Geektionnerd : Soutenez Framasoft (2/2)

Gee est à l’honneur cette semaine chez Mozilla, puisque ses personnages du Geektionnerd, placés sous licence Creative Commons By-Sa, ont été repris dans diverses réalisations touchant à la sécurité.
Il y a :

  • Une vidéo détaillant la marche à suivre pour choisir un bon mot de passe;
  • Une brochure PDF sur le même sujet;
  • Un article reprenant calmement l’explication;
  • Et enfin une petite BD « Mozillians ».

Le tout affichant à chaque fois la paternité de Simon ‘Gee’ Giraudot sur les remix de ses œuvres.

Toutefois, continuant sur sa lancée il a choisi cette semaine de faire un nouveau clin d’œil à notre indispensable campagne “1000 10 1”. Toute ressemblance avec une BD parue la semaine dernière serait fortuite :

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

D’ailleurs, comme je vous l’annonçais la semaine dernière, la bannière de Gee est disponible parmi la sélection de notre générateur de bannières, qui accueille également une contribution inédite de Nojhan depuis peu.

Soutenez Framasoft - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Toutefois, re-voici le code pour l’ajouter directement à un site, où elle sera toujours du plus bel effet :

 <a href="http://soutenir.framasoft.org"><img src="https://framablog.org/public/_img/geektionnerd/Gee_banniere_1000_10_1_couleurs_cc-by-sa_600.jpg" alt="Soutenez Framasoft - http://soutenir.framasoft.org" style="margin: 0pt auto;" title="Soutenez Framasoft - Simon Gee Giraudot - CC by-sa"></a> 

Et en format badge :

Soutenez Framasoft - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

 <a href="http://soutenir.framasoft.org"><img src="https://framablog.org/public/_img/geektionnerd/Gee_badge-1000_10_1_couleurs_cc-by-sa_180.jpg" alt="Soutenez Framasoft - http://soutenir.framasoft.org" style="margin: 0pt auto;" title="Soutenez Framasoft - Simon Gee Giraudot - CC by-sa"></a> 

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




Geektionnerd : Soutenez Framasoft (1/2)

Le lancement de la campagne “1000 10 1” a inspiré nos illustrateurs favoris. Ainsi, vous avez déjà pu admirer l’illustration inédite d’L.L. de Mars sur le billet d’annonce de la campagne, puis l’arbre de la connaissance selon Harrypopof affiché sur Framasoft.net, et cette semaine, le Geektionnerd participe au mouvement avec un billet éloquent, et… coloré !

Geektionnerd - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Et ce n’est pas fini, Gee nous a également gratifié d’une magnifique bannière illustrant le slogan de Framasoft :

Soutenez Framasoft - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

Cette bannière sera bientôt disponible parmi les autres dans notre générateur de bannières.

En attendant, voici le code pour l’ajouter facilement à un site :

 <a href="http://soutenir.framasoft.org"><img src="https://framablog.org/public/_img/geektionnerd/Gee_banniere_1000_10_1_couleurs_cc-by-sa_600.jpg" alt="Soutenez Framasoft - http://soutenir.framasoft.org" style="margin: 0pt auto;" title="Soutenez Framasoft - Simon Gee Giraudot - CC by-sa"></a> 

L’illustration est également déclinée en format badge :

Soutenez Framasoft - Simon Gee Giraudot - CC by-sa

 <a href="http://soutenir.framasoft.org"><img src="https://framablog.org/public/_img/geektionnerd/Gee_badge-1000_10_1_couleurs_cc-by-sa_180.jpg" alt="Soutenez Framasoft - http://soutenir.framasoft.org" style="margin: 0pt auto;" title="Soutenez Framasoft - Simon Gee Giraudot - CC by-sa"></a> 

Enfin, d’autres illustrations hautes en couleurs feront bientôt leur apparition ici ou là…

Crédit : Simon Gee Giraudot (Creative Commons By-Sa)




De l’hacktivisme au web 2.0 – De la révolution à sa dissolution ?

Daniel Zanini H. - CC byLes mouvements alternatifs d’émancipation portés par le numérique, dont le logiciel libre fait partie, ont été récupérés et domestiqués par le système et sa force marketing sous la bannière et le vocable du « web 2.0 ».

Un web 2.0 qui présente de plus l’avantage de favoriser l’institution d’une sorte de totalitarisme global décentralisé avec notre complicité et toutes les traces personnelles, permanentes et continues, que nous laissons, le plus souvent volontairement, dans les nuages d’Internet.

Avec l’avènement du web 2.0, non seulement vous voyez s’éloigner le rêve d’une autre société mais vous renforcez le contrôle et la surveillance de l’actuelle ! Difficile de faire pire en quelque sorte…

Telle n’est pas mon opinion mais mon propre (et donc faillible) résumé d’un article parcouru récemment sur Indymedia dont le titre exact est “Become the media!” : de l’hacktivisme au web 2.0.

Attention, c’est dense, politisé et plein de références à des auteurs qui vous seront peut-être peu familiers si vous ne baignez pas dans une certaine culture intellectuelle « de gauche » (cf Félix Guattari, Jello Biafra, Walter Benjamin, Jean Baudrillard, Gilles Deleuze, Michel de Certeau, Michel Maffesoli).

Nous en avons reproduit la fin ci-dessous pour vous donner (ou non) l’envie de le parcourir dans son intégralité[1].

Je ne vous cache pas qu’il m’intéresse d’avoir vos réactions dans les commentaires. En espérant que les uns et les autres sauront s’écouter et échanger en toute sérénité sur un sujet, je le reconnais bien volontiers, un peu glissant. Un petit débat courtois et non un gros troll poilu pour le dire autrement 😉

Pour ce qui me concerne, je ne partage pas la radicalité et le pessimisme du propos et j’ai justement l’impression que les actions que nous menons participent modestement à échapper à ce piège. Mais il est vrai que lorsque le « logiciel libre » devient « open source », il prend le risque de perdre en route tout ce qui fait sa substantifique moelle.

