En finir avec la taxe copie privée

Inspiré par le récent débat auquel il a participé dans la dernière édition d’Au café libre dans l’émission Libre à vous ! de l’April, Gee nous propose cette semaine un point sur la fameuse « taxe copie privée ».

En finir avec la taxe copie privée

Il paraît qu’il serait question d’étendre la redevance pour copie privée aux ordinateurs…

La Geekette, blasée : « En même temps, qu'est-ce qui n'est pas encore taxé pour copie privée, de nos jours ? » Gee, les bras croisés : « Ouais, il y a déjà les DVD, disques durs, clefs USB, bientôt le cloud et le replay… Taxez mon slip, tant que vous y êtes, j'y ai copié le dernier M. Pokora récemment. Une gastro fulgurante. »

Pour rappel, la fameuse « taxe copie privée » est prélevée sur les supports de stockage pour compenser le manque à gagner dû aux copies d’œuvres que les gens peuvent réaliser pour leurs usages personnels.

Années 90. Un ayant droit montre une image d'un couple dans une voiture : « Regardez, ce couple qui transfère le dernier CD de Bon Jovi sur cassette audio pour pouvoir l'écouter dans la voiture ! C'est une cassette de Bon Jovi de vendue en moins !  Taxons donc les cassettes enregistrables ! »

Le couple répond : « Euuh, mais en fait, si on n'avait pas pu copier le CD sur cassette, je pense pas qu'on aurait acheté le CD *et* la cassette. » L'ayant droit, surpris : « Hein ?! » Le couple : « Bah ouais, on aurait juste acheté la cassette directement, a priori. »

L'ayant droit met un coup de pied discret dans l'image (« Héééé ! ») en disant, avec une goutte de sueur : « Ahem, je disais donc : la copie d'œuvre dans le cadre familial est un GROS manque à gagner pour les ayants droit ! Haha ! Voilà voilà. »

Malgré sa justification pour le moins fumeuse, cette taxe est en place depuis 1985 et a petit à petit été étendue à tout et n’importe quoi.

2021. Deux mecs bourrés dans un bar : « T'sais quoi ! Les gens… sont tous collés à leur smartfeaunz, là… Pendant c'temps, z'achètent plus de dixes… de dikce… de disques, là ! » L'autre : « Bah on s'en fout, Roger, on les a d'jà taxé, les smortphanes… » Le premier : « Taratataaa ! Et les téléphones recon… reponditionnés, alors ? Reconsidionnés…  raah, recon-truc, là ! »

Eh oui, depuis 2021, les smartphones reconditionnés sont aussi taxés pour la copie privée.

Parce que l’écologie, c’est sympa, mais faudrait pas que la sobriété impacte les rentiers.

Gee, lisant un journal : « La taxe copie privée, c'est 300 millions d'euros par an, quand même. Avec une redistribution à peu près aussi opaque que celle de la SACEM. » La Geekette : « Ça concerne tellement de supports avec des coûts répercutés partout que c'est carrément un amplificateur d'inflation… »

Oui, car peu importe si votre support n’accueillera jamais la moindre copie d’œuvre, il sera taxé tout pareil. Même pour un usage professionnel.

L'ayant droit : « Ah, mais pour un usage professionnel, vous pouvez tout à fait demander le remboursement de la taxe. Il vous suffit de suivre ce plan, de demander le laissez-passer A38, avec le formulaire bleu, comme stipulé dans la nouvelle circulaire B65. » Le plan est une copie de la maison des fous d'Astérix et les 12 travaux.

Ce qui est fou, c’est que si on y réfléchit bien, quand bien même cette taxe serait justifiée…

La copie privée, ça ne se fait quasiment plus.

Gee, derrière son ordinateur : « Moi je sais encore ripper un DVD, mais c'est quoi la proportion de la population qui fait ça ? Et qui copie encore des trucs sur cassette ? Qui s'amuse à sauvegarder sa discothèque sur disque dur ? » Le smiley : « Et on parle même pas des DRM et autres protections qui empêchent de toute façon la copie privée, au passage… »

À l’heure de l’hégémonie du streaming où on possède physiquement de moins en moins d’œuvres – et où, mécaniquement, les occasions de les copier sur support deviennent donc rares –, il semble paradoxal que les revenus de la taxe copie privée continuent d’augmenter inexorablement.

L'ayant droit, avec un sourire carnassier : « Bah vous pensez bien, c'est justement parce que les revenus s'effondrent qu'on est obligés d'étendre de plus en plus les domaines d'application de la taxe, sinon on s'en sort pas. » Le smiley : « Tout s'explique. »

Vous allez me dire : « mais Gee, tu te bases juste sur ton ressenti, rien ne prouve que la copie privée diminue, c’est pas très scientifique comme approche. »

En effet, mais il se trouve que les études scientifiques sont étrangement refusées par… les ayants droit.

Auraient-ils peur de ce qu’une étude sérieuse pourrait révéler ?

Gee, montrant un document : « La Fédération Française des Télécoms a même publié un communiqué pour dénoncer ce refus de toute nouvelle étude fiable. » Le communiqué : « Une nouvelle fois, nous constatons le rejet en bloc par les ayants droit de toute méthode complémentaire aux études d’usages telles que réalisées depuis 2012, malgré des propositions de la part des industriels fondées sur un travail reconnu. (...)  L’opposition de principe des ayants droit à la réalisation d’une étude de faisabilité relative à un dispositif d’analyse des terminaux traduit le refus de toute modernisation. Pourtant, les usages en matière de copie ont significativement évolué, considérant en particulier le développement de l’offre légale de streaming sur abonnement pour la musique ou la vidéo. »

En réalité, c’est un secret de polichinelle que cette taxe est un prétexte pour compenser les pertes de ce que les ayants droit appellent « piratage », soit une copie pas du tout privée mais bien publique cette fois.

Gee, coincé entre une enclume « copie privée » et un marteau « Hadopi » : « Outre que la copie publique a elle aussi largement baissé avec le développement des offres légales, c'est un peu la double peine. Non seulement on se fait taxer, mais ça reste illégal. » Le smiley : « Un peu comme si les flics prélevaient une taxe sur le cannabis avant d'embarquer le dealer. »

Bref, de deux choses l’une :

Soit la taxe copie privée est vraiment une taxe sur la copie privée, et dans ce cas-là, adaptons-la aux usages actuels… et supprimons-la.

L'ayant droits explose : « KOUWA ?! Mais il y a encooooore de la copie privée, on peut paaas la supprimer ! » Gee lui lance deux piécettes : « Bon ok, j'avoue, j'ai numérisé deux vinyles cette année, voilà ta piécette. Va t'acheter des bonbons. »

Soit la taxe copie privée est plutôt une taxe sur la copie publique, et dans ce cas-là, foutez-nous la paix une bonne fois pour toutes avec le piratage.

La Geekette : « Tiens, le dernier Nolan est sur The Pirate Bay. » Mec lambda : « Mais ça te dérange pas de pas l'avoir payé ? » La Geekette : « Je l'ai déjà payé avec les taxes sur mon ordinateur, mon disque dur externe, mes clefs USB, mon téléphone… Et sur le slip de Gee. » Note : BD sous licence CC BY SA (grisebouille.net), dessinée le 27 novembre 2023 par Gee.

Sources :

Crédit : Gee (Creative Commons By-Sa)




PeerTube v6 is out, and powered by your ideas !

It’s #givingtuesday, so we’re giving you PeerTube v6 today! PeerTube is the software we develop for creators, media, institutions, educators… to manage their own video platform, as an alternative to YouTube and Twitch.

🦆 VS 😈: Let’s take back some ground from the tech giants!

Thanks to your donations to our not-for-profit, Framasoft is taking action to advance the ethical, user-friendly web. Find a summary of our progress in 2023 on our Support Framasoft page.

➡️ Read the series of articles from this campaign (Nov. – Dec. 2023)

The sixth major version is being released today and we are very proud! It is the most ambitious one since we added peer-to-peer livestreaming. There is a good reason for that: we packed this v6 with features inspired by your ideas!

We are so eager to present all the work we achieved that we’ll get right into it. But stay tuned: in two weeks, we’ll take more time to talk about PeerTube’s history, the state of this project and the great plans we have for its future!

Illustration of Videoraptor, an insectoid monster whose three heads bear the logos of YouTube, Vimeo and Twitch.
Click to support us and help push back Videoraptor – Illustration CC-By David Revoy

This year: two minor updates and a major achievement

In 2023, and before preparing this major update, we released only two minor versions… but one of them brought to the table a major technical feature that will help democratize video hosting even more.

March 2023: PeerTube v5.1

You’ll get more details in the news dedicated to the 5.1 release, so to keep it short, this version brought:

  • an « asking for an account » feature, where instance moderators can manage and moderate news account requests;
  • a back-to-live button, so in case you lag behind during a livestream, you can go back to the direct
  • Improvements on the authentication plugin, to facilitate signing on with external credentials

June 2023: PeerTube 5.2…

As you’ll find out in our 5.2 release blogpost, there were some smaller but important new features such as:

  • Adapting RSS feeds to podcast standards, so any podcast client could be able to read a PeerTube channel, for example
  • The option to set the privacy of a livestream replay, that way streamers can choose beforehand if the replay of their live will be Public, Unlisted, Private or Internal
  • Improved mouse-free navigation: for those who prefer or need to navigate using their keyboard
  • And upgrades in our documentation (it’s quite thorough: check it out!)

…with a major feature: Remote Transcoding

But the game changer in this 5.2 release was the new remote transcoding feature.

When a creator uploads a video (or when they are streaming live), PeerTube needs to transform their video file into an efficient format. This task is called video transcoding, and it consumes lots of CPU power. PeerTube admins used to need (costly) big-CPU servers for a task that wasn’t permanent… until remote transcoding.

Remote transcoding allows PeerTube admins to deport some or all of their transcoding tasks to another, more powerful server, one that can be shared with other admins, for example.

It makes the whole PeerTube administration cheaper, more resilient, more power-efficient… and opens a way of sharing resources between communities!

We want, once again to thank the NGI Entrust program and the NLnet foundation for the grant that helped us achieve such a technical improvement!

Drawing of Sepia, PeerTube's octopus mascot. They are wearing a superhero cape, with the initials "6" on his chest.
Click to support us and help Sepia reach their potential – Illustration CC-By David Revoy

PeerTube v6 is Based… (on your ideas)

Enough with the past, let’s detail the features of this new major version. Note that, for this whole 2023 roadmap, we developed features suggested and upvoted by… you! Or at least by those of you who shared your ideas on our feedback website.

Protect your videos with passwords!

That was a very awaited feature. Password-protected videos can be used in lots of situations: to create exclusive content, mark a step in an educational plan, share videos with people trusted by the ones you trust…

On their PeerTube account, creators can now set a single password when they upload, import or update the settings of their videos.

But with our REST API, admins and developers can take it a step further. They can set and store as many passwords as they want, thus easily give and revoke access to videos.

This feature was the work of Wicklow, during his internship with us.

Video storyboard: preview what’s coming!

If you like to peruse your videos online, you might be used to hover the progress bar with your mouse or finger. Usually, a preview of the frame appears as a thumbnail: that’s called a storyboard feature, and that’s now available in PeerTube!

Please note that as Storyboards are only generated when uploading (or importing) a video, they will only be available for new videos of instances that upgraded to v6…

Or you can ask, very kindly, to your admin(s) that they use the magical npm run create-generate-storyboard-job command (warning: this task might need some CPU power), and generate storyboards for older videos.

Upload a new version of your video!

Sometimes, video creators want to update a video, to correct a mistake, offer new information… or just to propose a better cut of their work!

Now, with PeerTube, they can upload and replace an older version of their video. Though the older video file will be permanently erased (no backsies !), creators will keep the same URL, title and infos, comments, stats, etc.

Obviously, such a feature requires trust between videomakers and admins, who don’t want to be responsible for a cute kitten video being « updated » into an awful advertisement for cat-hating groups.

That’s why such a feature will only be available if admins choose to enable it on their PeerTube platforms, and will display a « Video re-upload » tag on updated videos.

Get chapters in your videos!

Creators can now add chapters to their videos on PeerTube. In a video settings page, they’ll get a new « chapters » tab where they’ll only need to specify the timecode and title of each chapter for PeerTube to add it.

If they import their video from another platform (cough YouTube cough), PeerTube should automatically recognize and import chapters set on this distant video.

When chapters are set, markers will appear and segment the progress bar. Chapter titles will be displayed when you hover or touch one of those chapters segments.

Stress tests, performance and config recommandations

Last year, thanks to French indie journalist David Dufresne’s Au Poste! livestream show and his hoster Octopuce, we got a livestream stress test with more than 400 simultaneous viewers: see the report here on Octopuce’s blog[FR].

Such tests are really helpful to understand where we can improve PeerTube to reduce bottlenecks, improve performance, and give advice on the best configuration for a PeerTube server if an admin plans on getting a lot of traffic.

That’s why this year, we have decided to realize more tests, with a thousand simultaneous users simulated both in livestream and classic video streaming conditions. Lots of thanks and datalove to Octopuce for helping us deploy our test infrastructure.

We will soon publish a report with our conclusions and recommended server configurations depending on usecases (late 2023, early 2024). In the meantime, early tests motivated us to add many performances improvements into this v6, such as (brace yourselves for the technical terms):

  • Process unicast HTTP job in worker threads
  • Sign ActivityPub requests in worker threads
  • Optimize recommended videos HTTP request
  • Optimize videos SQL queries when filtering on lives or tags
  • Optimize /videos/{id}/views endpoint with many viewers
  • Add ability to disable PeerTube HTTP logs

…and there’s always more!

A new major version always comes with its lot of changes, improvements, bugfixes, etc. You can read the complete log here, but here are the highlights:

  • We needed to settle a technical debt: v6 removes support for WebTorrent to focus on HLS (with WebRTC P2P). Both are technical bricks used to get peer-to-peer streaming in web browsers, but HLS is more fitted to what we are doing (and plan to do) with PeerTube
  • The video player is more efficient
    • It is not being rebuilt anymore every time the video changes
    • It keeps your watching settings (speed, fullscreen, etc.) when the video changes
    • It automatically adjust its size to match the video ratio
  • We have improved SEO, to help videos hosted on a PeerTube platform appear higher in the search results of search engines
  • We worked a lot on improving PeerTube’s accessibility on many levels, to streamline the experience of people with disabilities.

Illustration de Yetube, un monstre de type Yéti avec le logo de YouTube Premium.
Click to support us and help push Yetube back – CC-By Illustration David Revoy

What about PeerTube’s future?

With YouTube waging war against adblockers, Twitch increasingly exploiting streamers, and everyone becoming more and more aware of the toxicity of this system… PeerTube is getting traction, recognition and a growing community.

We have so many announcements to make about the future we plan for PeerTube, that we will publish a separate news, in two weeks. We are also planning on hosting an « Ask Us Anything » livestream, to answer the questions you’d have about PeerTube.

Please stay tuned by subscribing to PeerTube’s Newsletter, following PeerTube’s Mastodon account or keeping an eye on the Framablog.

Drawing in the style of a fighting video game, where the octopus of PeerTube and the monster of YouTube, Twitch and Vimeo go head to head.
Click to support us and help Sepia push back Videoraptor – Illustration CC-By David Revoy

Thank you for supporting PeerTube and Framasoft

In the meantime, we want to remind you that all these developments were achieved by only one full-time payed developer, an intern, and a fabulous community (lots of datalove to Chocobozzz, Wicklow, and the many, many contributors: y’all are amazing!)

