Vous avez fait de moi un pirate

Le premier tour des élections législatives françaises vient de s’achever avec des résultats encourageants pour un Parti Pirate qui faisait ici ses réels premiers pas en politique et qui aura eu le mérite de se faire connaître et susciter l’adhésion et l’enthousiasme d’un certain nombre d’entre nous[1].

Et avec des témoignages comme celui ci-dessous la dynamique n’est pas prête de s’arrêter…

Sommes-nous tous devenus (ou en passe de devenir) des Georges Nevers ?

Remarque : Voir aussi le billet Pourquoi je suis un pirate ! de notre ami Ploum.

Kevin Dooley - CC by

Vous avez fait de moi un pirate

Georges Nevers – juin 2012 – Licence Creative Commons Zero

Lobbyistes des droits d’auteurs, majors, sociétés de gestion, félicitations : consommateur consciencieux, en quatre ans, vous avez réussi à faire de moi un vulgaire pirate.

À l’école de la contrefaçon

Il y a quatre ans donc, je finissais tout juste mes études. Mon passage par l’université n’avait pas entamé mes convictions concernant le droit d’auteur : je mettais alors un point d’honneur à respecter scrupuleusement ce droit, et je considérais alors la contrefaçon numérique comme un moyen irresponsable de satisfaire ses envies de produits culturels.

Comprenez bien qu’une telle attitude est assez rare chez un étudiant. En effet, ce milieu est très performant lorsqu’il s’agit de partager des contrefaçons, certaines universités disposant même de systèmes officieux de partage de masse interne. Bref, la plupart des étudiants profitent tout naturellement des possibilités offertes par la technologie, et confirment l’habitude de partager des contrefaçons qu’ils ont souvent acquise dès le lycée.

Loin d’affaiblir mes convictions inhabituelles, mon passage à l’université les avait même plutôt affermies par quelques cours qui m’avaient permis de mieux comprendre le système de droit d’auteur, et par ma plongée dans le logiciel libre, qui me permis d’approfondir ses implications. Les licences qui fondent le logiciel libre sont en effet basées sur le droit d’auteur, et l’effort de diffusion de ces logiciels est également opposé à la contrefaçon de logiciels propriétaires qui contribue à leur maintien.

Un consommateur idéal… ou presque

À la fin de mes études, j’étais donc un consommateur comme vous devez en rêver, achetant régulièrement de la musique du prix fort dans une boutique en ligne tout à fait légale. Seule ombre au tableau, je n’appréciais pas particulièrement les pratiques des majors du disque dans le domaine des verrous numériques, et la loi DADVSI m’avait laissé un goût un peu amer. Pour autant, je considérais alors ces sociétés comme un mal nécessaire.

J’étais en effet largement opposé aux verrous numériques. Ces mesures anti-copie me gênaient dans mon utilisation d’exemplaires licites, alors qu’elles ne s’appliquaient pas aux copies contrefaites disponibles gratuitement. Ces verrous me donnaient en quelque sorte l’impression d’être puni pour mon honnêteté ; pour éviter cela je refusais tout simplement d’acheter des œuvres ainsi protégées.

Une saga de lois et de mesures

Là-dessus, j’avais donc vu passer la loi DADVSI qui sacralisait ces mesures. Je remarquai notamment que, par ma contribution à la redevance pour la copie privée, je finançais des exploitants qui, par des mesures techniques protégées par cette loi, interdisaient de facto la mise en œuvre de ce droit de copie privée. Je vis la jurisprudence évoluer à ce sujet, un juge décidant que la copie privée n’était plus un droit mais une exception non garantie au droit d’auteur.

Puis ce fut le périple de la loi Création et Internet, qui introduisait, sans doute pour la première fois dans le droit français, une présomption de culpabilité et un renversement de la charge de la preuve. Je ne détaillerai pas l’accouchement au forceps de cette loi, qui fut âprement défendue dans sa version originale par des gens anéfé incompétents, malgré son caractère non seulement anticonstitutionnel, mais surtout contraire à la déclaration des droits de l’homme. Opposé à cette loi pour ces raisons, je fus également peiné d’être en tant que tel assimilé par ses promoteurs à un vil pirate. Je crois que ce fut le déclic qui commença à modifier ma conception : moi, consommateur modèle, respectueux du droit d’auteur comme peu de gens, cohérent par mes actes avec cette conviction, on me considérait comme un pirate ! Pire encore, on m’attaquait par cette loi et diverses actions passées sur lesquelles j’avais fermé les yeux avec complaisance !