“Become the media!” : de l’hacktivisme au web 2.0 (extraits)

URL d’origine du document

Dr No – 26 juillet 2010 – Indymedia Nantes

(…)

Quoiqu’il en soit, ce dont il s’agit là encore finalement, avec cette « réappropriation », ce « devenir-media » de la masse et cette « démocratisation » des dispositifs d’informations et de communication, c’est du déploiement toujours plus important d’un macro-système technique, d’un maillage global comme dispositif de socialisation forcée par dressage à la discipline inconsciente d’un code, c’est-à-dire – à l’instar du système électoral ou de la consommation – d’imposition de règles du jeu (ici de la communication) et d’intériorisation de ces règles comme subtil mode de mobilisation et de contrôle social. Indépendamment des contenus qui n’en sont que l’alibi, le médium – le code, le modèle, la forme, le canal, le dispositif, la technique – est le message, il influe directement sur nos modes de perception sensibles, modifie nos rapports à l’espace et au temps et par conséquent nos modes d’être-au-monde. En l’occurrence, « ce qui est médiatisé, ce n’est pas ce qui passe par la presse, la TV, la radio : c’est ce qui est ressaisi par la forme/signe, articulé en modèles, régi par le code. » La réappropriation du code ne jouant donc là au final que comme « reproduction élargie du système » sous couvert de nouvelles modalités. C’est pourquoi il ne faut jamais sous-estimer la capacité de ce système à intégrer les innovations (même et peut-être surtout si elles se veulent « révolutionnaires ») a fortiori si celui-ci fonctionne sur les principes d’interaction, de réversibilité, de participation et de feed-back comme c’est d’ailleurs le cas aujourd’hui beaucoup plus qu’hier.

« l’éthique hacker », l’utopie cyberpunk et les expérimentations cyberculturelles, les trouvailles de « l’hacktivisme » électronique et de « l’Internet militant », du mouvement des logiciels libres, l’Open Source, l’Open Publishing, le P2P, le Wi-Fi, les média-tactiques alternatives, collaboratives et communautaires elles-mêmes, c’est-à-dire en somme toutes ces « pratiques moléculaires alternatives » que Félix Guattari appelaient de ses vœux pour renverser le pouvoir grandissant de l’ingénierie logicielle et les nouvelles modalités de la « société de contrôle » ont pour la plupart, dans ce qu’elles avaient d’original et novateur, été absorbées et recyclées par celle-ci et les industriels pour donner naissance à ce que l’on peut appeler les nouveaux « agencements post-médiatiques » du web 2.0.

C’est-à-dire toutes ces nouvelles applications de l’Internet « participatif » et « collaboratif » basé sur le principe du « contenu généré par les utilisateurs », ce qui précisément, on l’aura remarqué, était bien l’idée de « l’open publishing » (publication libre) proposé par le réseau international des sites Indymedia dans l’esprit du partage horizontal de l’information, de la participation et de la collaboration en vue de favoriser l’auto-organisation des groupes et des individus constitués en « machines de guerre » contre l’axiomatique mondiale exprimée par les Etats.

Un Web 2.0 dit « participatif » et « collaboratif » donc, où effectivement, convergence numérique aidant, la masse devient son propre média (MySpace, Facebook, YouTube, Twitter, Wikis et autres blogs), engendrant à leur tour de nouveaux usages qui inspirent également de nouveaux produits, services et dispositifs reconfigurant de fond en comble notre rapport au monde et nos relations sociales, tout en développant de nouveaux marchés ainsi que de nouveaux « business models » (management 2.0, marketing 2.0, « gratuité », « co-création de valeur », etc.) qui incarnent des changements de paradigmes économiques par où se joue la mutation du capitalisme. Car en effet, force est de constater que les principes du « participatif », du « collaboratif », de la « coopération » et du « partage » sont aujourd’hui devenus les principaux éléments d’un nouvel esprit du capitalisme de l’ère 2.0 fonctionnant par « boucles de récupération » et recyclage écosystémique des singularités comme moteur et dynamique de l’innovation (technologique, économique, culturelle, sociale, etc.). C’est en quelque sorte ce qui se présente plus communément aujourd’hui sous l’appellation d’ « innovation ascendante » qui consiste justement pour les entreprises et/ou les institutions à observer, et même à favoriser, les pratiques de réappropriation, investissement, exploration, détournement, expérimentation par les usagers/consommateurs des produits, services et technologies dans le but de réintégrer les éventuelles micro-inventions et les « usages innovants » dans leur propre processus de création et développement industriel, commercial, technocratique, etc.

C’est une dynamique qui s’appuie sur la compréhension des comportements que permet en l’occurrence la « sociologie des usages » et notamment les travaux de Michel de Certeau sur ce qui constitue en quelque sorte les « arts de faire avec » . Recherche qui se voulait un travail de compréhension et en premier lieu de mise en valeur des arts de vivre la société de consommation, par élaboration de « lignes de fuites » (Deleuze et Guattari) pourrait-on dire, c’est-à-dire plus particulièrement des ruses subtiles, des tactiques de résistance, de contournements, détournement, réappropriation, braconnage, dissimulation, en somme toute la multitude de pratiques inventives et créatives qui se disséminent dans la banalité du quotidien des usagers/consommateurs et que la rationalité occidentale, selon les mots de l’auteur, aurait eu trop tendance à occulter. Et on pourrait voir dans ce travail la saisie de l’essence même de la notion anglo-saxonne de « hacking », de son esprit ou de son éthique élargie à l’ensemble de la société. Quoiqu’il en soit, on le voit bien, ce dont il s’agit avec « l’innovation ascendante » mise en œuvre dans le nouveau paradigme économique des entreprises les plus à l’avant-garde du capitalisme c’est de capter/capturer la puissance créatrice de la socialité de base, l’énergie et le vitalisme qui émergent de ce que Michel Maffesoli appelle la « centralité souterraine ». Dans le même ordre d’idée se développe aujourd’hui dans les milieux du marketing et du management, par le biais des différentes plateformes multimédias de la société en réseaux, le « crowdsourcing » (approvisionnement par la foule) qui consiste pour une entreprise là encore à faire « participer » et « collaborer » directement la foule des internautes comme usagers/consommateurs à la recherche et au développement de nouveaux produits et services, à apporter des améliorations, etc..