Framasoft being a French not-for-profit mainly funded by grassroots donations (75% of our yearly income comes from people like you and us), PeerTube development has been funded by two main sources:

  • French-speaking FOSS enthusiasts
  • Grants from the NGI initiative, through NLnet (in 2021 & 2023)

If you are a non-French-speaking PeerTube aficionado, please consider supporting our work by making a donation to Framasoft. It will greatly help us fund our many, many projects, and balance our 2024 budget.

Once again this year we need you, your support, your sharing to help us regain ground on the toxic GAFAM web and multiply the number of ethical digital spaces. So we’ve asked David Revoy to help us present this on our support Framasoft page, which we invite you to visit (because it’s beautiful) and above all to share as widely as possible:

Screenshot of the Framasoft 2023 donation bar at 12% - €23575

If we are to balance our budget for 2024, we have five weeks to raise €176,425: we can’t do it without your help!

Support Framasoft

Thanks again for supporting PeerTube,
Framasoft’s team.




PeerTube v6 est publié, et conçu grâce à vos idées !

C’est #givingtuesday (« jour des dons »), donc nous vous offrons PeerTube v6 aujourd’hui ! PeerTube est le logiciel que nous développons pour les créatrices, médias, institutions, enseignants… Pour gérer leur propre plateforme vidéo, comme une alternative à Youtube et Twitch.

🦆 VS 😈 : Reprenons du terrain aux géants du web !

Grâce à vos dons (défiscalisables à 66 %), l’association Framasoft agit pour faire avancer le web éthique et convivial. Retrouvez un résumé de nos avancées en 2023 sur le site Soutenir Framasoft.

➡️ Lire la série d’articles de cette campagne (nov. – déc. 2023)

La sixième version majeure est publiée aujourd’hui et nous en sommes très fier·es ! C’est la plus ambitieuse depuis l’ajout du streaming en direct et en pair-à-pair. Il y a une bonne raison à cela : nous avons rempli cette v6 de fonctionnalités inspirées par vos idées !

Nous sommes tellement impatient·es de vous présenter tout le travail que nous avons accompli que nous allons le faire sans introduction... mais pensez à nous suivre ! Dans deux semaines, nous prendrons plus de temps pour parler de l’histoire de PeerTube, de l’état actuel de ce projet et des grands projets que nous avons pour son avenir !

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Cette année : deux mises à jour mineures et une avancée majeure

En 2023, et avant de préparer cette mise à jour majeure, nous n’avons publié que deux versions mineures… mais l’une d’entre elles a apporté une fonctionnalité technique majeure qui contribuera à démocratiser encore davantage l’hébergement de vidéos. 

Mars 2023 : PeerTube v5.1

Vous trouverez plus de détails dans la news dédiée à la version 5.1, donc pour faire court, cette version apporte :

  • une fonctionnalité « demander un compte », où les modérateurices d’instance peuvent gérer et modérer les nouvelles demandes de compte ;
  • un bouton de retour au direct, qui vous permet de revenir au direct lorsque vous êtes à la traîne lors d’un direct ;
  • Améliorations du plugin d’identification, pour faciliter la connexion avec des identifiants externes.

Juin 2023 : PeerTube 5.2…

Comme vous le découvrirez dans notre article de blog sur la version 5.2, il y a eu quelques nouvelles fonctionnalités plus petites mais importantes telles que :

  • L’adaptation des flux RSS aux standards de podcast, de sorte que n’importe quel logiciel de podcast puisse être capable de lire une chaîne PeerTube, par exemple ;
  • L’option permettant de définir la confidentialité de la rediffusion d’un direct, afin que les vidéastes puissent choisir à l’avance si la rediffusion de leur live sera Publique, Non listée, Privée ou Interne ;
  • Amélioration de la navigation sans souris : pour celles qui préfèrent ou ceux qui doivent naviguer à l’aide de leur clavier ;
  • Et des améliorations de notre documentation (elle est très complète : consultez-la !).

…avec une fonctionnalité majeure : le transcodage distant

Mais ce qui a changé la donne dans cette version 5.2, c’est la nouvelle fonctionnalité de transcodage à distance.

Lorsqu’une vidéaste télécharge une vidéo (ou lorsqu’elle diffuse en direct), PeerTube doit transformer son fichier vidéo dans un format efficace. Cette tâche est appelée transcodage vidéo et consomme beaucoup de puissance de calcul (CPU). Les administratrices de PeerTube avaient besoin de gros serveurs CPU (coûteux) pour une tâche qui n’était pas permanente… jusqu’au transcodage à distance.

Le transcodage à distance permet aux administrateurs de PeerTube de déporter tout ou partie de leurs tâches de transcodage sur un autre serveur, plus puissant, qui peut être partagé avec d’autres administratrices, par exemple.

Cela rend l’ensemble de l’administration PeerTube moins chère, plus résiliente, plus économe en énergie… et ouvre une voie de partage des ressources entre les communautés !

Nous voulons, une fois de plus, remercier le programme NGI Entrust et la fondation NLnet pour la bourse qui nous a permis de réaliser une telle amélioration technique !

Drawing of Sepia, PeerTube's octopus mascot. They are wearing a superhero cape, with the initials "6" on his chest.
Cliquez pour nous soutenir et aider Sepia à atteindre son potentiel – Illustration CC-By David Revoy

PeerTube v6 est frais… grâce aux idées que vous nous avez soufflées !

Assez parlé du passé, détaillons les fonctionnalités de cette nouvelle version majeure. Notez que, pour toute cette feuille de route 2023, nous avons développé des fonctionnalités suggérées et votées par… vous ! Ou du moins par celles et ceux d’entre vous qui ont partagé leurs idées sur notre site de suggestions (en anglais)).

Protégez vos vidéos avec des mots de passe !

Cette fonctionnalité était très attendue. Les vidéos protégées par un mot de passe peuvent être utilisées dans de nombreuses situations : pour créer un contenu exclusif, marquer une étape dans un parcours pédagogique, partager des vidéos avec des personnes de confiance…

Sur leur compte PeerTube, les vidéastes peuvent désormais définir un mot de passe unique lorsqu’iels téléchargent, importent ou mettent à jour les paramètres de leurs vidéos.

Mais avec notre API REST, les administrateurs et les développeuses peuvent aller plus loin. Iels peuvent définir et stocker autant de mots de passe qu’elles le souhaitent, ce qui leur permet de donner et de révoquer facilement l’accès aux vidéos.

Cette fonctionnalité est le fruit du travail de Wicklow, pendant son stage chez nous.

Storyboard vidéo : prévisualisez ce qui va suivre !

Si vous aimez regarder vos vidéos en ligne, vous avez peut-être l’habitude de survoler la barre de progression avec votre souris ou votre doigt. Habituellement, un aperçu de l’image apparaît sous forme de vignette : c’est ce qu’on appelle le storyboard, et c’est maintenant disponible dans PeerTube !

Veuillez noter que comme les storyboards ne sont générés que lors du téléchargement (ou de l’importation) d’une vidéo, ils ne seront donc disponibles que pour les nouvelles vidéos des instances qui sont passées à la v6…

Ou vous pouvez demander, très gentiment, à vos administrateurs d’utiliser la commande magique npm run create-generate-storyboard-job (attention : cette tâche peut nécessiter un peu de puissance CPU), afin de générer des storyboards pour les anciennes vidéos.

Téléchargez une nouvelle version de votre vidéo !

Parfois, les créateurs de vidéos veulent mettre à jour une vidéo, pour corriger une erreur, offrir de nouvelles informations… ou simplement pour proposer un meilleur montage de leur travail !

Désormais, avec PeerTube, elles peuvent télécharger et remplacer une ancienne version de leur vidéo. Bien que l’ancien fichier vidéo soit définitivement effacé (pas de retour en arrière !), les créatrices conservent la même URL, le titre et les informations, les commentaires, les statistiques, etc.

Il est évident qu’une telle fonctionnalité nécessite de la confiance des vidéastes et des administrateurs, qui ne veulent pas être responsables de la « mise à jour » d’une adorable vidéo de chatons en une horrible publicité pour des groupes de discrimination contre les chats.

C’est pourquoi une telle fonctionnalité ne sera disponible que si les administratrices choisissent de l’activer sur leurs plateformes PeerTube, et affichera la date où le fichier a été remplacé sur les vidéos mises à jour..

Ajoutez des chapitres à vos vidéos !

Les vidéastes peuvent désormais ajouter des chapitres à leurs vidéos sur PeerTube. Dans la page des paramètres de la vidéo, ils obtiendront un nouvel onglet « chapitres » où ils n’auront qu’à spécifier le timecode et le titre de chaque chapitre pour que PeerTube l’ajoute.

S’ils importent leur vidéo depuis une autre plateforme (*tousse* YouTube *tousse*), PeerTube devrait automatiquement reconnaître et importer les chapitres définis sur cette vidéo distante.

Lorsque des chapitres sont définis, des marqueurs apparaissent et segmentent la barre de progression. Les titres des chapitres s’affichent lorsque vous survolez ou touchez l’un de ces segments.

Tests de charge, performances et recommandations de configuration

L’année dernière, grâce à l’émission « Au Poste ! » du journaliste français David Dufresne et à son hébergeur Octopuce, nous avons eu droit à un test de charge du direct avec plus de 400 spectateurices simultanés : voir le rapport ici sur le blog d’Octopuce.

De tels tests sont vraiment utiles pour comprendre où nous pouvons améliorer PeerTube pour réduire les goulots d’étranglement, améliorer les performances, et donner des conseils sur la meilleure configuration pour un serveur PeerTube si un administrateur prévoit d’avoir beaucoup de trafic.

C’est pourquoi cette année, nous avons décidé de réaliser plus de tests, avec un millier d’utilisateurs simultanés simulés à la fois dans des conditions de direct et de diffusion de vidéo classique. Nous remercions Octopuce de nous avoir aidé·es à déployer notre infrastructure de test. 

Nous publierons bientôt un rapport avec nos conclusions et les configurations de serveurs recommandées en fonction des cas d’utilisation (fin 2023, début 2024). En attendant, les premiers tests nous ont motivés à ajouter de nombreuses améliorations de performances dans cette v6, telles que (préparez-vous aux termes techniques) :

  • Traiter les tâches HTTP unicast dans les worker threads
  • Signer les requêtes ActivityPub dans les worker threads
  • Optimisation des requêtes HTTP pour les vidéos recommandées
  • Optimisation des requêtes SQL pour les vidéos lors du filtrage sur les directs ou les tags
  • Optimiser les endpoints /videos/{id}/views avec de nombreux spectateurs
  • Ajout de la possibilité de désactiver les journaux HTTP de PeerTube

…et il y en a toujours plus !

Une nouvelle version majeure s’accompagne toujours de son lot de changements, d’améliorations, de corrections de bogues, etc. Vous pouvez lire le journal complet ici (en Anglais), mais en voici les grandes lignes :

  • Nous avions besoin de régler une dette technique : la version 6 supprime la prise en charge de WebTorrent pour se concentrer sur HLS (avec P2P via WebRTC). Les deux sont des briques techniques utilisées pour diffuser en pair à pair dans les navigateurs web, mais HLS est plus adapté à ce que nous faisons (et prévoyons de faire) avec PeerTube
  • Le lecteur vidéo est plus efficace
    • Il n’est plus reconstruit à chaque fois que la vidéo change ;
    • Il conserve vos paramètres de visionnage (vitesse, plein écran, etc.) lorsque la vidéo change ;
    • Il ajuste automatiquement sa taille en fonction du ratio de la vidéo ;
  • Nous avons amélioré le référencement, pour aider les vidéos hébergées sur une plateforme PeerTube à apparaître plus haut dans les résultats des moteurs de recherche ;
  • Nous avons beaucoup travaillé sur l’amélioration de l’accessibilité de PeerTube à plusieurs niveaux, afin de simplifier l’expérience des personnes en situation de handicap.

Illustration de Yetube, un monstre de type Yéti avec le logo de YouTube Premium.
Cliquez pour nous soutenir et repousser Yetube – CC-By Illustration David Revoy

Qu’en est-il de l’avenir de PeerTube ?

Alors que YouTube fait la guerre aux bloqueurs de publicité, que Twitch exploite de plus en plus les vidéastes et que tout le monde est de plus en plus conscient de la toxicité de ce système, PeerTube est en train de gagner du terrain, est de plus en plus reconnu et voit sa communauté grandir.

Nous avons tellement d’annonces à faire sur l’avenir que nous prévoyons pour PeerTube, que nous publierons une annonce séparée, dans deux semaines. Nous prévoyons également d’organiser un direct, afin de répondre aux questions que vous vous posez sur PeerTube. 

Vous resterez au courant en vous abonnant à la Lettre d’information de PeerTube, en suivant le compte Mastodon de PeerTube ou en surveillant le Framablog.

Dessiné dans le style d'un jeu vidéo de combat, où s'affrontent la pieuvre de PeerTube et le monstre de YouTube, Twitch et Vimeo.
Cliquez pour nous soutenir et aider Sepia à repousser Videoraptor – Illustration CC-By David Revoy

Merci de soutenir PeerTube et Framasoft

En attendant, nous voulons vous rappeler que tous ces développements ont été réalisés par un seul développeur rémunéré, un stagiaire, et une fabuleuse communauté (beaucoup de datalove à Chocobozzz, Wicklow, et les nombreuses, nombreux contributeurs : vous êtes toustes incroyables !)

Framasoft étant une association française à but non lucratif principalement financée par des dons (75% de nos revenus annuels proviennent de personnes comme vous et nous), le développement de PeerTube a été financé par deux sources principales :

  • les francophones sensibilisées aulogiciel libre
  • Les subventions de l’initiative Next Generation Internet, par l’intermédiaire de NLnet (en 2021 et 2023).

Si vous êtes un afficionado non francophone de PeerTube, merci de soutenir notre travail en faisant un don à Framasoft. Cela nous aidera grandement à financer nos très nombreux projets, et à équilibrer notre budget 2024.

Cette année encore, nous avons besoin de vous, de votre soutien, de vos partages, pour nous aider à reprendre du terrain sur le web toxique des GAFAM, et multiplier les espaces de numérique éthique.

Nous avons donc demandé à David Revoy de nous aider à montrer cela sur notre site « Soutenir Framasoft« , qu’on vous invite à visiter (parce que c’est beau) et surtout à partager le plus largement possible :

Capture d'écran de la barre de dons Framasoft 2023 à 12% - 23575 €

Si nous voulons boucler notre budget pour 2024, il nous reste cinq semaines pour récolter 176 425 € : nous n’y arriverons pas sans votre aide !

 

Soutenir Framasoft

 




700 organisations already up in the (free) clouds : Framaspace’s first year in review

The aim of this long article is to take stock of the Framaspace project (an associative cloud based on Nextcloud) a little over a year after its announcement.

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➡️ Read the series of articles from this campaign (Nov. – Dec. 2023)

 

Once upon a time there was Frama.space

Remember, a year ago we announced (in French, sorry!) one of Framasoft’s most ambitious projects: Frama.space.

For those of you who weren’t there, or who don’t remember, the desire to set up Frama.space was based on three things.

