Prenons des mesures ! Légiférons !

Saintes Lois, priez pour nous ! Enseignez-nous la salutaire terreur du vide juridique et l’envie perpétuelle de le colmater ! Retenez-nous, ligotez-nous au bord du précipice de l’inconnu ! Le moindre espace que vous ne contrôlez pas au nom de la néo-liberté judiciairement garantie est devenu pour nous un trou noir invivable. Notre monde est à la merci d’une lacune dans le Code ! Nos plus sourdes pensées, nos moindres gestes sont en danger de ne pas avoir été prévus quelque part, dans un alinéa, protégés par un appendice, surveillés par une jurisprudence.

« Il faut combler le vide juridique ! » C’est le nouveau cri de guerre du vieux monde rajeuni par transfert intégral de ses éléments dans la poubelle-média définitive.

Il en a fallu des efforts, et du temps, il en a fallu de la ténacité, de l’habileté, des bons sentiments et des causes philanthropiques pour incruster bien profond, dans tous les esprits, le clou du despotisme légalitaire. Mais maintenant ça y est, c’est fait, tout le monde en veut spontanément. L’actualité quotidienne est devenue, pour une bonne part, le roman vrai des conquêtes de la Loi et des enthousiasmes qu’elle suscite. De nouveaux chapitres de l’histoire de la Servitude volontaire s’accumulent. L’orgie procédurière ne se connaît plus aucune borne.

Si je n’évoque pas ici les affaires de magistrats vengeurs, les scandales de fausses factures, la sombre révolte des juges en folie, c’est que tout le monde en parle partout. Je préfère aller chercher mes anecdotes en des coins moins visités. Il n’y a pas de petites illustrations. En Suède, tout récemment, un type saute au plafond d’indignation dans un film de Bergman qui passe à la télé, il vient de voir un père donnant une gifle à son fils ! Dans un film ? Oui, oui. Un film. À la télé. Pas en vrai. N’empêche que ce geste est immoral. Profondément choquant, d’abord, et puis surtout en infraction par rapport aux lois de son pays. Il va donc, de ce pas, porter plainte. Poursuivre en justice. Qui n’approuverait cet homme sensible ? Le cinéma, d’ailleurs, regorge d’actes de violence, de crimes, de viols, de vols, de trafics et de brutalités dont il est urgent de le purger. On s’attaquera ensuite à la littérature.

Dura lex, sed tex ! Il y a des soirs où la télé, pour qui la regarde avec la répugnance requise, ressemble à une sorte de foire aux lois. C’est le marché des règlements. Un lex-shop à ciel ouvert. Chacun s’amène avec son brouillon de décret. Faire un débat sur quoi que ce soit, c’est découvrir un vide juridique. La conclusion est trouvée d’avance. « Il y a un vide juridique ! » Vous pouvez fermer votre poste. Le rêve consiste clairement à finir par interdire peu à peu, et en douceur, tout ce qui n’est pas encore absolument mort.

« Il faut combler le vide juridique ! » Maintenant, l’obsession pénaliste se réattaque de front au plaisir. Ah! ça démangeait tout le monde, de recriminaliser la sexualité! En Amérique, on commence à diriger vers des cliniques spécialisées ceux à qui on a réussi à faire croire qu’ils étaient des addicts, des malades, des espèces d’accros du sexe. Ici, en France, on a maintenant une loi qui va permettre de punir la séduction sous ses habits neufs de harcèlement. Encore un vide de comblé ! Dans la foulée, on épure le Minitel. Et puis on boucle le bois de Boulogne. Tout ce qui se montre, il faut l’encercler, le menotter de taxes et décrets.