Enfin, toutes choses mettant en œuvre un processus communicationnel global s’appuyant sur des dispositifs de « feed-back » et des mécanismes circulaires tout à fait caractéristiques des boucles causales rétroactives qui furent à la base de la modélisation des systèmes cybernétiques qui simulent les lois de la nature et dont la finalité, rappelons-le, est le Contrôle par auto-régulation comme mode de management et de gouvernance.

Des systèmes de contrôle et de gouvernance de l’ère des machines de « troisième espèce » qui se déploient sur toute l’étendue de la vie quotidienne par le biais de la globalisation d’un méga-réseau engagé dans un processus matriciel. Une « matrice communicationnelle », un maillage systémique à vocation ubiquitaire qui tend par ailleurs à rendre obsolètes les modèles panoptiques de surveillance hyper-centralisés et transcendants de type orwellien qu’incarne la fameuse figure de « Big Brother ». Car en effet, ce à quoi on a de plus en plus nettement affaire aujourd’hui c’est à un processus de capillarisation du Contrôle en quelque sorte et qui tend par là à devenir totalement immanent.

Comme le remarquait déjà pertinemment Jean Baudrillard au début des années 70 « même à long terme, l’impossibilité des mégasystèmes policiers signifie simplement que les systèmes actuels intègrent en eux-mêmes, par le feed-back et l’autorégulation, ces métasystèmes de contrôle désormais inutiles. Ils savent introduire ce qui les nie comme variables supplémentaires. (..) Ils ne cessent donc pas d’être totalitaires : ils réalisent en quelque sorte l’idéal de ce que l’on peut appeler un totalitarisme décentralisé. » Par ailleurs, dans son texte annonçant l’avènement d’une "subjectivité post-médiatique" Félix Guattari rappelait que toutes les anciennes formations de pouvoir et leurs façon de modéliser le monde avaient été déterritorialisées. C’est ainsi, disait-il, que « la monnaie, l’identité, le contrôle social passent sous l’égide de la carte à puce. » Car en effet, ce qui se joue aujourd’hui avec tout ce maillage systémique planétaire, ce déploiement du méga-réseau matriciel à vocation ubiquitaire, c’est un processus de globalisation des « sociétés de Contrôle » , fluides, ouvertes, modulaires, multipolaires et à géométrie variable comme installation d’un nouveau régime de domination qui remplacent peu à peu les « sociétés disciplinaires » (Foucault) avec la crise généralisée des milieux d’enfermement en système clos (familles, écoles, armée, usines, prisons, hôpitaux, etc.) ainsi que l’avait bien vu à la même époque Gilles Deleuze, et où, entre autres choses, les individus deviennent peu à peu des entités « dividuelles » encodées comme multiplicité de données dans un macro-système d’information. « Ce sont les sociétés de contrôle qui sont en train de remplacer les sociétés disciplinaires. (..) On ne se trouve plus devant le couple masse-individu. Les individus sont devenus des « dividuels », et les masses, des échantillons, des données, des marchés ou des « banques ». (..) les sociétés de contrôle opèrent par machines de troisième espèce, machines informatiques et ordinateurs (..). Ce n’est pas une évolution technologique sans être plus profondément une mutation du capitalisme. »

Mutation post-industrielle du capitalisme de plus en plus flexible, flottant, immatériel, sémiotique et cognitif, où le « service de vente » devient le centre ou l’âme de « l’entreprise » qui a remplacé « l’usine » de production désormais démantelée, automatisée, externalisée et assez souvent reléguée en périphérie du tiers-monde à l’instar des grandes enseignes multinationales qui se concentrent sur les logiques de Communication et le développement médiatique, si ce n’est psycho-technique, de leur « image de marque ». « On nous apprend que les entreprises ont une âme, ce qui est bien la nouvelle la plus terrifiante du monde. Le marketing est maintenant l’instrument du contrôle social, et forme la race impudente de nos maîtres » affirmera ainsi sans détours Gilles Deleuze. De même, « il n’y a pas besoin de science-fiction pour concevoir un mécanisme de contrôle qui donne à chaque instant la position d’un élément en milieu ouvert, animal dans une réserve, homme dans une entreprise (collier électronique). Félix Guattari imaginait une ville où chacun pouvait quitter son appartement, sa rue, son quartier, grâce à sa carte électronique (dividuelle) qui faisait lever telle ou telle barrière ; mais aussi bien la carte pouvait être recrachée tel jour, ou entre telles heures ; ce qui compte n’est pas la barrière, mais l’ordinateur qui repère la position de chacun, licite ou illicite, et opère une modulation universelle. »

Vision qui prend d’autant plus d’importance aujourd’hui avec l’informatisation généralisée de la société, l’injonction à la mobilité, l’hyperconnectivité et les projets de dissémination des technologies numériques et autres puces communicantes (informatique ubiquitaire/ubimedia) dans tout l’environnement physique de nos métropoles postmodernes où peut désormais s’opérer de façon massive, par la grâce de l’ingénierie logicielle, la traçabilité, la géolocalisation, le fichage et le profilage des « dividus » dispersés dans les flux et les réseaux, dans et par lesquels se dispensent désormais leur être-au-monde fantomatique sous « le règne de la Technique planétaire »