The first is that things are fucked. Politically, socially, geopolitically, ecologically and so on. Of course, you may think otherwise, but we don’t think the world is going very well…

The second observation is that civil society, caricatured here as associations and trade unions, is under attack from all sides. The pressure to depoliticise associations, the reduction of their funding in favour of « impact companies » or the start-up nation, the attacks on freedom of association… All this is eroding the capacity of the voluntary sector to respond to needs that the market cannot meet. It is becoming increasingly difficult to balance a social contract that is being undermined by both business and government.

The two buttons meme, illustrating Associations choosing between "Selling out to corporations" and "Bowing to the state"

 

Finally, closer to Framasoft, digital technology has become a tool for organising people, but also for taking action. However, this rather positive observation is countered by two more negative observations. Firstly, digital technology is a tool for surveillance and alienation. And secondly, associations are lagging behind both in terms of use and consistency (The report in the link is in French, sorry!). Associations working for an ecological transition, for example, will use the tools and services of GAFAM, which play a large part in the problem they are trying to solve.

Frama.space: (Next)cloud for non-profit organisations

A year ago we announced a new Framasoft service: Frama.space.

Its mission? To equip the ‘contributing society’. In other words, to digitally equip « off-market » associations and groups. Whether it’s the AMAP in FarFarAway-town, the community café in Bernache-sur-Yvette or the queer theatre collective in Cygne-lès-Lavaur.

We believe that these associations and collectives need (and even want) to rediscover the coherence between their values, their actions and their tools. It seems contradictory to us, for example, to be an association committed to « zero waste » and still use Google or Microsoft tools.

Please note that this is not a value judgement on our part. We fully understand that there may be contradictions and legitimate objections (it is perfectly possible to be concerned about the fate of the planet and still drive your children to a weekly sports activity 20km away).

However, we believe it is important that these structures have the choice to have easy access to tools that are not based on the mechanisms of surveillance capitalism.

Interface d'un Framaspace (application "Fichiers")
Framaspace interface (« Files » application)

Nextcloud: an imperfect solution (but a solution nonetheless)

Framaspace embarque les suites bureautiques en ligne collaboratives Collabora Online et OnlyOffice. Ici, une capture écran de l'édition d'un fichier de type Tableur, directement dans le navigateur.
Framaspace includes the collaborative online office suites Collabora Online and OnlyOffice. Here is a screenshot of a spreadsheet being edited directly in the browser.

 

The software has a lot of room for improvement (in terms of UX, technical debt, performance, etc.), but… it’s still the best horse in the stable.

What’s more, its community is large (over 60 million users worldwide) and quite active, which gives us hope for the future.

We have therefore decided to base our Framaspace offering on this software, proposing a technically ambitious offering capable of eventually hosting up to 10,000 Framaspace spaces (and therefore as many instances of the Nextcloud software). To achieve this, we have built a substantial technical infrastructure (the video link is in French, sorry!) and developed homemade software tools (free of charge, of course) to validate registration requests and automatically provision new spaces very quickly, with just a few clicks.

Interface de CHARON, logiciel qui nous permet de gérer les candidatures Framaspace
Commented interface for CHARON, the software developed by Framasoft that allows us to manage Framaspace applications. (Commentary in French, but if you want more information on this point, ask us in the comments section bellow!)

 

But enough of reminiscing: if you want to know more about the ambitions behind Framaspace, you can watch two videos:

Taking stock, calmly

Frama.space becomes Framaspace.org

First of all, we already had to change the name because the .space extension increased the likelihood that emails containing frama.space addresses would be considered spam. This was obviously the fault of the email giants (article in French, sorry!), but we couldn’t accept a solution that would interfere with the normal use of the platform. So we decided to use a domain name with a more traditional but longer extension: framaspace.org.The transition is underway and will take place in stages as there is no rush.We also announced that we have four objectives:

  1. Facilitate access to Nextcloud/Framaspace
  2. Raise awareness of Nextcloud/Framaspace
  3. Contribute to the creation of a French-speaking Nextcloud/Framaspace community
  4. Use Nextcloud/Framaspace as an empowerment tool

This first anniversary is therefore a good time to take stock of each of these objectives.

Functional assessment: does it work or not?

Yes, it does!

While you are reading these lines, more than 700 spaces are active. This means that Framasoft provides tools to 700 associations and groups. And the feedback is very positive!

We have been able to carry out complex operations without too much difficulty. For example, we’ve carried out major upgrades of Nextcloud (from version 25 to version 26) with very limited downtime (less than 2 minutes per space).

As far as the technical infrastructure is concerned, there are occasional potholes, but the infrastructure is holding up!

For example, at the end of 2022 we noticed that there was a problem with our office suite management system. With the year-end holidays just around the corner, followed by intense preparations for the Framasoft AGM, we decided to suspend registration and take the time needed to develop a long-term solution. We reopened the registration in March 2023. So, in case you missed the news: it’s perfectly possible to register your association or collective on https://framaspace.org!

The fact that it’s Framasoft that manages the technical aspects can have certain disadvantages (we limit the number of accounts, disk space or Nextcloud plugins you can use). However, this outsourcing makes life much easier for the users (who, in most cases, would find it very difficult to maintain over time an instance of Nextcloud software that they would have installed ‘manually’).

In one year, we have gone from 0 to more than 700 spaces managed by Framasoft. We therefore consider this functional assessment to be more than satisfactory.

Illustration de DemonDrive, un monstre fantomatique orné du logo de Google Workspace
Click to support us and push Demon Drive away – Illustration CC-By David Revoy

Public awareness

One of Framaspace’s objectives is also to raise awareness of Nextcloud and the Framaspace offer (or similar offers elsewhere, in particular at CHATONS).

To this end, in 2023 we will:

On a report card, we could write: « Not bad, but can do better ».

« Community » review

This concerns our desire to build a community of French-speaking Nextcloud users in the long term.

To this end, we have:

This part of the project got off to a rather slow start, but that’s quite logical, because for various reasons we were not able to devote as much time to this part of the project in 2023 as we would have liked.

Empowerment assessment

This part of the project is planned for 2025. There were no plans to work on it in 2023. So it’s logical that we haven’t made any progress on it.

Slide "empuissanter" rappelant une partie des objectifs de Framaspace.
The 5 key points of this « empowerment » slide: Disseminating information / Working together to identify needs / Transforming uses / Federation / Pooling funding for certain functionalities

Project stats

Here are some numbers to give you a more objective view of the first year. If you’re not interested, you can skip to the « Review of the review » section 🙂

Typology of the structures

Breakdown by type of structure

Répartition des espaces par types de structures
Breakdown of spaces by type of structure (Colours explained below)

 

Description :

  • 72% associations under the law of 1901(yellow);
  • 22% informal groups (pink);
  • 5% trade unions (green);
  • 1% associations under the 1907 law (mixed/cultural associations) (blue).

Breakdown by activity

Répartition des espaces, par secteurs d’activités

Description (note: organisations could choose more than one topic):

  • A first « block » of more than 250 organisations in the following sectors or themes Education/training, environment, culture, social affairs;
  • a second « block » of more than 100 organisations claiming to be active in the following sectors or themes: Friendship/Mutual Aid, Leisure, Defence of Fundamental Rights, Political Activities, Economy and Social Affairs: Amicale / Entraide, Loisirs, Défense des droits fondamentaux, Activités politiques, Économie ;
  • a final « block » of less than 100 organisations claiming to be active in the following sectors or themes: Sport, Health, Research, Justice, Spiritual or philosophical activities, Tourism.

Breakdown by year in which the structure was created

Répartition des espaces par année de création

Description: 50% of the 700 spaces correspond to structures created in 2017 or later. Even if a dozen structures existed before 1950, we can deduce that the Framaspace public as a whole represents rather recent structures.

Breakdown by number of persons employed

Répartition des espaces par nombre d'employé⋅es

Description and comments: 500 of the spaces (71% of the total) are structures with no employees. There are a few structures with more than 20 employees, but these are often « anomalies » (for example, the space is created for a local trade union group, which indicates the number of employees of the national trade union).

Breakdown by number of members

Répartition des espaces par nombre de membres.Description: Half of the spaces represent organisations with less than 30 members. 75% say they have 100 members or less.

Breakdown by number of beneficiaries

Répartition des espaces par nombre de bénéficiaires.

Description: Half of the spaces represent organisations claiming to reach 100 people or more. There are a few organisations claiming to reach more than 25,000 people, but these are often « anomalies » (for example, the space is created for a local trade union group, which indicates the number of beneficiaries of the national trade union).

Breakdown by annual budget

Répartition des espaces par budget annuel

Description: 150 organisations did not wish to answer this question. Of the remaining 550 organisations, half said they had an annual budget of less than €4,000 (around a hundred organisations even said they had a budget of €0). About 25% of the organisations reported having a budget between €4,000 and €50,000 (which can be correlated with organisations having at least one⋅e employee⋅e). A handful of organisations report a budget of more than €50,000/year, but again these are mostly ‘statistical anomalies’.

Examples of structures

NB: These associations have presented themselves publicly on the Framaspace forum, so we have no problem with their identity or purpose being made public.

For example:

« Hello. We’re the « Les petits pois sont verts » association in Clamart. Our aim is to imagine and build a way of life based on solidarity and respect for the environment by ..:

  • Bringing together people in Clamart who share the same motivations,
  • encouraging local dynamism
  • supporting projects,
  • gathering and disseminating information.

We are only a few years old and we advocate the use of free and sober digital technology.

We use the following Framasoft tools Framapad, Framadate and recently Frama.space. »

Or again:

« The Association des Cavaliers Au Long Cours (CALC) is a French-speaking association with about 200 members from all over the world (our most distant member is in Kyrgyzstan!), but mainly from Western European countries. Our aim is to develop long-distance travel with a mounted and/or covered animal (horse, donkey, mule, etc.). We also help would-be travellers with their organisation and provide assistance to travellers in difficulty ».

Other examples:

  • Plan B – Breton Pop Education Association (Rennes)
  • AMAP of St Vallier de Thiey (Alpes Maritimes)
  • La Gonette – local currency for citizens (Lyon)
  • Les amis du Portique – Journal of Philosophy and Human Sciences
  • Les Pieds à Terre – environmental education (Haute-Loire)
  • Family planning in the Aude

Use of structures

Office suites used

Répartition des Framaspaces entre Collabora Online et OnlyOffice
Distribution of Framaspaces between Collabora Online and OnlyOffice

 

NB: The overrepresentation of Collabora Online is due to the fact that it is the office suite offered by default. The administrator of the instance can switch to OnlyOffice if they wish, but very few do.

Usage stats
  • Number of active
    • Active: 700
    • Rejected: 14
    • Deactivated (by their administrators) 10
  • Accounts (admins + users): 3,356
    • Average: 4.8 accounts; Median: 2 accounts
  • Hosted user files: 760,939 for 860 GB (excluding revisions and recycle bin)
    • 131 GB in recycle bin
    • 99% of spaces have created at least one file
  • Connections:
    • 198 rooms connected in the last 3 days
    • 390 rooms connected in the last 15 days

Number of accounts

Répartition des espaces par nombre de comptesDescription: almost 300 rooms have only one account (necessarily the « admin » account). This means that 40% of the spaces have no collaborative use with other users. However, we did find cases where the space admin did have collaborative uses with other people in his or her association (for example, by using shared folders, with or without passwords). This means – all the same – that 60% of the spaces have several users. 42% even have 5 or more users.

Used disk space

Répartition des espaces par espace disque occupé.

Description: almost all spaces have used their file space (only 2% have never created a file). It is interesting to note that less than 20% of the spaces use more than 1 GB (out of a maximum of 40 GB per space).

Number of files

Répartition des espaces par nombre de fichiers.

Description: 50% of the rooms have more than 250 user files. This is a good « surprise » in our opinion: it means that Framaspace is quite useful (either for storing or sharing files).

 

Balance sheet

Expenses

At present, the technical infrastructure (computer servers) of Framaspace costs us about 1,200 € per month (i.e. about 15,000 € per year). The cost of the work, estimated by the very inaccurate LaLouche Institute, is around €20,000 of investment before the launch of the project. Since the start of the project, we’ve been able to estimate this figure at around €2,000 per month (3 people involved, working very, very part-time on this project). So, roughly speaking, Framaspace has cost Framasoft around €60,000.

Income

The income side is a bit more complex.

Framaspace is a project reserved for small associations and solidarity groups, and it is deliberately free. We don’t want the price to be a barrier to access. And we don’t want to set a « free price », because a price means a service sold, a service provided, an invoice and obligations (contractual, accounting and fiscal). We voluntarily choose to donate without expecting any financial compensation (which does not mean that we cannot hope for it 😉 ).

It is likely that some members of the associations we host have made a donation to Framasoft. However, we do not want to earmark donations for Framasoft projects. For accounting purposes, a donation earmarked for a project must go into a dedicated fund that must be used for that project. However, we would like donations to Framasoft to be able to finance « loss-making » projects, which is exactly what Framaspace is doing in this first year.

For the sake of simplicity we can say that the income is… €0! 😱

Cost per space

From the above data, we can deduce that the cost of a space (so far) is €86 per year (or €7 per month, of which €1.8 per month is infrastructure costs).

However, the infrastructure costs are not expected to change too much and the labour costs are expected to increase slightly by 2024, while the number of spaces could triple or quadruple. Let us assume a total cost of €60,000 (for 2023) + €15,000 for the servers in 2024 + €36,000 in labour costs. This gives a total of €111,000 by the end of 2024. Assuming 2,500 active spaces at the end of 2024, the total cost would be €45 per space per year (i.e. €3.7 per month, including €1/month for infrastructure costs). These costs could fall further in 2025.

It’s a significant cost, and few associations can afford this type of project, which does not aim to be profitable or even break even.

However, we believe that the political importance of this project means that we have to take this risk. We hope (more from experience than naivety) that the associations that can afford it will support Framasoft (and indirectly Framaspace) financially.

Review of the review

The news is pretty good!

Mème Framaspace reprenant la célèbre phrase du biologiste Richard Dawkins, au sujet de la science, affirmant "It works, Bitches".
Framaspace meme using biologist Richard Dawkins’ famous line about science, « It works, Bitches ». (context; PeerTube video)

 

First of all, Framaspace works 🙂
Managing 700 Nextcloud instances in one year isn’t bad, is it? Especially since outsourcing is going pretty well (for now!).

Secondly, we’ve managed to reach the audience we wanted to reach: associations (registered or de facto) that are fairly small, with small budgets. Most of them focus on education, the environment, social or cultural issues. Which is hardly surprising given Framasoft’s target audience.

Finally, Framaspace is used. More than half the spaces have regular connections. And people handle quite a lot of files (rather small files, which explains why very few spaces use more than one GB of the maximum 40 GB allowed).

We feel that our 2023 goals have been more than adequately met in terms of actions 🎉 We could even say that it’s a success given the resources we’ve invested.

Offering « locked » spaces (for example, you can’t install the Nextcloud plugins of your choice on Framaspace, and only small associations or collectives can open a Framaspace) has had the expected frustrating effect. In fact, we have regularly referred people frustrated by these limitations to friendly structures such as Zaclys, IndieHosters, Cloud Girofle, Paquerette, Arawa, etc. This shows that we’re not taking a « slice of the cake », but helping to make it bigger.

Dessin de Li, la licrone mascotte de Framaspace. Elle s'apprete à lancer des bulles magiques.
Click on Li, Framaspace’s unicorn mascot, to support Framasoft. – Illustration CC-By David Revoy

Framaspace in 2024 (and 2025)

As you may have read in our ‘assessment of the assessment’, Framaspace is meeting a need, and Framasoft believes the response is pretty good. It’s far from perfect, of course, but for a small association that wants to get out of the box and align its values with its digital tools, Framaspace could be the answer.