À Bruxelles, de sinistres inconnus préparent l’Europe des règlements. Toutes les répressions sont bonnes à prendre, depuis l’interdiction de fumer dans les lieux publics jusqu’à la demande de rétablissement de la peine de mort, en passant par la suppression de certains plaisirs qualifiés de préhistoriques comme la corrida, les fromages au lait cru ou la chasse à la palombe. Sera appelée préhistorique n’importe quelle occupation qui ne retient pas ou ne ramène pas le vivant, d’une façon ou d’une autre, à son écran de télévision : le Spectacle a organisé un nombre suffisant, et assez coûteux, de distractions pour que celles-ci, désormais, puissent être décrétées obligatoires sans que ce décret soit scandaleux. Tout autre genre de divertissement est un irrédentisme à effacer, une perte de temps et d’audimat.

Toutes les délations deviennent héroïques. Aux Etats-Unis, pays des lawyers en délire, les homosexuels de pointe inventent l‘outing, forme originale de mouchardage qui consiste à placarder à tour de bras des photos de types connus pour leur homosexualité honteuse, avec la mention absolute queer (parfait pédé). On les fait sortir de leur secret parce que ce secret porte tort, dit-on, à l’ensemble du groupe. On les confesse malgré eux. Plus de vie privée, donc plus d’hypocrisie.

Transparence ! Le mot le plus dégoûtant en circulation de nos jours ! Mais voilà que ce mouvement d’outing commence à prendre de l’ampleur. Les chauves s’y mettent, eux aussi ils affichent à leur tour des portraits, des photos de célébrités qu’ils accusent de porter des moumoutes (pardon, des « compléments capillaires ») ! On va démasquer les emperruqués qui ne s’avouent pas ! Et pourquoi pas, après ça, les porteurs de fausses dents, les bonnes femmes liftées, les cardiaques à pacemakers ? L’ennemi héréditaire est partout depuis qu’on ne peut plus le situer nulle part, massivement, à l’Est ou à l’Ouest.

« Le plus grand malheur des hommes, c’est d’avoir des lois et un gouvernement », écrivait Chateaubriand. Je ne crois pas qu’on puisse encore parler de malheur. Les jeux du cirque justicier sont notre érotisme de remplacement. La police nouvelle patrouille sous les acclamations, légitimant ses ingérences en les couvrant des mots solidarité, justice, redistribution.

Toutes les propagandes vertueuses concourent à recréer un type de citoyen bien dévot, bien abruti de l’ordre établi, bien hébété d’admiration pour la société telle qu’elle s’impose, bien décidé à ne plus jamais poursuivre d’autres jouissances que celles qu’on lui indique. Le voilà, le héros positif du totalitarisme d’aujourd’hui, le mannequin idéal de la nouvelle tyrannie, le monstre de Frankenstein des savants fous de la Bienfaisance, le bonhomme en kit qui ne baise qu’avec sa capote, qui respecte toutes les minorités, qui réprouve le travail au noir, la double vie, l’évasion fiscale, les disjonctages salutaires, qui trouve la pornographie moins excitante que la tendresse, qui ne peut plus juger un livre ou un film que pour ce qu’il n’est pas, par définition, c’est-à-dire un manifeste, qui considère Céline comme un salaud mais ne tolérera plus qu’on remette en cause, si peu que ce soit, Sartre et Beauvoir, les célèbres Thénardier des Lettres, qui s’épouvante enfin comme un vampire devant un crucifix quand il aperçoit un rond de fumée de cigarette derrière l’horizon.

C’est l’ère du vide, mais juridique, la bacchanale des trous sans fond. À toute vitesse, ce pseudo-monde en perdition est en train de recréer de bric et de broc un principe de militantisme généralisé qui marche dans toutes les situations. Il n’y a pas de nouvelle inquisition, c’est un mouvement bien plus subtil, une montée qui sourd de partout, et il serait vain de continuer à se gargariser du rappel des antiques procès dont furent victimes Flaubert ou Baudelaire : leur persécution révélait au moins une non-solidarité essentielle entre le Code et l’écrivain, un abîme entre la morale publique et la littérature.

C’est cet abîme qui se comble chaque jour, et personne n’a plus le droit de ne pas être volontaire pour les grands travaux de terrassement. Qui racontera cette comédie ? Quel Racine osera, demain, composer les Néo-Plaideurs? Quel écrivain s’échappera du zoo légalitaire pour en décrire les turpitudes ?