Notes

[1] Crédit photo : Daniel Zanini H. (Creative Commons)




La démocratie 2.0 à l’œuvre en France pour défendre la neutralité du réseau

Codice Internet - cc-by-saSujet récurrent depuis maintenant de nombreuses années, la Neutralité du Net, principe pourtant fondateur de l’Internet, est de plus en plus menacée. En France, plusieurs lois récentes l’attaquent, comme la Hadopi, la Loppsi ou l’Arjel. Mais c’est le cas partout en Europe, comme au Royaume Uni, en Allemagne ou en Italie. Et finalement, le reste du monde n’est pas non plus dans une ère favorable aux libertés comme on le constate en Australie ou en Nouvelle-Zélande, ainsi que dans beaucoup d’autres démocraties et de non-démocraties. La Neutralité du Net n’existe tout simplement plus en Chine ou en Iran ainsi que dans d’autres pays qui tentent ouvertement de contrôler l’opinion publique.

Les enjeux de cette Neutralité sont considérables, tant sur un plan économique, que politique et culturel. C’est l’existence même du réseau qui est en cause, car la Neutralité du Net c’est la prévention des discriminations à l’égard de la source, de la destination et du contenu de l’information transmise via le réseau.

Préserver cette situation de non-privilèges dans les télé-communications pourrait être naturel pour tous, mais ça ne l’est apparemment pas pour les fournisseurs d’accès à Internet, quand bien même la loi française définit la neutralité des réseaux de communication de manière claire et sans équivoque :

Article L32-1 du Code des Postes et communications électroniques :
II.-Dans le cadre de leurs attributions respectives, le ministre chargé des communications électroniques et l’Autorité de régulation des communications électroniques et des postes (note: ARCEP) […] veillent :
« 5° Au respect par les opérateurs de communications électroniquesdu secret des correspondances et du principe de neutralité au regard du contenu des messages transmis, ainsi que de la protection des données à caractère personnel; »
« 13° Au respect de la plus grande neutralité possible, d’un point de vue technologique, des mesures qu’ils prennent […] »

C’est cette liberté de transmission qui met tous les utilisateurs d’Internet sur un pied d’égalité, qui donne la même chance à tout le monde (qu’on soit une multinationale ou un artisan local) et qui permet à tous de recevoir et de distribuer l’information de son choix, et ce, quelques soient ses ressources financières ou son statut. C’est grâce à cette « neutralité » que de petites entreprises peuvent se faire connaître sur la toile et que les petits projets libres peuvent se développer. C’est comme ça que sont apparus Microsoft (un lecteur nous indique en commentaire que l’ancienneté de Microsoft, créé 1975, dessert l’argument, lisons donc « eBay » à la place), Google, ou Facebook… Et maintenant, des projets prometteurs voient le jour tels que Seeks, Diaspora ou Movim et peuvent se développer sans se faire phagocyter voire interdire par leurs « aînés » devenus d’influentes puissances commerciales.

Pourtant, aujourd’hui de nombreux opérateurs de télécommunications (Orange, Comcast, SFR, Free…) mais aussi des gouvernements souhaitent remettre en cause cette neutralité dans le but de monopoliser, ou de censurer les différents flux d’information, les protocoles, les sites, les blogs, nos paroles.

On peut parler entre autres de l’affaire Free / Dailymotion, de la polémique que le filtrage du Port 25 (SMTP) par Orange a suscité, de la loi LOPPSI ou de la loi sur les jeux en lignes (ARJEL) et de son obligation de filtrage alors qu’il a été démontré, plusieurs fois, que ce filtrage est impossible et peut avoir des effets collatéraux dangereux et simplement sans précédents. Autant de « petits » détails qui nous rappellent que la liberté d’expression, rendue possible par le numérique [1], est menacée et que la liste des dérives s’allonge.

Les gouvernements eux, cherchent à mettre en place des techniques de filtrage du réseau, bridant notre liberté d’expression (Hadopi en France), ou dans le but d’avoir la mainmise sur les organes de presses (Berlusconi en Italie), pour empêcher les manifestants de se concerter (Iran), ou filtrer des sites prétenduement « pédophiles » (Australie)…

C’est dans ce contexte qu’une loi sur la Neutralité du Net vient d’être proposées en France pour la fin de l’année. Et elle est bienvenue car la lecture du rapport « La neutralité de l’Internet. Un atout pour le développement de l’économie numérique » de la secrétaire d’État chargée de la Prospective et du Développement de l’économie numérique Nathalie Kosciusko-Morizet (UMP), fait froid dans le dos, comme le disait récemment Benjamin Bayart sur Écrans.fr : « Dans ce rapport, ce qui saute aux yeux, c’est l’incompétence ». Et en effet, de l’incompétence on en trouve dans ce rapport mais pas seulement, on trouve également des traces de lobbyisme de vendeurs de contenus ayant racheté un FAI, ou de FAI ayant acheté du contenu à vendre

C’est un autre personnage politique donc, le député Christian Paul (PS), qui a mis en ligne sur son blog une ébauche de proposition de loi consacrant la Neutralité du Net.

Pour compléter cette ébauche, il invite les citoyens à commenter et améliorer le texte en-ligne grâce à un outil libre : co-ment. Et il a également rédigé une tribune ré-affirmant l’importance de la Neutralité du Net en guise d’introduction à son projet de loi. C’est cette tribune, publiée conjointement sur Numérama et sur son blog (sous licence libre) que nous vous invitons à lire ci-dessous.

Il est primordial de réaliser l’importance de la Neutralité du Net et d’établir des règles pour la pérenniser. Cette loi ne doit pas être faite dans l’intérêt privé de certains groupes industriels, mais pour et par les citoyens. La France pourrait, sur ce sujet, retrouver ses Lumières et montrer la voie à suivre…

Merci à Skhaen pour la rédaction originale de cette introduction.