Une fois la loi Création et Internet laborieusement mise en place, j’étais donc prêt à considérer les événements suivants sous un nouveau jour. Je vis par exemple la SACEM attaquer une école pour avoir osé faire chanter à ses enfants une chanson d’Hugues Aufray lors d’une fête sans profit, et ce chanteur, scandalisé par cette action en justice, s’acquitter lui-même des droits d’exploitation de sa propre chanson. Je vis l’auteur du logiciel Freezer, un outil permettant la mise en œuvre du droit à la copie privée sur la plate-forme Deezer, se faire condamner à 6 mois de prison. Tout dernièrement, j’ai assisté avec consternation à l’élaboration du traité ACTA, élaboré entre des gouvernements et des sociétés privées hors de tout contrôle démocratique, dans un secret que je pensais réservé aux décisions militaires ; l’idée d’accords secrets entre des gouvernements et des entreprises privées ne m’évoque d’ailleurs qu’un seul mot : la corruption, ici au plus haut niveau de décision mondiale.

La fin d’un monde…

Les exemples sont multiples et je ne saurais en donner une liste exhaustive. Tous ces événements ont progressivement changé le jugement que je portais aux majors et aux sociétés de gestion, passant de la bienveillance à la déception, puis au dégoût, et finalement au rejet pur et simple. Après la création de l’HADOPI, la boutique en ligne où j’achetais ma musique a décidé de postuler au label « PUR », ce qui m’a convaincu de cesser de me fournir chez eux. Après leur avoir fait part de cette décision et de sa motivation, j’ai eu la surprise de recevoir une réponse de leur part, indiquant qu’ils comprenaient tout à fait ma décision, et qu’ils s’attendaient effectivement à ce genre de rejet.

L’affaire Freezer a achevé de me convaincre de l’iniquité des sociétés de gestion et des majors, de sorte que je considère aujourd’hui ces entreprises comme des organisations nuisibles. En particulier, l’achat de musique me semble maintenant immoral, dans la mesure où il finance ces organisations qui devraient disparaître. En comparaison, le partage de contrefaçon me semble désormais un moindre mal.

En l’espace de quatre ans, les lobbyistes du droit d’auteur ont donc, par leurs actions diverses, réussi à me convertir au point de faire de moi un pirate ordinaire. Enfin presque : quoique me livrant régulièrement à la contrefaçon, je garde encore quelques scrupules à ce sujet, mais au train où ces entreprises défendent leur cause, je pense qu’elles viendront rapidement à bout de mes dernières réticences.

Sociétés de gestion, majors, je vous souhaite que mon cas soit isolé, mais je n’en crois rien. Dans les milieux que je fréquente, j’ai pu constater la dégradation continue de votre image de marque auprès de vos propres clients, qui confine parfois à la haine. Pendant tout ce temps, vous avez pu remarquer qu’un parti pirate est né en Suède, puis a essaimé dans le monde entier et remporte par endroits ses premiers succès électoraux. Alors qu’à sa création, je raillais son nom de « pirate », j’envisage aujourd’hui sérieusement de m’inscrire à ce parti. Pensiez-vous vraiment que la voie de la contrainte et de la peur était un bon choix pour conserver vos clients ?

Georges Nevers
Texte placé sous licence CC0 (trad. non officielle sur le Framablog)

Notes

[1] Crédit photo : Kevin Dooley (Creative Commons By)




Geektionnerd : Dépêches Melba VII

Au menu du jour 3 couples : Microsoft et GNU/Linux, Morano et Twitter, Hollande et Hadopi.

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Sources :

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Geektionnerd : ACTA, ITRE, JURI et LIBE

Une source parmi d’autres, histoire aussi de donner du sens au titre un peu énigmatique avec tous ces acronymes : ACTA : les commissions du Parlement européen demandent le rejet (Numerama)

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Gee sera ce samedi 2 mai à la fête du Tant Libre à Meyzieu

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Matériel libre ou matériel ouvert ? Open Source Hardware ou Open Hardware ?

Tout libriste digne de ce nom connaît le classique débat entre le logiciel libre et le logiciel Open Source (cf ce lien qui marque notre préférence : Pourquoi l’expression « logiciel libre » est meilleure qu’« open source »)[1].

Va-t-on assister à la même foire d’empoigne pour le secteur en plein développement actuellement du matériel libre ? ou ouvert, ou les deux à la fois, enfin c’est vous qui voyez…

Windell Oskay - CC by

Du matériel ouvert ou du matériel libre ?

Open hardware, or open source hardware?

Andrew Katz – 22 août 2011 – Commons Law (ComputerWorld.uk)
(Traduction Framalang : Lamessen, Loïc, Penguin, kabaka, Antoine)

Allons nous assister à une réédition des débats sémantiques qui traversent le monde logiciel ?

Bruce Perens (co-fondateur de l’Open Source Initiative) s’est récemment interrogé lors d’une conférence sur les différences qu’il pouvait y avoir entre le matériel libre (Open Source Hardware) et le matériel ouvert (Open Hardware). De nombreuses personnes ont comparé ce débat à la classique nuance (ou opposition, c’est selon) entre le logiciel libre (free software) et le logiciel Open Source, en s’inquiétant qu’il puisse diviser tout autant. Je n’en suis pas si sûr. Je pense que les deux sont différents et qu’ils peuvent co-exister pacifiquement.