But we’re not going to stop there! Framaspace is still in beta testing (and will probably be until the end of 2025!) and many improvements are still to come 😀.

Support

First of all, we’re going to keep hosting spaces. Now that Framaspace is more stable, we think we can pick up the pace and host 2,500 spaces by the end of 2024 (i.e. more than triple the current number. Don’t worry!).

Next, we’ll continue our outsourcing initiatives. For example, by moving from Nextcloud 26 to Nextcloud 27 in late 2023 or early 2024. Each version brings a host of new features (see our friends at Arawa who give a summary presentation here and here).

On the support side, we want to produce a bit of a special tutorial. In fact, many tutorials already exist (we highlight the Coopaname one, produced by La Dérivation). But this type of tutorial doesn’t meet everyone’s needs. That’s why we want to produce a more narrative and immersive tutorial. A « tutorial in which you are the hero » (or « tricks in which you are the heroine », if you prefer). Inspired by « Books in which you are the hero« , the user⋅ice will embody a character who has to carry out various missions with his or her Framaspace room. The special feature is that certain « quests » can either be bypassed (for example, if the user⋅ice already knows how to create a user⋅ice account) or explored in more depth (for example, on file sharing).

Scénario en construction d'un « tutoriel dont vous êtes le héros »
Scenario under construction for a « tutorial in which you are the hero ». Sorry, the translator didn’t have the courage to translate every box!

 

We also want to provide documentation (and facilitation tools) to facilitate migration from OneDrive, Dropbox or GoogleDrive, and to simplify import/export between Nextcloud instances. For example, an association that has reached the 50 account limit on its Framaspace space and wants to migrate to a more powerful Nextcloud with our friends at IndieHosters would be able to transfer its data – files, calendars, contacts, etc. – in a more automated way.

Finally, we are aware that one of the major weaknesses of Nextcloud (and by extension Framaspace) is the difficulty of « onboarding » novices to a (too?) rich and sometimes (very?) confusing interface. That’s why we want to integrate the free IntroJS tool into Nextcloud to highlight certain parts of the software and make it easier to learn. See the video below.



 

Video demonstration of how IntroJS has been integrated into Nextcloud to make it easier to learn.

Still on the subject of getting started, we’re working with designer Marie-Cécile Godwin, who teaches at the Strate design school, to get her students thinking about how Nextcloud could be improved from a UX and UI perspective.

Raising awareness of Nextcloud

In 2024, we will of course continue our efforts to make Nextcloud better known in the French-speaking world.

For example, we have already subtitled a number of Nextcloud presentation videos in French. But we’d like to go further. For example, we’d like to redo the voice-overs or translate the documentation (flyers, brochures, etc.).

 

Video of a Nextcloud promotional video, originally in English only and subtitled by Framasoft.

Framasoft will also continue to promote Nextcloud and Framaspace through conferences, webinars, interviews, etc.

We will also continue to share our experience and feedback with the CHATONS community, many of whose members offer services based on Nextcloud. We think we’ve acquired a certain amount of knowledge and know-how around Nextcloud, but above all we know that we still have a lot to learn.

Finally, we’re going to start getting in touch with the heads of associative networks (Collectif Associations Citoyennes, Mouvement Associatif, popular education networks, but also networks such as Associations Mode d’Emploi, Solidatech, Associathèque, etc.) to present Framaspace, and highlight what Nextcloud can do (or can’t do!) in terms of collaborative ethical digital technology. The ultimate aim is to assess its relevance as a « digital commons of general interest » for associations.

Framaspace & Nextcloud user community

In 2024, we will continue our work to promote, animate and coordinate a community of Nextcloud software users on the Framaspace forum.

We will also publish a website for the OPEN-L Observatory (« Observatory of Free Digital Practices and Experiences »), which will publicly host the various surveys (and their results!) that Framasoft will have conducted among its audiences. This site will be open to other organisations wishing to share their feedback. The aim is not to reinvent the wheel, but to make it easier to objectify the needs (and frustrations) of users.

Of course, we will continue to improve both Framaspace and Nextcloud. We’re lucky (and happy) to have Thomas, one of the world’s leading contributors from outside Nextcloud GmbH, on our staff.

This means that Framasoft (through Framadrive, Framagenda and now Framaspace) is taking a very active part in this digital commons that is the Nextcloud software.

On a more ‘internal’ note, in the coming months we should be increasing our capacity to work on the Framaspace project within Framasoft: Thomas, currently the lead developer on Mobilizon, will shift up to 50% of his time to Framaspace, and Pierre-Yves, currently co-director of Framasoft, will leave this role to concentrate on the association’s digital services (including Framaspace, of course).

Empowering ‘off-market’ structures

We have many policy ambitions for the Framaspace project (see our launch article – only in French, sorry!).

To achieve this, we will use surveys to gather information about the needs (both functional and more political) of the structures we host. Depending on the results, and if resources allow, we will be able to adapt Framaspace to the needs of its users.

We have noticed that in the associations we support, the issue of digital tools often lies with one or two volunteers, who sometimes struggle to implement a change management policy or convince their board. So we also want to produce « practical information sheets » to make life easier for these key people. « For example, we’ll look at how to carry out a digital diagnosis of my association, or how to convince my board to switch from Gdrive or Dropbox to Framaspace.

Finally, and we are aware of the high demand for this item, we would like to pool funding for new features in Framaspace.

We will focus on :

  • The possibility of managing your members in Framaspace (members, categories, identity card, subscriptions, membership reminders, etc.) using the (fabulous) free association management software Paheko;
  • The possibility of managing your association’s accounts (data entry, balance sheet, profit and loss, choice of chart of accounts, etc.), again thanks to Paheko;
  • the possibility of quickly creating visual communication tools using the Aktivisda software (see the example of the Alternatiba association);
  • allow associations that wish to do so to publish pages presenting their structure and activities. To do this, we want to make it possible to publish a mini-website presenting the organisation (written in Framaspace’s « Collectives » application).

Dessin dans le style d'un jeu vidéo de combat, où s'affronte la licorne de Framaspace et le monstre de Google Workspace.
Help Li, Framaspace’s unicorn mascot, Push back Demondrive by supporting Framasoft ! – Illustration CC-By David Revoy

Moulaga needed!

As you can see, the Framaspace 2024 roadmap is already very full!

Please note: none of the items below are firm commitments on our part. They’re just our wishes, what we want to implement in the coming year. It’s all very ambitious. And like any ambition, we need to know what resources we can devote to it.

As we said, Framaspace is a project with a large deficit. That’s a good thing: it’s not intended to be profitable, much less to make a profit. However, it is the resources you entrust to us (i.e. your donations) that enable us to act.Therefore, we sincerely believe that €1 (or €100 or €1,000, eh! 😅) donated to Framasoft really does help to change things and have a positive impact on the digital world ‘outside the market’.That’s why we invite you, if you can, to support Framasoft with a donation, so that we can continue our work, and especially to maintain and develop the Framaspace project.Once again this year we need you, your support, your sharing to help us regain ground on the toxic GAFAM web and multiply the number of ethical digital spaces.So we’ve asked David Revoy to help us present this on our « Support Framasoft » page, which we invite you to visit (because it’s beautiful) and above all to share as widely as possible:

Capture d'écran de la barre de dons Framasoft 2023 à 8%
Click to support us – Illustration CC-By David Revoy

If we are to balance our budget for 2024, we have six weeks to raise €183,478: we can’t do it without your help!

 

Support Framasoft

 




« Sortilèges & Syndicats », un Framabook quitte le nid

En janvier 2018, le dessinateur Gee, bien connu du Framablog, sortait de son domaine habituel pour nous proposer un roman… Une aventure fantastique transposée dans un monde moderne, où les elfes et orques s’affrontent désormais dans une lutte des classes opposant le grand capital orquogobelinesque aux syndicats elfogauchistes.

L’histoire s’appelait alors Working Class Heroic Fantasy et avait été publiée par Framabook dès juin 2018. Cinq ans après, le petit Framabook quitte son nid et va s’envoler vers PVH Éditions pour devenir « Sortilèges & Syndicats » !

Working Class Heroic Fantasy devient Sortilèges & Syndicats

Le pitch

L’action se passe dans un monde un peu comme le nôtre, avec des open-space, des divorces et des syndicats… Mais aussi avec des elfes, mages, orques et gobelins. Imaginez que nos meilleurs romans de Fantasy soient en fait le chapitre Moyen-Âge de leurs livres d’histoire… Vous y êtes ?

Voilà : c’est la Terre de Grilecques, le monde où vit Barne Mustii, petit employé de bureau chez Boo’Teen Corp, une entreprise qui vend des bottes. Barne est un humain un peu résigné qui subit les brimades de son gobelin de patron, jusqu’au jour où c’est l’insulte de trop. Et si un simple tour à la permanence du syndicat l’entraînait dans une épique lutte des classe contre l’oligarchie orquogobelinesque… ?

Ne ratez pas ce roman féroce et drôle, qui rebondit dans tous les sens comme une balle magique : dystopie et gaudriole, anarchie et fantasy, non-binarité et lutte des classes. Ce livre, c’est peu comme si Marx et Tolkien avaient eu un enfant qui aimerait bien se poiler avec Pratchett.

PVH Éditions, c’est quoi ?

Logo de PVH ÉDitions

PVH Éditions est une maison qui édite des ouvrages issus de la littérature de l’imaginaire – science-fiction, fantasy, fantastique, anticipation, contes et légendes. Une de ses particularités qui parlera sans aucun doute au lectorat du Framablog est d’avoir libéré sa collection Ludomire sous licence libre CC By Sa. Une collection dans laquelle on trouve notamment nos camarades Ploum et Thierry Crouzet.

PVH Éditions est basée en Suisse et dirigée par Lionel Jeannerat, qui a récemment été invité dans l’émission Libre à vous ! de l’April, émission dont nous vous conseillons fortement l’écoute pour en apprendre plus sur l’aventure Ludomire.

Comment ça se réédite, un livre sous licence libre ?

Beaucoup plus simplement qu’un livre sous droit d’auteur classique ! Lorsque Framabook a publié Working Class Heroic Fantasy, Gee a signé un contrat de cession de droits… non-exclusive. Un détail qui a une importance capitale pour la suite. Car les contrats d’édition classique comportent généralement une cession de droits exclusive, ce qui prive l’auteur de l’opportunité d’aller se faire republier ailleurs.

Un autre auteur Framabook, Yann Kervran, en parlait dans un article du Framablog de 2017 :

Oui, j’ai déjà été publié chez La Louve éditions, avec qui j’avais un contrat traditionnel. (…) J’ai demandé à l’éditeur de mes romans s’il serait d’accord pour me redonner les droits sur mes textes (car, comme habituellement, il en détenait l’intégralité exclusive jusqu’à 70 ans après ma mort) et il a accepté. Je tiens à l’en remercier car ce n’est pas toujours si simple et amical. Cela a malgré tout demandé quelques mois pour se finaliser.

Si la licence libre permet en théorie a une maison d’édition de rééditer le livre sans demander l’avis de Gee ni sans lui verser le moindre centime, en pratique, les personnes enthousiasmées par le Libre ont en général l’élégance de chercher un arrangement qui soit bénéfique pour toutes les parties impliquées.

Ainsi, Gee a pu signer un nouveau contrat d’édition avec PVH Éditions, prévoyant des versements d’honoraires issues des ventes du livre avec une avance de 950 € (enfin… 900 CHF, évidemment) versée dès la publication. Le travail éditorial réalisé par les bénévoles de Framabook n’a pas non plus été oublié, puisque le livre est estampillé « Commun Culturel Framasoft » et qu’un petit texte continue de remercier l’association en début de livre.

Les logos sur la couverture (PVH Éditions, Commun Culturel Framasoft, et Œuvre libérée sous CC By Sa)
Plusieurs logos coexistent sur la couverture, témoignage de l’histoire Libre du livre

Comme quoi, plus que jamais, Libre ne veut pas dire « gratuit » : une économie du livre libre, éthique et équitable, est possible. La collection Ludomire de PVH Éditions en est un bon exemple : souhaitons à « Sortilèges & Syndicats » le même succès. Car de l’autre côté, dans le monde de l’autoédition, tout n’est pas tout rose.

Les limites de l’autoédition

Logo de Ptilouk.net Éditions

Pour ses nombreuses publications, Gee a monté sa petite maison d’autoédition, Ptilouk.net Éditions, et passe par de l’impression à la demande : d’abord par Lulu, qui a longtemps été utilisé par Framabook à l’époque où des livres imprimés étaient proposés.

Évidemment, qui dit autoédition dit bien souvent absence d’un réseau de distribution : ainsi, sans moyens de promotion ni de disponibilités en librairie, les ventes de livres de Gee restent très faibles. En un peu plus de 2 ans d’existence, Ptilouk.net Éditions n’a vendu que 550 exemplaires en comptant l’intégralité des 15 publications disponibles, la majorité des ventes ne se passant pas sur Internet mais sur les stands des Capitoles du Libre et autres JDLL.

Ajoutons à cela les tarifs sur lesquels les imprimeurs à la demande se gavent allégrement, bien souvent avec des systèmes opaques et des coûts cachés. Gee raconte :

Je suis assez convaincu, par exemple, que Lulu s’ajoute une confortable marge dans les frais de livraison. Ces frais sont incroyablement élevés et n’ont aucune cohérence par rapport au coût de transport, car ils sont proportionnels au nombre de livres, peu importe la taille. Donc si je commande 50 exemplaires de ma BD Superflu de 50 pages, ils m’envoient un carton pour la bagatelle de 80 € de frais de port. Si je commande 50 exemplaires de mon autre BD GKND, 360 pages, il faut 8 cartons, et on m’annonce… 80 € de frais de port. Ça sent un tout petit peu le foutage de gueule.

Gee propose également ses livres sur Amazon depuis un an. Un choix étrange pour un libriste comme lui, plutôt hostile aux GAFAM (dont Amazon est l’un des A), mais qui s’en explique sur son blog :

Il me semblait nécessaire d’y être. De la même manière que je suis aussi sur Twitter ou Facebook : avant tout pour aller chercher les gens là où ils sont. (…) Je garde les mêmes principes qu’avec Twitter et cie : rien d’inédit n’y est publié, et je conserve d’autres alternatives pour ne pas encourager les gens à passer par là (Lulu pour le papier, et le téléchargement direct pour les livres numériques à prix libre). J’ajoute même une « taxe Amazon » : les bouquins y sont 4,95 € plus chers (les numériques aussi, les versions Kindle y sont donc à 4,95 € 😛).

Un choix qui n’avait alors pas manqué de faire réagir Lionel, le dirigeant de PVH Éditions, dans son article « Réflexions sur l’impression à la demande et l’édition libre » :

Il faut arrêter de croire que des gens vont vous découvrir et vous acheter sur des sites comme Lulu ou Amazon. En réalité, personne ne se balade sur ces sites comme ils pourraient flâner en librairie à la recherche d’une pépite. De plus, ces plateformes renferment des millions de livres et leur algorithme ne mettront en avant que les best-sellers (et leurs propres publications pour Amazon). Ils mettent parfois en évidence des succes-stories qui cultivent l’illusion qu’ils vous sont utiles.

Ils essaient de faire croire que grâce à eux, le travail de diffusion et de libraire n’est plus utile. Mais c’est faux… Aucun livre ou aucun talent ne trouve son public par hasard, et encore moins par l’impartialité des algorithmes.