Proposition de loi visant à affirmer le principe de neutralité de l’internet, et son contenu

Christian Paul – 16 août 2010 – Numerama

I had a dream… J’ai fait un rêve, ou plutôt un cauchemar. Je me réveillais en 2030, buvais une tasse de café noir, puis allumais mon ordinateur, et me voyais soudain interdire l’accès à l’Internet. Mes dernières déclarations sur les pratiques abusives des géants de l’Internet n’y étaient certainement pas pour rien. Ou, du moins, quelques propos sur le « filtrage de bordure », directement intégré à ma « box » sous prétexte de lutte contre les contenus illicites, avec un « moteur de contrôle » jugeant automatiquement de la légalité de mes faits et gestes. Le service où je publiais jusqu’ici régulièrement des tribunes (lointain successeur de Médiapart, de Rue 89 ou de Numérama !), où j’avais accès à une information que l’on ne trouvait plus forcément dans les médias traditionnels, venait de fermer, après une longue descente aux enfers au gré de la généralisation des accords de priorisation de certains services et contenus. Un de mes principaux canaux d’expression avait disparu.

Ces derniers temps, ma « box » Internet me conseillait fermement (m’imposait même parfois) plusieurs heures par jour le visionnage de programmes choisis par mon opérateur. J’étais certes informé de cette limitation, mais que faire alors que tous les opérateurs se comportaient à l’identique et que le contournement de ce dispositif de contrôle était passible de prison ? J’avais eu par ailleurs à changer ces dernières années plusieurs fois d’équipement, au gré des accords exclusifs entre mon FAI avec le constructeur ou l’éditeur le plus offrant. Mes plaintes contre cette censure et cette vente forcée avaient été classées sans suite par le procureur compétent du tribunal de Nevers.

Je me souvenais alors qu’il y a plus de 20 ans, l’irruption de l’Internet portait la promesse d’une croissance durable de la diversité, de nouvelles médiations, d’un plus grand accès à l’information et à la culture et d’une amélioration du droit réel à l’initiative économique pour le plus grand nombre.

Mais depuis son ouverture au grand public au milieu des années 90, les coups de canifs à la liberté et l’égalité des utilisateurs du « réseau des réseaux » s’étaient multipliés. Les réseaux « de pair à pair » avaient été combattus en tant que tel, alors qu’ils ne sont pourtant que de simples outils dont seuls certains usages sont répréhensibles. Le choix de l’appareil de raccordement au réseau, la « box », avait progressivement été imposé aux particuliers par tous les opérateurs. Les services « exclusifs » s’étaient généralisés, après une période transitoire où ils étaient seulement plus prioritaires que les autres.

Retour à 2010, au cœur de l’été. Pourquoi faut-il s’inquiéter ? Le cadre juridique garantissant nos libertés a considérablement évolué [2], et les dernières années ont donné le signal de la régression. Mais aujourd’hui, le socle même de ces libertés est en jeu, du fait de l’évolution du cadre technique que préfigurent les débats actuels. Comme le dit Lawrence Lessig, « Code is Law », « le logiciel et le matériel font du cyberespace ce qu’il est » [3]. Pour autant, la menace n’est pas que technique. Jiwa, sur lequel j’aimais écouter de la musique, n’est pas aujourd’hui en liquidation du fait d’une censure généralisée du net ou de mutations du réseau, mais à cause du maintien d’un modèle inadapté de négociation de gré à gré des droits. Il produit des effets également très négatifs, et la responsabilité du gouvernement qui tarde à agir, écrasante.

Le débat sur la « neutralité du net », qui a cours en France ou aux Etats-Unis depuis des mois, doit être l’occasion de réaffirmer les principes d’ouverture et de liberté auxquels nous sommes attachés. À la laïcité garantissant la liberté de conscience et le libre exercice des cultes doit correspondre dans l’espace numérique une « laïcité informationnelle » garantissant nos libertés de choix, d’initiative et d’expression.

Qu’on ne s’y trompe pas ! Notre amour de la liberté nous conduit non pas au laisser-faire, mais au choix d’une « bonne » régulation. La transparence et l’information sur les pratiques des opérateurs ne suffisent à l’évidence pas. Les pouvoirs publics doivent prendre leurs responsabilités et garantir de nouveaux droits à tous les internautes. Nous n’accepterions pas que tel ou tel opérateur de réseau autoroutier n’accueille plus que les automobiles d’une certaine marque. De même, nous n’accepterions pas que les fournisseurs d’énergie électrique nous imposent le choix d’un panneau de raccordement ou de la marque de notre machine à laver. Il doit en être de même dans le monde numérique. Un accès à l’Internet n’est, au niveau le plus simple, qu’un ensemble de signaux électriques convoyés par notre fournisseur d’accès. Le choix de notre appareil de raccordement doit être libre, pour peu que les normes en vigueur ou à inventer rapidement soient respectées. Sous réserve du paiement permettant de disposer d’une puissance suffisante, chacun est également libre de faire fonctionner simultanément autant d’appareils électriques qu’il le souhaite. Il doit en être de même pour le numérique. Les règles de circulation des signaux numériques en notre domicile doivent relever de notre seul choix.

Choisissons un combat juste. Il ne s’agit pas ici de défendre le tout gratuit. Il est logique que celui qui consomme plus de ressources, par exemple en visualisant continuellement des vidéos en haute définition, ait à payer plus cher que celui qui envoie et reçoit quelques courriers électroniques par jour. Il s’agit par contre de s’assurer que l’utilisation du réseau restera libre et non faussée, tant en émission qu’en réception.