Selon mon point de vue, un matériel libre est un matériel fourni avec les schémas pour qu’on puisse le reproduire nous-même, alors qu’un matériel ouvert est un matériel qui est fourni avec des spécifications complètes de manière à ce que vous puissiez interagir avec lui sans mauvaises surprises mais sans nécessairement savoir ce qui se passe à l’intérieur.

Le matériel libre est meilleur (du point de vue de l’utilisateur), mais le matériel ouvert est sans aucun doute une avancée dans la bonne direction.

Le matériel libre dépend la plupart du temps inévitablement de matériel ouvert : par exemple, vous pouvez avoir toutes les spécifications d’un circuit intégré simple comme un NE555, sans avoir besoin de toutes les informations nécessaires à sa construction.

Pour du matériel plus complexe, les spécifications d’un boulon (pas de vis, diamètre, longueur, type de tête, résistance à la traction, résistance générale à la corrosion…) peuvent être disponibles, mais il est peu probable que la composition exacte de l’alliage utilisé pour le fabriquer, sa trempe, etc… le soient. La plupart des composants électroniques simples seront donc du matériel ouvert.

Le seul point sur lequel il faut être un peu plus prudent quand on parle de matériel libre est que, contrairement au logiciel, il est plus difficile de tracer la frontière entre la source et l’objet. Par exemple, je dirais qu’une voiture est libre si la documentation complète sur sa conception est disponible tant que les spécifications des moteurs sont suffisantes pour l’utilisation qu’on souhaite en faire et qu’elles font ce qu’elles sont censées faire sans mauvaises surprises, quand bien même certaines pièces soient individuellement propriétaires ou non sourcées.

Si vous suivez une approche maximaliste, et que vous voulez les instructions nécessaires et suffisantes à la fabrication complète d’une voiture à partir d’un amas d’atomes, alors vous serez malheureusement déçus la plupart du temps. Heureusement, je n’ai rencontré personne d’aussi extrêmiste dans le monde du logiciel Open Source, oups, pardon, dans celui du logiciel libre 🙂

Notes

[1] Crédit photo : Windell Oskay (Creative Commons By)




Avec SILLAGES l’esprit du libre gagne les grandes écoles

L’association SILLAGES.info a été créée en octobre 2011.

L’ambition de l’initiative SILLAGES est de développer une production collaborative de contenus pédagogiques multimédias contribuant à l’ouverture Sociale et InternationaLe de LAccès aux Grandes EcoleS, et notamment de développer un échange pédagogique avec des universités étrangères souhaitant mieux préparer leurs étudiants aux exigences spécifiques des grandes écoles françaises[1].

Nous avons rencontré deux acteurs de l’initiative SILLAGES : Nathalie Van de Wiele, chef de projet, et Jean-Pierre Archambault, responsable de la communication.

Tulane Public Relations - CC by

Framablog : vous proposez des ressources que vous qualifiez de libres[2]

Nathalie Van de Wiele : oui. L’initiative SILLAGES est à l’origine de la création de deux sites complémentaires disponibles sur internet : une plate-forme et un wiki. Ces sites comptent près de 500 ressources pluridisciplinaires libres et gratuites de niveau L0, L1 ou L2, portant sur les mathématiques, la physique, l’économie, la littérature, le grec ancien, le latin, …

Les ressources SILLAGES pouvant aussi être utiles aux enseignants, elles sont publiées sous licence « Creative Commons » pour une utilisation optimale (elles peuvent ainsi être réutilisées, transformées, modifiées, complétées), les auteurs SILLAGES devant se conformer à la législation en vigueur en terme de droits d’auteurs. Nous avions choisi la licence CC BY – NC avec la possibilité de remixer l’oeuvre. Pour que les choses soient plus claires, nous allons ajouter SA ! SILLAGES menant des partenariats avec les Universités numériques thématiques (UNT), les ressources déposées sur la plate-forme sont référencées par les UNT afin de rendre ces ressources également accessibles par les sites des UNT partenaires (à ce jour UNISCIEL et UOH).

Framablog : la mise en place de ces sites a été dictée par deux aspects essentiels, liés tous deux à la mission même de l’initiative SILLAGES : d’une part, l’aspect « ouverture sociale » et d’autre part, l’aspect « ouverture internationale »; à qui s’adressent vos sites ?

Nathalie Van de Wiele : en terme d’ouverture sociale, les sites SILLAGES s’adressent :

  • aux étudiants abordant l’enseignement supérieur avec des bagages scolaires différents,
  • aux étudiants de milieu modeste éprouvant des difficultés en classes préparatoires,
  • aux étudiants en formation L1 ou L2 préparant leur entrée en grande école.