Un an après, Lionel et Gee s’associent donc pour une nouvelle expérience : « Sortilèges & Syndicats » !

« Sortilèges & Syndicats », un livre libre bientôt en librairie !

Couverture du livre

Pour l’heure, la version imprimée du livre est uniquement disponible sur la boutique en ligne de PHV Éditions. Les délais de distribution étant ce qu’ils sont, le livre ne sera disponible en librairie qu’à partir de mars 2024. En attendant, vous pouvez le commander en ligne, avec une offre spéciale de Noël : si vous y achetez Sortilèges & Syndicats accompagné d’au moins un autre livre, et pour un total de plus de 35€, vous aurez une réduction de 5 % et les frais de port offerts (code promo : noeldegee).

L’occasion, donc, de (re)découvrir la collection Ludomire !

Les liens important




700 assos ont déjà le nez dans les nuages (libres) : bilan d’un an de Framaspace

Ce long article vise à faire le bilan du projet Framaspace (cloud associatif basé sur Nextcloud), tout juste un an après son annonce.

🦆 VS 😈 : Reprenons du terrain aux géants du web !

Grâce à vos dons (défiscalisables à 66 %), l’association Framasoft agit pour faire avancer le web éthique et convivial. Retrouvez un résumé de nos avancées en 2023 sur le site Soutenir Framasoft.

➡️ Lire la série d’articles de cette campagne (nov. – déc. 2023)

 

Il était une fois Frama.space

Souvenez-vous, il y a un an, nous annoncions l’un des projets les plus ambitieux de Framasoft : Frama.space

Pour celles et ceux qui n’étaient pas là, où qui ne s’en souviendraient pas, l’envie de mettre en œuvre Frama.space partait d’un triple constat.

Le premier, c’est que c’est la merde. Politiquement, socialement, géopolitiquement, écologiquement, etc. Vous pouvez évidemment penser le contraire, mais nous, nous trouvons que le monde ne tourne pas très rond…

Le second constat, c’est que la société civile, qu’on caricaturera ici aux associations et syndicats est attaquée de toutes parts. La pression à dépolitiser les associations, la réduction du financement de ces dernières en faveur « d’entreprises à impact » ou de la startup nation, les attaques contre les libertés associatives… Tout cela épuise la capacité du troisième secteur à répondre aux besoins auxquels le marché ne répond pas. Il devient de plus en plus difficile d’équilibrer un contrat social mis à mal par les entreprises comme par l’État.

Mème sur la position difficile de nombre d'associations, coincées entre le dilemme "Se vendre aux entreprises" ou "Se prosterner devant l'État".

Enfin, plus proche de Framasoft, le numérique est devenu un outil d’organisation des personnes, mais aussi de passage à l’action. Cependant, ce constat plutôt positif est contrebalancé par deux observations plus négatives. D’une part le numérique est un outil de surveillance et d’aliénation. Et d’autre part, les associations sont à la traîne côté usages comme côté cohérence. Ainsi, des associations œuvrant pour une transition écologique vont utiliser les outils et services des GAFAM, qui participent largement au problème que ces associations essaient de résoudre.

Frama.space : du (Next)cloud pour les assos

Il y a un an, nous annoncions donc un nouveau service Framasoft : Frama.space

Sa mission ? Outiller la « société de contribution ». Formulé autrement : équiper numériquement les associations et collectifs « hors marché ». Qu’il s’agisse de l’AMAP de Trifouilly-les-Oies, du café associatif de Bernache-sur-Yvette, ou du collectif de théâtre queer de Cygne-lès-Lavaur.

Car nous pensons que ces associations et collectifs ont besoin (et même envie) de retrouver de la cohérence entre leurs valeurs, leurs actions, et leurs outils. Être une association qui milite pour, par exemple, le « zéro déchet » et qui utiliserait, par exemple toujours, les outils de Google ou Microsoft, nous paraît en effet contradictoire.

Attention cependant : il ne s’agit pas d’un jugement de valeur de notre part. Nous comprenons parfaitement que des contradictions, ou des objections légitimes puissent exister (on peut parfaitement être préoccupé par le sort de la planète, et prendre une voiture pour amener ses enfants à une activité sportive hebdomadaire située à 20km).

Cependant, il nous paraissait important que ces structures aient le choix de pouvoir avoir accéder facilement à des outils qui ne reposent pas sur les mécanismes du capitalisme de surveillance.

Interface d'un Framaspace (application "Fichiers")
Interface d’un Framaspace (application « Fichiers »)

Nextcloud : une solution imparfaite (mais une solution tout de même)

Framaspace embarque les suites bureautiques en ligne collaboratives Collabora Online et OnlyOffice. Ici, une capture écran de l'édition d'un fichier de type Tableur, directement dans le navigateur.
Framaspace embarque les suites bureautiques en ligne collaboratives Collabora Online et OnlyOffice. Ici, une capture écran de l’édition d’un fichier de type tableur, directement dans le navigateur.

 

Le logiciel est très perfectible (côté UX, côté dette technique, côté performances, etc.), mais… c’est le meilleur cheval de l’écurie malgré tout.

Par ailleurs, sa communauté est large (plus de 60 millions d’utilisateur⋅ices dans le monde) et plutôt active, ce qui donne des espoirs pour l’avenir.

Nous avons donc décidé de baser notre offre Framaspace sur ce logiciel, en proposant une offre techniquement ambitieuse, capable à terme d’accueillir jusqu’à 10 000 espaces Framaspace (et donc autant d’instances du logiciel Nextcloud). Pour cela, nous avons monté une infrastructure technique conséquente, et développé des outils logiciels « maison » (libres, évidemment) permettant de valider les demandes d’inscription et de déployer automatiquement de nouveaux espaces très rapidement, en quelques clics.

Interface de CHARON, logiciel qui nous permet de gérer les candidatures Framaspace
Interface commentée de CHARON, logiciel développé par Framasoft, qui nous permet de gérer les candidatures Framaspace.

 

Mais assez de rappels au passé : si vous souhaitez en savoir plus sur les ambitions derrière Framaspace, vous avez la possibilité de regarder deux vidéos :

On fait l’bilan, calmement

Frama.space devient Framaspace.org

Déjà, nous avons dû changer le nom, car l’extension « .space » augmentait la probabilité des emails contenant des adresses en « frama.space » d’être considéré comme des spams. La faute, évidemment, aux géants du mail, mais nous ne pouvions pas accepter une solution qui nuirait à l’usage normal de la plateforme. Nous avons donc fait le choix d’utiliser un nom de domaine et une extension plus classique, mais plus longue : framaspace.org.

La transition est en cours et se fera par étapes, car il n’y a pas d’urgence sur le sujet.

Par ailleurs, nous annoncions poursuivre quatre objectifs :

  1. Faciliter l’accès à Nextcloud/Framaspace
  2. Rendre plus visible Nextcloud/Framaspace
  3. Aider à faire émerger une communauté Nextcloud/Framaspace francophone
  4. Utiliser Nextcloud/Framaspace comme outil d’empuissantement

Ce premier anniversaire est donc le bon moment pour faire un point sur chacun de ces objectifs.

Bilan « fonctionnel » : ça marche, ou pas ?

Oui !

A l’heure où vous lirez ces lignes, plus de 700 espaces sont actifs. Cela signifie donc que Framasoft outille 700 associations et collectifs. Et les retours sont globalement positifs !

Nous avons pu faire des opérations complexes sans trop de difficultés. Par exemple, nous avons fait des mises-à-jour majeures de Nextcloud (de la version 25 à la version 26) avec un temps d’indisponibilité très limité (moins de 2mn par espace).

Côté infrastructure technique : il y a parfois des nids de poule, mais l’infra tient la route !

Ainsi, fin 2022, nous nous sommes aperçu qu’il y avait un souci du côté de notre système de gestion des suites bureautiques. Les vacances de fin d’années étant proches, et étant suivies de près par une préparation intense de l’A.G. de Framasoft, nous avons préféré suspendre les inscriptions, et prendre le temps nécessaire pour développer une solution pérenne. Nous avons rouvert les inscriptions en mars 2023. Donc, si vous aviez raté l’info : il est parfaitement possible de candidater pour votre association ou collectif sur https://framaspace.org !

Le fait que ça soit Framasoft qui gère les aspects techniques peut avoir certains inconvénients (nous limitons le nombre de comptes, d’espace disque, ou de plugins Nextcloud que vous pouvez utiliser). Mais cette infogérance facilite énormément la vie des utilisateur⋅ices (qui, pour la plupart, auraient bien du mal à maintenir dans le temps une instance du logiciel Nextcloud qu’iels auraient installé « manuellement »).

En un an, nous sommes passés de 0 à plus de 700 espaces gérés par Framasoft. Nous estimons donc ce bilan fonctionnel comme plus que satisfaisant.

Illustration de DemonDrive, un monstre fantomatique orné du logo de Google Workspace
Cliquez pour nous soutenir et aider à repousser Demon Drive – Illustration CC-By David Revoy

Bilan « notoriété »

Un des objectifs de Framaspace est aussi de faire connaître Nextcloud, et l’offre Framaspace (ou celles proches ailleurs, notamment chez les CHATONS).

Pour cela, en 2023, nous avons :

Sur un bulletin scolaire, nous pourrions écrire : « Pas mal, mais peut mieux faire ».

Bilan « communauté »

Cela concerne notre volonté de construire, à long terme, une communauté d’utilisateur⋅ices francophones de Nextcloud.

Dans ce cadre, nous avons :

Le bilan de cette partie là est un démarrage plutôt poussif, mais c’est assez logique car, pour différentes raisons, nous n’avons pas pu consacrer autant de temps de travail en 2023 à cette partie du projet que nous l’aurions souhaité.

Bilan « empuissantement »

Cette partie du projet est prévue pour 2025. Il n’était pas prévu de travailler dessus en 2023. Et donc, il est logique que nous n’ayons pas avancé dessus.

Slide "empuissanter" rappelant une partie des objectifs de Framaspace.

Statistiques du projet

Afin d’objectiver encore un peu plus ce bilan de la première année, voici quelques données chiffrées. Si elles ne vous intéressent pas, vous pouvez déjà sauter à la partie « Bilan du bilan » 🙂

Typologie des structures

Répartition par type de structures

Répartition des espaces par types de structures
Répartition des espaces par types de structures

 

Description :

  • 72% d’associations loi 1901 ;
  • 22% de collectifs informels ;
  • 5% de syndicats ;
  • 1% d’associations loi 1907 (associations mixtes/cultuelles).

Répartition par secteurs d’activités

Répartition des espaces, par secteurs d’activités

Description (NB : les structures pouvaient choisir plusieurs thématiques) :

  • un premier « bloc » avec plus de 250 structures se revendiquant des secteurs ou thématiques suivantes : Education/Formation, Environnement, Culture, Social ;
  • un second « bloc » avec plus de 100 structures se revendiquant des secteurs ou thématiques suivantes : Amicale / Entraide, Loisirs, Défense des droits fondamentaux, Activités politiques, Économie ;
  • un dernier « bloc » avec moins de 100 structures se revendiquant des secteurs ou thématiques suivantes : Sport, Santé, Recherche, Justice, Activités spirituelles ou philosophiques, Tourisme.

Répartition par année de création de la structure

Répartition des espaces par année de création

Description : 50% des 700 espaces correspondent à des structures dont l’année de création date de 2017 ou plus. Même si une dizaine de structures existaient avant 1950, on peut en déduire que, globalement, le public de Framaspace représente plutôt des structures récentes.

Répartition par nombre de salarié⋅es

Répartition des espaces par nombre d'employé⋅es

Description et commentaire : 500 des espaces (71% du total) sont des structures sans salarié⋅es. Il existe quelques structures avec plus de 20 salarié⋅es, cependant, il s’agit souvent « d’anomalies » (par exemple l’espace est créé pour un groupe syndical local, qui indique le nombre de salarié⋅es du syndicat national).

Répartition par nombre de membres

Répartition des espaces par nombre de membres.Description : la moitié des espaces représentent des structures de moins de 30 personnes. 75% déclarent compter 100 membres ou moins.

Répartition par nombre de bénéficiaires

Répartition des espaces par nombre de bénéficiaires.

Description : la moitié des espaces représentent des structures déclarant toucher 100 personnes ou plus. Il existe quelques structures déclarant toucher plus de 25 000 personnes, cependant, il s’agit souvent « d’anomalies » (par exemple l’espace est créé pour un groupe syndical local, qui indique le nombre de bénéficiaires du syndicat national).

Répartition par budget annuel

Répartition des espaces par budget annuel

Description : 150 structures n’ont pas souhaité répondre à la question. Sur les 550 restantes, la moitié déclarent avoir un budget annuel inférieur à 4 000€ par an (une centaine de structures déclarent même avoir un budget de 0€). 25% environ des structures déclarent avoir un budget entre 4 000 et 50 000€ (qu’on peut corréler avec les structures ayant au moins un⋅e salarié⋅e). Quelques rares structures déclarent avoir un budget supérieur à 50 000€/an, mais il s’agit là encore pour la plupart « d’anomalies statistiques ».

Exemples de structures

NB: ces associations se sont présentées publiquement sur le forum Framaspace, nous n’avons donc pas de cas de conscience à rendre public leurs identité ou objet.

Par exemple :

« Bonjour. Nous sommes l’association Les petits pois sont verts à Clamart. Notre raison d’être est d’imaginer et construire un mode de vie solidaire et respectueux de l’environnement en :

  • reliant les Clamartois partageant les mêmes motivations,
  • encourageant une dynamique locale,
  • portant des projets,
  • collectant et diffusant des informations

Nous avons quelques années d’existence seulement et prônons l’usage du numérique libre et sobre.

Nous utilisons les outils Framasoft suivants : Framapad, Framadate, et Frama.space depuis peu. »

Ou encore :

« L’association des Cavaliers Au Long Cours (CALC) est une association francophone regroupant des adhérents, environ 200, du monde entier (notre adhérent le plus lointain est au Kirghistan !) mais ils sont principalement basés dans les pays d’Europe de l’Ouest. Notre objectif est le développement du voyage au long cours avec un animal (cheval, âne, mulet, etc.) monté et/ou bâté. Nous aidons aussi les prétendants au voyage dans leur organisation et apportons une aide aux voyageurs en difficulté. »

Autres exemples :

  • Plan B – asso d’éduc pop bretonne (Rennes)
  • AMAP de St Vallier de Thiey (Alpes Maritimes)
  • La Gonette – Monnaie locale citoyenne (Lyon)
  • Les amis du Portique – Revue de philo et sciences humaines
  • Les Pieds à Terre – éduc pop à l’environnement (Haute-Loire)
  • Planning familial de l’Aude

Usage des structures

Suites bureautiques utilisées

Répartition des Framaspaces entre Collabora Online et OnlyOffice
Répartition des Framaspaces entre Collabora Online et OnlyOffice

 

NB : la surreprésentation de Collabora Online est due au fait qu’il s’agit de la suite bureautique proposée par défaut. L’admininstrateur⋅ice de l’instance peut basculer si c’est son choix vers OnlyOffice, mais très peu le font.