Notes

[1] Crédit photo : Henry Spencer (Creative Commons By)




Associations 1901, humanitaires, ONG… Windows ne doit plus passer par vous !

Hqhuyanh - CC byVoici une veille traduction que l’on ressort du placard à la faveur de l’été et du rattrapage du travail en retard 😉

Elle évoque la campagne des « 7 péchés de Windows » menée par la Free Software Foundation au moment de la sortie de Windows 7, campagne que nous avions traduite en partenariat avec l’April.

Mais elle se concentre ici sur les organisations à but non lucratif que sont les ONG et les associations (de type 1901 chez nous en France).

Parce que, tout comme le monde de l’éducation, il est en en effet plus que malheureux de constater que ces structures utilisent encore massivement les logiciels Microsoft, quitte à se placer en contradiction avec les valeurs qu’elles souhaitent véhiculer[1]. Certes des progrès ont été accomplis ces dernières années mais il reste encore beaucoup à faire…

Parce que c’est aussi et surtout pour vous que le Libre existe et se décarcasse !

Se libérer de la dépendance aux logiciels privateurs : un appel aux organisations à but non lucratif pour refuser Microsoft Window 7

Breaking the dependency on proprietary software: A call to nonprofits to refuse Microsoft Windows 7

Peter Brown – 14 avril 2009 – FSF.org
(Traduction Framalang : Cheval boiteux, Burbumpa et Don Rico)

« Engloutir du temps et de l’argent dans les logiciels privateurs est en contradiction avec les valeurs fondamentales que sont la liberté et le progrès. »

La Free Software Foundation (FSF) a lancé à l’automne 2009 l’étape suivante de sa campagne « Windows 7 Sins » (NdT : Les 7 péchés de Windows 7) sur http://fr.windows7sins.org/, où elle s’attaque à Microsoft et au logiciel privateur en écrivant aux 500 directeurs des organisations non-gouvernementales (ONG) les plus influentes dans le monde, en leur demandant de passer à l’utilisation de logiciels libres et de contribuer à répandre largement l’idée que la liberté de choix des utilisateurs a une importance éthique.

Cette lettre alerte les « décideurs Window 7 » sur « l’absence de respect de la vie privée, de la liberté et de la sécurité » qu’ils risquent d’affronter en adoptant Windows 7. Elle défend l’idée qu’ils feraient mieux d’adopter des logiciels libres, en ciblant sept domaines majeurs dans lesquels un logiciel propriétaire comme Windows 7 est néfaste à la société : invasion de la vie privée, empoisonnement de l’éducation, verrouillage, blocage des standards, comportement monopolistique, soutien des DRM et menaces pour la sécurité des utilisateurs.

Le directeur exécutif de la FSF a déclaré : « La dépendance des organisations œuvrant au changement et au progrès social envers les logiciels détenus et contrôlés exclusivement par Microsoft mène la société vers une ère de restrictions numériques, menaçant et limitant nos libertés. À l’opposé, le logiciel libre est du côté de la liberté et de la gratuité, développé pour donner la possibilité d’étudier et de modifier le logiciel selon ses propres besoins. Aujourd’hui, nous demandons aux responsables du secteur humanitaire et associatif de migrer vers le système d’exploitation libre GNU/Linux pour tous leurs ordinateurs comme pour les besoins de leur infrastructure informatique.

Le système d’exploitation GNU/Linux est accessible sans restriction, facile à utiliser, pris en charge par de nombreux fabricants et par un communauté mondiale. Les distributions GNU/Linux sont livrées avec des centaines d’applications sous licence libre, incluant une suite logicielle complète de comptabilité et de collecte de fonds convenant aux associations.