En terme d’ouverture internationale, ils s’adressent :

  • aux étudiants étrangers désirant entrer en classes préparatoires ou en grande école en France,
  • aux étudiants étrangers n’ayant pas d’accès facile à des bibliothèques et voulant compléter leurs supports pédagogiques.

Framablog : vous proposez des ressources en grec ancien…

Nathalie Van de Wiele : Michèle Tillard, professeur de lettres classiques au lycée Montesquieu du Mans, est l’auteure de nombreux documents concernant le grec ancien et la préparation au programme du concours d’entrée à l’ENS de Lyon, documents disponibles sur la plate-forme ou le wiki SILLAGES, les deux types de ressources étant reliées par des liens hypertextes : un cours complet pour hellénistes débutants, en cours d’élaboration ; un cours de version grecque, sous forme de feuilleton, et en complément, un « kit de survie de l’helléniste » regroupant les principales notions grammaticales sous forme de fiches ; un cours sur l‘Icaroménippe de Lucien (programme de l’ENS Lyon, 2012) ; des fiches de vocabulaire grec.

D’autres cours sont en projet, en particulier sur les œuvres latines et grecques de l’option « Lettres classiques » du concours d’entrée de l’ENS Lyon, à paraître prochainement.

Framablog : et des ressources en sciences physiques…

Nathalie Van de Wiele : Olivier Granier, professeur de physique au lycée Montesquieu du Mans en classe de spéciales PC, a souhaité placer sur la plate-forme SILLAGES de nombreux documents personnels (polycopiés de cours, séances de travaux dirigés, résolution de problèmes de concours, polycopiés de travaux pratiques d’électronique et d’optique), couvrant ainsi l’ensemble du programme de Physique des classes préparatoires au grandes écoles scientifiques et des universités scientifiques (niveau L1 et L2).

Olivier Granier, par ailleurs administrateur de la plate-forme SILLAGES, reçoit d’ailleurs régulièrement des messages électroniques d’utilisateurs souhaitant des informations complémentaires sur les études qu’ils suivent, posant des questions sur tels ou tels points du cours ou demandant encore des précisions sur la résolution d’un exercice.

Framablog : pouvez-vous nous préciser l’apport pour les étudiants étrangers ?

Jean-Pierre Archambault : J’ai eu le plaisir de suivre au sein de SILLAGES deux étudiants de l’ESIA (Ecole supérieure d’informatique, électronique, automatique) chargés d’un projet visant à mieux faire connaître les ressources SILLAGES.

L’un d’eux, Wassim CHIADLI, affirme : « les cours que les étudiants peuvent trouver sur SILLAGES sont à grande valeur ajoutée et constituent pour eux un vrai appui pendant leurs années d’études et surtout pendant leur période de révisions. Cela s’adresse en particulier aux étudiants des pays d’Afrique du Nord et du Moyen Orient bercés dans la francophonie. Le Maroc en est un bon exemple. En effet, il existe beaucoup de similitudes entre les systèmes d’études supérieures français et marocain. Un nombre important d’étudiants marocains s’orientent vers les classes préparatoires pour accéder aux grandes écoles marocaines mais également françaises telles que l’Ecole Polytechnique, Centrale, Mines Ponts et Chaussées, HEC, etc.

Et le plus difficile pour ces jeunes étudiants est de trouver des informations, des cours et des exercices fiables et gratuits afin de réussir leurs parcours. De même, la France reste la destination favorite des Marocains ayant pour but de finaliser leurs études à l’étranger. Cela reste néanmoins une mission délicate pour les candidats libres qui ne possèdent pas systématiquement d’appuis, ni de références.

Le projet SILLAGES peut ainsi aider les étudiants en classes préparatoires à renforcer leurs connaissances et, d’autre part, donner une nouvelle opportunité aux personnes ayant le plus de mal à accéder à l’information ».

Framablog : on voit bien l’intérêt de tels sites qui est de mettre à disposition du plus grand nombre des documents pertinents et adaptés au public visé, enseignants et étudiants de niveau L1 et L2. Mais entretenez-vous des relations en présentiel avec les publics étrangers ?

Nathalie Van de Wiele : nos sites visent à favoriser les échanges pédagogiques à travers le monde. Nous les complétons avec des missions. Olivier Granier a ainsi participé à plusieurs missions à l’étranger, au Liban (Université Saint Joseph, Beyrouth, en avril 2011 et avril 2012), au Cambodge (Institut de technologie du Cambodge, Phnom Penh, en novembre 2011) et au Cameroun (Institut supérieur des technologies et du design industriel, Douala, en février 2012).