Statistiques d’usage
  • Nombre d’espaces
    • actifs : 700
    • refusés : 14
    • désactivés (par leurs administrateur⋅ices) : 10
  • Comptes (admins + users) : 3 356
    • Moyenne : 4,8 comptes ; médiane : 2 comptes
  • Fichiers utilisateurs hébergés : 760 939 pour 860 Go (hors révisions et hors corbeille)
    • 131 Go en corbeille
    • 99 % des espaces ont créé au moins un fichier
  • Connexion :
    • 198 espaces ont eu une connexion dans les 3 derniers jours
    • 390 espaces ont eu une connexion dans les 15 derniers jours

Nombre de comptes

Répartition des espaces par nombre de comptes

Description : près de 300 espaces n’ont qu’un seul compte (nécessairement le compte « admin »). Cela signifie que 40% des espaces n’ont pas d’usage collaboratif avec d’autres utilisateur⋅ices. Cependant, nous avons constaté des usages où l’admin de l’espace avait malgré tout des usages collaboratifs avec d’autres personnes de son asso (par exemple par l’utilisation de dossiers partagés, avec ou sans mots de passe). Cela signifie – quand même – que 60% des espaces comptent plusieurs utilisateur⋅ices. 42% ont même 5 utilisateur⋅ices ou plus.

Espace disque utilisé

Répartition des espaces par espace disque occupé.

Description : quasiment tous les espaces ont utilisé leur espace de fichiers (seuls 2% n’ont jamais créé de fichier). Il est intéressant de noter que moins de 20% des espaces utilisent plus de 1 Go (sur un maximum de 40 Go par espace).

Nombre de fichiers

Répartition des espaces par nombre de fichiers.

Description : 50% des espaces comptent plus de 250 fichiers utilisateur⋅ices. Ce qui est plutôt une bonne « surprise » à notre avis : cela signifie que Framaspace est bien utile (soit au stockage, soit au partage de fichiers).

Bilan financier

Dépenses

Actuellement, l’infrastructure technique (les serveurs informatiques) de Framaspace nous coûte environ 1 200€ par mois (soit environ 15 000€ par an) Le coût du travail, estimé par le très peu précis Institut LaLouche, est d’environ 20 000€ d’investissement en amont du lancement du projet. Depuis le lancement, toujours à la grosse louche, nous pouvons compter environ 2000€ par mois (3 salariés impliqué, à temps très très partiels sur ce projet). On peut donc dire, grossièrement, que Framaspace a coûté environ 60 000€ à Framasoft.

Recettes

Côté recettes, c’est un peu plus complexe.

Framaspace est un projet réservé aux petites associations et collectifs solidaires, volontairement gratuit. Nous souhaitons que le prix ne soit pas un frein à l’accès. Et nous ne souhaitons pas fixer de « prix libre », car qui dit prix, dit service vendu, dit prestation, dit facture, dit obligations (contractuelles, comptables et fiscales). Nous faisons le choix volontaire et assumé du don sans contrepartie financière attendue (ce qui n’empêche pas qu’elle soit espérée 😉 ).

Il est probable que certain⋅es membres des associations que nous hébergeons aient fait un don à Framasoft. Cependant, nous ne voulons pas flécher les dons sur les projets Framasoft. Car comptablement, un don fléché sur un projet doit entrer dans un fond dédié qui doit servir à ce projet. Or nous souhaitons qu’un don à Framasoft puisse aussi financer des projets « à perte », ce qui est exactement le cas de Framaspace cette première année.

Par volonté de simplification, on peut donc dire que les recettes sont de… 0€ ! 😱

Coût par espace

À partir de données précédentes, on peut donc déduire que le coût d’un espace (à ce jour) est de 86€ annuel (soit 7€ par mois. Dont 1,8€/mois de coût d’infrastructure).

Mais le coût de l’infrastructure ne devrait pas trop bouger, et le coût du travail légèrement augmenter, en 2024, alors que le nombre d’espaces pourrait, lui, tripler ou quadrupler. Si on part sur une hypothèse d’un coût total de 60 000€ (pour 2023) + 15 000€ pour les serveurs en 2024 + 36 000€ de coût du travail. On arrive à un total de 111 000€ fin 2024. Avec une hypothèse de 2 500 espaces actifs fin 2024, cela porterait le coût total à 45€ par espace et par an (soit 3,7€ par mois, dont 1€/mois de coût d’infrastructure). Coût qui pourrait encore baisser en 2025.

C’est un coût important, et rares sont les associations qui peuvent se permettre ce genre de projet qui ne vise pas un objectif de rentabilité ou même d’équilibre.

Cependant, nous pensons que la portée politique de ce projet implique que nous prenions ce risque. Nous espérons (par expérience plus que par naïveté) que les associations qui le pourront soutiendront financièrement Framasoft (et donc indirectement Framaspace).

Bilan du bilan

Les nouvelles sont plutôt bonnes !

Mème Framaspace reprenant la célèbre phrase du biologiste Richard Dawkins, au sujet de la science, affirmant "It works, Bitches".
Mème Framaspace reprenant la célèbre phrase du biologiste Richard Dawkins, au sujet de la science, affirmant « It works, Bitches ». (contexte ; vidéo PeerTube)

 

D’abord, Framaspace fonctionne 🙂
Gérer 700 instances Nextcloud, c’est pas mal en un an, non ? D’autant que l’infogérance se passe plutôt bien (pour le moment !)

Ensuite, nous avons réussi à cibler le public que nous souhaitions toucher : des associations (déclarées ou de fait) plutôt petites, avec des petits budgets. La plupart sont orientées vers l’éducation, l’environnement, le social ou le culturel. Ce qui n’est pas étonnant quand on connaît le public de Framasoft.

Enfin, Framaspace est utilisé. Les connexions sont régulières sur plus de la moitié des espaces. Et les personnes manipulent pas mal de fichiers (plutôt de petits fichiers, ce qui explique que rares sont les espaces qui utilisent plus d’un Go sur les 40Go max octroyés).

Nous considérons que nos objectifs 2023, en termes d’actions, sont plus que correctement remplis 🎉 On peut même dire que c’est une réussite au vu des moyens que nous avons déployés.

Le fait de proposer des espaces « verrouillés » (par exemple vous ne pouvez pas installer les plugins Nextcloud de votre choix sur Framaspace, et seules les petites associations ou collectifs peuvent ouvrir un Framaspace) a eu l’effet de frustration escompté. En effet, nous avons régulièrement renvoyé les personnes frustrées par ces limitations vers des structures amies, comme Zaclys, IndieHosters, Cloud Girofle, Paquerette, Arawa, etc. C’est la démonstration que nous ne prenons pas une « part du gâteau », mais bien que nous participons à agrandir la taille de ce dernier.

Dessin de Li, la licrone mascotte de Framaspace. Elle s'apprete à lancer des bulles magiques.
Cliquez sur Li, la licorne-mascotte de Framaspace, pour soutenir Framasoft. – Illustration CC-By David Revoy

Framaspace en 2024 (et 2025)

Comme vous avez pu le lire dans notre « bilan du bilan », Framaspace répond à un besoin, et Framasoft estime que la réponse apportée est plutôt bonne. C’est évidemment loin d’être parfait, mais pour une petite asso qui voudrait se dégoogliser et mettre en cohérence ses valeurs et ses outils numériques, l’offre Framaspace peut convenir.

Cependant, nous ne comptons pas nous arrêter là ! Framaspace est toujours en phase de « beta test » (et ce sans doute jusqu’à fin 2025 !) et de nombreuses améliorations sont à venir 😀

Accompagnement

Tout d’abord, nous allons continuer à accueillir des espaces. Maintenant que Framaspace est plus stable, nous pensons pouvoir accélérer le rythme et accueillir 2 500 espaces d’ici fin 2024 (c’est-à-dire plus que tripler le nombre actuel. Même pas peur !).

Ensuite, nous allons poursuivre nos actions d’infogérance. Par exemple en passant de Nextcloud 26 à Nextcloud 27 fin 2023 ou début 2024. Chaque version apporte son lot de nouvelles fonctionnalités (voir chez nos ami⋅es d’Arawa qui en font une présentation synthétique ici et ).

Côté accompagnement, nous souhaitons produire un tutoriel un peu spécial. En effet, de très nombreux tutoriels existent déjà (nous mettons en avant celui de Coopaname, réalisé par La Dérivation). Mais ce type de tutoriel ne correspond pas à tous les besoins. Nous souhaiterions donc produire un tutoriel plus narratif et plus immersif. Un « tutoriel dont vous êtes le héros » (ou « Les combines dont vous êtes l’héroïne » si vous préférez). Inspiré des « livres dont vous êtes le héros », il s’agira pour l’utilisateur⋅ice d’incarner un personnage devant remplir différentes missions avec son espace Framaspace. La particularité étant que certaines « quêtes » pourront être soit contournées (par exemple si l’utilisateur⋅ice sait déjà créer un compte utilisateur⋅ice) soit approfondies (par exemple sur le partage de fichiers).

Scénario en construction d'un « tutoriel dont vous êtes le héros »
Scénario en construction d’un « tutoriel dont vous êtes le héros »

 

Nous souhaitons aussi apporter de la documentation (et des outils de facilitation) pour faciliter la migration depuis OneDrive, Dropbox ou GoogleDrive, ainsi que simplifier l’import/export entre instances Nextcloud. Par exemple une asso qui arriverait aux limites de 50 comptes sur son espace Framaspace et souhaiterait migrer pour un Nextcloud plus puissant chez nos ami⋅es de IndieHosters pourrait transférer ses données — fichiers, agendas, contacts, etc — de façon plus automatisée.

Enfin, nous sommes conscient⋅es qu’une des grandes faiblesses de Nextcloud (et donc de Framaspace) est la difficulté à « embarquer » (= onboarding en anglais) les novices dans une interface (trop ?) riche et parfois (très ?) confuse. C’est pourquoi nous souhaiterions intégrer à Nextcloud l’outil libre IntroJS afin de mettre en lumière certaines parties du logiciel et de faciliter ainsi sa prise en main. Cf vidéo ci-dessous.

 



Vidéo d’une démonstration de la façon dont pourrait s’intégrer IntroJS dans Nextcloud pour faciliter sa prise en main.

Toujours sur le plan de la prise en main, nous travaillons avec la designer Marie-Cécile Godwin, qui enseigne notamment à l’école de design Strate, afin de faire réfléchir ses étudiant⋅es aux possibilités d’amélioration de Nextcloud d’un point de vue UX et UI.

Accroître la notoriété de Nextcloud

En 2024, nous poursuivrons bien évidemment les actions visant à mieux faire connaître Nextcloud sur les territoires francophones.

Ainsi, nous avons déjà sous-titré en français quelques vidéos de présentation de Nextcloud. Mais nous souhaiterions aller plus loin. Par exemple en refaisant carrément les voix off, où en traduisant des supports de documentation (flyers, plaquettes, etc.).

Vidéo d’une vidéo promotionnelle de Nextcloud, originellement en anglais uniquement, et sous-titrée par Framasoft.

Par ailleurs, Framasoft poursuivra son travail de promotion de Nextcloud et de Framaspace, par le biais de conférences, de webinaires, d’interviews, etc.

Ensuite, nous poursuivrons nos partages et retours d’expérience avec la communauté CHATONS, dont de nombreux membres proposent des services autour de Nextcloud. Nous pensons avoir acquis certains savoirs et savoirs-faire autour de Nextcloud, mais nous savons surtout qu’il nous reste énormément à apprendre.

Enfin, nous allons commencer à prendre contact avec les têtes de réseaux associatifs (Collectif Associations Citoyennes, Mouvement Associatif, réseaux d’éducation populaire, mais aussi des réseaux tels que Associations Mode d’Emploi, Solidatech, Associathèque, etc.) afin de présenter Framaspace, et mettre en lumière ce que Nextcloud peut faire (ou ne peut pas faire !) au niveau du numérique éthique collaboratif. L’objectif, à terme, est d’évaluer sa pertinence comme « commun numérique d’intérêt général » pour les associations.

Communauté d’utilisateur⋅ices Framaspace & Nextcloud

En 2024, nous poursuivrons notre travail pour impulser, animer et coordonner une communauté d’utilisateur⋅ices du logiciel Nextcloud sur le forum Framaspace.

Nous publierons aussi un site pour l’observatoire OPEN-L (« Observatoire des Pratiques et Expériences Numériques Libres »), qui accueillera publiquement les différentes enquêtes (et leurs résultats !) que Framasoft aura conduites auprès de ses publics. Ce site sera ouvert aux structures souhaitant elles aussi partager leurs retours d’expérience. L’objectif étant de ne pas réinventer la roue, et de pouvoir plus facilement objectiver les besoins (et frustrations) des utilisateur⋅ices.

Évidemment, nous continuerons à améliorer Framaspace, mais aussi Nextcloud. Nous avons la chance (et le plaisir) de compter Thomas dans notre équipe salariée, l’un des principaux contributeurs mondiaux extérieurs à l’entreprise Nextcloud GmbH.

Cela signifie que Framasoft (au travers de Framadrive, Framagenda, et maintenant Framaspace), participe très activement à ce commun numérique qu’est le logiciel Nextcloud.

D’ailleurs, concernant les nouvelles plus « internes », nous devrions dans les mois qui viennent augmenter notre capacité de travail au sein de Framasoft sur le projet Framaspace : Thomas, actuellement développeur principal de Mobilizon, basculera jusqu’à 50% de son temps de travail sur Framaspace, et Pierre-Yves, actuellement codirecteur de Framasoft, quittera cette fonction afin de se concentrer sur les services numériques de l’association (dont Framaspace, évidemment).

Empuissanter les structures « hors marché »

Nous avons beaucoup d’ambitions politiques autour du projet Framaspace (cf. notre article de lancement).

Pour cela, nous allons poursuivre, par le biais d’enquêtes, la collecte des besoins (fonctionnels, mais aussi plus politiques) des structures hébergées. En fonction des résultats, nous pourrons – si nos moyens nous le permettent – adapter Framaspace aux besoins des utilisateur⋅ices.

Nous avons constaté que dans les associations que nous accompagnons, la question des outils numériques repose souvent sur un ou deux bénévoles, qui peinent parfois à mettre en place une politique de conduite du changement, ou à convaincre leur Conseil d’Administration. Nous souhaitons donc aussi produire des « fiches pratiques » afin de faciliter la vie de ces personnes clés. « Comment faire le diagnostic numérique de mon association ? », « Comment convaincre mon C.A. de passer de Gdrive ou Dropbox à Framaspace ? », etc.

Enfin, et nous sommes conscient⋅es de la forte demande concernant ce point, nous souhaitons mutualiser le financement de nouvelles fonctionnalités dans Framaspace.

Nous étudierons prioritairement :

  • la possibilité de gérer ses membres dans Framaspace (membres, catégories, fiche d’identité, cotisations, rappel d’adhésion, etc.), grâce au (fabuleux) logiciel libre de gestion associative Paheko ;
  • la possibilité de gérer la comptabilité de son association (saisie, bilan, compte de résultat, choix du plan comptable, etc.), là encore grâce à Paheko ;
  • ajouter la faculté de décliner rapidement des visuels de communication, grâce au logiciel Aktivisda (cf l’exemple de l’association Alternatiba) ;
  • permettre, pour les associations qui le souhaitent, de rendre publiques des pages présentant leur structure et leurs actions. Pour cela nous souhaitons donner la possibilité de publier un mini-site web de présentation de la structure (rédigé dans l’application « Collectives » de Framaspace).

Dessin dans le style d'un jeu vidéo de combat, où s'affronte la licorne de Framaspace et le monstre de Google Workspace.
Aidez Li, la licorne de Framaspace, à repousser Demondrive en soutenant Framasoft ! – Illustration CC-By David Revoy

Moulaga needed!