C’est pourquoi je transmets ces jours-ci à Jean-Marc Ayrault, président du groupe PS à l’Assemblée nationale le texte d’une proposition de loi affirmant le principe de neutralité de l’internet, et son contenu. Son article 1er est sans ambiguïté : « Le principe de neutralité doit être respecté par toute action ou décision ayant un impact sur l’organisation, la mise à disposition, l’usage commercial ou privé des réseaux numériques. Ce principe s’entend comme l’interdiction de discriminations liées aux contenus, aux tarifications, aux émetteurs ou aux destinataires des échanges numériques de données. »

Vous en lirez le texte complet sur mon blog. Aidez-moi à enrichir cette proposition, le principe et son contenu. C’est un nouveau combat pour la liberté du net, pour sa « bonne » régulation, pour résister à son asservissement commercial.

Vite, prenons date ! Mieux vaut prévenir, que tenter de réparer tardivement. La neutralité du net apparait, d’ores et déjà, comme un principe offensif, efficace et indispensable.

Christian PAUL, député de la Nièvre

Notes

[1] « l’imprimerie a permis au peuple de lire, Internet va lui permettre d’écrire » – Benjamin Bayart dans La bataille HADOPI 2009

[2] Avec les lois LCEN, DADVSI, la loi sur les jeux en ligne, HADOPI 1 et 2, en attendant la LOPPSI2…

[3] À lire en français sur le Framablog




Les statistiques du réseau Framasoft réactualisées au début 2010

Au mois d’octobre/novembre 2008, nous présentions ici-même les statistiques de l’ensemble du réseau Framasoft. Les voici réactualisées en janvier/février 2010 pour comparaison.

Globalement nous n’avons ni progressé ni régressé sachant cependant que nous n’avons pas pris en compte les nouveaux projets que sont par exemple Framalang, Framapack ou EnVenteLibre, qui drainent eux aussi leur petit lot de visiteurs. Ainsi sur une période d’un mois on dénombre 816.000 visiteurs, 1.132.000 visites et 2.726.000 pages vues (en 2008 : 807.000 visiteurs, 1.124.000 visites et 2.911.000 pages vues).

Plusieurs facteurs internes peuvent expliquer cette relative stagnation. Mais il est possible que les Facebook et les Twitter associés aux flux RSS aient eux aussi leur influence (ce qui pourrait expliquer que le Framablog se retrouve lui dans une bonne dynamique).

Du côté des OS, Linux et Mac ont pris en un peu plus d’un an quelques points à Windows, mais cela reste bien (trop) faible. Quant aux navigateurs, IE poursuit sa chute annoncée (mais plus lentement que prévu/souhaité) et Firefox a très légèrement baissé au profit de Chrome (comme nous avons eu l’occasion de le remarquer dans ce billet polémique).

Statistiques Framasoft entre le 11 janvier et le 10 février 2010

  • Framasoft
    • visiteurs/mois : 560 000
    • visites/mois : 717 000
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Les femmes, le logiciel libre, vous et moi aux RMLL 2010

CarbonNYC - CC byLorsque Jean-Pierre Archambault m’a invité le 7 juillet prochain à participer à une table ronde « Le genre et le logiciel libre » aux Rencontres Mondiales du Logiciel Libre de Bordeaux, je me suis senti gentiment piégé.

Pourquoi moi ? On ne peut malheureusement pas dire que la proportion de femmes dans la communauté Framasoft soit véritablement supérieure à la moyenne des autres projets du Libre, c’est-à-dire très faible.

Certes, mais si je refuse, ne va-t-on pas me suspecter d’indifférence au sujet, voire même de misogynie ?

J’ai donc accepté 😉

Mais afin de ne pas trop dire de bêtises et préparer quelques petites antisèches bien senties, j’en appelle à votre participation dans les commentaires ci-dessous. En espérant conserver le climat serein, la qualité d’argumentation et les échanges courtois qui s’y déroulent actuellement, malgré le caractère souvent polémiques de certains récents billets tels ceux sur l’iPad, Chrome ou Ubuntu. En espérant également que quelques femmes nous apporteront leurs témoignages.

J’avais ainsi introduit un vieil article du Framablog qui proposait (quelque peu maladroitement) Dix façons d’attirer facilement la gent féminine vers votre projet libre :

Prenez 100 développeurs de logiciels, vous n’y trouverez que 28 femmes. Prenez maintenant 100 développeurs de logiciels libres, vous n’y trouverez alors plus que 2 femmes !

Ce sera certainement la base de notre discussion, avec, dans l’ordre de progression et d’importance, trois grandes familles de questions :

  • Oui, mais est-ce réellement un problème ?
  • Pourquoi une telle sous-représentation ?
  • Que peut-on faire pour y remédier ?

Les femmes sont minoritaires dans le secteur informatique, ce qui est déjà significatif en soi. Mais à l’intérieur de ce secteur, elle sont quasiment absentes du logiciel libre ! Pourquoi un tel écart, alors que le logiciel libre n’a de cesse de vanter ses vertus communautaires et que les fameuses 4 libertés qui le caractérisent sont par essence non discriminantes ?

Le constat est là. Il est paradoxal et difficile à admettre lorsque l’on prône l’ouverture à longueur de journée[1].

Remarque : Outre cette table ronde, les RMLL proposeront également le 8 juillet une conférence de Perline sur le même sujet où l’on ne risque pas de s’ennuyer à en juger par la pugnace présentation.

« Le genre et le logiciel libre » aux RMLL 2010 – Entretien avec Jean-Pierre Archambault


6% seulement de femmes dans le logiciel libre !

JPA : Oui. Le chiffre en surprend plus d’un. Richard Stallman aime à dire, avec raison : « Liberté-Egalité-Fraternité »… Si le chiffre surprend, il n’en est pas moins là. D’où un souci de comprendre le pourquoi de cette situation. Pour éventuellement conclure que cela s’explique très bien, ce qui ne signifie nullement s’en accomoder. La question est donc posée et le thème du genre émerge dans différentes manifestations du logiciel libre. Pour réfléchir et, si possible, agir.