Le but de ces missions était à chaque fois sensiblement le même : faire connaître, utiliser et enrichir les ressources SILLAGES, former des étudiants de ces universités étrangères aux spécificités des concours des grandes écoles scientifiques françaises. Olivier Granier a ainsi organisé des séances de préparation aux écrits des concours, effectué des compléments de cours et organisé des séances spécifiques de préparation aux oraux des concours (sous forme d’interrogations orales de type « colles »).

Michèle Tillard est actuellement en train de mettre sur pied un stage en présentiel, destiné aux étudiants hellénistes de l’IPELSHT (Institut Préparatoire aux études littéraires et de Sciences Humaines de Tunis), qui complètera la formation à distance qu’elle a bâtie sur la plate-forme SILLAGES pour ces étudiants, débattant sur un forum dédié de « L’enseignement à distance pour sauver l’enseignement du grec ancien ? ».

Framablog : SILLAGES et le libre ?

Jean-Pierre Archambault : il y a donc tous ces documents en Creative Commons. En outre, bon nombre de ressources élaborées pour l’enseignement à distance sont conçues grâce à des logiciels libres, tels que Geany, Amaya ou encore OpenOffice, et destinés à être lus par l’ensemble des navigateurs, en particulier Mozilla Firefox ou Safari. C’est le cas, notamment, des ressources créées en grec ancien. Les sites eux-mêmes font appel aux logiciels et licences libres (MediaWiki doté d’un éditeur LaTeX pour le wiki SILLAGES et CeCILL pour l’utilisation de la plate-forme SILLAGES).

Et puis, l’esprit avec lequel les enseignants associés à SILLAGES travaillent, notamment lors des missions à l’étranger, relève de l’approche du libre. L’objectif de SILLAGES est bien de favoriser le partage de documents libres mis à disposition sur internet et de promouvoir l’utilisation et la réappropriation qui en est faite auprès de publics demandeurs et souvent éloignés de grands centres documentaires.

Je citerai cette phrase (tirée du site framasoft.net) : « Issu du monde éducatif, Framasoft est un réseau de sites web collaboratifs à géométrie variable dont le dénominateur commun est le logiciel libre et son état d’esprit. Il vise à diffuser le logiciel libre et à le faire connaître auprès du plus large public. ». A mon sens, elle s’applique à la communauté SILLAGES.

Framablog : quels problèmes rencontrez-vous ? Quelles sont vos perspectives ?

Nathalie Van de Wiele : si, dans le contexte de l’ouverture sociale et internationale de l’accès aux grandes écoles l’initiative SILLAGES prend toute sa place, participant à l’offre numérique de l’enseignement supérieur français, menant des expériences concrètes à l’international et offrant une souplesse de moyens sachant répondre à la demande des étudiants, des progrès sont encore à réaliser.

Un bilan des ressources placées sur la plate-forme SILLAGES montre que les ressources scientifiques sont majoritaires mais incomplètes (il n’y a ni chimie, ni biologie, ni sciences de l’ingénieur), que les langues sont absentes des disciplines littéraires et que les sciences économiques et commerciales sont sous-représentées. Sur le wiki SILLAGES, l’édition collaborative a du mal à démarrer.

Le manque de moyens financiers (les membres de SILLAGES sont tous bénévoles et dégagent pour SILLAGES du temps sur leurs activités professionnelles) freine pour le moment des développements plus ambitieux. En terme d’usage, si des efforts sont fait en terme de travail collaboratif pour adapter les ressources à la demande, d’accompagnement des étudiants dans l’utilisation de celles-ci, de coopération internationale entre établissements, l’initiative SILLAGES souffre de ne pas être encore assez connue.

L’association SILLAGES est encore jeune et ne demande qu’à se développer afin d’augmenter le nombre de ressources placées sur la plate-forme ou le nombre d’articles édités sur le wiki et d’attirer vers elle de nombreux enseignants prêts à rejoindre la communauté SILLAGES et à relever le défi qui l’anime.

Framablog : quel rapport établissez-vous entre coopération sur un pied d’égalité et approche du libre ?

Jean-Pierre Archambault : si SILLAGES s’inscrit pleinement dans l’approche du libre aux plans des logiciels utilisés et des ressources pédagogiques produites, des modalités de leur réalisation et de mise à disposition de tous, des réponses en termes de droit d’auteur, ce n’est pas le fruit du hasard.

En effet, si chacun a vocation à produire ses propres ressources, la coopération internationale et des formes de solidarité numérique c’est aussi l’adaptation de celles réalisées par l’autre. Avec le libre, chaque communauté peut prendre en main la localisation/culturisation qui la concerne, connaissant ses propres besoins et ses propres codes culturels mieux que quiconque. Il y a donc, outre une plus grande liberté et un moindre impact des retours économiques, une plus grande efficacité dans le processus, en jouant sur la flexibilité naturelle des créations immatérielles pour les adapter à ses besoins et à son génie propre.