« Les œuvres de bienfaisance, les ONG, et autres organisations à but non lucratif qui ont choisi le logiciel privateur sont engagés dans une mauvaise politique publique", précise Matt Lee, responsable des campagnes de la FSF. « Le plus souvent à cause de la désinformation ou à cause de leur incapacité à voir que leurs choix technologiques sont en lien avec leurs missions sociales. Nous espérons attirer l’attention de ces responsables sur la contribution positive qu’ils peuvent faire à la société en choisissant de basculer leurs organisations vers les logiciels libres. J’espère que ces groupes auront une politique publique d’engagement en faveur de la liberté et rejoindront la liste grandissante des organisations qui ont compris qu’engloutir temps et argent dans le logiciel propriétaire est incompatible avec les valeurs fondamentales de liberté et de progrès ».

Plus d’informations sur cette campagne, incluant le texte de la lettre et la liste de diffusion pour fournir aux abonnés une mise à jour des informations ainsi que des alertes concernant les actions de la FSF sont disponibles en ligne : http://fr.windows7sins.org.

Notes

[1] Crédit photo : Hqhuyanh (Creative Commons By)




Francis Muguet (1954 – 2009)

C’est avec stupeur et consternation que j’ai appris ce week-end l’annonce de la mort de Francis Muguet, que j’avais entendu en conférence pour la dernière fois pas plus tard que l’été dernier à Rennes[1].

Nous suivions de près ses travaux, en particulier autour du Mécénat Global, inspirateur direct du projet SARD.

« Tout en adressant nos plus sincères condoléances à sa famille, nous vous invitons à poursuivre ses actions et à diffuser ses idées, ce qui semble être le meilleur hommage que l’on puisse lui rendre ». (Benoît Sibaud sur Linuxfr)

Pour mémoire, une intervention de Francis Muguet, interviewé l’année dernière par Bernard Perrigueur (pour BJP Tv News – Lausanne) en pleine Bataille Hadopi.

—> La vidéo au format webm

Notes

[1] Ceci pose d’ailleurs la question du devenir des données numériques publiques d’une personne venant subitement à décéder (et emportant avec elle tous ses mots de passe). Mais il eut été indélicat que de l’évoquer plus avant ici.




Largage de liens en vrac #19

Silvio Tanaka - CC byCe n’est pas parce que les vacances approchent qu’il faut arrêter de farfouiller le Web à la recherche d’actualités logicielles intéressantes (ou supposées intéressantes).

Voici donc une sélection qui contrairement à beaucoup d’entre vous est loin d’être au régime.

Et n’oubliez jamais que « ebony and ivory live together in perfect harmony »[1].