Ce sera le cas aux RMLL 2010

JPA : Différentes initiatives sont prévues. Dans le cadre des journées du pôle de compétences logiciels libres du Scérén, le 7 juillet une table ronde sera proposée et le 8 juillet auront lieu des entretiens collectifs avec des chercheurs du laboratoire EDA de Paris 5 Sorbonne ainsi que des interviews filmés en coopération avec l’équipe audiovisuelle des RMLL (3). Les entretiens s’inscrivent dans le cadre d’un projet du laboratoire. Les volontaires prêts à participer à ces entretiens d’environ 40 minutes (6 participants par groupe) sont les bienvenus. Il s’agira de discuter librement de leurs parcours et de leurs expériences relatifs aux logiciels libres[2]. Le 8 juillet également, une conférence sera organisée par Perline.


Une dimension éducative ?

JPA : On connaît la place de l’éducation reçue dans les déterminations de chacun, les stéréotypes véhiculés. Cela vaut pour des problématiques générales comme « le genre et l’informatique », « le genre et la science » et, en définitive, la condition féminine dont « le genre et le logiciel libre » constitue une de leurs déclinaisons.


La situation dans l’informatique en général

JPA : On compte environ 25% de femmes dans le secteur des TIC. Dans les professions de l’informatique, on constate une régression. En effet, au début, les femmes y étaient nombreuses : les stéréotypes ne jouaient pas, il y avait un espace à occuper, à conquérir, notamment pour ceux et celles qui pouvaient se sentir « mal à l’aise » dans d’autres domaines comme les mathématiques par exemple. L’informatique ne porte pas en elle-même des choses hostiles aux femmes. Mais on retrouve l’influence de ce qui est « technique ». Ainsi y a-t-il moins de femmes dans les domaines du matériel et de l’architecture, le rapport au tableur a une connotation masculine dans les formations techniques (industrielles) mais pas dans le domaine teriaire où il y a beaucoup de femmes. On ne constate pas de différence pour la programmation.


Et dans le libre ?

JPA : Il y a apparemment plus de femmes dans le libre au sein des entreprises que dans les communautés de développeurs. On connaît le prestige accordé à l’écriture du code dans le libre. Mais le geek est marqué au masculin et le libre garde une aura de transgression, un côté « Robin des bois ». Les femmes s’investissent davantage dans les travaux « annexes », moins valorisés, dans une démarche de bien commun avec un but collectif. Les hommes, plus engagés dans les stratégies de pouvoir, privilégient ce qui se voit, les activités « nobles ». Et codent sur leur temps libre (quand il ne s’agit pas d’une activité professionnelle). Et l’on sait que le temps libre n’est pas (encore) la chose la mieux partagée dans le monde des genres. On retombe sur la condition féminine.


L’informatique est une science

JPA : On retrouve la question du positionnement des filles par rapport aux carrières scientifiques avec, circonstance aggravante jusqu’ici, l’absence d’une discipline informatique au lycée. De ce point de vue également, la création d’un enseignement de spécialité optionnel « Informatique et sciences du numérique » en Terminale S à la rentrée 2012 est une bonne chose. Les lycéennes réussissent aussi bien (mieux même) que les lycéens dans les matières scientifiques. Et pourtant, elles ne choisissent pas ensuite les filières et carrières scientifiques comme elles pourraient y prétendre. Avec des différenciations au sein des disciplines (par exemple les statistiques et les probabilités en mathématiques par rapport aux autres domaines) ou d’une discipline à l’autre (il y a beaucoup de filles en biologie).


Des rendez-vous

JPA : La réflexion est engagée mais elle va se poursuivre en se diversifiant. Les questionnements ne manquent pas. Rendez-vous donc à Bordeaux début juillet aux RMLL 2010, pour les débats, les entretiens et les interviews. Puis lors du prochain Forum Mondial du Libre à Paris, les 30 septembre et 1er octobre 2010. Signalons également le projet européen Predil (Promoting Equality in Digital Literacy) dont une rencontre en septembre prochain en Slovaquie s’intéressera notamment au thème du genre dans le logiel libre.

Notes

[1] Crédit photo : CarbonNYC (Creative Commons By)

[2] On peut d’ores et déjà s’inscrire aux entretiens collectifs en adressant un message à Ayuko Sedooka (ayuko76 AT gmail.com), copie à jean-pierre.archambault AT ac-paris.fr.




Imagine there is no copyright – Traducthon 2.0 – RMLL 2010

Imagine there is no CopyrightLors de la dernière Ubuntu Party à Paris, les framalinguistes ont lancé avec succès le premier « Traducthon ». Ce coup d’essai réussi ne pouvant rester orphelin, Framalang relève son propre gant. La deuxième édition du Traducthon (ou Traducthon 2.0) aura donc lieu du 6 au 9 juillet prochain à Bordeaux au cours des fameuses et célèbres Rencontres Mondiales du Logiciel Libre[1].

L’ambition est cette fois plus grande. La gourmandise des framalinguistes n’ayant pas de limite, nous ne pouvions donc nous limiter à un article. 4 jours d’intenses traductions, relectures, reformulations, mise en page, bières s’offrent à nous. Le texte sélectionné se devait donc d’être à la hauteur.

Le choix de Framalang s’est porté sur un livre au cœur de l’actualité : Imagine there is no copyright and no cultural conglomerates too / An essay (ce qui donne en français et en chantonnant du John Lennon : Imaginez qu’il n’y ait ni droit d’auteur ni industrie culturelle / un essai).

Ce document des néerlandais Joost Smiers et Marieke Van Schijndel analyse dans le détail les raisons du déclin du droit d’auteurs tel qu’il a été conçu à une époque d’avant l’immatériel, et pourquoi il ne peut survivre à l’univers numérique dont la présence est croissante dans nos vies quotidiennes. Cet essai propose par ailleurs un certain nombre de pistes, permettant de transformer le marché hyper-dominé de l’industrie culturelle en marché de micro-entrepreneurs de cette même culture, permettant une ouverture maximale du marché, en libérant les créateurs et en leur permettant de se rapprocher de leur public.