C’est aussi plus généralement ce que permettent les « contenus libres », c’est-à-dire les ressources intellectuelles – artistiques, éducatives, techniques ou scientifiques – laissées par leurs créateurs en usage libre pour tous. Logiciels et contenus libres promeuvent, dans un cadre naturel de coopération entre égaux, l’indépendance et la diversité culturelle, l’intégration sans l’aliénation.

Framablog : d’une manière générale, pensez-vous que pédagogie rime avec libre ?

Jean-Pierre Archambault : oui, et le mouvement est irréversible.

D’évidence, il existe des auteurs par milliers, des acteurs multiples (enseignants, associations, institutions, collectivités territoriales) qui mettent en place des coopérations souples et diverses. Certes, de tout temps les enseignants ont réalisé des documents en préparant leurs cours. Mais, avant la banalisation des outils numériques de production des contenus (traitement de texte, présentation, publication) et le développement d’internet qui donne à l’auteur un vaste public potentiel qui peut aisément reproduire les documents qu’il a récupérés, qui en bénéficiait au-delà d’un cercle nécessairement restreint ?

La numérisation des œuvres et de la connaissance en général, et leur diffusion sur internet posent avec une acuité sans pareille le problème de l’usage que l’on peut en faire. Des millions d’utilisateurs ont accès à des millions d’œuvres, grandes ou petites. Difficile d’imaginer que leur utilisation puisse passer par une demande d’autorisation. De ce point de vue, le copyright est un non-sens sur internet. La loi doit pouvoir être applicable. D’où la pertinence de la démarche de Creative Commons dans laquelle l’auteur, en mettant à disposition sa création sur la toile, indique ce que les internautes peuvent en faire. Elle permet l’indispensable circulation fluide des documents et, si nécessaire, leur modification.

Framablog : un mot pour conclure…

Jean-Pierre Archambault : les enjeux sont forts : appropriation de la connaissance par tous, constitution d’un patrimoine pédagogique mondial accessible à tous. SILLAGES a l’ambition d’y apporter sa modeste contribution.

Notes

[1] Crédit photo : Tulane Public Relations (Creative Commons By)

[2] La licence Creative Commons By-Nc-Sa n’étant pas considérée comme libre au sens des logiciels libres.




Comment je suis tombé dans la marmite de l’open source quand j’étais petit

Les règles d’un jeu, les règles du jeu, ne sont pas inscrites dans le marbre. Et il est toujours possible, pour les plus audacieux, de faire un pas de côté pour les améliorer.

Telle est l’expérience fondatrice de Jeremy enfant au contact de son ami Bruce, véritable petit hacker en herbe[1].

On pourra certes objecter que cet état d’esprit bidouilleur et inventif n’a pas attendu l’open source pour exister mais il s’en trouve fortement stimulé par les potentialités nouvelles qu’offre Internet.

Jeremy Mates - CC by

Le jour où mon esprit devint open source

The day my mind became open sourced

Phil Shapiro – 20 avril 2012 – OpenSource.com
(Traduction Framalang : Adrien Dorsaz, e-Jim et Goofy)

Je me souviens très bien du jour exact où mon esprit est devenu open source. C’était un jour frais et ensoleillé de novembre 1973. Après les cours de l’école primaire, j’ai appelé mon meilleur ami, Bruce Jordan, et je lui ai demandé : « Est-ce que je peux passer jouer maintenant ? ». Bruce m’a répondu : « Bien sûr ! ». J’ai chevauché ma bicyclette rouge Schwinn (qui n’avait qu’une vitesse) et j’ai roulé comme un fou sur les trois kilomètres jusque chez Bruce. Je suis arrivé avec le souffle coupé, mais très heureux.

C’était plaisant de jouer avec Bruce, parce qu’il était toujours en train d’inventer de nouveaux jeux à jouer à l’intérieur et également à l’extérieur. Chez lui, on ne s’ennuyait jamais une seconde. C’est ainsi que, quand nous nous sommes assis pour jouer au Scrabble ce jour-là, Bruce a spontanément suggéré : « Prenons chacun 10 lettres au lieu de 7. Ça va beaucoup améliorer le jeu ». J’ai protesté : « Mais les règles écrites sur la boîte du jeu disent qu’on est censé prendre 7 lettres. »

Bruce a rapidement répondu : « Ce qui est imprimé sur la boîte, c’est pas des règles. C’est juste des suggestions de règles du jeu. Toi et moi, on est libres de les améliorer ». J’étais un peu stupéfait. Je n’avais jamais entendu une telle idée auparavant. Je lui ai rétorqué : « Mais les règles sur la boîte ont été écrites par les adultes qui sont plus intelligents que nous, non ? ».