Comme vous le voyez, la feuille de route 2024 de Framaspace est déjà bien chargée !

Attention : aucun des points ci-dessous n’est un engagement ferme de notre part. Il s’agit de nos envies, de ce que nous souhaitons mettre en place l’année qui vient. Cela reste très ambitieux. Et comme toute ambition, il faut savoir quelles sont les ressources disponibles que l’on peut y consacrer.

Nous l’avons indiqué plus haut, Framaspace est un projet largement déficitaire. Ça tombe bien : il n’a pas vocation à être rentable, et encore moins à dégager des bénéfices. Cependant, ce sont bien les moyens que vous nous confiez (c’est-à-dire vos dons) qui nous permettent d’agir.

En conséquence, nous pensons sincèrement que 1€ (ou 100€ ou 1 000€, hein ! 😅) donné à Framasoft permet réellement de faire bouger les lignes, et d’avoir un impact positif sur le numérique « hors marché ».

C’est pourquoi nous vous invitons, si cela vous est possible, à soutenir Framasoft en faisant un don, afin que nous puissions poursuivre nos actions, et notamment maintenir et développer le projet Framaspace.

Cette année encore, nous avons besoin de vous, de votre soutien, de vos partages, pour nous aider à reprendre du terrain sur le web toxique des GAFAM, et multiplier les espaces de numérique éthique.

Nous avons donc demandé à David Revoy de nous aider à montrer cela sur notre site « Soutenir Framasoft« , qu’on vous invite à visiter (parce que c’est beau) et surtout à partager le plus largement possible :

Capture d'écran de la barre de dons Framasoft 2023 à 8%

Si nous voulons boucler notre budget pour 2024, il nous reste six semaines pour récolter 183 478 € : nous n’y arriverons pas sans votre aide !

 

Soutenir Framasoft

 




Opposez-vous à Chat Control !

Sur ce blog, nous transposons régulièrement différents points de vue concernant les luttes pour les libertés numériques. Dans ce domaine, on constate souvent que les mouvements sociaux (solidariste, durabilistes, préfiguratifs, etc.) ne prennent que trop rarement en compte les implications directes sur leurs propres luttes que peuvent avoir les outils de surveillance des États et des entreprises monopolistes. Cela rend toujours plus nécessaire une éducation populaire d’auto-défense numérique… Du côté des mouvements autonomes et anti-autoritaires, on ressent peu ou prou les mêmes choses. Dans les groupes européens, le sujet du capitalisme de surveillance est trop peu pris en compte. C’est du moins l’avis du groupe allemand Autonomie und Solidarität qui, à l’occasion du travail en cours au Parlement Européen sur l’effrayant et imminent projet Chat Control (voir ici ou ), propose un appel général à la résistance. L’heure est grave face à un tel projet autoritaire (totalitaire !) de surveillance de masse.

Cet appel a été publié originellement en allemand sur Kontrapolis et en anglais sur Indymedia. (Trad. Fr. par Framatophe).

Opposez-vous à Chat Control !

Une minute s’il vous plaît ! Chat Control ? C’est quoi ? Et pourquoi cela devrait-il nous intéresser en tant qu’autonomes et anti-autoritaires ?

Chat Control est le projet de règlement de l’Union Européenne portant sur la prévention et la protection des enfants contre les abus sexuels. Il a été reporté pour le moment, mais il risque d’être adopté prochainement1.

Ce projet de loi est une affaire assez grave pour plusieurs raisons2.

Avec Chat Control, les autorités publiques seront autorisées à scanner, analyser et lire automatiquement les contenus des communications privées en ligne de tous les utilisateur·ices. Cela se fera via une contrainte sur les fournisseurs de chat tels que Signal, Threema, Telegram, Skype, etc.3, soit par ce qu’on appelle une analyse côté client (Client Side Scanning). Les messages et les images seraient alors lus directement sur les terminaux ou les dispositifs de stockage des utilisateur·ices. Et cela avant même qu’ils soient envoyés sous format chiffré ou après leur réception, une fois déchiffrés.

C’est précisément ce que l’UE souhaite atteindre, entre autres, avec Chat Control : rendre les communications chiffrées inutiles. Les services de renseignement, les ministères de l’Intérieur, les autorités policières, les groupes d’intérêts privés et autres profiteurs du capitalisme de surveillance, ont en effet depuis longtemps du mal à accepter que les gens puissent communiquer de manière chiffrée, anonyme et sans être lus par des tiers indésirables.

Pourtant, la communication chiffrée est très importante. Face aux répressions de l’État, elle peut protéger les millitants, les opposant·es et les minorités. Elle sert aussi à protéger les sources et les lanceur·euses d’alerte, et rendre également plus difficile la collecte de données par les entreprises.

Comme si l’intention d’interdire ou de fragiliser le chiffrement n’était pas déjà assez grave, il y a encore pas mal d’autres choses qui nous inquiètent sérieusement avec Chat Control. Ainsi, l’introduction de systèmes de blocage réseau4 est également en discussion. Plus grave encore, l’obligation de vérifier l’âge et donc de s’identifier en ligne. Cela aussi fait explicitement partie du projet. Il s’agira de faire en sorte que l’accès à certains sites web, l’accès aux contenus limités selon l’âge, l’utilisation et le téléchargement de certaines applications comme Messenger, ne soient possibles qu’avec une identification, par exemple avec une carte d’identité électronique ou une identité numérique.

Voici l’accomplissement du vieux rêve de tou·tes les Ministres de l’Intérieur et autres autoritaires du même acabit. L’obligation d’utiliser des vrais noms sur Internet et la « neutralisation » des VPN5, TOR et autres services favorisant l’anonymat figurent depuis longtemps sur leurs listes de vœux. Et ne négligeons pas non plus la joie des grands groupes de pouvoir à l’avenir identifier clairement les utilisateur·ices. L’UE se met volontiers à leur service6. Tout comme le gouvernement allemand, Nancy Faser en tête, qui se distingue par ailleurs avec une politique populiste et autoritaire de droite.

Le « tchat controle » n’est pas la première tentative mais une nouvelle, beaucoup plus vaste, d’imposer la surveillance de masse et la désanonymisation totale d’Internet. Et elle a malheureusement de grandes chances de réussir car la Commission Européenne et la majorité du Parlement, ainsi que le Conseil, les gouvernements et les ministères de l’Intérieur de tous les États membres y travaillent. Et ils voudraient même des mesures encore plus dures comme étendre ce projet au scan de nos messages audios au lieu de scanner « seulement » nos communications textuelles7.

Dans le discours manipulateur, il existe déjà des « propositions de compromis » avec lesquelles les États autoritaires souhaitent faire changer d’avis les critiques. Il s’agirait dans un premier temps, de limiter le type de contenus que les fournisseurs devront chercher, jusqu’à ce que les possibilités techniques évoluent. La surveillance du chiffrement devrait tout de même avoir lieu. Il est évident que ce n’est qu’une tentative pour maquiller les problèmes8.

Comme toujours, la justification est particulièrement fallacieuse ! On connaît la chanson : la « lutte contre le terrorisme », les « copies pirates », les drogues, les armes etc. sont des constructions argumentaires par les politiques pour faire accepter des projets autoritaires et pour en discréditer toute résistance dans l’opinion publique. Il n’en va pas autrement pour Chat Control. Cette fois-ci, l’UE a même opté pour un classique : la prétendue « protection des enfants et des adolescents » et la lutte contre l’exposition des mineurs aux contenus pornographiques. Qui voudrait s’y opposer ?

Stop Chat Control. Image librement inspirée de International-protest (Wikimedia)

Pourtant, même des experts, provenant notamment d’associations de protection de l’enfance, affirment que Chat Control ne protégera pas les enfants et les adolescents9. En effet, il permettra également de surveiller leurs communications confidentielles. Le projet peut même conduire tout droit à ce que des agents des autorités aient accès aux photos de nus et aux données confidentielles que des mineurs s’envoient entre eux… Et ils pourront ensuite faire n’importe quoi avec. Le risque de faux positifs à cause de l’emploi de l’IA est également très important. Les gens pourraient avoir de gros problèmes à cause d’une erreur technique. Mais l’UE ne s’en soucie pas car la protection des mineurs n’est pas le sujet ici.

Les domaines d’application ont déjà été élargis entre-temps… Drogues, migration, etc. Tout doit être étroitement surveillé. Quelle sera la prochaine étape ? Une application contre les extrémistes politiques identifiés comme tels ?

Et puis, il y a aussi la très probable question de « l’extension des objectifs ». Nous connaissons déjà suffisamment d’autres lois et mesures étatiques. Elles sont souvent introduites pour des raisons d’urgence. Ensuite, elles sont constamment étendues, différées, puis soudain elles sont utilisées à des fins totalement différentes par les flics et les services de renseignement, selon leur humeur. L’extension de Chat Control se prête bien à ce jeu. Les premières demandes ont déjà été formulées10.

Dans une Europe où : il y a des interdictions de manifester11 et des détentions préventives, des perquisitions pour des commentaires sur les « quéquettes »12, des liens vers Linksunten/Indymedia13 ou des graffitis14, où des enquêtes par les services de renseignement pour adbusting dans l’armée allemande, ou bien des avis de recherche pour « séjour illégal » sont monnaie courante, dans une Europe où les ultraconservateurs occupent des postes de pouvoir, appellent à l’interdiction de l’avortement et à la lutte contre les personnes queer et réfugiées15, où des structures d’extrême-droite existent dans les administrations et la police16, dans cette Europe, une infrastructure de surveillance comme Chat Control, avec interdiction du chiffrement et permis de lecture de l’État sur tous les appareils, a de graves conséquences pour la liberté de tous les êtres humains17.

Des lois et des avancées similaires, la surveillance biométrique de masse18, l’utilisation d’IA à cet égard comme à Hambourg19, les identités numériques20, le scoring21, la police prédictive22, et ainsi de suite sont en cours de développement ou sont déjà devenus des réalités… tout cela crée une infrastructure totale, centralisée et panoptique qui permet d’exercer un énorme pouvoir et une répression contre nous tous.

En tant qu’antiautoritaires, nous devrions nous défendre, attirer l’attention et faire connaître ce sujet en dehors de l’activisme numérique germanophone ! Nous appelons donc à protester et à résister contre Chat Control. Les alliances existantes comme Stop Chat Control23 pourraient être complétées par une critique autonome24. D’autres actions de protestation peuvent être imaginées, il n’y a pas de limites à la créativité. Les objectifs de telles actions de protestation pourraient éventuellement découler de la thématique…

Les anti-autoritaires résistent à Chat Control !

Nous apprécions les suggestions, les questions, les critiques et, dans le pire des cas, les louanges, et surtout la résistance !



  1. “Zeitplan für Chatkontrolle ist vorerst geplatzt”, Netzpolitik.org, 20/09/2023. (NdT –) Il s’agit du règlement CSAR, également appelé Chat Control. La Quadrature du Net en a fait une présentation.↩︎
  2. “EU-Gesetzgebung einfach erklärt” Netzpolitik.org, 28/06/2023, “Das EU-Überwachungsmonster kommt wirklich, wenn wir nichts dagegen tun”, Netzpolitik.org, 11/05/2022 ;ChatKontrolle Stoppen ; “Kennen wir ansonsten nur aus autoritären Staaten”, Süddeutsche Zeitung, 10/08/2022.↩︎
  3. “NetzDG-Bußgeld: Justizminister Buschmann will Telegram mit Trick beikommen”, Heise Online, 28/01/2022.↩︎
  4. “Die Rückkehr der Netzsperren”, Netzpolitik.org, 11/03/2021.↩︎
  5. “Online-Ausweis und VPN-Verbot: Streit über Anonymität im Netz kocht wieder hoch”, Heise Online, 08/10/2023.↩︎
  6. “EU-Ausschuss will Chatkontrolle kräftig stutzen”, Netzpolitik.org, 15/02/2023.↩︎
  7. “Live-Überwachung: Mehrheit der EU-Staaten drängt auf Audio-Chatkontrolle”, Heise Online, 17/05/2023.↩︎
  8. “Ratspräsidentschaft hält an Chatkontrolle fest”, Netzpolitik.org, 12/10/2023.↩︎
  9. “Immer wieder Vorratsdatenspeicherung”, Netzpolitik.org, 23/06/23.↩︎
  10. “https://netzpolitik.org/2023/ueberwachung-politiker-fordern-ausweitung-der-chatkontrolle-auf-andere-inhalte/”, Netzpolitik.org, 06/10/2023.↩︎
  11. “Noch mehr Macht für Beamte ist brandgefährlich”, nd Jounralismus von Links, 13/09/2021 ; “Amnesty sieht Versammlungsfreiheit in Deutschland erstmals eingeschränkt – auch in NRW”, Westdeutscher Rundfunk, 20/09/2023.↩︎
  12. “Unterhalb der Schwelle”, TAZ, 08/08/2022.↩︎
  13. “Die Suche nach einer verbotenen Vereinigung”, Netzpolitik.org, 03/08/2023.↩︎
  14. “Linksextreme Gruppen in Nürnberg: Polizei durchsucht mehrere Wohnungen”, Nordbayern, 11/10/2023.↩︎
  15. “Sehnsucht nach dem Regenbogen-Monster”, TAZ, 28/07/2023.↩︎
  16. “Das Ende eines Whistleblowers”, TAZ, 01/10/2019.↩︎
  17. “Chatkontrolle: Mit Grundrechten unvereinbar”, Gesellschaft für Freiheitsrechte ; “Sie betrifft die Rechte aller Internetnutzer”, Junge Welt, 15/09/2023.↩︎
  18. “Polizei verdoppelt Zahl identifizierter Personen jährlich”, Netzpolitik.org, 03/06/2021 ; “Mehr Kameras an Bahnhöfen”, DeutschlandFunk, 22/12/2014 ; “Polizei bildet Hunderte Drohnenpiloten aus”, nd Jounralismus von Links, 04/01/2023.↩︎
  19. “Polizei Hamburg will ab Juli Verhalten automatisch scannen”, Netzpolitik.org, 19/06/2023.↩︎
  20. “Digitale Identität aller Menschen – Fortschritt oder globale Überwachung?”, SWR, 28/08/2022.↩︎
  21. “Punkte für das Karmakonto”, Jungle.World, 25/05/2022.↩︎
  22. “Überwachung: Interpol baut Big-Data-System Insight für”vorhersagende Analysen”, Heise Online, 24/09/2023.↩︎
  23. “Chatkontrolle-Bündnis fordert Bundesregierung zum Nein auf”, Netzpolitik.org, 18/09/2023 ; “Unser Bündnis gegen die Chatkontrolle”, Digital Courage, 12/10/2022 ; Chatkontrolle Stoppen, Digital Gesellschaft ; “Aufruf Chatkontrolle stoppen”, Digital Courage, 10/10/2022.↩︎
  24. “Statement zum EU-Verschlüsselungsverbot / Chatdurchleuchtungspflicht”, Enough 14, 15/05/2022.↩︎



Métacartes, des communs pédagogiques pour accompagner les accompagnateurs de transition numérique

Nous vous avons déjà parlé à plusieurs reprises du projet « Métacartes » que nous trouvons très pertinent pour aborder des sujets complexes de façon simple (et collective !).