  • Jake : Une application ambitieuse de synchronisation de documents (via le protocole XMPP). Le about tente d’expliquer en quoi c’est différent mais proche de SVN, CS, Git, Google Docs, Dropbox… (en gros la principale différence c’est qu’il n’y a plus de serveur central). I’m waiting for you dans les commentaires pour nous en dire plus (et mieux !).
  • Open Atrium : Basé sur Drupal, un ambitieux projet de « groupware réseau social ». Si vous connaissez, n’hésitez pas à partagez votre avis avec nous !
  • Hawkscope : Pour tout OS, une manière rapide d’accèder à votre disque dur via des menus popup dynamiques (en plus on peut paramétrer ses comptes Gmail, Delicious, Twitter, etc.).
  • Sugar on a stick : Sugar, l’interface de l’OLPC pensée pour l’éducation (théorie constructiviste) propose désormais une version portable. Ce qui fait dire à Technology Review que le PC à 100$ est aujourd’hui devenu une clé à 5$ !
  • MegaZine 3 : C’est encore du Flash mais ça pourra en intéresser quelques uns : c’est un logiciel de… pageflip ! Vous ne savez pas ce que c’est ? Moi non plus, enfin si cela permet de lire « agréablement » des livres ou des documents en ouvrant une fenêtre sur votre navigateur.
  • Open Melody : Un peu pris de vitesse par WordPress, le moteur de blog Movable Type libère lui aussi son code pour créer une communauté et plus si affinités.
  • TinyMCE : Peut-être le plus élégant (et le plus riche) des éditeur JavaScript WYSIWYG.
  • lilURL : Le clone libre de TinyURL (vous savez, ces réducteurs d’URL revenus sur le devant de la scène avec Twitter).
  • Open Source Designers : Un réseau social (Ning) de designers Open Source. Pas idiot de se regrouper ainsi.
  • Open Humanity : Nous aurons l’occasion d’en reparler. Pour le moment contentons-nous de ce résumé de Scoffoni : Open Humanity se situe « à mi-chemin entre un réseau social et un webOS ».
  • KeynoteTweet : Permet d’envoyer des tweets à partir du logiciel Apple Keynote dont les geeks se servent beaucoup en conférence. Vous arrivez au slide 23 et un message twitter est automatiquement envoyé à vos followers.
  • GDocBackup  : Utilise la techno Microsoft .NET mais c’est bien pratique si vous avec un compte Google Docs puisque cela permet de rapatrier sur votre disque dur tous vos fichiers d’un coup (typiquement le genre de fonctionnalités que Google ne propose pas exprès !)
  • The Pencil Project : C’est plus qu’une extension Firefox, c’est une véritable application intégrée pour faire des diagrammes et des prototypes d’interfaces utilisateur.. Là encore retours commentaires appréciés.
  • VideoSurf Videos at a Glance : Une extension Firefox plutôt pratique puisque cela permet de prévoir le contenu d’une vidéo (YouTube & co) à l’aide d’images fixes découpant la vidéo. Faut l’expérimenter pour mieux comprendre en fait !
  • Nuke Anything Enhanced : Et encore une extension Firefox, mais non des moindres ! Permet en effet de cacher temporairement ou durablement n’importe quel partie d’une page web. Ainsi par exemple je peux virer tout ce qui ne m’intéresse pas, pubs et autres, avant impression (cf vidéo démo sur LifeHacker).
  • Collections : Je ne connaissais pas (shame on me). Permet de compiler dans un seul pack tout plein d’extensions Firefox à installer d’un seul coup (top pratique surtout lorsque l’on change d’ordinateur). On vous explique ici comment faire. Des volontaires pour que Framasoft participe et vous propose aussi ses propres sélections ?
  • Recording music with Linux on an EEE PC : Toujours avec l’Eee Pc, que l’on transforme ici en parfait système pour la prise de son (par exemple pour partir jouer les reporter radio en herbe).
  • YouTube / Ogg/Theora comparison : YouTube va-t-il passer à Ogg Theora pour encoder ses videos (comme Dailymotion l’expériemente) ? Peut-être pas mais en attendant une petite comparaison qualité s’impose.
  • Library à la Carte : Joli titre et interface sexy. Un logiciel pour les bibliothécaires et les documentalistes. D’ailleurs si l’un d’entre vous passe par là…

Notes

[1] Crédit photo : Silvio Tanaka (Creative Commons By)




PeerTube v7 : offer a complete makeover to your video platform !

With its brand new design, PeerTube‘s new interface isn’t just prettier (although it is). It is also simpler, easier to use and understand and more accessible. Welcome to a new era of this software that empowers creators to get, control and connect their own video platforms.

🎈Framasoft is 20 years old🎈 : Contribute to finance a 21st year!

Thanks to your donations (66% tax-free), the Framasoft association has been working for 20 years to advance the ethical and user-friendly Web. Find out more about some of our actions in 2024 on the Support Framasoftwebsite .

➡️ Read the series of articles from this campaign (FR – Nov. – Dec. 2024)

Let’s reflect the growth of the PeerTube Ecosystem

Seven year ago, PeerTube was mainly a tool that tech-savvy FOSS enthusiasts were happy to toy with. Then it became popular among content creators that wanted a self-hosted mirror of their YouTube/Twitch channels; and among communities who wanted to create and regulate their safe space (deaf people, queer people, etc.)