Bruce m’a alors expliqué avec aplomb : « Ceux qui ont inventé ce jeu ne sont pas plus intelligents que toi ou moi, même si ce sont des adultes. Nous pouvons trouver de meilleures règles qu’eux pour ce jeu. De bien meilleures règles. »

J’étais un peu sceptique, jusqu’à que Bruce me dise « écoute, si ce jeu n’est pas beaucoup plus amusant dès les 5 premières minutes, nous retournons aux règles écrites sur la boîte ». Cela m’a semblé un bon moyen de procéder.

Et les règles du Scrabble de Bruce rendaient effectivement le jeu bien plus amusant. En pleine partie, je ne pus m’empêcher de lui demander : « si les règles du Scrabble peuvent être améliorées, est-ce que les règles d’autres jeux peuvent aussi être améliorées ? ».

Bruce me répondit « Les règles de tous les jeux peuvent être améliorées. Mais ce n’est pas tout. Tout ce que tu vois autour de toi et qui a été conçu par l’esprit humain peut être amélioré. Tout peut être amélioré ! »

À ces mots, un éclair m’a traversé l’esprit. En quelques secondes, mon esprit a basculé vers l’open source. À ce moment précis, j’ai su quels étaient le but de ma vie et ma destinée : chercher autour de moi les choses qui peuvent être améliorées, puis les améliorer.

Lorsque je suis remonté sur mon vélo Schwinn pour rentrer à la maison ce soir-là, mon esprit était enivré d’idées et de possibilités. J’ai plus appris de Bruce ce jour-là que je n’avais appris durant toute une année d’école. Vingt-cinq ans avant que l’expression Open Source ne soit formulée pour la première fois, Bruce Jordan a ouvert les sources de mon esprit. Je lui en serai éternellement reconnaissant.

Et alors que je roulais vers chez moi, je pris la résolution que durant ma vie, je concentrerai mon énergie à élargir les possibilités d’apprendre en dehors du cadre scolaire, parce que les apprentissages et les réalisations les plus significatives surviennent hors de l’enceinte de l’école.

Actuellement, je travaille dans une bibliothèque publique dans la région de Washington DC, et chaque jour, je discute avec des enfants. De temps en temps, je croise des élèves dont l’esprit est réceptif aux grandes idées. Lorsque cela m’arrive, je plante de petites graines dans leur esprit, et les laisse tracer leur route. Il leur revient de cultiver ces graines. Mon rôle se limite à planter des graines d’idées dans leur esprit. Le leur, c’est d’observer les germinations de ces graines, et de choisir de les arroser ou non.

Bruce Jordan m’a enseigné une autre leçon importante. La même année, il m’a demandé si je voulais jouer au Frisbee Baseball. « C’est quoi le Frisbee Baseball ? » demandai-je avec curiosité. Bruce répondit alors : « je ne sais pas, mais ça a l’air d’être un jeu génial. Nous allons créer les règles en marchant vers le terrain de baseball ».

Sans surprise, Bruce inventa les règles du Frisbee Baseball alors que nous parcourions le bloc qui nous séparait du terrain. Et nous avons joué avec grand plaisir, jusqu’à ce que l’obscurité nous empêche de voir le Frisbee. Ce que j’ai appris de Bruce ce jour-là, c’est de ne pas avoir peur d’aller là où mon instinct me dit qu’il y a de bonnes choses. Bruce était persuadé que nous allions nous éclater en jouant au Frisbee Baseball. Et il avait raison.

Le mouvement Open Source concerne les logiciels, mais il est loin de se limiter à ce domaine. Il s’agit de considérer les créations et les idées qui naissent du génie humain avec optimisme. Tout peut être amélioré, de fond en comble. Tout ce qu’il nous faut, c’est une dose de créativité et la volonté de consacrer notre esprit à une tâche donnée.

On se lance ? Au départ, les règles de tous les jeux sont imprimées sur la boîte, mais ces règles ne sont que des suggestions. On peut les améliorer, et il faudrait les améliorer à chaque fois que c’est possible.

Notes

[1] Crédit photo : Jeremy Mates (Creative Commons By)




Geektionnerd : Rapport Gaumont (et merveilles)

Que la citation ait été ou non sortie de son contexte, c’est assez énorme 🙂 Pour en savoir plus PCInpact ou Numerama.

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Gee sera ce week-end du 26/27 mai au festival de BéDéologie de l’INSA Lyon.

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Salut à toi mélomane, téléchargeur, pirate, pseudo-criminel…

Benn Jordan est musicien et président fondateur du modeste label indépendant Alphabasic Records.

En janvier 2008, et contrairement à ce qu’il se produisait d’habitude, il fut surpris de constater l’absence de son nouvel album sur les sites de torrents et P2P !