Mélanie et Lilian, les créateur⋅ices de cette initiative (et des personnes fabuleuses par ailleurs), reviennent aujourd’hui nous partager un point d’étape important. Nous sommes ravi⋅es de leur laisser la parole.

Rappel des épisodes précédents

À tout point de vue, le modèle actuel du numérique est catastrophique (si vous en doutez lisez chaque semaine le fabuleux Khryspresso où la réalité dépasse souvent la fiction). Pourtant, même quand on est conscient qu’il faut changer de modèle, il est difficile de passer à l’action car c’est un problème complexe qui nécessite des changements à la fois individuels et collectifs.

Pour soutenir les professionnels qui accompagnent des collectifs dans des démarches vers un numérique plus éthique, ainsi que les formateur.ice.s et médiateur.ice.s numériques, nous avons conçu les Métacartes Numérique éthique : une boite à outils sous forme de cartes papier reliées à des fiches en ligne (rappel des épisodes précédents sur le Framablog ici, ici et ici).

 

Aperçu des cartes Numérique éthique
Aperçu des cartes Numérique éthique

Un outil d’animation participative et d’apprentissage coopératif

Les Métacartes ont été conçues pour offrir une multitude de possibilités :

  • structurer les échanges et les réflexions sur le numérique grâce à un outil de médiation synthétique qui tient dans la poche
  • apprendre et réfléchir au numérique en sortant la tête des écrans
  • faciliter l’échange et le partage des connaissances avec des publics de tous âges, à travers la manipulation d’un support physique
  • faciliter la coopération et l’apprentissage par les pairs (pas seulement via le formateur.ice),
  • mettre en action les individus et collectifs sur des projets concrets (pas juste du théorique),
  • mobiliser tous les styles d’apprentissage, visuels, auditifs, kinesthésiques, en utilisant le visuel, l’écoute, la manipulation et le mouvement (pas de journée complète en position assise).
  • consulter et proposer des ressources en lignes actualisées et enrichies régulièrement.
  • consulter et proposer des tutoriels complémentaires adaptés à des publics ou contextes particuliers

 

Fruit d’un travail de plus de deux ans en coopération ouverte avec un groupe d’acteur·ice·s du libre et de la société civile, cet outil constitue un commun pédagogique qui peut être personnalisé pour vos usages et enrichi par vos contributions.

Deux ans après, il s’est passé plein de choses : on vous raconte.

De nouveaux outils, complémentaires

Au fur et à mesure des retours et de nos propres usages, nous avons complété les cartes avec une série d’outils téléchargeables sur le site.

Un tableau récapitulatif des cartes Numérique Éthique

Pensé pour les animateur·ice·s et les formateur·ice·s, ce tableau offre une vue d’ensemble des cartes et de leur utilisation. Lors de la conception de vos séquences pédagogiques, vous serez guidé sur les cartes à choisir en fonction de votre objectif, les objectifs étant reliés aux différentes étapes du canevas “vous êtes ici” :

  • prendre conscience des enjeux
  • faire le point
  • définir ses critères
  • découvrir des alternatives
  • faire évoluer ses pratiques
  • évaluer

tableau récapitulatif des cartes numériques éthiques classées par objectifs
 tableau récapitulatif des cartes numériques éthiques classées par objectifs

 

Une base de données de ressources libres sur le thème du Numérique éthique

Lors de la conception des cartes Numérique éthique, nous avons collecté beaucoup de ressources et de contenus de grande qualité sur le sujet. Nous avons mis à jour et catégorisé cette base de ressources afin de vous aider à trouver des contenus pertinents pour enrichir vos ateliers ou vos formations.

base de données de ressources
base de données de ressources

 

Pour cela, vous pouvez filtrer les ressources par objectifs précédemment cités (prendre conscience des enjeux, faire le point,…) par l’un des critères du set (intimité numérique, accessibilité, transparences algorithme…).

tri des ressources par critères éthiques
tri des ressources par critères éthiques

 

Tableau récapitulatif des Usages et sous-usages Numérique Éthique

Dans Numérique éthique, nous avons un parti pris : rien ne sert de remplacer un outil non-éthique par un outil éthique si l’usage demeure problématique. Outils et usages sont intrinsèquement reliés, alors quitte à changer d’outil autant profiter de ce moment pour prendre du recul sur ses usages.

Les cartes ingrédients catégorie #usages, servent à cela : se poser des questions sur ses pratiques et ses besoins avant de tester et éventuellement d’adopter de nouveaux outils.

 

carte ingrédient usage audio et visio conference

Pour chaque usage, il y a plusieurs propositions de sous-usages plus précis et à chaque fois, un lien vers un outil ou un tutoriel.

proposition d’usages et d’outils

 

Si les cartes sont utiles pour travailler avec un groupe, ce tableau destiné lui aussi aux animateur·ice·s et les formateur·ice·s, offre un panorama complet de l’ensemble des propositions d’alternatives éthiques classées en 20 familles d’usages (correspondant aux 20 cartes INGRÉDIENTS #usages).

 

tableau récapitulatif de l’ensemble des usages et sous usages (et des outils).

 

Inspirés de la base d’alternative proposée initialement par Degooglisons Internet, nous l’avons enrichie pour montrer les nombreux usages et outils existants en proposant à chaque fois une alternative éthique.

Au total ce sont plus de 130 propositions d’usages et d’outils dans lesquelles vous pouvez piocher pour transformer vos usages personnels ou enrichir vos ateliers et formations.

Des remix et des tutos

Ce qui est chouette avec le libre, c’est que d’autres peuvent s’emparer de votre travail pour leur propre besoin et inventer de nouvelles choses ! Depuis la sortie des cartes, nous avons récolté plusieurs retours d’usages dans différents contextes et nous les avons postés dans la section mode d’emploi sous forme succincte afin de montrer d’autres usages possibles.

Formation de conseiller-es numériques – Julie Brillet

Une activité pour faire réfléchir de futurs conseillers numériques aux enjeux éthiques et leur faire découvrir des outils/usages plus éthiques.

Animation par des étudiants d’un atelier sur les « Questions éthiques autour du Web » – Stéphane Crozat :

L’objectif de cette activité est de faire animer des petits ateliers par des étudiant·e·s à propos de questions éthiques autour du numérique en général et du Web en particulier.

Animation d’un atelier «usages numériques et réflexivité des étudiant·e·s» – Gabriel Trouvé

Une amélioration de l’éthic-o-test expérimentée pour un Atelier usages numériques et réflexivité des étudiants : comment développer un esprit critique et porter les enjeux éthiques des usages numériques auprès des étudiant·e·s ?

Animation d’un atelier de sensibilisation au Numérique éthique dans un contexte de recherche en éducation et numérique – Mathieu Payn

Dans ce format simple, les participant·e·s sont amené·e·s à découvrir les cartes et à les utiliser pour débattre de leurs intérêts et priorités.

Animation d’un atelier “Outils collaboratifs et travail en équipe” pour des professionnels de l’action sociale et médico-sociale – Morgane Quilliou-Rioual

Dans cet atelier, des cartes recettes et ingrédients ont été utilisées pour faire prendre du recul sur les outils, les usages et les enjeux éthiques à des professionnels de l’action sociale et médico-sociale ayant des fonctions de coordination ou en passe de les avoir.

Des retours sur la méthode et la stratégie

Ce qui est intéressant c’est que dans la plupart de ces ressources, les auteur·ice·s partagent non seulement la recette (le déroulé), mais aussi une analyse réflexive sur ce qui a marché ou serait à améliorer. ce qui est au moins aussi intéressant que le déroulé.

Un commun pédagogique qui peut être enrichi

En concevant numérique éthique, nous avons essayé de le penser comme un commun pédagogique polyvalent, une base solide qui peut être enrichie et personnalisée selon les contextes.

Nous sommes très intéressés de voir comment les cartes sont utilisées dans différents contextes et nous aimerions beaucoup que demain il existe des recettes annexes adaptées à différents publics (enfants, ados, adultes, …) ou contextes (professionnels du numérique, de la médiation, de la formation, associations, centre sociaux, collectivités…)

Des formations pour cheminer (ou aider à cheminer) vers un Numérique éthique

5 ans après la sortie de Faire Ensemble et 2 ans après la sortie de Numérique Éthique, nous avons remis à plat notre offre de formations.

Formation et accompagnement à distance : Pour l’instant nous proposons un format unique de mini formation/accompagnement d’une heure. D’un temps de “simple décoinçage” à du temps de conseil sur un sujet très spécifique, ce format est polyvalent et s’adapte aux différents besoins. Nous sommes en train de réfléchir à proposer une offre d’accompagnement sur plusieurs mois.

Formations en présence : En tant que formateur.ice·s, nous avons à cœur de proposer des moments de formations qui développent le pouvoir d’agir des individus et des organisations, favorisent les actions concrètes et l’autonomisation, sans créer de dépendances. Nous souhaitons que nos formations, comme nos conceptions et animations d’évènements, contribuent à un changement positif en remettant du sens dans toutes vos actions.

En pratique, pour les formations, cela implique que :

  • l’apprentissage se fait aussi par les pairs (pas seulement via le formateur.ice),
  • nous pratiquons une mise en action sur du concret (pas juste théorique),
  • nous apprenons en manipulant un support physique qui permet l’échange et le partage des connaissances, à destination de tous les âges,
  • nous utilisons le visuel, et le mouvement (pas de journée complète en position assise) et cela mobilise tous les styles d’apprentissage, visuels auditifs, kinesthésiques.

Nous proposons maintenant deux formations en présence :

niveau 1 – Cheminer vers des outils et des usages numériques éthiques

niveau 2 – Accompagner des collectifs dans leur réflexion autour de l’éthique du numérique.

La première formation s’adresse à des collectifs souhaitant évoluer vers des pratiques plus éthiques en utilisant les cartes, tandis que la seconde s’adresse plus à des professionnels de la transition numérique qui souhaite mieux prendre en main les cartes pour les utiliser dans leurs accompagnements.

Et bien sur, les formations pourront aussi servir à co-créer des communs complémentaires 😉

Prochaines idées et envies

Nous sommes à l’écoute de la communauté, des besoins, mais nous faisons attention à ne pas tomber dans la démesure et dans la course en avant. Nous essayons donc prendre soin de la ressource, de nous, et faire les choses pas à pas, ce qui n’est pas toujours facile. Pour autant nous aimons partager nos envies, car elles peuvent résonner avec celles d’autres personnes.

Rendre les cartes interopérables avec le référentiel CRCN/PIX

Pix est le service public en ligne pour évaluer, développer, et certifier ses compétences numériques. Ce référentiel français pour l’évaluation des compétences numériques est lui-même basé sur le référentiel européen DigComp.

Notre outil pouvant être utilisé pour de la formation ou de la médiation numérique, nous sommes en train de réfléchir à une intégration entre ce référentiel et nos outils.

Rendre interopérable le référentiel PIX avec les Métacartes pourrait faciliter l’appropriation des Métacartes par les formateur·ice·s, mais aussi, peut-être, mettre plus de réflexion éthique dans les parcours proposés par PIX.

Traduire les contenus Numérique éthique en anglais

Nous avons présenté (à distance) les Métacartes Numérique éthique lors de LibrePlanet, la conférence annuelle de la Free Software Foundation. Le projet a suscité intérêt et plusieurs participants ont manifesté leur volonté de participer à une traduction en anglais du contenu des cartes si un jour nous allions dans ce sens. Faute de temps et soucieux de stabiliser nos travaux actuels, nous n’irons pas dans cette direction pour l’instant, mais l’idée reste et nous espérons pouvoir y travailler quand les conditions seront favorables.

Metacartes: a free/libre toolbox to chart the course to an ethical digital technology :

Concevoir des fresques éthiques du numérique

La fresque du numérique et les autres fresques ont eu beaucoup de succès ces dernières années. Pourtant si la méthode d’animation participative présente un certain intérêt, plusieurs choses nous ennuient/déplaisent. Malgré le nom fresque la dimension dessinée est minimaliste, l’atelier représente un “jeu fermé” (il y a un nombre limité de “bonnes réponses” détenues par les animateur·ice·s), la méthode n’est pas sous licence libre, le format consacre beaucoup de temps à la prise de conscience qui peut être très anxiogène et les solutions de petits gestes présentées occultent les enjeux systémiques et politiques et réduisent notre pouvoir d’agir. À la place nous proposons d’inventer une/des alter (anti?) fresque(s) qui pourraient être animées/personnalisées/remixées sur le numérique éthique en général ou certains sujets plus ciblés.

L’occasion de travailler avec des copain.e.s et d’apprendre à mieux se connaître, coopération entre Mélanie et Lilian de Métacartes et Romain et Julie de L’établi numérique.

Nous avons ainsi testé notre premier prototype sur le thème de l’hébergement web éthique avec un premier atelier test animé par Romain et Lilian lors du camp CHATONS 2023.

Organiser des ateliers thématiques d’échanges de pratiques :

Nous aimerions organiser des ateliers d’échanges de pratiques (à distance) autour de Numérique éthique pour différents contextes (médiateurs, pour les enseignants, centre sociaux, pour les collectivités, pour les professionnels de l’action sociale, …) ou publics (enfants, ados, adultes, …). Ces ateliers pourraient servir à partager des pratiques, mais aussi les documenter pour enrichir la base de ressources communes.

Animer des discussions et réflexions sur les questions éthiques

Une autre de nos envies serait d’animer ou de contribuer à l’organisation de discussion sur les questions éthiques. Par exemple poser des questions comme « Le Libre est il éthique ? ». Le libre des origines répondait à un certain besoin éthique. Mais aujourd’hui où en est on ? et où veut-on aller ? Nous n’avons pas la réponse, mais nous avons des questions et nous pensons qu’il est extrêmement important de les explorer collectivement en utilisant un format participatif qui favorise l’expression de toustes.

Ou encore organiser le « procès de chatGPT » comme un prétexte pour créer des espaces de discussion sur les enjeux de l’IA, sujet sur lequel il serait essentiel de rendre intelligibles les enjeux pour avoir un vrai débat de société. Ça pourrait être un atelier d’échange basé sur des cartes ou bien une conférence gesticulée, peu importe, mais il est urgent d’avoir des discussions là-dessus car cette technologie va bouleverser nos sociétés et risque de faire beaucoup de dommages si nous ne nous posons pas de vraies questions sur son usage.

Se relier à d’autres acteur·ice·s

Enfin une envie que nous avons depuis le début et qui demeure essentielle pour nous : se relier avec les autres acteur·ice·s qui œuvrent pour plus d’éthique, rendre visibles les initiatives qui vont dans ce sens à la fois dans le monde du numérique (Res numérica, l’établi numérique, libérons nos ordis, l’april, les CHATONS) mais aussi dans d’autres domaines afin casser les silos et rompre la tragédie du LSD (l’isolement entre différentes cultures comme les libristes, les solidaristes,les durabilistes, les artistes … qui ont des problèmes et des solutions différents et complémentaires, mais communiquent peu entre eux).

Rêver et agir dans un archipel de communs

Tout cela fait beaucoup. Nous sommes une petite structure (deux personnes à temps partiel) et nous ne souhaitons pas grossir, car au-delà d’une certaine taille il y a le risque de perdre le sens.

Mais nous aimons rêver et nous pensons qu’en partageant nos envies cela peut donner envie à d’autres de s’y relier et d’avancer sur ces sujets, que ce soit avec nous ou bien simplement de leur coté. Car, comme Framasoft nous croyons beaucoup à l’idée d’archipelisation, une coopération qui se nourrit de la diversité et des différences.