Nowadays, PeerTube is experiencing increasing success among content creators who publish original content (or exclusive content for their community), alternative media, and institutions: colleges, ministries of education, national television and radio archives, etc.

Public structures often need to share video content without attention-grabbing mechanisms or data exploitation.

illustration with the PeerTube mascot and the motto "building a free internet of the future"
Learn more about the history and values of PeerTube with this interview from the Association for Progressive Communication.

To us, this is a new step in the evolution of PeerTube‘s audiences.

That is why this year, we’ve asked La Coopérative des Internets to lead a thorough UX research (complete with interviews, tests, etc.) and help us start a top to bottom redesign of the interface. Our goal was to improve on PeerTube so it would better fit the need of those new audiences. We were clear that everything was on the table : colors, vocabulary, layout…

Well, we are proud to release this v7 of PeerTube, that lays the ground to a complete remodeling of the interface.

Check the source code Support Framasoft

First look: themes, new colors and vocabulary

PeerTube design, color schemes, vocabulary, etc. has been constructed over seven years, as we went along, learning, getting help from the community. This new design was an opportunity to take a step back an get some intentions behind the interface.

screenshot PeerTube v7 light/beige interface
PeerTube new light/beige theme

The new Light/beige default theme is calmer, easier on the eye than the original Black & orange one. We also added a Dark/brown theme into the core for the dark mode aficionados. Both aims to facilitate video browsing.

Creating those new themes was an opportunity to clean up and simplify how the interface is coded (specifically: clean up the CSS, with a focus on the variables), while limiting breakages with preexisting customized themes. It is now really easier to create new themes for PeerTube, and we hope you’ll share your creations!

screenshot PeerTube v7 dark/brown interface
PeerTube new dark/brown theme

We also updated the PeerTube lingo. There is a reason we are now using the work « platform(s) » to talk about all the servers where PeerTube has been installed.

Yes, calling them « instance(s) » has been the norm in the tech savvy-world of activity-pub enthusiasts. But, to those not privileged enough to know about the fediverse and its protocol, the word platform is self-explanatory, and facilitates inclusion.

PeerTube Website Support Framasoft

Enjoying simpler and relevant layouts

There are lots of informations to display on any PeerTube page. The layouts and menus grew organically during seven years of development… and needed some pruning! We remodeled those menus and pages to bring forward relevant informations, and present a more intuitive way to find out what you are looking for.

screenshot of PeerTubev7 menus for anonymous users
OK, the « PeerTube Nightly » description is not the most thrilling one… But we trust you’ll find more intersting descriptions of your platform to inform passers-by.

For exemple, content creators used to access their channels and uploaded video in their library (where any PeerTube user can get to their playlists, history, etc. of the videos they watched). Now in PeerTube v7, there is a new section called « video space » specific for video uploaders’ needs.

In the same way, « admin » pages for PeerTube platforms administrators have now been separated into an Overview page (to get more info about users, hosted videos, etc.), a Moderation one (to manage abuses, blocking, registrations), and a Settings one (to access configurations, runners, etc.)

screenshot of PeerTube v7 overview page for a logged in administrator
Platform administrators have more convenient menus (here on the overview page)

The several pages that presented the videos on a PeerTube platform (Recently added, Local videos, Trending) have been merged into a « Browse videos » page, that includes quick filters to display the same selections of content in a more forward way.

The same intent has driven the new layout of the « Discover videos » page we hope it will empower curious users.

Obviously, the left bar and header menus have been reorganized to reflect those changes and make navigation even more intuitive. You can now access your account settings and notifications from the header menu, as it is customary on other websites.

PeerTube Search Engine Support Framasoft

Displaying relevant information to show video diversity

A big feedback from new users was that the old interface was confusing, that is was hard for a user to know where they were, and where the videos came from.

That is why, in PeerTube v7, we have added more ways for platforms owners to customize and identify their platforms: easily add a banner (used on pages, mobile app exploration, and our search engine SepiaSearch) and a platform icon (used by the mobile application) More, the name and description of their platform is now displayed to non-registered users in the left hand menu.