When a limited number of conglomerates control our common area of cultural communication to a substantial degree, then that undermines democracy. The freedom to communicate for everyone and everyone’s right to participate in his or her society’s cultural life, as promised in the Universal Declaration of Human Rights, can become diluted to the unique right of a few heads of companies and investors and the ideological and economic agendas to which they work.

Ce qui pourrait se traduire par :

Lorsqu’un nombre réduit de groupes industriels contrôle à un certain point notre univers commun de communication culturelle, il sape alors la démocratie. La liberté de chacun de communiquer et le droit de chacun de participer à la vie culturelle de sa propre société, tels que promis par la Déclaration Universelle des Droits de l’Homme, peuvent se trouver dilués dans le droit unique de quelques dirigeants d’entreprises ou de quelques investisseurs, et dans les priorités idéologiques et économiques pour lesquelles ils travaillent.

Tous ceux qui le souhaitent peuvent participer à cette aventure avec nous. La traduction aura lieu sur le Pad de Framasoft. L’exercice de la traduction nécessite des compétences aussi variées que la maîtrise de l’anglais, la capacité de reformulation ou celle d’assurer la cohérence du style, une relecture attentive, mais surtout une grande ouverture d’esprit.

Toutes les bonnes volontés sont donc les bienvenues, sur place ou à distance. Et, as usual, dans la joie et dans la bonne humeur 😉

Notes

[1] Le week-end (10 et 11 juillet), les RMLL auront lieu en centre ville, et ne nous permettront pas de poursuivre la traduction en direct.




20 pays et 250 villes au Festival d’Initiation au Logiciel Libre en Amérique Latine

FLISOL Antigua Piñatas - Public DomainUne nouvelle confirmation qu’il y a décidément une belle énergie autour du logiciel libre en Amérique Latine.

Un article qui vaut surtout pour ces nombreux liens (en langue originale) mais qui est également pour moi l’occasion de vous présenter le projet Global Voices, « un réseau mondial de blogueurs qui sélectionnent, traduisent et publient des revues de blogs du monde entier »[1].

Amérique Latine : Le festival d’initiation au logiciel libre 2010

Latin America: Free Software Installation Festival 2010

Renata Avila – 30 avril 2010 – Global Voices
(Traduction : Loïc – Licence Creative Commons By)

Dans toute l’Amérique latine, le logiciel libre est devenu essentiel pour de nombreux pays et de nombreuses personnes qui ont choisi d’utiliser ces outils, dans les administrations publiques et pour répondre à différents problèmes. A Cuba par exemple, le mouvement pour le logiciel libre a soutenu le développement durable. Le gouvernement équatorien a quant à lui mis en avant une politique d’adoption du logiciel libre, d’une façon similaire au Brésil, un autre chef de file du logiciel libre et de la culture « libre ».

Le 24 avril 2010, de nombreux développeurs et utilisateurs des logiciels libres en Amérique Latine ont célébré ce mouvement par une fête nommée FLISOL2010, comme l’explique Leo ci-dessous :

FLISOL est le Festival d’Initiation au Logiciel Libre en Amérique Latine, un événement organisé par la communauté latino-américaine du logiciel libre depuis 2005. FLISOL a lieu le quatrième samedi d’avril chaque année. La sixième édition de FLISOL a été célébrée le 24 avril 2010. Aujourd’hui, FLISOL est sans aucun doute le plus important événement FOSS en Amérique Latine et peut être même le plus important « installfest » de la planète. L’édition 2010 de FLISOL a été organisée simultanément par 20 pays et 250 villes dans toute l’Amérique latine et, pour la première fois, en Europe (trois événements locaux en Espagne).

Dans chaque région, les célébrations sont différentes. Par exemple, à Antigua, au Guatemala, une Piñata a été cassée en l’honneur du logiciel libre ; c’était l’une des nombreuses animations organisées par Antigualug, un groupe d’utilisateurs de Linux.

Les fêtes de la FLISOL à Caracas, au Venezuela, ont associé les activités à des concerts de musique.

Le Nicaragua a célébré le mouvement avec les communautés d’Estelí, de Granada et de Managua et l’auto-proclamé « Installers Rock-Stars Team ». Les communautés d’Amérique Centrale ont joint leurs efforts pour s’intégrer au sein des communautés du Logiciel Libre, comme on peut le lire sur le site des utilisateurs de logiciels libres de « Central America Planet ».

L’Uruguay a de son côté célébré le mouvement en installant Fedora. A Mexico, les activités ont eu lieu dans différents lieux où les organisateurs ont installé des logiciels libres sur les ordinateurs de nombreux nouveaux utilisateurs, tandis que huit villes chiliennes ont accueilli également les fêtes FLISOL2010. Cuba a également organisé des activités simultanées dans différentes localités, de la Havane à Matanzas.

Enfin, Mozilla Colombie et l’OpenBSD de la ville de Medellín ont participé aux événements organisés en Colombie. Un marathon FLISOL s’est déroulé entre trois villes, à San Cristóbal, à Cúcuta et à Pamplona.

Ces quelques nouvelles sont un simple tour d’horizon destiné à montrer comment le logiciel libre en Amérique Latine crée un réseau dynamique et interconnecté, quelque soit les milieux sociaux, politiques et ethniques, pour collaborer et innover ensemble. Une “plateforme partagée” encourageant une « culture partagée » : pour plus d’informations et pour établir des connexions, lire le blog Planète du Logiciel Libre Latino-Américain.

Notes

[1] Crédit Photo : FLISOL Antigua Piñatas (Public Domain)