Alors il décida de prendre lui-même les devants en téléversant ses propres fichiers audios sur les sites de partage, mais en les accompagnant d’un court texte que nous avons décidé de traduire ci-dessous tant il nous semble original et révélateur de la situation actuelle.

Ainsi tout « pirate » téléchargeant l’album se retrouvait avec un petit fichier HTML contenant le message. Libre alors à lui de le lire et d’agir en conséquence.

Remarque : On pourra trouver le bilan de cette action dans le billet From Pirates To Profit. Et si vous voulez écouter quelques extraits de l’album en question il y a ce lien YouTube.

Benn Jordan

Bonjour mélomane… téléchargeur… pirate… pseudo-criminel…

Hello listener…downloader…pirate…pseudo-criminal…

Benn Jordan – janvier 2008 – Alphabasic Records
(Traduction : Ælfgar, Kiwileaks, Marwan, Thb0c, Gordon, Hikou, Chk, Coyau, axx et autres anonymous)

Bonjour mélomane… téléchargeur… pirate… pseudo-criminel…

Si vous êtes en mesure de lire ceci, alors il est plus que probable que vous ayez téléchargé cet album depuis un réseau pair à pair ou un torrent.


Vous vous attendez probablement à ce que le reste de ce message vous dise que vous êtes en train de faire du mal aux musiciens et de contrevenir à plus ou moins toutes les lois en vigueur sur la copie. Ce ne sera pas le cas ici.

Ce que j’aimerais vous dire, c’est que mon label comprend que beaucoup de gens piratent de la musique parce que c’est plus simple que de l’acheter. Les CD se rayent facilement, la plupart des sites de téléchargement avec paiement à l’acte proposent une faible qualité accompagnée de merdiques protections par DRM, et les vinyles sont quasiment impossibles à trouver ou expédier simplement.

Je me demande même souvent pourquoi les gens achètent encore des CD. Certains apprécient le fait d’avoir une vraie pochette physique, d’autres ne se sont pas encore adaptés aux MP3, mais la plupart le font parce qu’ils aiment passionnément la musique et veulent soutenir les artistes qui la font. Ça vous redonne foi en l’humanité l’espace d’un instant, hein !

Ok donc, on fait quoi maintenant ?
Vous aimez l’album ? Vous voulez « soutenir l’artiste » sur iTunes ?
Eh bien, ne le faites pas !
Alphabasic est en ce moment même en pleine bataille juridique contre Apple parce qu’AUCUN de nos contenus (le catalogue Sublight Records compris) n’a reçu le moindre centime de royalties par rapport au grand nombre de ventes qu’iTunes a généré en utilisant notre contenu.

Vous voulez acheter un CD uniquement pour témoigner de votre soutien ?
Si vous n’aimez pas particulièrement les CD, ne vous prenez pas la tête.
Les grandes enseignes comme Best Buy et Amazon font tellement monter les prix que leurs parts sont souvent huit fois plus élévées que celle de l’artiste. En plus, la plupart des CD sont fait de plastique non-recyclable et sont de ce fait écologiquement nuisibles.

Si vous aimez vraiment les CD, achetez les directement auprès du label (dans notre cas, alphabasic.com). Après récupération des coûts de production, nos artistes reçoivent habituellement plus de 90% de l’argent venant de votre portefeuille.
J’ajoute que tous nos produits physiques sont réalisés à partir de matériaux 100% recyclés.

Vous souhaitez soutenir sans aimer les CD ?
Allez ici et faites le tour de notre catalogue de téléchargements audio sans perte et sans DRM.
Vous l’avez déjà fait ?
Alors n’hésitez pas à faire un don du montant de votre choix à votre artiste préféré. Il lui reviendra à 100%.
Franchement, vous pouvez même donner ne serait-ce qu’un euro pour remercier l’artiste.

Si par exemple vous aimez vraiment « The FlashbulbSoundtrack To A Vacant Life » et voulez nous soutenir sans que l’argent s’en aille vers des détaillants et des distributeurs cupides, ou des représentants et intermédiaires cocaïnomanes, alors cliquez sur ce lien.

Si de plus vous voulez bien renseigner votre adresse postale, Alphabasic pourra vous envoyer occasionnellement quelques goodies (surplus de stock, stickers, et même parfois des CD rares ou inédits) en guise de reconnaissance.

Merci d’avoir pris le temps de lire ce message.

Qui sait si mon petit modèle économique permettra de financer de nouveaux albums, mais même l’échec vaut mieux que le système de distribution pourri dont les artistes souffrent depuis plus de cinquante ans.
Nous espérons que vous apprécierez la musique autant que nous l’apprécions en la créant .

Enfin un tout dernier point. Si vous envisagez de partager cette musique, merci de conserver et d’y inclure ce texte. La seule raison de sa présence est de montrer à l’auditeur où et comment il peut soutenir son artiste favori !

Benn Jordan
PDG d’Alphabasic Records