Screenshot of platform search results on JoinPeerTube
Platforms banners positively pop on search results (here on joinpeertube.org)

We have also changed how video miniatures appear in all pages that lists videos. Channel avatar are always displayed so it’s easier to identify creators, titles are highlighted, the date and viewcount of the video are present but toned down. Those changes make pages that lists videos easier to read, and facilitate identifying the video you want to watch.

PeerTube Mobile App Support Framasoft

Accessibility on the forefront

The redesign was also the opportunity to prioritize the interface accessibility (for impaired people). In 2023, we prepared the code and worked on what we knew… so the planned 2024 full accessibility audit (thanks to the NGI Entrust consortium) would bring as much new and detailed improvements as possible.

Thanks to the audit, we have improved on so many issues: we fixed color contrats and themes, progress bar, several components, and various screen reader issues. We added missing labels on interactive elements, « skip menu » links, underlining to links. We also improved keyboard navigation, and re-implemented components of a non-accessible dependency.

 

screenshot of the vrowse video page on peertube v7
Did you know that the former orange used for PeerTube wasn’t contrasted enough to be accessible?

We sincerely think that PeerTube have caught up with accessibility issues and should be up to standards… but we know, now, that there is always room for improvement, and for learning directly from those who are concerned.

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Editing captions, promoting videos and more…

With the brand new remote transcoding tool we introduced last year, getting a transcription or subtitles for your video is easier than ever. But the caption editing tool was… hum… let’s say « barebone ». We are now introducing a new modal that makes editing captions really convenient.

Screenshot of PeerTube v7 new caption edition interface
Editing your captions is waaaay more fun with our new interface

We welcomed and integrated upstream a community contribution on SEO (search engine optimization), to help promote PeerTube-hosted-content on search engines. A platform avatar now appears in the opengraph tags, empty accounts and channels are hidden from the sitemap, while additional video tags are now present there.

Last, PeerTube has been translated into Slovak.

We really want to take time to thank the community that contributes to translations of PeerTube, we would never have thought that our software would one day be available in more than 38 languages.

Huge thanks to all of you, wonderful people, who took time and care to contribute on our translation tool: you are amazing.

sepia, mascotte de peertube, entretenant son jardin
Chasing bugs and gardening the common grounds… The PeerTube community <3
Illustration: David Revoy (CC-By)

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There is more to come…

We still have more work planned from this whole interface remodel. We hope to deliver it in the firsts months of 2025. First, we are currently finishing the translation of the UX research report from La Coopérative des Internets and we will publish it in the hope that it will help the whole fediverse community.

We will also wait a bit for PeerTube administrators to update their platforms, and then update the PeerTube documentation with new screenshots, and the new menus pathways.

Our next interface changes will focus on streamlining the channels & videos management experience for content creators (where several tools and menus added to the pile over the years). We also plan on fine-tuning the categorization of NSFW videos.

Illustration - Dans la mer Sepia, læ poulpe mascotte de PeerTube, dessine un grand chiffre sept avec son encre.
Illustration: David Revoy – Licence : CC-By 4.0

We obviously have many more items to our 2025 roadmap, but are still trying to secure funds to realize them: we’ll keep you informed as soon as we know more!

About funds, we really want to thank the NGI0 Entrust program for their grant that funded most of the work on this new version (and on the PeerTube mobile app we released last week). The NLnet team has been a great partner on the management of this grant, and the accessibility audit from the consortium has really made a huge difference.

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The challenge: 20,000 times €20 donations for Framasoft’s 20th anniversary!

Even though those new developments has been funded, maintaining PeerTube, offering great (and free) support, integrating contributions, etc. happens on our own dime. And Framasoft isn’t an IT company: we’re a non-profit advocating on digital emancipation.

Framasoft is funded by your donations! Every €20 you donate will be a new balloon to celebrate 20 years of adventures and help us continue and take off for a21st year.

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